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2014, Revue "Topique"
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""Présentation d’une petite partie de la psychothérapie d’une adolescente de dix-sept ans. Ex-héroïnomane, accoutumée aux drogues depuis l’enfance par sa propre mère, elle lutte héroïquement pour survivre à une histoire familiale qui comprend, hormis la drogue, un meurtre, un viol, l’abandon et la lutte quotidienne qu’elle mène aujourd’hui contre des fantômes morts et vivants... Mots clés Héroïne, état-limite, possédée, viol, agressivité, meurtre. ""
Genre and Globalization, 2017
This article examins novels by Kangni Alem, Kossi Efoui and Edem Awumey through the prism of intermediality and discusses in how far intermedial writing contributes to genre innovation.
Vst - Vie Sociale Et Traitements, 1993
Citer cet article Parenteau-Lebeuf, D. (1993). Histoire d’une jeune femme piquée d’héroïnes et de son double qui écrit pour elle. Jeu, (66), 19–22. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/]
rafraîchissements", qui ne sera franchie que par eux. On retiendra donc que Ramadan est un mois béni, un mois qui a des avantages ici-bas et dans l'au-delà ! Ce que le musulman doit retenir, c'est que le jeûne ne consiste pas uniquement à se priver de nourriture, boissons, relations intimes … Mais cela doit être un jeûne complet et sincère qui nous fera profiter pleinement de La récompense divine. A cet effet, nous allons énumérer quelques points importants :
Études littéraires, 2003
Résumé Lélia est un personnage dont l’existence, selon George Sand, était « tout à fait impossible… à force de vouloir être abstraite et symbolique », mais qui s’est néanmoins avéré être une figure riche par la polyvalence de son destin littéraire. Violemment attaquée par certains critiques, tout aussi ardemment adulée par des lectrices enthousiastes, elle n’a cessé d’exercer une fascination dans la sphère culturelle de son temps. Barbey d’Aurevilly lui rendra hommage dans sa nouvelle de 1840, « L’amour impossible ». Et Balzac s’en inspirera pour créer « le plus grand écrivain de la Comédie humaine », Camille Maupin.
2012
Le present article traite d’une forme recente d’extension du syncretisme en lien avec le culte aux esprits de la nature. L’analyse fait reference a l’histoire d’une alliance entre un jeune homme et un esprit feminin de la nature dite kalanoro dans une region rurale des Hautes Terres centrales de Madagascar. Contrairement aux recits locaux qui inscrivent l’esprit kalanoro dans un monde vegetal et sauvage, celui-ci presente des aspects inedits : a tous les niveaux, nous rencontrons des elements a la fois modernes et chretiens, qui n’ont pas ete releves jusqu’ici chez d’autres devins-guerisseurs. Cette construction syncretique amene une dynamique creatrice dans le champ du religieux. Quant a celui de la sante, le chemin « classique » des guerisseurs n’est pas vraiment emprunte : absence d’initiation, absence de benediction, reduction des objets rituels traditionnels… Cette nouvelle forme religieuse presente une recombinaison d’elements anciens et recents tires de plusieurs domaines d’i...
The article by Raúl Ernesto Colón Rodriguez is an annotation to an experiment of translating a literary text from one creolised language into another. The first part of the chosen text (La Sangouine by Antonine Maillet) was translated from the Acadian French, used in the North American colonies (now Canada), into a language which originated from a mixture of Caribbean variations of the Castilian language, with the strongest influence of the Cuban Spanish. First, the author briefly presents the play and its composition (colloquial, episodic monologue, which recapitulates the dreams and achievements of a single life), and subsequently passes to a characterisation of the Acadian French (specific syntax, idioms, etc.), paying significant attention to the features which are especially problematic in translation. Afterwards, the author comments on the text itself. The questions which arise when translating from one dialect to another are mentioned; for instance, the rejection of equivalence, and preservation of foreign elements in, among others, syntax or phonetics.
