Préambule
Evaluation de la productivité des terminaux à conteneurs
Face à la croissance continue de la conteneurisation des
marchandises, la communauté portuaire dispose de deux
types de réponse possibles :
- Développer de nouvelles infrastructures
et/ou
- Optimiser l'utilisation des installations existantes,
solution qui rencontre par ailleurs les objectifs d'un
développement durable des ports.
C'est donc d'abord pour aider les ports et les opérateurs
de terminaux à répondre à cet enjeu majeur, dans un
positionnement renouvelé par la réforme portuaire de 2008,
que le CETMEF a engagé une veille technologique sur un
échantillon significatif de terminaux à conteneurs dans le
monde. Et c'est sur la base de cette veille technologique qu'a
été réalisé ce guide pratique.
Ce dernier ne prétend pas répondre à toutes les questions
que peuvent se poser les professionnels mais son format
vise à permettre à un large public de mieux appréhender et
partager les indicateurs clés de la productivité d'un terminal à
conteneur.
Dans ce premier volume sont plus précisément abordés :
- l'interface maritime du terminal comprenant les quais et
les outillages qu'ils supportent ;
- ainsi que le parc de stockage avec ses différentes zones
et les engins de parc nécessaires à la manutention des
conteneurs.
Les dessertes terrestres y sont abordées de manière succincte.
Elles font actuellement l'objet d'une veille technologique
complémentaire qui alimentera la production d'un deuxième
volume.
Le Directeur du CETMEF
Jean-Yves LE VEN
CETMEF
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
1
Remerciements
Le CETMEF tient à remercier toutes les personnes qui ont participé à la réalisation de ce document
et notamment :
Les relecteurs et contributeurs :
- GPMH (Grand Port Maritime du Havre) : Laurent CASTAING
- CTS (Container Terminal Service): Pascal REYNE
CETMEF :
- Olivier PIET
- Brahim BENAISSA
- Jean Jacques TRICHET
- Michel MARIA
- Lionel KANIEWSKI
- Rémy GASSET
Le rédacteur de ce document :
- CETMEF/DI/IMT : Alain CHAMBREUIL
2 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
Sommaire
Préface
1
I - Introduction
5
II - Contrôles des terminaux
6
III - Gestion des opérations et accès aux terminaux
7
IV - Evolution du marché des conteneurs
IV - 1 Volumes manutentionnés dans les ports
IV - 2 Evolution de la lotte conteneurisée
IV - 3 Evolution de l'accueil dans les ports
8
8
9
12
V - Capacité d'un terminal à conteneurs
V - 1 Capacité Parc
V - 2 Capacité Bord à quai
13
13
14
VI - Analyse de la productivité Bord à quai
VI - 1 Productivité des portiques
VI - 2 Productivité des quais
15
15
17
VII- Analyse de la productivité Parc
17
VIII - Productivité en fonction du mode d'exploitation
18
IX - Les dessertes terrestres des terminaux
22
X - Conclusion
22
ANNEXE - Exemple de calcul d'évaluation de la productivité d'un terminal
24
LEXIQUE
26
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
3
4 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
I - Introduction
Le présent document a plusieurs objectifs :
- Fournir un outil d'aide à l'évaluation de la capacité de terminaux existants
et futurs,
- Déterminer quelles sont les parties du terminal sur lesquelles il y aurait lieu
d'intervenir pour améliorer la productivité du terminal,
- Aider les ports à élaborer leur plan de développement des terminaux
à conteneurs
Ce guide a été établi à partir d'une étude réalisée par la société CTS (Container Terminal
Service) pour le CETMEF en 2008, celle-ci s'est appuyée sur une veille technologique
portant sur 34 terminaux à conteneurs dans le monde.
Cette veille a permis d'établir des références en matière de performances à partir de
ces terminaux à conteneurs qui ont été volontairement choisis de manière à approcher
au mieux la grande diversité de leurs caractéristiques :
- Certains terminaux sont situés dans des ports principaux (porte d'entrée principale
sur un marché traitant des volumes importants)
- D'autres sont situés dans des ports dits secondaires ( ports régionaux traitant des
volumes plus faibles)
- La longueur de quai des terminaux sélectionnés varie de 300 m pour le plus petit
à 3600 m pour le plus grand
- La surface du parc varie de 10 hectares pour le plus petit à 265 hectares pour
le plus grand
- On compte 3 portiques bord à quai pour le plus petit terminal contre 41 sur l'un des
plus grands
- Les différents modes opérationnels sur le terminal sont également représentés :
cavaliers, RMG, stackers …
Enin la diversité de positionnement des terminaux dans un maillage de lignes
hiérarchisé a également été prise en compte :
- Certains terminaux sont positionnés exclusivement sur un traic de transbordement,
ce sont des «Hubs» : sont considérés comme tels les terminaux dont la part de
transbordement atteint 60 % du volume traité.
- Certains sont considérés comme «mixtes», la part de transbordement y est
comprise entre 20 et 60% du volume total traité par ce terminal.
- D'autres sont des portes d'entrée sur l'hinterland, ce sont des terminaux «Gateway» :
leur part de transbordement est inférieure à 20% de leur traic.
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
5
Sur l'échantillon de 34 terminaux retenu, 5 sont des «Hubs», 14 sont des terminaux
«mixtes» et 15 sont considérés «Gateway».
La répartition géographique de ces terminaux est par ailleurs la suivante :
- 18 sont situés en Europe de l'Ouest
- 5 en Extrême Orient
- 5 en Amérique
- 4 au Moyen Orient et en Inde
- 2 en Océanie
II - Contrôle des terminaux à conteneurs
La plupart des terminaux à conteneurs sont opérés par des sociétés privées ayant
signé un contrat (Partenariat Public Privé) pour une durée déterminée avec l'Autorité
Portuaire qui reste «landlord», c'est à dire propriétaire du terrain. Le mode d'exploitation
des terminaux prend la forme le plus souvent d'un contrat de concession.
La propriété privée des terrains est donc très rare, la puissance publique restant dans
la majorité des cas propriétaire foncier du «domaine portuaire».
Les équipements de parc (bâtiments et engins de manutention des conteneurs)
sont presque toujours de la responsabilité de l'opérateur, qui en est le plus souvent
propriétaire.
Dans certains cas et notamment jusqu'ici en France, les équipements bord à quai
(grues et portiques) étaient achetés par l'Autorité Portuaire, puis loués à l'opérateur.
En France, la loi sur la réforme portuaire votée par le parlement le 4 juillet 2008 modiie
la donne sur deux grands axes :
- Le transfert des activités d'outillage vers les opérateurs privés. Ce transfert porte sur
les marériels et sur les contrats de travail des salariés affectés à ces activités.
