ÉCHOCARDIOGRAPHIE
L’insuffisance mitrale ischémique
P. Lancellotti, M. Moonen,
D. Zacharakis, L. Pierard
Summary
Ischemic mitral regurgitation
Mitral regurgitation (MR) is a serious complication of coronary heart disease. The
functional form is the most frequent, often presenting with a dynamic character.
The presence, and in particular the severity of MR and its dynamic character have a
major impact on the medium and long term prognosis. The mechanisms responsible for MR are complex and occur in a state of disequilibrium between traction
forces and closing forces, for which the significance is partly affected by the presence of asynchrony in left ventricular contraction. The therapeutic management of
these patients is difficult. In cases of proven asynchrony, implantation of a biventricular pacemaker is justified. A mitral surgical procedure may be envisaged in cases
of severe MR where bypass surgery is planned. In cases of moderate MR at rest, an
evaluation of its dynamic character on effort can assist with the decision to undertake combined surgery.
Mitral regurgitation (MR) is a common and serious complication of ischemic heart
disease. Three general forms are distinguished: MR related to acute rupture of the
mitral pillar, ischemic MR and functional MR.
Résumé
L’insuffisance mitrale (IM) est une complication grave de la maladie coronaire.
La forme fonctionnelle est la plus fréquente, elle présente par ailleurs souvent un
caractère dynamique. La présence, mais surtout la sévérité de l’IM et son caractère
dynamique grèvent lourdement le pronostic à moyen et long terme. Les mécanismes générant cette IM sont complexes et s’installent dans un climat de déséquilibre entre « forces de traction - forces de fermeture » dont l’importance est
modulée en partie par la présence d’un asynchronisme de contraction ventriculaire
gauche. La prise en charge thérapeutique de ces patients est difficile. En cas
d’asynchronisme démontré, l’implantation d’un stimulateur biventriculaire se justifie. Un geste mitral chirurgical doit être envisagé en cas d’IM sévère et de pontage programmé. En cas d’IM modérée au repos, l’évaluation de son caractère
dynamique à l’effort peu aider à la décision d’une chirurgie combinée.
L’insuffisance mitrale (IM) est une complication grave et fréquente de la maladie coronaire. On distingue généralement 3 formes : l’IM liée à la rupture aiguë de
pilier mitral, l’IM ischémique à proprement parlé et l’IM fonctionnelle.
L’IM ISCHÉMIQUE LIÉE
À LA RUPTURE AIGUË
DE PILIER MITRAL
Université de Liège, CHU Sart Tilman,
Liège, Belgique.
Présentation au XIXe Congrès
international d’échocardiographie,
juin 2007
Tirés à part : Patrizio Lancellotti
Service de cardiologie
CHU de Liège
B – 4000 Liège, Belgique
[email protected]
1056
La rupture d’un muscle papillaire
est rare (< 1 %), concerne généralement un chef du muscle postéromédian chez un patient souvent âgé,
monotronculaire et présentant un
premier infarctus inférieur [1, 2].
Pour rappel, le muscle papillaire postérieur est irrigué uniquement par
l’artère coronaire droite ou la circonflexe. Le tableau hémodynamique est
catastrophique et traduit celui d’une
régurgitation mitrale aiguë. Le pronostic, en l’absence de traitement
chirurgical rapide, est effroyable [3].
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L’examen échocardiographique bidimensionnel montre le plus souvent
une éversion partielle du feuillet postérieur, à l’extrémité duquel est attachée la portion rompue du pilier. Le
jet de régurgitation mitral en Doppler
couleur tapisse le versant auriculaire
du feuillet antérieur et se dirige vers
la partie septale.