Questions de communication, 2018
U ne des plus anciennes scènes bibliques de l'iconographie chrétienne, la représentation de Daniel au milieu des lions apparaît dans la peinture des catacombes dès le début du III e siècle et devient aussitôt un des thèmes les plus répandus dans différents arts du IV e et V e siècle. Puis, dans l'art médiéval en Occident et dans l'art byzantin de l'Est européen, il perd quelque peu de sa popularité mais reste toujours présent. Tout en appartenant à un groupe de représentations antérieures à la plastique byzantine évoluée, le modeste fragment étudié ici, comme une des rares scènes bibliques assimilées par l'art de l'Orient chrétien sans modification de forme, de contenu ni de symbolique, mérite certainement d'être rappelé au côté de quelques autres ouvrages byzantins, plus tardifs, présentés dans ce Livre.
SToïQuE, CYNIQuE, DÉSAFFECTÉE
La conversation avec Sofia est facile. Elle est amicale, parle calmement et avec spontanéité de ce qu'on lui demande, sans aucun cabotinage. Elle nous parle dans la langue paternelle dans laquelle elle a quelques petites difficultés. Elle a un accent américain et peine parfois à trouver les mots, mais nous l'aidons à formuler son discours, tantôt en français, tantôt en anglais, et cette compréhension semble lui faire plaisir. Il nous est malaisé de croire que cette belle fille souriante au visage d'ange, qui se tient en face de nous, puisse devenir agressive. Elle nous parle en toute confiance, sans choisir ce qu'elle dit, ni s'interdire aucun sujet. Tout peut se dire, pourquoi pas ? Il semblerait que ce soit la première fois qu'elle parle d'elle-même à quelqu'un et qu'elle n'ait jamais eu conscience de la dureté de ce qu'elle a enduré. À présent, elle paraît contente de pouvoir parler. Elle vient presque toujours aux rendez-vous. Au début, elle avait du mal à être à l'heure en raison de son manque de sommeil, mais elle vient. Elle répond à toutes les questions sans hésitation. Elle raconte simplement, sans difficulté ni affectation, avec naturel, dans une langue enfantine plus que celle d'une jeune fille de 17 ans. Elle décrit avec un calme stoïque, sans sensiblerie, des scènes qui, pour son auditeur, sont pour le moins douloureuses.
Pour premier contact sexuel, elle a connu le viol. Elle avait 13 ans. un ami de sa mère à Mexico. Que s'est-il passé ? «J'attendais ma mère. Je lui avais demandé de me promettre de ne pas boire ce jour-là. Elle me l'a promis. Elle est rentrée à la maison ivre morte… Alors, je me suis coupé les veines devant elle. Je me suis réveillée à l'hôpital. Là-bas, il Après plusieurs séances, Sofia nous dit qu'elle désire se reposer. Les comprimés que l'équipe psychiatrique lui a prescrits (calmants et antidépresseurs pour un diagnostic de stress post-traumatique) n'ont aucun effet sur elle. Elle ne peut ni se calmer ni dormir. Quand la nervosité la prend, elle a envie de frapper les autres, de frapper sa soeur, ou de se frapper elle-même, ce qui est la seule chose qui l'apaise, nous dit-elle. Parfois, elle se sert de tout ce qui se trouve devant elle, couteaux, ciseaux. Toutefois, elle a peur de faire mal à Alejandra. D'un autre côté, elle réprouve ce que fait sa petite soeur qui va dans des boîtes où l'on vend du LSD, se drogue, vole de l'argent à ses amis et à leur mère, est irritable et n'écoute personne. C'est la raison pour laquelle Sofia agresse sa soeur. un jour, sa soeur lui dit qu'elle se conduit comme leur mère. Et que si elle continuait de cette façon, elle finirait par devenir serial killer. «Ça m'a fait réfléchir. Mais dans ces moments-là, j'ai l'impression que si je frappe l'autre à mains nues, il n'aura pas assez mal… Et moi, je veux lui faire mal. La Après les terribles révélations du meurtre, du viol et de la violence généralisée où vivait Sofia, la suite nous parut une farce. Sofia et son oncle nous apprennent que le père, tenu dans l'ignorance de ce qu'il était advenu de ses filles pendant toutes ces années, exige de Sofia qu'elle soit bonne élève et veille à ce que sa soeur travaille bien à l'école, qu'elles terminent toutes deux le lycée avec de bonnes notes afin de pouvoir revenir aux États-unis et s'inscrire en médecine (!). Il tient même Sofia pour responsable de la conduite et des progrès de sa petite soeur. Aux dires de Sofia, son père ne doit rien connaître de la vérité, de peur qu'il ne commette quelque acte insensé. Sofia prend à coeur son rôle de tutrice. Elle fait de son mieux pour protéger sa soeur qui lui est rebelle, mais plus encore son père auquel elle cache une réalité qu'elle croit désastreuse pour lui.
