Agence Française de Développement
document
de travail
septembre
janvier 2007
2005
36
Les accords de partenariat économique :
des accompagnements nécessaires
Anna LIPCHITZ, AFD, département de la Recherche (
[email protected])
Département de la Recherche
Agence Française de Développement 5 rue Roland Barthes
Direction de la Stratégie
75012 Paris - France
Département de la Recherche
www.afd.fr
Sommaire
1.
RESUME
4
INTRODUCTION
6
Des relations commerciales UE-ACP en constante évolution
7
1.1
Des partenariats économiques élargis au fil du temps
7
1.2
Des préférences qui n’ont pas eu les retombées positives espérées
7
1.3
La contrainte juridique de l’OMC
8
1.4
Une nouvelle conception du commerce et du développement
8
2.
Les APE : des partenaires commerciaux inégaux
11
2.1
Les pays ACP sont 31 fois moins riches que l’Union européenne
11
2.2
Une forte dépendance commerciale des pays ACP à l’Union européenne
11
2.3
Des pays ACP plus protecteurs en droits de douanes que l’Union européenne
13
3.
Les impacts théoriques des accords de partenariat économique
16
3.1
Les modifications de flux commerciaux suite à un accord bilatéral de libre-échange
16
3.2
Des précautions méthodologiques : de l’art de modéliser une libéralisation telle que les APE
18
4.
Le cas de l’Afrique subsaharienne : des ajustements importants, compte tenu
de l’asymétrie initiale
19
4.1
Des créations de commerce de 3,3 Mds de dollars pour 0,8 Md de dollars de
détournement de commerce
19
4.2
Des pertes immédiates sur les recettes fiscales de 2,9 Mds de dollars pour l’Afrique
20
4.3
Les effets agrégés : des gains de bien-être réels si l’intégration régionale est effective
20
5.
Des effets bénéfiques conditionnés par des politiques
23
d’accompagnement
23
5.1
Les enseignements du partenariat Euromed : un fonds d’ajustement pour encourager
les mises à niveau dans les secteurs productifs
23
5.2
Des impacts dépendant de la force de l’intégration régionale
24
5.3
Des impacts dépendant de l'appropriation des marges de manœuvre par les négociateurs africains
27
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
2
Sommaire
CONCLUSION
29
Annexe 1. Découpage de l'Afrique et enchevêtrement des accords régionaux
30
Annexe 2. Comparaison des régimes SPG, SPG-PMA et Cotonou de l'Union européenne
32
Annexe 3. Taux tarifaires ad-valorem (%) appliqués par les pays africains aux importations
en provenance de l’Union européenne
33
LISTE DES ACRONYMES
34
BIBLIOGRAPHIE
35
Liste des tableaux
1.
Des pays relativement moins riches que l’Union européenne
11
2.
Importations des pays ACP en 2005
12
3.
Exportations des pays ACP en 2005
13
4.
Tarifs douaniers de l’Afrique subsaharienne et de l’Union européenne
14
5.
Importance des droits de douanes dans la formation du revenu national
14
6.
Création et détournement de commerce suite à un APE, en millions de dollars
19
7.
Impacts sur l’Afrique subsaharienne des scénarios APE
21
8.
Tarifs douaniers appliqués au commerce intra-africain
24
Liste des graphiques
1.
Structure des exportations de l'Union européenne vers les pays ACP (%)
11
2.
Structure des importations de l'Union européenne en provenance des pays ACP
12
3.
Modélisation d’un accord régional
16
4.
Impacts de la mise en place du TEC UEMOA sur le commerce intra-régional
25
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3
RESUME
Les accords de Cotonou sonnent le glas des accords pré-
à l’intérieur de la zone. Grâce aux économies d’échelles et
férentiels en envisageant un partenariat renouvelé, fondé
à un accès à des intrants moins chers, les entreprises se
sur la réciprocité, entre l’Union européenne et six régions
spécialiseraient et fusionneraient, les prix seraient tirés
des pays d’Afrique Caraïbes Pacifique (ACP). Ces accords
vers le bas au grand bénéfice des consommateurs et des
de partenariat économique (APE) sont mieux à même de
entreprises consommatrices d’intrants. La concurrence
répondre aux nouveaux défis de la mondialisation et aux
accrue et le flux d’investissement, engendrés par la sécuri-
contraintes juridiques de l’Organisation mondiale du com-
sation d’un grand marché, entraineraient un gain de bien-
merce. Et justement, parce qu’ils répondent à une légitimi-
être. Le renforcement régional permettrait également le
té juridique et économique, leurs alternatives ne semblent
renforcement des capacités de négociation.
que transitoires. Le volet accompagnement des APE est
alors capital ; les surcoûts de l’ouverture pourraient être
Cependant, la libéralisation du commerce dans le cadre
compensés par l’aide financière proposée.
d’un APE comporte de nombreux risques ; outre la discrimation avec le reste du monde, des pertes fiscales, des
L’Union européenne et les ACP sont des partenaires très
détournements de commerce et des désindustrialisations
inégaux, autant en termes de richesse (les pays ACP sont
pourraient nuire aux économies des ACP.
31 fois moins riches), qu’en terme de dépendance commerciale. L’Union européenne reste d’une importance primor-
Des modèles d’équilibre général permettent d’apprécier
diale pour les échanges des pays ACP (elle est la plus
l’impact des APE. Compte tenu de l’asymétrie initiale
grande importatrice et la seconde exportatrice pour les
(l’Union européenne a déjà diminué ses droits de
pays ACP), mais ces échanges sont marginaux pour
douanes), les modifications de bien-être seraient négli-
l’Union européenne (de l’ordre de 3 %). Le marché commu-
geables pour l’Union européenne et légèrement négatives
nautaire dispose de barrières tarifaires faibles (de l’ordre de
pour l’Afrique subsaharienne. La pleine réciprocité (les
4 %), le marché des pays ACP est plus protégé ; les droits
droits de douane des pays ACP seraient équivalents aux
de douanes, à détailler en fonction des secteurs et des
droits de douane de l’Union européenne) serait coûteuse
pays, se chiffrent à 20 %. Ces droits de douane constituent
pour l’Afrique subsaharienne ; le bien-être diminuerait de
en moyenne 25 % des revenus des gouvernements afri-
0,27 %. Le scénario de libre-échange total serait moins
cains. L’abaissement de ces droits pourrait induire des
néfaste pour les économies africaines mais la dégradation
ajustements, d’autant plus sévères pour les pays dont
de la balance commerciale deviendrait importante (- 1,8
l’Union européenne est un partenaire commercial important
Md de dollars). Ainsi, avant l’ouverture de l’Afrique aux
et pour lesquels les droits de douane restent une compo-
productions européennes, un délai est nécessaire, pour
sante importante des recettes de l’Etat, comme l’Afrique
renforcer le commerce intra-africain et encourager la diver-
subsaharienne.
sification des économies. Néanmoins, les gains seront cer-
Théoriquement, en formant une zone de libre-échange
tainement accaparés par les ACP non PMA qui ne bénéfi-
entre chacune des six régions et l’Union européenne, les
ciaient pas auparavant d’un accès libre aux marchés euro-
pays partenaires devraient optimiser la création d’échanges
péens. Ces études d’impacts sont donc à affiner par des
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4
RESUME
études pays, à partir de modèles d’équilibre partiel, per-
normes ou des critères d’origine resteront des facteurs limi-
mettant de plus fines désagrégations. De plus, ces résul-
tatifs. Ainsi, les APE peuvent être une opportunité pour
tats sont obtenus à partir de modèles statiques (ils ne
constituer de véritables marchés régionaux au sein des
prennent pas en compte les gains de productivité) et sous
pays ACP, à condition que la libéralisation ne soit pas uni-
l’hypothèse de concurrence pure et parfaite. La progres-
quement commerciale. Des aides financières significatives
sion des exportations des émergents est occultée, elle
doivent accompagner le processus d’ouverture : elles per-
limitera pourtant les parts de marché des exportateurs. De
mettraient outre la mise en place de filets sociaux d’amélio-
même, l’aspect monétaire n’est pas abordé : les taux de
rer les capacités productives, d’encourager la diversifica-
change sont pourtant un facteur explicatif de la compétiti-
tion mais aussi d’amorcer la transition fiscale.
vité des produits.
Les programmes de mise à niveau des économies ACP et
La seule diminution des droits de douanes dans les
de renforcement des capacités commerciales pourraient
échanges entre l’Union européenne et les pays ACP
intégrer ce contexte APE. Ces programmes devront être
n’aboutira pas à une amélioration significative des parts
coordonnés avec l’action des autres bailleurs de fonds. Ils
d’exportation et du bien-être des pays ACP. Les contraintes
pourraient évoluer vers des logiques filières : la maîtrise de
politiques, les entraves liées aux dysfonctionnements admi-
la filière entière permettra de répondre aux exigences des
nistratifs, les défaillances de marché et du gouvernement,
normes, qui pèseront de plus en plus sur le commerce
ainsi que les capacités productives et les contraintes des
mondial.
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5
INTRODUCTION
Les accords de Cotonou ont été signés le 23 juin 2000 pour
sions technologiques. Ils devraient également encourager
une durée de 20 ans entre l’Union européenne (UE), ses
les investissements. Au final, le consommateur pourrait
Etats membres et les 77 pays ACP. Ils prévoient la négocia-
accéder à des produits moins chers et plus variés, comme
tion d’accords de partenariat économique (APE), ou zones
les entreprises à des intrants bon marché. Les impacts
de libre-échange entre l’Union européenne et six
négatifs économiques des APE seraient de plusieurs
ensembles régionaux. La négociation de ces accords est
ordres, et ne se résument pas aux pertes fiscales dues à
imposée par la compatibilité avec les règles de
l’abaissement tarifaire ; des détournements de flux com-
l’Organisation mondiale du commerce des accords préfé-
merciaux, encourageant une désindustrialisation pourraient
rentiels de type Lomé. Ces négociations APE doivent faire
également alourdir les pertes.
l’objet d’un bilan à mi parcours fin 2006-début 2007.
Après avoir décrit l’évolution des relations Union euroEn renforçant l’intégration régionale et en créant une zone
péenne-ACP, un panorama des échanges entre l’Union
de libre-échange, ces accords devraient permettre aux
européenne et les pays ACP est présenté dans cette
pays signataires une meilleure allocation des ressources.
étude. Les impacts des APE sont ensuite relatés, justifiant
Outre la création de commerce, les APE permettraient un
ainsi les politiques d’ajustement proposées en dernière
renforcement de la concurrence et faciliteraient les diffu-
partie.
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6
1.
1.1
Des relations commerciales UE-ACP en constante évolution
Des partenariats économiques élargis au fil du temps
Dès les premiers pas de la construction européenne, l’idée
tion des préférences commerciales. Outre la pérennisation
de coopération est présente. La déclaration de Schuman
des flux d’aides, des préférences commerciales sont accor-
du 9 mai 1950 met en exergue l’importance du développe-
dées, mais ces préférences sont désormais discrimina-
ment africain, qui apparait comme un des objectifs majeurs
toires et non réciproques : la CEE accorde des condi-
de l’Europe. Le traité de Rome en 1957 met en place le
tions d’accès au marché très favorables aux pays ACP qui
Fonds européen de développement (FED), orienté dans un
ne sont pas tenus d’octroyer des concessions équivalentes
premier temps vers les territoires d’outre-mer, puis vers les
aux exportateurs européens. Ces accords doivent faire
pays africains après leur indépendance. Ces pays ont
l’objet d’une dérogation au sein du GATT, allant à l’encontre
négocié un maintien de leurs relations préférentielles dans
de la clause de la nation la plus favorisée. Ils coexistent
le cadre d’une coopération économique, culturelle et poli-
avec des protocoles spéciaux sur la viande bovine, les
tique. En 1963, les accords de Yaoundé formalisent ce par-
bananes, le sucre et le rhum, pérennisant les accords com-
tenariat ; signés entre la Communauté économique euro-
merciaux antérieurs du Royaume Uni. Dans le cadre de ces
péenne (CEE) et 18 pays africains, ils comprennent des
protocoles, l’UE est tenue d’acheter une quantité définie à
dispositions commerciales ainsi qu’une dimension aide au
un prix élevé. Les accords de Lomé ont également instau-
commerce. Néanmoins, ces accords reprennent les arran-
ré des mécanismes en cas de chute de leurs recettes d’ex-
gements commerciaux de la période pré-indépendance : il
portation : STABEX (première convention de Lomé) puis
s’agit d’accords commerciaux non discriminatoires fon-
SYSMIN (deuxième convention de Lomé) en cas de baisse
dés sur la réciprocité. En 1969, Yaoundé II est signé du
des revenus provenant de la vente des produits minéraux.
