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William Poole, John Fell’s New Year Books 1666

2019, Revue de l'histoire des religions

Revue de l’histoire des religions 3 | 2019 Varia William POOLE, John Fell’s New Year Books 1666‑1686 Oxford, The Oxford Bibliographical Society (« Oxford Bibliographical Society publications », 3e série, IX), 2018 Jean-Louis Quantin Édition électronique URL : https://journals.openedition.org/rhr/10086 DOI : 10.4000/rhr.10086 ISSN : 2105-2573 Éditeur Armand Colin Édition imprimée Date de publication : 1 septembre 2019 Pagination : 626-628 ISBN : 978-2-200-93260-2 ISSN : 0035-1423 Référence électronique Jean-Louis Quantin, « William POOLE, John Fell’s New Year Books 1666‑1686 », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 3 | 2019, mis en ligne le 01 janvier 2021, consulté le 08 janvier 2022. URL : http:// journals.openedition.org/rhr/10086 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhr.10086 Ce document a été généré automatiquement le 8 janvier 2022. Tous droits réservés William Poole, John Fell’s New Year Books 1666‑1686 William POOLE, John Fell’s New Year Books 1666‑1686 Oxford, The Oxford Bibliographical Society (« Oxford Bibliographical Society publications », 3e série, IX), 2018 Jean-Louis Quantin RÉFÉRENCE William POOLE, John Fell’s New Year Books 1666‑1686, Oxford, The Oxford Bibliographical Society (« Oxford Bibliographical Society publications », 3 e série, IX), 2018, 23,5 cm, LXVIII-108 p., 25 pl., 40 £, ISBN 978 0 90142062 6. 1 Dressant le catalogue de ses ouvrages pour Johann von Botzheim en 1523, Érasme mentionne ses traductions de Lucien de grec en latin, et précise qu’il les offrit en guise de strenulae à des amis – en réalité plutôt des patrons –, qui mos est apud Anglos (Allen, Ep. 1, p. 7‑8). Cette pratique des livres d’étrennes, qui n’était du reste pas propre à l’Angleterre, n’a été étudiée jusqu’ici, et assez sommairement, que pour le XVI e siècle, mais elle continua d’avoir cours au siècle suivant. Les New Year Books de John Fell, doyen de la cathédrale et du collège de Christ Church à Oxford à partir de 1660, puis concurremment évêque du diocèse, de 1676 à sa mort en 1686, sont sans doute les plus connus du genre. Ils n’avaient pourtant jamais fait l’objet d’une étude systématique : la reconstruction précise de la série et a fortiori son interprétation historique restaient à faire. William Poole s’est acquitté avec un plein succès de l’une et l’autre tâche. Son catalogue comprend vingt-quatre titres grecs et latins imprimés sur les presses d’Oxford entre 1666 et 1686, en incluant les différents « candidats » possibles pour certaines années ainsi que des volumes, tels les Opera omnia de Lactance de 1684, qui se rattachent à la même entreprise et doivent être considérés du moins comme des « compagnons de route » (p. xxv et p. 3). La description bibliographique est extrêmement fouillée et va très au-delà, notamment pour les sources des éditions de Fell, de ce qu’on pouvait trouver dans le classique Oxford Books de Falconer Madan (on Revue de l’histoire des religions, 3 | 2019 1 William Poole, John Fell’s New Year Books 1666‑1686 comparera, par exemple, pour l’édition d’Aratos de 1672, Madan, t. III, n° 2919, et Poole p. 18‑27). Les pages de titre de chaque volume sont reproduites – dans le cas de l’Aratos, « le plus séduisant des New Year Books » (p. xxvi), à la fois la page de titre et le frontispice gravé par David Loggan. 2 L’introduction étudie la série dans sa totalité, de la production matérielle des volumes à leur diffusion – avant tout sous forme de dons, mais aussi via des circuits commerciaux –, en passant par le travail philologique d’établissement des textes ou de traduction, et le réseau des collaborateurs et correspondants de Fell. La rare connaissance qu’a W. Poole des correspondances savantes du temps lui permet d’en croiser très heureusement les données avec celles que fournissent les éditions ellesmêmes et les marques de possession des exemplaires conservés. Plusieurs mises au point, à la fois par leur érudition et par les perspectives qu’elles ouvrent, valent un petit article, ainsi p. xxxiv, à propos des quelques caractères coptes qui apparaissent dans une note de l’édition de Théophile d’Antioche en 1684, pour la toute première fois, semble-t‑il, à Oxford : W. Poole les met en rapport avec les études contemporaines de l’orientaliste Edward Bernard, qui venait d’acquérir un dictionnaire arabe-copte, et avec les travaux de Thomas Marshall pour