INTELLIGENCE TERRITORIALE :
CONSTAT, RECHERCHE, APPLICATIONS
Yann Bertacchini1, Maître de Confé
[email protected]
Laboratoire I3M-équipe d’accueil 3820
Résumé introductif
Avec le recul, très court, d’une dizaine d’années d’un processus de type essaierreur engagé sur l’objet de notre article, l’intelligence territoriale, nous
essaierons par cette contribution de proposer un cadrage de ‘l’intelligence
territoriale’ en tant que capacité d’intelligence collective mobilisable sur un
territoire ou résultat d’une démarche collective.
Nous fonderons notre propos sur l’acquis cumulé d’un parcours
professionnel et d’un ancrage théorique avec plusieurs expériences, Recherches,
applications d’ordre pratique terminées, en cours et à venir dépassant en cela le
cloisonnement ‘théorie-pratique’ obsolète.
Nous poserons et décrirons le contexte informationnel et organisationnel de
notre contribution dans une 1e partie, intitulée « Dispositifs et Organisation »,
conséquences issues du développement combiné du numérique et de la
compétition économique contemporaine. La 2e partie définira et présentera
l’intelligence territoriale en tant que champ scientifique, ses contraintes
d’observation, d’analyse et de pratiques pour le chercheur-praticien. La 3e partie
mettra l’accent, en l’illustrant, sur ce qui fait sens dans l’intelligence territoriale à
savoir le transfert organisé des compétences entre les acteurs locaux. Ce que
d’aucuns nomment la « transversalité » et qui appelle, à notre sens, une
adaptation voire un changement des comportements. Nous illustrerons notre
propos en prenant appui sur deux applications associées à des recherches
doctorales.
1
Nous associons à notre contribution: Dr Ph.Herbaux, Dr Ch.Bois, Dr Y.Bouchet, Dr
G.Perrin, ainsi que les doctorants suivants : P.Maurel (Ingénieur & doctorant), M.Rmili
(doctorant), I.Thomas (doctorante) et toutes les personnes, acteurs locaux, chefs d’entreprise,
avec qui nous avons échangeons et travaillons. Cet article est la synthèse de ces échanges.
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INTELLIGENCE TERRITORIALE :
CONSTAT, RECHERCHE, APPLICATIONS
1. Dispositifs et Organisation : le
constat
La mise en contexte
Dans un contexte économique
et social marqué par la
globalisation des économies,
l’internationalisation des échanges
et leur virtualisation par l’usage
des Tic, les organisations
marchandes et non marchandes
(Pme/Pmi, ONG, Association,
Université) ont à écrire le
scénario de leur futur marqué par
une crise exceptionnelle, que
personne n’a prévu et dont on ne
mesure
pas
complètement
aujourd’hui les effets. La difficulté
de cette écriture prospective
réside dans la nécessité de
conjuguer à la fois l’abandon
d’une partie de la vision du
monde de la modernité –
séparation du monde en acteurs,
institutions et territoires – et
l’adoption
d’une
vision
résolument
novatrice
« hypermoderne » qui met l’accent
sur la médiation, le réseau, la
traduction et, in fine, la
mobilisation de compétences
cultivées individuellement.
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La problématique
Nous
exposons
ici
la
problématique de l’intelligence
territoriale.
Au niveau des acteurs
La distance de relation : La
numérisation des taches entraîne
inexorablement
la
dématérialisation de la relation.
« On ne connaît plus les gens » est
l’antienne
des
acteurs
de
l’institution qui développent une
nostalgie du « bon vieux temps ».
Au niveau de l’organisation
La distance des opérations :
Les activités « spontanées », les
procédures et les équipements
intègrent cette ‘mise à distance’
par la mise en place du travail
collaboratif à distance. L’écran et
la mémoire de l’ordinateur
deviennent les lieux où se passent
les
choses
essentielles
de
l’organisation.
Au niveau du territoire
Combiner le physique et le
virtuel, le proche, le local, et le
lointain, le global, l’humain et le
non humain : les tendances
évoquées et précisées plus en
avant se mesurent aux pratiques
de
délocalisation
et
d’aménagement du territoire.
Acteurs économiques et sociaux,
développeurs
territoriaux
s’interrogent sur les possibilités de
maintenir et développer un tissu
socio-économique tant en terme
d’emploi que de création de
valeur.
-Comment créer, voire conserver
localement
la
chaîne
de
valorisation territoriale morcelée
tout en intégrant les contraintes
exigeantes de la compétition
internationale ?
- Existent-ils encore aujourd’hui
des activités qui ne soient pas déou relocalisables parce qu’elles
supposent un contact étroit et
permanent entre offreurs et
demandeurs de biens et services ?
Comment
recourir
aux
technologies internet tout en
évitant la dégradation de la
valeur ?
Les
attendus
de
notre
argumentation introductive
Cette triple problématique de
la distance qui touche acteurs,
organisation et territoire ne saurait
être abordée par les moyens de la
Science « sédentaire » moderne,
enfermée dans les murs. Le
concept triple de « réseau,
médiation, traduction » développé
dans l’épistémè hypermoderne
nous paraît par contre plus à
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même d’apporter une clarification
des enjeux et des solutions
possibles. Nous nous emploierons
à justifier cette prise de position.
Introduction
Au 17e siècle et pour trois
siècles et quelque, la modernité a
instauré un credo de "séparation
des genres" : les chercheurs d'un
côté, les praticiens de l'autre, les
lettres d'un côté, les sciences de
l'autre, etc.. Bruno Latour
souligne que cette approche a été
très productive mais d’une
manière assez surprenante. D’une
part il y a l’idéal « officiel » de
séparation
des genres, de
purification. D’autre part les
acteurs doivent bien s’articuler à
un réel qui se laisse mal découper,
d’autre part les acteurs ont
besoins
de
« comparses »
hétérogènes. Le chimiste a besoin
d’un mécanicien pour son
équipement
de
laboratoire,
l’économiste a besoin d’un Blaise
Pascal pour lui inventer une
machine à calculer, etc. Dans
l'underground se pratique donc le
contraire de la purification et de la
séparation des genres : les
hybrides terrain/concept sont
choses courantes mais tout cela
reste impensé, méconnu voire
méprisé. Le saut réalisé par
l’hypermodernité est en particulier
de penser ces hybrides, de créer
des équipes et des concepts entre
disciplines, etc..
L’hypermodernité comme temps
de la pensée et du dépassement
de la modernité
Le terme d'hypermodernité a
pris de l'importance en 2004 avec
la parution de deux ouvrages
(Lypovetsky & Aubert). Pourtant
Bruno Latour nous a expliqué, dès
1991, que "nous n'avons jamais été
modernes". Nous n'avons jamais
été modernes parce que, malgré
les diktats du politique et du
scientifique, nous enjoignant de
ne pas hybrider les pratiques ni les
systèmes de pensée nous n'avons
jamais cessé de le faire. Dans le
système éducatif, dans le système
universitaire, dans les entreprises,
dans les institutions territoriales,
des îlots de résistance, des
pratiques
underground
ont
maintenu la pratique des hybrides.
Les vocables de "recherche action",
de "socio techniques", de "psycho
linguistique" montrent que le
primat de la séparation des genres
n'a pas été respecté même si nous
devons aller plus loin aujourd’hui.
La naissance des sciences
"multiples" sciences de l'éducation
et de la formation, information et
communication,
champ
dit
"sciences techniques et société"
témoigne certes d'un déclin de la
puissance des forces séparatrices
mais nous n’en sommes pas
encore
à
pratiquer
la
‘transversalité’ tant appelée de nos
voeux.
Vers
la
recherche
multidimensionnelle
non
moderne
Comme nous l’avons souligné
plus haut, il ne s’agit pas de faire
table rase des acquis de la
modernité. Ses représentations avec
des classes d'objet, des territoires
pour ces objets, des schémas pour
ces objets reste très pratique. Il n'y
a problème que lorsque l'on se met
à "croire" dans les systèmes de
classification, à agir comme si
effectivement les "cases", les
"branches"
étaient
séparées,
comme s'il n'y avait ni continuum
ni hybrides.
