L9histoirede Part au feminin
PAR ROSE-MARE ARBOUR
e texte, exlraits du catalogue Art et ferninisme, constitue une introduction h fa probfbmatique en jeu,
t k m e de l'exposition Art et ferninisme, Muste d'art
contemporain de Montrtal, 1982.Les sous-titresont
t t t ajoutbs auxjins de cette publication.
C
Depuis la deuxihme moitiC du XXe sikle, les femmes se sont
de plus en plus manifestks dans le domaine des arts visuels et,
actuellement, certaines artistes sont reconnues localement et
internationalement.Commedans la socitdengkdral, les femmes
prennent des places et des lieux qu'elles n'occupaient pas auparavantdans lechampde I'art. Peut-on alors dire qu'il soit d6sormais
superflu de parler de femmes-artistesou d'art des femmes d'une
fqon &park ou particulihre, sous pretexte que l'Cgalit6 est
acquise pour toutes et tous sans distinction? L'analyse du rapport
des femmes aux pouvoirs permet de constater B quel point les
revendications du Mouvement des femmes n'ont td que partiellement comblks; tant mieux pour ce qui a C d acquis. I1 ne
s'agit pas actuellement du revendiquer des places qui peuvent
dorenavant, dit-on
par les femmes, mais d'aller
owu*
plus loin, par exemple en affmant d'autres valeurs que celles
propres B la hierarchie qui &gle les courants artistiques.
Que le thhme du cercle, de l'enclos, de l'abri, de la charnbre,
bref d'un espace indrieur clairement st5par6 de I'exdrieur et
complet en lui-meme, revienne comme un leitmotiv dans I'art de
nombreuses femmes, cela relhve d'un v k u collectif (le confinement) qui fut commun aux femmes, d'oh la dparation enme leur
vie domestique et la vie sociale. La vie domestique est le lieu et
le mode d'organisation de I'existence de la majorid des femmes
(kpouses ou fdles) et les valeurs idhlogiques rattachh B la
"f6mininiW sont dkfinies parce lien B la vie domestique.Cela fut
plus particuli&rementevident au Quebec entre 1930et 1960.' La
famille a C d jusque dans les a n n h 60 au QuCbec le domaine des
femmes sur qui reposait d'ailleurs la survie de la nation canadierne-franpise. Les valeurs affectives, culturelles et sociales
qu'elles transmirent B travers la cellule familiale et les r h u x
connexes qui en &rivaient, avaient une importance sociale et
konomique reconnue. D'autre part, lorsque les femmes occupi3rent des r6les en dehorsde lacellule familiale,ce fut dans des
metiers qui leur Ctaient rtkm6s et qui comportaient des similitudes claires avec les valeurs domestiques. Ces m&ers furent
ceux d'enseignante, d'infmihre, de mCnagtre, & d t a i r e ,
bref des metiers et des travaux de service. I1 n'y a donc rien
86
d'&mant Bretrouverdestraces, des indices,des symboleset des
rituels qui dhotent et connotent des r6les et fonctions que les
femmes ont assumCs et qui d'ailleurs continuent B leur khoir
mal@ les &formes et les transformations qui se sont o @ r h
face B la condition des femmes depuis 1960.
Par des df6rences historiques et culturelles qui attestent de
l'importance toujours vivace de tels a n W e n t s , certaines
femmes-artistes thoignent de la prksence des traces et des
marques que ces conditions de vie ont imprimks dans leur
imaginaire,leurs comportementset leurs attitudes,lesreprennent
dans le processus de production artistique ou dans leur oeuvre
mCme. I1 ne s'agit pas ici d'un retour au folklore ou de "reprises"
Mmatiques et formelles issues d'une quelconque nostalgie.
Dans la perspective de ce cadre historique et culture1 de la
famille,il est logique d'bvoquer les relations homme-femme qui
ont td d6terminh par l'organisation de la cellule familiale.Les
rapports homme-femme sont le lieu fondamentalde r&valuation
des rapports inte~personnels;on comait actuellement une crise
de la famille et une crise du couple. Ne dit-on pas que "la forme
la plus courante de la solitude modeme est sans doute le couple
avec ou sans enfantT2Et la solitude des femmes et ses dkhirements sont I'un des sujets important trait& par les artistesde cette
exposition.