Royaume Uni : il prévoit une augmentation du FED. Les
Ces deux systèmes étaient financés par le FED qui versait
bénéficiaires s’étendent au Kenya, à la Tanzanie et à
des avances aux pays ACP.
l’Ouganda. En 1973, l’adhésion à l’Europe fait entrer les
Enfin, l’accord de Lomé apportait une dimension politique
pays anglophones sous les accords de Yaoundé. Les
conditionnant son octroi d’aide aux respects des droits de
Caraïbes et le Pacifique intègrent également le groupe des
l’homme et de la bonne gouvernance, ainsi qu’à la recon-
pays ACP.
naissance des questions de genre.
L’accord de Lomé, signé en 1975 entre 46 pays ACP et
L’accord de Lomé a été renouvelé en 1980, 1985,1990 et
l’Union européenne, marque un tournant dans la concep-
2000 et s’est progressivement étendu aux 77 pays ACP.
1.2
Des préférences qui n’ont pas eu les retombées positives espérées
L’efficacité des préférences tarifaires pour la création de
ment à 3 % pour le marché européen, même si les impor-
commerce n’est pas évidente. Les préférences accordées
tations de l’UE provenant des pays ACP augmentent : de
aux pays en développement, et tout particulièrement aux
22 Mds en 1999, elles se chiffrent à 36 Mds en 2005.
PMA, ne se sont pas traduites par des flux significatifs.
De plus, ces préférences ont encouragé une spécialisa-
Leur part dans le commerce mondial et européen ne cesse
tion des productions, rendant les pays vulnérables aux
de décroître ; elle est passée de 6 % à 2 % entre 1980 et
cours mondiaux volatils pour ces quelques matières pre-
2002 pour le marché mondial pour se stabiliser actuelle-
mières. En 1982, 5 produits de 37 pays ACP constituaient
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
7
1. Des relations commerciales UE-ACP en constante évolution
90 % des exportations vers l’Europe. En 2002, seulement 2
dées. La poursuite de la libéralisation multilatérale et la
pays avaient réussi à diversifier leurs exportations, et donc
mise en place tout azimut des accords bilatéraux diminue
à diminuer leur vulnérabilité face à la volatilité des cours
ces marges.
mondiaux.
Plus largement, les mécanismes comme le STABEX et le
Ainsi, les préférences n’ont pas permis un décollage des
SYSMIN, pour atténuer les pertes de recettes d’exportations
économies des pays ACP (à quelques exceptions près,
ou celles des revenus dues à des fluctuations de cours mon-
comme Maurice pour le textile habillement), souffrant plus
diaux, n’ont pas été suffisants pour empêcher une nouvelle
globalement de difficultés pour exporter : les pays font face
dégradation des termes de l’échange de l’Afrique.
à des difficultés techniques pour satisfaire les critères de
Ces arguments et l’expiration de la convention de Lomé en
qualité et de traçabilité exigés, ainsi qu’à l’insuffisance de
février 2000 ont amené l’Union européenne à réfléchir à un
leur potentiel exportable. Le produit intérieur brut par habi-
autre mode de coopération avec les ACP ; un livre vert en
tant de l’Afrique subsaharienne1 n’a augmenté que de
1996 sur l’avenir des relations entre les pays ACP et l’Union
0,4 % en moyenne entre 1960 et 1992 contre 2,3 % pour
européenne rassemblait ces réflexions3. Au-delà de cette
l’ensemble des pays en développement (PED).
justification économique, ces accords posaient également
Enfin, et surtout, les marges
1.3
préférentielles2
se sont éro-
un problème de légitimité par rapport à l’OMC.
La contrainte juridique de l’OMC
Le principe de la nation la plus favorisée (qui figure à l’ar-
régime de la Convention de Lomé bénéficie, depuis son origi-
ticle premier du GATT) s’oppose à l’octroi de préférences
ne, de dérogations accordées par le consensus des membres
commerciales. La « clause d’habilitation », qui sert de
de l’OMC (la dernière a été accordée difficilement à la confé-
base juridique au système généralisé de préférences, per-
rence de Doha et couvre la période allant du 1er mars 2000
met de contourner cette contrainte en prévoyant un traite-
au 31 décembre 2007). Toutefois ce régime dérogatoire
ment plus favorable pour les pays en développement. Elle
risque d’être non renouvelé : les préférences accordées aux
interdit en revanche toute discrimination entre pays en
pays ACP sur la banane, le thon et le sucre sont fortement cri-
développement qui ne soit pas fondée sur des critères
tiquées par les pays en développement non ACP. L’Union
objectifs.
européenne et les pays ACP se sont alors fixé pour objectif de
Ainsi, les régimes préférentiels qui ne visent que les pays
passer d’un régime de préférences (par nature non-réci-
ACP ne peuvent bénéficier des dispositions de la clause d’ha-
proque) à un réseau de zones de libre-échange (les Accords
bilitation, contrairement à la catégorie des PMA par exemple,
de partenariat économique ou APE) entre l’Union européen-
définie par des critères économiques. Pour cette raison, le
ne et six ensembles régionaux.
1.4
Une nouvelle conception du commerce et du développement
Le nouvel accord ACP-CE, signé le 23 juin 2000 à
Cotonou (Bénin), a été conclu pour une durée de 20 ans
(mars 2000 - février 2020). L’accord de Cotonou est un
accord global avec pour objectif de lutter contre la pauvreté. Des nouveaux partenariats économiques et commerciaux, esquissés au paragraphe XXXVII de la convention
de Cotonou, devront être signés au terme d’une période
1 L’Afrique subsaharienne englobe dans cette étude le continent africain, sans l’Afrique du
Sud ayant contracté un accord bilatéral avec l’Union européenne (ACDC), ni les pays de
l’Afrique du Nord ayant contracté les accords Euroméditerranée.
2 La marge préférentielle par unité de produit exporté vers un pays importateur donné est la
différence entre le droit de la Nation la Plus Favorisée (NPF) valable pour tous les pays, et le
droit préférentiel pour ce produit.
3 Cf. COM(96) 570.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
8
1. Des relations commerciales UE-ACP en constante évolution
préparatoire le 31 décembre 2007.
la fois par une forte superposition des régimes préféren-
Ces APE sont des accords commerciaux réciproques : à
tiels, et par l’enchevêtrement des organisations régio-
terme, c’est bien une zone de libre-échange qui sera for-
nales (cf. Annexe 1. Découpage de l’Afrique et enche-
mée. Mais ce libre-échange entrera progressivement en
vêtrement des accords régionaux). Les pays appartien-
vigueur en 2008, de manière asymétrique, le libre-échan-
nent à la COMESA (Common Market for Eastern and
ge n’étant complet pour les pays ACP qu’en 2020. L’Union
Southern Africa qui deviendra une union douanière en
européenne a ouvert ses marchés, les pays ACP vont
2008), l’ESA (East African Community, effective depuis
ouvrir réciproquement leurs marchés dans le cadre de six
le 1er janvier 2005, qui devrait s’élargir au Rwanda et
intégrations régionales, puis ils ouvriront leurs marchés aux
au Burundi), ou à la SADC (Southern African
produits communautaires. Ces six régions sont :
Development Community qui deviendra une Zone de
=
Afrique de
l’Ouest4
libre-échange en 2008, puis une Union douanière en
: Structurée autour de la CEDEAO
2010 et un Marché commun en 2015).
(Communauté Economique des Etats d’Afrique de
l’Ouest) et de la Mauritanie, cette région est celle qui
=
=
SADC et Afrique australe7 : cette région comporte sept
pose le moins de problèmes d’ordre institutionnel. Déjà
membres de la SADC. Les autres membres de la
dotée d’une zone de libre-échange et d’une union doua-
SADC, non PMA, ont opté pour l’APE Afrique de l’Est.
nière via l’UEMOA (Union économique et monétaire
De nombreux arrangements régionaux s’enchevêtrent.
ouest-africaine), l’objectif est d’en obtenir l’élargisse-
Certains membres font partie de la COMESA, d’autres
ment aux sept autres pays du groupe régional. Cette
pays de l’Union douanière de l’ESA et d’autres de la
région est caractérisée par une forte hétérogénéité (des
SADC. L’Afrique du Sud, qui ne devrait pas négocier
PMA coexistent avec le riche Nigeria), laissant présager
d’APE, est un poids lourd dans la zone. Elle a signé
de nombreux conflits d’intérêts.
avec l’Union européenne un accord de libre-échange
Afrique
centrale5
: Les pays disposent de ressources
(l’accord sur le commerce, le développement et la
minérales et pétrolières mais sont faiblement diversifiés
coopération : ACDC). Les membres de la SACU
et restent peu développés. La négociation est délicate
(Botswana, Lesotho, Namibie, Swaziland), n’ayant pas
en raison du manque de lisibilité en termes d’intégration
de barrières aux échanges avec l’Afrique du Sud sont,
régionale. La CEMAC (Communauté économique et
de facto, concernés par cet accord.
monétaire de l’Afrique centrale) et Sao Tomé et Principe
=
Caraïbes8 : les négociations sont structurées autour de
sont les partenaires régionaux de l’UE, groupe auquel
la CARICOM (Communauté et Marché commun des
s’est greffée la République démocratique du Congo. La
Caraïbes) et de la République Dominicaine. La CARI-
CEMAC, union économique et monétaire, dispose d’un
COM a mis en place un tarif extérieur commun.
tarif extérieur commun mais les entraves demeurent
Néanmoins, des différences de droits de douanes sub-
nombreuses : les règles d’origine et le tarif extérieur
sistent entre les pays. De plus six îles ont instauré une
commun ne sont pas appliqués correctement ; le com-
monnaie commune (l’Organisation des Etats des
merce intra-régional est faible (5 % seulement du com-
Caraïbes orientales).
merce). Les infrastructures sont en effet insuffisantes
pour répondre au défi de l’intégration régionale ; la densité des infrastructures routières est l’une des plus
faible au monde. L’absence d’accord de libre-échange
entre la CEMAC et Sao Tomé et Principe, ainsi que le
ralliement tardif de la République démocratique du
Congo, risquent de complexifier les négociations APE,
d’autant plus que les capacités de négociations de la
zone sont limitées.
=
Afrique de l’Est (ESA)6 : cette région est caractérisée à
4 Bénin*, Burkina Faso*, Cap Vert*, Côte d’Ivoire, Gambie*, Ghana, Guinée*, Guinée Bissau*,
Libéria*, Mali*, Mauritanie*, Niger*, Nigeria, Sénégal*, Sierra Léone*, Togo*. Les pays PMA
sont suivis d’un astérisque.
5 Cameroun, République de Centrafrique*, Tchad*, République Démocratique du Congo*,
République du Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Sao Tomé et Principe*.
6 Burundi*, Comores*, Djibouti*, Erythrée*, Ethiopie*, Kenya, Madagascar*, Malawi*, Maurice,
Ouganda*, Rwanda*, Seychelles, Soudan*, Zambie*, Zimbabwe.
7 Angola*, Botswana, Lesotho*, Mozambique*, Namibie, Swaziland, Tanzanie*.
8 Antigua et Barbuda, Bahamas, Barbade, Belize, Dominique, République Dominicaine,
Grenade, Guyane, Haïti*, Jamaïque, Montserrat, St Christophe et Nevis, Sainte Lucie, Saint
Vincent et les Grenadines, Suriname, Trinité et Tobago.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
9
1. Des relations commerciales UE-ACP en constante évolution
=
Pacifique9 : Cette région, principalement composée
pays les moins avancés (PMA). Ce régime est non dis-
d’îles éloignées entre elles, a pour partenaires princi-
criminatoire puisqu’il est à disposition des pays considé-
paux l’Australie et la Nouvelle-Zélande. De nombreux
rés comme PMA, selon des critères objectifs de la
accords commerciaux existent : PICTA ou l’accord
CNUCED. Cet accord leur donne accès à des droits de
commercial des pays insulaires du Pacifique, l’accord
douane nuls et sans quota sur l’ensemble des produits
avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande ou l’accord de
(sauf le commerce des armes), avec des restrictions sur
Pacifique pour le resserrement des relations écono-
le sucre, les bananes et le riz pendant une période tran-
miques ou PACER, l’accord avec les Etats-Unis.
sitoire allant jusqu’en 2009 ;
Tous ces APE ont vocation à être plus que de simples
accords commerciaux :
=
=
=
=
les non PMA ont accès à un autre régime préférentiel :
le système de préférences généralisé (SPG). Le régime
par la couverture des accords : les APE doivent cou-
préférentiel SPG concerne un grand nombre de pays
vrir les questions tarifaires sur l’agriculture et l’industrie
mais peu de produits et sa marge préférentielle reste
mais également les questions non tarifaires portant sur
faible (cf. annexe 2). Depuis 1998, des réductions tari-
les services (hors culture et audiovisuel) et les sujets de
faires supplémentaires sont également appliquées à cer-
Singapour (investissement, concurrence, facilitation au
tains pays en développement dans le cadre des régimes
commerce et marchés publics) ;
spéciaux d’encouragements du SPG (SPG +). Ces pro-
par l’objectif d’intégration économique régionale :
grammes sont appliqués aux pays qui se conforment
c’est un préalable entre pays ACP d’une même zone, à
aux accords internationaux relatifs à la protection de
l’heure où les économistes sont convaincus du bien
l’environnement, à l’interdiction du travail des enfants ou
fondé d’une intégration régionale. Celle-ci permet en
du travail forcé. Des régimes spéciaux sont également
effet de rendre les marchés plus attractifs pour les
accordés aux pays qui mènent des campagnes de lutte
investisseurs ;
contre les stupéfiants (SPG « drogue »,
enfin, parce qu’ils sont assortis d’une aide financière
andins et d’Amérique centrale et le Pakistan).
douze pays
pour compenser les surcoûts de l’ouverture commerciale et de la restructuration économique qu’ils impliquent.
