Cahiers de praxématique
57 | 2011
Le dialogisme : de l’histoire d’un concept à ses
applications
La conception du dialogue » de Mikhail Bakhtine
et ses sources sociologiques (l’exemple des
Problèmes de l’œuvre de Dostoïevski [1929])
Mikhail Bakhtin’s Conception of “Dialogue” and its Sociological Roots (through
the analysis of “Problems of Dostoyevsky’s Art” (1929)
Irina Tylkowski
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/praxematique/1755
ISSN : 2111-5044
Éditeur
Presses universitaires de la Méditerranée
Édition imprimée
Date de publication : 1 juin 2011
Pagination : 51-68
ISBN : 978-2-36781-029-4
ISSN : 0765-4944
Référence électronique
Irina Tylkowski, « La conception du dialogue » de Mikhail Bakhtine et ses sources sociologiques
(l’exemple des Problèmes de l’œuvre de Dostoïevski [1929]) », Cahiers de praxématique [En ligne],
57 | 2011, document 2, mis en ligne le 01 janvier 2013, consulté le 30 avril 2019. URL : http://
journals.openedition.org/praxematique/1755
Tous droits réservés
Cahiers de praxématique , , -
Inna Tylkowski
Université de Lausanne
La conception du « dialogue » de Mikhaïl
Bakhtine et ses sources sociologiques
(l’exemple des Problèmes de l’œuvre
de Dostoïevski [1929])
À l’heure actuelle, les notions de « dialogue » et de « dialogisme »
sont associées au nom de Mikhaïl Bakhtine, et cela non seulement
dans les « études bakhtiniennes » (c’est-à-dire dans l’ensemble des travaux portant sur l’œuvre de Bakhtine et des membres du « Cercle (dit)
de Bakhtine »), mais aussi dans différents domaines (par exemple ,
en philosophie , en droit , en psychologie , en sociologie , et, surtout, en science de la littérature , en linguistique et en analyse du
discours ) où les idées de Bakhtine trouvent leur application. Le
contenu de ces notions, ainsi que les définitions que les chercheurs
donnent aux termes « dialogue » et, surtout, « dialogisme », varient,
d’une part, selon les domaines et, d’autre part, selon les choix théoriques et méthodologiques des chercheurs. Ainsi, en sciences du langage, dans le monde francophone, on distingue le « dialogisme » en
tant que propriété de la langue et le « dialogisme » en tant que
propriété des discours . On parle du « dialogisme interlocutif » et
. Le « Cercle de Bakhtine » n’a pourtant jamais existé. Pour plus de détails, voir
S, .
. Il existe un très grand nombre de travaux où sont exploitées les notions de
« dialogue » et de « dialogisme ». Ici, je n’en mentionne que quelques uns.
. Q, .
. G, .
. P, .
. N P, .
. V, D, ; R, ; G, .
. M, ; D-L, H, S O, ;
B, M, ; C-B, K, P, P, .
. B, M, .
. M, .
Cahiers de praxématique ,
du « dialogisme interdiscursif », du « dialogisme textuel » et du
« dialogisme intertextuel », de l’« auto-dialogisme », du « dialogisme
argumentatif », etc. On utilise des termes dérivés : le « dialogique »,
le « dialogal », la « dialogalité », et même la « dialogicalité » qui est
un calque du néologisme « dialogicality » introduit en anglais. Autrement dit, actuellement, dans le monde francophone, l’application des
idées de Bakhtine a plus de succès que l’analyse de la conception
bakhtinienne.
Les travaux portant sur les notions de « dialogue » et, surtout, de
« dialogisme » chez Bakhtine sont pourtant nombreux. Mais, leur examen montre que la conception de Bakhtine y est souvent inscrite
dans le contexte des réflexions des auteurs sur des problèmes qui se
trouvent au centre de leurs intérêts scientifiques personnels et/ou des
débats théoriques et méthodologiques qui se déroulent à l’époque où
ils travaillent. Cette tendance trouve son origine dans les années , dans les travaux de l’introductrice de Bakhtine en France, Julia
Kristeva, dont on peut citer, à titre d’exemple, deux articles. Le premier est intitulé « Bakhtine, le mot, le dialogue et le roman », publié
pour la première fois en et repris par la suite en dans le
recueil Semeïotikè, recherches pour une sémanalyse. Dans ce texte, Julia
Kristeva « ne présente pas seulement les concepts et la démarche de
Bakhtine, elle les affine, les commente (complète, retravaille — I.T.),
selon sa conception du texte (littéraire – I.T.), elle les utilise comme
justification de ses thèses et comme transformation et relance de cellesci ». Par exemple, Julia Kristeva introduit la notion d’« intertextualité » et l’attribue à Bakhtine. Elle la présente comme un dérivé de la
notion bakhtinienne de « dialogisme ». Pourtant, la notion d’« intertextualité » ne se réfère pas à l’idée d’un « dialogue » entre les textes qui
prévoit non seulement un lien d’un texte littéraire avec les textes déjà
écrits, mais aussi une anticipation par rapport aux œuvres qui suivent.