L'oncle des filles contribue lui aussi au mythe d'une vie rangée. La mère, l'oncle et les filles sont complices de longue date. Depuis longtemps, ils ont convenu de taire au père les événements tragiques survenus dans la vie de ses enfants. « Luc, dit l'oncle, est fou. Quand il s'énerve, il ne sait plus ce qu'il fait…» Cependant, Sofia est profondément angoissée d'assumer une responsabilité qu'elle n'a pas choisie. La nécessité de cacher la vérité à son père pour éviter qu'il ne commette quelque acte terrible est au coeur de chaque séance. Dernièrement, cette angoisse l'étouffait. Sa soeur -alors âgée de quinze ans -tombe enceinte. Ni l'une ni l'autre ne sait que faire. Incapables de décider, elles laissent passer les mois. Alejandra finit par avorter au bout de six mois. L'angoisse permanente de Sofia de ne pas décevoir son père nous est progressivement apparue, au cours des séances, comme une protection imaginaire vitale, une protection de mauvaise qualité, le fantasme lointain d'une tutelle outre-Atlantique, point de référence inattendu d'une vie chaotique et dangereuse.
La référence au père, à ses exigences d'elle, à ses colères dangereuses, à ses énoncés, paraît constituer pour Sofia cette certitude concernant l'origine dont elle a besoin pour pouvoir se constituer un futur dans le monde des vivants. Faute d'un discours d'ensemble qui garantirait l'accès identificatoire à une historicité et à une autonomie du je indispensable pour son fonctionnement (Aulagnier, 2013), elle reste piégée à la voix paternelle, seule voix résistante à l'élan maternel mortifère, dernière illusion de vie, elle aussi si proche à la catastrophe.
Toutefois, Sofia exerce sa tutelle sur sa soeur de plusieurs manières. Elle est la mère sévère qui exige obéissance. Le sujet de violence. La responsable désespérée. D'autres fois, elle perçoit sa soeur comme son alter ego, un ego auxiliaire, un prolongement d'elle-même et de son angoisse dans la vie, son sauveur. « Une fois, quand j'avais onze ans, je m'étais penchée la nuit au-dessus de Si je revoyais ma mère, je voudrais lui dire ce que j'ai enduré… Vous savez, j'oublie souvent que j'ai eu une mère. Je pense qu'elle ne sera pas là le jour de mon anniversaire. Ni quand je me marierai… » La mère de Sofia n'a jamais su ce que sa fille endurait, parce que les rôles s'étaient inversés. Depuis l'enfance, Sofia était une sorte de tutrice d'une mère malade sur laquelle elle veillait. Main dans la main avec sa soeur, elle la cherchait à travers la ville où elle disparaissait des jours entiers en quête de sa dose. C'était encore elle qui s'occupait de sa mère quand, abrutie par les drogues ou la boisson, elle rentrait à la maison, elle qui prenait patience face à ses crises d'agressivité délirante, qui l'accompagnait aux parties. Elle devait toujours veiller sur elle, exercer une tutelle intolérable pour son âge. En souhaitant lui dire ce qu'elle avait enduré alors, elle exprimait en fait le désir d'une autre mère qui, elle, aurait été une tutrice, se serait occupée de sa fille, l'aurait protégée, aurait fourni l'enveloppe psychique dont Sofia avait besoin.