Les accords de Cotonou sonnent le glas des accords pré-
Le montant de cette aide reste à déterminer. Le volet
férentiels en envisageant un partenariat renouvelé, fondé
commercial, précédemment décrit, s’accompagne donc
sur la réciprocité. Ces accords sont mieux à même de
d’un volet « développement ».
répondre aux nouveaux défis de la mondialisation et aux
Les négociations APE seront engagées avec les pays ACP
contraintes juridiques de l’OMC. Ils sont dotés d’aide finan-
s’estimant prêts à le faire. En cas de non signature d’un
cière pour compenser les surcoûts de l’ouverture. Avant
APE, la situation est différente entre PMA et non PMA :
d’aborder les modifications économiques que de tels
=
l’Union européenne a contracté une Initiative « Tout
accords pourraient induire, dressons le
sauf les armes » : TSA ou EBA à destination des 49
deux partenaires.
panorama des
9 Iles Cook, Micronésie, Fidji, Kiribati*, Iles Marshall, Nauru, Niue, Palau, Papouasie-Nouvelle
Guinée, Samoa*, Salomon, Tonga, Tuvalu*, Vanuatu*.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
10
2.
Les APE : des partenaires commerciaux inégaux
2.1
Les pays ACP sont 31 fois moins riches que l’Union européenne
Le produit national brut de l’ensemble des pays ACP se
l’Union européenne, le produit national brut de la région la
chiffre à 425 Mds de dollars, celui des 25 pays membres de
plus grande et la plus peuplée, l’Afrique de l’Ouest, plafon-
l’Union européenne à 13 300 Mds de dollars, soit un rap-
ne à 1,22 %. La richesse par habitant est en moyenne
port de 1 à 31. La région la plus petite (le Pacifique) affiche
presque 50 fois plus faible que celle de l’Union européen-
un produit national brut représentant 0,07 % du PNB de
ne, avec des inégalités au sein des ACP.
Tableau 1. Des pays relativement moins riches que l’Union européenne
PNB 2005
(Mds de dollars)
Union européenne
% du PNB
de l’UE
Ratio par rapport au PNB
de l’Union européenne
PNB / habitant
(dollars/habitant)
Nombre de PMA/
Nombre de pays total
13 300
100
1
28 760
0/25
Afrique de l’Ouest + Mauritanie
162
1,22
82
627
13/16
Afrique centrale CEMAC + STP
40
0,30
330
439
4/8
Afrique orientale et australe (ESA)
75
0,56
178
306
11/15
SADC + Afrique australe
66
0,50
200
835
4/7
Caraïbes
72
0,54
185
2 057
1/16
Pacifique
9
0,07
1 414
1 000
4/14
Total ACP
425
3,20
31
593
37/76
Source : Banque mondiale (2005), World Development Indicators, calculs de l’auteur.
2.2
Une forte dépendance commerciale des pays ACP à l’Union européenne
D’un point de vue commercial, la balance globale est déséquilibrée à la faveur des pays ACP : les importations euro-
Graphique 1. Structure des exportations de l'Union européenne vers les
pays ACP (%)
péennes à 25 provenant des pays ACP se chiffrent à 36
Mds d’euros en 2005, celles des ACP issues des pays
30,0
européens à 30,5 Mds d’euros. Toutefois, les échanges des
20,0
pays ACP ne constituent que 3 % du commerce de l’Union
10,0
européenne (2,9 % des exportations et 3,1 % des importations de l’Union européenne). Les exportations de l’Union
européenne vers les pays ACP sont diversifiées : le poste
le plus important est celui des biens d’équipement (26 %).
2001
Agricultural prod.
Transport equipm
Textiles and cloth.
Machinery
Chemicals
2003
Energy
Automotive prod.
Agricultural prod.
Transport equipm
Textiles and cloth.
2005
Machinery
Chemicals
Energy
Automotive prod.
Source : Commission européenne, (2006), Fiche pays ACP commerce des
produits entre l'Union européenne et les ACP.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
11
2. Les APE : des partenaires commerciaux inégaux
A l’inverse, 29 % des exportations des pays ACP se réali-
En 2005, l’Union européenne était encore le partenaire
sent à destination de l’Union européenne et 24 % des
commercial principal des pays ACP : elle est la plus gran-
importations des pays ACP proviennent de l’Union euro-
de importatrice et la seconde plus grande exportatrice
péenne. Leurs exportations sont moins diversifiées :
(après les Etats-Unis). L’arrivée des pays émergents modi-
l’Union européenne importe essentiellement des matières
fieront à l’avenir ces classements.
premières : énergie et produits agricoles.
Les données désagrégées montrent une forte dépendance
de l’Afrique centrale à l’Union européenne : 74,1 % de ses
Graphique 2. Structure des importations de l'Union européenne en
provenance des pays ACP
importations proviennent de l’Union européenne et 51,7 %
de ses exportations sont à destination de l’Union européenne. Les Caraïbes et le Pacifique sont moins dépendants.
40,0
30,0
L’Afrique australe exporte essentiellement vers l’Union
20,0
européenne (69,1 %). Ces données datent de 2005 mais
10,0
laissent deviner une avancée des exportateurs chinois.
2001
2003
Agricultural prod.
Transport equipm
Textiles and cloth.
2005
Energy
Automotive prod.
Machinery
Chemicals
Source : Commission européenne (2006).
Tableau 2. Importations des pays ACP en 2005
Millions d’euros
Afrique de l’Ouest
Part des exportations de l’UE
en direction des pays ACP
dans les exportations
totales de l’UE
Commerce UE -> ACP
Part des exportations de l’UE
dans les importations
totales de la zone ACP
Principales importations
des pays ACP
Principaux
partenaires
commerciaux
13 482
1,26 %
35,1 %
médicaments et machines
Union européenne
Afrique centrale
CEMAC + STP
3 420
0,32 %
74,1 %
médicaments et machines
Union européenne
Afrique orientale
5 334
0,50 %
27,9 %
médicaments et machines
Union européenne,
+ Mauritanie
et australe
Afrique du Sud
SADC + Afrique
Australe
3 134
0,29 %
32,7 %
machines
Union européenne
Caraïbes
4 681
0,44 %
18,3 %
moteurs
Etats-Unis
Pacifique
568
0,05 %
20,8 %
30 619
2,86%
24,4%
TOTAL
Australie,
Nouvelle-Zélande
Source : Commission européenne, (2006), Fiche pays ACP commerce des produits entre l’Union européenne et les ACP, calculs de l’auteur.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
12
2. Les APE : des partenaires commerciaux inégaux
Tableau 3. Exportations des pays ACP en 2005
Millions d’euros
Part des importations
ACP dans les
importations totales UE
totales de l’UE
Afrique de l’Ouest
Commerce ACP -> UE
Part des exportations
en direction de l’UE
dans les exportation
totales de la zone ACP
Principales
exportations
des pays ACP
Principaux
partenaires
commerciaux
Etats-Unis, Union
13 764
1,2 %
33,2 %
pétrole (Nigeria)
Afrique centrale
5 393
0,5 %
51,7 %
pétrole
CEMAC + STP
Afrique orientale
4 400
0,4 %
34,2 %
sucre,
+ Mauritanie
européenne
Etats-Unis,
Union européenne
et australe
UE, Chine
fleurs coupées
SADC + Afrique
7 455
0,6 %
69,1 %
pétrole (Angola)
Union européenne,
australe
Caraïbes
3 823
0,3 %
23,8 %
bananes
Etats-Unis
Pacifique
1 245
0,1 %
27,7 %
TOTAL
36 080
3,1 %
29,0 %
Etats-Unis
Australie,
Nouvelle-Zélande
Source : Commission européenne, (2006), Fiche pays ACP commerce des produits entre l’Union européenne et les ACP, calculs de l’auteur.
2.3
Des pays ACP plus protecteurs en droits de douanes que l’Union européenne
Les pays ACP sont plus protecteurs sur leurs marchés
de douane de l’Afrique subsaharienne étaient ramenés au
que l’Union européenne. Les pays ACP protègent leurs
niveau des droits de douane européens (ce qui signifie une
marchés par des droits de douane à hauteur de 20 %.
réciprocité des tarifs douaniers), le désarmement tarifaire
L’Union européenne exerce encore des droits de douane
dans l’industrie, l’énergie et le coton serait fort. En
de 4,2 % sur les importations de pays ACP, concentrés
revanche, un « réarmement » tarifaire aurait lieu pour les
sur certains produits. Sans ces produits, les droits tom-
secteurs africains du cheptel et des produits agroalimen-
bent à 0,5 % (viandes bovines, riz, végétaux, vins et cer-
taires transformés.
tains produits contenant de la viande et du lait) et s’appli-
Ces résultats sont également à détailler par pays. Par
quent surtout aux importations des pays ACP non PMA ;
exemple, les droits de douane du Botswana, Zimbabwe,
les PMA bénéficient du régime préférentiel « Tout sauf
Malawi, Mozambique sont plus élevés. On se reportera à
les armes ».
l’annexe 3, Taux tarifaires ad-valorem (%) appliqués par les
Ces résultats sont à détailler par secteur : l’annexe 4
pays africains aux importations en provenance de l’Union
donne une comparaison des tarifs douaniers appliqués à
européenne, pour plus de précisions.
l’Afrique subsaharienne et ceux appliqués à l’Union euro-
Ces droits de douane sont importants dans la formation
péenne. Alors que certains secteurs sont fortement proté-
du revenu national des pays ACP. Ils constituent en
gés en Union européenne (sucre, céréales, produits agroa-
moyenne 25 % des revenus des gouvernements africains.
limentaires transformés…), l’Afrique subsaharienne a des
Les applications de droits de douanes sont en effet plus
droits de douanes plus forts pour les produits transformés :
faciles à collecter que la collecte de taxes domestiques,
produits agroalimentaires, textiles et industries. Si les droits
comme la TVA.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
13
2. Les APE : des partenaires commerciaux inégaux
Tableau 4. Tarifs douaniers de l’Afrique subsaharienne et de l’Union européenne
Tarifs appliqués à l’ASS par l’UE
Tarifs appliqués à l’UE par l’ASS
Céréales
41,6
10,5
296,2
Légumes
14,5
17,1
- 15,2
Graines oléagineuses
Application de la réciprocité par l’ASS
(changement en %)
0,0
9,6
- 100,0
Sucre
251,4
1,5
16 660,0
Coton
0,0
3,6
- 100,0
Autres cultures
Cheptel
Produits animaliers
3,1
16,1
- 80,7
36,6
11,7
212,8
- 36,4
6,3
9,9
Pêche
12,0
9,3
29,0
Energie
0,0
9,5
- 100,0
- 100,0,
Autres ressources naturelles
0,0
13,1
Produits agroalimentaires transformés
39,4
23,9
6,9
Textiles
10,9
16,4
- 33,5
Vêtements
12,1
29,6
- 59,1
2,6
23,5
- 88,9
Industries à faible technicité
Industries à technicité moyenne
2,1
15,4
- 86,4
Industries lourdes
1,4
15,8
- 91,1
Source : Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, (2005), Effets des accords de partenariat économique entre l’UE et l’Afrique sur l’économie
et le bien-être. A partir de GTPA V.5.4.