Chez Julia Kristeva, l’« intertextualité » consiste uniquement dans le
fait que les textes littéraires renvoient au déjà-là, au déjà-écrit.
. A, .
. M, .
. M, .
. R, A, M, R, S, ; M,
; B, .
. M, .
. P, , p. .
La conception du « dialogue » de Mikhaïl Bakhtine et ses sources...
Dans un autre texte, « Une poétique ruinée », une préface à la
traduction française de La Poétique de Dostoïevski de Bakhtine parue
en aux éditions du Seuil à Paris, Julia Kristeva définit le « dialogisme », d’une part, comme « un principe formel inhérent au langage », d’autre part, elle le présente comme « le terme qui désigne [la]
double appartenance du discours à un “je” et à l’autre. [Selon Julia
Kristeva] Le dialogisme voit dans tout mot un mot sur le mot, adressé
au mot [...] ». En introduisant ainsi la notion de « dialogisme » en
sciences du langage (en linguistique et en analyse du discours), Julia
Kristeva inscrit la conception de Bakhtine dans le contexte intellectuel
français des années où se développent la théorie de l’énonciation
(élaborée par Émile Benveniste) et l’analyse du discours (dont le théoricien principal est Michel Pêcheux). Dans son texte (« Une poétique
ruinée »), elle met aussi en rapport la conception de Bakhtine et les
idées psychanalytiques de Jacques Lacan très en vogue à cette époque
en France. L’affirmation de Julia Kristeva que dans la « polyphonie »
ou, comme elle le dit, dans l’« intertextualité » « se pluralise et se pulvérise le sujet parlant, [ainsi que] le sujet écoutant » rapproche les
idées de Bakhtine de la conception de « la mort du sujet » formulée
dans les travaux de Michel Foucault et de Roland Barthes. Or, la problématique de la « mort du sujet » est absente des textes de Bakhtine,
tout comme la dimension psychanalytique et les réflexions relatives
aux théories du discours et de l’énonciation.
Ces thèmes ne sont pas d’actualité dans les années en Russie,
quand Bakhtine élabore sa conception du « dialogue ». On la trouve,
avant tout, dans Les Problèmes de l’œuvre de Dostoïevski [Problèmy
tvorčestva Dostoevskogo ] publié en . Dans cet ouvrage, Bakhtine
procède à l’analyse des particularités des romans de Fëdor Dostoïevski (-) dont il examine la composition, le genre, le style,
. K, , p. .
. Ibid., p. .
. Ibid., p. .
. Ce texte est remanié par Bakhtine en et republié sous le titre Les Problèmes
de la poétique de Dostoïevski [Problèmy poètiki Dostoevskogo], dont il existe deux traductions en français : Les Problèmes de la poétique de Dostoïevski, publiée en à
Lausanne, et La Poétique de Dostoïevski, éditée la même année à Paris.
. Pour transcrire les mots russes, j’utilise ici le système de translittération que
Serge Aslanoff nomme dans Le Manuel typographique du russiste la « translittération
des slavistes » (A, , p. ).
Cahiers de praxématique ,
etc., et arrive à la conclusion que le trait distinctif des œuvres dostoïevskiennes est leur caractère dialogique. Dans les années en Russie, cette affirmation n’est pas originale. Cette spécificité des romans
de Dostoïevski est aussi mise en avant par un spécialiste de la littérature (et surtout de l’œuvre de Dostoïevski), Léonid Grossman
(-), auteur de La Poétique de Dostoïevski [Poètika Dostoevskogo ], écrit en , et du Chemin de Dostoïevski [Put’ Dostoevskogo ] datant de , cités explicitement par Bakhtine, qui critique
Grossman d’avoir présenté le dialogue chez Dostoïevski comme un
dialogue dramatique ou un dialogue philosophique de type platonicien. Selon Bakhtine, le dialogue chez Dostoïevski est différent. Du
point de vue de la composition des œuvres dostoïevskiennes, il est
de nature constructive : les romans de Dostoïevski sont construits
comme un dialogue. On n’y trouve pas un auteur ou un narrateur qui
décrit, présente et caractérise des personnages, mais des dialogues des
héros qui se construisent dans et à travers leurs propres paroles dans
lesquelles ils s’adressent à eux-mêmes, à l’auteur, au narrateur, aux
autres héros, à un interlocuteur potentiel (une tierce personne). L’auteur et/ou le narrateur ne domine pas et ne donne pas un cadre pour
ces dialogues, il est sur un pied d’égalité avec les personnages. Voici
quelques citations de Bakhtine :
[...] le roman de Dostoïevski est dialogique [dialogičen]. Il est construit
non pas comme l’unité d’une seule conscience qui aurait absorbé,
tels des objets, d’autres consciences, mais comme l’unité d’interactions [celoe vzaimodejstvija] de plusieurs consciences dont aucune
n’est devenue complètement objet pour l’autre. Cette interaction
n’offre pas de prise à l’observateur extérieur pour une objectivation
de tout l’événement selon le modèle monologique habituel (thématique, lyrique ou cognitif), et l’oblige de ce fait à y participer. Non
seulement le roman dostoïevskien n’accepte, en dehors de la distribution dialogique, aucune troisième conscience englobant monologiquement tout l’ensemble, mais il est, au contraire, entièrement structuré de façon à laisser l’opposition dialogique [dialogičeskoe protivostojanie] sans solution. [Il ne s’agit évidemment pas d’antinomie, d’opposition d’idées abstraites, mais d’antagonisme événementiel entre
personnalités autonomes [cel’nye ličnosti] — note de bas de page].