LA LoGIQuE Du MAL
Dès sa petite enfance, l'amour a toujours été pour Sofia un amour-menace. Sa mère, point de référence persistant dans sa vie, sables mouvants dans le monde des morts, unique soutien qui l'engloutit aujourd'hui à chacun de ses pas, était une mère-cauchemar. Adonnée aux drogues, victime de l'accoutumance, victime des substances, victime d'une vaine quête du bonheur, comme nous le dit sa fille à sa manière, elle est devenue pour Sofia un objet digne de protection et de compassion, à tel point qu'elle est arrivée à transformer chaque crise de violence de sa mère en un incident renforçant son diagnostic initial : «Ma mère ne savait pas ce qu'elle faisait.» Sofia était un être qui n'abandonnait pas facilement ceux qui l'abandonnaient -et c'est ce qu'elle continue à faire.
Malgré ce qu'elle avait fait subir à Sofia, comment cette mère, loin de susciter la peur ou la haine de sa fille, a-t-elle au contraire gagné son amour ? Comment a-t-elle opéré dans sa fille un tel clivage que Sofia a déchargé sa mère de son comportement pernicieux ? Sofia nous raconte que sa mère savait rejeter sur les autres le mal qu'elle portait en elle. Elle se présentait comme la malheureuse épouse battue. Elle errait mélancoliquement dans les rues en quête d'un peu de bonheur. C'était elle qui avait arraché sa fille de treize ans des griffes du méchant homme qui rassemblait les orphelins à l'hôpital. Et bien entendu, c'était elle qui, au désespoir, avait tué le violeur de son enfant. D'innombrables coups de couteau, nous a dit tranquillement Sofia. Cependant, le méchant loup était invincible. Aussi la mère a-t-elle laissé à ses fils la responsabilité d'achever son immortel compagnon. Dans les paroles de l'adolescente, nous percevons une fierté cachée devant l'intervention secrète et salvatrice de ses demi-frères. L'un d'eux est aujourd'hui en prison pour d'autres actes de violence… En l'écoutant, nous nous demandons ce qu'il est advenu des tourments que lui a infligés sa mère -les agressions au couteau, les coups, les tortures et les interminables nuits où sa mère revenait à la maison, abrutie par les drogues, incapable de reconnaître ses filles qu'elle considérait comme des « menaces ». Dans les récits de Sofia, il n'y a personne de particulièrement méchant, personne sur qui projeter nécessairement son vécu menaçant. Ni son père irascible, ni sa soeur désobéissante, ni l'héroïne que prenait sa mère, ni même l'homme qui l'avait violée, rien ni personne n'est vraiment mauvais. Tous répondent, en quelque sorte, à une impulsion intérieure. Aussi violente que soit cette pulsion, Sofia semble s'y être habituée. Nous avions l'impression qu'elle considérait les actes de violence comme une expression humaine entre autres.
En discutant avec elle, nous avons compris que le mal dont elle nous parlait n'était pas celui qui se cachait dans les autres, mais celui dont elle était ellemême la source. C'était celui qui la métamorphosait en cratère crachant sa colère, en une main incontrôlable qui voulait frapper et faire souffrir un autre corps, en un regard qui lançait des éclairs de haine au professeur qui voulait la dominer, en un geste meurtrier pour saisir un couteau afin d'arrêter ceux qui partaient, prête à s'ouvrir les veines quand elle voulait se calmer un peu. Le mal demeurait donc à l'intérieur. Mais tous les jours, il voulait faire irruption. Les cris continuels dans ses oreilles, les hurlements de sa mère assassinée qui la poursuivaient comme d'implacables Erinyes pour la punir de la négligence qui avait coûté la vie à sa mère, ne sont qu'un aspect de l'enfer vécu par Sofia. Le sentiment de culpabilité que suscitaient en elle les agressions aveugles auxquelles la poussait quotidiennement son énervement, en est peut-être un autre. Sofia ne semble pas ressentir, quand elle agresse, la douleur physique de l'autre. Dans ces moments-là, elle est mue par une pulsion sadique impersonnelle et primaire qui, probablement, cherche à contrôler ses objets -de peur de se faire de nouveau maltraiter par son surmoi ? ou de peur de perdre ses appuis symbiotiques, épave d'un chaos spéculaire ? Finalement, il ne lui reste qu'un cercle ininterrompu d'angoisses, de pressions, de culpabilité, de déchargements par la violence ou par la scarification, et ainsi de suite.