Si la plupart des femmes-artistes ont eu et ont B choisir entre
avoir des enfants et avoir une pratique artistique continue, elles
ne pensent pas que I'art remplace les enfants, mais elles constatent que les conditions magrielles et psychologiques qu'exige la
procrhtion et 17&ucationdes enfants permettent difficilement
d'avoir en mCme temps une pratique en art. L'int6riorisation de
cette &lit6 est d'autant plus importante que ce qui dkfinit et a
dCfini socialementet politiquement la femme est sa fkonditb.La
fkondid est synonyme de "f6minid." Non seulement cette
amuation conditionne la femme adulte, mais elle conditionne
aussi son Uucation. L'&ucation des filles est bask en partie sur
la praominance du modkle traditionnel de la femme, ce qui les
place devant le choix de se marier ou d'avoir une vie professionnelle (Sun excluant l'autre); ce qui &finit d'une fa~on
rUuctrice
l'identid sexuelleB un r6le social dit "ferninin," le seul r6le social
permis dans la &finition de la "fCminiW se dduisant B celui
d'wuse-mhre, B celui de reine du foyer. Dans une analyse de la
relation entrele Mouvementdes femmeset I'Etat, Nicole LaurinFrenette constatait que le contr6lesocial de la fkonditk s'exerce
directement sur les femmes et non plus sur le couple. C'est 1'Etat
CANADIAN WOMAN STUDIESUS CAHIERS DE LA FEMME
qui gkre la sant6, la dhographie, 1'6ducation et la culture.
L'auteur souligne:
qu'elle est trave& comme le tout social, de conflits et de
contradictions de diffCrences et d'oppositions propres entre
autres h la lutte entre les sexes.
le transfert graduel aux femmes de la responsabilitt! de fait
sinon de droit, en ce qui concerne les enfants: responsabilid
de leur vie et surtout de leur insertion dans les rkseaux
institutionnels.L'Etat est le sommet du trianglefamilial bask
sur la relation &re-enfmt. Figure d o 3 le @re est absent,
actuellement ou de manZre ~irtuelle.~
Quelques hypothhes pour une histoire de l'art des
femmes, 1965-1985
Le r6le de la femme est donc accru face h l'enfant mais elle est
davantage isolk dans la cellule familiale, ce qui accentue les
tensions entre le privC et le politique, le privC et le social. C'est
ainsi qu'actuellement le choix h effectuer entre avoir des enfants
et avoir une pratique artistique s'en trouve complexifik. Mais si,
en 1980, la situation et le d l e de la femme 2 l'int&ieur de la
cellule familiale est toujours fondarnental, il faut souligner que
cettecellule n'est plus un lieu de production de biens commedans
la sociCtk patriarc.de et artisanale, mais "un lieu privilkgit de la
production du sens, c'est-h-dire de la signification et du sentiment" Un art h discours fCministe doit Ctre replac6 dans cette
perspective pour etre compris.
I1 semble que la situation des femmes dans le domaine artistiquereproduiseles mCmescontradictions, les mCmesambiguTt6
que dans le domaine social: l'affirmation de l'kgalitk des femmes
ou plut6t de leur non-diffCrence deviendra subversive et source
de changement en fonction des valeurs qu'elle affmera.
Cette situation difficile, parce que conflictuelle, fait en sorte
que plusieurs femmes-artistes hCsitent h se dCfinir en tant que
femmes et en tant qu'artistes, en fonction mCme de l'absence de
definition de ces dies au sein de la sociCth actuelle. Encore, ceci
est peutatre l'une des explicationsde l'absence d'un mouvement
des femmes, en particulier dans le domaine des arts visuels.