(Bakhtine, , p. , traduction légèrement modifiée)
. G, .
. G, .
La conception du « dialogue » de Mikhaïl Bakhtine et ses sources...
On comprend aisément que pour Dostoïevski le centre de son monde
artistique devait être le dialogue [dialog], non pas d’ailleurs en tant
que moyen, mais en tant que but en soi. Le dialogue n’est pas pour
lui l’antichambre de l’action, mais l’action elle-même. Ce n’est pas
non plus un procédé pour découvrir, mettre à nu un caractère humain
fini ; dans le dialogue, l’homme ne se manifeste pas seulement à l’extérieur, mais devient, pour la première fois, ce qu’il est vraiment et non
pas uniquement aux yeux des autres, répétons-le, aux siens propres
également. Être, c’est communiquer dialogiquement [obščat’sja dialogičeski]. Lorsque le dialogue s’arrête, tout s’arrête. C’est pourquoi, en
fait, le dialogue ne peut et ne doit jamais s’arrêter.
(Bakhtine, , p. , traduction légèrement modifiée)
Dans les œuvres de Dostoïevski, le dialogue [dialog] extérieur et
intérieur fusionne et absorbe sans exception toutes les définitions intérieures et extérieures des héros et de leur monde. La personnalité
[ličnost’] perd sa substantialité extérieure [...], d’existence réelle elle
devient événement. Chaque élément de l’œuvre se trouve inévitablement au point d’intersection des voix, dans la zone de collision de deux
répliques qui ne sont pas monodirectionnelles. La voix d’auteur, qui
mettrait en ordre de façon monologique ce monde, n’existe pas. [...] La
combinaison des voix qui ne fusionnent pas est un but en soi [...]. Tel
est le roman polyphonique de Dostoïevski.
(Bakhtine, , p. )
En mettant en avant le caractère polyphonique (dialogique ou
« plurivocal ») des œuvres de Dostoïevski, Bakhtine formule sa conception du Mot . Dans Les Problèmes de la poétique de Dostoïevski (),
il le définit comme phénomène métalinguistique. En tant que tel, le
Mot se distingue de la langue comme objet de la linguistique, c’està-dire de la langue comprise dans son universalité, comme un des
moyens de l’échange interindividuel au sein d’une communauté linguistique. Tout Mot chez Bakhtine a un auteur (y compris collectif) qui exprime dans le Mot sa position personnelle vis-à-vis d’un
. Cette citation est tirée des Problèmes de l’œuvre de Dostoïevski (). Elle est
absente de la version remaniée de ce livre datant de .
. Le « Mot » (avec une majuscule) est un néologisme introduit par Patrick Sériot
pour traduire le terme russe slovo qui renvoie en français non seulement au « mot »
(au sens typographique du terme), mais aussi au « langage », à la « parole », à la
« langue ». Pour plus de détails, voir S, , p. .