L’organisation et son territoire,
les acteurs et les DISTICS (en fait,
des dispositifs) sont à considérer
comme des ensembles complexes –
sans tomber, comme le souligne
Bruno Latour (1991) – dans des
abstractions qui ne peuvent se
relier aux réalités du terrain.
Un ensemble complexe se regarde d’abord selon ses différentes dimensions
selon Edgar Morin. Par exemple, nous pouvons représenter les DISTIC dans
un monde hypermoderne à l’aide du schéma suivant (1).
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Figure 1 : Matrice de concepts pour penser le DISTIC et son
environnement dans l'institution hypermoderne
Ce schéma est aidant en cela
qu'il représente de manière
matricielle les axes/concepts de
technique, de langage et d'homme.
Il est aidant en cela qu'il montre la
place des "hybrides" des discours,
usage et dispositif.
Une approche hypermoderne (i)
mathématise ce qui peut l’être mais
pas plus (ii) laisse la place à un
travail empirique, praxéologique
qui fait remonter ce qui peut
ressortir des pratiques des acteurs,
des structures de l’organisation et
des dynamiques du territoire.
Il est un signe qui ne trompe
pas lorsque l’on prend en main
l’étude hypermoderne d’un objet :
le foisonnement de matrices à trois
dimensions ou plus. Michel
Foucault (1966) a dès cette époque
décrit les disciplines à l’aide d’un
trièdre
indispensable
pour
comprendre comment s’articulent
les modes de pensée mathématique,
empirique et herméneutique.
Vers la Recherche
multiréférentielle non moderne
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Jacques Ardoino (1988) en
particulier
souligne
que
le
multidimensionnel
n'est
pas
suffisant et suggère d’en faire une
lecture multiréférentielle. Nous
avons traduit le propos de Jacques
Ardoino par le schéma suivant.
Figure 2 : Quand le chercheur utilise 4 référentiels pour "regarder" 4
dimensions de son objet de recherche.
Il n'est pas inutile de souligner
que les dimensions n'appartiennent
pas à l'objet réel mais sont un
construit de recherche (2). Les
référentiels, ce sont des modèles
mathématiques, herméneutiques,
etc. empruntés à différentes
disciplines ou créés par le
chercheur.
Au croisement d'une dimension
et d'un référentiel, on a un "îlot de
discours" éventuellement porteur
de savoirs (dès 1966, Michel
Foucault proposait cette modestie
pour les sciences humaines).
Figure 3 : L’îlot de savoir au croisement de la dimension et du référentiel
Dans le travail non moderne
multiréférentiel on a le "vide
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essentiel" foucaldien à la fois entre
dimensions et entre référentiels.
Figure 4 : Entre îlots de discours/savoir, des fentes d'ignorance
Le « credo » hypermoderne est
qu’il vaut mieux une bonne
construction dont on reconnaît les
zones d’ombre qu’une construction
où ces dernières sont ignorées. Ces
Ne plus s’inspirer de la synthèse
Un penseur clé de la modernité
est Georg Wilhem Friedrich Hegel
(1770-1831) qui, au début du XIXe
siècle publie Science de la logique à
l'usage des élèves du secondaire.
C’est le même auteur qui propose
dans La Raison dans l’Histoire : «
L'esprit est pensant : il prend pour objet
ce qui est, et le pense tel qu'il est». La
dialectique qui y est exposée
suppose qu'il est "couramment"
possible de mener un raisonnement
en trois temps : thèse, antithèse,
synthèse. Or, en amont de la
dialectique, il est nécessaire d'avoir
"terriblement simplifié" (3), d'avoir
transformé un réel complexe en
objet de recherche/raisonnement
simple.
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propos rejoignent les exigences de
la
posture
en
Intelligence
territoriale que nous aborderons
plus loin dans notre article.
Car c'est seulement sur le
simplifié que peut s'exercer le jeu
thèse, antithèse, synthèse. Jacques
Ardoino (1988) souligne que dans
la vraie vie et, dans la vie de
laboratoire en particulier, le
maintien de la tension entre thèse
et antithèse est tout à fait
primordial. Peter Sloterdijk (2002)
dans son introduction à sa trilogie
Sphères souligne également l'écueil
hégélien. La coexistence de lectures
apparemment contradictoires du
réel est ainsi un autre aspect de la
non-modernité. Ce n'est donc pas
tant la dialectique qui est "fausse"
c'est
surtout
la
nécessaire
simplification en amont qui sort le
problème de sa réalité complexe.
Appliquer la méthode hypermoderne au triptyque ‘acteurs, organisation,
territoire’
Figure 5 : Acteurs, organisation et territoire et DISTIC appropriés
Notre propos est ici de suggérer
une méthode, nous n’entrerons
donc pas dans le détail. Nous
compléterons dans la partie 2
réservée à l’intelligence territoriale.
Ce qui nous intéresse c’est que
nous avons le modèle du trièdre
déjà mis en relief par Foucault
Direction
Cadres
Opérateurs
Cette approche très « moderne »
nous permet de définir avons ainsi
6 groupes (DM, DO, CM, etc.).
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(1966) puis Perret (2004) et que
nous pouvons utiliser pour
représenter notre triple articulation.
Cette phase est indispensable en
amont de notre découpe des
dimensions.
Par exemple, nous pouvons
sélectionner les axes « acteur » et
« territoire » et les détailler :
Métropole Outremer
DM
DO
CM
CO
OM
OO
L’approche hypermoderne que
nous décrivons ici consiste à penser
ces 6 groupes avec le triple concept
réseau, médiation, traduction.
Figure 6 : Sortir les groupes de la matrice pour les penser en terme de
réseau, médiation, traduction
Soit,
par
exemple,
une
organisation dont le siège est à
Nice et une unité dans l’île de La
Réunion. Entre directions – DM et
DO – il y a des concepts communs
de management. Entre acteurs
d’outremer – DO et OO – il y a
une culture commune. Avec
l’émergence du travail avec les
DISTIC, avec l’émergence de
nouveaux impératifs, il est de plus
en plus probable que des échanges
directes puissent se faire entre DM
et OO sur des thèmes comme
l’environnement ou la sécurité.
L’organisation et les acteurs
doivent se préparer à de telles
éventualités. Les professionnels du
territoire peuvent avoir un rôle
préventif et sensibiliser les
organisations à ce type de risque et
aux solutions possibles.
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L’exemple peut paraître trivial
mais nous le vivons presque au
quotidien dans le cadre de nos
missions diverses. Il nous sert ici
d’illustration
de
l’approche
hypermoderne qui consiste à (i)
mettre les situations en matrice (ii)
explorer les dimensions (iii)
« démonter » les groupes de la
matrice (iv) dessiner les réseaux,
lignes de médiations et de
traductions (v) penser chaque ligne
selon une palette de référentiels de
compétences à identifier puis
mobiliser.
L’intelligence territoriale, telle
que nous la concevons et
pratiquons vise à répondre à ces
exigences
contraignantes,
qui
appellent une formation autre et
que nous pouvons observer au
quotidien au contact des acteurs
locaux. Nous en présentons
maintenant
ses
principales
caractéristiques et décrivons les
conditions de son exercice pour le
praticien-chercheur.
2.Intelligence
territoriale :
Posture théorique, hypothèses,
définition
L’intelligence territoriale, objet
et champ scientifique reconnu par
le Cnu 71e section en 2004, se pose
à la convergence de l’information,
de la communication et de la
connaissance, traduit une relation
‘Espace-territoire’, succède à la
territorialité,
en
tant
que
phénomène d’appropriation ou de
réappropriation des ressources,
enfin, permet l’énoncé du projet
territorial
lorsque
l’échelon
territorial arrive à le formuler. D’un
point de vue épistémologique et
méthodologique,
l’expression,
certes audacieuse, d’intelligence
territoriale souligne la construction
d’un objet scientifique qui conduit
in fine à l’élaboration d’un métamodèle du système territorial
2
inspiré des travaux de Schwarz
(Schwarz, 1997).