Fernande Saint-Martin dans un des textes de pr6sentation de
l'expositon Art-Femme p&par& par la galeriePowerhouse,dont
une partie fut expo& au Mu& d'art contemporain en 1975,
arguait que "depuis p r h de cinquante ans, ce d6ir de contester
et de rejeter dans ses bases memes et dans toutes ses manifestations, la culture 'masculine' a 6th Ctonnamment & d i d par les
hommes eux-memes." Une telle affmation ne tient pas compte
du fait que le d6sir decontestation des femmesn'a pas h s s a i r e ment les d m e s origines que celui des hommes, que les voies
qu'il emprunte ne sont pas ntkessairement les mCmes chez les
femmeset que les conditionsde sa rtalisation peuvent Cgalement
Ctrefort diffbrentes. C'est ainsi que dans le dCbat sur l'abstraction
en art, LindaNochlin soulignaitque c'est certainement hcause de
sa formation en arts d&oratifs qu'une artiste telle que Sophie
Taueber-Arpfut l'unedes premibres hpenser l'abstractioncomme
point nature1 de dCpart de sa production artistique pludt que
comme l'aboutissement d'un long processus d'Cvolution h partir
de la repdsentation?
S'il est juste de situer un rnouvement &S femmes en arts
visuels dans le cadre plus large de contestation de la culture au
XXesikle, il est essentiel de prkiser que c'etait contte la culture
acad6mique que les artistes se sont oppo& et non contre la
masculinie de la culture. Cette distinction est fondamentale
d'autant qu'elle implique que la culture (trrditionnelle ou actuelle) ne constitue pas un bloc monolithique et homogkne, mais
VOLUME 11. NUMBER 1
Ce tenre est un extrait du texte publie' dans Le Monde selon
"GRAFF 1966-1986, ed. GRAFF,Montrkal. 1987.
Au milieu des ann&s 60, Guy Viau dkfinissait la double
mission de l'artiste quCb6cois: celle d'ttre une synthbse entre le
Nouveau-Monde et l'Ancien, celle d'Ctre un modble singulier
dont le courage, le rhlisme, la capacitt5 de vision peuvent seuls
pennettre de daliser cette synthbsede 1'Europeet de l'Arn6rique:
"et paradoxe, I'illustration de ce courage de cette virilit6 nous
vient en particulier des femmes-peintres." Selon cet auteur, au
Canada mCme, ce sont "les peintres du QuCbec qui donnent le
ton." On n'aurait pu indiquer plus vigoureusement le sens du
dCveloppementde l'art au Qukbec et sa place dans l'ensemble des
courants artistiques au Canada.
Vingt ans plus tard, une telle affmation pmvoque un sourire
contraint car ni les artistes qukbkois ni les femmes-artistesn'ont
realid cette mission historique h laquelle Guy Viau les avait
convi6. Yves Robillard a fait une analyse des causes de ce
rendez-vous rat6 des artistes qu6bkois au sein de la sdne
artistique canadienne. Quant aux femmes-artistes, aucune recherche approfondie n'est encore venue klairer leur r6le et leur
position en tant qu'artistes dans le champ de l'art quCb6cois
actuel.
Afin d'kvaluer rapidement l'apport des femmes-artistes au
cours de cette @node, je propose une lecture qui, je l'eqkre
contribuera h faire entendre certains sons, h saisir certaines
po&, h conjuguer certaines voix qui ne sont pas nkessairement Cvidentes au premier abord. A ce titre, le projet de parler
dparCment des femmes n'en est pas un plus critiquable qu'un
autre; il est mCme toujours nkessaire car la grande utopie visant
h abolir les in6galit6 envers les femmes ne s'est pas daIi&
mCme si depuis une dizaine d ' a n n h elle a paru s'approcher
d'une certaineconcrktisation. Plutdt que d'inCgalit6 hdissoudre,
il faut davantageviser les hiCrarchies qui sont h l'origine d'exclusions et d'oppressions de toutes sorts. En effet, la situation
gCnCraledesfemmes dans les domainesdkisionnels et dans ceux
de la creation en gCm5ral se rhume encore h maintenir la tste hors
de l'eau bien qu'il y ait, @I et U,quelques nageuses d'exception.