. L’auteur du Mot chez Bakhtine est une personnalité autonome, une personne
intégrale [cel’naja ličnost’] qui a une volonté et une position déterminée. Ce n’est pas
Cahiers de praxématique ,
problème, d’un phénomène, etc. À la différence d’un mot de la langue
en tant qu’objet de la linguistique, universel, commun à un groupe d’individus et, de ce fait, « impersonnel », le Mot comme phénomène métalinguistique est toujours personnalisé. Il reflète la vision du monde
de son auteur. C’est en tant que tel qu’il provoque une réaction de
réponse, c’est-à-dire suscite une attitude « dialogique » de la part d’un
autre individu (d’« autrui »). Élément constitutif de l’échange interindividuel dans lequel les individus non seulement expriment leur point
de vue personnel sur le monde, mais aussi se réfèrent aux paroles
d’« autrui », les transmettent, les critiquent, etc., le Mot peut véhiculer
non seulement l’ensemble des idées de son auteur (un sens objectif),
mais aussi l’attitude de ce dernier envers le contenu (le sens) et le style
du Mot émis par une autre personne. Dans ce cas-là, le Mot est « bivocal ». Il a une double orientation : ) vers son objet et ) vers le Mot
d’« autrui ».
Cette particularité du Mot est déjà mise en avant dans les
années par les spécialistes russes de la littérature comme, par
exemple, Boris Èjxenbaum (-) et Viktor Vinogradov (), qui s’intéressent à la parodie, à la stylisation, au skaz (l’introduction des éléments du langage parlé dans les œuvres littéraires et
poétiques) et au dialogue (l’échange des répliques). Dans leurs travaux consacrés à cette problématique , ils avancent qu’en utilisant ces
un énonciateur, un sujet qui se constitue en tant que tel uniquement en prenant la
parole. Ce n’est pas non plus un « sujet divisé » au sens lacanien. Même les « voix »
sont celles des hommes intégraux [cel’nyj čelovek], des « incarnations des consciences
concrètes » (B, , p. ). Bakhtine est un personnaliste. Le rapprochement de ses idées avec la psychanalyse, la théorie de l’énonciation et la conception de
« la mort du sujet » n’est donc pas justifié.
. Bakhtine cite explicitement les textes d’Èjxenbaum « Kak sdelana “Šinel”’
Gogolja » () [Comment est fait « Le Manteau » de Gogol], traduit et publié en français par Tzvetan T dans La Théorie de la littérature : Textes des formalistes
russes (), et « Leskov i sovremennaja proza » () [Leskov et la prose contemporaine]. Quant aux travaux de Vinogradov, on peut citer, à titre d’exemple, l’étude O
poèzii Anny Axmatovoj (Stilističeskie nabroski) () [Sur la poésie d’Anna Akhmatova (Ébauches stylistiques)] où (plus précisément dans le Xe chapitre « Les grimaces
du dialogue ») il parle des procédés stylistiques « skaz » et « dialogue » utilisés par
la poétesse russe. Il y mentionne également des travaux dont les auteurs abordent la
question du langage parlé ou de la conversation : Italienische Umgangssprache ()
écrit par Leo S (-), cité également chez B, « De la parole
dialogale » () de Lev J (-), Le Langage et la verbomanie :
essai de psychologie morbide () d’O-L (- ?). On peut y ajouter
La conception du « dialogue » de Mikhaïl Bakhtine et ses sources...
phénomènes « verbaux artistiques » les auteurs des œuvres littéraires
et poétiques visent, dans un but esthétique : ) le texte ou le style
d’un autre écrivain ou d’un autre poète, ou bien ) la façon de parler
d’une personne dont ils se distancient. Ce fait ne passe pas inaperçu
de Bakhtine, qui se réfère explicitement aux textes d’Èjxenbaum, présenté dans Les Problèmes de l’œuvre de Dostoïevski comme celui qui a
« soulevé pour la première fois » dans la science russe de la littérature le
problème du skaz . En critiquant Èjxenbaum pour avoir considéré le
skaz uniquement comme une orientation vers le langage parlé (l’emploi des structures syntaxiques, du lexique, de l’intonation propres
au langage oral), Bakhtine insiste sur l’importance d’« autrui » et de
son Mot. Selon lui, ce n’est pas le langage parlé que l’auteur introduit dans une œuvre littéraire, mais un personnage (un narrateur) qui
représente un milieu social différent de celui de l’auteur (souvent une
couche sociale inférieure, le peuple) et amène, de ce fait, une conception du monde et une manière de parler (l’aspect oral) qui ne coïncident pas avec celles de l’auteur. Cela étant, l’utilisation des éléments
du langage parlé dans les textes littéraires est une conséquence du
recours au Mot d’« autrui » dont le rôle est encore plus important
dans le dialogue où chaque réplique est orientée sur celle d’« autrui ».
Défini comme échange de répliques , le dialogue peut être « caché ».
