INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DES ETUDES ECONOMIQUES
Série des Documents de Travail du CREST
(Centre de Recherche en Economie et Statistique)
n° 2004-43
Une Evaluation du Crédit
d’Impôt Recherche en France,
1980-1997
J. MAIRESSE1
B. MULKAY2
Les documents de travail ne reflètent pas la position de l'INSEE et n'engagent que
leurs auteurs.
Working papers do not reflect the position of INSEE but only the views of the authors.
1 CREST - INSEE, 15 Boulevard Gabriel Péri, 92245 Malakoff Cédex, France. Email :
[email protected]
2 INSEE – Direction Régionale Midi-Pyrénées, 36 Rue des 36-Ponts, 31054 Toulouse Cédex 4, France,
Email :
[email protected]
UNE EVALUATION DU CREDIT D’IMPOT RECHERCHE
#
EN FRANCE, 1980-1997
Jacques MAIRESSE1
Benoît MULKAY2
Résumé – Cette étude vise à estimer l’effet du coût du capital sur les investissements en recherche et développement
des entreprises, et plus particulièrement à estimer l’effet du crédit d’impôt sur la recherche, lequel constitue, depuis
1983 en France, l’un des principaux outils de la politique publique d’incitation à la recherche et l’innovation pour les
entreprises.
On propose d’abord une décomposition du coût d’usage du capital de recherche et développement (R&D) des
entreprises en distinguant quatre composantes qui tiennent compte respectivement de l’imperfection des marchés des
capitaux, de la fiscalité sur les bénéfices, des règles d’amortissement fiscal, et de l’existence du crédit d’impôt
recherche (CIR). On s’appuie ensuite sur cette décomposition pour estimer l’effet du CIR sur la R&D, dans le cadre
d’un modèle économétrique appliqué à un panel d’entreprises industrielles françaises sur la période 1980 – 1997.
Au delà de la demande qui reste le déterminant majeur des investissements en R&D des entreprises, il apparaît que le
coût du capital de recherche a un effet négatif statistiquement significatif, en raison surtout d’un rôle incitatif très
important du CIR. On trouve ainsi qu’un relèvement permanent de 10% du taux du CIR pourrait entraîner un
développement à moyen-long terme de l’investissement et du capital en R&D qui serait de l’ordre de 3 à 5,5 %, ce qui
correspondrait à une augmentation de l’investissement de l’ordre de 2 à 3,5 fois le coût budgétaire annuel de cette
mesure. Un tel effet parait cependant très élevé, et nos résultats devront être confirmés par un approfondissement de
l’étude, notamment sur la période récente, et si possible aussi sur la base du crédit d’impôt effectif (qui est une
information confidentielle) et non seulement sur celle du crédit d’impôt simulé.
Mots clefs : R&D, capital de R&D, crédit d'impôt recherche, coût du capital. Code JEL : O32, H25,H32
The Effect of the R&D Tax Credit in France, 1980-1997
Abstract – The aim of this article is to evaluate the effect of the cost of R&D capital, and more particularly of the tax
credit on R&D expenditures, introduced in France since 1983, as a fiscal incentive to private R&D. A user cost of R&D
capital is derived with imperfect capital markets, corporate and shareholders taxation. A special treatment is devoted to
the introduction of the incremental tax credit on R&D expenditures. We propose a decomposition of the user cost of
capital into four components, which allow us in particular to distinguish two user cost measures with or without the
R&D tax credit. We rely on this decomposition to assess the specific effect of the R&D tax credit in the framework of
an econometric mo del estimated on a panel of French Manufacturing firms over the period 1980-1997. The effect of the
user cost on R&D is thus identified by the changes in the tax policies during the estimation period, and more precisely
the changes in the statutory rate of R&D tax credit, and definitions of its floor and ceiling.
Although future demand prospects remain the main determinant of firm investment in R&D, we find that the reduction
in user cost of R&D capital, mainly induced by the R&D tax credit, has a large significant positive effect. We thus
estimate that a permanent increase of the rate of this tax credit by 10 % would lead to a development of R&D
investment and capital of 3% to 5.5%, which will correspond to an increase of R&D of the order of 2 to 3.5 times the
annual cost of this measure for the government budget. Such effect may seem very large, and our results will have to be
confirmed in future work, in particular on the more recent period, and if possible not only on the basis of the simulated
cost of the R&D tax credit, but also on the basis of data on the actual cost of (which is at the firm level a confidential
information).
Keywords : R&D, R&D Capital, R&D Tax Credit, Cost of Capital. . JEL Classification:O32, H25,H32.
#
Nous remercions Bronwyn Hall et Pierre Mohnen pour leurs commentaires, ainsi que les participants aux XX ème
journées de micro-économie appliquée (Montpellier, 2003) et du Congrès annuel de l’European Economic Association
(Stockholm, 2003). Les résultats obtenus, les interprétations et jugements exprimés par les auteurs ne sauraient engager
l’INSEE.
1
Adresse : CREST – INSEE, 15 boulevard Gabriel Péri, 92245 MALAKOFF Cédex, E-mail :
[email protected].
2
Adresse : INSEE – DR Midi-Pyrénées, 36 Rue des 36-Ponts, 31054 TOULOUSE Cédex 4, E-mail :
[email protected]
0
1.
INTRODUCTION
Au cours des années récentes, plusieurs études économétriques sur données de panel
d’entreprises ont cherché à apprécier dans quelle mesure les contraintes financières pesant sur les
entreprises et les caractéristiques nationales des marchés des capitaux affectaient leurs
comportements d’investissements en général et en Recherche et Développement (R&D) en
particulier 3 . Elles ont montré notamment que les contraintes financières jouaient moins sur les
investissements dans les pays d’Europe continentale (Allemagne et France) que dans les pays
anglo-saxons (Etats-Unis, Grande-Bretagne), où les marchés financiers sont les plus actifs et se
montrent sans doute plus exigeants en termes de rentabilité attendue.
Ces études ont généralement renoncé à considérer explicitement l’effet du coût d’usage du
capital, ce coût étant particulièrement difficile à mesurer sur les données individuelles d’entreprises.
Dans deux études récentes, Chirinko, Fazzari et Meyer (1999 et 2002) ont néanmoins proposé
d’utiliser des prix d'investissement disponibles à un niveau sectoriel très détaillé, combinés à des
taux de dépréciation calculés également à ce niveau, afin d’obtenir des mesures du coût d’usage
présentant une variabilité individuelle suffisante pour permettre des estimations économétriques. Ils
trouvent ainsi une élasticité de l’investissement à son coût de l’ordre de 0.3 à 0.5. Cette approche se
distingue de celle plus traditionnelle qui consiste à utiliser les particularités du système fiscal afin
d’en déduire un coût d’usage du capital propre à chaque entreprise. Celle-ci, initiée par Hall et
Jorgenson (1967) et Coen (1969) dans le cadre du modèle néo-classique de l’investissement, a été à
la base de très nombreux travaux. Stiglitz (1973), Auerbach (1983), King et Fullerton (1984) ou
Mayer (1986) ont notamment étudié l’effet des sources de financement et de la taxation sur le coût
du capital. Summers (1981) a estimé l’effet de la taxation dans un modèle du type q de Tobin, alors
que Devereux, Keen et Schiantarelli (1994) ont développé une analyse empirique des asymétries sur
le système de taxation. Plus récemment Cummins, Hassett et Hubbard (1994) ont prôné l’idée que
les changements des règles fiscales pouvaient constituer l’équivalent d’une «expérience quasinaturelle », et permettre ainsi d’estimer de façon plus assurée l’effet du coût du capital sur
l’investissement, et partant celui de la politique fiscale. Harhoff et Ramb (2000) utilisent cette
approche dans le cas de l’Allemagne, et Crépon et Gianella (2001) ont recours également à elle
pour estimer dans le cas de la France un modèle complet de demande de facteurs.
L’approche par la fiscalité a été étendue assez naturellement aux investissements en R&D
des entreprises, même si les études restent beaucoup moins nombreuses que pour les
investissements physiques. Hall (1993), à la suite de certains travaux des années quatre- vingts, a
poursuivi une série d’analyses de ce type, concernant notamment l’instauration d’un crédit d’impôtrecherche sur la R&D. 4 Ces premiers travaux qui portaient sur les Etats-Unis ont été repris par la
suite pour de nombreux autres pays. 5 Citons notamment Griffith, Sandler et Van Reenen (1995)
pour la Grande-Bretagne, Dagenais, Mohnen et Therrien (1997) pour le Canada, Bond, Harhoff et
Van Reenen (1999) pour une comparaison entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne, ou encore
Bloom, Griffith et Van Reenen (1999) pour une étude sur un ensemble de pays à partir de données
agrégées nationales, à la différence des études précédentes faites sur données d’entreprises. La seule
3
Voir en ce qui concerne la R&D et la France, pour un échantillon d’entreprises très proche de celui de la présente étude
(et dans le cadre d’une comparaison avec les Etats –Unis) Mulkay, Mairesse et Hall (2001).
4
Voir notamment, antérieurement, les articles de Eisner, Albert et Sullivan (1986), et de Mansfield et Switzer (1985).
5
Voir l’article de Hall et Van Reenen (2000) pour une synthèse des fondements et principaux résultats de ces études.