Tableau 5. Importance des droits de douanes dans la formation du revenu national
Pays
Dernière donnée disponible
%
Pays
Pacifique
Dernière donnée disponible
%
Est et Sud africain (ESA)
Fidji
1996
21
Soudan
1999
29
Vanuatu
1999
34
Ouganda
2002
19
Papouasie Nouvelle Guinée
2002
26
Zambie
1999
13
Zimbabwe
1997
20
Maurice
2003
20
Caraïbes
République dominicaine
2002
32
Jamaïque
2003
9
Seychelles
2002
24
Barbades
2003
8
Burundi
1999
25
Belize
1997
28
Ethiopie
1999
25
Bahamas
2003
59
Kenya
2000
17
Côte d’Ivoire
Ouest africain (ECOWAS)
2001
Madagascar
41
2002
Sud africain (SADC)
Sénégal
33
Botswana
1996
12
Sierra Leone
28
Namibie
2002
25
Swaziland
2000
50
Lesotho
2003
39
Centre Africain (CEMAC)
République démocratique du.Congo
2002
27
République du Congo
2002
6
Source : Hertel T.W. et Winters L.A. (2006), Poverty and the WTO : impacts of the Doha Development Agenda.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
14
2. Les APE : des partenaires commerciaux inégaux
L’impact du démantèlement tarifaire sera donc différent en
l’ordre de 3 %). Le marché communautaire dispose de
fonction des pays. Néanmoins, quel que soit le pays, les
barrières tarifaires faibles (de l’ordre de 4 %), le mar-
parts relatives des droits de douane diminuent ; leur dimi-
ché des pays ACP est plus protégé ; les droits de
nution sera moins douloureuse qu’elle aurait pu l’être en
douanes, à détailler en fonction des secteurs et des
1970.
pays, se chiffrent à 20 %. Ces droits de douane constituent en moyenne 25 % des revenus des gouverne-
L’Union européenne et les pays ACP sont des parte-
ments africains. L’abaissement des tarifs douaniers
naires très inégaux, autant en terme de richesse (les
pourrait dès lors induire des ajustements. Ces ajuste-
pays ACP sont 31 fois moins riches), qu’en terme de
ments seront d’autant plus sévères pour les pays dont
dépendance commerciale. L’Union européenne reste
l’Union européenne est un partenaire commercial
d’une importance primordiale pour les échanges des
important et pour lesquels les droits de douane restent
pays ACP (elle est la plus grande importatrice et la
une composante importante des recettes de l’Etat,
seconde exportatrice pour les pays ACP), mais ces
comme l’Afrique subsaharienne. Tentons de modéliser
échanges sont marginaux pour l’Union européenne (de
ces impacts.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
15
3.
Les impacts théoriques des accords de partenariat économique
3.1
Les modifications de flux commerciaux suite à un accord bilatéral de libre-échange
Modélisons les impacts des APE, prenant place entre
Après la mise en œuvre de l'APE, les importations de
l'Union européenne et des entités régionales fonction-
l'Union européenne sont rendues moins chères par rapport
nelles. Pour des raisons de simplicité, on suppose la
au reste du monde, compte tenu de la suppression du droit
concurrence parfaite et une parfaite substitution entre les
de douane. H importe désormais OM3 : les exportations de
produits domestiques et importés. Lorsqu'un pays conclut
l'Union européenne ont remplacé celles de P et du reste du
un accord bilatéral de libre-échange avec un pays, il y a,
monde. A l'échelle agrégée, trois phénomènes peuvent être
théoriquement, une meilleure allocation des ressources
mentionnés :
productives, et donc une meilleure expression des avan-
=
tages comparatifs (Viner, 1950). Cela se traduit par une
l'effet de détournement de commerce : les importations de l'Union européenne remplacent les importa-
baisse des prix domestiques, profitable aux consomma-
tions du reste du monde en M1M2, devenues plus com-
teurs et aux entreprises acheteuses d'intrants.
pétitives par la suppression du droit de douane pour les
Prenons H et P deux pays africains concluant un accord
seules marchandises européennes. Cela est possible
APE avec l'Union européenne. On a :
puisque les tarifs douaniers entre H et P sont ramenés
=
DH : demande d'importations du pays H
à zéro, contrairement aux tarifs douaniers opérés sur
=
SP : offre d'exportations du pays P
les marchandises du reste du monde. Ce détournement
=
PROW est le prix offert par le reste du monde, et PtROW
de commerce impacte négativement les recettes bud-
le prix des importations du reste du monde (PROW addi-
gétaires de l'Etat. Il y a également perte de bien-être
tionné du droit de douane t :
=
PtROW
= PROW * (1+t)
pour le consommateur (sans cet accord, le consomma-
PEU celui offert par l'Union européenne.
teur aurait pu profiter d'importations à prix plus bas en
Les offres d'exportations de P sont considérées comme
provenance du reste du monde) et perte de bien-être
minimes par rapport à la capacité d'exportation de l'Union
pour les producteurs du reste du monde. L'effet de
européenne et du reste du monde (H et P sont de petits
détournement de commerce peut être illustré par la
pays). Ainsi les courbes d'offre de l'Union européenne et du
perte des recettes douanières b, représentant la perte
reste du monde sont parfaitement élastiques.
de revenus des droits de douanes, si le producteur le
plus compétitif avait été choisi (ce qui équivaut à une
situation de libre-échange multilatéral) ;
Graphique 3. Modélisation d’un accord régional
=
l'effet de création de commerce : les importations de
l'Union européenne remplacent les importations de P
moins compétitives en OM1. La création de commerce
est matérialisée par l'aire d+c ;
=
l'effet de l'expansion de la consommation : comme le
prix des importations de l'Union européenne est moins
élevé que celui du reste du monde, le pays H achète
davantage (M2M3). Cette expansion de la consommation est matérialisée par l'aire e.
La variation de bien-être agrégé, suite à la conclusion d'un
accord APE, peut donc s'écrire : (c+d+e)-b.
Source : Roza V., (2006), Adjusting to the effects of the ACP-EU Economic
Partnership agreements : the application of Special and Differential treatment.
Néanmoins, si ce cadre est idéal pour calculer les variations
de surplus pour les consommateurs, il ne prend pas compte
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
16
3. Les impacts théoriques des accords de partenariat économique
celles des producteurs locaux. S'il y a gain de surplus pour le
Plus les tarifs douaniers envers le reste du monde sont
producteur de l'Union européenne, il peut y avoir une perte
faibles, plus l'APE sera source de création de commer-
de surplus pour le producteur P si le nouveau commerce
ce et moins de détournement de commerce. En effet,
remplace sa production locale. Dans ce cas, le gain de sur-
cette situation se rapproche le plus d'une situation de libé-
plus du consommateur est à mettre en balance avec la perte
ralisation multilatérale où les avantages comparatifs jouent
des producteurs domestiques et il y a perte d'emploi, au
pleinement leur rôle, sans être biaisés par des droits de
moins à court terme. Dans la théorie, les producteurs s'enga-
douane. Les importations européennes remplaceraient
gent dans un autre secteur de production, en relation avec
donc moins celles provenant du reste du monde qui
leurs avantages comparatifs. En réalité, la réorientation des
seraient plus compétitives. Les avancées de l'OMC, qui
producteurs vers d'autres secteurs semble plus difficile,
permettraient une diminution globale des droits de
d'une part à cause de la faiblesse du tissu productif, et
douanes, auront donc des impacts positifs sur les APE.
d'autre part du fait de l'avance technologique des autres pays
Plus les offres et demandes des pays H et P sont élas-
développés et émergents, rendant les reconversions des
tiques (plus leurs courbes sont horizontales), plus c, d et
secteurs productifs africains plus délicates.
e seront importants alors que b sera fixe, donc la variation
Enfin, la création de commerce, même si elle exprime
de bien-être total de l'APE augmentera. Cela signifie que
l'avantage comparatif de l'Union européenne par rapport au
plus les pays signataires de l'accord auront une place
partenaire de H, traduit un détournement de commerce
importante sur le marché mondial, plus l'APE sera béné-
intra-régional. Les APE pourraient conduire au remplace-
fique et engendrera moins de détournement de commer-
ment des fournisseurs régionaux après le démantèlement
ce intra ou extra régional. La nature des produits échan-
tarifaire par des fournisseurs européens. Cela irait à l'en-
gés joue également sur ce facteur : les produits agricoles
contre du renforcement de l'intégration régionale et créerait
ont des offres et demandes rigides, et donc de faibles
une dépendance plus grande à l'égard des importations de
élasticités par rapport aux prix ; d'un côté, l'accroissement
l'Union européenne. Toutefois, cette éviction des produc-
de l'offre ne peut se faire instantanément, de l'autre,
teurs africains pourrait résulter de la concurrence étrangè-
même avec un prix attractif, la consommation est limitée
re, autre qu'européenne.
une fois la satiété du consommateur atteinte. Etant donné
Ainsi, plusieurs conclusions théoriques peuvent être tirées :
que les offres des pays ACP portent majoritairement sur
Les effets d'un APE dépendent donc de la capacité de
les matières premières, agricoles ou non, les effets des
l'Union européenne à fournir des importations à bas
APE seront d'autant plus bénéfiques que les pays ACP
prix : plus l'Union européenne est compétitive, moins il y
exporteront des produits manufacturés ou des services,
aura de détournement de commerce avec le reste du
caractérisés par une offre moins rigide. Ainsi, plus les
monde du fait de la mise en place de l'APE. L'importance
contraintes structurelles sur l'offre seront levées dans les
des échanges Union européenne-ACP précédant l'entrée
pays ACP, et plus la diversification des pays sera grande,
effective de l'APE est un bon indicateur.
plus l'APE sera bénéfique.
Plus le commerce Union européenne-ACP est fort
Enfin, il convient de prendre en compte les variations de
avant la signature de l'APE, plus l'APE sera bénéfique.
surplus au niveau du producteur. Les modèles d'équilibre
On peut donc s'attendre à avoir des résultats plus forts pour
général ou partiel permettent de calculer à la fois les varia-
les pays de l'Afrique centrale que pour les pays des
tions de bien-être au niveau du consommateur, de l'Etat et
Caraïbes ; les tableaux 2 et 3 démontrent que les premiers
du producteur. Nous nous servirons de tels modèles pour
commercent davantage avec l'Union européenne.
évaluer les impacts des APE.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
17
3. Les impacts théoriques des accords de partenariat économique
3.2 Des précautions méthodologiques : de l’art de modéliser une libéralisation telle que
les APE
Pour calculer des variations de bien-être, l'utilisation d'un
nologies. Le dynamisme des pays émergents n'est pas
modèle d'équilibre général (comme le fait la Commission
intégré dans ces modèles, limitant en réalité les gains
Economique des Nations unies à partir du Global Trade
potentiels des exportateurs. Les résultats de ces modèles
Analysis Project - GTAP) est pertinente car les réallocations
sont donc à interpréter avec précaution.
de ressources sont prises en compte. Il est donc particuliè-
Peu d'études ont été réalisées sur les Caraïbes et le
rement bien adapté pour distinguer les perdants et les
Pacifique. Comme les Caraïbes commercent principale-
gagnants. Néanmoins, il rend difficilement compte de la
ment avec les Etats-Unis, les pays émergents d'Amérique
diversité des pays et est limité par des problèmes de don-
latine et l'Asie, la possibilité de détournement de commer-
nées. En effet, les problèmes de données sont importants
ce est importante. Une étude démontre que l'APE serait
pour les pays ACP : les données, si elles existent, sont sou-
bénéfique (la création de commerce excèderait le détour-
vent défaillantes. L'étude du commerce intra-régional est
nement de commerce) s'il est accompagné d'une baisse
particulièrement difficile, compte tenu de l'importance du
tarifaire de 50 % envers les pays tiers (Cali et al, 2006).
commerce informel et des barrières non tarifaires. Ce pro-
Pour la région Pacifique, il semblerait que l'effet de création
blème de données a longtemps limité l'analyse pour de tels
de commerce soir supérieur à celui du détournement de
pays. Néanmoins, l'amélioration des modèles et de leurs
commerce. Dans la suite de l'étude, l'attention sera focali-
systèmes statistiques permettent de renforcer la robustes-
sée sur l'Afrique subsaharienne, pour laquelle nous dispo-
se des simulations.
sons de résultats de modèles.