L’IM ISCHÉMIQUE PURE
Cette seconde forme, plus rare,
définit réellement l’IM ischémique
puisqu’elle est secondaire à un épisode ischémique aigu [4]. Elle se
traduit cliniquement le plus souvent
L’INSUFFISANCE MITRALE ISCHÉMIQUE
par de l’angor sifflant ou de l’ œdème pulmonaire
flash. Elle est liée à la présence d’une sténose sur l’artère coronaire droite ou la circonflexe. Sa prise en
charge nécessite la correction des accès d’ischémie
myocardique par revascularisation coronaire percutanée ou chirurgicale.
L’IM ISCHÉMIQUE FONCTIONNELLE
Cette troisième forme est de loin la plus fréquente.
Elle survient en l’absence d’anomalie structurelle de la
valve mitrale [5]. Elle définit l’IM fonctionnelle (IMF)
qui peut compliquer la phase aiguë d’une nécrose
myocardique et devenir chronique, faisant alors partie
intégrante du processus ischémique et résultant
d’une ventriculopathie plutôt que d’une valvulopathie.
En phase aiguë d’infarctus, la prévalence de l’IMF est
difficile à estimer puisqu’elle dépend de la technique
utilisée (la sensibilité étant naturellement supérieure
pour l’écho-Doppler par rapport à la ventriculographie)
et du moment de son évaluation par rapport à la date
de la nécrose. D’autre part, cette régurgitation est
souvent cliniquement silencieuse, l’intensité du souffle
de régurgitation n’est pas corrélée à l’importance de la
fuite [6, 7]. La régurgitation survenant sur une
oreillette gauche peu compliante génère une énergie
qui est préférentiellement transformée en énergie
potentielle, ce qui entraîne une large onde V de régurgitation. Elle génère, en revanche, peu d’énergie cinétique (débit faible), le volume régurgité est donc faible
malgré une large surface de l’orifice régurgitant (SOR)
[8]. En phase aiguë d’infarctus, la présence mais surtout la sévérité de l’IMF est un important facteur prédictif d’événement cardiovasculaire. Le risque de
décès ou d’accès d’insuffisance cardiaque est deux fois
plus important en cas d’IM modérée à sévère. D’autre
part, la progression de l’IM au cours du suivi prédit
également la survenue d’événement [9]. En phase tardive ou chronique du post-infarctus, la sévérité de
l’IMF reste un élément pronostique important,
puisque la mortalité des patients présentant une IM
sévère (SOR ⭓ 20 mm2) est à peu près doublée par
rapport à ceux sans IM [8, 10].
Échocardiographie
L’aspect échocardiographique de l’IMF ischémique
est souvent typique, associant un trouble de la cinétique segmentaire dans la région adjacente à un des
piliers et une restriction systolique des mouvements
valvulaires intéressant le plus souvent la petite valve,
mais s’étendant aussi à la grande valve (feuillet antérieur), donnant le signe caractéristique de la mouette.
Il existe alors une zone de plicature sur le feuillet antérieur liée à la traction excessive par les cordages
secondaires. La fermeture incomplète de la valvule
mitrale est aisément reconnue par un point de coaptation anormalement antérieure des deux feuillets
mitraux par rapport au plan de l’anneau mitral [11].
Mécanismes
L’IMF survient dans un climat de déséquilibre entre
« forces de traction - forces de fermeture » dont l’importance est modulée en partie par la présence d’un
asynchronisme de contraction VG [12-16]. Plusieurs
facteurs interviennent : la déformation de l’appareil
valvulaire mitral (surface sous la tente, dilatation de
l’anneau mitral), le décalage temporel de l’activation
des piliers, le remodelage VG régional et global
(désaxation des piliers, sphéricisation du ventricule), le
retard de montée de pression pendant la phase de
contraction isovolumique (dP/dt de l’insuffisance
mitrale), et le faible gradient de pression transmitrale
secondaire à la diminution de la contractilité du VG
(forces de fermeture).
Des mécanismes aux patterns échocardiographiques
Quatre patterns échographiques caractérisent l’IMF
ischémique (tableau I) [17]. Les deux premiers sont les
plus fréquents et dépendent de la géométrie de la surface sous la tente symétrique ou asymétrique [18, 19].