1
étude à notre connaissance pour la France est celle de Asmussen et Berriot (1993) sur un échantillon
de 350 entreprises investissant en R&D sur la période 1985-1989.6
A l’exemple de ces études, notre analyse a pour objectif d’évaluer l’effet du coût d’usage
du capital de recherche sur les dépenses de R&D des entreprises privées françaises. Elle concerne
ainsi un panel non cylindré d’environ 750 entreprises sur la période 1980-1997. Une des originalités
de l’étude consiste à proposer une décomposition du coût du capital en quatre composantes. Cellesci correspondent à une séquence d’hypothèses de calcul plus ou moins fortes qui sont relâchées
successivement. Partant ainsi de l’expression du coût d’usage du capital de Jorgenson dans une
économie «parfaite » sans taxation et sans asymétrie d’information entre apporteurs de capitaux
externes et dirigeants de l’entreprise, on tient d’abord compte de la différentiation entre le taux de
rendement (ρ) et le taux d’intérêt (r) sur la dette de l’entreprise, qui est liée à l’imperfection des
marchés des capitaux ; on tient compte ensuite des écarts qui résultent des caractéristiques de la
fiscalité des entreprises : assiette de l’impôt des sociétés, déductibilité fiscale des amortissements, et
enfin crédit d’impôt. On peut penser en effet que les quatre composantes du coût d’usage ainsi
calculées présentent une variabilité individuelle plus ou moins élevée et qu’elles sont affectées
d’erreurs de mesure plus ou moins fortes, et s’attendre en conséquence à ce que chacune d’elles
conduise à des estimations de l’élasticité au coût plus ou moins biaisées et aussi plus ou moins
précises.
Nous nous intéressons ici plus spécialement à la composante du coût d’usage liée au
Crédit d’Impôt Recherche (CIR), qui a été institué en France en 1983 comme un des éléments de la
politique de la recherche en direction des entreprises privées, et plus particulièrement des PME
innovantes. Ce mécanisme incitatif compliqué a la caractéristique de porter sur les accroissements
des dépenses de recherche et non sur leurs montants. Il a été aussi modifié de nombreuses fois avec
des changements d’assiette, de taux, de plafond et autres modalités précises de calcul. On peut
espérer, du fait même de cette caractéristique et de ces modifications, que la composante CIR du
coût d’usage est relativement variable et assez bien mesurée. On peut escompter ainsi pouvoir
estimer avec une certaine précision et une certaine fiabilité l’élasticité de la R&D à son coût
d’usage, et l’effet propre du CIR. C’est ce que semble montrer notre étude puisqu’elle conduit à des
estimations élevées, qui paraissent assez robustes au stade actuel, même s’il conviendra d’essayer
de les confirmer et de les préciser par d’autres investigations.
Dans la seconde partie de cet article, nous rappelons le modèle de choix optimal, à
l’équilibre de long terme, du capital et de l’investissement de l’entreprise (section 2.1), nous
justifions brièvement la spécification dynamique retenue pour ce modèle (section 2.2), et donnons
quelques indications sur les méthodes d’estimation mises en oeuvre (section 2.3). Nous explicitons
ensuite l’expression du coût d’usage du capital de recherche et expliquons la décomposition que
nous proposons en quatre composantes, dont celle propre au crédit d’impôt recherche (section 2.4).
Nous apportons enfin dans cette partie des précisions sur le crédit d’impôt recherche (section 2.5),
et présentons des statistiques descriptives sur les principales variables de l’étude, en particulier
celles concernant la variabilité des composantes du coût d’usage (section 2.6). Dans la troisième
partie, nous commentons les résultats : nous présentons les principales estimations économétriques
obtenues (section 3.1), et à titre d’illustration, nous évaluons sur la base de ces estimations ce que
pourrait être l’influence d’une augmentation du taux de crédit d’impôt sur la R&D des entreprises.
Nous concluons succinctement en esquissant des voies possibles de confirmation et
d’approfondissement de ces premiers résultats.
6
Cette étude trouve une élasticité de la R&D au coût d’usage de 0.25, statistiquement significative mais faible par
rapport à nos estimations qui portent sur une période plus longue et plus récente et sont obtenues pour un échantillon
d’entreprises deux fois plus grand.
2
2. LE CADRE DE L’ETUDE : MODELISATION DUCAPITAL ET DE
l’INVESTISSEMENT, DECOMPOSITION DU COUT D’USAGE ET CREDIT
D’IMPOT RECHERCHE, ET STATISTIQUES DESCRIPTIVES
2.1 Investissement et capital de recherche optimal.
Dans la suite des travaux initiés par Jorgenson (1963) dans les années soixante, le modèle
néo-classique de choix optimal du capital et de l’investissement de l’entreprise se fonde sur l’égalité
à l’équilibre de long terme entre la productivité marginale du capital et le coût d’usage réel du
capital. Cette relation de long terme vaut également pour la productivité marginale du capital de
recherche, et on peut ainsi écrire à l’équilibre pour l’année t :
∂Ft +1 (K t , X t+1 ) Ct +1
=
∂K t
Pt +1
(1)
où K est le stock de capital de recherche (d’équilibre ou optimal), C est le coût d’usage du capital de
recherche, P le prix de la production, et X désigne les autres facteurs de production, ceux-ci pouvant
être introduit individuellement comme facteurs supplémentaires dans la fonction de production F,
ou bien comme un seul facteur composite. Le capital K étant supposé mesuré en fin d’année,
l’écriture de la relation suppose que la production dépend du capital de recherche du début de la
période. Pour obtenir une équation explicite, on peut simplement supposer que la fonction de
−η ρ
production spécifiée est de type CES : Q = F Kt ,Xt +1 = γ κ Kt−ρ + 1−κ X − ρ
, où
t +1 t +1
t +1
σ =ρ/( 1+ρ) est l’élasticité de substitution entre le capital recherche et les autres facteurs de
production X considéré comme un facteur composite regroupant par exemple le travail et les
services du capital physique, et η est le rendement d’échelle. On obtient alors pour la demande de
(σ +1 −σ ) C −σ
η t +1
capital la relation : Kt = AQ
.
, où A est une constante, ou encore en logarithmes
P
t +1
t +1
la relation :
(
kt = a + β qt +1 − σ ct +1 − pt +1
)
(2)
où les logarithmes des variables sont notés en minuscules, et où β = σ + (1 − σ ) / η est l’élasticité du
capital à la production en volume. On peut noter que cette élasticité est unitaire (β = 1 ) si les
rendements d’échelle sont constants (η = 1 ), ou si la fonction de production est Cobb-Douglas
( σ = 1 ).
L’expression de la demande de capital (2) en fonction de la production en volume (Q) et de
son prix (P) fait problème lorsqu’on veut l’estimer sur données individuelles d’entreprises. Ces
variables ne sont pas (ou très rarement) mesurées au niveau de l’entreprise, où l’on dispose
seulement de la production (ou des ventes, ou de la valeur ajoutée) en valeur : V=P.Q . Les prix de
production sont en outre souvent une variable de décision pour l’entreprise, dans la mesure où elle
peut exercer un pouvoir de marché, notamment en produisant des biens différenciés de ceux de ses
3
concurrents. 7 Nous pouvons néanmoins réécrire la demande de capital en termes de la production en
valeur (ou de la valeur ajoutée nominale), en éliminant la variable de prix. Si nous supposons
simplement que l’entreprise fait face à une demande à élasticité-prix constante (ε > 1 ) , on peut
écrire : Q = D P−ε ou P = D1/ε Q−1/ ε , où D0 = Q0 / P0−ε désigne un facteur global de demande,
0
0
indépendant du prix de l’entreprise, mais dépendant du niveau d’ensemble (ou sectoriel) des prix et
−1/( ε −1) µ
de l’état général de la conjoncture, ou encore après quelques réarrangements : Q = D0
V
1/( ε −1) −1/( ε −1)
et P = D0
V
où µ=[1−(1/ ε)]−1 est le taux de marge du prix sur le coût marginal.
En passant ces expressions en logarithmes et en les utilisant dans (2) pour éliminer la production en
volume et son prix, on peut exprimer la demande de capital d’équilibre comme :
k = a +ϕ d0 +θ v −σc = α +θ v −σ c
(3)
σ −1
µ
8
avec ϕ =
, θ = σ + (1 − σ) et α = a + ϕ d 0 .
η
(ε − 1)η
Le capital recherche désiré (3) dépend donc du coût d’usage du capital nominal (c), de la
production nominale de l’entreprise ou de son chiffre d’affaires (v), et d’une demande autonome
(d0 ), qui sera exprimée dans les estimations par des indicatrices temporelles à défaut d’autres
variables. Le coût du capital affecte toujours négativement le stock de capital optimal avec une
élasticité égale à l’élasticité de substitution entre ce stock de capital et l’autre facteur (composite) de
production. L’effet du coût du capital sur la R&D sera donc d’autant plus faible que la substitution
entre capital de recherche et les autres moyens de production sera faible.
2.2 Une spécification économétrique dynamique
L’expression de long terme (3) peut être introduite directement dans une relation
économétrique dynamique pour tenir compte des différents délais dans la décision d’investissement
ou de recherche, sans chercher à modéliser directement les coûts d’ajustement correspondants. Il
s’agit principalement d’abord des délais de reconnaissance du changement de l’environnement
économique, de mise au point des projets d’investissement ou de recherche, et d’obtention d’un
financement ; il s’agit ensuite des délais de commande et de mise en œuvre. Nous sommes ainsi
conduit à retenir la formulation autorégressive à retards échelonnés ADL(3,3) suivante :
k t = α + γ 1 k t −1 + γ 2 k t −2 + γ 3 k t − 3 + β 0 v t+1 + β1v t + β 2 v t −1 + β 3 v t −2
+ σ 0 ct +1 + σ1 ct + σ 2 c t −1 + σ 3 c t − 2 + ε t
(4)
7
Comme on ne dispose pas d’informations sur ces prix au niveau de l’entreprise, on remplace souvent le prix de
production individuel par un prix de production sectoriel à un niveau assez agrégé, ce qui peut impliquer des erreurs de
spécification.. Sur ce point, voir notamment Mairesse et Desplatz (2003).