Qu'est-ce qui pourrait la protéger contre elle-même et, avant tout, arrêter ces agressions dangereuses contre sa chair qui n'est jamais devenue une enveloppe psychique, sauf peut-être occasionnellement ?
Dans le cas de Sofia, il serait possible de parler d'un Moi-peau inversé, d'un Moi qui, comme la bande de Moebius, se retourne sur lui-même, où le dedans et le dehors se confondent, où le contenu insuffisamment contenu se transforme en contenant insuffisamment contenant. Les sentiments, repoussés à la périphérie du moi, deviennent des fragments du moi caché dont le retour perturbateur à la conscience est aussi terrifiant que l'apparition de spectres (Anzieu, 1995). Il n'est pas fortuit qu'à la suite du meurtre de sa mère, dont elle avait imputé la responsabilité à sa propre négligence, elle ait commencé à se scarifier, à se couper les veines, sans toutefois songer au suicide. Elle nous dit que, par cet acte qu'il serait trop facile d'interpréter comme une autopunition, elle tentait de voir ce que l'on sentait lorsqu'on mourait, ce qui se passait à l'instant où l'on « se perd », ce qu'avait ressenti sa mère. En cet instant, il semblerait qu'elle essaie de maintenir la fusion symbiotique où elle avait toujours vécu avec sa mère, de maintenir quelque chose qui ne lui était pas inconnu. Sa mère lui donnait des comprimés d'héroïne et autres « gourmandises » de ce type depuis l'enfance, et Sofia les avalait -à défaut d'autres gestes d'affection ? -pour « se perdre » en même temps que sa mère dans des voyages au terme desquels il n'est ni moi ni maison où revenir. En se scarifiant, elle tente une fois encore de se rapprocher du vécu « ensemble » qu'elle avait eu avec sa mère. D'ailleurs, elle ne supporte pas qu'on l'abandonne, qu'on la quitte, et sa mère est partie à jamais. Quand l'autre part, elle se scarifie, se frappe et frappe les autres. Pire encore que de demeurer sans rien face au chaos intérieur, elle risque de ne pas exister psychiquement. Par conséquent, la tutelle qu'elle exerce sur les siens est un acte contre l'anéantissement psychique, un non renoncement à être. La violence, agie ou subie, n'est qu'un moyen, mais elle prouve l'amour -ou la perversion -symbiotique, et par conséquent, Sofia l'accepte facilement comme une habitude quotidienne -tous les témoignages de Sofia en témoignent.
QuELLE RELATIoN THÉRAPEuTIQuE ? À l'hôpital de jour, Sofia est suivie par une psychologue clinicienne et une pédopsychiatre. En effet, dans ce service de psychothérapie pour adolescents, il est coutume que les séances se déroulent en présence de deux membres du personnel. Il est remarquable avec quelle facilité les jeunes patients acceptent cette condition, se laissant à un transfert sur deux personnes, lequel présente, de part et d'autre, certaines particularités. Il serait intéressant, dans un autre travail, d'effectuer une étude approfondie de ce type de psychothérapie du groupe où le pluriel concerne les thérapeutes.
La relation que Sofia entretient avec nous est aux antipodes, non seulement de ses relations personnelles, en général orageuses, mais aussi de la relationcauchemar qu'elle maintient en elle avec les fantasmes qui l'habitent. Malgré ses réveils difficiles, elle vient aux séances où elle se montre pleine de bonne volonté, coopérative et amicale ; elle sourit facilement, quoique avec une certaine mélancolie, et nous pouvons percevoir chez elle une satisfaction contenue. Bien entendu, nous ne manquons pas de remarquer les distances qu'une part intérieure d'elle-même prend avec ce qui se passe au cours des séances. Au quotidien, sa vie est toujours marquée par les colères, l'agressivité, la violence, interne et externe, et l'angoisse. Toutefois, celle qui se présente aux séances est une adolescente amène, acceptant les règles du cadre et répondant avec une aisance remarquable à l'appel psychothérapeutique. Cependant, elle nous donne l'impression de tenir la situation thérapeutique à l'écart de sa vie. Comme si elle nous gardait en un lieu extérieur qu'elle aimait visiter, mais qu'elle voulait ensuite quitter pour retourner dans l'agitation de son foyer.