Les modèles en équilibre partiel (Busse et al., Tekere et
al.…) moins gourmands en données, permettent d'obtenir
Théoriquement, en formant une zone de libre-échange, les
des résultats spécifiques sur une région ou un secteur.
pays partenaires devraient optimiser la création d'échanges
Dans cette deuxième catégorie de modèle, le bouclage
à l'intérieur de la zone. Grâce aux économies d'échelles et
macroéconomique n'est cependant pas réalisé. Ces deux
à un accès à des intrants moins chers, les entreprises se
types de modèles fonctionnent souvent à emploi constant
spécialiseraient et fusionneraient, les prix seraient tirés
et sur des statistiques de qualité médiocre ; des études
vers le bas au grand bénéfice des consommateurs et des
empiriques sont alors nécessaires pour juger de la recon-
entreprises consommatrices d'intrants. La concurrence
version des secteurs productifs évincés par la concurrence
accrue et les flux d'investissement, engendrés par la sécu-
européenne. L'utilisation concomitante des trois types
risation d'un grand marché, entraîneraient un gain de bien-
d'études (modèles d'équilibre partiel et général, études
être. Néanmoins, les APE devraient induire des pertes de
empiriques) est alors nécessaire pour évaluer les impacts
recettes fiscales et des pertes d'emplois pour les produc-
d'un accord commercial.
teurs mis en concurrence. Ensuite, des jeux d'acteurs pour-
Tant que les négociations APE ne sont pas précisément
raient détourner les gains de tels accords : les exportateurs
modalités10,
définies, modalités par
il reste néanmoins dif-
européens profiteraient de cette baisse des tarifs douaniers
ficile de modéliser l'accord commercial. L'enchevêtrement
pour augmenter leurs marges (Hinkle et al, 2004). Ces
des zones rend également la modélisation compliquée,
impacts sont théoriques ; en réalité, d'autres aspects limi-
comme la diversité des accords commerciaux (accord de
tent les effets de la simple diminution tarifaire, comme la fai-
libre-échange avec l'Afrique du Sud ou TSA…).
blesse du tissu productif et des institutions, les barrières
Enfin, les scénarios n'intègrent pas complètement les flexi-
non tarifaires, la concurrence des autres pays développés
bilités permises par les négociations, surestimant les résul-
et des émergents…
tats. A l'inverse, les modèles utilisés sont statiques, ce qui
tend à sous-estimer l'impact de l'accumulation du capital et
des gains de productivité permis par l'importation de tech-
10 Par exemple : contour géographique exact des entités régionales de négociation, pourcentage de lignes tarifaires libéralisées, planning de libéralisation…
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
18
4.
Le cas de l’Afrique subsaharienne : des ajustements importants,
compte tenu de l’asymétrie initiale
4.1 Des créations de commerce de 3,3 Mds de dollars pour 0,8 Md de dollars de
détournement de commerce
La Commission économique des Nations unies (UNECA) a
pansion de commerce) égale au quadruple du détournement
étudié les conséquences des APE sur les pays d’Afrique sub-
de commerce. L’Union européenne intensifierait dès lors ses
saharienne en utilisant un modèle d’équilibre général (GTAP
importations, pour le bien-être des consommateurs africains
version 6), statique et à concurrence pure et parfaite. A notre
qui auraient accès à des prix diminués. Le détournement de
connaissance, peu d’études alternatives, issues de modèles
commerce, ou la production du reste du monde détournée par
d’équilibre général, existent. Toutefois, les autres études sont
des produits européens moins efficaces mais accédant au
complémentaires ; basées sur des modèles d’équilibre partiel
marché suite aux réductions tarifaires, resterait faible. Le
ou des études empiriques, elles étudient de manière plus pré-
détournement intra-régional serait faible ; les importations de
cise les impacts socio-économiques sur une région ou un
l’Union européenne remplaceraient essentiellement les impor-
pays. Cette étude est basée sur les données commerciales
tations du reste du monde et non les importations intra-régio-
Comtrade et les données tarifaires de MacMaps, intégrant les
nales. Ces résultats sont obtenus à partir d’un modèle statique
préférences commerciales et les droits spécifiques. La conclu-
: en réalité, le dynamisme des pays émergents pourrait limiter
sion d’un APE avec totale réciprocité (les droits de douane
les gains des exportateurs.
africains sont alignés sur les droits de douane européens) per-
Ces résultats sont positifs, en partie parce que l’Union euro-
mettrait une création de commerce entre les régions ACP et
péenne était, avant la signature de l’accord, un partenaire
l’Union européenne (la création de commerce englobe ici l’ex-
commercial important pour ces pays.
Tableau 6. Création et détournement de commerce suite à un APE, en millions de dollars
Création
UNECA
Busse
Afrique de l’Ouest + Mauritanie
1 504
Afrique centrale CEMAC + STP
608
Afrique orientale et australe
910
SADC + Afrique australe
TOTAL
608
Détournement
Détournement intra régionale
UNECA
Busse
UNECA
- 361
-370
Unité de commerce détourné
par unité de commerce créée
- 31
0,24
- 88
-2
0,14
- 243
- 14
0,27
272
- 78
-1
0,29
3 294
- 770
- 48
0,23
Source : Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, (2005), Effets des accords de partenariat économique entre l’UE et l’Afrique sur l’économie
et le bien être. Busse M. et al., (2004), The impact of ACP/EU Economic Parnership Agreements on ECOWAS Countries: An Empirical Analysis of the Trade
and Budget Effects.
NB : les données concernant la République démocratique du Congo ne sont pas disponibles pour une telle simulation.
Pour l’Afrique de l’Ouest et la Mauritanie, le démantèlement
détourné de la communauté régionale même.
tarifaire permettrait une création d’échanges d’une valeur de
D’autres études confirment que la création de commer-
1 504 millions d’euros en faveur de l’Union européenne. Ces
ce serait supérieure au détournement de commerce,
échanges profiteront en théorie aux consommateurs africains
comme par exemple l’étude de Busse et al. Néanmoins
car les producteurs et exportateurs européens, plus efficaces
à un niveau désagrégé, les résultats sont plus contras-
que les producteurs africains, viendront supplanter ces der-
tés : certains pays pourraient faire face à des effets de
niers. Ce raisonnement fait abstraction des conséquences
création de commerce importants, résultant d’un abais-
sur le marché du travail, et donc de l’évolution des revenus
sement tarifaire important et/ou d’une forte dépendan-
des consommateurs. En revanche, il y aurait aussi détourne-
ce à
l’Union européenne (Kenya, Maurice, Nigeria,
ment net de courant d’échanges de plus de 360 millions d’eu-
Côte d’Ivoire, Cameroun, Angola et Tanzanie par
ros. Sur ce détournement d’échanges, un dixième serait
exemple).
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
19
4. Le cas de l’Afrique subsaharienne : des ajustements importants, compte tenu de l’asymétrie initiale
4.2
Des pertes immédiates sur les recettes fiscales de 2,9 Mds de dollars pour l’Afrique
L’utilisation des droits de douanes permet aux Etats de
D’autres phénomènes viennent amplifier la perte directe de
renflouer leurs caisses. Leur diminution aura donc des
recettes douanières (due à la diminution des droits de
conséquences sur les capacités budgétaires des Etats, et
douane), du fait de la réciprocité :
par conséquence sur leur capacité à mettre en place des
=
le détournement de commerce : les pays ACP impor-
politiques publiques répondant aux objectifs du millénai-
tant des produits européens à droit nul au lieu des pro-
re. La Commission économique des Nations unies projet-
duits du reste du monde, ces produits étaient soumis à
te, en utilisant un modèle d’équilibre partiel, des pertes
des droits de douane ;
de revenus des gouvernements de 2,9 Mds de dollars
=
la TVA sur les importations, si elle existe : basée sur la
pour l’ensemble de l’Afrique. Les pertes de recettes fis-
valeur des importations additionnée des tarifs doua-
cales devraient varier selon les pays et selon les régions.
niers, elle sera diminuée également en cas de diminu-
D’après cette même étude, les pertes s’élèvent à 980 mil-
tion des droits de douanes ;
lions pour l’Afrique de l’Ouest ; ces résultats sont sem-
=
les impôts sur les revenus et sur les sociétés : ils pourront
blables à ceux trouvés par Busse et al., 2004. Des pertes
être affectés, compte tenu des faillites des entreprises placées
de 20 % pour le Cap Vert et de 22 % pour la Gambie
en concurrence directe avec celles de l’Union européenne.
pourraient être enregistrées. Sans politique d’accompa-
Néanmoins, les obstacles non tarifaires dus aux lourdeurs
gnement, ces pertes représentent 4,1 % et 3,5 % du pro-
administratives dans les pays ACP sont forts ; les APE per-
duit intérieur brut de ces pays. De même, Tekere et al.,
mettront d’engager des réformes fiscales bénéfiques aux
2003, mettent en évidence des pertes fiscales de l’ordre
échanges intra et extra-communautaires en impulsant une
de 37 % pour la Tanzanie et 24 % pour la Namibie.
simplification des procédures douanières.
4.3
Les effets agrégés : des gains de bien-être réels si l’intégration régionale est
effective
Pour calculer les variations de bien-être total, les effets sur
nale sans réciprocité : ce scénario laisse aux pays afri-
les consommateurs, les producteurs et le gouvernement
cains un laps de temps nécessaire à la mise à niveau de
sont agrégés grâce à un modèle d’équilibre général de l’ex
leurs capacités de production, sans appliquer une réci-
commission économique des Nations unies. Le détourne-
procité immédiate des préférences accordées par l’UE ;
ment de commerce intra-régional où les impacts sur l’em-
=
le troisième consiste en une application par l’Afrique sub-
ploi, ne peut être calculé, ce qui surestime les résultats. A
saharienne du principe de réciprocité aux tarifs préféren-
l’inverse, le modèle statique et ne tient pas compte des
tiels de l’Union européenne : des APE compatibles
changements de la structure de l’économie, comme par
avec l’OMC sans zone de libre-échange entre Union
exemple l’importation d’améliorations technologiques.
européenne et pays africains. Les tarifs appliqués par
La Commission économique des Nations unies a modélisé
l’Afrique subsaharienne sont les mêmes que ceux appli-
l’impact de trois scénarios pour l’Afrique subsaharienne en
qués par l’Union européenne (le tableau 4) nous décrit les
bloc :
droits de douanes alors pratiqués par les pays africains).
=
=
le premier a trait à la zone de libre-échange entre
Ces trois scénarios sont comparés à un scénario de réfé-
l’Union européenne et l’Afrique subsaharienne.
rence prenant en compte l’élargissement de l’Union euro-
Dans ce scénario, toutes les entraves tarifaires au com-
péenne, l’application de l’Accord sur les textiles et les vête-
merce entre l’Union européenne et l’Afrique subsaha-
ments, de l’accord du cycle d’Uruguay et de l’adhésion de
rienne sont supprimées et ce, dans les deux sens ;
la Chine à l’OMC. Les résultats sont récapitulés dans le
le second traite du renforcement de l’intégration régio-
tableau 7.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
20
4. Le cas de l’Afrique subsaharienne : des ajustements importants, compte tenu de l’asymétrie initiale
Tableau 7. Impacts sur l’Afrique subsaharienne des scénarios APE
Scénario de libre-échange
Scénario de renforcement de l’intégration régionale
Scénario de réciprocité
Bien-être en volume (%)
Bien-être(millions de dollars)
- 0,2 %
- 584
0%
270
- 0,27 %
- 1 629
Terme de l’échange (%)
Balance commerciale (millions de dollars)
0,14 %
- 1 841
0,34 %
- 491
- 1,04 %
- 1 373
Exportations de l’Union
européenne vers l’Afrique
+ 17,6 milliards de dollars
Commerce intra
régional = 2,4 millions
de dollars
Exportations de l’Afrique
Exportations de
l’Union européenne
vers l’Afrique: +14,6
milliards de dollars
Exportations de l’Afrique
vers l’Union européenne
vers l’Union européenne :
+ 5,5 milliards de dollars
+ 2,4 milliards de dollars
Source : EPA and Africa, UNECA, à paraiître.
Compte tenu de l’asymétrie initiale (les pays européens
base solide pour l’industrialisation et la diversification. Ces
ayant déjà ouvert leurs marchés), les résultats pour l’Union
scénarios sont néanmoins statiques et ne prennent pas en
européenne seraient négligeables ou très légèrement posi-
compte le potentiel exportable de la Chine, qui limitera l’ex-
tif (+ 0,02 % par rapport au scénario de référence), alors
pansion du secteur textile habillement en Afrique. A l’inver-
que les variations de bien-être seraient faibles mais néga-
se, le scénario de pleine réciprocité induirait une spécialisa-
tives pour l’Afrique, sauf en cas d’intégration renforcée.
tion dans les matières premières mais une perte dans les
En cas de libre-échange, les exportations de l’Union euro-
secteurs industriels, amorçant le processus de désindus-
péenne augmenteraient de 17,6 %, et ce, au détriment du
trialisation. La production industrielle reculerait de - 2,9 % ;
reste du monde et des marchés intra-européens. Les
l’industrie légère de - 8,2 % et l’industrie lourde de - 8,8 %.
exportations africaines n’augmenteraient que de 5,5 mil-
La spécialisation de l’Afrique dans des productions agri-
liards d’euros. Au final, la balance commerciale des pays
coles la rendrait encore plus vulnérable aux fluctuations
africains se détériorerait de 1,8 milliards d’euros et le bien-
des prix agricoles.