8
Si la fonction de production est de type Cobb-Douglas ( σ = 1 ), l’élasticité du capital à la production (en valeur) sera
toujours unitaire : θ = β = 1 , comme dans le cas avec la production en volume. En revanche si les rendements
d’échelle sont constants ( η = 1 ), on aura alors : θ =
σ + (1 − σ) µ ≥ 1
égale dans les deux modèles si on est en situation de concurrence parfaite :
σ ≤ 1 . L’élasticité du capital sera
θ = β si ε → ∞ . Enfin si on suppose que
si
l’élasticité de substitution est relativement faible ( σ < 1 ), l’élasticité du capital sera inférieure à l’unité si les
rendements d’échelle sont plus importants que le coefficient de mark-up µ .
4
Contrairement aux études traditionnelles sur l’investissement qui différencient cette
relation afin d’obtenir une spécification économétrique de type accélérateur, nous la transformons
simplement en un modèle à correction d’erreurs ECM(3,3) pour l’estimer plus commodément 9 .
Comme dans ces études toutefois, nous remplaçons aussi la différence logarithmique du stock de
capital de recherche par le taux d’investissement en R&D ( ∆k t ≈ ( Rt / K t −1 ) − δ , où Rt est
l’investissement en R&D de l’entreprise, et δ le taux de dépréciation économique pour l’entreprise
de la R&D. Comme nous estimons ce modèle sur des données de panel, nous introduisons d’une
part des effets fixes individuels α i pour tenir compte de caractéristiques non observées (et supposées
pratiquement constantes) des entreprises, et d’autre part des variables indicatrices temporelles ϕt
pour prendre en compte l’état de la conjoncture de la demande (et autres caractéristiques
d’environnement macroéconomique supposées pratiquement identiques pour toutes les entreprises à
la même période). 10 Au total, la spécification économétrique que nous considérons s’écrit :
Rit
R
R
= α i + η1 it −1 + η2 it− 2 + ξ 0 ∆v it+1 + ξ1∆v it + ξ 2 ∆vit−1
K it −1
K it− 2
K it− 3
+ ζ 0 ∆c it+1 + ζ1 ∆cit + ζ 2 ∆c it−1 + ϕ(k it −1 − v it − cit ) + λvit + λ ' cit + ϕ t + ε it
(5)
Dans de cette formulation du modèle à correction d’erreurs, les effets de long terme de la
demande et du coût d’usage sur la R&D dépendent uniquement du paramètre de correction d’erreur
ϕ qui détermine largement la vitesse d’ajustement, et des paramètres des variables en niveaux λ et
λ’ par les expressions :
θ LT = 1 −
λ
ϕ
et
σ LT = 1 −
λ'
ϕ
(6)
Les élasticités de court terme s’écrivent également comme des fonctions non linéaires des
paramètres du modèle ECM.
9
Mairesse, Hall et Mulkay (1999) ont souligné les différences d’approche entre la modélisation de type accélérateur et
la modélisation en termes de correction d’erreurs. Cette dernière permet de conserver l’équilibre de long terme, alors
que la première élimine la notion d’équilibre en niveau pour privilégier un équilibre en croissance, modifiant
sensiblement les propriétés du modèle. De plus, cette transformation en modèle à correction d’erreurs ne change rien à
la structure de la spécification ADL, car ce n’est en effet qu’une reparamétrisation de cette spécification. Voir Mulkay,
Hall, Mairesse (2001) pour une présentation détaillée du passage de la forme ADL(3, 3) à la forme ECM(3, 3). Pour une
comparaison avec des modèles incluant des ajustements explicites via des coûts d’ajustements, on peut voir aussi Bond,
Elston, Mairesse et Mulkay (2003).
10
On peut aussi introduire dans le modèle des variables additionnelles pour tenir compte d’autres facteurs affectant la
R&D, notamment des variables de cash-flow ou de profit pouvant traduire des effets liés à des contraintes de
financement de l’entreprise. On peut en effet supposer que les entreprises subissent de telles contraintes du fait de
l’imperfection des marchés financiers, ou de l’asymétrie d’information sur les bénéfices attendus de leurs projets de
recherche. Ainsi le taux de cash-flow ou de profit pourrait affecter le profil de leurs dépenses de R&D, voire le niveau
de leur capital de recherche optimal. Cependant, comme Mulkay, Hall, Mairesse (2001) l’ont observé, il ne semble pas
que les entreprises françaises, contrairement aux entreprises américaines, aient à faire face à des contraintes financières
significatives. Nous avons de fait vérifié également dans le cas présent que nos résultats n’étaient pas modifiés
sensiblement en introduisant les variables de cash-flow (pour les années t+1, t, t -1 et t-2) dans la spécification ECM(3,3)
choisie.
5
2.3 Quelques remarques sur les méthodes d’estimation.
Plusieurs méthodes d’estimation sont proposées dans la littérature pour estimer un modèle
tel que le nôtre à partir d’un panel d’entreprises non cylindré sur une période relativement longue
(jusqu’à 18 années d’observations). La méthode des moments généralisée peut sembler la plus
séduisante (Arellano et Bond, 1991). Elle consiste d’abord à transformer le modèle en différences
premières afin d’éliminer les effets individuels, et à instrumenter les variables explicatives écrites
en différences premières par ces mêmes variables en niveaux mais retardées en général d’au moins
deux périodes et plus. L’avantage de cette méthode tient au fait qu’elle corrige en principe les biais
dus à la présence de la variable dépendante retardée, à la possibilité d’une endogénéité des autres
variables explicatives, et à celle d’erreurs de mesure sur les variables. Cependant les corrélations
entre variables en différences premières et en niveaux retardés sont souvent très faibles, et la
méthode conduit alors à des estimations extrêmement imprécises, à partir desquelles il est difficile
de tirer des conclusions relativement fermes. 11 .
Comme dans nos travaux précédents (cf. note 8), nous avons plutôt préféré utiliser la
méthode traditionnelle d’estimation intra- individuelle (« within firm ») qui consiste à éliminer les
effets individuels en centrant les variables par rapport à leurs moyennes individuelles. Ces
estimations intra- individuelles sont sujettes à un biais provenant de la présence de la variable
dépendante retardée comme variable explicative (voir Nickell, 1981). Toutefois ce biais diminue
rapidement lorsque le nombre d’observations par entreprise augmente, et comme nous disposons
d’une période d’estimation assez longue (et plus longue que dans la majorité des études sur données
de panel), le biais négatif affectant principalement les paramètres autorégressifs du modèle est en
fait relativement faible, même pour des valeurs élevées de ces paramètres. Notons néanmoins que
du fait que nous ajoutons au modèle des indicatrices temporelles, seule compte pour les estimations
la variabilité des différentes variables dans leur double dimension intra- individuelle et intratemporelle. Il n’est donc possible d’estimer de façon satisfaisante que les effets des variables pour
lesquelles cette variabilité est assez forte.
En ce qui concerne l’endogénéité des autres variables explicatives, il s’agit d’un problème
général, dont on peut penser qu’elle n’affecte aussi qu’assez faiblement les estimations intraindividuelles. 12 . Pour ce qui est des bia is (vers zéro) qui peuvent résulter des erreurs de mesure sur
les variables (si elles sont aléatoires), la décomposition du coût d’usage du capital en composantes
susceptibles d’être affectées différemment par de telles erreurs devrait permettre de s’en fa ire une
certaine idée. 13 .
2.4 Une décomposition du coût d’usage du capital recherche
Le coût d’usage du capital, utilisé dans cette étude, est comparable à celui de Hall et
Jorgenson (1967). Il dépend des prix et des taux d’intérêt, du taux de taxation sur les bénéfices des
entreprises, et de paramètres comme les taux de dépréciation économique et fiscale du capital. Il
peut s’écrire de la façon suivante :
11
C’est le problème bien connu des instruments faibles (voir par exemple Staiger et Stock, 1997).
C’est une des conclusions avancées par Mairesse, Hall et Mulkay (1999) dans leur étude sur l’investissement
physique des entreprises.
13
Voir Dormont (1983) pour une étude de la demande de facteurs, où l’auteur mets en œuvre un raisonnement
analogue.
12
6
ρ
δ
π
τΨ
γ
C = P RD sr + (1 − s )
+
−
−
( ρ +δ -π ) −
( ρ + δ − π ) = P RDω
1 − τ 1 − τ 1 − τ 1- τ
1 −τ
avec :
C
PRD
s
r
ρ
t
δ
π
Ψ
γ
(7)
: Coût d’usage du capital
: Prix de la R&D
: Taux d’endettement
: Taux d’intérêt de l’entreprise
: Taux de rendement requis
: Taux de taxation sur les bénéfices (impôts des sociétés)
: Taux de dépréciation économique
: Taux de variation du prix de la R&D
: Paramètre de dépréciation fiscal
: Paramètre du crédit d’impôt recherche.