- Le recentrage du rôle des autorités portuaires sur les missions régaliennes,
l'aménagement des zones portuaires, les développements des infrastructures
maritimes et des dessertes terrestres, la gestion foncière du domaine portuaire.
Cette réforme qui s'applique aux Grands Ports Maritimes Français vise à leur permettre
de s'aligner sur les standards internationaux.
A l'échelle mondiale la privatisation de l'opération dans les terminaux à conteneurs
s'est largement répandue.
6 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
Le contrôle des 34 terminaux étudiés est réparti de la manière suivante :
- 28 sont à la charge d'opérateurs privés
- 2 sont entièrement public
- 4 sont en «joint venture» Public/Privé
III - Gestion des opérations et accès aux terminaux
Tous les terminaux à conteneurs étudiés sont munis d’un logiciel qui permet l’assistance
des opérations au niveau du quai, du parc et des livraisons.
Le niveau d’automatisation des opérations est déini ainsi :
- Bas : le système d’information est très succinct ; les opérations sont rentrées à la
main (tous les matins les équipes répertorient les conteneurs sur le parc avec leur
positionnement)
- Moyen : système d’exploitation informatisé, de niveau international (type Cosmos,
Navis…). 30 sur les 34 terminaux sélectionnés ont un niveau d’automatisation
moyen.
- Haut : système d’exploitation avec automatisation des engins de parcs (RMG
automatiques ou AGV : automatic guided vehicules)1. Il n’y a plus de chauffeur soit
dans le RMG, soit dans le transfert horizontal Quai<->Parc (AGV).
La tendance observée va vers une augmentation du niveau d’automatisation des
terminaux en priorité dans les pays économiquement développés où la main-d’œuvre
représente une part importante du coût opérationnel. Le niveau d’automatisation a
pour but premier de réduire le coût de la main-d’œuvre, iabiliser les opérations et
augmenter la productivité. Sur ce dernier point, les solutions actuellement existantes
n’ont pas démontré un gain par rapport à une solution dite «manuelle».
Pour rappel un système automatisé se compose de RMG tout automatique (sans
opérateur) pour les opérations de stockage des conteneurs sur parc et de remorque
attelée sans conducteur dit AGV (voir lexique) pour le transfert des conteneurs du quai
vers le parc, les portiques restant à commande manuelle (avec portiqueur).
Toutes les opérations sont gérées par un système informatique central très sophistiqué
et spéciique qui coordonne les RMG et les AGV en fonction des navires à quai et des
livraisons à faire.
Ce système présente des inconvénients par rapport à un système «manuel» : peu de
lexibilité lors d'opérations perturbées, vitesse de transfert quai-parc très lente, prise et
dépose du conteneur sur AGV d'où retard sous portiques ou sous RMG, complexité du
1- Les différents outillages de quais ou de parc sont décrits dans Le lexique en in de guide
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
7
système informatique exigeant des ressources humaines importantes. Ce système a
l'avantage de travailler 24 h sur 24 et 7 jours sur 7.
Ainsi l’évolution tend vers une solution «hybride» prévoyant l’utilisation de RMG
automatiques sur parc et de cavaliers gerbeurs «sprinter» pour le transfert du quai au
parc. Cette solution redonne toute la lexibilité nécessaire sur l’interface «quai-parc»
(possibilité de déposer le conteneur sur le quai ou au droit du RMG et partir sur une
autre tâche sans attendre) et l’adaptabilité à des perturbations externes (allocations
des ressources en temps réel).
Ce système hybride est en phase opérationnelle sur certains terminaux.
Le niveau d’automatisation des entrées/sorties («gate») est ainsi déini :
- Bas : Traitement manuel ; le chauffeur fournit son «bill of lading» au guichet d’entrée
du terminal, où on lui fournit un ticket lui indiquant où récupérer le conteneur
(9 terminaux étudiés sont dans ce cas).
- Moyen : Assistance par système informatique ; le chauffeur rentre lui-même les
données du «bill of lading» sur un ordinateur mis à sa disposition, il reçoit un ticket
lui indiquant où il doit aller chercher le conteneur.
- Haut : Système avec lecture de la plaque minéralogique et du numéro de conteneur ;
à la borne, le chauffeur reçoit un ticket lui indiquant où il doit aller chercher le
conteneur (7 terminaux étudiés ont mis en place ce type de «gate»).
Dans certains terminaux, la livraison est programmée : le chauffeur a une fenêtre horaire
précise où il peut venir chercher son conteneur. Les terminaux ayant un haut niveau
d’automatisation de la gate ont mis en place ce système de livraison programmée, ce
qui permet d’obtenir une meilleure productivité sur le parc.
Lorsque la livraison est aléatoire, le chauffeur peut venir chercher son conteneur dès
que celui-ci est disponible sur parc.
Le système de livraison aléatoire entraine un taux de shifting (mouvement d’une boîte
pour aller chercher une autre boîte) plus important que sur les terminaux à livraison
programmée, et donc une productivité moindre.
IV – Evolution du marché des conteneurs
IV - 1 Volumes manutentionnés dans les ports
Le volume des conteneurs manutentionnés par les ports mondiaux a plus que doublé
entre 2000 et 2007 pour atteindre 486 millions d'evp en 2007.
Le volume manipulé sur les 34 terminaux sélectionnés atteint 64 millions d'evp en
2007 soit plus de 13% du volume traité sur l'ensemble des ports du monde.
Le volume des traics portuaires dépendant de la croissance mondiale et des
phénomènes de délocalisation des zones de production par rapport aux zones de
8 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
consommation, l'activité des terminaux à conteneurs devrait après la crise mondiale
actuelle reprendre sa croissance .
Compte tenu de la diversité des terminaux sélectionnés pour l'étude CTS, il a paru
opportun de réaliser plusieurs niveaux d'analyse des performances. Le premier porte
sur l'ensemble des 34 terminaux, le second porte sur les terminaux regroupés sur la
base des volumes traités en 2007. Les terminaux ont ainsi été regroupés suivant trois
catégories :
- Ceux dont le volume traité en 2007 est inférieur à 1 million d'evp, ils sont au
nombre de 16
- Ceux dont le volume traité en 2007 se situe entre 1 et 2,5 millions d'evp, ils sont
au nombre de 11
- Enin les terminaux dont le volume traité a dépassé 2,5 million d'evp en 2007, ils
sont 7.
