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L'en-je lacanien, 2012
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Journal de la Société des Américanistes, 2020
Bulletin de Correspondance Hellénique
Cet article présente un document trouvé dans les fouilles de l'École française à asos en 1969. Daté de l'époque classique, ce texte fut inscrit sur une tablette avant cuisson, premier exemple de ce type de support sur ce site. Après une étude du texte et de ses caractéristiques paléographiques et linguistiques, on expose les éléments qui laissent penser que l'on a a aire aux premières lignes d'une lettre. En plus de présenter certaines graphies distinctes de celles de l'épigraphie lapidaire et des anthroponymes nouveaux, ce texte fournit une attestation supplémentaire du culte de Zeus Patrôos à asos. περίληψη Μια επιστολή κλασικής εποχής στη Θάσο Το άρθρο αυτό παρουσιάζει ένα κείμενο που βρέθηκε στις ανασκαφές της Γαλλικής Σχολής Αθηνών στη Θάσο το 1969. Το κείμενο, που χρονολογείται στην κλασική εποχή, χαράχθηκε σε μια πινακίδα πριν από την όπτησή της και αποτελεί το πρώτο δείγμα ενεπίγραφης πινακίδας στη Θάσο. Μετά τη μελέτη του κειμένου και των παλαιογραφικών και γλωσσολογικών του χαρακτηριστικών, παρουσιάζουμε τα στοιχεία που υποδεικνύουν ότι πρόκειται για τις πρώτες σειρές μιας επιστολής. Το κείμενο αυτό, πέραν του ότι παρουσιάζει μερικές γραφές που διαφέρουν από αυτές που βρίσκουμε στην επιγραφική σε λίθο, προσφέρει μια πρόσθετη μαρτυρία της λατρείας του Διός Πατρώου στη Θάσο.
2007
À l'époque où les adaptateurs du Narrenschiff de Sebastian Brant écrivent leurs Nefs, il n'est pas de passage d'un texte d'une langue dans une autre qui ne soit translation, le terme moderne de traduction n'étant pas encore en usage 2. Le succès du Narrenschiff dans les pays germaniques fut relayé dans le reste de l'Europe grâce à la traduction-adaptation de Jacob Locher, la Stultifera navis 3. Cette Nef latine suscita elle-même des adaptations en français et en anglais : La Nef des folz de Pierre Rivière 4 en vers français, La Nef des folz de Jean Drouyn 5 , La grant Nef des folz du monde, anonyme 6 , puis The Shyp of folys of the worlde d'Alexander Barclay 7 et celle de Henry Watson : The Shyppe of fooles 8. Les chapitres repris de façon presque immuable de Nef en Nef recensent les fous, invectivent et menacent ceux qui se refusent à retrouver le chemin de la vertu au nom d'un Jugement qu'il faut craindre. De chapitre en chapitre, l'auteur r...
Labyrinthe, 2001
Dès l'époque hellénistique, les textes de l'Ancien Testament ont fait l'objet d'une constante entreprise de traduction et de retraduction, en grec, en araméen, en latin, en syriaque, en arabe, en ge'ez, en arménien, en copte, puis, plus récemment, dans nos langues modernes. La première traduction connue (en dehors des Targumim, dont la rédaction s'étale sur des siècles, à partir peut-être d'éléments remontant à l'Exil) est celle dite des Septante, rédigée en grec en plusieurs étapes entre le III e et le I er siècle av. J.-C., à l'intention de la diaspora juive éparpillée dans le bassin méditerranéen. La nature spéciale de ces textes a poussé les traducteurs à mener sans doute la plus ancienne réflexion méthodologique sur le « traduire », sur son implication pour le sens et pour la valeur du nouveau texte ainsi obtenu relativement au texte-source, de sorte qu'il n'est peut-être pas excessif de considérer que la réflexion et les habitudes produites par la traduction de la Bible ont constitué, pour l'Occident chrétien, le paradigme initial de toute oeuvre de traduction littéraire, et qu'elle en détermine encore aujourd'hui nombre de caractères acquis : attention scrupuleuse à un original clairement déterminé ; recherche de rendu « intégral » et de la superposition ou de la transposition adéquate d'une langue à l'autre ; refus de l'interposition manifeste d'une quelconque altérité ou de la subjectivité du traducteur ; conformité à des normes et à des traditions établies ; respect de conventions de genre et de style.
A raison d’un numéro par an, la Lettre de la Recherche de Bank Al-Maghrib constitue une fenêtre pour communiquer sur les principales activités de recherche réalisées par les économistes de la Banque. Elle présente une synthèse des articles et des documents de travail publiés par les chercheurs, des interviews sur des sujets d’actualité, des comptes rendus de séminaires et conférences, ainsi que des informations sur les manifestations à venir.
Éditorial
C
ette Lettre de l'Afes est le numéro 103 1 . Elle contient quelques témoignages sur Marcel Jamagne, notre ancien président, ancien directeur du Service d'étude des sols et de la carte pédologique de France, membre de l'Académie d'agriculture de France et membre d'honneur de l'IUSS. Ces témoignages attestent du rayonnement de Marcel Jamagne, humain tout autant que scientifique, à l'étranger tout autant qu'en France. L'Afes et l'Académie d'agriculture de France lui rendront solennellement hommage le 1 er juin prochain, dans la salle de conférences de l'académie. Il y a longtemps que ce maître était devenu un ami pour moi comme pour tant d'autres et sa disparition endeuille toute notre Association.
François Bartoli est également disparu récemment et nous y reviendrons. Cette Lettre contient également des contributions de Clément Mathieu et un compte-rendu critique de la carte des sols d'Auch réalisée par Jean-Claude Bégon, sous la plume de Laurent Rigou. Chaque carte des sols publiée est en soi un hommage à Marcel Jamagne.
C'est Céline Collin-Bellier qui assure la direction de la publication de la Lettre, en tant que Présidente et Léa Beaumelle qui prendra la suite de la Rédaction en Chef à partir du prochain numéro. Bonne continuation donc à la Lettre.
Bonne Lecture donc et rejoignez et faites rejoindre l'Afes !
Guilhem Bourrié
Hommages à Marcel Jamagne
La première fois que j'ai connu Marcel, c'était il y a 32 ans. Je venais d'être recruté au Service d'Orléans -on appelait ça le « service » -et il m'avait demandé de venir dans son bureau.
Alors moi, j'étais tout jeunot -et tout tremblant. Je suis entré et il m'a dit : « Bonjour Dominique, je suis très content de faire ta connaissance. » J'ai répondu : « moi aussi… Euh… Monsieur Jamagne. » La dessus, il m'a dit « Bon, moi… c'est Marcel », assied toi -tu veux une clope ?
Puis il a sorti une bouteille et deux verres de son placard et m'a dit : « comme ça, ce sera plus convivial ».
Et là, il a commencé à me raconter le boulot qui m'attendait. Les sols, ma future vie de pédologue cartographe.
Il avait les yeux qui pétillaient. C'était fascinant. Et là, je me suis dit : -mon gars… t'as frappé à la bonne porte. Marcel était un homme passionné et passionnant. Il croyait profondément à ce qu'il faisait et il savait le transmettre d'une façon formidable.