Dans cette formule, ω est le coût d’usage annuel total correspondant à un investissement de R&D
unitaire, tandis que γ mesure la réduction de prix résultant du crédit d’impôt recherche pour cet
investissement unitaire. 14
Dans l’espoir d’estimer l’élasticité de la R&D au coût d’usage de façon plus satisfaisante,
compte tenu des incertitudes de sa mesure, nous considérons une décomposition de son expression
(7) séparant les effets des caractéristiques principales du marché des capitaux et de la taxation des
entreprises. 15 . Pour cela, nous partons de la formulation du coût d’usage du capital proposée par
Jorgenson (1963), mais adaptée à la situation (appelée MC) où les marchés de capitaux sont
imparfaits et où l’entreprise doit se financer par un endettement à un coût différent de son
autofinancement. Nous la généralisons ensuite pour tenir compte successivement de la non
neutralité de la taxation des bénéfices des entreprises (IB) par rapport à leur endettement, du fait
d’une dépréciation fiscale (DF) plus rapide que la dépréciation économique, et finalement de
l’existence d’un crédit d’impôt recherche (CI). 16
Au total, nous pouvons décomposer simplement, de façon linéaire en logarithmes, le taux
d’usage du capital recherche suivant les quatre composantes suivantes :
log(?)=log(? 1 ) + [log(? 2 )-log(? 1) ] + [log(? 3 )-log(? 2 )] + [ log(? 4 )-log(? 3 ) ]
1
424
3 144
42444
3 14442444
3 14442444
3
GMC
GIB
GDF
GCI
(8)
avec :
ω1 = ( s.r + (1 − s) ρ ) + δ − π
(9a)
ρ δ
π
ω 2 = sr + (1 − s )
−
+
1−τ 1−τ 1−τ
(9b)
Dans cette formule le coefficient Ψ = 1 (1 + ρ) correspond à la valeur actualisée des déductions fiscales autorisées
au titre de l’amortissement pour un investissement de R&D unitaire, en supposant que les investissements de R&D sont
déductibles immédiatement comme des dépenses courantes.
15
Voir Mulkay et Mairesse (2003) pour une présentation plus détaillée du calcul du coût du capital et de cette
décomposition.
16
L’ordre dans lequel ces caractéristiques sont prises successivement en compte n’est pas indifférent pour l’analyse,
cependant nous pensons que l’ordre choisi ici est logique et pertinent pour étudier plus particulièrement les effets du
crédit d’impôt recherche.
14
7
ρ
δ
ω = sr + (1 − s)
+
3
1 −τ 1 −τ
ρ δ
ω 4 = ω = sr +(1-s) +
1-τ 1-τ
−
π
1 −τ
−
ρ + δ − π
1 − τ 1 + ρ
τ
π τ ρ +δ -π
- -
1-τ 1-τ 1+ρ
γ
ρ
+
δ
π
(
)
1-τ
(9c)
(9d)
Le financement par endettement n’a pas un coût identique à l’autofinancement de
l’entreprise. Si les marchés des capitaux sont imparfaits du fait de la présence de coûts de faillite ou
d’une information asymétrique au détriment de l’apporteur de capitaux externes à l’entreprise
(banque ou marché financier), il y aura une différence entre le taux de rendement ρ requis par
l’actionnaire sur les fonds propres de l’entreprise et le taux d’intérêt r sur la dette de l’entreprise :
r ≠ ρ . Dès lors, ΓMC donne l’effet de base du coût du capital avec imperfection des marchés de
capitaux mais sans taxation des bénéfices.
L’effet de la fiscalité des entreprises est mesuré par ΓIB . Dans un premier temps, la
taxation sur les bénéfices réduit le coût de la dette (si l’entreprise est endettée) parce que les intérêts
sont déductibles de la base taxable de l’entreprise : en fait l’entreprise ne paye que la fraction
( 1 − τ ) des intérêts nominaux. Ensuite la taxation sur les bénéfices augmente directement le coût du
capital du fait qu’une partie des revenus nets de l’investissement en capital recherche sont prélevés
par l’Etat. Ces deux effets sont donc contradictoires, mais généralement le second, l’effet de
prélèvement, est supérieur au premier, sauf pour des entreprises très largement endettées. 17
ΓDF donne l’effet de la dépréciation fiscale. Nous considérons ici que l’intégralité des
dépenses de R&D sont des dépenses courantes (non passées en immobilisations au bilan, ce qui est
le cas pour 90% de ces dépenses constituées surtout par les salaires des chercheurs, ainsi que les
achats courants, hors équipements, des laboratoires). Ces dépenses sont donc amorties en une seule
période, et correspondent à un coefficient d’actualisation Ψ = 1 (1 + ρ) dans (7), d’où (9c).
Finalement ( ΓCI ) est l’effet du crédit d’impôt recherche sur le coût d’usage. Celui- ci est un
crédit d’impôt recherche incrémental, c'est-à-dire qu’il porte sur l’accroissement des dépenses de
R&D des entreprises (avec un plafonnement de la déduction fiscale possible). Dans son expression
(9d), γ correspond au paramètre fiscal du crédit d’impôt marginal, c’est-à-dire le facteur de
réduction du coût du capital du fait du crédit d’impôt. Le fait que le crédit d’impôt recherche ne
joue que pour un accroissement, ainsi que son plafonnement, implique qu’il n’est pas constant mais
présente une forte variabilité intra-individuelle et intra-temporelle, favorable à une estimation
satisfaisante de son effet incitatif.
17
Dans la pratique, la moyenne de cet effet implique un relèvement du coût d’usage du capital (voir la section 2.6. cidessous).
8
2.5 Le Crédit d’Impôt Recherche (CIR).
Le crédit d’impôt recherche (CIR) a été introduit en France en 1983. 18 Depuis la
législation fiscale précise le concernant a changé de nombreuses fois avec des modifications
importantes du calcul de son assiette, des secteurs concernés, de son taux, et de son plafond, afin
notamment de favoriser la R&D dans les petites et moyennes entreprises. 19 Le nombre d’entreprises
bénéficiaires a atteint 7 500 en 1990, mais a décru par la suite pour retomber à moins de 3 000 en
2001, comme l’indique le Graphique 1. 20 Le coût budgétaire total pour l’Etat a évolué de 430
Millions de Francs en 1983, pour atteindre un sommet en 1991 non négligeable pour les finances
publiques de 5 Milliards de Francs. Il diminue par la suite à 2.6 Milliards en 1994, pour finalement
remonter à 3.4 Milliards de Francs en 2001, soit une évolution de 29 % sur cette période alors que
l’inflation est de 10 %. Ces chiffres sont à comparer aux dépenses de R&D pour l’ensemble des
entreprises françaises : 132 Milliards de Francs en 2001, ou aux dépenses des seules entreprises
bénéficiaires : 70 Milliards de Francs en 2001. Ainsi, environ 53 % des dépenses totales de R&D
sont touchées par le CIR, et celui-ci représente environ 4,8 % des dépenses de R&D des entreprises
bénéficiaires.
8 000
6 000
4 000
2 000
0
1983
1985
1987
1989
1991
Entreprises Bénéficiaires
1993
1995
1997
1999
2001
Montant du CIR (en Millions de Francs)
Graphique 1 : Nombre de Bénéficiaires et Montant Total
du Crédit d’Impôt Recherche, 1983 - 2001.
18
Pour plus de renseignements sur ce Crédit d’Impôt Recherche, on peut se référer au site internet du Ministère de la
Recherche et des Nouvelles Technologies : http://www.recherche.gouv.fr/technologie/mesur/cir , ou plus
particulièrement au « Guide du Crédit d’Impôt Recherche » (Juillet 2000) et au rapport sur les « Mesures de soutien à
l’Innovation et au développement technologique » (Mars 2002) du Ministère de la Recherche. Une analyse économique
détaillée de ces changements est présentée dans Mulkay et Mairesse (2003).
19
On ne s’attardera pas ici à la définition précise des dépenses de R&D éligibles pour ce crédit d’impôt recherche. On
suppose qu’il y a un rapport constant entre les dépenses intérieures de R&D observées dans l’enquête sur la R&D
(définie sur la base du manuel de Frascati) et les dépenses de R&D prises en compte dans le calcul du crédit d’impôt
recherche.
20
Les secteurs des industries agroalimentaires, de l’habillement et du cuir étaient exclus du dispositif avant 1992.
9
En 1983 et 1984, le taux du CIR a été fixé à 25% de l’augmentation des dépenses de R&D
par rapport à l’année précédente avec un plafond de 3 millions de Francs. En 1985, le taux du CIR
est passé à 50 %, avec un plafond de 5 millions de Francs. En 1988, le plafond a été revu à la hausse
pour un montant de 10 millions de Francs. De 1988 et 1990, un second crédit d’impôt incrémental a
été aussi institué portant sur l’augmentation des dépenses de R&D par rapport à l’année 1987, avec
un plafond de 0.9 millions de Francs. Celui-ci sera appelé dans la suite le crédit d’impôt spécial. En
1991 le plafond du CIR a été finalement porté au niveau de 40 Millions de Francs, et n’a plus été
révisé par la suite. 21 A partir de 1991 également, l’augmentation des dépenses de R&D a été
calculée non plus par rapport à la seule année précédente mais par rapport à la moyenne des deux
années précédentes. 22
Comme on le constate sur le tableau donné en Annexe 1, la proportion des entreprises au
plancher dans notre échantillon (avec des dépenses de R&D qui n’augmentent pas) s’est élevée
tendanciellement surtout après 1991 en atteignant 46 % en 1993 et même 53 % en 1996, alors que
ce niveau était plus faible au début de la période (25% en 1985 par exemple). L’explication tient en
partie à la conjoncture économique de la période, mais aussi au fait que le CIR est de plus en plus
difficile à obtenir régulièrement, les entreprises devant pour cela augmenter d’une année à l’autre
leurs dépenses de R&D. On voit aussi que la proportion des entreprises dépassant le plafond dans
notre échantillon a quant à elle fortement diminué lorsque le plafond a quadruplé à partir de 1991,
celui-ci ne restant effectif que pour une poignée d’entreprises. Au total, le CIR s’applique
pleinement pour plus de 60 % des entreprises de l’échantillon de 1983 jusqu’en 1991 avec une
tendance à la diminution depuis (et un taux de bénéficiaires de un peu moins de 50 % en 1996 et
1997).