IV - 2 Evolution de la lotte conteneurisée
L’industrie du transport maritime conteneurisé est une industrie jeune qui a vu sa
croissance s’accélérer après les crises pétrolières des années 70.
Jusqu'en 2007, le transport maritime a connu une croissance annuelle de plus de
10 %.
Ain de répondre à la croissance de la demande, les compagnies ont dû augmenter
leurs capacités de transport par la multiplication du nombre de rotations (phénomène de
globalisation) et l’augmentation de la taille des navires (phénomène de gigantisme).
La capacité totale déployée sur les mers par les compagnies maritimes a presque doublé
entre 2002 et 2008 (+97%) pour atteindre 10,9 millions d’evp au 1er janvier 2008.
Le tableau ci-après montre l’évolution de la capacité totale déployée sur les mers
depuis 1988, ainsi que la taille moyenne des porte-conteneurs.
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
9
Année
Nombre de
navires
Capacité
déployée totale
en evp
Evolution de
la capacité
déployée
Taille moyenne
d’un porteconteneurs en
evp
1988
1153
1 503 244
-
1304
1989
1186
1 609 498
7,1%
1357
1990
1236
1 716 235
6,6%
1389
1991
1308
1 855 371
8,1%
1418
1992
1395
2 014 578
8,6%
1444
1993
1486
2 210 876
9,7%
1488
1994
1589
2 394 405
8,3%
1507
1995
1735
2 660 629
11,1%
1534
1996
1908
2 988 847
12,3%
1566
1997
2103
3 367 133
12,7%
1601
1998
2332
3 875 130
15,1%
1662
1999
2512
4 296 511
10,9%
1710
2000
2611
4 525 919
5,3%
1733
2001
2735
4 936 737
9,1%
1805
2002
2892
5 540 085
12,2%
1916
2003
3033
6 125 493
10,6%
2020
2004
3174
6 667 758
8,9%
2101
2005
3347
7 318 184
9,8%
2186
2006
3606
8 258 608
12,9%
2290
2007
3943
9 587 306
16,1%
2431
2008
4318
10 922 710
13,9%
2530
2009
4851
12 575 122
15,1%
2592
2010
5241
14 259 225
13,4%
2721
2011
5537
16 038 022
12,5%
2897
Source : BRS Alphaliner
Chiffres au 1er janvier de chaque année. Chiffres de 2008 à 2011 calculés sur la base des carnets de
commandes
L’augmentation de capacité s’est faite principalement par une course au gigantisme.
A des ins d’économie d’échelle, les compagnies maritimes ont mis en service des
navires de plus en plus gros, avec une accélération de la tendance depuis 2006.
En 1995, les maxi porte-conteneurs avaient des capacités de 4000 evp, soit 240 m de
long, 32 m de large (Panamax) et 12 m de tirant d’eau.
En 2007, les maxi porte-conteneurs ont des capacités de 11000 evp : 397,7 mètres
de long, 56,4 mètres de large (Over Panamax) et 16 m de tirant d’eau.
Alors que le prix du carburant, très volatile mais structurellement à la hausse, contraint
les armements à réduire l'allure de leurs lottes pour conserver leurs marges, la
massiication des lux permet de réduire ce poste de charge par boîte transportée.
10 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
La compagnie Maersk est la première à s’être lancée dans les porte-conteneurs géants
avec une série de 8 unités de 11000 evp.
Eugen Maersk, huitième unité du type Emma Maersk,
La capacité de 11 000 evp a été calculée avec des conteneurs d’un poids ixe de
14 tonnes chacun. En réalité, à pleine capacité, ces bateaux pourraient transporter
13 500 à 14 500 boîtes plus légères .
En 2007, 7 porte-conteneurs de plus de 10 000 evp ont été livrés, tandis que 134 ont
été commandés. Ces commandes représentent une capacité de 1,66 million d’evp.
Parmi ces commandes, 106 d’entre elles, toutes sur des chantiers en Corée,
concernent des navires de 12 500 evp, dimensionnés ain de pouvoir transiter dans
les futures écluses du canal de Panama (427 m de long x 55 m de large pour 18,3 m
de profondeur), qui seront mises en service en 2014.
Cette nouvelle donne devrait entrainer dans les années à venir des modiications dans
la structure des lux à destination de la côte Est de l’Amérique ainsi que l’adaptation
des ports à ces géants des mers.
Tranche de taille
des navires
cetmef
Livraisons en 2007
Nombre
Commandes en 2007
evp
Nombre
evp
> 10000 evp
7
96 124
134
1 659 092
7500 / 9999 evp
34
300 516
78
673 778
6000 / 7499 evp
27
181 630
39
257 014
5250 / 5999 evp
5
29 112
9
49 950
4000 / 5249 evp
65
305169
130
576 015
3000 / 3999 evp
31
108 374
25
88 670
2000 / 2999 evp
43
113 481
63
160 465
1000 / 1999 evp
126
177 116
115
161 241
< 999 evp
62
51 359
13
11 732
Total
400
1 362 881
606
3 637 957
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
11
En mai 2008, le constructeur sud-coréen STX Shipbuilding a dévoilé les plans d'un
porte-conteneurs géant dont la capacité atteindrait 22 000 evp pour 450 mètres de
long et 50 mètres de large.
Selon STX, ces porte-conteneurs géants pourraient diminuer de 40% le coût du
combustible par boîte transportée. Evidemment, ce projet ne pourra voir le jour qu'avec
des infrastructures portuaires adaptées pour accueillir de tels navires et lorsque le
constructeur aura trouvé un premier client.
IV - 3 Evolution de l'accueil dans les ports
La course au gigantisme des navires et l'augmentation des volumes à transporter ont
profondément modiié le maillage des lux et les infrastructures portuaires.
La concentration des volumes dans quelques ports est l'une des conséquences de la
massiication des volumes initiée par les compagnies maritimes. Les grands navires
n'escalent que dans quelques ports, les autres ports étant servis par des navires
feeders ou barges shortsea.
Ainsi les caractéristiques techniques des terminaux «hubs» tendent à augmenter dans
un contexte concurrentiel renforcé ain de servir des navires toujours plus longs, plus
larges, plus profonds, de manutentionner des volumes toujours plus importants, et de
proposer des services multimodaux eficaces (route, rail, barge).
Les terminaux adaptés pour accueillir des grands navires de dernière et avant-dernière
génération (soit plus de 8 500 evp de capacité) ont une profondeur de 17 m à marée
basse, des postes à quai de 450 m de long, une profondeur minimale en arrière
quai de 450 à 500 m et enin des connexions eficaces par rail, route et leuve avec
l'hinterland.