Il avait un charisme qui faisait qu'on ne pouvait pas ne pas le suivre. C'était une locomotive. Et j'étais fier d'être dans ses wagons. C'était un pionnier et un visionnaire, le père de la cartographie des sols en France et en Europe. Un grand bonhomme de la pédologie internationale. Une figure mondialement reconnue.
L'Inra et la science du sol sont en deuil. Tous les pédologues de France, d'Europe et du Monde m'ont envoyé des centaines de mails de partout et ça n'arrête pas. Avec Anne Richer de Forges, nous allons en faire un recueil pour le donner à Christiane et ses enfants.
C'était aussi un travailleur acharné. Forcément, pour arriver à ça, il faut travailler beaucoup. Et je me souviens de soirées, de nuits presqu'entières aussi, où nous avons bossé ensemble, pour discuter des orientations qu'il fallait prendre sur tel ou tel programme.
Il n'avait jamais fini de travailler. Une de ses expressions lorsqu'il pensait avoir bouclé un dossier était : Bon… Alors... Ensuite… Mais il avait une conception du travail toute particulière. Il disait : je ne sais pas distinguer le travail de l'ambiance dans laquelle se déroule ce travail. Et sans l'ambiance… Je ne sais pas le faire.
Et cette ambiance qu'il créait était fantastique -et il a réussi à l'insuffler dans tous les réseaux qu'il a animés -et qui le pleurent aujourd'hui.
Marcel était un humaniste et savait rester simple. Il parlait de la même façon à son PDG qu'à son agent technique. Il avait, avant tout, le souci du bien être de chacun. Dans ses relations humaines, la hiérarchie n'existait tout simplement pas.
Il connaissait par coeur le nom de nos enfants et nous en demandait des nouvelles. Il faisait la bise à toutes les filles de « la carto », même si elles venaient juste d'arriver et qu'il ne les connaissait pas.
Quelque part, il se comportait comme s'il était notre père à tous. Et lorsque quelqu'un débarquait dans le service, il lui parlait comme s'il l'avait connu depuis toujours. Et ça, c'est… C'est merveilleux.
Marcel, je m'adresse à toi maintenant, comme un ami. Cette ambiance que tu as su créer, elle est toujours là. Ce sera très difficile pour nous de continuer sans toi, mais quand je regarde la colonne centrale du hall de « la carto » de l'Inra d'Orléans, ce bâtiment qui respire ta convivialité, c'est toi que je vois.
Pour nous tous, tu n'es pas vraiment parti. Tu habiteras toujours ici.
Bon voyage et merci Marcel.
Par Dominique Arrouays [email protected] « Il m'est difficile de trouver les mots pour parler de Marcel, ayant tellement de choses à dire sur lui. Ma première rencontre avec Marcel était en 1990 lorsque je participai au stage de terrain du DEA de science du sol lors de ma troisième année d'Agro. Il m'avait déjà marqué à ce moment-là car il était le seul des professeurs ou encadrants présents à saluer individuellement tous les étudiants sans exception car Marcel considérait tout le monde sur le même plan et ne faisait aucune différence entre qui que ce soit. Ensuite, je l'ai retrouvé un an plus tard lorsque, avec Dominique King, il m'a recruté en CDD pour travailler sur la base de données des sols d'Europe. Ce projet a été pour lui l'un des derniers grands projets de sa carrière et pour moi le premier et celui qui m'a permis de construire ma carrière professionnelle. Avec Marcel et Dominique, nous avons démarché les pédologues des pays d'Europe de l'Est pour les convaincre de participer à ce projet pour lequel les financements étaient quasi inexistants. Certains étaient donc plutôt réticents à participer. Mais Marcel a réussi à les convaincre non seulement parce qu'il apportait une caution scientifique indéniable à ce projet mais aussi par son enthousiasme, sa manière si chaleureuse de parler aux gens et sa vision de l'avenir. Il emportait partout l'adhésion, surtout dans l'après-réunion, dans un troquet autour d'une bonne bière. Ce projet, qui ne paraissait pas forcément important à l'époque pour tous ces pédologues européens dont certains ont contribué plutôt à reculons, a été pourtant la première étape dans la construction d'un réseau européen de pédologues (le European Soil Bureau Network) et le développement du bureau européen des sols au Centre commun de recherche d'Ispra en Italie. Ce réseau et les actions du bureau européen des sols ont permis d'amorcer au niveau européen rien de moins que la stratégie thématique sur les sols qui a bien failli aboutir à l'adoption d'une Directive sur les sols, il y a quelques années. Quant aux pédologues, ils ont pu, grâce à ce réseau, développer différents projets de recherche qui n'auraient sûrement pas vu le jour sans cela. Autant dire que, pour moi, jeune ingénieur agronome à l'époque, participer à cette aventure au côté de Marcel et de Dominique a été plus que formateur. Marcel savait vous donner confiance en vous et vous aider à progresser. Je pense que sans lui et ses encouragements, je ne serai pas où j'en suis à présent. Mon seul regret est qu'il ne pourra pas à assister à ma soutenance de thèse car il en a été l'un des inspirateurs avec Dominique King. Et je crois qu'il était fier et heureux que je me lance dans cette aventure car il voulait que nous progressions et allions de l'avant. C'est pourquoi je peux dire aujourd'hui que je me sens comme orpheline car c'est un peu un deuxième père qui vient de partir, un guide, un modèle. » Par Christine Le Bas, promo 1988 de l'INA-PG. « Le mail de Dominique annonçant le décès de Marcel m'a profondément attristée. J'ai rencontré Marcel dans le cadre du DEA national de Science du Sol, à Nancy en 1994, avec Adrien Herbillon. Je le voyais ensuite pendant ma thèse lorsque je venais à l'Inra d'Orléans pour les manips de stabilité structurale des sols avec Yves et Hervé... Que le temps passe ! Je garde de Marcel le souvenir d'un homme très chaleureux, très humain, au regard pétillant, au sourire malin, avec toujours le mot pour rire ou pour redonner de l'entrain. Il avait ce côté attentionné et bienveillant pour les jeunes, comme un papa. Sans compter sa pédagogie, c'était un plaisir de l'écouter, comme un livre dont on ne veut jamais atteindre la dernière page. Quelqu'un que l'on ne peut qu'apprécier à tous points de vue. » Par Élisabeth Besnard, promo 1994-1995 du DEA national de Science du Sol. « J'ai rencontré Marcel lors du DEA de Science du Sol de 1994-1995 et nos chemins se sont ensuite croisés bien des fois... Marcel fait partie de mes profs préférés et est dans le top 10 de ceux qui m'auront le plus marquée ! ! ! ! Charmant, incontournable, inoubliable... Généreux de ses connaissances, de son dynamisme, de sa passion pour les sols... De ces enseignants qui te donnent envie de regarder de plus près un profil, de regarder de plus loin un paysage et d'essayer de faire le lien entre les deux… De ces enseignants qui laissent la place aux extravagants comme moi qui parlais déjà de vers de terre... De ces enseignants dont la bienveillance, en accordant de la place aux hésitations, en laissant le droit à l'erreur, te permet de te construire en toute confiance, te laissant croire que petit à petit tu deviens une pédologue... Comment lui rendre plus hommage que de lui dire oh combien il a compté pour nous tous, ses étudiants… Il a réussi à nous apporter tant de choses... » Guénola Pérès, promo 1994-1995 « J'ai rencontré Marcel pour la première fois un jour de janvier 1997 à mon arrivée à Orléans, sur les marches de l'entrée du Sescpf. Je me rappellerai toujours de ses mots : "Bonjour Sébastien, bienvenue chez nous ! ", moi : "Bonjour Monsieur Jamagne", lui : "Ah non hein, je suis déjà assez vieux comme ça, tu vas me tutoyer ! Allez, viens dans mon bureau, on va boire un coup pour fêter ton arrivée". Voilà, ça c'était Marcel, il avait le don de mettre tout le monde à l'aise, et j'ai ce jour-là pénétré dans un labo qui était vraiment une famille, l'ambiance qui y régnait était exceptionnelle, et elle lui devait tout. J'ai quitté l'Inra il y a 12 ans, et pourtant, quand j'y retourne, j'ai l'impression d'un lien toujours existant avec ceux que j'ai pu côtoyer à l'époque. Je me rappelle aussi l'avoir revu lors d'une tournée Afes dans le Massif Central, il n'y a pas si longtemps, quel plaisir de
Par
A titre général :
Outre ses travaux scientifiques, tout à fait remarquables, notamment sur les « sols issus des limons du nord de la France », il a créé le Sescpf, destiné à la coordination de tous les travaux cartographiques, à devenir un centre de ressources national et à la réalisation d'une couverture générale à échelle moyenne (1/100 000 e ).