Le calcul du paramètre de prix γ du CIR dans le coût d’usage du capital et celui du taux
effectif du CIR, noté θ*, tenant compte de son caractère incrémental et du plancher correspondant,
ainsi que de son plafond, sont présentés dans le Tableau 1.
Entreprises
Taux Effectif
du Crédit
d’Impôt
Recherche
Au Plancher
Rt ≤ Rt −1
θ* = 0
Entre le Plancher
et le Plafond
Rt−1 < Rt ≤ Rt −1
θ* = θ
γ = θ*
ρt
1 + ρt
γ = θ*
ρ t 1.5 + ρt
1 + ρt 1 + ρt
Au Plafond
Rt > Rt −1
R
θ* = θ t −1
Rt
γ = θ*
ρt
1 + ρt
γ = θ*
ρ t 1.5 + ρt
1 + ρt 1 + ρt
Niveau du
Plafond (Rt −1 )
Paramètre du Crédit d’Impôt Recherche
1983 ≤ t ≤ 1990
t ≥ 1991
γ =0
γ =0
CIRtmax
θ
+ Rt −1
CIR tmax
θ
Rt−1 + Rt −2
+
2
Tableau 1 : Taux Effectif et Paramètre Fiscal du Crédit d’Impôt Recherche.
21
En 2003 , le taux de crédit d’impôt et le plafond sont toujours respectivement fixés à 50 % et à l’équivalent de 40
millions de francs en euros.
22
Les lois de finances ont prévu une possibilité de remboursement ou de report ultérieur d’un crédit d’impôt
négatif dans le cas où les entreprises cesseraient ou diminueraient leurs dépenses de R&D. De plus si l’entreprise ne
paie pas d’impôt sur le bénéfice, elle peut reporter le crédit d’impôt recherche lors des 3 années suivantes. Nous ne
tenons pas compte dans nos calculs de ces possibilités de report, relativement peu utilisées.
10
Le taux effectif θ* du CIR incrémental est égal à θ, taux réglementaire normal (de 25 %
en 1983 et 1984, et de 50 % depuis) lorsque les dépenses de recherche Rt de l’entreprise sont
supérieures au plancher Rt inf, et inférieures au plafond Rt sup . Il est fixé à zéro si elles sont inférieures
au plancher, et il est réduit proportionnellement au dépassement du plafond lorsqu’elles sont
supérieures à celui-ci. Alors que jusqu’en 1990, le plancher Rt inf du CIR était les dépenses de R&D
de l’année précédente, il est calculé depuis comme la moyenne des dépenses des deux années
précédentes. Le plafond Rt sup du CIR dépend à la fois du montant maximum possible CIR tmax et des
dépenses de R&D de l’année précédente jusqu’en 1990, et celles des deux années précédentes
après. On remarque ainsi que le paramètre de prix γ du CIR est supérieur à partir de 1991 par
rapport à la période antérieure pour un même taux de rendement ρ.
Le paramètre γ mesure la réduction en pourcentage du prix de l’investissement résultant
du CIR et détermine l’effet du crédit d’impôt recherche sur le coût du capital. Il convient de
souligner que γ dépend lui- même (proportionnellement) du taux de rendement ρ de l’entreprise.
Plus ce taux de rendement est élevé, plus le crédit d’impôt recherche est important. A la limite, s’il
n’y avait pas d’actualisation (un taux de rendement nul), γ serait nul et le crédit d’impôt recherche
n’aurait aucune influence sur le coût du capital. ¨Ce fait tient évidemment au caractère incrémental
du CIR.
Le Graphique 2 présente l’évolution annuelle moyenne du paramètre γ de crédit d’impôt
recherche sous deux scénarios : pour les seules entreprises qui bénéficient pleinement du CIR (avec
des dépenses de R&D en augmentation, mais en dessous du plafond de dépenses) ; et en moyenne
pour l’ensemble des entreprises, compte tenu de celles qui n’en bénéficient pas car elles sont au
plancher du CIR (leurs dépenses de R&D sont en diminution), ou seulement partiellement car leur
CIR dépasse le plafond autorisé. On a aussi indiqué en trait plein sur le graphique l’effet total du
CIR (CIR normal et CIR spécial portant seulement des années 1988 à 1990), et en pointillé l’effet
du seul crédit d’impôt normal (sans le CIR spécial).
11
15%
12%
9%
6%
3%
0%
1983
1984
1985
1986
1987
Effet de Base
1988
1989
1990
1991
Effet Normal
1992
1993
1994
1995
1996
1997
Effet Normal et Spécial
Graphique 2 : Effet du Crédit d’Impôt Recherche (γ)
Pour l’ensemble des entreprises, le crédit d’impôt réduit le prix de la R&D de 3% en
moyenne. 23 Cet effet a augmenté jusqu’en 1991, pour atteindre 4,5%, mais il décline
tendanciellement depuis lors jusqu’à la fin de la période d’observation. Toutefois, pour les
entreprises qui peuvent bénéficier pleinement du CIR, l’effet moyen est supérieur d’environ 2
points. Le crédit d’impôt spécial qui s’y est ajouté de 1988 à 1989, a fortement accru les incitations
à effectuer des dépenses de R&D sur cette période : ainsi en 1990, l’effet moyen du CIR normal
était de 7,5%, alors que pour les entreprises pouvant utiliser pleinement les deux crédits d’impôt, il
culminait à 12%.
Le Graphique 3 présente quant à lui les évolution annuelles moyennes du coût d’usage du
capital calculé sans et avec CIR. Dans les deux cas, celui-ci a augmenté pendant les années quatrevingt du fait de la hausse du taux d’intérêt réel (corrigés des plus-values sur le capital) qui sont
passés de 2 à 10 % à cette époque. Il a eu tendance à diminuer ensuite du fait d’un retour des taux
d’intérêt à des niveaux plus raisonnables de 4 à 5 % à la fin de la période d’observation, ainsi que
de l’abaissement de la fiscalité sur les bénéfices des sociétés.
23
Autrement dit pour 100 Francs d’investissement en R&D effectuées par l’entreprise, 3 Francs environ lui sont
remboursés en moyenne par une réduction d’impôt sur le bénéfice.
12
0.22
0.19
0.16
0.13
0.10
1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Avec Crédit d'Impôt Recherche
Sans Crédit d'Impôt Recherche
Graphique 3 : Moyenne du Coût d’Usage d’une Unité
de Capital Recherche : 1980 – 1997.
On voit aussi sur le Graphique 3 que l’effet du CIR sur le coût d’usage (qui correspond à
l’écart entre les deux courbes) a quant à lui augmenté jusqu’en 1990, pour diminuer
tendanciellement par la suite. L’augmentation sur la première partie de la période est due
principalement à un relèvement du taux d’intérêt réel, l’effet du crédit d’impôt recherche étant
d’autant plus important que le taux d’intérêt réel est élevé, comme nous l’avons souligné. De plus,
entre 1988 et 1990, le crédit d’impôt spécial est venu renforcé cette évolution. Au total, en 1990, le
CIR correspond à une réduction moyenne de 14 % du coût d’usage d’une unité de capital recherche.
Par la suite, même si le calcul du plancher à partir de 1991 sur la base des deux années précédentes
est plus favorable aux entreprises, ce changement ne suffit pas à compenser l’effet de la diminution
des taux d’intérêt. En 1997, la réduction moyenne du coût d’usage n’est plus que de 5 %.
2.6 Statistiques descriptives des principales variables (1980 - 1997)
Pour cette étude, nous avons construit un panel d’environ 750 entreprises françaises
manufacturières françaises sur la période 1980 – 1997, ayant investi continûment en R&D. Plus
précisément, nous avons pu apparier les comptes et bilans d’entreprises et les données de R&D,
respectivement recueillis dans le cadre du système unifié de statistiques d’entreprises (SUSE) de
l’INSEE et dans les enquêtes annuelles sur la Recherche et Développement. Nous n’avons ensuite
considéré les entreprises appariées que pour les périodes de six années consécutives et plus où elles
ont déclarées avoir investi en R&D. 24 Nous avons ainsi obtenu un échantillon non cylindré sur la
période 1980 – 1997 où toutes les entreprises sont observées sans interruption sur au moins six
24
Nous avons aussi éliminés les observations correspondant à des valeurs extrêmes des variables principales. Plus
précisément, nous n’avons pas retenu les observations appartenant au premier et au dernier centiles de la distribution de
la productivité, de l’intensité capitalistique et du coefficient de capital, ni celles correspondants à des taux de croissance
de la valeur ajoutée ou de l’emploi supérieurs à 200 % ou inférieurs à 33 %. De mê me on a supprimé les observations
avec un taux d’accumulation du capital de R&D supérieur à 100% ou un taux d’investissement en R&D supérieur à 300
%. Nous avons enfin conservé uniquement les séquences d’observations complètes (sans observations manquantes )
pour chaque entreprise. Notons que du fait de ce choix, nous ne considérons pas les entreprises qui investissent en R&D
de façon intermittente, et n’étudions donc pas l’impact que le CIR peut avoir sur la décision de développer des activités
de recherche pour les entreprises qui n’en ont pas déjà.