La profondeur d'eau nécessaire peut dépendre de la place du port dans la rotation
d'un service maritime : ainsi un port export situé en début de rotation ne traitera que
des navires «légers». C'est évidemment l'inverse pour un port export situé en in de
rotation.
12 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
V - Capacité d'un terminal à conteneurs
La capacité de traitement d'un terminal à conteneurs se détermine par sa capacité
«parc» et sa capacité «quai».
V - 1 Capacité Parc
La capacité parc d'un terminal se déinit par sa capacité «statique» et sa capacité
«dynamique».
Capacité statique
La capacité statique CSP correspond à la capacité de stockage maximale de conteneurs.
Elle dépend de la coniguration de la zone, des moyens de manutentions utilisés et de
la hauteur de gerbage (hauteur de stockage). Suivant ces trois paramètres une même
surface a une capacité qui peut varier, en pratique, du simple au double.
CSP = Nb ground slot X hauteur de stockage
ground slot : emplacement au sol d'un conteneur, s'exprime en evp
Illustration : un système avec cavaliers permet en pratique une occupation au sol de
l'ordre de 600 evp/ha alors qu'avec un système stackers on se situe en moyenne à
400 evp/ha, pour obtenir la même capacité statique le terminal équipé de stackers va
devoir gerber les conteneurs sur trois niveaux alors que le terminal équipé de chariots
cavaliers se contentera de deux. Ce dernier nécessitera alors moins de shifting lors
des opérations de manutention, notamment à l'importation, pour charger les camions
lorsque les arrivées de ceux-ci sont aléatoires. Il en résulte une meilleure productivité
du terminal.
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
13
Carl A. THORESEN dans son ouvrage «Port designer's handbook-Recommandations
and guidelines» (tableau 13.1 page 328) détermine la capacité statique d'un parc en
fonction du système de manutention :
Densité de stockage en EVP par hectare en fonction
du nombre de lignes de conteneurs
Engin de parc utilisé pour le
stockage
Hauteur de
stockage
(conteneur)
Chassis
1
154
Chariot frontal (front-lift truck)
1
139
Reach stackers
Chariot cavaliers (straddle
carriers)
1 ligne
2 lignes
278
3
417
4
556
335
1 sur 2
625
1 sur 3
835
7 lignes
9 lignes
139
2
1 sur 1
5 lignes
Portiques de parc sur pneu
1 sur 2
480
555
665
(Rubber-tyre gantries)
1 sur 3
715
835
1000
Portiques de parc montés sur
rail
1 sur 4
910
1110
1250
(Rail Mounted Gantries)
1 sur 5
1250
1430
1670
Capacité dynamique du parc
La capacité dynamique du parc (CDP) correspond à la capacité de stockage statique
pondérée par le temps moyen de séjour des conteneurs sur le parc, par un coeficient
de «surcharge d'activité» et par un coeficient de «souplesse opérationnelle» de 85%
(au delà de 85% de remplissage sur le parc, la productivité baisse sensiblement).
La surcharge d'activité correspond au cumul d'arrivées de navires qui vont traiter un
grand nombre de conteneurs, ils vont générer un «pic» dans la densité de stockage du
parc. Il est commun de prendre un coeficient de surcharge d'activité de 1,2.
La capacité dynamique du parc CDP s'exprime en evp/an et se calcule de la façon
suivante :
CDP=
CSP X 365 X coef de souplesse opérationnelle
temps de séjour X coef de surcharge opérationnelle
V - 2 Capacité Bord à quai
La capacité d'un quai dépend : du nombre et de la productivité des portiques, de
l'occupation des quais, de la taille des navires, des «pics» de manutention en fonction
du nombre d'escales.
Les moyennes de productivité des portiques sur les terminaux observés varient de
17 à 36 conteneurs par portique et par heure. Ce point est développé au paragraphe
VI-1 ci-après.
14 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
Un portique utilisé à pleine capacité travaille en moyenne environ 50% du temps soit
4500 heures par an. Dans la pratique un quai utilisé à plus de 60% est saturé, il y a de
l'attente à quai (théorie des iles d'attente).
La capacité du quai CQ s'exprime en evp/an et se calcule de la façon suivante :
CQ = productivité moyenne des portiques X Nb d'heures possible* X Nb
portiques X ratio 40'/20'
* : ne dépasse pas 4500 heures/an
La capacité opérationnelle du terminal est le plus petit des deux chiffres cDP
et cQ.
Le ratio 40'/20' pour la plupart des terminaux est de 1,5 (= 1+ Nb conteneurs de
40'/Nb total de conteneurs)
VI - Analyse de la productivité Bord à quai
VI -1 Productivité des portiques
Elle s'exprime en nombre d'evp par portique par an.
Sur l'ensemble des 34 terminaux la moyenne de ces ratios se situe à
114 315 evp / portique / an
Avec une énorme disparité de productivité des portiques suivant les continents :
Europe
Extrême Orient
Amérique
Moy.Orient/Inde
Océanie
99 160
evp/ portique/an
196 110
evp/portique/an
78 940
evp/portique /an
141 900
evp/portique/an
79 160
evp/portique/an
La productivité des portiques dépend du nombre de mouvements par heure (entre
25 et 35, cf tableau suivant), du ratio 40'/20' et des spreaders utilisés.
Le spreader classique peut saisir un 40' ou 2 X20' (single lift ou twin lift). Il existe des
spreaders dits «tandem» pour saisir 2X40' ou 4X20'.
La productivité des portiques dépend également du type de traic : un traic uniquement
import ou export servi par de grands navires favorise une grande productivité des
portiques.
La taille des escales (nombre de conteneurs à manutentionner) a une grosse inluence
sur cette productivité, elle est également liée au taux d'occupation des quais.
La productivité des portiques dépend également de l'interface Portique-Engin de parc,
le système «tracteur-remorque» ou AGV oblige le portiqueur à prendre le conteneur
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
15
sur le châssis, nécessitant une manœuvre d'ajustement voir une attente. Dans le cas
de cavaliers, le conteneur est posé directement sur le quai au droit du portique d'où
gain de temps.
Enin, tous les portiques sont pilotés manuellement, la dextérité et donc la formation du
portiqueur sont des facteurs inluant sur la productivité du portique.
1- Nombre de mouvements par portique par heure
La cadence moyenne de manutention sur l'ensemble des 34 terminaux est de
27 mouvements par portique et par heure.