Pour ce qui nous concerne,
cette démarche ne vise pas
2 Schwarz E., « Toward a Holistic
Cybernetics. From Science Through
Epistemology to Being », Cybernetics and
Human Knowing, Vol. 4 n° 1, Alborg,
1997.
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exclusivement à une modélisation
de nature systémique associée à une
matrice des processus territoriaux
de
nature
structuraliste
et
fonctionnaliste. Nous inscrivons
nos travaux en Sciences de
l’Information
et
de
la
Communication et, en tant que tels,
ils se référent aux approches
sociales,
c’est-à-dire
inter
relationnelle,
à
la
théorie
systémique,
c’est-à-dire
informationnelle
(théorie
de
l’information et de l’énergie
associée imputable, entre autre, aux
Tic) enfin, au constructivisme,
c’est-à-dire à une approche
communicationnelle en référence à
la territorialité qui compose et
recompose le territoire.
Nous
compléterons
cette
nécessaire
mais
synthétique
présentation en rappelant, comme
l’ont souligné déjà d’autres travaux,
dans d’autres disciplines, que
l’étude d’un territoire sous tend une
connaissance initiale incertaine, il
est donc nécessaire de souligner le
caractère heuristique de cette
approche et que sur un plan
ontologique, nous nous référons à
une pragmatique du territoire et de
ses acteurs, du Chercheur dans sa
relation avec la Société. Enfin, nous
croyons utile de préciser que
l’intelligence territoriale ne saurait
se limiter et être réduite à une
démarche de veille mais, relève
plutôt d’une logique de projet de
type ‘Bottom up’ qui va tenter de
diffuser les éléments d’une attitude
pro-active ou d’anticipation des
risques et ruptures qui peuvent
affecter le territoire.
Dans
la
poursuite
de
l’introduction à la 2e partie de
notre contribution plutôt de nature
théorique, nous préciserons que
notre conception de l’intelligence
territoriale met l’accent sur, la
solidarité de destin en réponse à
l’accroissement de la complexité
comme l’évoque la proposition de
Morin (Morin, 2005), p124 : « la
solidarité vécue est la seule chose qui
permette
l’accroissement
de
la
3
complexité » et d’autre part, compte
tenu de l’inscription de nos travaux
en Sciences de l’Information et de
la Communication, sur l’enjeu
associé à ce champ, à savoir que la
communauté
des
enseignants
chercheurs en Sic est invitée à
adopter une attitude résolument
pro active dans les mutations en
cours
en
s’emparant
des
opportunités offertes par les pôles
de compétitivité tout en ayant
présent à l’esprit le défi que
souligne Mucchielli, (Mucchielli,
2004) p146 « Les années à venir nous
diront si les sciences de l’information &
de la communication parviendront à se
fortifier dans leur interdisciplinarité. ».
3
Morin, E., Introduction à la pensée
complexe, 158 p, « Points Essais »,
n°534, Seuil, Paris.
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De l’environnement et des
ressources à mobiliser
L'environnement du territoire et
ses composants technologiques,
financier, juridique, humain ont
muté
vers davantage de
complexité.
Mais,
la
complexification
(Wagensberg,
1999)
et
son
corollaire,
l’incertitude, font peur. Les savoirs
requis de la part des acteurs en
charge de définir, d’appliquer et de
suivre les réalisations d’une
politique locale ont également
évolué. Comment dès lors
orchestrer ces mouvements pour
bâtir une intelligence, que nous
nommons territoriale en référence
à
un
mouvement
de
développement du local, à partir
des ressources localisées en
mobilité ou latentes ? Nous
présenterons
dans
notre
contribution et ce, à partir de notre
expérience,
les
hypothèses
préalables à l’engagement ou
Comment mobiliser des ressources
locales
après détecté leurs
gisements de potentialités?
Un préalable à la mise en
commun d'expériences
Pour
prétendre
à
la
dynamisation spatiale de leur
contenu, les collectivités locales
détectent puis combinent les
compétences disponibles, localisées
et/ou
mobiles.
Ce
travail
d’inventaire est opéré en vue de
structurer leur capital de ressources
et d’intelligences dans l’optique de
faire aboutir une politique de
développement. La connexion de
ce capital latent ou révélé ne
s’obtient pas dans tous les cas.
Nous allons considérer le préalable
à une tentative de développement
territorial.
Nous formulerons l’hypothèse
suivante : «L'existence
ou
l'inexistence d'un réseau de
relations entre acteurs locaux peut
s'avérer être une barrière ou un
catalyseur dans la construction ou
la reconstruction du lien territorial.»
(Bertacchini,
2004).Ce
tissu
relationnel, physique ou virtuel,
permet la mobilisation des
compétences locales autour d'un
objectif partagé et dans l’hypothèse
de compétences complémentaires à
réunir, à faciliter leur acquisition
par un mode d’apprentissage
approprié. Ainsi, puisqu' il y a
inégalités d'accès, ces dernières
engendrent des asymétries dans les
mécanismes
d'évaluation
des
auteurs de l'histoire locale (Jayet et
Wins, 1993,1996). Sur la base de
cette hypothèse, les espaces
engagés dans la voie de leur
médiatisation ne possèdent pas
tous la même capacité d’accès au
développement. Les informations
transmises, échangées par leurs
membres sont entachées d'une
déficience, d'une déformation de
leur contenu et dans leur incapacité
à former le réseau relationnel. A
priori, l'histoire de ces acteurs
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locaux ne leur permet pas ou leur
interdit d'investir dans leur futur. A
posteriori, la déficience du contenu
de l'information échangée ne
favorise pas leur adhésion au
réseau. Dès lors, les relations
affichées mais non partagées autour
de cet objectif ne peuvent se
reproduire
durablement
et
compromettent la valorisation
territoriale. La construction du lien
social échoue et la transmission
d’un patrimoine collectif ne s’opère
pas. La tentative de médiation
(Bertacchini, 2007), l’intelligence
territoriale, que nous proposons
peut s’avérer être une réponse.
Le point de départ et d’arrivée :
le capital formel territorial
A l’origine physiques, les
échelons territoriaux ont intégré ou
intègrent progressivement les TIC.
Ces dernières brouillent les
découpages
administratifs
et
favorisent
l’émergence
de
territoires virtuels. Ainsi, la "
société de l'information " se
construit. S’il est primordial que les
territoires
intègrent
ces
technologies de l’information et de
la communication, il est tout aussi
nécessaire qu’ils la nourrissent, au
risque de se trouver marginalisés
sur un plan national comme
international.
Le
processus
d’intelligence territoriale que l’on
peut qualifier de démarche
d’information et de communication
territoriales trouve ici sa pleine
justification dans l’aide apportée à
la constitution du capital formel
d’un
échelon
territorial
(Bertacchini, 2007). A notre sens le
capital formel d’un échelon
territorial est le préambule à toute
politique de développement, qu’il
s’agisse de politique de mutation
territoriale, de reconversion, ou
d’innovation.
Nous voyons bien ainsi, que les
aspects portent en effet tout autant
sur un volet infrastructures, réseaux
de télécommunications à haut débit
(tuyaux) que sur les supports et le
contenu des documents numérisés
créés grâce à ces outils. De tels
enjeux intéressent tous les secteurs
de la société, de l'éducation à
l'économie en passant par la santé ;
du monde de l'administration à
celui de l'entreprise, en passant par
le
particulier.
L’intelligence
territoriale s’appuie sur un maillage
de compétences pluridisciplinaires
détenues par des acteurs locaux de
culture et donc de codes différents.
Les hypothèses de la grammaire
territoriale
D’un point de vue des S.I.C4,
ce processus informationnel autant
que anthropologique suppose la
conjonction de trois hypothèses :
4
Sciences de l’information et de la
communication
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-Les acteurs échangent de
l’information (génération d’énergie
à titre individuel et/ou collectif) ;
-Ils accordent du crédit à
l’information
reçue (captationéchange de l’information);
-Le
processus
de
communication ainsi établi, les
acteurs établissent les réseaux
appropriés et transfèrent leurs
compétences
(mobilisation
et
transfert d’énergie : formulation du
projet).