13
années, où elles le sont pour la moitié d’entre elles sur au moins dix ans, et pour une sur huit sur
toute la période (dix- huit ans). 25
Dans le Tableau 2, nous donnons les statistiques descriptives : médiane, moyenne et écarttype des principales variables. La taille des entreprises de notre échantillon (L) est assez élevée avec
une médiane de 572 employés et une moyenne de plus du triple (1735 employés), ce qui traduit
l’asymétrie de la distribution des tailles des entreprises et le fait que les grandes entreprises
investissent plus souvent et régulièrement en R&D que celles de moindre taille. L’effectif médian
du personnel de R&D (L(R&D))est de 21 et l’investissement médian de R&D (R) de 5 millions de
Francs, avec une très forte asymétrie de distribution, l’effectif moyen étant 7 fois plus élevé (153) et
l’investissement 11 fois plus grand (54 millions). Le taux médian d’investissement en R&D (R/K)
est de 18,4 %, alors que l’on a supposé une dépréciation du capital recherche de 15 %, ce qui laisse
un accroissement net médian de 3,4 % du stock de R&D par an. Le taux de croissance annuel
moyen de la valeur ajoutée nominale (∆log(V)) pour les entreprises de notre échantillon est de 4,2
% en raison principalement d’un taux moyen d’inflation de 3,5 %, ce qui correspond à un taux de
croissance moyen pour la valeur ajoutée en volume de seulement 0,7%. Le coût nominal d’usage du
capital recherche (C) s’est accru annuellement de 7,7 % en moyenne, dont 5,0 % du fait de la
variation du prix de la R&D, et 2,7 % du fait de la variation du coût réel d’usage du capital. Le taux
d’endettement (s) est en moyenne de 47 % (par rapport au total du bilan net) et le taux d’intérêt
moyen (r) est à un niveau raisonnable de 9,4 %.
La diminution de prix (γ) de la R&D en raison du CIR pour les entreprises de notre
échantillon est en moyenne de 3,4% lorsqu’il est calculé en l’absence de plafond, et de 3,1% si on
en tient compte. Les estimations des coûts d’usage du capital recherche (ω1 à ω4) suivant la
décomposition que nous proposons sont pour les trois premières fortement différentes. Avec des
marchés de capitaux imparfaits, le coût d’usage s’élève en moyenne à 20 %, mais il augmente à
30,6% du fait de la fiscalité sur les bénéfices et revient à 17,7% du fait de la déductibilité totale des
dépenses de R&D. L’effet du CIR est relativement bien plus faible, diminuant le coût d’usage en
moyenne seulement de 1%, à 16, 6 %. Au total, le coût d’usage d’une unité de R&D est ainsi
environ égal en moyenne à un sixième de son prix.
25
Compte tenu des spécifications économétriques retenues de type ECM (équation (5)), la période d’estimation va en
fait de 1982-1996 (15 ans).
14
L
L (R&D)
R
R/K
∆log(V)
∆log(C)
∆log(C*)
r
s
γ Sans Plafond
γ Avec Plafond
ω1
ω2
ω3
ω4
Γ MC
Γ IB
Γ DF
Γ CI
572
21
5 056
18.4%
4.4%
5.5%
6.6%
8.7%
46.1%
3.8%
2.9%
0.199
0.306
0.183
0.170
-1.614
0.422
-0.524
-0.066
1 735
153
53 524
20.0%
4.2%
7.7%
7.6%
9.4%
46.8%
3.4%
3.1%
0.199
0.306
0.177
0.166
-1.626
0.432
-0.573
-0.063
5 758
683
281 152
9.3%
18.3%
15.4%
17.2%
5.9%
14.6%
3.5%
3.2%
0.030
0.038
0.037
0.036
0.164
0.086
0.218
0.071
1 265
130
67 149
7.5%
18.2%
11.5%
13.8%
3.1%
6.6%
2.6%
2.5%
0.016
0.017
0.017
0.019
0.085
0.038
0.108
0.056
95.5%
96.7%
94.7%
39.3%
8.2%
17.0%
12.4%
60.0%
73.0%
17.7%
21.1%
54.7%
43.8%
53.9%
53.7%
54.6%
41.3%
49.2%
20.8%
0.1%
0.0%
0.1%
1.1%
3.4%
33.3%
30.2%
14.0%
8.4%
33.8%
22.9%
19.9%
39.2%
28.2%
21.3%
20.7%
41.0%
28.6%
22.1%
Variabilité
Double Intra
Variabilité
Inter temporelle
Variabilité
Inter –
entreprise
Ecart-Type
Double Intra
Ecart-Type
Moyenne
Médiane
VARIABLE
4.4%
3.3%
5.2%
59.6%
88.3%
49.7%
57.4%
26.1%
18.7%
48.5%
56.0%
25.5%
17.0%
17.9%
25.0%
24.7%
17.6%
22.2%
57.1%
Echantillon : 8 316 observations pour 765 entreprises.
Variables : L : l’emploi total et L (R&D) : les effectifs affectés à la R&D en nombre de
travailleurs, V : la valeur ajoutée et R : les dépenses de R&D (en milliers de Francs), R/K : le taux
d’investissement en R&D, C : le coût d’usage du capital recherche sans crédit d’impôt, C* : le
coût d’usage du capital recherche avec crédit d’impôt recherche, r : le taux d’intérêt apparent, s :
le taux d’endettement.
γ - Sans plafond et γ− Avec plafond: l’effet du CIR sur le prix de la R&D des entreprises
respectivement sans prise en compte du plafonnement, et avec prise en compte du plafonnement.
ω 1 : Coût d’usage d’une unité de capital (avec marchés des capitaux imparfaits) ;
ω 2 : Coût d’usage d’une unité de capital avec impôt sur les bénéfices des entreprises ;
ω 3 : Coût d’usage d’une unité de capital avec dépréciation fiscale [avec log(C) = log(ω3)] ;
ω 4 : Coût d’usage d’une unité de capital avec crédit d’impôt recherche [avec log(C*) = log(ω4)].
Γ MC : le log du coût d’usage du capital de base [avec Γ MC = log(ω 1)] ;
Γ IB : l’effet de l’introduction de l’impôt sur le bénéfice [avec Γ IB = log(ω 2) - log(ω 1)] ;
Γ DF : l’effet de l’introduction de la dépréciation fiscale [avec Γ DF = log(ω 3) - log(ω 2)] ;
Γ CI : l’effet du crédit d’impôt recherche [avec Γ CI = log(ω 4) - log(ω 3) = log(C*) - log(C)].
Tableau 2 : Statistiques Descriptives sur les principales variables (1980 - 1997).
15
Nous présentons également dans le Tableau 2, outre les écarts-types habituels des variables
(dans la «dimension totale » individuelle et temporelle des données), leurs écarts-types «doubleintra » ( dans la dimension à la fois intra-entreprise et intra-temporelle des données), ainsi que la
décomposition (en %) de leur variabilité totale en termes de variabilités inter-entreprise, intertemporelle et double- intra. Cette information est importante, car en définitive les estimations intraentreprises avec indicatrices temporelles, que nous privilégions, sont fondées entièrement sur la
variabilité double- intra des variables (faisant abstraction des variabilités inter-entreprise et intertemporelle). Habituellement sur des données de panel, les variables en niveau, comme l’emploi ou
les dépenses de R&D, ont une variabilité double- intra relativement très faible, parce que la
variabilité totale provient principalement des différences relativement constantes entre entreprises.
Au contraire les taux de croissance ou les taux d’investisseme nt qui sont très variables d’une
entreprise à l’autre, ont une variabilité double-intra forte. 26 Les différentes estimations du coût
d’usage du capital de recherche ω1 à ω4 et les variables Γ construites à partir d’elles sont dans une
situation grosso modo intermédiaire. On remarque en particulier que la part de variabilité doubleintra de l’effet du CIR est importante de presque 60 %, alors qu’elle est de l’ordre du quart pour les
autres composantes du coût d’usage, ce qui permets d’espérer pour l’effet du CIR des estimations
relativement précises.
26
Sur ces points, voir par exemple Mairesse (1988).
16
3. L’EFFET DU CREDIT D’IMPOT SUR L’INVESTISSEMENT EN R&D
3.1 Principaux résultats d’ estimation
Nous allons présenter maintenant les résultats des estimations économétriques du modèle
de R&D afin d’évaluer les effets du coût du capital et plus particulièrement du crédit d’impôt
recherche. Le premier modèle estimé ne comporte pas de coût du capital. Ensuite on introduit ce
coût du capital sans (log C) ou avec (log C*) crédit d’impôt recherche. On estime aussi le modèle
où on décompose le coût du capital avec CIR dans sa composante sans CIR (log C) d’une part, et
dans sa composante correspondant au CIR : ( ΓCI = log( C*) − log( C ) ) d’autre part, telle que :
k = α +θ v − σ log(C ) − σ CI [ log(C*) − log(C ) ] = α +θ v − σ log(C ) − σ CI ΓCI
(10)
Enfin une dernière extension de ce modèle est également estimée où on utilise la
décomposition complète du coût du capital (8) présentée dans la Section 2.4 :
k = α + θv − σ MC ΓMC − σ IB ΓIB − σ DF ΓDF − σ CI ΓCI
(11)
On pourra tester l’égalité des paramètres de l’élasticité de substitution
σ i , avec i = MC , IB , DF , CI dans les estimations afin d’accepter ou de rejeter la forme plus
contraignante du coût du capital. Les effets de long terme (θ = 1 − (λ ϕ) ou σ = −[1 − (λ′ ϕ)] )
provenant de l’estimation du modèle à correction d’erreurs sont présentés dans le Tableau 3, alors
que l’ensemble des paramètres estimés se trouve en annexe.
L’effet d’accélérateur de la demande est très stable quelle que soit l’estimation choisie.