Dans ce cas-là, le Mot d’« autrui » est sous-entendu. Son influence sur
la parole du locuteur n’est pourtant pas moindre : elle se manifeste
dans le lexique et la structure syntaxique de la parole d’auteur qui
réagit (réplique, anticipe, absorbe, retravaille, réévalue, réinterprète)
au Mot d’« autrui » suggéré. L’importance accordée par Dostoïevski
à ce phénomène constitue, d’après Bakhtine, une particularité de ses
œuvres qui ne peut pas être saisie par une stylistique qui s’appuierait uniquement sur l’analyse des formes linguistiques et ne prendrait
pas en compte le Mot d’« autrui », plus précisément, son influence
le texte de Rudolf H (-) Der Dialog : ein literarhistorischer Versuch
(). Dans « Le Problème du texte en linguistique, en philologie et dans d’autres
sciences humaines. Essai d’une analyse philosophique » [Problema teksta v lingvistike,
filologii i drugix gumanitarnyx naukax. Opyt filosofskogo analiza], daté de -,
publié pour la première fois en , traduit en français en sous le titre : « Le
Problème du texte », Bakhtine se réfère au texte de Hirzel comme à celui qui montre
l’origine du terme « dialogue ».
. B, , p. .
. Ibid., p. .
Cahiers de praxématique ,
sur le Mot d’auteur. Il en découle que l’approche métalinguistique
du Mot présentée par Bakhtine dans Les Problèmes de la poétique de
Dostoïevski () est déjà ébauchée dans son texte de .
La conception bakhtinienne se caractérise par l’importance primordiale attachée à « autrui », à sa conception du monde et à son Mot,
ainsi qu’au dialogue compris, d’une part, comme une forme d’échange
interindividuel sous forme de répliques, d’autre part, comme une
façon de construire une œuvre littéraire et d’y « produire un second
niveau de sens », de philosopher, de prendre conscience de soi, d’élaborer une vision du monde, etc. Elle s’articule autour de deux groupes
d’idées : d’une part, la notion de « dialogue » en tant que forme particulière d’échange verbal entre le « Moi » (le « Je ») et « Autrui », d’autre
part, la notion de « dialogisme » [dialogizm ] (ou de dialogicité [dialogičnost’]) en tant que principe qui prévoit un rapport particulier entre
le « Moi » (le « Je ») et « Autrui ». Autrement dit, le « dialogisme »
bakhtinien peut être interprété comme une notion qui renvoie à la
manière dont un individu (l’auteur d’un roman, un personnage, etc.)
élabore, formule, exprime (y compris dans la parole intérieure) sa position personnelle vis-à-vis de lui-même, d’« autrui » et du monde. Cette
manière consiste à faire appel aux points de vue et aux conceptions
du monde d’« autrui », à les opposer, à les confronter à sa position
personnelle. Le rôle d’« autrui » y est donc capital : il est omniprésent
pour l’individu qui se trouve en rapport particulier avec lui. Ce rap. « Autrui » chez Bakhtine n’est pas une abstraction, c’est un être humain. Ainsi, la
définition du dialogue chez Dostoïevski que donne Bakhtine est « l’affrontement entre
l’homme et l’homme, en tant qu’affrontement entre le “moi” et “autrui” » (B,
, p. , traduction légèrement modifiée).
. Q, , p. . Dans ce texte, le « dialogisme » est défini comme « polyphonie ». Pourtant, ces deux notions, qui, certes, se recoupent, ne coïncident pas
parfaitement.
. B utilise rarement le terme « dialogisme » [dialogizm]. Dans Les Problèmes de l’œuvre de Dostoïevski, on le trouve, par exemple, dans le passage où Bakhtine caractérise la façon dostoïevskienne de philosopher en se référant à Leonid Grossman. Ce dernier met l’accent sur l’importance du « dialogue » chez Dostoïevski et
définit « la forme de la conversation ou de la discussion, dans lesquelles les différents
points de vue peuvent alternativement prendre le dessus, refléter les nuances diverses
de doctrines opposées » comme une « forme de recherche philosophique [propre à
Dostoïevski — I.T.] où chaque opinion devient comme un être vivant et peut être
exprimée par une voix humaine vibrante d’émotion » (G, , p. -, cité
d’après B, , p. ).
. A, , p. .
La conception du « dialogue » de Mikhaïl Bakhtine et ses sources...
port se reflète dans le Mot de l’individu (y compris dans la parole intérieure), qui prend en compte le Mot d’« autrui » (le reprend, y répond,
l’anticipe, le critique, etc.) — Mot d’« autrui » réel, éventuel, suggéré,
sous-entendu, etc. Compris de cette façon, le « dialogisme » est plus
large que la notion de « polyphonie » qui représente l’orchestration
par l’auteur, dans le but de produire un certain sens qui, par la suite,
sera saisi par le lecteur , des différentes « voix » qui se confrontent.