une édition inaboutie du Nouveau Testament copte. Il n’y a guère que sur la diffusion des volumes hors d’Angleterre que telle ou telle précision pourra encore être apportée. J’avais eu l’occasion de signaler en passant la présence de New Year Books ou d’éditions oxoniennes apparentées dans le Catalogus Librorum ex Anglia nuper allatorum imprimé par l’Officina Wetsteniana à Amsterdam en 1688 : W. Poole, qui me crédite de cette infime découverte avec son scrupule ordinaire, en a tiré le meilleur parti. Il m’avait échappé que plusieurs volumes – les éditions de Némésius d’Émèse (1671), de l’Abrégé de Justin (1674), de Faustin et d’Hérodien (1678), de Zosime (1679), ainsi que la seconde édition de l’épître de Clément de Rome (1677) –, figuraient déjà dans le Catalogus librorum qui in bibliopolio Danielis Elsevirii venales extant, et quorum Auctio habebitur in aedibus defuncti, Amsterdam, 1681. 3 Examinés de près, les New Year Books se révèlent un remarquable observatoire pour saisir le grand dessein apologétique et moralisateur dont, dans l’esprit de Fell, l’Oxford de la Restauration devait être le fer de lance, pour l’Église anglicane et pour toute la société. Les premiers volumes, qui font alterner textes profanes et sacrés, entendaient illustrer l’union des deux antiquités. Celui de 1670 regroupait le Manuel d’Épictète, le Tableau de Cébès et les Caractères de Théophraste, « cet aimable trio païen auquel l’université chrétienne faisait bon accueil » : un lecteur du XVIII e siècle explicita cette christianisation en notant en marge de son exemplaire (aujourd’hui à la British Library) les parallèles possibles avec le Nouveau Testament (p. xxvi et n. 49). Deux ans plus tard, dans son édition des Phénomènes d’Aratos, Fell ne manqua pas de rappeler que le poème avait été cité par Paul (Actes 17, 28). Ce fut dans le même esprit qu’il tint à faire figurer, en appendice de son édition de Marc Aurèle de 1680, la lettre au Sénat sur le miracle de la « Légion fulminante », quoique son authenticité eût été fortement contestée depuis Scaliger (p. 58‑59). On notera à ce propos que Henry Dodwell, dans sa fameuse dissertation « sur le petit nombre des martyrs », s’il nie que Marc Aurèle ait persécuté les chrétiens, passe entièrement sous silence, non seulement la lettre de l’empereur, mais même le miracle censé en avoir été l’occasion, qui paraissait lui offrir un très fort argument : omission qui, chez ce proche de Fell, paraît significative (voir Dissertationes Cyprianicae, Oxford, 1684, p. 66‑68 de l’édition in-folio). Revue de l’histoire des religions, 3 | 2019 2 William Poole, John Fell’s New Year Books 1666‑1686 4 Dans les dernières années, la série des New Year Books devint exclusivement patristique, et plus précisément anté-nicéenne, du De mortibus persecutorum de Lactance en 1681 (reprise, avec les emendationes de Dodwell, William Lloyd et Isaac Vossius, du texte récemment découvert en France et publié par Étienne Baluze) à l’édition princeps du De oratione d’Origène en 1686. W. Poole souligne avec raison que cette sélection exprime « les valeurs fondamentales de Fell en matière de théologie et surtout d’ecclésiologie » (p. xvi). Il faut en particulier relever la remarquable analyse – tout à fait neuve par rapport aux études existantes sur la patristique anglicane – de l’intérêt que l’évêque d’Oxford, dans le contexte des vives polémiques contemporaines contre le « schisme », pouvait éprouver pour le luciférien Faustin, dont les Opera fournirent le New Year Book pour 1684. 5 D’un corpus qui pouvait paraître étroit, W. Poole a ainsi tiré une contribution de première importance à l’histoire de la culture confessionnelle anglicane : c’est qu’il avait la rigueur, la science et l’intelligence nécessaires pour l’exploiter à fond. Mariant avec une souveraine maîtrise l’histoire de l’érudition, l’histoire des sciences et l’histoire religieuse, ce petit livre est lui-même la démonstration, trop rare hélas, que l’érudition la plus minutieuse n’est incompatible ni avec la pénétration dans l’analyse ni avec la clarté – et même, dans l’introduction, l’agrément – du style. On ne saurait trouver plus convaincante illustration du fameux mot d’ordre de Jean Orcibal : « ne rien dire que d’après les documents originaux examinés au microscope, de manière à gagner en profondeur ce que l’on perd en étendue ». AUTEURS JEAN-LOUIS QUANTIN École pratique des Hautes Études Section des sciences historiques et philologiques, Paris. Revue de l’histoire des religions, 3 | 2019 3