La forme asymétrique se rencontre surtout dans les
nécroses inférieures et est secondaire à une traction
prédominante sur le feuillet postérieur (zone P2-P3),
proche de la commissure interne. E1le est surtout liée
au remodelage VG régional. Le jet de régurgitation est
TABLEAU I — DES MÉCANISMES AUX PATTERNS ÉCHOGRAPHIQUES.
Nécrose antérieure/inférieure
Asymétrique
Symétrique
Dilatation/dysfonction
de l’anneau
Prolapsus ischémique
+/+++
+++/+
+/+
-/++
+
+++
+
+
Atteinte mono/pluritronculaire
++/++
+/+++
+/+
++/+
Remodelage VG global/régional
+/+++
+++/+++
++/+
+/++
Déplacement postérieur/apical des feuillets mitraux
+++/+
+/+++
-/+
-/-
Nécrose multiple
Surface sous la tente
-
Distance de coaptation
-
/
/
+++/+
+/+++
Dilatation/distorsion de l’anneau
Jet couleur excentrique/central
/
-/++
/+++/+
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P. LANCELLOTTI ET COLLABORATEURS
FIG. 1 – Examen échocardiographique par voie transœsophagienne
montrant un prolapsus du feuillet postérieur secondaire à la rupture
aiguë du pilier mitral postérieur (flèches rouges : portion rompue du
pilier). Le jet de régurgitation mitral en Doppler couleur tapisse le
versant auriculaire du feuillet antérieur et se dirige vers la partie
septale.
FIG. 1 – Trans-esophageal echocardiographic investigation showing a
prolapsed posterior leaflet secondary to acute rupture of the posterior
mitral pillar (red arrows: torn section of the papillary muscle). The
mitral regurgitant jet shown with colour Doppler covers the atrial side
of the anterior leaflet and extends towards the septal part.
le plus souvent excentrique, tapissant la paroi postérieure auriculaire. La forme symétrique se rencontre
surtout dans les nécroses antérieures, le jet de régurgitation est le plus souvent central. Étant secondaire à
un remodelage VG global et régional, le déplacement
apical des feuillets valvulaires est plus important. Il en
est de même pour la dilatation et la déformation de
l’anneau mitral. Les deux autres patterns sont plus
rares. Il s’agit du faible pourcentage de patients avec
une dilatation et une dysfonction prédominante de
l’anneau mitral, qui peut compliquer une nécrose
inféro-basale limitée. Dans ce cas, la régurgitation
mitrale est le plus souvent modérée et il y a peu ou pas
de déformation valvulaire. Le dernier type caractérise
le prolapsus ischémique secondaire à la nécrose,
fibrose et élongation des piliers.
Caractère dynamique
Une des caractéristiques importantes de l’IMF est
son caractère dynamique. Le caractère dynamique
correspond à des variations de la sévérité de l’IMF liées
rarement à la survenue d’une ischémie, mais plus souvent à la suite d’une modification des conditions de
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FIG. 2 – Déformation de l’appareil valvulaire mitral quantifiée par la
surface sous la tente en incidence parasternale long axe (surface
délimitée par le corps des feuillets valvulaire et l’anneau mitral) et la
distance de coaptation en coupe apicale des 4 cavités (distance
séparant le plan de l’anneau mitral de la zone de coaptation). a)
patient normal : pas de traction des feuillets valvulaires ; b) patient
ischémique avec déformation modérée ; c) patient ischémique avec
déformation sévère.
FIG. 2 – Deformation of the mital valve apparatus quantified by surface area beneath the tenting in long axis parasternal section (the
area is delimited by the body of the valve leaflets and the mitral ring)
and the coaptation distance in apical 4 cavity view (distance separating the plane of the mitral ring from the coaptation zone). A) normal
patient: no traction on the valve leaflets, B) ischemic patient with
moderate deformation, C) ischemic patient with severe deformation.
charge du ventricule gauche ou de son asynchronisme
[19-23]. Ce caractère dynamique peut être étudié et
quantifié par l’échocardiographie d’effort effectuée sur
une table appropriée. Il n’y a pas de relation entre la
sévérité de l’IMF au repos et les variations induites par
l’effort [19]. Autrement dit, certains patients ont une
IMF sévère au repos, mais une diminution importante
à l’effort ; ceci survient en présence d’une réserve
contractile des segments postéro-basaux chez les
patients qui ont des antécédents d’infarctus inférieur.