Pourrait-on parler, dans le cas de Sofia, du fameux transfert épidermique des patients limites ? L'interaction thérapeutique n'est-elle que superficielle ? ou bien est-il encore trop tôt, après quelques mois de traitement, pour qu'un passé aussi pernicieux s'estompe dans son âme ? La rencontre psychothérapique estelle elle aussi le lieu d'un clivage, défense contre l'émergence d'un transfert probablement primaire et peut-être négatif ? L'intensité d'un éventuel lien affectif avec les thérapeutes serait susceptible d'entraîner des sentiments de colère et d'hostilité, résultat de son besoin d'avoir continuellement quelqu'un auprès d'elle et de lui interdire de s'éloigner d'une façon impulsive et sadique.
Il est certain que, au début, Sofia évite une telle impasse. Cependant, au fil du temps, elle cesse de prendre ses distances. Après quelques semaines, nous apprenons par son tuteur et elle-même que, chez elle, son agressivité ne se manifeste plus depuis un certain temps et que la jeune fille cherche davantage à vivre des moments de gaieté familiale avec sa soeur et leurs petits amis. Cette position extérieure qu'elle désigne comme lieu psychique de notre rencontre, il est possible qu'elle en ait besoin comme d'un observatoire et lieu de recréation de moments perdus où l'autre s'occuperait d'elle, s'intéresserait à ce qu'elle vit et à ce qu'elle est. un intérêt susceptible de rétablir le droit à un présent et la possibilité d'un avenir. Ce qui est en tout cas certain, c'est que ce devra être un intérêt bienveillant. Parce que, sur son chemin périlleux, Sofia a besoin de compagnons, non pas de tuteurs.
En ce point, rappelons-nous le mode de fonctionnement symbiotique auquel se réfère H. Searles à propos des relations des patients limite avec autrui (Searles, 1994). Le thérapeute, dit-il, devient partenaire de l'identité symbiotique du patient. De plus, ce n'est pas une identité monolithique, mais multiple. Les objets internes sont parfois plus de deux, et chacun d'eux apporte sa contribution au sentiment d'identité. Rien n'empêche, par ailleurs, qu'une relation conflictuelle se développe entre les divers personnages imaginaires. Dans le cas de Sofia, on peut clairement discerner trois personnages imaginaires-incarnations d'ellemême, semblables, fatals et dangereux pour sa survie. Sa soeur, force jumelle d'un dévergondage adolescent incontrôlé. Sa mère, infortunée victime de la vie, à la fois aimée et menaçante, du fait qu'elle est censée avoir été assassinée en raison de la négligence de sa fille. Son père, personnage d'un infantilisme démesuré, en place d'un surmoi d'autres temps, mais indispensable à la composition d'une identité originelle ; autrement dit un mal nécessaire.
Quelle est la combinaison de personnages qui domine dans le transfert de Sofia ? C'est une position subjective -dénominateur commun dans la relation qu'elle entretenait séparément avec les trois personnages principaux de sa vie : elle est la protectrice. Sofia nous protège de son mouvement psychique incontrôlé, de son désir de fusionner avec ses objets, de les soumettre à un contrôle sadique ou de se soumettre à leur volonté en les idéalisant. Elle nous maintient loin de cela. Ce désir de toujours veiller sur l'autre semble être le point de capiton qui stabilise Sofia et son sentiment de vie. Mieux encore, ce désir de protéger, qui atteint souvent l'absurdité (comme avec son père), pourrait être le sinthome, jouissance et sens en même temps (Lacan, 2005), qui l'aide à normaliser son rapport au monde, pour éviter un déclenchement psychotique.
Aussi notre position reste-t-elle assez discrète, étant donné la différence de dynamique causée par la présence de deux thérapeutes différents, ce qui, d'une part, peut stimuler le mouvement du psychisme, mais d'autre part, peut devenir cause de diminution de l'intensité d'un transfert unique. Ce dernier point allait très certainement dans le sens de la tentative inconsciente de Sofia de nous garder à bonne distance de son mauvais côté impulsif.