Lorsque ces hypothèses sont
réunies et vérifiées, les gisements
potentiels de compétences peuvent
être repérées à l’aide d’une action
d’information et de communication
territoriales puis mobilisés dans la
perspective de l’écriture d’un projet
de développement. Nous pensons
qu’il s’agit du préambule à la
définition d’une politique de
développement local de nature
endogène apte à répondre au
rapport concurrentiel à venir entre
les territoires.
Innovation et local
Le territoire sera prochainement
plus orienté dans un rapport de
force concurrentiel où le traitement
de l’information sera essentiel
(Herbaux, 2005). Les mutations
culturelles liées au développement
des TIC, les nouvelles formes
d’affrontement indirect résultant de
cette évolution technologique sont
encore mal identifiées par les
acteurs du territoire. En exemple, la
captation de l’installation d’une
entreprise et des taxes locales
associées avaient trouvé une
solution prompte dans les contrats
d’agglomération
et
de
communautés de commune qui en
mutualisaient
les
recettes ; ce
faisant elle en limitait de fait un
processus d’apprentissage dans la
conquête de ressources. La
mondialisation, les délocalisations
obligent les pays à puiser dans les
projets à dominante culturelle et
touristique pour espérer capter
quelques revenus d’une population
de nomades aisés. La concurrence
épuise l’originalité des projets et
leur essoufflement ne résidera pas
dans un aspect uniquement
technique.
Le territoire doit évoluer dans
sa culture et accéder à une véritable
mutualisation de l’information au
sein d’un processus d’intelligence
territoriale dont Bertacchini (2004)
Op.Cit propose la définition
suivante :
«On peut considérer l’intelligence
territoriale comme un
processus
informationnel et anthropologique, régulier
et continu, initié par des acteurs locaux
physiquement présents et/ou distants qui
s’approprient les ressources d’un espace en
mobilisant puis en transformant l’énergie
du système territorial en capacité de projet
[...] L’objectif de cette démarche, est de
veiller, au sens propre comme au sens
figuré, à doter l’échelon territorial à
développer de ce que nous avons nommé le
capital formel territorial».
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Le territoire avec ses rites, ses
héros, ses symboles et ses valeurs
qui en constituent l’histoire,
compose le théâtre d’un non-dit
qui rythme les échanges entre les
hommes. Il y a capitalisation d’une
culture des signes et des postures
(l’habitus de Bourdieu), (Bourdieu,
1994) p.24 qui établit une
grammaire de communication et
fonde l’identité du groupe local Ce
constat se trouve au centre de la
recherche sur les problématiques
territoriales au Québec (Herbaux,
2004) Op.Cit et nous éloigne des
prophéties béates sur les rôle des
TIC (Sfez, 1991).
Du territoire politique vers
l’identité territoriale
La création d’un environnement
favorable est un pré requis de
toute innovation émergente au sein
de la société ; Il s’agit d’évoquer la
supériorité des structures et dans
les techniques d’encadrement. Un
premier objectif est de créer
localement un terrain institutionnel,
informationnel, comportemental
où les acteurs puissent exprimer
leurs perceptions, enrichir leurs
savoirs, affirmer leurs compétences
et peser sur le processus de
développement ; il
porte
sur
l’environnement
politique,
la
reconnaissance d’un pouvoir local,
l’instrumentation technique et
administrative et la remobilisation
sociale des acteurs locaux. Les
modalités
d’échange
des
informations sont au centre de ces
rapports.
Cette approche du territoire
consiste à définir le cadre
conceptuel de l’accompagnement
d’un
processus
démocratique
ascendant et la proximité spatiale
est au coeur de cette spécificité
territoriale. Elle n’est pas forcément
impliquante de proximité sociale et
identitaire, mais relève d’une
première étape de construction
d’un nouveau territoire, à travers
un processus graduel d’émergence
d’appropriation territoriale, qu’il
s’agit d’accompagner et de
favoriser. Cette appropriation,
phénomène de représentation
symbolique par lequel les groupes
humains pensent leur rapport à un
espace matériel, ne peut se
construire que par l’intégration
progressive d’un sentiment local, au
travers d’un processus mental
collectif. Brunet (Brunet, 1990)
nous a instruit que la prise en
considération du seul espace vécu a
montré ses limites
et que
l’émergence
d’une
identité
territoriale ne peut pas se résumer à
une activité économique, sociale ou
culturelle commune dépourvue
d’existence
politique
ou
administrative reconnue. La seule
facette du vécu au sein du local,
n’est ni génitrice, ni constitutive du
territoire. En témoignage, l’habitat
de résidence secondaire n’est pas
obligatoirement concourant à un
engagement dans le projet local.
Enfin, l’identité territoriale ne se
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réduit pas davantage à une identité
politico
juridique
ou
à
l’enracinement dans un lieu ; il y
faut cela, et quelque chose de plus
: une conscience (Brunet, Op.Cit). Il
s’agit ainsi de faire émerger un
espace politique local (Levy, 1997),
dont les acteurs se sentent
responsables et où se jouent des
relations de pouvoir (Bourdieu,
1980) en vue de son appropriation
(Raffestin,
1981).Durkheim,
(Durkheim, 1977), p. 138 avance
«Pour que les suffrages expriment
autre chose que les individus, pour
qu’ils soient animés dès le principe
d’un esprit »
Les modalités de transfert de
compétences entre les acteurs
De très nombreux rapports
nous ont certes éclairé sur les
enjeux de l’introduction des
technologies de l’information dans
les cursus citoyens (C.G.P,
1994,1999), (Lefèvre et Tremblay,
1998) notamment en ce qui
concerne l’éducation à l’emploi et à
la citoyenneté. Ces rapports
soulignaient que l’avènement de la
société de l’information allait
permettre la prise en compte des
besoins des personnes en remettant
l’élève au centre du système
éducatif, le citoyen au cœur de la
démocratie et le client à la base du
marché.
En même temps si cette société
recèle la capacité en son sein de
pouvoir universaliser l’accès au
savoir et aux richesses culturelles
de l’humanité, resserrer le lien
social et donne leur chance aux
petites
sociétés
innovantes
(Etchegoyen, 1999), il y a loin de la
coupe aux lèvres et nos
observations au contacts des
acteurs et du terrain nous montrent
que nous sommes très éloignés
d’un développement harmonieux et
équilibré et qu’une concurrence
effrénée existe entre les territoires.
Nous aurons à composer voire
nous débattre avec les effets de la
crise exceptionnelle que nous
traversons, et que personne,
experts inclus, n’avait prévu.
Selon Franck Sérusclat (1999)
« les différentes pratiques tendent à se
rejoindre et contribuent à l’élaboration,
même dispersée, d’une pédagogie de
l’autonomie et de la responsabilité qu’il
faut autoriser. ».
Les observations formulées par
le rapport Sérusclat mentionnent
également le fait que "les liaisons
non linéaires entre éléments
d’information rendent possible
l’examen d’une question selon de
multiples perspectives.". Par non
linéaires, l’auteur entend des
informations relatives à un même
sujet ou un sujet proche et issues
de sources multiples et sans liens
apparents. Conjointement à ces
observations, l'environnement du
territoire et ses composants
technologiques, financier, juridique,
humain ont muté vers davantage
de
complexité.
Mais,
la
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complexification
(Wagensberg,
1999) et son corollaire, l’incertitude
(Filbet et Tazi, 1999) font peur. Les
savoirs requis de la part des acteurs
en charge de définir, d’appliquer et
de suivre les réalisations d’une
politique locale ont également
évolué.
Sur la base de ces observations,
comment
orchestrer
ces
mouvements pour bâtir une
intelligence, que nous avons
nommée territoriale en référence à
un mouvement de développement
du local, à partir des ressources
localisées en mobilité ou latentes et
aux travaux, recherches encours ou
terminées que nous menons ?