A cette époque, il fut de ces « chefs de service » créateurs et animateurs qui incarnaient en même temps toutes leurs équipes et leurs travaux pédologiques.
Il était toujours modeste, toujours bienveillant, toujours de bon conseil, toujours calme et diplomate. Je n'ai jamais vu Marcel en colère. Au fil des années, il s'est créé tout un réseau d'amis pédologues, dans toute l'Europe et bien au delà.
A titre personnel :
Marcel m'a recruté dans son Sescpf fraîchement crée, le 1 er décembre 1967, juste après Jean-Claude Bégon et Monique Soler, quasi en même temps que Michel Isambert, Raymond Hardy et Jacques Roque.
Un jour (au début des années 70), je lui faisais visiter une fosse creusée en Champagne humide, et qui me laissait quelque peu dubitatif car j'observais un très fort contraste textural, une limite horizontale très franche et je ne pouvais pas me résigner à considérer ce solum comme un « sol lessivé ». Il me dit alors quelque chose comme « on dirait un planosol ». Une quinzaine d'années plus tard je soutenais ma thèse « Les planosols de Champagne humide -Pédogenèse et fonctionnement ».
C'est lui qui m'a chargé de reprendre la coordination des travaux de mise à jour de la « Classification des sols » publiée par la Cpcs en 1967, laquelle, ne l'oublions pas, devait être mise à l'épreuve puis complétée. Des travaux préparatoires se développèrent de 1971 à 1987. De nombreuses années étant passées et de nombreux travaux de cartographie ayant été menés tant en France qu'en Afrique, il fallait faire plus que de simplement « mettre à jour » cette classification qui datait déjà de vingt ans. De là est né, élaboré collectivement, petit à petit, le Référentiel pédologique.
Un jour de 1994 Marcel entra dans mon bureau et me dit « Tu devrais t'intéresser aux métaux traces dans les sols ! ». Trois ans après, je publiai mon premier travail relatif aux ETM : « Teneurs totales en éléments traces métalliques dans les sols. Références et stratégies d'interprétation ».
Tout cela pour dire que je lui dois toute ma carrière. Il savait nous inspirer des recherches d'actualité tout en nous laissant une liberté totale en ce qui concerne les moyens et les chemins empruntés. J'ajoute que Marcel et Christiane ont été les témoins de mon mariage en 1981.
Il avait toutes les qualités de coeur d'un « honnête homme » mais était aussi un « bon vivant » comme nous l'avons tous constaté.
Je ne lui connaissais qu'un seul défaut : il était trop gentil ! Mais c'est là un petit défaut lié à ses grandes qualités...
Par Denis Baize
Marcel Jamagne est décédé à Orléans le 30 septembre 2015. Il était né à Bruxelles le 17 novembre 1931. De nationalité belge, il prend la nationalité française en 1978. Après des études d'ingénieur agronome, spécialisation eaux et forêts à la Faculté des sciences agronomiques de Gembloux, et son service militaire en qualité d'officier de réserve à l'armée de l'air, il commence en 1957 une carrière de pédologue cartographe à la Division d'agrologie de l'Ineac, l'Institut National pour l'Étude Agronomique du Congo (aujourd'hui République Démocratique du Congo). Ce groupe Prospection et cartographie de la Division d'agrologie est dirigé par Carl Sys, qui deviendra par la suite professeur de pédologie tropicale à l'Université de Gand. Durant cette période congolaise, Marcel Jamagne effectue deux missions pédologiques importantes, celle de la Tshuapa dans la cuvette du fleuve Congo et celle du Maniema en limite du Sud Kivu. Il participe également à la rédaction de l'ouvrage « La cartographie des sols au Congo, ses principes et ses méthodes » (Sys, 1961) qui est le premier manuel publié en français sur les méthodes de cartographie des sols.
De retour en Belgique en août 1960, suite aux événements dramatiques se déroulant au Congo devenu indépendant, il intègre le Service de la carte des sols de Belgique (Directeur : René Tavernier) et participe à la prospection pédologique en Ardennes en collaboration avec Joseph Deckers (le père de Seppe).
A la même période, en France, Jean Hébert (Inra), directeur de la Station agronomique de Laon crée le Service de la carte des sols du département de l'Aisne. Ce jeune service a pour mission d'établir une carte des sols à moyenne échelle (1/25 000 e ) à partir de levés de terrain à grande échelle (1/5000 e ) sur tout le département. Pour développer ce service, Jean Hébert connaissant le travail identique réalisé pour la carte des sols de Belgique s'adresse à René Tavernier pour obtenir sa collaboration par l'intermédiaire de l'un de ses pédologues expérimentés. Marcel Jamagne devient ainsi en 1961 le Directeur du Service de la carte des sols de l'Aisne, direction qu'il quitte en 1969.
Durant ces années "Jamagne", le Service connaît un développement exceptionnel grâce à ses compétences, son efficacité et son rayonnement. Le rayonnement du Service de l'Aisne est non seulement national mais aussi européen. Marcel Jamagne soutient et encourage aussi ses adjoints à l'étude des sols (recherches en pédogenèse) ainsi qu'à la formation continue. Lui-même suit la licence de cartographie des sols (1966) dispensée par l'Université de Gand où il présente un mémoire sur l'aspect micromorphologique des sols sur limon loessique.