être de - 0,2 %. Ces résultats sont à détailler par zones, et
par pays : la SADC pourrait davantage profiter des APE,
En conclusion, compte tenu de l’asymétrie initiale (l’Union
étant donné que ses pays ne font pas parti des pays les
européenne a déjà diminué ses droits de douanes), les
moins avancés ; ils ne bénéficient pas du régime TSA.
modifications de bien-être seraient faibles pour l’Union
Les résultats seraient pires en cas de réciprocité. Même si
européenne et plus fortes pour l’Afrique subsaharienne.
la baisse tarifaire serait moindre dans ce scénario qu’en
La pleine réciprocité (les droits de douanes des pays afri-
cas de libéralisation totale, les pays africains augmente-
cains deviendraient équivalents aux droits de douane de
raient leurs exportations de seulement 2,4 milliards de dol-
l’Union européenne) serait coûteuse pour l’Afrique subsa-
lars. Le bien-être pour l’Afrique chuterait de - 0,27 % soit
harienne ; le bien-être diminuerait de - 0,27 %. Le scéna-
1,6 milliard d’euros, à cause de la détérioration des termes
rio de libre-échange serait moins néfaste pour les écono-
de l’échange.
mies africaines mais la dégradation de la balance com-
En cas de renforcement de l’intégration régionale, le bien-
merciale demeurerait importante (- 1,8 Md de dollars).
être se stabiliserait. La balance commerciale serait légère-
Une conclusion peut dès lors s’énoncer : avant l’ouvertu-
ment déficitaire (- 491 millions de dollars), mais le commer-
re de l’Afrique aux productions européennes, un délai est
ce intra-régional augmenterait de 2,4 millions de dollars.
nécessaire pour renforcer le commerce intra-africain et
En s’appuyant sur une décomposition secteur par secteur,
encourager la diversification des économies. Néanmoins,
cette étude démontre que l’intégration renforcée induirait
les gains seront certainement accaparés par les ACP non
une diversification des productions dans des secteurs à
PMA qui ne bénéficiaient pas auparavant d’un accès libre
plus forte valeur ajoutée. Le textile habillement servirait de
aux marchés européens. Ces études d’impact sont donc
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
21
4. Le cas de l’Afrique subsaharienne : des ajustements importants, compte tenu de l’asymétrie initiale
à compléter par des études pays. Pour ces études, l’utili-
tions des pays émergents (Chine, Inde, Brésil, Afrique du
sation de modèles d’équilibre partiel semble plus appro-
Sud ...) qui limiteront les parts de marché des exporta-
priée compte tenu des données disponibles. De plus, ces
teurs. De même, ils sont fondés sur des hypothèses.de
résultats sont obtenus à partir de modèles statiques, et
concurrence pure et parfaite, et à conditions monétaires
ne prennent pas en compte la progression des exporta-
inchangées.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
22
5.
Des effets bénéfiques conditionnés par des politiques
d’accompagnement
5.1 Les enseignements du partenariat Euromed : un fonds d’ajustement pour encourager
les mises à niveau dans les secteurs productifs
Des enseignements d'autres zones de libre-échange pour-
programmes ont été un succès alors qu'au Maroc, le bilan
raient être tirés : le partenariat Euroméditerranée, conclu
est plus mitigé. L'appropriation du programme par les
entre l'Union européenne et les pays du pourtour méditer-
acteurs nationaux, son inscription dans une logique écono-
ranéen (Maroc, Algérie, Tunisie, Turquie, Liban, Jordanie,
mique plus large et son pilotage résolu par l'Etat sont des
Egypte) peut se révéler instructif. L'ouverture du marché
facteurs explicatifs de la réussite de tels programmes.
européen au bénéfice des Pays du Sud et de l'Est de la
Les pays ACP ont d'ores et déjà à disposition le Fonds
Méditerranée (PSEM) est menée depuis le milieu des
Européen de Développement (FED). Le IXème FED
années soixante-dix. Le libre-échange industriel est espéré
(2000-2007) se chiffre à 15,2 Mds d'euros. La Commission
à l'horizon 2010 : les marchés européens sont ouverts,
européenne s'est engagée à renflouer le Xième FED à hau-
ceux de la Méditerranée vont s'ouvrir progressivement. La
teur de 22,7 Mds d'euros pour la période 2008-2013. Ces
libéralisation agricole, beaucoup plus timide et incertaine,
fonds devraient être suffisamment dotés ; outre la mise en
devrait être progressivement réalisée par l'accès préféren-
place des filets sociaux, ils pourraient servir à engager :
tiel et réciproque entre les parties. Certes, les pays sont
=
des réformes fiscales. Afin de compenser les pertes fis-
plus développés que les pays ACP, mais le principe de
cales, une TVA avec une base large (importations et
libre-échange est le même, l'intégration régionale est très
consommation) pourrait être mise en place. Des études
faible (5%) et la dépendance des PSEM aux marchés euro-
d'impacts doivent être menées au préalable. Supposé
péens est forte alors que la dépendance de l'Union euro-
que cette TVA soit une des solutions pour amortir les
péenne à ces marchés est faible.
chocs dus à la transition fiscale, elle devra être imposée
Décidé par le Conseil européen de Cannes en juin 1995, un
sans exception, afin d'alléger les coûts administratifs.
fonds d'ajustement envers l'industrie (MEDA) a été instau-
La croissance économique, générée par la mise en
ré. Destinés à compenser les pertes de revenus, les pro-
place de zone de libre-échange, pourrait compenser en
grammes financés prennent la forme d'appui au développe-
partie les pertes de revenus, en élargissant la base fis-
ment du secteur privé (programmes de mises à niveau), de
cale ;
soutien à la transition économique, d'aide à un développe-
=
des programmes de mises à niveau dans les pays ACP.
ment socio-économique durable et d'appui aux pro-
Ces programmes viennent en appui aux entreprises et
grammes d'ajustement structurel. Les bénéficiaires des
aux politiques publiques. Bâtis sur le constat que les
financements du programme MEDA sont les Etats, les
gains les plus importants et les plus immédiats de com-
régions, les autorités locales, les organismes publics et les
pétitivité sont à rechercher au cœur même des entre-
organisations non gouvernementales des pays de l'Union
prises, ils visent à accompagner les politiques publiques
européenne et des PSEM. Les investissements couverts
en faveur des secteurs productifs qui seront exposés à
sont à la fois des investissements matériels et immatériels.
la concurrence d'entreprises étrangères. L'AFD pourrait
Néanmoins, des conditions autres doivent être réunies pour
encourager ces programmes, sous forme de prêts ou
que les programmes de mise à niveau aient les résultats
de dons. Ainsi, au Sénégal, l'AFD accompagne le gou-
escomptés. Le Note et Documents n° 18 de l'AFD « Les
vernement sénégalais en aidant à la mise en place de
programmes de mise à niveau des entreprises : Tunisie,
ce dispositif, en apportant les financements nécessaires
Maroc, Sénégal » fait un bilan des programmes de mise à
(près de 12 millions d'euros) à la mise à niveau d'une
niveau des entreprises pour ces trois pays. En Tunisie, ces
soixantaine d'entreprises permettant, outre un impact
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
23
5. Des effets bénéfiques conditionnés par des politiques d’accompagnement
économique, un effet de démonstration. Enfin, l'AFD
présent document. Des formations permettraient un ren-
appuie la pérennisation du dispositif de mise à niveau
forcement des capacités de négociations par une
aux plans juridique, technique et financier, en aidant à
meilleure connaissance des impacts des APE et des flexi-
canaliser les moyens internes du Sénégal et complé-
bilités permises par les négociations. Dans ce cadre spé-
mentaires des autres bailleurs de fonds et de l'UEMOA.
cifique, des réformes fiscales seraient envisagées
Enfin, l'aide au commerce de l'Union européenne, por-
accompagnant ainsi la mise à niveau des entreprises, en
tée à 2 Mds d'euros en 2010, pourrait être mobilisée pour
partenariat avec le secteur privé. Les bénéficiaires
accompagner les APE. Dans ce sens, l'AFD dispose d'un
directs du projet seraient le ministère du Commerce et les
guichet dédié au renforcement des capacités à l'exporta-
ministères techniques concernés, les opérateurs privés
tion, le Programme de Renforcement des Capacités
tels que les entreprises privées et les institutions d'appui
Commerciales (PRCC), géré conjointement par l'AFD et
au commerce.
le ministère de l'Economie français. Le PRCC pourrait
Ces programmes, de mise à niveau ou de renforcement
comprendre différents volets (formation, concertations,
des capacités commerciales, devront être cohérents avec
études) donnant les clés de réflexion soulevées dans ce
les actions des autres bailleurs de fonds.
5.2
Des impacts dépendant de la force de l’intégration régionale
Encourager le commerce intra-régional par une diminu-
Une plus grande intégration augmentera les effets béné-
tion des droits de douane intra-régionaux…
fiques d'un APE. La construction de véritables entités
Les tarifs douaniers concernant les échanges intra-régionaux
régionales pourra se faire au travers du renforcement des
restent élevés en Afrique, comme le démontre le tableau 8. Le
unions économiques et de la création de véritables zones
Botswana est le plus protectionniste alors que le Mozambique
de libre-échange. D'après la Commission Economique des
apparaît comme étant peu protectionnisme.
Nations unies, l'élimination des barrières au commerce
Tableau 8. Tarifs douaniers appliqués au commerce intra-africain
(horizontal = exportateur, vertical = importateur)
Botswana (BOT)
(Reste de la SACU XSC)
BOT
XSC
MWI
MOZ
TZA
ZMB
ZWE
XSF
UGA
XSS
0,0
0,0
18,7
6,2
4,4
10,1
13,5
11,6
24,6
9,7
0,0
0,0
7,6
4,3
16,9
4,7
17,2
15,4
12,3
14,3
Malawi (MWI)
22,2
18,3
0,8
5,7
10,6
10,3
13,0
10,1
12,2
7,7
Mozambique (MOZ)
20,8
14,2
9,8
0,3
11,5
11,1
12,2
10,9
20,8
6,2
Tanzanie (TZA)
20,2
15,8
12,5
7,6
0,0
10,2
20,5
14,9
9,8
18,2
Zambie (ZMB)
24,2
13,9
4,1
6,5
15,1
0,5
11,8
11,9
17,7
9,4
Zimbabwe (ZWE)
23,6
17,3
16,5
5,7
12,6
9,9
1,9
13,5
16,9
13,8
Reste de l’Afr. Austr. (XSF) 22,0
16,9
19,0
6,5
6,9
11,9
13,2
12,4
21,1
17,9
Ouganda (UGA)
16,7
18,4
5,8
15,3
10,8
12,4
11,3
4,3
19,4
20,6
Reste de l’ASS (XSS)
20,2
15,2
18,2
5,9
17,5
11,1
9,5
13,0
12,9
7,8
Taux tarifaire moyen
17,4
12,8
12,6
5,4
11,1
9,1
12,5
12,5
15,3
12,4
Source : Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, (2005), Effets des accords de partenariat économique entre l’UE et l’Afrique sur l’économie
et le bien être. A partir de GTPA V.5.4.
BOT : Botswana, XSC : reste de la SACU, MWI : Malawi, TZA : Tanzanie, ZMB : Zambie, ZWR : Zimbabwe, XSF : reste de l’Afrique australe, UGA : Uganda, XSS : reste de l’Afrique subsaharienne.
Grille de lecture : le Botswana applique un droit de douane de 20,2 % aux produits issus de la Tanzanie.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
24
5. Des effets bénéfiques conditionnés par des politiques d’accompagnement
intra-africain apporterait un gain de bien-être de l'ordre de
prix des marchandises se sont envolés, mais sans doute
1,2 Md de dollars et représenterait un prérequis de la réus-
moins pour les biens échangés sur le marché régional que
site d'un APE. Sans elle, le détournement de commerce
pour les biens échangés avec les pays tiers. On peut donc
intra-africain sera trop fort.
considérer qu'un maintien de la part du commerce régional
Néanmoins, la réduction intra-régionale des droits de doua-
dans le commerce total, en valeur, signifie en réalité une
ne ne sera pas suffisante pour insuffler une véritable dyna-
augmentation des volumes échangés sur le marché régio-
misation des flux régionaux ; l'expérience de la mise en
nal supérieure à celle du commerce global. La mise en
place d'un tarif extérieur commun au sein de l'UEMOA le
place de l'UEMOA a dynamisé le commerce intra-régional
montre.
mais l'impact n'a pas été aussi positif qu'attendu : les
Tirer les leçons de la mise en place du Tarif Extérieur
échanges intra-régionaux au sein de l'UEMOA restent limi-
Commun de l'UEMOA
tés, entre 16 et 25 % selon les pays. A titre de comparaison,
A partir de 1996, les produits agricoles circulent librement
le commerce au sein de l'Union européenne représente
au sein de l'UEMOA. Pour une majorité des pays, la mise
entre 65 et 70 % du commerce total.
en place du tarif extérieur commun signifiait une baisse des
Alléger les obstacles autres que tarifaires aux
tarifs, hétérogène selon les produits.