D’autres patients, au contraire, présentent une IMF
légère ou modérée au repos et une augmentation
importante à l’effort. L’augmentation importante est
déterminée par une altération accrue de la déformation géométrique de la valvule mitrale et/ou un asynchronisme majoré. Ce caractère dynamique de l’IMF
secondaire a des implications cliniques. Les patients
qui stoppent le test d’effort pour dyspnée présentent,
par rapport à ceux qui interrompent le test pour
fatigue, une augmentation bien plus importante de la
SOR [24] Chez certains patients dont l’IMF est légère à
modérée au repos, une augmentation brusque du
volume régurgité peut être responsable d’une augmentation aiguë des pressions dans l’oreillette gauche
et la circulation pulmonaire et entraîner un œdème
pulmonaire aigu [25]. Le risque de mortalité au cours
d’un suivi de 4 ans est cinq fois plus important chez les
patients dont la SOR augmente de plus de 13 mm2 à
l’effort. Ce même seuil permet de prédire également
la survenue d’hospitalisation pour décompensation
cardiaque [26].
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L’INSUFFISANCE MITRALE ISCHÉMIQUE
Traitement médical. Le traitement médical doit
être maximal chez tous les patients [27]. De nature, il
est malheureusement souvent décevant. Les nitrés
sont intéressants de manière ponctuelle, ils réduisent
le degré de régurgitation via une réduction de la SOR
[28]. Les bêtabloquants et les inhibiteurs de l’enzyme
de conversion de l’angiotensine sont efficaces à long
terme via leurs effets bénéfiques sur le remodelage
VG [29]. La spironolactone est également utile, elle
ralentit le développement de la fibrose myocardique.
Les diurétiques sont utiles en cas de rétention hydrosodée.
Resynchronisation ventriculaire. En l’absence d’indication d’une revascularisation chirurgicale, la mise
en place d’un stimulateur biventriculaire est une
approche thérapeutique qui se justifie chez les
patients qui demeurent symptomatiques et qui présentent un QRS > 120 ms [30]. Ce traitement est
associé à une diminution immédiate du degré de la
régurgitation, qui est directement corrélée à l’amélioration de la fonction systolique VG (forces de fermeture) augmentation de dP/dt, et à la réduction du
délai temporel d’activation des piliers (forces de traction) [13-15]. Notons que ces modifications sont le
plus souvent insuffisantes pour faire disparaître la
régurgitation ; la persistance de la fuite est alors
orchestrée par la déformation de l’appareil valvulaire
mitral [31-33]. À l’effort, l’augmentation du degré de
l’IMF est également minorée par la thérapie de resynchronisation. Au cours du suivi, le remodelage inverse
se marque par une diminution complémentaire de 10
à 20 % du degré de la régurgitation [34]. Malheureusement, la réduction des volumes ventriculaires s’atténue après 6 mois et s’inverse chez certains patients
secondairement à la progression de la maladie ischémique. L’interruption de la resynchronisation quelques
mois plus tard entraîne une désynchronisation immédiate des muscles papillaires et une réapparition aiguë
de l’IMF [35, 36].