Europe
Extrême Orient
Amérique
Moy.Orient/Inde
Océanie
26
mvts/port./h
34
mvts/port./h
26
mvts/port./h
26
mvts/port./h
30
mvts/port./h
2- Productivité des portiques classée par volume du terminal
En fonction des trois catégories de terminaux déinies au IV-1, nous obtenons les
productivités suivantes :
Volume < à 1 million d'evp
1 Mio < Volume en evp< 2,5 Mio
Volume > 2,5 Mio d'evp
80 000 evp / portique / an
115 000 evp / portique / an
180 000 evp / portique /an
La productivité moyenne des portiques des 18 terminaux manipulant plus d'un million
d'evp par an est proche de 150 000 evp/portique/an, soit près de deux fois celle des
terminaux de moins d'un million d'evp par an.
3- Distance moyenne entre chaque portique sur le quai
La distance moyenne servie par chaque portique est calculée en prenant la longueur
de quai divisée par le nombre de portiques.
La distance moyenne en chaque portique sur les 34 terminaux est de 125 m.
Suivant les continents cette distance moyenne varie, la tendance est à la concentration
des portiques donc à la réduction de cette distance moyenne (80 m en Asie.)
Europe
Extrême Orient
Amérique
Moy.Orient/Inde
Océanie
140 m
89 m
121 m
105 m
116 m
16 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
VI - 2 Productivité des quais
Elle s'exprime en evp par mètre linéaire de quai et par an.
La moyenne sur les 34 terminaux se situe à 1069 evp/ml de quai/an avec là encore
une énorme disparité entre les continents :
Europe
Extrême Orient
Amérique
Moy.Orient/Inde
Océanie
820
evp/ml quai/an
2200
evp/ml quai/an
680
evp/ml quai/an
1440
evp/ml quai/an
695
evp/ml quai/an
Classée par volume traité par les terminaux, cette productivité varie de manière
importante :
Volume < à 1 million d'evp
1 Mio < Volume en evp< 2,5 Mio
Volume > 2,5 Mio d'evp
650 evp / ml quai / an
1150 evp / ml quai / an
1850 evp / ml quai /an
On constate une productivité par mètre linéaire de quai très élevée sur les terminaux à
grande capacité qui peuvent accueillir des navires de dernière génération, ce constat
est lié à trois paramètres :
- Le nombre d'evp par escale : plus le volume par escale est important, plus la
productivité est élevée.
- La géométrie des quais du terminal : par opposition à une coniguration en rupture
de ligne, un quai en alignement droit permet une productivité plus élevée. Les
navires de dernières générations escalent logiquement dans des terminaux avec
de longs linéaires de quai en alignement droit.
- Le nombre de portiques par navire : les navires de dernière génération requièrent
de 3 à 9 portiques pour être opérés .
VII - Analyse de la productivité parc
La productivité du parc s'exprime en evp par hectare et par an. La moyenne sur les
34 terminaux se situe à 23 084 evp/ha/an. Comme pour les quais, les productivités
parc les plus élevées sont réalisées sur les terminaux d'Extrême et de Moyen Orient.
cetmef
Europe
Extrême Orient
Amérique
Moy.Orient/Inde
Océanie
18 650
evp / ha /an
44 180
evp / ha / an
13 350
evp / ha / an
30 670
evp / ha / an
19 400
evp / ha / an
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
17
En ramenant la productivité parc à la taille des terminaux, on constate à nouveau que
la productivité par hectare est plus élevée sur les grands terminaux.
Volume < à 1 million d'evp
1 Mio < Volume en evp< 2,5 Mio
Volume > 2,5 Mio d'evp
17 500 evp / ha / an
22 500 evp / ha / an
36 500 evp / ha /an
Parmi les paramètres dimensionnant la productivité parc il y a le stockage «statique».
Nous avons vu précédemment (paragraphe V-1) que cette capacité dépendait
essentiellement du type d'engins utilisés pour les opérations de parc et de la hauteur
de stockage sur le parc.
La productivité parc dépend également du stockage «dynamique», cette capacité
dépend essentiellement du temps de séjour des conteneurs sur le parc.
VIII - Productivité en fonction du mode d'exploitation
La productivité parc (en evp par hectare et par an) a été mesurée sur les 34 terminaux
en fonction du mode des opérations sur le parc en distinguant trois systèmes :
- les terminaux opérés par des reach stackers (ils sont 2 sur les 34)
- les terminaux opérés par des chariots cavaliers (ils sont 13 sur les 34)
- les terminaux opérés par un système RTG ou RMG (ils sont 19 sur les 34)
Les productivités moyennes selon les systèmes sont les suivantes :
Parc avec Reach stackers
Parc avec Chariots cavaliers
Parc avec RTG / RMG
11 800 evp / ha / an
17 000 evp / ha /an
28 000 evp / ha / an
Le système d'exploitation du parc le mieux adapté dépend de plusieurs facteurs :
Le coût de la main-d'œuvre
Un cavalier permet de saisir un conteneur sur le quai, le transférer sur zone de parc
et le gerber. Un seul engin (et un conducteur) permet de couvrir toutes ces
opérations.
Avec un système RTG, il est nécessaire d’avoir une remorque attelée pour le transfert
du conteneur depuis le quai au parc. Le RTG saisit le conteneur sur la remorque pour
le stocker sur parc. Ce type d’opération nécessite 2 engins (et 2 conducteurs). D’où un
coût de main-d’œuvre plus élevé.
Ainsi dans les pays à coûts de main-d’œuvre élevés, la solution chariot cavalier
prévaut.
18 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
L’espace de stockage à disposition
Un RMG permet une densité de stockage de 1300 evp/ha, un RTG environ 1000 evp/
ha, le cavalier environ 600 evp/ha et le stacker environ 400 evp/ha. Cela est dû aux
chemins de roulement nécessaires aux manœuvres et à la capacité de gerbage des
engins.
Ainsi, suivant la surface disponible, un système sera plus adapté qu’un autre.
Le type de traic
Lorsqu’un conteneur arrive sur le parc (import) il est stocké suivant certains critères
prédéinis dans le «système d’assistance opérations». A son arrivée, dans le cas
général, on ignore quand l’importateur viendra prendre livraison du conteneur.
Ainsi la livraison est aléatoire. De ce fait, si le gerbage se fait sur 5 hauteurs,
il y potentiellement 4 déplacements de conteneurs à faire pour aller chercher le
conteneur et le livrer. Aussi pour réduire ces «déplacements» de conteneurs non
productifs, il faut réduire la hauteur de stockage (ou programmer la livraison).
De fait, sur des terminaux avec des traics «import» importants (Nord Europe
notamment), la diminution de la hauteur de stockage prévaut et le recours au cavalier
gerbeur est mieux adapté.