Autrement dit, la « polyphonie », chez Bakhtine, est un principe utilisé par l’auteur (Dostoïevski) pour construire une œuvre littéraire (un
roman). La « plurivocalité » (« pluralité des voix ») consiste, par conséquent, dans la présence, dans la confrontation, dans l’entrelacement,
etc., des « voix » (de l’auteur et des personnages) dans le tout verbal
de l’œuvre littéraire (dans le Mot d’auteur et des personnages) :
Partout [dans les romans de Dostoïevski — I.T.] c’est l’intersection, la
consonance ou la dissonance des répliques du dialogue apparent [otkrytyj dialog] avec les répliques du dialogue intérieur des héros. Partout, un
ensemble déterminé d’idées, de réflexions et de mots est réalisé par plusieurs voix distinctes avec une tonalité différente dans chacune d’elles.
Ce n’est pas du tout cet ensemble d’idées en tant que tel, comme
quelque chose de neutre et identique à lui-même qui est l’objet de
l’intention de l’auteur. Non, l’objet de l’intention de l’auteur est justement le développement du thème à travers plusieurs voix différentes,
pour ainsi dire, sa plurivocalité [mnogoglosost’] et son hétéroglossie [raznogolosost’] de principe. C’est la disposition des voix et leur interaction
qui comptent pour Dostoïevski.
(Bakhtine, , p. , souligné par l’auteur, traduction modifiée)
Les prémisses des notions de « dialogue » et de « dialogisme » chez
Bakhtine sont multiples. La plus importante est, sans doute, la conception de Martin Buber (-), auteur de Ich und Du publié pour
la première fois en , traduit en français en sous le titre : Je
et Tu. Dans cet ouvrage, Buber avance que « la relation [à l’autre]
est première et constitutive même de la personne ». Cette relation
se manifeste dans le langage : les « mots-principes » (le « Je-Tu », le
« Je-Il » et le « Je-Cela ») symbolisent différents types de relation (du
plus authentique au plus objectivant) que l’individu entretient avec
« autrui ». On peut citer également le nom de Paul Natorp (-)
. Q, , p. -.
. Ibid., p. .
Cahiers de praxématique ,
qui, dans son ouvrage Sozialpädagogik [La Pédagogie sociale ()],
traduit en russe en , insiste sur l’importance d’« autrui », de l’interaction avec lui, c’est-à-dire sur le rôle de la « socialité », pour la constitution de l’individu (de sa conscience et de sa conscience de soi). À la
charnière des e-e siècles, la « socialité » est aussi mise en avant
dans les travaux des sociologues russes comme, par exemple, Eugène
de Roberty (-). Pour lui, la vie en commun, en interaction
avec ses semblables, en société, représente la condition du développement de la conscience et de la pensée individuelles, du langage, de la
constitution de l’expérience collective et de la création des systèmes
des connaissances, des croyances, de la morale, de l’art, des institutions, etc. Le rôle d’« autrui » y est primordial. C’est grâce à l’interaction avec « autrui » que l’individu prend conscience de soi . C’est
dans le « milieu » social et l’échange interindividuel que l’homme évolue, d’une façon telle qu’il crée des richesses matérielles et surtout
intellectuelles dépassant du point de vue temporel son existence biologique individuelle. Pitirim Sorokin (-), élève de Roberty, met
aussi l’accent sur la « socialité » (et, implicitement, sur l’importance
d’« autrui »). Dans Le Système de sociologie, publié en , il définit
la société comme un « groupe d’individus qui, vivant ensemble, interagissent (s’influencent les uns les autres ) » ; et il propose d’analyser le
fait social élémentaire (l’unité minimale de la vie sociale). Ce dernier a
trois composantes : ) le groupe social , composé d’au minimum deux
individus ; ) les actes au moyen desquels les individus s’influencent
les uns les autres ; et ) les « médiateurs » [provodniki] qui véhiculent
l’action des actes d’un individu à l’autre et permettent d’interagir, non
seulement aux individus qui se trouvent en présence physique immédiate, mais aussi à ceux qui sont séparés dans l’espace et le temps.
Parmi les « médiateurs » utilisés dans l’échange humain, Sorokin mentionne la parole, la musique, la signalisation routière, les gestes, les
mimiques, le langage écrit (les lettres), les armoiries, les drapeaux, les
. On retrouve cette idée chez Bakhtine. En parlant des personnages de
Dostoïevski et des hommes en général, il avance : « Ce n’est que dans l’échange
[obščenie], dans l’interaction [vzaimodejstvie] des hommes, que se dévoile “l’homme
dans l’homme”, pour les autres comme pour lui-même » (B, , p. ,
traduction légèrement modifiée).
. S, [] , p. .
. Sorokin affirme que le fait d’interagir constitue le principe de base selon lequel
les individus forment une unité collective ou un groupe social.