Nous
présenterons
trois
applications dans la 3e partie de
notre contribution et ce, à partir de
notre expérience les hypothèses
préalables à l’engagement ou
Comment mobiliser des ressources
locales
après détecté leurs
gisements?
3.Applications en Région Nord
Pas de Calais et Midi Pyrénées
Nous allons successivement
évoquer les travaux, recherches et
applications terminées (région
Nord Pas de calais) ou en cours de
développement (Midi Pyrénées).
Les caractéristiques communes à
ces recherches, que nous pouvons
indiquer,
sans
prétendre
à
l’exhaustivité, sont les suivantes :
Caractéristique générique
-la contribution du doctorant
s’inscrit dans une démarche
d’intelligence territoriale telle
que nous l’avons définie et
présentée
dans
nos
publications depuis 1996.
-le recours aux NTIC est
systématique : logiciel, Internet,
moteur de recherche, système
d’information,
cartographie,
traitement de l’information,
base de données, etc
Information/Processus/Communi
cation
-la recherche met en relation
des catégories d’acteurs locaux
de culture différente.
-il s’agit de recherches
appliquées en relation avec une
commande
institutionnelle
et/ou formalisée.
Observation/participation/Rec
herche
-la recherche est conduite par
un doctorant qui ne se limite
pas à un rôle d’observateur
-la recherche s’inscrit dans un
territoire ou un projet de
territoire connu.
Compétences/échanges/transf
erts
-le doctorant possède et
mobilise
plusieurs
compétences par exemple :
cartographique et géomatique ;
économique et logicielle ;
technologique et sociologique ;
gestion et développement local
etc,
-la recherche instaure des
échanges et communications
régulières avec les autres
parties prenantes au projet,
formalisées et non formalisées.
Technologies/numérique/rése
aux
Nous allons maintenant présenter
les deux applications en détails.
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En Région Nord-Pas de Calais :
Gérer la complexité (thèse
soutenue en 2006 par Philippe
Herbaux)
En ce début du XXI° siècle, la
reconnaissance de l’Etat pour les
territoires à forte imprégnation
culturelle
ou
sociale
est
notoire ; elle permet à ceux ci de
retrouver leurs points d’ancrage
naturel dans le concept territorial
de « pays ». A la nation, disait
Renan « qui n’est pas qu’un
héritage de gloire et de regrets à
partager », le pays reconquiert son
caractère inducteur du futur à
construire. Porté par les Lois de
et
décentralisation
Loaddt5
notamment celle du 25 juin 1999, le
pays est un espace présentant une
cohésion géographique, historique,
culturelle, économique et sociale.
Ce concept réaffirmé réclame des
acteurs du local un investissement
5
LOADT : Loi d’Orientation pour
l’Aménagement et le Développement
Durable du Territoire (portées par les
ministres successifs Chevènement,
Gayssot, Voynet)
certain dans le partage d’un dessein
que l’on souhaite porter par le plus
grand nombre. Les acteurs locaux
impliqués veillent ainsi à établir ou
à conforter un environnement
préservé des soubresauts de la
mondialisation. Or, celle-ci est un
fait qui agit sur le local ; le
brouhaha
exponentiel
des
informations et signaux obscurcit
l’horizon du projet territorial ; il en
rend la lecture et l’interprétation
problématiques. La volatilité des
projets et les changements brutaux
des repères fondamentaux au sein
du lieu de vie, crée un lieu de doute
où tout un chacun s’interroge sur la
nature de l’héritage symbolique
qu’il veut défendre.
Production
d’informations,
communications et décisions
locales
Au
sein
du
territoire,
l’information est un vecteur à
retombée médiologique ; Réalité
immatérielle, l’information connaît
un cycle et renaît parfois au détour
d’un échange « pour se travestir en un
signe, un indice ou un symbole » Barthes
(1992). Les décideurs du local, élus
ou responsables d’organisation ont
quelque peine, pour alimenter une
réflexion politique, économique ou
sociale, à traiter ce flux exponentiel
d’informations. Chacun cherche
dans le conseil de l’autre,
l’avertissement
salutaire
qui
préviendra la tempête en s’essayant
dans le même temps à jouer les
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devins d’un avenir complexe et
incertain.
Le recueil, le traitement puis la
mise
en
perspective
des
informations du territoire sortent
du
registre
unique
d’une
compétence individuelle pour
bénéficier d’un regard systémique
et
mutualisé.
La
« matière
information » devient le substrat
d’un projet collectif, engendrée et
partagée par tous ses acteurs lors
des processus de communication
engagés ; elle est le vecteur d’un
changement de culture. Dans les
nouveaux paradigmes des sciences
de l’information et de la
communication avancés par Le
Coadic (2005), celui-ci met en
évidence trois révolutions :
-le temps de la production
de l’information,
-le
temps
de
la
communication,
-le temps de l’usage de
l’information.
Ces révolutions, toujours selon
l’auteur, modifient le paradigme
orienté documentaliste vers un
paradigme
orienté
usager,
remplacent également la gestion de
« stock » d’informations vers une
gestion des flux d’informations et
enfin, transforment la gestion des
savoirs individuels en gestion des
savoirs collectifs. Cette nouvelle
posture paradigmatique orientée
vers les usagers, flux et savoirs
collectifs selon Le Coadic (Op.Cit.
§ préc.), fonde alors, d’après nous,
de nouvelles postures de recherche
aptes à cerner les nouveaux
contours du complexe territorial.
Le territoire se doit de prendre en
compte ces évolutions de flux
communicants pour mieux servir le
modèle qu’il souhaite promouvoir.
Incertitude et bornage
l’action territoriale
de
Le pays ne doit son existence
que par la mise en commun d’un
dessein partagé. Il assure à sa
population la volonté de défendre
l’enclos du local et à en prévenir les
cahots ; il est porteur d’une vision
du futur qui donnera à chacun un
peu de mieux être dans une identité
plus forte. Pour ce faire, il doit
traiter de façon efficiente les
embûches du projet et mieux, les
anticiper ;
or,
le
torrent
exponentiel des données à recueillir
et à traiter devient un exercice
individuel périlleux pour le
décideur. Cette problématique du
quotidien est de plus, amplifiée
dans un contexte d’incertitude où le
recours systématique au principe de
précaution peut aboutir à une
caricature de gestion.
Si la « matière information » au
sein du local peut être identifiée et
ainsi
analysée,
les
signaux,
matériaux
précurseurs
d’information, ne sont pas toujours
pris en compte dans leur mise en
perspective.
Trois
raisons
principales l’expliquent :
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-Le décideur ne peut à lui
seul capter et synthétiser la totalité
du champ offert,
-Le recours volontaire au
principe de cécité peut parfois être
considéré comme un impératif
d’accompagnement de certaines
décisions.
-Ou alors la démarche de
mutualisation des signaux et
informations semble de nature trop
complexe à mettre en œuvre par les
élus au sein du territoire.
Dans ce dernier cas, la capacité
des organisations à poursuivre des
chemins de décisions parsemés de
pièges tient parfois de la
pertinacité6.
C’est ainsi que les politiques
locales risquent d’évoluer entre les
bornes de la réactivité et du
principe de précaution ; ce faisant,
elles ne font qu’adopter le profil
minimal d’une mission à caractère
statique (principe de précaution) ou
d’intervention de secours (réactivité
à une rupture). La posture
d’anticipation, soit de pro-activité,
n’est pas pour l’instant inscrit dans
le quotidien des habitants du local.
Elle s’illustre néanmoins au sein
des communes et territoires pour
6
« L’esprit d’entreprise suppose
l’imagination qui fait concevoir un
projet, la volonté qui porte à sa
réalisation, la pertinacité qui entête
dans sa poursuite… » Bertrand de
Jouvenel, notes inédites, in Bertrand
de Jouvenel, itinéraire 1926-1976,
p.27 Eric Roussel, Plon. 1993.
les acteurs majeurs et élus, dans les
secteurs
bénéficiant
d’une
démarche qualité (cantine scolaire,
sécurité des bâtiments, surveillance
des feux de forêts). On peut
constater que ces dispositifs de
nature institutionnelle n’associent
pas ou peu la population à ces
problématiques. Or, l’accélération
des menaces pesant sur le local
comprime de façon dramatique les
temps de réflexion nécessaire à
une décision circonstanciée. Un
traitement anticipatif fondé sur une
mutualisation récursive des savoirs
individuels offrirait les conjectures
nécessaires au moment demandé.