Inversement, sur des traics «export» et de «transbordement», quand le conteneur
arrive sur parc, l’opérateur sait quand il va «sortir». Le positionnement sur le parc
intègre donc ce paramètre en amont et les déplacements non productifs (shifting) sont,
de fait, réduits. Ainsi l’opérateur privilégiera, pour un terminal à fort traic export ou de
transbordement, un système RTG ou RMG avec une densité de stockage élevée.
La gestion du parc de conteneurs vides
Les terminaux d’import/export ont en général à gérer un grand nombre de conteneurs
vides (résultat du déséquilibre entre les imports et les exports). C’est le cas notamment
dans les pays importateurs comme la zone Europe, les Etats-Unis, l’Australie.
Les conteneurs vides ont souvent un temps de stationnement (dwell time) bien plus
élevé que les conteneurs pleins. Ce temps de stationnement peut atteindre jusqu’à un
mois dans des cas extrêmes.
Le volume des conteneurs vides peut représenter jusqu’à 30% du volume total du
terminal. L’addition de ce volume important et des temps de stationnement élevés
favorise l’accroissement des stocks de conteneurs vides (qui peuvent être parfois
équivalents aux stocks de conteneurs pleins.)
Les opérateurs recourent donc à une densiication maximale de stockage de ces
conteneurs (jusqu’à 7 hauteurs, voire 9 dans certains cas rares) et essaient de faire
pression sur les compagnies maritimes pour qu’elles réduisent leurs stocks. Les
compagnies maritimes étant propriétaires (ou loueurs) des conteneurs et clients
principaux des manutentionnaires, les moyens de pression du manutentionnaire sont
toutefois limitées.
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
19
L’une des solutions est de développer les zones de stockage externes au terminal où
la compagnie maritime (ou éventuellement le manutentionnaire) crée un espace de
stockage dédié aux conteneurs vides. C’est le cas dans de nombreux ports.
Les modes de «pré-post» acheminement
Sur les terminaux d’import/export, le mode de pré-post acheminement peut également
inluencer indirectement la productivité parc du terminal.
Les moyens massiiés (trains, barges) doivent permettre des évacuations plus rapides
des boîtes à l’import sous réserve que les fréquences de leurs services soient sufisantes
comparativement à la route.
De plus, le moyen de transport vers l'hinterland est généralement connu par le
manutentionnaire dès l’arrivée du conteneur à l’import. Les services ferroviaires et
luviaux sont des services nécessairement «programmés» à la différence des services
routiers qui suivent une cadence «aléatoire». Ainsi le conteneur évacué par barge ou
par train entrera dans un schéma de livraison-évacuation programmé (arrivé par le
Navire A, évacué par la barge/train B) susceptible de permettre une optimisation des
opérations et donc une productivité plus grande.
La sureté
La sureté des terminaux est encadrée aujourd’hui par le code ISPS (code international
pour la sureté des navires et des installations portuaires) dont la mise en place a un
impact certain sur la productivité.
Il s’agit notamment du contrôle accru des accès au terminal (d’où une productivité plus
faible), d'une traçabilité des marchandises plus stricte (importance du transfert des
données sur la marchandise et perte de productivité dans le cas d’incohérence/erreur
de documentation) et enin des contrôles douaniers (taux d’inspections intrusives/non
intrusives).
Contrôle d’accès :
Le code ISPS impose un contrôle strict des accès par identiication des personnes
et des marchandises. Toute personne (client ou visiteur) doit suivre une procédure
d’identiication plus stricte qu’auparavant, augmentant les temps d’attente à l’entrée.
Traçabilité :
Chaque conteneur est accompagné d’une documentation où igure l’origine,
la destination, le type de marchandise, le destinataire, la valeur…. Toute incohérence
ou erreur dans cette documentation entraine souvent un «blocage» de la marchandise
et donc une baisse de productivité.
Taux d’inspection douanière et scanner :
Les douanes peuvent décider, sur la base de la documentation et d’autres critères
internes, d’inspecter le contenu des conteneurs. Ce taux d’inspection peut varier de 3%
à 100% suivant les pays. L’inspection ralentit le lux des conteneurs et donc pénalise
la productivité du terminal.
20 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
Le recours au scanner est également dépendant des douanes. Ce procédé d’inspection
non intrusif permet une plus grande célérité d’inspection de la marchandise. Certains
scanners sont mobiles, d’autres intégrés à la «gate» (porte).
Tous ces paramètres de «sureté» représentent des freins à la productivité mais obligent
les acteurs (manutentionnaires, importateurs, exportateurs) à plus de rigueur dans la
gestion de la chaine logistique allant dans le sens, à terme, d’un gain de productivité.
C'est le cas pour les camionneurs qui prennent livraison des marchandises et/ou
livraison de marchandises sur rendez vous et après identiication.
Nous n’avons pas quantiié l’impact du code ISPS ni celui du taux d’inspection douanière
(intrusive ou non intrusive) dans la présente étude mais cela pourrait faire l’objet d’une
mission complémentaire.
La sécurité
La sécurité des personnes doit être une priorité absolue sur les terminaux, quel que
soit l’impact sur la productivité.
D’un point de vue de la sécurité des personnes, nous mentionnons ci-dessous les
critères principaux pouvant inluer sur le choix du système d’exploitation :
- Réguler l’accès de camions externes sur le parc :
L’accès de camions externes sur le parc réservé au stockage perturbe les
opérations, le contrôle des marchandises (erreur de livraison).
Ainsi il est préférable d’organiser la livraison de conteneurs sur des zones
bien déinies (delivery area) où les opérations seront organisées, supervisées,
et contrôlées. Suivant ces critères, les systèmes cavalier ou stacker sont
préférables.
- Eviter le travail des dockers sous portiques :
Seul le système AGV évite que des conducteurs d’engins passent sous les
portiques.
- Interdire le mélange des types d’équipements :
Les cavaliers gerbeurs sont des engins roulant à 40 km/h et dont la visibilité est
réduite (le conducteur se trouve à 8 m de haut et sa vision est masquée par les piles
de conteneurs). De nombreux accidents ont eu lieu lorsque des véhicules routiers
(camions, voitures, stackers) évoluent sur les mêmes zones que les cavaliers. De
ce point de vue, le système de cavaliers s’avère plus dangereux que les autres
systèmes et l’utilisation des cavaliers sur un espace doit être exclusif : pas de
contact avec camions, stackers, véhicules légers.
