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La voix du locuteur parkinsonien : plus grave ou plus aigüe ?

2018

Les caracteristiques principales de la parole parkinsonienne sont un trouble phonatoire et une destructuration prosodique. Une revue de la litterature laisse apparaitre des resultats contradictoires sur les changements de la hauteur de voix lies a la maladie de Parkinson (MDP) : elevation, baisse ou pas de difference de F0 par rapport a une population de controle. Nous presentons deux etudes qui permettent d'eclairer la question : la voix du locuteur parkinsonien, plus grave ou plus aigue ? Repondre a cette question n'est pas trivial car la hauteur moyenne de voix depend de nombreux facteurs comme le sexe, l'âge, le style de parole, les consignes eventuelles et pour les patients, les moyens therapeutiques. La premiere etude que nous presentons a consiste a mesurer la frequence fondamentale de 44 locuteurs (29 patients et 15 sujets temoins) en maitrisant les facteurs de variations precedemment listes. Deux d'entre eux ont ete neutralises : le genre et l'âge des lo...

La voix du locuteur parkinsonien : plus grave ou plus aigüe ? Alain Ghio1, Danièle Robert 1,2, François Viallet 1,3, Jean-Philippe Azulay4 (1) (2) (3) (4) Aix-Marseille Univ, CNRS, LPL, UMR 7309, Aix-en-Provence, France Service ORL, CHU Conception, APHM, Marseille, France Service de neurologie, Centre Hospitalier du Pays d’Aix, Aix-en-Provence, France Service de neurologie, CHU Timone, APHM, Marseille, France Les caractéristiques principales de la parole parkinsonienne sont un trouble phonatoire et une déstructuration prosodique. Une revue de la littérature laisse apparaître des résultats contradictoires sur les changements de la hauteur de voix liés à la maladie de Parkinson (MDP) : élévation, baisse ou pas de différence de F0 par rapport à une population de contrôle. Nous présentons deux études qui permettent d’éclairer la question : la voix du locuteur parkinsonien, plus grave ou plus aigüe ? Répondre à cette question n’est pas trivial car la hauteur moyenne de voix dépend de nombreux facteurs comme le sexe, l’âge, le style de parole, les consignes éventuelles et pour les patients, les moyens thérapeutiques. La première étude que nous présentons a consisté à mesurer la fréquence fondamentale de 44 locuteurs (29 patients et 15 sujets témoins) en maitrisant les facteurs de variations précédemment listés. Deux d'entre eux ont été neutralisés : le genre et l’âge des locuteurs. En effet, notre population est uniquement masculine et les patients sont appariés à une population contrôle d’âge identique. Le résultat principal est que nous n’observons pas de différences significatives de la F0 moyenne chez les sujets parkinsoniens en sevrage médicamenteux par rapport à la population contrôle alors que nous observons une augmentation de la F0 moyenne chez les sujets parkinsoniens sous l’effet du traitement (ON) par rapport à l’état de sevrage médicamenteux (OFF). Dans une deuxième étude, nous avons analysé les variations de pression sous-glottique estimée, d’intensité et de F0 en fonction de consignes de parole normale vs forte, à mettre en lien avec la LSVT (Lee Silverman Voice Treatment) qui a été développée pour améliorer l’intelligibilité de la parole des patients MDP en se basant sur l’augmentation de leur intensité vocale. La population est composée de 15 hommes MDP sous traitement médicamenteux et 15 sujets contrôles. En voix normale, nous ne retrouvons pas de différence significative de la F0 entre les sujets témoins et les patients MDP (p= 0.86). En consigne de voix forte, les patients parkinsoniens et les témoins hommes ont une F0 plus élevée qu’en tâche « voix normale ». Mais, en tâche forte, les sujets témoins augmentent davantage la F0 que les patients parkinsoniens et cette différence est significative (p=0.0001). Ce phénomène est observé de façon identique sur la pression sousglottique.