Chirurgie de l’IMF. L’indication d’une correction chirurgicale de l’IMF associée ou non à une chirurgie de
pontage est sujette à controverse en l’absence
d’études contrôlées. Tout d’abord, rappelons que,
dans la majorité des cas, le pontage ne suffit pas à
faire disparaître la régurgitation, ni même à en diminuer la sévérité [37]. D’autre part, ne pas traiter l’IMF
expose à un risque plus élevé d’hospitalisation pour
insuffisance cardiaque [38]. L’impact éventuel d’une
chirurgie mitrale isolée ou combinée est mal connu ; la
mortalité à 5 ans reste élevée [39-41]. Les résultats de
la littérature se heurtent malheureusement à leur
caractère rétrospectif, au biais inévitable de sélection
et aux questions non résolues comme la durabilité de
la réparation. Les recommandations européennes de
FIG. 3 – Exemple d’augmentation significative du degré de l’insuffisance mitrale quantifiée par la méthode PISA au cours d’un test d’effort.
FIG. 3 – Example of a significant increase in the degree of mitral
regurgitation quantified by the PASA method during an exercise test.
2007 préconisent la réalisation d’un geste mitral chez
les patients porteurs d’une IMF sévère lorsqu’une chirurgie de pontage aorto-coronaire est programmée
(tableau II) [42]. L’annuloplastie doit cependant être
réalisée avec un anneau sous-dimensionné par rapport
à la taille réelle de l’anneau mitral [43]. En l’absence
d’indication de pontage, un geste mitral est raisonnable chez les patients demeurant très symptomatiques malgré un traitement médical adapté (ESC IIb).
L’approche percutanée par implantation d’un système
métallique dans le sinus coronaire, ce qui rapproche le
feuillet postérieur mitral du feuillet antérieur, est une
technique prometteuse. Elle est toujours à ses prémices. En IMF modérée, la sélection des patients pouvant bénéficier d’une chirurgie combinée devrait
prendre en considération : le caractère dynamique de
l’IMF, sa relation avec une ischémie inductible, et la
réponse à la question suivante : la revascularisation
permettra-elle a priori d’améliorer la fonction VG
basale et donc de corriger l’IMF ? Plusieurs équipes
utilisent l’échographie transœsophagienne en début
d’intervention pour prendre cette décision. Rappelons,
cependant, que l’anesthésie générale entraîne quasi
systématiquement une sous-estimation de la sévérité
de l’IMF [37]. Dès lors, certaines équipes recourent à
TABLEAU II — INDICATIONS CHIRURGICALES DANS L’IMF CHRONIQUE (PLASTIE PRÉFÉRABLE) : RECOMMANDATIONS EUROPÉENNES 2007.
a) IMF sévère, fraction d’éjection > 30 % et indications de pontages
b) IMF sévère, fraction d’éjection < 30 % et possibilité de revascularisation (surtout s’il existe une viabilité)
c) IMF sévère, fraction d’éjection > 30 % sans possibilité de revascularisation, réfractaire au traitement médical
d) IMF modérée et indication de pontage si plastie possible
IC
IIaC
IIbC
IIaC
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P. LANCELLOTTI ET COLLABORATEURS
une épreuve de remplissage rapide jusqu’à ce que la
pression capillaire atteigne 15 à 18 mm Hg. Si la
régurgitation n’augmente pas, de la phényléphrine est
administrée pour atteindre une pression artérielle systolique moyenne de 100 mm Hg [43, 44]. Cette
approche permet de répondre à la 1re question. Le
niveau d’augmentation de l’IMF associée à la nécessité
d’un geste chirurgical n’est pas encore validé. Dans la
pratique, il est probablement préférable d’identifier
les patients avant l’intervention. L’échographie d’effort
est l’examen de choix.
Techniques chirurgicales de correction de l’IMF.
Les modalités chirurgicales de réparation valvulaire
sont très nombreuses et le choix de la technique la
plus appropriée reste difficile [45, 46]. L’annuloplastie
fait partie de l’intervention. Reste à définir le type. La
forme asymétrique est intéressante dans les nécroses
postérieures. Chez les patients à risque de récidive ou
de persistance d’IMF, un geste valvulaire, sous-valvulaire ou ventriculaire peut être proposé. La diversité
des techniques disponibles souligne leur faiblesse.