Probl6matiser l'histoire de l'art des femmes pourrait consister
entre autres h situer systkmatiquementleurs ceuvres par rapport
h celles des a u m artistes (hommes) relib 2 tel mouvement ou h
tel c o m t et h en saisir la particularit6 tant sur le plan esthktique
que dans les domainesde l'imaginaire awquels elles&ferent.La
recherche n'est pas encore faite mais je me permettrai d'CmetUe
ici quelques hypothhs, d'avancer certains faits qui, s'ils sont
sujets h critiques, n'en permettent pas moins d'aborder par un
biais autre que strictement chronologique, l'art des femmes.
R6nthgrer les femmes-artistes dans l'histoire ne relbve en effet
pas seulement du redressement d'un ordre chronologiquepar un
autre. Cela consiste surtout h comprendre pourquoi ces artistes
87
avaient Cd minimis& ou i g n o h et ce que ces omissions
dvklent de la nature d'un mouvement ou de la valeur du discours
des historiens et critiques qui ont particip6 ou contribuk, con-
s'engager dans l'exploration desrapports entre art et technologie.
Une aune femme s'est manifest& quasiment sans interruption
sur la &ne artistique depuis les a n n h 50: Frangoise Sullivan,
Nous aborderonsdonc cette "histoire" sous des angles divers:
soit par le biais de l'importance du gate et de la gestualid chez
les femmes-artistes, soit par l'indri5t marque pour un art h
"contenu" oh l'exp6rience personnelle et l'autobiographie sont
systkmatiquementincluses, la tendance h la communication sans
pour autant faire de l'aeuvre d'art un simplerelais. En g6n6ral. les
femmes-artistesont delaisd la voie formaliste rt5fractaire h tout
contenu et la figuration narrative a et6 privil6gik chez plusieurs
d'entre elles depuis les annth 60.
Je tenterai de cemer les raisons de l'absence des femmes de
certains mouvements et courants en art mais je ne @tends pas
determiner la position rklle des femmes-artistesdans le champ
de l'art qu6kois actuel. Ce texte est un bref tour d'horizon dont
l'objectif est davantage d'ouvrir des perpectives que de bloquer
des voies.
polyvalente. Danseuse, sculpteure, peintre, elle a particip6 h
plusieurs courants &art actuel, utilisant divers m&iums selon
l'exigence de ses options plastiqueset disciplinaires.Elle se situe
au sein de courants d'avant-garde auxquels la polyvalence de sa
pratique l'ont rendue particulibrement apte h aborder les diverse5
problhatiques et m6thodes (art conceptuel, performance). La
notion de rituel a p i s un sens particulier chez elle, il a sous-tendu
son travail en sculpture: la croissance,la notion d'Cternel retour,
les mythes antiques, sont des thkmes qui ont fond6 l'ensemble de
son travail artistiqueetcrhteur quece soit en danse, en scultpture,
en performance, en peinture.8
Dans les annks 60, il faut rappeler les p6les d'attraction
ext6rieurs au Quebec (Paris et New York) qui conuibubrent h
dichotomiser les tendances stylistiqueset idblogiques dans les
arts visuels. A New York, les Plasticiens avaient m u une
certaine reconnaissance qui fut de trh courte durk. A Paris,
ttaient expods les artistes qu6Wois qui y vivaient d6jk depuis
les ann&s 50, ce fut le cas entre autres pour Marcelle Ferron. En
1%1, une exposition "La Nouvelle Ecole de M ~ n t r h lqui
' ~ avait
reuni cinq artistes dont deux femmes, constitua une tentative
marquk #exportation de l'art qu6kois outre-mer au sein de
laquelle les femmes Ctaient relativement bien reprhenttk.
Au &but des a n n h 60, h la Galerie nationale du Canada,
Ottawa, avait eu lieu une exposition regroupant des membres de
1'Association des peintres non figuratifs de Montrhl qui incluait
huit femmes sur un total de vingt-deux exposants, et en 1955, h
quelques exceptions prh, les memes artistes faisaient l'objet
d'une exposition sous le titre "La femme imagiste" (Galerie de
l'Etable, Mu& des Beaux-Arts de Montr&l).lo
C'est dans ce contexte somme toute positif pour les femmespeintres que l'affirmation de Guy Viau, face au r6le de pointe
jou6 par les femmes dans le champ artistique qut5Wois. s'explique.