échanges
Qu'il s'agisse de la dynamisation des échanges extracom-
Graphique 4. Impacts de la mise en place du TEC UEMOA sur le commerce
intra-régional
munautaires avec les préférences ou celle des échanges
intracommunautaires avec les unions douanières, l'abais-
% du commerce total
40
sement tarifaire n'a pas, pour l'instant, permis à ces pays
35
Bénin
30
Burkina
une augmentation significative de leurs parts de marchés.
25
Ivoire
Parmi les facteurs déterminants du commerce, outre les
20
Bissau
droits de douane et les capacités de production, on peut
15
Mali
également relever11 des facteurs politiques et écono-
10
Niger
5
Sénégal
0
Togo
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
Source : IRAM, (2006), Accords de partenariat économique et dynamique des flux commerciaux régionaux, le cas de la CEDEAO.
miques généraux : les variations des taux de change et les
conflits en Afrique jouent sur la compétitivité des économies
africaines. Par ailleurs, les politiques commerciales des
grands pays voisins (Nigeria ou République Démocratique
du Congo) peuvent avoir des influences négatives sur le
Le commerce intra-régional a augmenté depuis 1996 mais
commerce intra-régional.
des différences entre pays sont observables :
Des entraves liées aux dysfonctionnements des admi-
=
=
=
le Mali et le Burkina Faso accusent une baisse de leur
nistrations gênent également les échanges, souvent par
part dans le commerce régional ;
méconnaissance, par manque de rigueur ou par comporte-
le Sénégal et la Côte d'Ivoire avaient déjà un commer-
ment opportuniste. Par exemple, la TVA est appliquée de
ce intra-régional faible et la mise en place du TEC -
manière aléatoire : elle peut être ponctionnée alors qu'il y a
UEMOA n'a pas permis le développement de ce type de
une exonération décrétée par le gouvernement ou au
commerce ;
contraire doublement appliquée, à cause de l'inefficience
les autres pays, c'est-à-dire principalement les pays
des mécanismes de compensation. Des comportements
ayant préalablement à l'entrée en vigueur du TEC établi
opportunistes se concrétisent par une minoration des
des relations commerciales régionales à hauteur de 10
valeurs déclarées ou des sous taxations, bénéfiques pour
à 25 % de leurs échanges totaux, se sont intégrés plus
les importateurs, ou encore par des tracasseries routières.
fortement au commerce de l'Union.
Reconnues comme une des principales entraves au com-
Néanmoins, selon l'IRAM, ces résultats sont à tempérer par
merce, ces tracasseries freinent la fluidité des échanges et
l'augmentation des échanges totaux et par l'analyse des
prix sur la période. Suite à la dévaluation du Franc CFA, les
11 Cf. IRAM, 2006.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
25
5. Des effets bénéfiques conditionnés par des politiques d’accompagnement
détériorent la qualité des produits et ce, même en présen-
représentent 88% de la valeur du commerce mondial de
ce de conventions facilitant le commerce intra-régional. Le
marchandises.
transport de denrées périssables expose les commerçants
Les règles d'origine permettent de déterminer les produits qui
à des chantages. Tous ces prélèvements constituent des
peuvent bénéficier du régime préférentiel octroyé par un
manques à gagner pour les opérateurs, auxquels il faut
accord commercial (SPG, ACP…). Pour être originaire d'un
ajouter les coûts de transaction liés au temps perdu lors
pays donné, un produit doit y être « entièrement obtenu »
des arrêts et liés à l'incertitude et au temps d'attente.
(produits agricoles par exemple), ou « suffisamment transfor-
Les défaillances au niveau gouvernemental s'observent
mé » (changement de code tarifaire ou incorporation d'une
également : certaines dispositions détournent les accords
valeur ajoutée jugée suffisante). L'accord de Cotonou consi-
régionaux, prenant la forme de dédouanements. Ceux-ci
dère l'ensemble des pays ACP comme un seul territoire et
représentent des gains pour les opérateurs mais des pertes
met en place un régime de cumul total. La règle d'origine est
pour l'Etat. Un autre exemple est la pratique d'importations
satisfaite si toutes les ouvraisons cumulées, réalisées suc-
liées qui occultent la compétitivité des importateurs : dans
cessivement dans plusieurs pays ACP, constituent une trans-
le cadre de l'UEMOA, le remplacement de la taxe conjonc-
formation suffisante. Ce type de cumul est adapté à l'écono-
turelle d'importation par une TVA appuyée sur une assiette
mie des pays peu développés ne disposant pas de moyens
large, comprenant produits importés et locaux, s'est finale-
de maîtriser l'ensemble du processus d'une production. Une
ment traduite par une application de la TVA uniquement sur
réflexion sur le choix et les implications des règles d'origine
les produits importés puis l'obligation pour les importateurs
les plus adaptés pour les APE est en cours12.
d'acheter des produits locaux en échange de leurs importa-
Enfin, des défaillances de marché viennent s'ajouter. Elles
tions. Des quotas de droits de douanes peuvent également
expliquent l'évolution du commerce intra-régional. Pour les
être mis en place : seule une partie des importations est
produits agricoles, la saisonnalité détermine l'intensité des
assujettie à tous les droits et taxes. Enfin, des négociations
flux des échanges. L'absence de marché du crédit et des
par branche permettent la maîtrise des importations : une
transports induit également des stratégies de compensation
taxe conjoncturelle d'importation peut être ponctionnée
ou de troc. A conditions commerciales inchangées, les impor-
lorsque les marges des producteurs locaux sont trop
tations de produits alimentaires fluctuent avec les conditions
faibles, compte tenu des flux d'importations importants.
météorologiques (sécheresse..) pouvant limiter la production
Des obstacles techniques et administratifs au commerce
locale. Enfin, des différences de qualité permettent d'expli-
sont également mis en place : la demande abusive de
quer le comportement des acheteurs, indépendamment de
conditions, y compris le respect de normes ou des cri-
l'avantage prix d'un produit.
tères sur les règles d'origine. Les membres de l'OMC
doivent notifier les mesures prises en matière d'environne-
Face à ces défaillances, le chemin qui reste à parcourir
ment, de protection du consommateur, entrant dans le
pour aboutir à une zone de libre-échange vertueuse au sein
cadre des accords sur les mesures sanitaires et phytosani-
des entités régionales est long. Néanmoins, les APE pour-
taires (SPS) et sur les obstacles techniques aux échanges
raient contraindre les pays à améliorer leur environnement
(TBT). Il existe différentes mesures : par exemple les
économique. Ils contribueraient à assainir les pratiques
mesures de type technique (réglementations techniques,
économiques et financières, permettant une hausse des
inspection avant transport, formalités de douanes particu-
flux d'investissements directs mondiaux. Ces flux d'investis-
lières, obligation de retourner les produits utilisés, obliga-
sements étrangers (IDE) sont très faibles : de l'ordre de 3
tion de recycler). Sur les quelque 5 000 produits échangés
% en 2004 soit 18 Mds de dollars pour l'Afrique et concen-
dans l'ensemble des secteurs, seuls 1 171 produits ne sont
tré à hauteur de 59 % sur le Nigeria, l'Angola et l'Afrique du
concernés par aucune mesure de protection limitant leur
Sud. Pourtant, ces flux seraient une manne non négli-
commerce (Fontagné et al., 2005). Les produits faisant l'ob-
geable pour le développement de ces pays.
jet d'au moins un obstacle à l'importation à motif environnemental ou sanitaire, dans au moins un pays importateur,
12 Cf. Préférences commerciales et règles d’origine : Perspectives des APE pour l’Afrique de
l’Ouest et centrale, Olivier Cadot, Jaime de Melo, à venir.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
26
5. Des effets bénéfiques conditionnés par des politiques d’accompagnement
5.3 Des impacts dépendant de l'appropriation des marges de manœuvre par les
négociateurs africains
Il existe des marges de manœuvre dans les négociations
commerce dans le partenariat (article XXIV du GATT). Il n'y
APE qui permettraient aux pays ACP d'atténuer les impacts
a pas d'accord précis sur ce point, mais il est communé-
négatifs des APE.
ment admis que la libéralisation devrait s'étendre à 90 % du
Par exemple, en définissant de manière judicieuse les pro-
commerce. Cela laisse la possibilité d'exclure 10 %, en
duits sensibles, les pays ACP pourraient minimiser les
moyenne, de produits sensibles pour constituer une zone
pertes de revenus fiscaux mais également préserver les
de libre-échange.
secteurs naissants, pour lesquels une protection initiale
La Commission économique des Nations unies a montré au
serait nécessaire (ce qui suppose que les pays disposent
travers de trois scénarios (libéralisation totale des deux
d'une stratégie commerciale). L'Ouganda pourrait retenir
côtés, libéralisation à 90 % avec une libéralisation de 80 %
les trois quarts de ses revenus fiscaux, en gardant 20 % de
des importations des pays ACP et une libéralisation totale
ses volumes sous droit de douane, l'Ethiopie la moitié (Bilal
de l'Union européenne, libéralisation à 80 % avec une libé-
et al., à venir). Ce raisonnement supposerait que l'Union
ralisation de 60% des pays ACP contre 100% de l'Union
européenne ne garde aucune marge de manœuvre, tous
européenne), que la libéralisation asymétrique est béné-
les produits devant être libéralisés. Cela constituerait une
fique au pays ACP : le troisième scénario induit des gains
avancée par rapport au régime TSA, qui concerne unique-
de 0,04% de PIB contre des pertes de 0,20 % pour le pre-
ment les PMA.
mier et 0,11 % pour le deuxième. Dans le premier scénario,
La définition des produits sensibles pour des régions
les exportations des pays ACP augmenteraient de 3 Mds
entières pose néanmoins de grandes difficultés, d'autant
d'euros et les termes de l'échange s'amélioreraient de
plus que la zone est hétérogène. Comment se fera l'harmo-
1,2%. Les pertes fiscales seraient réduites à 0,5% du PIB
nisation des listes nationales pour constituer une liste régio-
des pays ACP.
nale ? Il est impensable que la liste des produits sensibles
Les accords de Cotonou laissent également la possibilité
reste définie pour une entité régionale, compte tenu des
d'une période de transition, de 10-12 ans, en conformité
détournements de commerce qui cela génèrerait. De plus,
avec les accords du GATT. Il s'agirait dès lors de caler les
il reste une incertitude : le pourcentage de produits exclus
phases de négociation sur les progrès de l'intégration
est-il en volume, ou en ligne tarifaire ? La deuxième possi-
régionale, permettant une augmentation des capacités
bilité est plus avantageuse pour des pays exportateurs non
d'offre, une diversification des exportations et la mise en
diversifiés. L'annexe F de la déclaration de Hong Kong
place de politiques fiscales compensatrices. Un dépasse-
(Traitement spécial et différencié, propositions des PMA
ment de temps pourrait être envisagé sur la base de ces
axées sur des accords particuliers) postule que l'ouverture
progrès.
des marchés se réalise en pourcentage de ligne tarifaire, et
De fait, la Communauté internationale pourrait autoriser
non volume. Même si d'autres accords commerciaux sont
une ouverture plus asymétrique et des périodes de
négociés en volume, comme l'Afrique du Sud, et même si
transition plus larges. Le paragraphe XXIX de la déclara-
l'OMC semble piétiner, il semble que la libéralisation ait
tion de Doha13 soumet les accords régionaux aux prin-
plus de chances de porter sur un pourcentage de ligne tari-
cipes de l'OMC. Le paragraphe précédent mentionne la
faire que sur des volumes.
Plus globalement, les pays ACP pourraient demander une
révision l'article XXIV du GATT, qui autoriserait une libéralisation plus largement asymétrique en faveur de pays
définis par des critères objectifs
En effet, pour que les APE soient acceptés par l'OMC, il
13 « Nous convenons également de négociations visant à clarifier et à améliorer les disciplines et procédures prévues par les dispositions existantes de l’OMC qui s’appliquent aux
accords commerciaux régionaux. Les négociations tiendront compte des aspects des
accords commerciaux régionaux relatifs au développement. »
faut qu'il y ait une libéralisation de la plus grande partie du
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
27
5. Des effets bénéfiques conditionnés par des politiques d’accompagnement
nécessité de prendre en compte les besoins des pays en
développement et les moins
avancés14.