A partir de ses expériences de la cartographie des sols en Belgique, au Congo puis maintenant en France, il publie un ouvrage qui fera date en pé-dologie de terrain et deviendra un référentiel pour de nombreux pédologues ; il s'agit de « Bases et techniques d'une cartographie des sols » (INRA, 1967). Parallèlement, il entreprend une recherche fondamentale sur l'évolution des sols lessivés du Bassin de Paris, recherche qui aboutit en 1973 à la soutenance d'une thèse de doctorat à la Faculté Universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux sous le titre « Contribution à l'étude pédogénétique des formations loessiques du Nord de la France ».
Pendant cette période s'élabore sous la direction de Jean Boulaine et de René Bétrémieux la classification française des sols qui voit le jour en 1967 et à laquelle participe activement Marcel Jamagne. Toujours durant cette période (1967)(1968) En 1990, le programme IGCS (Inventaire, Gestion et Conservation des sols) élaborant pour les grandes régions administratives une base de données à 1/250 000 e et pour des secteurs de référence des documents à 1/10 000 e prend la suite du programme initial des cartes à 1/100 000 e . Conjointement au développement et à la direction de tous ces programmes traitant de l'espace national, Marcel Jamagne participe à différents programmes européens et internationaux (FAO, UNESCO, CCE puis UE) tout particulièrement par le canal du Centre Commun de Recherches (JRC : Joint Research Center) puis du Bureau Européen des Sols à Ispra. Grâce à la compétence reconnue des ingénieurs du Service, celui-ci se voit confier progressivement la coordination scientifique de plusieurs programmes importants dont celui de (1994)(1995)(1996)(1997)(1998).
En dehors du scientifique exceptionnel et du chef remarquable, Marcel Jamagne était un homme extrêmement chaleureux, très humain, au regard pétillant, au sourire malin, ayant toujours un mot pour redonner de l'entrain. S'il avait une ambition personnelle, celle de rendre toujours son travail le plus achevé possible, il était également soucieux de la promotion de ses collaborateurs, du plus petit technicien jusqu'à l'ingénieur.
Marcel Jamagne était un travailleur exceptionnel et infatigable. Combien de week-ends passés à reprendre des textes de publication ou de rapports, combien de soirées de travail dans son bureau personnel ou sur la table du salon jusqu'à ce que la fatigue l'abatte et l'oblige à prendre un court repos. Toute cette somme de travail, tous ces écrits n'ont pu être réalisés que grâce à l'amour de Christiane, son épouse, qui a accepté un sacrifice peu commun que d'autres auraient refusé, quand ce n'étaient pas d'autres soirées entre amis pédologues où nous refaisions le monde de la pédologie.
Aucun de ceux qui l'ont connu, aucun de ceux qui l'ont approché de près ou de loin, personne ne l'oubliera. Marcel Jamagne lègue à la Science du sol un héritage d'une richesse et d'une importance remarquables qui marquera pour longtemps notre discipline.
Par Clément Mathieu
Point de vue sur le « 4 » Augmenter de 4/1000 la teneur en carbone dans les sols : un beau projet, mais une réalisation improbable
Le fil conducteur
Depuis quelques mois, le « plus 4 pour 1000 » de carbone dans les sols à l'échelle mondiale devient un des éléments "choc" des annonces pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, en l'occurrence ici le CO 2 . On redécouvre subitement l'intérêt d'avoir des sols riches en matière organique, non pas grâce aux effets sur la production végétale mais... sur le rôle que le carbone des sols aurait sur le plan climatique ! Concernant les émissions de gaz à effet de serre, on est heureux d'entendre notre ministre de l'Agriculture nous dire « Vous voyez, la solution se trouve dans les sols agricoles, etc., etc.,... ». C'est vrai que depuis quelques temps les scientifiques à travers divers organismes (Cspnb, Gessol, Inra, Afes...), relayés par quelques rares médias et auteurs ont fait « remonter » suffisamment fort le rôle des sols dans les enjeux globaux d'atténuation du changement climatique.
Nous ne pouvons que nous en réjouir et militer pour appuyer toutes les initiatives pouvant atteindre cet objectif, augmenter les stocks de matière organique des sols.
Le calcul est simple (je vais y revenir) : les sols constituent au niveau mondial le premier stock de carbone biologique -si on exclut les océans et les roches sédimentaires. En captant le CO 2 de l'air via la photosynthèse, la plante absorbe du carbone et lorsqu'elle se décompose dans le sol, elle lui restitue son carbone sous forme de matière organique. Le sol stocke donc le carbone et devient aussi plus fertile. Après cette "découverte" que certains voient comme une "révolution" pour influer sur la production des gaz à effet de serre donc sur le climat, je rappelle que cette analyse ne date pas d'hier. En 2002, l'Inra (Arrouays et al.) posait déjà la question : comment faire pour stocker du carbone dans les sols agricoles et contribuer ainsi à la lutte contre l'effet de serre, en précisant toutefois que ce potentiel de stockage serait difficile à valoriser... et très lent à obtenir vus l'implication des changements massifs des pratiques agricoles et l'usage des terres que cela nécessiterait, que ce seraient des engagements de très longues durées, etc., etc. Dans une courte note, Feller (2010) parle de 20 à 40 ans pour que l'effet de stockage lié à une nouvelle pratique devienne efficace et soit suivi d'un bilan entrée-sortie nul. En attendant... la teneur en CO 2 dans l'atmosphère continuera à augmenter.
Faisons maintenant un bref rappel de l'origine de 4 p. 1000 (je reprendrai une note de Claire Chenu, 2015) :
• les émissions de gaz à effet de serre provenant de l'utilisation de carbone fossile représentent 8,9 gigatonnes de C (1 × 10 9 t de C) ; les stocks de C des sols de la planète jusqu'à 1 m de profondeur sont de 2400 Gt C. Divisons : 8,9/2400 = 4 ;
• l'augmentation globale de gaz à effet de serre dans l'atmosphère représente 4,3 Gt de C. Les stocks de C des sols de la planète jusqu'à 30 cm de profondeur sont de 800 Gt de C. Divisons : 4,3/800 = 5 .
Que voyons-nous ? Que les deux manières de calculer amènent à la même estimation : une augmentation à l'échelle mondiale de 4 p. 1000 des stocks de C des sols aurait un impact majeur sur l'effet de serre. Mais est-ce faisable ? Essayons de garder les pieds sur terre au lieu de crier « Eurêka, Eurêka, j'ai trouvé » ! En reprenant encore la note de Claire Chenu (2015), en France, par exemple, les stocks moyens des sols cultivés (puisque c'est là que nous pouvons agir, et non dans les forêts, les pelouses de montagne, les prairies permanentes), sur 30 cm de profondeur, sont de 50 t C/ha. Une augmentation de 4 p. 1000 par an correspond donc à une augmentation de 0,2 t C/ha (en prenant une densité apparente de 1,3 g/cm 3 ). Oui cette augmentation est réaliste mais comment et en combien de temps ?