On peut affmer que les femmes-peintre se situkrent hors
l'orbite des Plasticiens dont la reconaissance officielle fut assurk dbs le milieu des ann&s 60; d'autres se tourneront vers des
probl6matiques l i h h la synthbse des arts (Micheline
Beauchemin, Marcelle Ferron, Franqoise Sullivan, Jeanne Renaud) h une p6riode oh l'intkret grandissant pour les rapports
entre l'art et l'environnement favorisait 176mergencedes groupes
interdisciplinaires et des intkrgts polyvalents.
L'absence de femmes du groupe des Plasticiens (h l'exception
de Rita Letendre) s'explique dans un tel contexte d'klatement
des disciplines et des hiCrarchies entre les diffkrentes pratiques
qui particularisa le travail artistique de nombreuses femmes. Ce
fut egalement le cas d'un nombre important de jeunes artistes
dont l'objectif Ctait le rapport de l'art au public et h l'enviromement, l'expression au sein de leur art de leur dialit6 h la fois
personnelle et collective; cela entraina l'irnplication sociale de
plusieurs d'entre eux h la fin des a m h 60 et au debut des a n n h
70.
sciernrnentou pas, a normaser ces oublis.
Le post-automatisme: situation et rble des femmes
L'art abstrait des Plasticiens souleva toutes sortes d'oppositions de la part desjeunes artistes -dont des femmes -au cours
des a m h 60. Ces demibres n'adhkrbrent pas h ce mouvement,
i l'exception de Rita Letendre. MEme si chronologiquement il
avait eu son origine au Quebec dks les annks 50, le groupe des
Plasticiens s'etait ul&rieurement retrouv6 sous influence am6ricaine suite h une paticipation quCkoise (Molinari) h l'exposition "The Responsive Eye" en 1965 au Museum of Modem Art
de New York.
Par ailleurs, au cours des a n n h 60, on sait l'opposition de
certains milieux artistiques amkricains (dont celui des femmesartistes) h la volonteh6gemoniquedu courant formaliste,particulikrement celui chapeau& par le critique d'art Clement Greenberg. Lucy Lippard affirmait ainsi que l'apport le plus important
des femmes h l'art du futur aura Ct6 son absence de contribution
au f~rmalisme.~
En effet aucune femmen'adhera au mot d'ordre
- "What you see is what you see" - formule par l'artiste
am6ricainFrank Stellaquiconsacrait la stricteauto-ri5f6rentialit6
de l'art et l'exclusion systbmatique de tout ce qui n'Ctait pas
swifique h la matCrialit6 de la peinture.
Au QuCbec, enm 1955 et 1965, une forme d'abstraction
lyrique avait 6& largement pratiquk par les femmes-artistes,
l'emotion, la gestualid et l'expressivit6 de lacouleur formant un
tout. Marcelle Ferron, l'une des signataires du Refur Global en
1948,fut une pnkurseure. Cette artisteeut une prhence continue
sur la d n e artistique: la force de son geste, l'energie qui s'en
dCgageaitet qui a&terminC l'organisation formellede ses miles,
r6pondait h l'idk qui Btait h la base du mouvement automatiste.
A la fin des a n n h 60, elle s'engagea dans un travail de dconciliation de l'art et de la technologie en participant h la formation du
Groupe Crhtion oh Ctait sollicit6le travail conjoint de l'artiste et
de l'architecte, de l'artiste et de l'ingenieur, pour une meilleure
integration de l'art h l'environnement.
Les nombreuses verribres rtklisks par Marcelle Ferron au
Quebec et au Canada depuis le milieu des annks 60ont &rnoignC
de cette volond de mettre l'art sur la place publique et de
autre signataire du Re& Global, eut une pratique hstique
l Laurin-Frenette, Nicole, "F6minisme et anarchisme," dans
Femmes etpolitique, Ed. du jour, MontrM, 1981. p. 160.
ibid.,p. 178.