L’institution se cantonne ainsi
dans un double rôle d’assureur et
de
responsable
pour
des
phénomènes dont elle ne peut bien
souvent déceler à elle seule, les
signes précurseurs. On peut
constater alors, que la principale
préoccupation des élus en charge
de ces responsabilités consiste en
l’atténuation de leur responsabilité
au détriment du problème en cause.
Au sein de l’espace territorial
défini comme endogène, le recueil
des signaux et leur coagulation dans
un ensemble de conjectures
peuvent difficilement être confiés
uniquement à des organismes
tiers ; la multiplicité des menaces
et des ruptures possibles offrent
autant d’expressions de signaux
complexes dont leur déchiffrage
intéresse en premier lieu l’habitant
du local. Les signes de crises dans
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certaines entreprises sont autant de
facteurs d’amont bien souvent
invisibles pour un observateur
extérieur.
Dans cet enclos du territoire où
l’accélération des informations et
des menaces sape le projet partagé,
le pays peut-il faire l’impasse d’un
schéma de mutualisation de
l’information pour servir le dessein
qu’il prétend défendre et adopter
les processus de communication
adéquats ?
Le cadre conventionnel de la
recherche-action : avantages et
limites
Les travaux de recherche-action
conduits
depuis
2001
sur
l’environnement régional Nord-Pas
de Calais, ont intéressé plus
particulièrement un échantillon de
ce territoire englobant la métropole
lilloise, les pays de la Pévèle ainsi
que les pays de l’Audomarois. Ils
visaient à essayer d’apporter des
éléments de réponse dans la mise
en
œuvre
d’un
schéma
d’intelligence territoriale et de poser
les questions de son efficience.
Les travaux réalisés dès 1999 au
sein de la cellule « intelligence
territoriale » de l’université Lille2
constituaient
alors
un
lieu
balbutiant de ressources régionales
Nord-Pas de Calais en matière de
traitement de l’information et de la
communication. Bien que les
problématiques d’anticipation des
menaces au sein du monde
économique fussent un leitmotiv
de travaux, le rôle de la
transmission de l’information et de
l’impact des technologies de
l’information
et
de
la
communication (TIC) sur le tissu
économique régional constituaient
un champ de questionnement
permanent. Une convention fût
signé entre l’Etat et Université Lille
– Droit et Santé- en date du 19
juillet 2001, et validée par le
Secrétariat Général aux Affaires
Régionales.
Le chemin du projet et les
actions associées : un processus
réciproque d’apprentissage et de
territorialité.
L’aptitude à gérer une tâche ou
une mission fait de l’opérateur un
partenaire capable de s’inscrire
dans un projet. Dans le cas de
l’expérimentation,
la
posture
constructiviste prise par l’opérateur
dans la mise en oeuvre du projet,
constitue
un
ensemble
de
décisions-renoncements aptes à
faire évoluer le projet dans un sens
ou l’autre. La réflexion de
Bachelard (1971) « marcheur, le
chemin se fait en marchant » est ici
de circonstance. Le jeu de l’acteurobservant fut
une
source
permanente de questionnements
sur le fond et la forme, sur le
pourquoi ?et le comment ? sur le
poids de l’individuel et du collectif.
Les limites de cette recherche
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s’inscrivent dans l’observation de
l’évolution de la culture du
territoire à travers sa capacité à
échanger
et
à
capitaliser
l’information ; elles en épient les
dimensions nouvelles provoquées
par l’utilisation mutualisée des TIC
et du lien sociétal que le territoire
prétend réactiver.
Les
hypothèses
l’expérimentation
de
Les recherches menées dans ce
cadre ne se marquent pas dans un
modèle établi de transmission des
connaissances mais plutôt dans
l’observation
de
démarches
concourantes qui établiront les
modalités de mutualisation des
connaissances. Pour cela, nous
avions posé au préalable trois
hypothèses de travail associées à
une hypothèse de synthèse:
Hypothèse 1 : la perception
des menaces et des futures ruptures
est effective pour les acteurs et la
population du territoire.
Hypothèse 2 : les techniques
de l’information et de la
communication
(TIC)
sont
incontournables d’une démarche de
mutualisation de l’information au
sein du territoire.
Hypothèse 3 : le processus
d’intelligence territoriale est en
rapport avec un traitement
prioritaire de l’information sur les
champs économiques.
L’hypothèse de synthèse :
‘L’intelligence territoriale se situe, au sein
du territoire, entre information
processus de communication’.
et
En région midi Pyrénées
La contribution de l'information
géographique à un projet
territorial: entre participation &
évaluation des usages' (thèse à
soutenir en 2010 par Pierre Maurel)
Une gouvernance territoriale de
plus en plus intégrée et
participative
Deux tendances, soutenues par
le Droit national et international,
caractérisent les modalités actuelles
de gouvernance territoriale : la
gestion intégrée et la démocratie
participative.
- Gestion intégrée car les territoires
sont de plus en plus traités sous
l’angle élargi du développement
durable
- Démocratie participative car les
acteurs
concernés
et
les
populations peuvent largement
contribuer aux processus de
planification
et
de
gestion
territoriale, soit par le biais de
procédures
participatives
institutionnalisées, soit de manière
spontanée et ascendante, soit
encore par un mélange des deux
approches.
L’importance de la dimension
géographique
et
des
représentations spatiales
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La dimension physique et
virtuel est en effet omniprésente
dans la gestion des territoires :
l’espace physique supporte et
contraint
les
ressources,
renouvelables ou pas, à préserver, à
exploiter et à partager, les
représentations interagissent avec le
territoire physique.
Nous
avons
alors
fait
l’hypothèse
que
l’espace
géographique pouvait jouer un rôle
d’intégrateur des connaissances
dispersées chez différents acteurs,
de support de réflexion sur la
complexité du système territorial,
ses
composantes
et
leurs
interrelations. Nous pensons qu’il
peut également jouer un rôle de
médiateur entre des acteurs (élus
locaux, représentants d’associations
ou de professions, fonctionnaires
de l’Etat ou de collectivités
territoriales, résidents, ….) qui
entretiennent des relations très
différentes à l’espace.
L’appréhension de la réalité
d’un territoire par le biais de
représentations
Notre position épistémologique
est celle du constructivisme avec le
parti du postulat que le rapport des
gens à la réalité se faisait par le
filtre de représentations cognitives
et externes représentations qui
peuvent
éventuellement
être
échangées, confrontées, partagées
avec les autres par des signes
multiples qui relèvent
communication.
de
la
Le territoire, vu comme une construction
sociale
Une des définitions du terme
« territoire » à laquelle la recherche
se réfère est celle proposée par
Roger Brunet (Brunet - 1990) :
« Un espace géographique socialisé
qui fait l’objet de sentiments
d’appartenance et d’appropriation...
Il tient à la projection des
structures spécifiques d’un groupe
humain, qui incluent le mode de
découpage et de gestion de cet
espace et son aménagement. C’est
une notion à la fois juridique,
sociale et culturelle, et même
affective. Il contribue en retour à
fonder cette spécificité, à conforter
le sentiment d’appartenance. Il n’y
a donc pas un territoire, mais des
territoires, suivant que l’on
privilégie l’un ou l’autre de ces
aspects ».
Nous proposons d’appréhender
le territoire sous trois plans
(physique, conceptuel, identitaire),
chacun de ces plans faisant l’objet
de représentations
différentes
selon les individus ou les groupes
d’acteurs considérés.