La conception du « dialogue » de Mikhaïl Bakhtine et ses sources...
vêtements, etc. Il insiste sur la pluralité des moyens de l’interaction
interindividuelle et refuse de les réduire au seul langage. Pourtant, il
ne minimise pas le rôle de ce dernier. Dans sa conception du fait
social élémentaire, les « médiateurs » verbaux sont les moyens principaux et même les plus importants de l’interaction sociale. Ils sont
flexibles et agiles et permettent de communiquer toutes les nuances
des états psychiques et mentaux les plus complexes. Leur flexibilité se
manifeste non seulement dans le fait qu’il existe un grand nombre de
mots qui désignent des états psychiques divers, mais aussi une série
de phénomènes qui les accompagnent, par exemple, l’intonation : les
« médiateurs » verbaux agissent non seulement par la signification ou
le contenu des mots, mais aussi par la force, le timbre et la hauteur
de la voix avec laquelle ils sont prononcés. Ils se caractérisent aussi
par la facilité qu’ont les individus pour les produire et par leur efficacité. Tous ces arguments permettent à Sorokin d’expliquer pourquoi
les « médiateurs » verbaux sont omniprésents dans la vie sociale, vie
sociale qu’il définit, entre autres, comme un « flux immense de mots
et de leurs combinaisons, en circulation ininterrompue, allant d’un
individu à l’autre, des individus aux autres », autrement dit comme
un dialogue verbal ininterrompu. Ainsi, en examinant le fait social
élémentaire, Sorokin aborde les problèmes du « dialogue » et formule
certaines idées que l’on retrouve chez Bakhtine.
Dans ses textes, Bakhtine ne se réfère pas aux travaux des
sociologues russes. Néanmoins, le contexte intellectuel de la fin du
e et du début du e siècle peut expliquer l’intérêt manifesté
par Bakhtine pour les problèmes du dialogue en tant que forme de
l’échange interindividuel et du Mot — notamment l’attention particulière que les chercheurs portèrent aux problèmes sociologiques
durant les années - . Dans Les Problèmes de l’œuvre de
Dostoïevski (), le Mot est défini comme un phénomène social :
il est le « milieu » de l’échange interindividuel, sa vie est le passage
ininterrompu d’un individu à l’autre (ici, Bakhtine semble reprendre
. S, [] , p. .
. À cette époque, les intellectuels russes s’intéressent aussi tout particulièrement
aux phénomènes de la « parole vivante », au langage parlé comme base de créativité
linguistique, au dialogue en tant que forme principale de l’échange socio-verbal, à
la « parole dialogale », ainsi qu’aux approches linguistiques et non-linguistiques des
œuvres littéraires et poétiques. Pour plus de détails sur le contexte intellectuel russe
de cette période historique, voir R, ; I, .
Cahiers de praxématique ,
l’idée, propre à Sorokin, que l’interaction verbale constitue l’essence
de la vie sociale), d’où le fait que tout Mot émis par l’individu est marqué par le Mot d’« autrui ». Par conséquent, le problème de l’orientation du Mot d’auteur vers le Mot d’« autrui » est un problème
sociologique. Plus précisément, Bakhtine écrit :
Le problème de l’orientation de la parole [reč’] vers le Mot d’autrui a
une signification sociologique de premier ordre. Le Mot est de nature
sociale. Le Mot n’est pas une chose, mais le milieu toujours dynamique, toujours changeant, dans lequel s’effectue l’échange social
[social’noe obščenie]. Il ne se satisfait jamais d’une seule conscience,
d’une seule voix. La vie du Mot, c’est son passage d’un locuteur
à l’autre, d’un contexte à l’autre, d’une collectivité sociale à l’autre,
d’une génération à l’autre. Et le Mot n’oublie jamais son trajet, ne
peut se débarrasser entièrement de l’emprise des contextes concrets
dont il a fait partie. Tout membre d’une collectivité parlante trouve
non pas un mot neutre de la langue, libre des intentions [intencii], des
voix d’autrui. Mais il reçoit le Mot par la voix d’autrui, empli de la
voix d’autrui.
(Bakhtine, , p. , aussi partiellement Bakhtine,
, p. -, traduction légèrement modifiée)
La notion de Mot en tant que phénomène social constitue la base de
l’analyse stylistique des œuvres de Dostoïevski. Bakhtine avoue : « La
prémisse de toute notre analyse stylistique est l’affirmation que le Mot
est un phénomène social, et encore, un phénomène par son essence
social. Ce n’est pas le mot-chose, mais le Mot-milieu de l’échange qui
est à la base de notre stylistique . » Si l’on se réfère à la préface des
Problèmes de l’œuvre de Dostoïevski (), non reprise dans l’édition
de , c’est sur la base de l’analyse des « fonctions sociales et artistiques du Mot dans les œuvres de Dostoïevski » que Bakhtine veut
montrer l’esprit novateur de cet écrivain qui a créé, selon lui, une
nouvelle forme de roman. La recherche des raisons qui ont poussé
Dostoïevski à écrire un roman « polyphonique » constitue l’objectif
des Problèmes de l’œuvre de Dostoïevski. Pour atteindre cet objectif,
Bakhtine rejette l’approche formelle et propose de considérer tout
texte littéraire comme un phénomène sociologique, c’est-à-dire comme
. B, , p. , souligné par l’auteur.