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
21
IX - Les dessertes terrestres des terminaux
Même si la quantiication de l’impact sur la productivité des modes de pré et post
acheminement ne fait pas l’objet de cette étude, les observations faites sur les différents
terminaux ont permis de recenser, par type, le nombre d'accès terrestres.
Pour les terminaux européens qui traitent plus d'un million d'evp/an, on peut relever
une moyenne de 9 lignes d'accès routiers et 6 accès ferroviaires.
Pour les terminaux plus petits, on passe à 6 accès routiers et 4 accès ferroviaires par
terminal.
En ce qui concerne les grands terminaux d'Asie, ce sont parfois 25 à 30 lignes d'accès
routiers qui desservent les terminaux ; par contre les dessertes par voies ferrées y sont
très peu nombreuses.
X - Conclusion
Ce guide fournit des éléments d'évaluation du niveau de performances des terminaux
à conteneurs et de la cohérence d'ensemble de leurs caractéristiques.
Parmi les paramètres ayant un impact signiicatif sur les productivités, nous pouvons
retenir :
- les temps de séjour des conteneurs sur le parc
- la hauteur de stockage des conteneurs
- le niveaux d'occupation des quais
- la coniguration du terminal (quai discontinu ou alignement droit)
- le type de système opérationnel choisi et le nombre d'engins déployés
- le type de traic : import / export / transbordement
- les volumes traités : des volumes importants permettent des optimisations de
coûts.
Certains paramètres sont sous contrôle de l'opérateur (productivité des engins, mode
opératoire, organisation…). D'autres sont «subis» comme les durées de séjour des
conteneurs sur le parc, les services externes (douanes, pilotage,...) et la capacité des
accès routiers, ferroviaires et luviaux.
La solution optimale est toujours un compromis entre les contraintes locales, les
objectifs, et les moyens déployables (dont bien sûr la législation du travail). L'ensemble
inlue sur l'organisation et donc sur la productivité des terminaux.
22 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
Une synthèse des ratios représentatifs igure dans le tableau ci-après, elle fait
état de l'existant en 2008, annonce les tendances pour 2015 et souligne les
paramètres dimensionnants.
ratios
Nb evp/Hectare
Nb evp/Portique/an
Nb evp/mètre linéaire
de quai
Temps moyen de
stationnement sur
parc (Jours)
Espace entre les
portiques (m)
Occupation des quais
cetmef
2008
2015
(prévisions CTS)
Paramètres dimensionnants
Asie : 40 000
Europe : 18 000
Asie : 45 000
Europe : 30 000
Système Rtg, Rmg : ++
Durée Stationnement : ++
120 000
180 000
Occupation des quais : +++
Volume par escale : ++
Spreader Twinlift : +
Système Cavalier : +
Asie : 2 200
Europe : 800
Asie : 2 600
Europe : 1500
Occupation des quais : +++
Productivité des portiques : +++
Distance entre portiques : ++
Import/export : 3-5
Import/export : 3 Tarif de stockage conteneur : +++
Transbordement : 7 Transbordement : 5 Organisation des livraisons : ++
Conteneurs vides : 12 Conteneurs vides : 8
Documentation : ++
Asie : 80
Europe : 130
Asie : 70
Europe : 90
Taille des navires : +++
Taille du terminal : +++
45-55%
55-60%
Fenêtre d’accostage : +++
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
23
ANNEXE
Exemple de calcul d'évaluation de la productivité d'un terminal
Il s'agit d'un terminal de type européen dont le traic se compose :
- de 30% de conteneurs pleins à l'export
- de 50% de conteneurs pleins à l'import
- de 20% de vides
Ce terminal comporte un linéaire de 800 m de quai maritime (2 à 3 postes) et une
supericie de 30 ha (hors zone bord à quai) de parc de stockage des conteneurs.
Le stockage des conteneurs pleins se fera à l'aide de chariots cavaliers, les conteneurs
vides seront stockés par chariots frontaux capables de gerber les conteneurs sur
7 hauteurs.
Les conteneurs à l'export seront stockés par les chariots cavaliers sur 3 niveaux
(1 sur 2), pour limiter les mouvements improductifs, ceux à l'import seront stockés sur
2 niveaux (1 sur 1).
Les temps moyens de stationnement sur le parc sont de :
- 4 jours pour les conteneurs pleins à l'export,
- 6 jours pour les conteneurs pleins à l'import,
- 9 jours pour les conteneurs vides.
A partir du tableau de Carl A.Thoresen (cf paragraphe V-1) nous pouvons déterminer
les densités de stockage des différentes zones de stockage du parc :
- Pour la zone export avec des chariots cavaliers, stockage 1 sur 2, la densité de
stockage est de 625 evp/ha
- Pour la zone import avec des chariots cavaliers, stockage 1 sur 1, la densité de
stockage est de 335 evp/ha
- Pour les vides avec des chariots frontaux, sur 7 niveaux et 2 lignes de conteneurs,
la densité est de 973 evp/ha (139 evp par niveau)
Les surfaces réservées pour chaque zone sont les suivantes :
- 6 ha pour l'export soit une capacité statique de 625 evp X 6 ha = 3750 evp
- 20 ha pour l'import soit une capacité statique de 335 evp X 20 ha = 6700 evp
- 4 ha pour les vides soit une capacité statique de 973 evp X 4 ha = 3892 evp
24 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
On peut ainsi déterminer la capacité dynamique de chaque zone du parc :
- Zone export : CDP=
3750evp X 365j X 0,85
= 232 700 evp
4jX 1,2
- Zone import : CDP=
6700 evp X 365j X 0,85
= 288 700 evp
6jX 1,2
- Zone des vides : CDP=
3892evp X 365j X 0,85
= 111 800 evp
9jX 1,2
Sur l'ensemble du parc nous obtenons ainsi une capacité dynamique de :
CDP = 633 200 evp / an
Soit une productivité du parc de 633 200 evp/30 ha = 21 100 evp/ha/an
(Notons que ce ratio est du même ordre de grandeur que la moyenne des terminaux
européens : 18 650 evp/ha/an)
Le quai maritime de 800 m comporte 6 portiques de quais (2 à 3 postes à quai).
Le ratios conteneurs 40'/conteneurs 20' = 1,5.
Ces portiques utilisés à 40% du temps (3500 heures/an) avec une productivité de
25 mouvements à l'heure permettent une capacité de quai CQ de :
cQ =25 mvts/h X 3500h X 6 portiques X 1,5 = 787 500 evp/an.
Entre CDP et CQ, le plus petit des 2 chiffres est CDP, la capacité dynamique du terminal
est donc de 633 200 evp/an.