L’émergence et le maintien de
territoires identitaires, au sens de
Brunet Op.Cit, est un processus
long qui peut résulter de
dynamiques locales mais aussi de
réponses à des injonctions par des
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autorités
politiques
ou
administratives, notamment celles
chargées de la planification et de
l’aménagement des territoires (ex :
DIACT au niveau national,
Conseils Régionaux à un niveau
plus
local).
Des
outils
réglementaires
encadrent
de
manière plus ou moins stricte les
processus d’élaboration de projets
territoriaux et peuvent contribuer à
l’identité des territoires : projet de
Pays, Schéma de Cohérence et
d’Orientation Territoriale, projet de
Parc Régional, Pôles d’excellence,
…
Le processus socio-technique
permet de décrire et analyser la
capacité des sociétés à résoudre des
problèmes (ici territoriaux) de
manière collective. Ce type
d’apprentissage repose sur un
certain nombre de principes :
-La nécessaire prise en compte du
contexte dans lequel émerge et se
déroule le projet : jeux d’acteurs,
enjeux, conflits, habitudes en
matière
de
gouvernance,
procédures de régulation, maîtrise
technique d’outils, capital de
connaissances et d’expertise,... ;
-La prise de conscience collective
de la complexité du système et des
interrelations,
d’enjeux
qui
transcendent
le
syndrome
NIMBY (Not In My Back Yard) –
approche systémique ;
-L’acceptation de la diversité des
points de vue, des enjeux et des
intérêts ;
-La nécessité de coopérer pour
résoudre de manière collective des
problèmes en s’appuyant sur des
connaissances et des savoirs-faire
répartis (experts et profanes) –
cognition distribuée ;
-La nécessité d’intégrer dans le
processus des phases réflexives
pour prendre conscience et
analyser
les
changements
progressifs dans le mode de
gouvernance – Apprentissage de
2ème niveau.
L’interfaçage
entre
les
dimensions techniques et sociales
du projet s’obtient par l’intégration
les trois étapes habituelles de
l’action : un contexte (et ce que
l’acteur ou les acteurs en
perçoivent), le processus d’action
lui même dont l’objet varie tout au
long de la vie du projet (ex :
diagnostic de la situation, scénarios
possibles, choix et mise en œuvre
d’une solution, suivi/évaluation) et
le résultat de cette action. Dans le
cas d’une action collective, les
acteurs interagissent les uns avec
les autres s’opposent, discutent, se
coordonnent. Ces dynamiques sont
rendues par l’élément « pratiques
relationnelles » qui, est incluse dans
le processus lui-même, ces
échanges impliquant toujours une
activité de la part des acteurs. Ces
pratiques relationnelles comme les
actions effectivement réalisées
répondent à un certain nombre
d’enjeux identifiés.
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Loin d’être un processus
linéaire, la décision et l’action
s’inscrivent ici dans une double
boucle itérative. La première à
l’intérieur même du processus
permet de rendre compte de la
complexité et de l’évolution même
de la décision et de la mise en
œuvre de cette décision autour des
enjeux sociaux et matériels
identifiés et promus par les acteurs.
La seconde boucle illustre le fait
que le résultat d’une action
élémentaire ou d’un processus
global change et modifie toujours le
contexte de l’action suivante.
Ce schéma d’analyse qui décline
les processus de gestion collective
sous la forme d’un apprentissage
collectif peut être décliné en autant
de processus élémentaires que de
besoin. Ces processus élémentaires
ont la même structure. Ils
s’articulent pour former un
processus global. Tout se passe
comme si cette grille de lecture était
une structure maintes fois répétée
de l’élément (un événement
particulier dans la construction
d’un projet de territoire) à la
superstructure (le projet dans son
ensemble).
Dans
un
contexte
de
développement territorial plus
intégré
et
plus
participatif,
l’organisation des conditions de
participation des acteurs devient
fondamentale. Nous avons travaillé
sur cet aspect essentiellement dans
le cadre du
HarmoniCOP.
projet
européen
Concevoir et organiser un
processus participatif de grande
ampleur revient à mobiliser tout au
long
du
projet
différentes
catégories d’acteurs (élus, services
techniques de l’Etat et des
collectivités territoriales, experts et
scientifiques, acteurs économiques,
associations, grand public, …) à
différents niveaux de participation
(sensibilisation,
information,
consultation, concertation, suivant
l’échelle de la participation
d’Arstein, 1969).
Cette
recherche
sur
l’organisation
de
processus
participatifs
basés
sur
l’apprentissage collectif
a fait
l’objet d’un guide méthodologique
multilingue.7.
Le système d’information en
appui
au
développement
territorial participatif, vu comme
une construction sociale
Le système d’information qui
accompagne
un
processus
participatif de construction de
projet de territoire englobe les
aspects informationnels (données
et documents sur supports
analogiques ou numériques), les
aspects humains (ressources et
compétences pour la production et
la gestion des informations), les
aspects
techniques
et
informatiques,
les
aspects
institutionnels (partenariats autour
du système d’information), les
aspects réglementaires (pour l’accès
et la diffusion des informations).
Le système d’information est vu
comme une architecture distribuée
(par opposition à une architecture
centralisée)
de
sous-systèmes
d’information répartis au sein de
réseaux d’acteurs et capables
d’échanger entre eux des données
et des informations. Le SI
d’information global peut être vu
comme un objet immatériel
d’accumulation du capital de
données et d’informations mises au
service du projet par les partenaires
ou produites aux différentes étapes
du projet. Ces données et ces
informations qui alimentent les
processus
socio-techniques
(synchrones
ou
asynchrones,
processus P3 dans la figure
précédente) de construction du
projet de territoire sont véhiculées
au moyen de différents outils ou
artefacts d’information et de
communication :
Sites
Web,
catalogue de méta données sur un
portail Web, système d’information
géographique (SIG), diaporamas de
présentation, cartes etc
7
La version en anglais du guide
(HarmoniCOP
Handbook)
est
téléchargeable
sur
le
site
http://www.harmonicop.info/
http://isdm.univ-tln.fr
Les objectifs de la Recherche
L’objectif général de la thèse de
Pierre Maurel est d’analyser les
différents usages de l’Information
Géographique en appui aux projets
territoriaux participatifs et d’évaluer
leurs effets. Ce sujet s’appuie sur
trois hypothèses :
Hyp
1:
L’information
géographique, sous ses différentes
formes, peut satisfaire plusieurs
types
d’usages :
substantifs,
relationnels et procéduraux.
Hyp
2:
L’information
géographique permet de mettre en
perspective et d’intégrer différents
savoirs, scientifiques, techniques ou
ordinaires.
- Hyp 3 : en France, les
concepteurs
de
processus
participatifs dans des projets
territoriaux n’intègrent pas comme
acte intentionnel et finalisé le choix
d’outils d’information et de
communication.
Assise
théorique
méthodologique
et
La thèse s’appuiera sur une
recherche bibliographique pour
compléter l’assise épistémologique
et méthodologique des recherches
déjà menées et évoquées ci-dessus :
Théoriques
:
paradigme
constructiviste,
cognition
distribuée, sémiotique, sociologie
des objets, etc,
- Méthodologiques, sur la place du
chercheur dans un dispositif de
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recherche en partenariat et pour le
recueil et l’analyse de données.
Outils et méthodes
Outils d’information et de
communication à composante
géographique :Si les outils que nous
souhaitons étudier existent déjà, il y
en a qui sont peu utilisés alors
qu’ils nous paraissent présenter un
potentiel original en terme d’usages
et d’effets. Il s’agit notamment :
- d’outils Web de catalogage de
ressources
informationnelles
distribuées au sein d’un réseau
d’acteurs (ex :
outil
MDWeb
http://www.mdweb-project.org/) ;
- d’outils Web de recueil d’avis sur
support cartographique lors des
phases de consultation du public ;
- de maquettes physiques en 3D
Méthodes pour caractériser les situations
d’usage
L’analyse
intègrera
les
différentes composantes d’une
situation d’usage : contexte initial,
conditions d’émergence de l’outil,
(co)conception ou (co)adaptation
éventuelle de l’outil et du protocole
d’usage, usage proprement dit.