Cette prise en
tion. Cette possibilité de restriction devrait s'étaler sur la
période d'ajustement, les bénéfices de long terme permet-
compte est rappelée dans le paragraphe XXVIII et l'an-
tant par la suite d'éponger les pertes fiscales. L'utilisation
nexe D de la déclaration de Hong Kong.
de ces clauses devrait être concomitante de la mise en
Enfin, d'après la partie précédente, alors que les gains des
place de filets sociaux au sein de chaque pays, pour les
APE se produiraient essentiellement à long terme, des
perdants du libre-échange.
pertes fiscales pourraient mettre en péril l'équilibre budgé-
La reprise de négociations de Doha répond également à
taire des pays à court terme. Les clauses de sauvegarde
un réel enjeu pour les pays ACP. Les gains des APE
temporaire pourraient être utilisées. L'article XIX du GATT
seraient plus importants en cas de diminution des droits
autorise la restriction des importations en cas de profondes
de douane envers le reste du monde, comme l'a montré la
atteintes à la viabilité d'un secteur. Cet article est complété
théorie économique. De plus, avec l'OMC, un recours
par l'article XII qui autorise cette restriction en cas de désé-
devant l'organe des règlements des différents serait de
quilibre de la balance des paiements suite à la libéralisa-
nouveau possible.
14 « Au vu de l’expérience et de l’application croissante de ces instruments par les Membres,
nous convenons de négociations visant à clarifier et à améliorer les disciplines prévues par
les Accords sur la mise en œuvre de l’article VI du GATT de 1994 et sur les subventions et
les mesures compensatoires, tout en préservant les concepts et principes fondamentaux ainsi
que l’efficacité de ces accords et leurs instruments et objectifs, et en tenant compte des
besoins des participants en développement et les moins avancés. »
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
28
CONCLUSION
Parce que les accords de Cotonou ne répondent plus au
l'environnement économique et financier, encourageant
contexte économique et juridique, la mise en place d'un
ainsi les flux d'investissements. Néanmoins, les consé-
nouveau partenariat économique entre l'Union européenne
quences du démantèlement tarifaire pourraient fragiliser
et les pays ACP semble incontournable. Les accords de
certains secteurs productifs africains et rendent néces-
partenariat économique répondraient à cet impératif. Les
saires les dispositifs de filets sociaux. Des aides finan-
modèles d'équilibre général proposent un cadre de
cières significatives doivent accompagner le processus
réflexion pour évaluer leurs impacts. Malgré tout, ils ne
d'ouverture : elles permettraient de financer des pro-
représentent qu'une vision partielle de la réalité ; ils sont
grammes de mise à niveau et de renforcement des capa-
établis au moyen d'hypothèses fortes, en particulier à
cités commerciales visant à former et à préparer les
conditions monétaires inchangées, à emploi constant et à
acteurs au nouveau contexte économique. Ces pro-
concurrence pure et parfaite.
grammes devraient évoluer vers des logiques filières, permettant de maîtriser l'intégralité d'une filière de produc-
Les APE peuvent se révéler une opportunité pour les pays
tion. Outre l'amélioration de la compétitivité intrinsèque,
africains, car ils serviraient de moteur à l'intégration régio-
cette maîtrise permettra de répondre aux exigences de
nale, en panne sur le continent. Ils contribueraient à amé-
plus en plus fortes du commerce international, en termes
liorer la qualité des institutions, et plus globalement de
de normes en particulier.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
29
Annexe 1. Découpage de l'Afrique et enchevêtrement des accords
régionaux
L’AFRIQUE
N.B. : les pays ACP qui sont des PMA sont en italiques. Les non-PMA sont soulignés. Le groupe de Southern African Development Community (SADC) comprend le Botswana, la Namibie,
le Lesotho et le Swaziland (tous quatre membres de la Southern African Customs Union (SACU), avec l’Afrique du sud), ainsi que l’Angola, la Tanzanie et le Mozambique.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
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Annexe 1. Découpage de l'Afrique et enchevêtrement des accords régionaux
L'intégration régionale en Afrique
COMESA (Marché commun de l'Afrique australe et orientale) : Angola, Burundi, Comores, Djibouti, Égypte, Erythrée, Éthiopie, Kenya, Madagascar, Malawi, Maurice, Namibie, Ouganda, République Démocratique du Congo, Rwanda, Seychelles,
Soudan, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe.
Siège : Lusaka.
CEDEAO (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) : Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire, Gambie,
Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Togo. L'objectif principal de la CEDEAO
est la constitution d'un marché ouest-africain et d'une union monétaire. Cette organisation s'est également dotée d'une force
d'interposition, l' Ecomog, créée en avril 1990, afin de mettre un terme à la guerre civile au Liberia.
UEMOA (Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest): Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali,
Niger, Sénégal, Togo. Siège : Ouagadougou. Cette organisation, créée en 1994, vise l'unification des espaces économiques
nationaux. Lui sont rattachées la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO, Dakar) et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD, Lomé).
CEEAC (Communauté économique des États d'Afrique centrale) : Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Rwanda, Sao Tomé et Principe. Siège :
Libreville.
SADC (Communauté de développement de l'Afrique australe) : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Burundi, Lesotho, Malawi,
Maurice, Mozambique, Namibie, République démocratique du congo, Rwanda, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie,
Zimbabwe. Siège : Gaborone.
IOR-ARC (Association régionale pour la coopération des pays riverains de l'Océan Indien) : Afrique du Sud, Kenya,
Madagascar, Maurice, Mozambique, Seychelles, Tanzanie. Siège : Port-Louis.
EAC (Communauté d'Afrique de l'Est) : Kenya, Ouganda, Tanzanie. Siège : Arusha.
CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale) : Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale,
République centrafricaine, Tchad. Siège : Bangui.
SACU (Union douanière de l'Afrique australe) : Afrique du Sud, Botswana, Lesotho, Namibie, Swaziland. Siège : Pretoria.
CILSS (Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel) : Burkina Faso, Cap Vert, Gambie, Guinée
Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad. Siège : Ouagadougou.
SIN-SAD : Burkina Faso, Libye, Mali, Niger, Soudan, Tchad.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
31
Annexe 2. Comparaison des régimes SPG, SPG-PMA et Cotonou de
l'Union européenne
SPG-PMA (“TSA”)
SPG
COTONOU
Champ d’application
Tous les PMA
Ensemble des PED
77 pays ACP
Régime juridique
* clause d’habilitation à l’OMC
* règlement 2501/2001 du Conseil
du 10 décembre 2001 (reconduit
tel quel dans le nouveau règlement)
* clause d’habilitation à l’OMC
* règlement 2501/2001 du Conseil
du 10 décembre 2001 (remplacé
le 1er juillet 2005 par le SPG +,
puis au 1er janvier 2006 pour le régime général)
* dérogation du Conseil général
pour les aspects tarifaires (base art. IX
GATT) jusqu’au 31 décembre 2007
* accords de Cotonou et
règlements de mise en œuvre
Dispositions tarifaires
* libre accès pour les produits industriels
* droits préférentiels pour les produits
* libre accès pour les produits industriels
* libre accès pour les produits agricoles,
industriels et agricoles
* libre accès pour les produits agricoles
sauf pour la banane (accès libre en 2006)
(avec des exclusions sectorielles)
sauf pour 280 lignes tarifaires à six
et pour le sucre et le riz (accès libre
* intérêts exportateurs des PED
chiffres
en 2009)
pas toujours bien pris en compte
* graduation en fonction de la part de
marché préférentielle (“lion share”)
Règles d’origine
Règles de cumul
Les produits doivent être entièrement
obtenus ou « suffisamment » ouvrés
dans le PMA bénéficiaire de la préférence
Les produits doivent être entièrement
obtenus ou « suffisamment » ouvrés dans
le PED bénéficiaire de la préférence
Les produits doivent être entièrement
obtenus ou « suffisamment » ouvrés
dans le pays ACP bénéficiaire de la
préférence
Cumul bilatéral entre le seul PMA
Cumul bilatéral entre le seul PED
Cumul total entre la zone ACP et l’Union
bénéficiaire et l’Union européenne
bénéficiaire et l’Union européenne
européenne. L’ensemble des pays ACP
est considéré comme un seul territoire
1 - Les règles d'origine ont pour objet d'assurer que seuls les produits véritablement extraits, produits ou fabriqués dans les
pays exportateurs bénéficiaires des préférences sont admis au bénéfice d'un traitement tarifaire préférentiel dans le cadre d'un
schéma de préférences généralisées (SPG) ou d'un régime dérogatoire. Les produits exportés par un pays bénéficiaire de
préférences peuvent être classés en deux groupes. Soit le produit est « entièrement obtenu » c'est-à-dire élevé, cultivé,
extrait ou récolté, soit le produit est fabriqué, entièrement ou partiellement, à partir de matières ou de composants importés.
Dans ce dernier cas, le produit doit subir une transformation « suffisante » pour bénéficier des préférences.
2 - Les règles de cumul constituent un assouplissement à la règle de la transformation suffisante. Elles permettent l'utilisation accrue dans un pays bénéficiaire de matières ou de composants importés d'autres pays en faisant échapper à l'obligation de transformation suffisante. Dans le cumul bilatéral, seuls les produits originaires de l'UE et du pays bénéficiaire échappent à la règle de la transformation suffisante. Dans le cumul total, les produits originaires de l'UE, de n'importe quel pays ACP
et, sous certaines conditions de pays tiers, échappent à la règle de la transformation suffisante.
© AFD Document de travail n° 36 • Les accords de partenariat économique : des accompagnements nécessaires
32
Annexe 3. Taux tarifaires ad-valorem (%) appliqués par les pays africains
aux importations en provenance de l’Union européenne
BOT
XSC
MWI
MOZ
TZA
ZMB
ZWE
XSF
UGA
XSS
Céréales
25,8
38,8
24,9
2,5
17,5
12,4
6,4
0,5
63,7
11,1
Légumes
Graines oléagineuses
25,6
38,2
25,6
38,2
33,0
29,6
18,8
2,5
9,8
13,3
11,1
0,0
15,8
4,9
5,6
12,8
27,4
63,7
18,4
9,8
Sucre
Coton
17,1
34,0
0,2
17,1
0,0
42,3
7,6
2,5
0,0
39,5
0,0
0,1
0,0
0,0
8,7
0,1
15,0
14,9
0,0
3,5
Autres cultures
Cheptel
9,2
13,0
9,2
7,3
37,3
18,9
4,1
12,9
30,1
27,2
5,2
8,2
7,8
4,9
12,9
2,4
5,2
1,0
16,6
15,0
Ressources naturelles
Agro-industrie
28,7
67,1
0,1
71,4
0,3
32,3
7,8
30,5
2,5
21,3
10,1
16,5
13,0
42,9
13,4
29,6
11,4
18,2
7,6
22,9
Industrie légère
Industrie
25,5
23,9
12,1
7,2
24,5
17,4
21,9
9,8
23,5
17,1
12,4
10,8
21,8
14,9
26,8
27,3
15,9
13,8
20,9
14,7
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
13,3
8,5
0,0
5,0
3,0
6,8
0,0
0,0
1,4
4,1
BOT
XSC
MWI
MOZ
TZA
ZMB
ZWE
XSF
UGA
XSS
28,0
20,7
24,6
11,0
18,3
8,8
12,0
12,7
22,7
12,8
23,7
17,5
20,8
9,3
15,5
9,1
10,6
11,5
19,2
11,2
Commerce
Services
Moyenne (commerce et
services non compris)
Moyenne (commerce et
services compris)
Source : Agrégation de la base de données GTAP version 5.
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LISTE DES ACRONYMES
ACDC : Accord sur le commerce, le développement et la coopération
ACP : Afrique Caraïbes Pacifique
AFD : Agence Française de Développement
APE : Accord de partenariat économique
CARICOM : Communauté et marché commun des Caraïbes
CEDEAO : Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest
CEEAC : Communauté économique des États d'Afrique centrale
CEMAC : Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale
CILSS : Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel
COMESA : Marché commun de l'Afrique australe et orientale
EAC : Communauté d'Afrique de l'Est
FED : Fonds européen de développement
GATT : Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce
IOR-ARC : Association régionale pour la coopération des pays riverains de l'Océan indien
Mds : Milliards
MEDA : Fonds d'ajustement envers l'industrie des pays tiers méditerranéens
OMC : Organisation mondiale du commerce
PACER : Accord de Pacifique pour le resserrement des relations économiques
PED : Pays en développement
PICTA : Accord commercial des pays insulaires du Pacifique
PMA : Pays les moins avancés
PRCC : Programme de renforcement des capacités commerciales
PSEM : Pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée
SACU : Union douanière de l'Afrique australe
SADC : Communauté de développement de l'Afrique australe
SPG : Système de préférences généralisé
TEC : Tarif extérieur commun
TSA : Initiative Tout sauf les armes
TVA : Taxe sur la valeur ajoutée
UE : Union européenne
UEMOA : Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest
UNECA : Commission économique des Nations unies
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34
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