Citons par exemple : la suture bord à bord, la résection de cordages secondaires ; la plicature de la zone
infarcie ou relocalisation des muscles papillaires, le
COR – CAP (polymère biocompatible placé autour du
cœur) et la greffe de myoblaste dans la zone de
nécrose [47-51].
Facteurs associés à un échec de l’annuloplastie. La
complexité des mécanismes de la fuite mitrale ischémique explique pourquoi l’annuloplastie isolée est si
souvent décevante. Une récidive ou une persistance de
l’IMF est observée chez environ 1/3 des patients, le
risque étant plus important au cours des 6 premiers
mois (tableau III) [52-55]. Plusieurs paramètres échographiques peuvent aider à l’identification des
patients à risque d’échec thérapeutique. En per-opéTABLEAU III — FACTEURS ASSOCIÉS À UN ÉCHEC DE L’ANNULOPLASTIE MITRALE.
Échographie transthoracique pré-opératoire
– Distance de coaptation ⭓ 1 cm
– Surface sous la tente > 2,5-3 cm2
– Angle postéro-latéral (PLA) > 45 °
– Nécrose latérale étendue
– Jet de régurgitation central, jets complexes
– Diamètre télédiastolique > 65 mm
– Diamètre télésystolique > 51 mm
Échographie transœsophagienne per-opératoire
– Diamètre de l’anneau mitral en diastole > 37 mm
– Surface sous la tente > 1,6 cm2
– Distance de coaptation > 1 cm (> 0,8 après réparation valvulaire)
– Sévérité de l’IMF : grade 3,5
FIG. 4 – Mesure de l’angle que forme le plan de l’anneau mitral et le
feuillet postérieur en systole (PLA). a) petit angle ; b) angle important. L’insuffisance mitrale persiste ou récidive de manière pratiquement systématique si cet angle est supérieur à 45°. CD : distance de
coaptation, PLL : distance anneau-zone de coaptation.
FIG. 4 – Measurement of the angle formed between the plane of the
mitral ring and the posterior leaflet in systole (PLA). A) small angle; B)
significant angle. The mitral regurgitation persists or recurs practically
systematically if this angle is greater than 45°. CD: coaptation distance, PLL: distance from the ring to the coaptation zone.
ratoire, l’association diamètre mitral diastolique
> 37 mm, surface sous la tente > 1,6 cm2 et IMF de
grade > 3,5 prédit dans 50 % des cas un échec thérapeutique. En pré-opératoire, une distance de coaptation > 1 cm, une surface sous la tente > 2,5 cm2, un
angle postéro-latéral > 45°, un jet complexe ou central
avec un profil de remplissage restrictif sont également
associés à un échec de l’annuloplastie. La mesure de
l’angle d’insertion feuillet postérieur sur l’anneau mitral
en mésosystole est le paramètre le plus sensible.
CONCLUSION
La forme fonctionnelle de l’IM ischémique est la
plus fréquente. La présence, mais surtout la sévérité
de l’IM et son caractère dynamique à l’effort grèvent
lourdement le pronostic à moyen et long terme. Plusieurs modalités thérapeutiques sont disponibles. Le
traitement médical est souvent insuffisant. L’annuloplastie chirurgicale seule ou le plus souvent en complément d’une revascularisation myocardique semble
efficace lorsque les candidats à l’intervention combinée sont bien sélectionnés. Nous organisons actuellement un vaste registre destiné à évaluer le rôle de
l’échocardiographie-Doppler d’effort pré-opératoire
dans la sélection de ces patients [56]. La stimulation
biventriculaire est une approche intéressante, elle
permet de réduire à la fois la sévérité de l’IMF au
repos et son caractère dynamique. Cette thérapeutique n’est toutefois envisageable que s’il existe un
asynchronisme intraventriculaire.
MOTS CLÉS : Insuffisance mitrale, asynchronisme, stimulateur.
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L’INSUFFISANCE MITRALE ISCHÉMIQUE
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