Méthodes pour évaluer les effets des usages
Nous utiliserons les grilles
d’évaluation mises au point à
l’occasion
des
projets
HarmoniCOP et CDE en les
adaptant pour intégrer les résultats
de la bibliographie.
Méthodes de validation de la démarche
suivie et des résultats
Il s’agira tout d’abord de
rechercher des régularités dans les
résultats.
Terrain principal d’étude
Le terrain principal sera celui du
territoire de Thau (34) sur lequel
est en train de se mettre en place de
manière coordonnée un Schéma de
Cohérence
et
d’Orientation
Territoriale (SCOT) et un Schéma
d’Aménagement et de Gestion des
Eaux (SAGE).
Conclusion : de l’Information et
de la veille territoriale à
l’intelligence territoriale
En conclusion temporaire : une évolution
de la posture informationnelle.
Nous allons revenir, le temps de
cette conclusion, sur la période
couverte par nos recherches,
travaux depuis plus de dix années.
Cette
capacité
collective,
l’intelligence
territoriale,
du
territoire à anticiper les ruptures qui
vont l’atteindre, nécessite la mise
en œuvre d’une évolution de sa
culture.
Cette modification des relations
et des échanges, une logique de
projet, doit alors s’adosser à un
autre traitement des signaux et des
informations.
Communiquer
différemment en participant à un
projet commun agit sur les liens
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individuels et modifie le rapport à
l’autre ; ainsi la relation d’échange
sort du quotidien pour accéder à
une altérité du projet partagé puis il
y a capitalisation et valorisation
individuelles des missions ; cette
mutualisation et
mise en
perspective des conjectures, sont
autant d’opinions fondées sur les
analyses d’hypothèses qui assurent
un flux continu et interactif, formel
et sémiologique d’une relation au
groupe.
La
culture
des
organisations prend alors, par son
aspect récursif, un caractère
durable.
Tout est affaire de sens. Au
niveau de l’action de l’objet et dans
l’identité acquise par l’acteur
territorial ; il constitue ainsi un
paradigme du sens et d’identité.
Ainsi, la dynamique territoriale tire
son
existence
de
la
complexification de ses réseaux
agissant dans le débat social et
l’énergie mise en oeuvre permet de
faire évoluer un objet territorial
nouveau.
L’innovation
territoriale
endogène se nourrit de signaux
internes et de flux d’informations
externes. Il s’agit de capter des flux
de données à traiter en continu
pour dépister à temps la menace et
éventuellement saisir l’opportunité.
Les réponses collectées offrent
un faisceau de nouvelles pistes à
explorer dans le concept de
mutualisation des connaissances.
Cette capitalisation des signes et
informations mise en perspectives,
offre au local des futurs possibles
aptes à déjouer la menace où
l’incertitude. La création de cette
posture d’anticipation porte en
germe les attributs d’un outil
démocratique partagé par les
acteurs du local, les associant plus
intimement à une vision stratégique
territoriale. Le terme acteur, par la
ressource partagée, prend alors tout
son sens. Le Chercheur, dans notre
conception, devient acteur du
territoire.
L'information territoriale ne
prend sens et utilité que dans le
contexte d'une communication
entre compétences locales. Que
cette communication ne peut se
faire que dans un contexte cognitif,
car
l'information
elle-même,
composante de la communication,
est fonction des structures
cognitives, de leur mode de
fonctionnement et de leurs niveaux
d'abstraction.
Enfin,
la
communication dépend aussi de
notre rapport avec le temps et de
notre capacité à nous aligner sur le
temps exogène, -le temps des
autres-, et de nos interactions avec
l'environnement. On peut donc
écrire que la communication
s'inscrit dans une dimension
d'espace-temps où l'information
prend son sens dans un contexte
d'interaction. Cette constatation
montre tout l'intérêt d'identifier les
modèles cognitifs des acteurs
territoriaux pour pouvoir traiter de
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la communication dans le contexte
de la concertation et susciter les
interactions territoriales à la base
du
concept
d’intelligence
territoriale.
Le territoire devient un lieu de
ressources
où
les
acteurs
interviennent dans un jeu de
pouvoirs construit autour des
enjeux
d'appropriation
Sfez
(Op.Cit), de légitimité, d'identité et
qui, inévitablement, nécessite la
résolution de conflits émergents
dans le contexte de la concertation
territoriale. Nous avions avancé
l’hypothèse que la définition d’un
système de veille territoriale et la
pratique de celui-ci par les acteurs
territoriaux pouvaient favoriser la
concertation territoriale. Pour
arriver à une résolution possible de
ces conflits, la solution envisagée
doit prendre en compte la
problématique de la mise en réseau
du couple "individu - collectivité",
car c'est dans la résolution de cette
problématique que résident les
bases de la régulation sociale des
interactions sur le territoire.
Nous pouvons
en tirer trois
constats:
-La
concertation
territoriale
s'appuie sur le principe d'un
«modelage mutuel d’un monde
commun»
par
l'acte
de
communiquer, véritable «réseau de
gestes
conventionnels»,
Tetu,
(1995) dans un jeu de recherche de
communauté
d'intérêt
et
d'affirmation d'identité.
-L’objet territorial, qu'il soit
physique,
abstrait
ou
symbolique, joue un rôle
central
et
permet
de
matérialiser le lien social et ses
enjeux éventuels entre les
acteurs sur le territoire.
-La définition d’un système de
veille territoriale est souhaitable
s’il peut aider les acteurs locaux
à la compréhension réciproque
par
l’apprentissage
via
l’instauration
d’un
réseau
physique et/ou virtuel de
compétences locales.
Dans cette approche, nous
avons privilégié la mise en valeur
des éléments territoriaux. Les
objets territoriaux sont d'abord des
constructions humaines que ce soit
dans leur représentation, physique
ou virtuelle ou dans leur réalisation
effective. Ils sont donc toujours,
pour nous, associés à un sens, une
logique, une histoire (Bertacchini,
Op.Cit) Mais ils sont aussi objets de
ressource pour les acteurs. Pour
rendre compte du phénomène
d'appropriation-constructionterritoriale, nous avons choisi de
nous référer à un méta-modèle
(Schwarz, Op.Cit). En effet, le
territoire est avant tout un systèmeespace de ressources pour les
acteurs, donc est sujet à
appropriation. La concertation
suscitée et apprise par une politique
de développement adaptée au
contexte local peut favoriser cette
appropriation. La multiplicité des
éléments d’information et l’objectif
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du transfert des connaissances
entre les acteurs locaux, nous
conduisent à imaginer un système
de veille territoriale. La définition et
la conception d’un système de
veille territoriale peuvent aider au
rapprochement des catégories
d’acteurs locaux et mobiliser autour
d’un tel projet en multipliant les
occasions
d’échanges
et
d’interactions.
A notre sens l’élaboration de ce
système d’information et de veille
territoriales ou d’un réseau de cette
nature peut favoriser la rencontre,
la coordination et le transfert des
compétences
disponibles
localement. Parce que sans ce
transfert, le potentiel du territoire
c’est-à-dire son passé et sa mémoire
disparaîtront au rythme de
fragmentation de ses parcelles et de
la vitesse de nomadisation de ses
citoyens. Tout en renforçant les
exclusions que nous avons
précédemment
nommées :
culturelles,
économiques
et
technologiques. Nous pourrons par
ailleurs constater que ce choix de
présentation permet de mieux
définir la notion de territorialité, ses
dimensions et les pratiques sociales
qui lui sont associées. Car, si nous
pensons que c'est la territorialité,
véritable
phénomène
informationnel, qui permet de
transformer l'espace en territoire ce
dernier, ne peut être construit qu’à
l’aide du transfert des compétences
locales
identifiées.
Or,
la
constitution des gisements de
compétences et leur transférabilité
repose sur l’engagement croisé et
l’accompagnement des acteurs
locaux.
Mais dans un monde de
mobilités et de compétition
mondiale, un défi sans cesse
renouvelé nous attend dès lors
qu’un projet territorial nouveau est
décidé.
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