. Ibid., p. .
La conception du « dialogue » de Mikhaïl Bakhtine et ses sources...
le point d’intersection et de réfraction des forces et des appréciations
sociales présentes dans le contexte de la production du texte littéraire .
Bakhtine part du principe que c’est l’époque qui « a rendu possible
le roman polyphonique ». Dostoïevski n’a fait que reproduire dans
ses romans la complexité, les contradictions et la « multiplicité des
plans » de la réalité sociale de son temps. La « polyphonie » est donc
le reflet d’un état de la société où coexistent et interagissent différentes
forces sociales. L’analyse des dialogues chez Dostoïevski amène Bakhtine à des conclusions plus pointues. Selon lui, les héros de Dostoïevski
sont l’image de l’intelligentsia roturière [raznočinnaja intelligencija] qui
n’avait pas à l’époque de Dostoïevski une forte conscience sociale. Les
dialogues (extérieurs et intérieurs) ininterrompus et infinis qui constituent les œuvres de Dostoïevki sont une projection de l’absence d’une
position sociale déterminée pour l’intelligentsia roturière de son temps.
Bakhtine écrit :
Le dialogue « de l’homme à l’homme » que nous avons analysé est
un document sociologique intéressant au plus haut point. Une perception extrêmement aiguë d’un autre homme en tant qu’« autrui »,
et de son propre « moi » comme « moi » mis à nu [goloe « ja »] suppose que toutes ces définitions (de famille, de caste, de classe et toutes
les variétés de ces définitions) qui donnent une forme concrète sociale
au « moi » et à « autrui » ont perdu leur autorité et leur force formatrice. Comme si l’homme se percevait partie du monde en tant que
tout, sans passer par aucune instance intermédiaire, aucune collectivité sociale à laquelle il appartiendrait. [...] Les héros de Dostoïevski
sont les héros de familles et de collectivités de hasard. Ils sont privés d’un échange [obščenie] réel, qui va de soi, dans lequel leur vie
et leurs relations pourraient se déployer. Un tel échange, prémisse
nécessaire de la vie, s’est métamorphosé pour eux en un postulat. Il
est devenu l’objectif utopique de leur aspiration. En effet, les héros
de Dostoïevski sont mus par le rêve utopique de créer une communauté des hommes au-delà des formes sociales existantes. [...] Comme
si l’échange avait perdu sa forme réelle et voulait la créer arbitrairement à partir du matériau humain pur. Tout cela est la plus profonde
expression de la désorientation d’une intelligentsia roturière [raznočinnaja intelligencija] qui se sent dispersée à travers un monde où elle
s’oriente seule, à ses risques et périls. Une voix monologique ferme
. Ibid., p. .
. Ibid., p. ou B, , p. .
Cahiers de praxématique ,
suppose un appui social solide, un « nous » [...]. Pour quelqu’un d’isolé,
sa propre voix devient instable ; sa propre unité et son propre accord
intérieur avec soi-même deviennent un postulat.
(Bakhtine, , p. -)
L’analyse des romans de Dostoïevski du point de vue de leur
contenu social inscrit Les Problèmes de l’œuvre de Dostoïevski dans le
courant sociologique des études littéraires qui se développe au début
du e siècle en Russie, principalement sous l’influence du marxisme
(du matérialisme historique). Certes, les éléments de l’approche sociologique que l’on trouve chez Bakhtine peuvent être considérés comme
un « tribut payé à l’époque ». Néanmoins, ils doivent être pris en
compte si l’on veut comprendre les notions de « dialogue » et de « dialogisme » au sens de Bakhtine. L’intérêt pour la sociologie marxiste et
non marxiste qui marque le contexte intellectuel russe à la charnière
des e-e siècles a une incidence sur Bakhtine et sa conception du
« dialogue ».
« Être, c’est communiquer dialogiquement [obščat’sja dialogičeski].
Lorsque le dialogue s’arrête, tout s’arrête. C’est pourquoi, en fait, le
dialogue ne peut et ne doit jamais s’arrêter » : ces mots bakhtiniens
reçoivent ainsi un tout autre sens.
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