Le tableau suivant illustre la comparaison des indicateurs de productivité de ce terminal
avec ceux observés en Europe pour les terminaux qui traitent moins d'un million d'evp/
an.
Terminal test
Moyennes sur les terminaux
européens
Productivité parc
21 100 evp/ha/an
18 650 evp/ha/an
Productivité chariot cavalier
20 050 evp/ha/an
17 000 evp/ha/an
790 evp/ml/an
820 evp/ml/an
105 530 evp/portique/an
99 160 evp/portique/an
133 m
140 m
Indicateurs
Productivité quai
Productivité portique
Distance entre portique
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
25
Lexique
Evp : Unité de mesure d’un conteneur «équivalent vingt pieds».
Un conteneur 20 pieds = 1 evp, un conteneur 40 pieds = 2 evp.
En anglais, on parle de Teu (Twenty equivalent Unit)
Deep Sea : Services maritimes «au long cours» ou hauturiers, reliant les différents
continents. Ils se caractérisent par la taille des navires (2000 à 12000 evp de capacité),
par leurs services réguliers et par la durée de leur voyage (> 2-3 semaines)
Short Sea : Services maritimes «courte distance» servant essentiellement des marchés
d’Import/Export. Ces services sont indépendants de traics de transbordement se
différenciant ainsi des services feeders.
Feeder : Services maritimes de «cabotage» desservant des ports «régionaux».
Ces services utilisent des navires aux capacités de 700-800 evp, les temps de transit
entre 2 ports vont de quelques heures à 2-3 jours. Leurs traics et services sont
dépendants de celui des navires mères (mothers) auxquels ils sont liés.
Transit Time : Temps de transport depuis chargement en un point A jusqu’au
déchargement en un point B.
Le transbordement «relais» : Ce type de transbordement vise essentiellement
l’optimisation des grands lux globaux. Il consiste à transborder des conteneurs d’un
navire mère à un autre, à la croisée de deux routes maritimes majeures, et ce ain
d’optimiser le traic en permettant au navire livrant les conteneurs de retourner à son
point de départ rapidement. Ain que ce type de transbordement puisse s’effectuer
de manière eficiente, il est essentiel que le port de transbordement utilisé se situe à
proximité de routes maritimes majeures et qu’il puisse accueillir les navires opérés sur
ces routes maritimes.
Le transbordement «éclatement/concentration» (Hub & Spoke) : Ce type de
transbordement vise une desserte eficiente d’une région spéciique. Il est effectué
à partir d’un «hub-port» principal (lieu de transbordement où s’organisent les
correspondances).
Les navires mères distribuent leur cargaison de conteneurs à plusieurs navires
nourriciers de petit tonnage («feeders») qui acheminent ensuite les conteneurs vers
leur destination inale, généralement des ports secondaires. Le principe inverse est
appliqué pour les exports d’une région donnée. Pour ce type de traic, le «hub-port»
doit avoir une position géographique centrale ain de permettre une réduction du temps
moyen de desserte des destinations inales par feeder.
Shifting : sur le navire ou sur le parc, il s’agit du déplacement d’un conteneur pour
permettre l’accès à un autre conteneur se trouvant sous ce dernier. Un fort taux de
shifting diminue la productivité d’un terminal.
26 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
Hinterland : arrière pays continental d'un port que ce dernier approvisionne ou dont il
tire les marchandises qu'il expédie.
Le traic Import/Export : il désigne le traic de conteneurs entre l’hinterland et un
port, dans les deux sens. Pour ce type de traic le port doit être situé prés d’une zone
de grande consommation, le port doit être connecté à ces centres par les différents
modes de liaison : route, rail et voie d’eau.
Les principaux équipements d’un terminal à conteneurs sont présentés ci-après.
Leur prix approximatif entre parenthèses est donné à titre indicatif.
Portique : équipement de quai qui permet de
charger et décharger les conteneurs sur un
navire.
Un portique est dit Panamax (5M€) lorsqu’il
est dimensionné pour charger/décharger des
navires Panamax, c'est-à-dire ayant la largeur
maximum pour passer les écluses du Canal
de Panama (32,2 m). Un portique Panamax
peut charger/décharger des navires de 12 à
13 rangées de conteneurs .
Un portique Post Panamax (>6M€) peut charger/décharger des navires de 18 rangées
de conteneurs en largeur.
Les plus grands et plus récents portiques sont dits Super post panamax (7M€). Ils
peuvent charger/ décharger des navires de 22 rangées de conteneurs en largeur.
Grue Mobile (ou grue sur pneus) (3M€)
cetmef
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
27
Spreader : outil qui permet de saisir
les conteneurs. (90K€)
Un spreader est Twinlift lorsqu’il peut
saisir deux conteneurs à la fois. (130K€)
Stacker 45 T ou reach stacker : engin
de parc qui sert à manutentionner
et stocker des conteneurs pleins sur
4 à 6 hauteurs. (380K€)
Stacker pour vides : il stocke des
conteneurs vides jusqu'à 8 hauteurs
(suivant les caractéristiques de l’engin).
(220K€)
28 - Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
cetmef
cetmef
RTG (Rubber Tyred Gantry) : portique
de parc (sur pneus) qui permet de
stocker les conteneurs sur 4 ou
5 hauteurs. Il ne se meut que sur des
lignes droites. (1,2M€)
RMG (Rail Mounted Gantry) : portique
de parc monté sur rail. Il permet de
stocker les conteneurs sur le parc (4 ou
6 hauteurs). Ils sont aussi utilisés pour
charger/décharger les trains. (1,5M€)
RMG Automatique (ou automatic
stacking crane) : portique permettant
une manutention sur parc automatisée. Les RMG sont téléguidés par le
système de gestion des opérations.
(2,2M€)
AGV (Automated Guided Vehicles) :
engin téléguidé destiné à déplacer
les conteneurs du quai vers le parc et
inversement. (500K€)
Productivité des terminaux à conteneurs - Juillet 2011
-
29
Forklift : engin de manutention à fourches. (160K€)
Truck ou tracteur de parc : engin qui sert à tracter une remorque ou un train de
remorques (tel que sur la photo) sur un parc à conteneurs. (100K€)
Chariot Cavalier (straddle carrier) : engin de parc capable d'enjamber des lignes
de plusieurs niveaux de stockage (2 voire 3) avec un conteneur plein.
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Scanner : il sert à inspecter les conteneurs sans les ouvrir (inspection non
intrusive) par rayonnement électromagnétique. (2M€)
CFS (Container Freight Station) : Il s’agit d’un entrepôt où l’on dépote et rempote
les conteneurs.
Reefer : Conteneur réfrigéré
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