Quand Arrouays dit (2015) « il suffirait de... » il ne dit pas « c'est facile à faire... ». Que dit aussi le Conseil scientifique du programme Gessol (2015) concernant les difficultés et les limites d'un tel stockage ? « Les sols peuvent effectivement séquestrer de grandes quantités de carbone et si certaines pratiques permettent une augmentation relative des stocks de l'ordre de 4 ‰ par an, celle-ci reste réversible et limitée dans le temps, car les sols atteignent un nouvel équilibre après quelques décennies. L'arrêt de la pratique stockante conduit alors à une perte de carbone : l'effort ne pourrait donc porter que sur une partie des sols cultivés. Stocker du carbone suppose également une disponibilité suffisante des nutriments minéraux tels que l'azote et le phosphore. » Mais si on s'efforce de gagner d'un côté, combien perd-on de l'autre avec l'artificialisation et l'érosion ? Relisons aussi le "bilan et conclusions" du rapport Inra de 2002... prudents, nos chercheurs ! A condition également que du côté des industries et des transports un effet considérable soit fait, mais pas seulement... un exemple : regardons du côté des centrales électriques dites « vertes », la centrale de Gardanne (démarrage en janvier 2016) consommera 1 million de tonnes de bois par an. Pour constituer ses stocks, le carnage des forêts a commencé jusqu'à 400 kilomètres alentour et selon les scientifiques américains, cette filière générerait autant de CO 2 que le charbon... ! (Cannavo, 2015).
Soyons cependant confiants, avec le potentiel de stockage en climat tempéré atlantique, il est tout à fait possible à l'échelle d'une ou de deux décennies d'augmenter -avec beaucoup d'information, de vulgarisation et de changement des pratiques -ce stockage de matière organique dans nos sols cultivés. Nos agriculteurs savent "lire et écrire" et ils sont capables d'un changement profond dans leurs pratiques et leurs itinéraires techniques. Mais qu'en est-il ailleurs ? Je vais en parler.
Je rappelle toutefois qu'en France ces 4 p. 1000 ont été perdus parfois en à peine une décennie. Les agronomes de ma génération ont encore connu dans leur jeunesse (1950)(1951)(1952)(1953)(1954)(1955)(1956)(1957)(1958)(1959)(1960) les exploitations agricoles de polycultureélevage où tout le fumier des troupeaux et des chevaux retournait sur les champs cultivés. Dans les limons picards, la perte de 0,4-0,5% de matière organique a été parfois observée après 10 ans de cultures mécanisées, d'où après le développement pour « rattrapage » des engrais verts dans certaines exploitations. Aujourd'hui, j'interviens encore régulièrement sur les sols molassiques du Tarn et Garonne et de la Haute-Garonne (pour l'Inao, cultures maraîchères), je suis stupéfait par la pauvreté en m.o. de ces sols ! Plus de fumier, pas d'engrais verts... rien que de l'engrais chimique ! ! Oui, que les 4 p. 1000 aient "fait leur entrée" dans les conférences et petit à petit chez certains médias est une très bonne chose pour la "santé" des sols d'abord, puis pour celle de la planète via le climat. En mars 2015, le ministre français de l'Agriculture (en prenant le train en marche) a lancé à Montpellier le projet de recherche international 4 p. 1000. Ce thème fera aussi son entrée à la COP 21 en décembre à Paris. Comme dit Frédéric Denhez (2015) ne boudons pas notre plaisir, enfin les sols commencent à être considérés en France comme autre chose qu'un réservoir de l'extension urbaine.
Mais gardons-nous de solution miracle alors qu'au delà de nos frontières, la "cheminée" CO 2 fonctionne à pleine puissance et n'est pas près de s'éteindre. A ce sujet, une remarque : avez-vous déjà mis en parallèle la courbe d'augmentation de la teneur en CO 2 dans l'atmosphère dans le temps et celle de la croissance démographique durant le même temps ? La conclusion, c'est qu'il y a un sacré parallélisme. Mais cette question de la croissance démographique, tant de fois prédite par René Dumont (entre autres Nous allons à la famine, 1966 et La croissance de la famine, 1975) ne sera pas évoquée lors de la COP 21 à Paris ; la raison... cette question n'est pas politiquement correcte ! ! Pourtant, pour " aller à l'idéal, il faut d'abord comprendre le réel" (dixit Jean Jaurès). Maintenant, allons voir au delà de nos frontières.
Quittez vos ordinateurs
Oui, quittez vos ordinateurs, sortez de vos bureaux, faites votre sac de voyage et suivez-moi. Venez voir au delà de l'Hexagone. A un ou deux exemples près, je les ai vécus ou étudiés ou ils m'ont été rapportés par mes élèves-ingénieurs stagiaires ou les deux (stages + visites de terrain). Quand je dis que l'augmentation du stockage (dans un laps de temps raisonnable) en climat tempéré atlantique est tout à fait réalisable, cela concerne les systèmes agricoles de l'Europe occidentale où les agriculteurs peuvent effectivement contribuer à la réussite d'un tel projet. Maintenant partons un peu plus vers l'Est, en Europe centrale à climat tempéré continental du type russopolonais, la région aux riches chernozems en Roumanie, Pologne, Ukraine où c'est la ruée pour l'achat ou la location à bail emphytéotique de centaines de milliers d'hectares par d'autres Européens, ou Libanais ou Qataris, le plus souvent des grands groupes agro-alimentaires, tout cela légalisé par Bruxelles. Pensez-vous que le plus 4/1000 de carbone dans le sol sera l'un de leurs objectifs de l'exploitation (= tirer profit) de ces terres noires (traduction du russe tchernaia zemlia)... J'attends la réponse.
En poursuivant vers l'Est, nous atteignons les steppes de l'Asie centrale et particulièrement l'Ouzbékistan et le Kirghizstan indépendants depuis 1991 après la chute de l'URSS. Dans ces espaces, l'URSS avait développé, à très grande échelle, la culture du coton irrigué grâce à la "confiscation" des eaux venant du Pamir et du Tian Shan, particulièrement via le Syr-Daria. On en connaît le résultat avec le rétrécissement de la mer d'Aral. Avec la disparition de l'URSS, ces pays sont devenus prisonniers de leur indépendance (Mathieu, 2005). Moins de subsides pour les engrais, le fuel et le gasoil... pas de ciment pour réparer les canaux d'irrigation... Alors, on ne met plus d'engrais sur les champs et le fumier remplace le fuel pour faire bouillir la marmite ; 10 ou 15 ans après un tel système, les agriculteurs avouent l'épuisement inéluctable des sols... Peut-on espérer un bilan carbone positif ? Quant aux nomades, ils ont toujours chauffé la yourte avec le crottin de leurs chevaux et le fumier de leurs moutons.