En pratique, Sofia, malgré ses problèmes de sommeil, venait à la plupart du temps à ses rendez-vous du matin, prenait plaisir à parler avec deux personnes qui ne la jugeaient pas, écoutait avec intérêt nos questions et nos commentaires. Elle a même suivi quelques-unes de nos propositions -essayer de socialiser avec ses camarades d'école, participer à des activités sportives, trouver des occupations à plusieurs. Nous agissions à plusieurs niveaux : d'une part, nous essayions de pénétrer dans la vie psychique inconsciente de Sofia, de la commenter, de l'interpréter, de lui prêter un caractère en la familiarisant aux sentiments, la sortant de la froideur terne du clivage, en associant les représentations avec des sentiments et lui donnant le droit de protester contre le mal qui lui avait été infligé. D'autre part, nous incitions Sofia à participer à la vie réelle par des occupations qui démentissent ses peurs paranoïdes, conséquences d'une projection d'images agressives de son moi et de l'objet. En face d'elle, elle aurait des égaux, sujets d'une histoire différente, non plus des antagonistes spéculaires. Elle pourrait les considérer comme des partenaires dans une équipe sportive ou comme des participants à quelque activité distractive.
Bien entendu, ces nouvelles positions ne sont pas évidentes pour Sofia. un travail s'impose pour que se transforment ses désirs automatiques de domination sur l'autre, et pour qu'elle parvienne à mettre une distance entre les personnages qui peuplent sa vie intérieure et les personnes de son entourage. Ce n'est pas là le seul objectif de la psychothérapie, mais ce sont des premières mesures d'urgence. Son histoire familiale pernicieuse est toujours là avec d'innombrables faits traumatiques qui cherchent souvent à manifester leur présence. En ces instants, la position de Sofia est de recourir à l'alcool. Cependant, ceci reste parmi les questions abordées à son gré durant la thérapie. Ainsi se dessine progressivement le contour d'une carte qui ne représente plus seulement les lieux désertiques, mais aussi les chantiers de futures constructions.
Dès lors, notre travail thérapeutique qui continue vise une historicisation du vécu passé, à travers laquelle le Je effectuera la mise en place d'un investissement du temps futur, et pourra prendre en charge et investir un projet identificatoire (Aulagnier, 1984), ce qui aujourd'hui paraît lointain, mais non irréalisable. En effet, après plusieurs mois de psychothérapie et malgré les difficultés, Sofia nous donne le sentiment qu'elle pourrait trouver en elle une potentialité réalisable dans son devenir futur. C'est elle-même, l'adolescente qui a lutté héroïquement pour sa survie après tant de blessures irréparables, qui nous le fait croire. Désormais, c'est à nous de lui rendre cette foi encore approfondie, à chaque fois qu'elle en a besoin -opiniâtreté paradoxale des thérapeutes d'adolescents, emprunteurs officiels du paradoxe vital juvénile.
Daniella ANGuELI
Rizari 17 116 34 Athènes Grèce [email protected] BIBLIOGRAPHIE D. ANzIEu, Le Moi-peau, (1985), Dunod, 1995, p.150. P. AuLAGNIER, La violence de l'interprétation, (1975, PuF, 2013, p.189. P. AuLAGNIER, « Telle une zone « sinistrée »» in Adolescence, 1984, 2, 1, p.9-21. j. LACAN, Le séminaire XXIII, Le Sinthome, (1975-76), Seuil, 2005. H. SEARLES, (1986, Mon expérience des états-limites, (1986) Gallimard, 1994, p.61.
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Studies in East European Thought, 2005
European Journal of Cultural and Political Sociology, 2018
Annals of Nuclear Energy, 2002
Nanoscale, 2015
FUDMA JOURNAL OF SCIENCES
RIVISTA ITALIANA DI PALEONTOLOGIA E STRATIGRAFIA
Aging & human development, 1971
International Journal of Mathematics and Mathematical Sciences, 2003
Mangal Research Journal, 2020
Avaliação, Políticas e Expansão da Educação Brasileira 11, 2019
Journal of the College of Physicians and Surgeons--Pakistan : JCPSP, 2015