CANADIAN WOMAN STUDIESLES CAHIERS DE LA FEMME
Ibid., p. 177.
Ibid., pp. 175-176.
Nochlin, Linda "Women and the Decorative Arts,%
Heresies, Winter 1978,p. 43. Traductions de l'auteure.
Guy Viau, "La peinture modeme au Canada-franpis," Ministhe des Affaires culturelles, 1964, p. 85.
Lucy Lippard, "Sweeping Exchanges: The Contribution of
Feminism to the art of the 1970s." Art Journal, automne-hiver
1980. L'auteure h i t : "The 1970s might not have been "pluralist" at all if women artists had not emerged during that decade to
introduce the multicolouredthreadsof female experienceinto the
male fabric of modem art."
En 1981, sa dtrospective au Mu& d'art contemporain de
MontrM confirmait la place unique qu'elle a tenue et tient
toujours au sein du champ artistique quCWis.
Exposition organis& par Jean Cathelin h la Galerie Namber.
Elle incluait deux femmes: Tobie Steinhouse et Marcelle Maltais, aux &t&
de R6al Arsenault. Germain Perron, Richard
Lacroix.
l0 Au dCbut des a n n h 60 i# la Galerie nationale du Canada
(Ottawa) avait eu lieu une exposition regroupant vingt-deux
membres de 17Associationdes peintres non figuratifs de MonW donthuit femmes: HenrietteFauteux-Masd,MarcelleFerron,
Rita Letendre, Laure Major, Kittie Bruneau, Suzanne Meloche,
Suzanne Rivard, Tobie Steinhouse. A l'exposition de M o n W
(Galerie de 1'Etable du Mu* des Beaux-Arts de Montrd,
1965) s'ajouthnt Franpise Sullivan et Monique Voyer aux
peintres mentionnks plus haut.
Sans titre
La d k s e des sables chauds
s'est rompue sur ue rkif d'Cmeraudes
c&t un coin de @eve
un krin de bienveillance
Cependant l'kho dhagr6gC
transform6 en avion planeur
a men6 vers sa plongk
1'Ctre que 1'abA5nene sauit pas
et qui lors de son errance
dans les couloirs des croisements
a apequ la dponse
agir comme un vide
inexorablement pr6sent
Pourtant l'attrait entrebaill6
aurait pu saisir l'harmonie
d'un souffle dkhiffreur
Mais la pork s'est coin&
en I'aurore crucifik
dans le linceul du vent
qui se noue aux bourgeons
recroquevillant la vue des tentures
sur les affres d'un bonheur nidifiC
A la dkrive du regard qui se creuse
la bouche s'est gel& voguant solitaire
et en un tournant d'une dimension
courbtk dans la vision du rCve
pour nous la nuit s'est dCsarmk
VOLUME 11. NUMBER 1
Young
Aimer ou Le Centaure
L'Ctendard du coew
muni des effilCs de l'effort
a su r6gulariser
les mouvements d'une horloge
qui ont dCfrayC le temps
pour nous Cpargner
il a 61evC contre la mort
le barrage de nos dorps
sachant qu'en un cri de d k o i
il aurait pu culbuter
la laissant nous saisir ensemble
sous le dkploiement de ses vents
Un centaure aux formes &upl&s
aurait alors atteint la poussihre
n'y dCposant que cette larme
qui marque la continuitb des jours
en d'autres visages
en d'autres Clans
Jour
Comme avant sa fermeture
le jour revient habiter
cette vague silencieuse
qui apaise les turbulences
Aprhs un intemalle de reconnaissance
qui se prolongea en une nuit aurorale
le regard voit la transparence du ciel
rejoindre la terre en une ligne centrale
Elle forme en gerbes un chemin
duquel Cmerge la chaleur matinale
qui rayonne et retombe en vapeur
condens&
cicatrisant les blessures
qui prkkdent chaque Cveil