En continuant, nous arrivons en Chine. Ah ! La Chine qui nous annonce 20% de réduction d'émission de CO 2 dans les toutes prochaines décennies. Peu importe les chiffres, regardons la réalité ! Certes, la Chine a le plus grand parc éolien au monde dont la majeure partie se trouve au Xinjiang (que j'ai vu) et est donc au premier rang mondial pour la production d'électricité avec 115 000 mégawatts/an... mais cela ne représente encore que 5 à 6% de sa production totale d'électricité. 83 % de l'électricité chinoise sont produits par les centrales thermiques au charbon et on inaugure 2 nouvelles centrales par semaine ! Dans les immeubles chinois construits sous Mao et qui ne dépassent pas 5 étages (parce qu'à partir du 6 e étage, il y avait obligation d'installer un ascen-seur !), les chauffages sont individuels et... au charbon. On monte le charbon sur l'épaule jusqu'au cinquième étage... et il y a des milliers d'immeubles datant de cette époque. Si nous quittons les grands centres et voyageons dans les campagnes, nous allons croiser des femmes avec sur le dos des hottes remplies de bois de feu... des charrettes et des camions également chargés de bois de feu... mais des nouvelles plantations de forêt ? ? On n'en voit guère ! Dans le Sichuan, une des régions aux riches forêts de bambous, celles-ci ne cessent de reculer à cause de leur exploitation pour la pâte à papier et reculent à un point tel que les débardages ne peuvent plus se faire par la traction motrice en raison des pentes mais avec des chevaux... ! Pauvres pandas ! Vous voulez connaître le cycle du fumier donc de la matière organique. Je vous l'explique. La Chine compte aujourd'hui environ 50 villes de plus d'un million et demi d'habitants dont 25 de plus de 5 millions (avec agglomérations). Ces villes poussent à une vitesse inimaginable et elles sont toutes entourées d'une très importante ceinture de cultures maraîchères. Ici aussi, c'est peu imaginable quand on n'y a pas mis les pieds. Ces cultures sous serre plastique ou en plein air sont irriguées et les sols sont fumés abondamment. Avec l'irrigation et la chaleur, la production en légumes est rapide et ... conséquente. D'où la nécessité d'apports constants de fumier... qui se minéralise (= CO 2 ) ! Mais d'où viennent toutes ces tonnes de fumier qu'utilisent ces milliers de maraîchers ? Il n'y a pas un seul animal dans ces zones maraîchères. Le fumier est tout simplement acheté par des grossistes aux petits agriculteurs (pauvres) des campagnes où les champs ne sont plus fumés... Pour ces exploitations campagnardes nous entrons dans le cycle de l'infertilisation des sols (bilan carbone négatif) et dans les zones maraîchères, nous sommes en production de CO 2 ! Le plus 4/1000 dans ces conditions restera un voeu pieu.
Un peu plus au sud, en Thaïlande, aux Philippines et en Indonésie, la couverture forestière ne cesse de diminuer (source FAO).
Faut-il parler des zones arides et semi-arides du Proche et Moyen-Orient ? Des pays en guerre ou complètement déstabilisés : l'Afghanistan, l'Iraq, la Syrie, l'Égypte et j'en passe... quel projet agricole dans ces pays pour augmenter la teneur des sols en carbone ? Au dernier congrès Watarid à Paris en 2011 (... où j'étais le seul pédologue français !) les présentations de nos collègues chinois, iraniens, algériens et marocains n'ont pas été très optimistes pour le développement d'une agriculture (très souvent irriguée) durable ou raisonnable. Ah, j'allais oublier la Mongolie où en 20 ans (1990-2010), le cheptel (avec beaucoup de ruminants) est passé de 26 à 45 millions de têtes causant 80% de la perte de végétation... Parlons un peu de l'Afrique, celle entre le Sahara et la zone équatoriale, pas nécessairement sahélienne où la situation est extrême en ressources vitales (pâturages, mil, bois de feu, eau,...) mais les zones soudaniennes et guinéennes, avec une saison sèche et une saison des pluies bien marquées. Cela concerne le sud du Tchad, du Niger, du Mali, le Burkina Faso, le Séné-gal, etc. Dans ces zones, l'élevage de troupeaux est pratiqué par les peuples nomades et le fumier, lorsque les parcs existent, est parfois utilisé sur les cultures de mil, sorgho ou maïs. Mais chez les agriculteurs, l'élevage pour la traction animale, lorsqu'il existe, n'est pas généralisé. Ainsi au sud du Tchad, dans la région de la Pendé où j'interviens depuis plus de 10 ans, environ 65% des agriculteurs ont une paire de boeufs ou un peu plus (ce qui veut dire que 35% travaillent encore à la "daba", c'est-à-dire à la houe). Et parmi ces 65%, seuls environ 10% d'entre eux utilisent régulièrement le fumier pour fertiliser leurs champs, avec cependant des doses bien inférieures au besoin estimé. Les terres de savane sont extrêmement appauvries par les systèmes de cultures traditionnelles. Relisons à ce sujet l'excellent travail de Christian Pieri (1989) où il nous montre les raisons de la diminution de la fertilité des sols, via le manque de matière organique, mais également la nécessité d'une meilleure intégration de l'élevage pour un retour suffisant du stock en matière organique à la parcelle.
Une autre remarque concernant l'intérêt et l'urgence de "produire" de la matière organique pour ces sols est leur état physico-chimique. Mon exemple concerne encore la région de la Pendé au Tchad. A partir de toutes les analyses de pH que nous avons pu réaliser, on s'aperçoit que la moitié des terres ont un pH compris en 4,5 et 5,5 et l'autre moitié entre 5,5 et 6,5. Or, en Afrique subsaharienne et au Tchad en particulier, il n'y a pas de possibilité de chaulage des terres car il n'existe pas de gisements de calcaires... La seule solution pour remonter le pH est la matière organique donc les fumiers et les composts... mais sans un élevage important, la chose est plutôt difficile, voire impossible.
Dans toutes ces régions, je n'ai pas vu beaucoup de projets de reforestation ! En revanche, les sacs de charbon de bois ou les tas de bois de feu le long des routes traduisent une déforestation permanente. A ce sujet, une anecdote qui en dit long sur le raisonnement des autorités. C'est la décision au Tchad du président Deby d'interdire la fabrication du charbon de bois pour lutter contre la déforestation. Plus de sac de charbon de bois le long des routes, une tolérance pour utiliser uniquement du bois mort récolté en brousse et une incitation à utiliser le gaz en bouteille pour cuire les aliments. Résultats, plusieurs maisons explosées et des morts dues aux fuites de gaz. Des tas de bois de feu le long des routes... la différence entre le bois mort et le bois "vivant" (les arbres qu'on abat) n'ayant pas pu être précisée ! ! Les replantations ne sont pas prévues.
L'utilisation du bois de feu ne se limite pas à l'usage domestique mais concerne parfois un usage industriel comme le séchage du tabac en Tanzanie ou du caoutchouc en Thaïlande. Un dernier exemple : la ville de Kinshasa (RDC) qui compte environ 10 millions d'habitants. Sans avoir réellement de statistiques, quand on connaît Kinshasa on peut estimer à plus du tiers la proportion des habitants utilisant le bois de feu ou le charbon de bois pour des usages domestiques. En comptant environ (au minimum) 1 m 3 de bois sec/an/habitant, cela représente quelques arbres abattus. Que reste-t-il des forêts du plateau Batéké au nord de Kinshasa et des Monts de cristal au sud ? Tout cela sans programme de reforestation. Des camions effectuant des trajets de 100 à 200 km approvisionnent en bois Kinshasa.
Et pour en finir avec l'Afrique, allons sur les hauts plateaux éthiopiens où, à cause de la pénurie de bois de feu et le coût élevé de ce dernier, sur les marchés des villages, on trouve des marchandes de bouse de vaches séchées... en guise de ressource énergétique pour faire cuire la marmite ! Le retour du CO 2 au sol n'est pas pour demain.
