Politiques Linguistiques

Dans la mesure où les politiques linguistiques tendent à gérer les contacts de langues en contexte multilingue ou à répondre à une demande institutionnelle ou plus largement sociale de préservation ou de promotion de la connaissance de (certaines) langues, elles se présentent comme des espaces privilégiés pour l'intervention de spécialistes (“experts”, “universitaires”) sociolinguistes et/ou didacticiens. Les formes et les modalités de ces interventions peuvent varier. Dans tous les cas toutefois, elles supposent un positionnement scientifique, éthique, civique de “l'intervenant” (individu, groupe, organisme) et elles interrogent la relation entre un domaine de savoir et une situation donnée (Quels savoirs constitués sont pertinents ? Quels savoirs autres seraient nécessaires ? Quels autres secteurs de savoir se trouvent concernés ? Jusqu'où peut-on (ne pas) intervenir en (mé)connaissance de cause ?). La contribution s'appuie sur un certain nombre d'exemples empiriques distincts (quant au contexte et aux modalités de l'intervention, au statut de l'intervenant, au moment et aux attendus de l'expertise), afin de contribuer à une construction et à une problématisation de la notion même d'intervention dans ce secteur particulier, à la charnière du sociolinguistique et du didactique. On pense en particulier à des actions menées en son temps par le CREDIF, à des suivis de politique d'enseignement bilingue en Vallée d'Aoste, à des contacts avec le Ministère de l'Education nationale en France. Selon les lieux, de mêmes individus peuvent se présenter (ou être sollicités et perçus) à des titres différents (représentant d’un organisme spécialisé, membre d’une équipe de recherche, d’une association, spécialiste isolé, envoyé d’une organisation internationale) par des instances elles-mêmes fort diverses (y compris pour un même contexte). Dans ces divers cas, l'intervention a à voir avec le fonctionnement de systèmes éducatifs et ne concerne donc que rarement la seule sociolinguistique. Dans ces divers cas aussi, la demande d’expertise “ scientifique ”, “ universitaire ” est souvent attente de recommandations “ concrètes ”. Façon aussi de revisiter le vieux débat “application / implication” ou les distinctions “description / explication / intervention”. Dans la mesure où la sociolinguistique se définit nécessairement comme “située” quant aux objets qu'elle se construit et aux terrains qu'elle retient, dans la mesure aussi où la didactique des langues prendrait quelque risques à s’en tenir à des généralités ou à de simples analyses de cas, il s'agit de déterminer si et à quelles conditions l'intervention (le plus souvent sollicitée, parfois spontanée) entre ou non – indépendamment de ses autres fonctions - dans le travail ordinaire du sociolinguiste / didacticien.