L’élasticité de long terme entre la production et le stock de capital recherche optimal est de l’ordre
de 0.59-0.65, avec une valeur toujours significativement inférieure à l’unité. Cela impliquerait soit
une élasticité de substitution plus grande que l’unité pour avoir un taux de marge supérieur aux
rendements d’échelle, soit une élasticité de substitution très faible, mais avec des rendements
d’échelle largement supérieurs au taux de marge. En tout cas, on a une valeur trop faible pour
accepter l’hypothèse d’une fonction de production Cobb-Douglas, ou une égalité entre les
rendements d’échelle et le taux de marge de l’entreprise. Cependant des erreurs de mesure sur la
production future pourraient diminuer sensiblement la valeur de cette élasticité.
Le R² ajusté pour les degrés de liberté, atteint 54 %. Lorsque l’on introduit le coût d’usage
du capital dans le modèle avec sa forme contrainte ou sa décomposition, il y a une amélioration,
néanmoins modeste, de la qualité statistique des estimations, avec un R² ajusté de 57 %. De plus les
tests de Wald ou du rapport de vraisemblance rejettent les restrictions des modèles les plus simples
vis-à-vis des modèles plus complexes.
Si on considère les modèles (2) et (3) où le coût d’usage du capital est introduit dans sa
forme contrainte, on constate que son élasticité de long terme, bien que négative comme prévu
théoriquement, n’est pas significative, que ce soit pour le coût du capital sans ou avec le crédit
d’impôt recherche. Il y a soit une très forte imprécision dans l’estimation de cet effet de long terme,
soit la substitution entre la R&D et les autres facteurs de production est très faible.
17
(1)
Paramètre
(2)
EcartType
Paramètre
(3)
EcartType
Paramètre
(4)
EcartType
Paramètre
(5)
EcartType
ra-mètre
EcartType
Statistiques sur la Regression
S
R² ajusté
0.063250
0.063208
0.062472
0.060975
0.060886
0.5408
0.5414
0.5520
0.5732
0.5744
Effets de Long Terme
Log(V)
(Production)
Log (C)
(Sans CIR)
Log (C*)
(Avec CIR)
0.653** (0.054)
0.646** (0.054)
-0.116
0.633** (0.053)
(0.085)
0.592** (0.054)
-0.124
-0.166*
0.590** (0.053)
(0.100)
(0.084)
Γ MC
(Taux de Base)
Γ IB
(Impôt Bénéfice)
Γ DF
(Dépréc. Fiscale)
Γ CI
-2.681** (0.408)
(Crédit d’Impôt))
Période : 1982 – 1996, 6 021 observations, 765 entreprises.
Estimation intra-entreprises avec des indicatrices temporelles,
Ecarts-type robustes à une hétéroscédasticité générale entre parenthèses,
s : Ecart-type des erreurs, * : significatif au niveau de 5 %, ** : significatif au niveau de 1 %.
0.244
(0.426)
0.083
(0.657)
-0.482
(0.253)
-2.784** (0.402)
Table 3 : Modèle à Correction d’Erreurs :
Statistiques sur la Régression et Effets de Long Terme
La décomposition du coût du capital produit une amélioration de la régression qui est
principalement due à la significativité du paramètre du crédit d’impôt recherche ΓCI , indiquant qu’il
influence très fortement la R&D. De plus, c’est la seule composante qui est significative, bien que
la déductibilité fiscale des dépenses de R&D ait également une élasticité négative comme supposé
théoriquement. Ainsi le coût du capital avec l’introduction du crédit d’impôt, et dans une moindre
mesure avec la déductibilité fiscale affecte négativement le stock de capital recherche optimal, alors
que le taux de base (incluant des marchés des capitaux imparfaits) ou la taxation des bénéfices des
entreprises ont un effet contraire à la théorie sans être significativement différents de zéro.
En interprétant les paramètres de long terme pour ces composantes comme des élasticités
de substitution entre la R&D et les autres facteurs de production, celui obtenu pour le crédit d’impôt
(2.7), même s’il est le plus précisément estimé, semble trop important : l’intervalle de confiance à
95 % pour cette élasticité étant de 1.9 à 3.5. L’élasticité obtenue avec la déductibilité fiscale est plus
raisonnable (0.5), mais beaucoup moins précise. Cependant l’élasticité de 2.7 qui est estimée pour le
paramètre de crédit d’impôt recherche est très proche de celle qu’estime Bronwyn Hall dans son
article de 1993 pour les Etats-Unis : de 2 à 2.7 pour l’élasticité de la R&D au prix de la R&D
incluant les taxes.
18
3.2
Une simulation des effets d’un changement du taux du crédit d’impôt recherche
Afin d’étudier l’impact d’une modification législative du CIR, on va supposer que le
gouvernement décide d’augmenter le taux de crédit d’impôt de 10 points, celui-ci passant de 50 % à
60 %. Pour éviter que des entreprises ne franchissent alors le plafond pour un même niveau de
dépenses de R&D, il relève également ce plafond de 40 Millions à 48 Millions de Francs.
Il faut considérer plusieurs cas : le premier concerne une entreprise qui bénéficie
pleinement du CIR. Dans ce cas, l’augmentation du taux de crédit va fortement réduire le coût
d’usage du capital. L’effet sera identique, bien que proportionnellement plus réduit pour les
entreprises se situant au-dessus du plafond. En revanche, si une entreprise est en dessous du
plancher, l’effet incitatif sera nul parce qu’elle ne bénéficie pas du CIR. Cependant, on négligera le
cas des entreprises qui changent de régime en passant d’une situation en dessous du plancher à une
situation où elles bénéficient du CIR, et d’une situation où elles dépassent le plafond.
Comme le taux nominal du CIR interagit avec le taux de rendement, l’effet d’une augmentation de
ce taux nominal n’est pas fixe au cours du temps. On utilisera par la suite les valeurs pour notre
dernière année d’observations (1997) : un taux de rendement moyen de 6.1 %, un taux de taxation
sur les bénéfices τ = 36.7% , une inflation sur les dépenses de R&D de π = 2.1% , et une
dépréciation du capital recherche de 15 %. Ainsi une augmentation du taux de crédit d’impôt
recherche de 10 points, aura comme effet à long terme d’augmenter le stock de capital recherche de
4.1 %. L’imprécision de cet effet due à l’estimation du paramètre σ CI peut être mesurée en
calculant l’effet pour les limites de son intervalle de confiance de 95 % : [− 3.572,−1.996] . On obtient
alors un intervalle de confiance pour l’effet sur le capital recherche à long terme de 2.9 à 5.4 % pour
les entreprises bénéficiant du CIR.
Pour la dernière année de notre échantillon (1997), le coût budgétaire total du crédit
d’impôt recherche s’élevait à 2.9 milliards de Francs 27 de réduction de l’impôt des sociétés. Donc
une hausse de 10 points du taux de CIR, avec un relèvement des plafonds, va coûter un cinquième
de plus au budget de l’Etat, soit 580 millions de Francs. D’un autre côté, les dépenses de R&D des
entreprises recevant ce crédit d’impôt s’élevaient à 39 milliards de Francs la même année. Si le taux
du CIR est augmenté de 10 points, il y aura un développement à moyen- long terme de
l’investissement et du capital R&D de l’ordre de 2.9 à 5.4 %. Cela impliquerait qu’à l’équilibre, les
dépenses de R&D vont s’accroître de 1.1 à 2.1 milliards de Francs pour les entreprises déclarantes.
Ainsi l’effet multiplicateur du crédit d’impôt recherche serait évalué entre 2 et 3.6, ce qui est
largement positif. Le crédit d’impôt ne se substitue pas à un financement privé des entreprises de
leur effort de R&D, mais vient plutôt accompagner celui-ci. Pour un franc de crédit d’impôt donné
par l’Etat, l’entreprise ajoute pour sa part entre 1 franc et 2.60 francs de financement propre.
L’ajustement dynamique à un choc sur le crédit d’impôt recherche est caractérisé par une
certaine lenteur. Le retard moyen d’ajustement à un choc permanent est très long : il faut en général
plus de 7 années pour obtenir la moitié de l’effet de long terme sur le capital recherche. La longueur
des délais d’ajustement est due principalement à la faiblesse du paramètre de correction d’erreurs28
qui atteint une valeur de -0.11. Cela implique que seulement 11 % de l’écart entre le stock de capital
recherche optimal et le stock de capital existant est comblé chaque année.
On détaille dans les Graphiques 4, les effets d’un choc temporaire (a) ou d’un choc
permanent (b) sur le crédit d’impôt recherche, avec les paramètres estimés dans le modèle (5) où le
27
28
Source : Minis tère de la Recherche (2000).
Voir le Tableau des paramètres estimés du modèle à correction d’erreur dans l’annexe.
19
coût d’usage du capital est totalement décomposé. De même, on présente l’effet dynamique sur le
capital recherche (c) et sur les dépenses de R&D (d) au cours de l’ajustement. Sur tous ces
graphiques, on a indiqué les limites supérieures et inférieures de l’intervalle de confiance à 95 %
pour ces différents effets.
Un choc temporaire sur le CIR a un effet maximal après 3 à 4 années, alors que le capital
recherche converge lentement vers sa valeur d’équilibre : après 10 ans, 90 % de l’ajustement au
stock de R&D optimal est réalisé, alors que le retard médian est approximativement de 5 ans. Il est
cependant plus intéressant de considérer l’effet d’une hausse permanente de 10 points du CIR pour
une entreprise typique qui aurait un stock de R&D de 1 000 au départ. L’ajustement au nouveau
stock de R&D d’équilibre (1 041) démarre assez lentement pour ensuite converger vers le nouvel
équilibre (voir Graphique 4c).