J'allais oublier que depuis l'an 2000, 5% de l'espace africain cultivable ont été concédés à des investisseurs étrangers (chinois, indiens, coréens du Sud, gens du Golfe) en Tanzanie, Soudan, Mozambique, République démocratique du Congo, Cameroun, Mali, Sénégal, etc., soit environ 56 millions d'hectares ou l'équivalent de la surface du Kenya, pour des projets de production alimentaire mais destinée à l'exportation. Une menace supplémentaire pour le développement et la sécurité alimentaire. Je doute que ces investisseurs participent au plus 4/1000 de carbone dans les sols.
Et la cerise sur le gâteau, vous ferai-je honte en vous rappelant que la forêt amazonienne couvrait à l'origine 5 500 000 km 2 et qu'à présent chaque année 125 000 km 2 disparaissent en territoire brésilien ? Aujourd'hui 17% de sa surface totale a disparu.
Avant de clore ce paragraphe, je voudrais revenir sur le parallèle entre les courbes exponentielles de la croissance démographique et celle des GES, nous pouvons aussi y ajouter celles de l'augmentation du parc automobile (ces gens ont besoin de se déplacer et d'afficher leur bien-être), de l'augmentation du troupeau mondial de bovins et autres ruminants et enfin celle de l'augmentation des surfaces rizicoles irriguées (= + CH 4 + N 2 O). Vous ne pensez pas que la croissance démographique joue un certain rôle dans la production des GES ?
Après ce petit tour du monde que je complète régulièrement par diverses missions, je constate que pour augmenter de 4/1000 la teneur en carbone des sols à l'échelle mondiale, le programme est très loin d'être réalisable. Ce n'est pas une raison pour l'abandonner à la condition toutefois de prendre le bon chemin. Mais où est le bon chemin ? La dernière phrase est particulièrement "significative"..., je ne peux m'empêcher de penser à quelques "barnums" en perspective.
Une première réflexion sur le coût d'un tel programme : rassembler 100 milliards de dollars par an (oui, par an ! !) d'ici 2020 en faveur des pays en voie de développement qui seraient le plus touchés par le réchauffement climatique. C'est bien l'objectif des financements nécessaires prévus lors de la COP 21 (Paris, décembre 2015)... ? Déjà, certains donateurs potentiels traînent des pieds pour faire le chèque. Deuxième point : comment va être réparti cet argent dans les programmes d'actions ? Être alloué aux gouvernements, dont un nombre important sont corrompus ! Comment ces fonds vont-ils être utilisés ? Pour créer de nouveaux organismes avec de nouveaux fonctionnaires (à la limite de l'usine à gaz ?). En théorie, c'est revoir l'ensemble de tous les programmes de développement de coopérations bilatérales et multilatérales menés jusqu'à ce jour. Je suis très sceptique sur la conduite de nouveaux programmes ayant été moi-même acteur dans les deux systèmes de coopération.
Mais pour réaliser un tel programme, à commencer en France et en Europe occidentale, il va en falloir des modifications à tous les niveaux de l'édifice politique, administratif, économique, technique, une vraie révolution dans les pratiques agricoles. Heureusement, nos agriculteurs savent "lire et écrire" et comme je l'ai évoqué plus haut, ces programmes sont tout à fait réalisables dans nos régions, sous nos climats, dans nos systèmes d'exploitation, mais ailleurs ... ? ?
Depuis plus de 60 ans, nombre de pays du Sud ont négligé le développement agricole. Jusqu'à tout récemment, l'agriculture n'était pas un métier. Celui qui restait à la terre était celui qui ne pouvait rien faire d'autre. Et lorsque les gouvernements furent obligés de réaliser des ajustements structurels drastiques ce furent en premier l'enseignement agricole et les petits cadres de l'administration et de la vulgarisation agricole qui furent les plus touchés.
A partir de 1990-2000, au Sud, un nouveau monde rural s'est cependant organisé, en réalisant que l'agriculture pouvait devenir un métier, des initiatives nouvelles sont apparues avec la formation de groupements de producteurs... mais en général dans l'inorganisation la plus complète. Mes plus récentes missions, après bien d'autres, m'ont conduit en Chine, au Tchad, au Burkina Faso et au Maroc. Le constat est toujours le même, l'encadrement pour l'information, la vulgarisation et l'accompagnement des agriculteurs est pratiquement inexistant. D'autre part, la préoccupation majeure des pauvres de ces pays est d'abord de trouver du travail pour se nourrir et ces pauvres sont plus de 2 milliards, soit près du tiers de l'humanité actuelle. Allez leur expliquer la nécessité d'augmenter le taux de carbone dans le sol pour lutter contre le réchauffement climatique... ! ! Alors que la plupart de leurs problèmes (la pauvreté) sont le résultat de réformes inadéquates et d'institutions peu performantes (Khalid Malik, auteur principal du rapport Pnud, 2014).
Au problème de la pauvreté, il faut ajouter celui de l'illettrisme et de l'analphabétisme. Aujourd'hui l'analphabétisme concerne 16% de la population mondiale des personnes de plus de 15 ans répartie de la façon suivante : en Afrique subsaharienne, il touche 50% de femmes, 40 à 25 d'hommes selon les pays, en Asie du Sud-Est 48% de femmes et 30% d'hommes et en Amérique latine, environ 10% d'hommes et de femmes.
Vous comprenez maintenant pourquoi je parle d'agriculteurs sachant "lire et écrire". Savoir lire et écrire sont les fondements de l'édifice. Lorsqu'un agriculteur sait lire et écrire, il peut comprendre ce que je lui dessine sur un tableau noir, il peut lire et comprendre un texte simple de vulgarisation, il peut noter journellement dans un cahier les achats et les ventes, les éléments de base pour lui apprendre la gestion d'une exploitation agricole. Et ensuite il comprendra le rôle de la matière organique dans le sol, le cycle de la fertilité, l'intérêt de l'association de l'élevage à l'agriculture. Sans ces processus, sans cet itinéraire, point de salut de ce projet des 4 pour 1000.
Si la formation du "lire et écrire" des agriculteurs est la base de l'édifice et le point fondamental de la lutte contre la pauvreté, il faudra également s'occuper de l'étage supérieur, celui de l'organisation et de la formation des vulgarisateurs, des cadres techniques de l'agriculture (qui sont en nombre nettement insuffisant, ou simplement inexistants, ou formés d'une manière livresque sans aucun sens pratique). La formation de formateurs est un élément nettement déficitaire dans les pays du Sud. Alors la conclusion quelle est-elle ?
La conclusion, c'est qu'on se trompe de chemin pour atteindre l'objectif. Les grandes conférences internationales (où la moitié des participants, sinon plus, ne mettent pas les pieds sur le terrain des pauvres, un terrain difficile) ne servent qu'à faire prendre conscience à un petit nombre d'intellectuels des dangers que court la planète. Ils ignorent la réalité, celle des hommes et des femmes qui ne peuvent participer au développement par manque d'une vraie politique d'enseignement et de formation.
Les dérèglements climatiques, l'érosion et l'appauvrissement des sols, la pollution des eaux, la déforestation ne concerneront pas la moitié de l'humanité, dont une grande majorité habite dans les espaces du Sud, tant que celleci n'aura pas accès à l'éducation élémentaire auquel a droit chaque individu. Ce n'est qu'à partir de ce moment que l'agriculteur pourra réfléchir comment modifier, améliorer son système d'exploitation et ses itinéraires techniques à la condition toutefois de recevoir des conseils d'un encadrement adapté et bien formé pour une meilleure conduite des productions.
Ce que j'ai vu, ce que j'ai fait et continue à faire, ce que je crois, d'autres l'ont déjà écrit mais leurs écrits sont aujourd'hui oubliés, ignorés. Il y a quarante ou cinquante ans, un grand agronome avait déjà prévu la situation dramatique pour les populations et la planète que nous connaissons à présent : il s'appelle René Dumont. Je conseillerai à certains de relire ses ouvrages. Il ne serait plus nécessaire de dire « La planète brûle et nous regardons ailleurs ». Il serait tout simplement urgent de prendre le bon chemin en s'économisant des rapports volumineux ignorant l'essentiel et l'importance d'un renouveau agricole par l'éducation et la formation. Sans quoi nous prenons rendez-vous dans une décade pour renouveler un bilan aussi peu convaincant.
par Clément Mathieu de l'Académie des Sciences d'Outre-mer Quelques références bibliographiques GESSOL, 2014 − "Communiqué du Conseil scientifique du programme GES-SOL", 27/04/2015, Min. de l'Ecologie et ADEME. Ministère de l'Agriculture, 2015 −"Rejoignez l'initiative 4 pour 1000, les sols pour la sécurité alimentaire et le climat", 8 p. Pieri Ch., 1989 − "Fertilité des terres de savanes", CIRAD, IRAT, Min. de la Coopération, 444 p., Paris.
Bibliographie de Cl. Mathieu concernant la conservation des sols et des milieux de production, liste disponible sur demande (52 références).
Lectures critiques
La carte des sols 1/100 000 e -Auch La connaissance des sols du grand sud-ouest progresse ces dernières années grâce au programme IGCS mais également avec la publication d'une nouvelle carte pédologique à l'échelle 1/100 000 e centrée sur le département du Gers et réalisée par J.-Cl. Bégon. Depuis la carte de Condom, réalisée à la même échelle par J. Séguy et publiée en 1975, peu de travaux s'étaient attachés à décrire globalement les sols de la « boucle intérieure de la Garonne » et à interpréter leur répartition dans le paysage. On comprendra donc d'autant plus l'intérêt et l'attente que suscite cette nouvelle production et j'avoue m'y être plongé dès sa réception avec une certaine fébrilité.
Cette carte couvre donc, depuis l'ouest vers l'est, les petites régions naturelles de la haute vallée de l'Adour, de la Rivière Basse, de l'Armagnac, de l'Astarac et des coteaux du Gers ; la ville d'Auch y est décentrée vers le nordest. Comme le dit J.-Cl. Bégon, il s'agit du coeur du département du Gers et, à ce titre, il fallait bien un certain nombre de mises aux points que l'auteur s'empresse de donner, parmi lesquelles on note : une histoire géologique bien résumée, des hypothèses concernant l'asymétrie des vallées gasconnes, la diversité des faciès de la molasse, les grands processus de la formation des sols, mais avant tout la description des grands types de sols sous un double rattachement pédologique et vernaculaire. Car ceux qui pratiquent le terrain dans le sud-ouest connaissent bien certaines dérives, notamment agricoles, qui tendent à regrouper sous un même vocable tout et son contraire du moment que les termes « boulbène » et « terrefort » sont évoqués ; à tel point qu'on se demande parfois si, à l'instar de certains modes de scrutins, la pédologie dans le sud-ouest ne se résumerait pas à un concept binominal bloqué. J.-Cl. Bégon pose donc ces définitions et il définit ces multiples rattachements, ce qui a l'immense mérite de conserver le lien avec les cartes des années 1960 à l'échelle 1/50 000 e dites « des fuseaux gascons » et leurs conceptions particulières. Il va même plus loin en proposant un double niveau d'informations : d'une part, un niveau tiré directement de ces études antérieures, niveau que de nombreux techniciens se sont appropriés au fil du temps, et d'autre part, un niveau plus actualisé avec des schémas de profils ou des descriptions littérales d'associations de sols.
La notice aborde longuement la description des sols en faisant le choix d'une entrée par grands ensembles naturels (bassin de l'Adour, Haut Armagnac -Ténarèze, Astarac -vallées gasconnes), puis par sous-ensembles plus sectorisés, un choix qui permet à l'auteur de structurer une légende sous l'orientation nette du paysage. Les unités cartographiques qui en résultent paraissent plus diversifiées et leur tracé plus complexe que celles qui avaient été définies pour la carte contiguë de Condom (on compte ainsi 96 unités cartographiques et 22 unités cartographiques respectivement pour les cartes d'Auch et de Condom, sachant bien entendu que des ensembles paysagers supplémentaires apparaissent sur la coupure d'Auch et que la carte de Condom raisonne plutôt en unités typologiques), ce qui montre l'importance du travail d'interprétation qui a été réalisé à propos d'un territoire qui paraît à tort bien monotone vu de l'extérieur. On imagine sans peine l'ampleur de la tâche effectuée et c'est bien ce que je veux saluer ici.
Voilà donc un document précieux qui résulte d'un travail de longue haleine, à la lecture duquel on se prête aisément et qui ravira les spécialistes. Parions qu'il va rapidement devenir une référence pour tous les pédologues qui oeuvrent sur ce territoire : base de discussion, socle de connaissance, outil de formation, etc. Mais, et c'est peut-être l'une des questions qui subsistent : les non-spécialistes de la pédologie peuvent-ils s'approprier ce document et quel usage en sera-t-il fait par les agronomes ou les maîtres d'ouvrage en général ? C'est peut-être l'une des rares critiques que je formulerais, à savoir qu'il manque sans doute davantage d'informations sur le comportement des sols, des schémas et blocs-diagrammes décrivant mieux leurs modes de répartition dans le paysage, schémas accompagnés d'une iconographie plus nourrie et plus descriptive (et surtout pas en noir et blanc !), dans l'optique de rendre plus accessibles certains propos, certains concepts qui peuvent avoir leur importance pour les décideurs d'un territoire. Mais il ne faut pas bouder son plaisir, l'effort de vulgarisation est abordé au travers des comparaisons entre champs lexicaux et, rien que pour cela, cette carte est déjà une réussite.
Par Laurent Rigou
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il7 MAGAZINE - Brindisi, 2022 & PAGINE DI STORIA BRINDISINA Vol.1, 2024
Border Listening / Escucha Liminar , 2020
International Journal of Engineering Research and Technology (IJERT), 2012
Cultural and Religious Studies, 2017
Open Journal of Civil Engineering, 2014
Journal of Thoracic Disease
The Catholic Biblical Quarterly, 2018
Submission to Health Committee, New Zealand Parliament on the Gene Technology Bill, 2025
Jurnal Penelitian Kehutanan Wallacea, 2015
2024
Cancer Chemotherapy and Pharmacology, 2010