Cependant il peut être tout aussi intéressant de regarder comment évoluent les dépenses de
R&D tout au long de ce processus d’ajustement. On suppose initialement une entreprise qui est en
régime stationnaire avec des dépenses de R&D de 100 qui lui permettent de maintenir son stock de
capital recherche constant 29 . Si le gouvernement annonce une hausse du taux du CIR cette année,
cela ne pourra jouer que sur les dépenses de R&D ultérieures. Ainsi pour l’année en cours, les
entreprises sont tentées de minorer leur R&D afin de bénéficier de davantage de crédit d’impôt
l’année suivante car il sera calculé sur une augmentation plus forte. On retrouve cet effet dans le
Graphique 4d où les dépenses de R&D se réduisent de 1 % immédiatement. Pour éviter cet effet
d’anticipations, le gouvernement pourrait étendre le bénéfice de la hausse du taux rétroactivement
sur les dépenses de l’année courante.
Les dépenses de R&D vont augmenter pour dépasser leur niveau d’équilibre de long terme
(104.1) après 3 années. Elles vont atteindre un maximum après 5,5 années avec un taux de
croissance des dépenses de R&D de 5.2 % par rapport à la situation initiale. Ensuite elles se
réduiront lentement pour tendre vers l’équilibre de long terme. On peut remarquer que, même pour
la première période, l’accroissement des dépenses de R&D permet d’augmenter le capital recherche
net.
4. CONCLUSIONS
Dans cet article, nous développons une analyse de l’effet sur les dépenses de R&D du coût
d’usage du capital recherche de manière identique à celle utilisée pour l’investissement en capital
fixe. Nous proposons une décomposition des différentes hypothèses nécessaires pour construire un
coût d’usage du capital incluant les différents aspects de la fiscalité des sociétés et des actionnaires.
Dans le cadre de cette étude empirique sur la R&D en France, nous nous intéressons plus
particulièrement au crédit d’impôt recherche institué depuis 1983 sur l’accroissement des dépenses
de R&D, afin de favoriser la R&D des entreprises privées, et plus particulièrement des PME.
Pour évaluer empiriquement les effets des différents déterminants des dépenses de R&D,
on utilise des données sur un panel d’entreprises sur la période 1983 – 1997. Celles-ci nous
permettent d’estimer une formulation dynamique à corrections d’erreurs afin de distinguer les effets
à long terme d’une part, de la dynamique d’ajustement à court terme d’autre part.
Le crédit d’impôt recherche a un effet incitatif assez important : en diminuant le coût
d’usage du capital recherche, ce crédit d’impôt favorise significativement les dépenses de R&D des
entreprises. On a montré que si le crédit d’impôt actuel qui est de 50 % avec un plafond déductible
29
En fait les dépenses de R&D compensent la dépréciation du capital recherche de l’entreprise.
20
de 40 millions de francs passait à un taux de 60 % (et un plafond de 48 millions de Francs), cela
entraînerait une augmentation du stock de capital recherche optimal et des dépenses de R&D de 2.9
à 5.4 % en régime stationnaire, soit une augmentation de 1.1 à 2.1 Milliards de Francs des dépenses
de R&D des entreprises pour un coût budgétaire d’environ 580 Millions de Francs. Cet important
effet multiplicateur (entre 2 et 3.6) doit certainement être précisé et conforté par d’autres études. En
effet il est beaucoup plus fort que celui généralement avancé par les instances internationales telle
que l’OCDE qui conclut dans un rapport récent (2002) à un accroissement de dépenses de R&D,
suite à ces mesures fiscales incitatives, d’un montant approximativement égal à la perte de recettes
pour le fisc. Mais comme le souligne Hall (1993) dans son étude pour les Etats-Unis, l’effet
multiplicateur est plus important lorsque le Crédit d’Impôt est marginal, ce qui est le cas aux EtatsUnis et en France, plutôt que basé sur les dépenses totales de R&D comme dans beaucoup d’autres
pays.
Malgré cet important effet du crédit impôt recherche que nous avons mis en évidence, le
principal problème provient de la lenteur du processus d’ajustement de la R&D à une variation de
ces déterminants qui peut prendre de très nombreuses années. D’autres méthodes d’estimation telle
que les méthodes des moments généralisés devraient peut être permettre d’affiner la dynamique
d’ajustement du modèle, bien qu’elles donnent souvent des estimations assez imprécises.
21
(a) Effets d'un Choc Temporaire
sur le Crédit d'Impôt Recherche
(b) Effets d'un Choc Permanent
sur le Crédit d'Impôt Recherche
0.20
1.00
0.00
0.00
-1.00
-0.20
-2.00
-0.40
-3.00
-4.00
-0.60
0
1
2
3
4
Effets Temporaires
5
6
7
Limite inférieure
8
9
0
10
1
2
3
4
5
6
Effets Permanents
Limite supérieure
Limite supérieure
7
8
9
10
Limite inférieure
Long-Terme
(d) Effet sur les Dépenses de R&D
d'une Augmentation de 10 points du CIR
(c) Effet sur le Capital Recherche
d'une Augmentation de 10 points du CIR
1060
108
106
1040
104
1020
102
1000
100
98
980
-3
-2
-1
0
1
2
Effets
Limite supérieure
3
4
5
6
7
8
9
-3
10
-2
-1
0
1
2
Effets
Limite supérieure
Limite inférieure
Long-Terme
Graphique 4 : Effet d’un Choc sur le Crédit d’Impôts Recherche
22
3
4
5
6
7
8
9
Limite inférieure
Long-Terme
10
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24
ANNEXE 1: Pourcentage d’Entreprises au Plafond ou au Plancher
du Crédit d’Impôt Recherche dans notre échantillon.
PLANCHER
CREDIT
D'IMPOT
PLAFOND
TOTAL
1983
25.5%
67.3%
7.2%
376
1984
18.1%
73.0%
8.8%
408
1985
25.9%
65.5%
8.6%
440
1986
29.8%
62.1%
8.1%
456
1987
30.6%
62.1%
7.4%
517
1988
27.1%
65.6%
7.3%
532
1989
28.8%
64.0%
7.2%
525
1990
27.4%
65.1%
7.5%
547
1991
28.6%
68.7%
2.8%
581
1992
32.2%
65.8%
2.0%
590
1993
46.5%
51.4%
2.1%
576
1994
41.5%
55.8%
2.7%
525
1995
36.4%
61.2%
2.4%
492
1996
50.8%
47.3%
1.9%
583
1997
52.8%
45.8%
1.4%
583
TOTAL
34.3%
60.8%
4.9%
7 731
25
ANNEXE 2: Paramètres du Modèle à Corrections d’Erreurs
(1)
Para-mètre
R/K (t-1)
R/K (t-2)
(2)
EcartType
Paramètre
(3)
EcartParamètre
Type
(4)
EcartType
Paramètre
(5)
EcartType
Paramètre
EcartType
0.387**
0.049
(0.031)
(0.027)
0.386** (0.031)
0.050* (0.027)
0.385**
0.054*
(0.031)
(0.027)
0.386** (0.033)
0.062** (0.027)
0.384**
0.064
(0.033)
(0.027)
0.019**
-0.027**
-0.010*
(0.005)
(0.006)
(0.005)
0.019** (0.005)
-0.026** (0.006)
-0.010** (0.005)
0.019**
-0.024**
-0.014**
(0.005)
(0.006)
(0.005)
0.018** (0.005)
-0.022** (0.006)
-0.010* (0.005)
0.017**
-0.022**
-0.009*
(0.005)
(0.006)
(0.005)
∆Γ MC (t+1)
∆ Γ MC (t)
∆ Γ MC (t-1)
0.063
0.050
0.008
(0.055)
(0.034)
(0.027)
∆ Γ IB (t+1)
∆ Γ IB (t)
∆ Γ IB (t-1)
0.055
-0.038
-0.000
(0.151)
(0.087)
(0.068)
∆ Γ DF (t+1)
∆ Γ DF (t)
∆ Γ DF (t-1)
-0.070
-0.028
-0.001
(0.040)
(0.018)
(0.014)
∆log V (t+1)
∆log V (t)
∆log V (t-1)
∆log C (t+1)
∆log C (t)
∆log C (t-1)
0.006 (0.013)
0.021** (0.009)
-0.003 (0.007)
∆log C* (t+1)
∆log C* (t)
∆log C* (t-1)
-0.011 (0.014)
0.011** (0.009)
-0.001 (0.007)
0.063**
-0.014*
0.006
(0.009)
(0.007)
(0.007)
∆ Γ CI (t+1)
∆ Γ CI (t)
∆ Γ CI (t-1)
0.063** (0.018)
0.049* (0.024)
0.063** (0.018)
0.063**
0.052*
0.063**
(0.017)
(0.024)
(0.018)
Erreur (t-1)
-0.113**
(0.008)
-0.113** (0.008)
-0.113**
(0.008)
-0.106** (0.008) -0.106**
(0.008)
Log V (t)
Log C (t)
Log C* (t)
-0.039**
(0.008)
-0.040** (0.008)
-0.126** (0.013)
-0.041**
(0.008)
-0.043** (0.008)
-0.119** (0.014)
-0.043**
(0.008)
-0.131**
(0.011)
-0.080
-0.097
-0.157**
-0.400**
(0.046)
(0.070)
(0.027)
(0.034)
Γ MC (t)
Γ IB (t)
Γ DF (t)
Γ CI (t)
-0.389** (0.035)
Période : 1982 – 1996, 6 021 observations, 765 entreprises.
Estimation intra-entreprises avec des indicatrices temporelles,
Ecarts-type robustes à une hétéroscédasticité générale entre parenthèses,
* : significatif au niveau de 5 %, ** : significatif au niveau de 1 %.
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