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Flavius Josèphe, Antiquités Juives, livres 1-3

FLA VIUS JOSÈPHE LES ANTIQUITÉS JUIVES Livres I à III FLA VIUS JOSÈPHE LES ANTIQUITÉS JUIVES Volume I : Livres I à III Texte, traduction et notes par Étienne NODET avec la collaboration de Gilles BERCEVILLE et Élisabeth WARSCHAWSKI Deuxième édition ÉDITIONS DU CERF 29, bd Latour-Maubourg, Paris 1992 COMITÉ DE PATRONAGE Louis H. FELDMAN (Yeshiva University, New York) Mireille HADAS-LEBEL (Institut National des Langues et Civilis. Orientales - Paris) Moshé D. HERR (Université Hébraïque - Jérusalem) Jean STARCKY† (Centre National de la Recherche Scientifique - Paris) John D. STRUGNELL (Harvard University - Cambridge, Mass.) Pierre VIDAL-NAQUET (École des Hautes Études en Sciences Sociales - Paris) _______________________ Le projet de cette édition française des Antiquités de Josèphe est dû à une initiative de François REFOULÉ, alors directeur de l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem, réactivant un ancien projet d’André PAUL. Ce dernier avait commencé un travail sur le livre I (publié dans : Hellenica et Judaica : Hommage à V. Nikiprowetzky, éd. par A. CAQUOT, M. HADAS-LEBEL & J. RIAUD, Leuven-Paris, 1986, p. 129-137), dont l’essentiel est repris ici, mais d’autres tâches l’ont obligé à remettre à plus tard une collaboration souhaitée. Qu’ils soient ici tous deux vivement remerciés, ainsi que les étudiants de l’École Biblique, dont la stimulation constante s’est avérée indispensable. © Les Éditions du Cerf, 1992 ISBN 2-204-04051-7 ISSN en cours INTRODUCTION I - FLAVIUS JOSÈPHE 1. Une vie peu banale ........................................................... VI 2. De quelques incertitudes ................................................. VII II - LES ANTIQUITÉS JUIVES 1. Circonstances de l’ouvrage .............................................. IX 2. Les éditions existantes ....................................................... X 3. De l’authenticité des sommaires ........................................ X III - L’ÉDITION : TEXTE, TRADUCTION ET NOTES 1. Critique textuelle ............................................................. XII a. Généralités b. Les principaux témoins directs c. Les témoins dérivés ou partiels d. De la parenté des témoins e. Stemme pour les livres I-III 2. Présentation de l’édition.................................................XXI a. L’apparat de critique textuelle b. Traduction et notes IV - ÉLÉMENTS DE CRITIQUE LITTÉRAIRE 1. Remaniements et éditions multiples ........................... XXIII a. Incohérences de composition b. Remaniements c. Diversité de styles 2. Sources bibliques ......................................................... XXV a. Le texte biblique de Josèphe b. L’utilisation narrative de la Bible par Josèphe 3. Sources extra-bibliques ............................................ XXVIII a. Sources non spécifiquement juives b. Sources juives (agada) 4. Problèmes historico-littéraires ..................................... XXX a. De l’obsession généalogique b. Josèphe et la Loi en général c. Josèphe et les Pharisiens d. Josèphe et la halakha CONVENTIONS DIVERSES 1. Transcriptions..........................................................XXXVII 2. Abréviations, bibliographie .....................................XXXVII REMARQUE SUR LA DEUXIÈME ÉDITION .................. XLV X X X XX X X X XX X X XX VI FLAVIUS JOSfiPHE Les Antiquités juives de Flavius Josèphe ont été divisées par l’auteur lui-même en vingt livres. Le présent volume contient le texte, la traduction française et un commentaire des trois premiers livres, qui vont de la Création aux suites de l’affaire des explorateurs partis de Cadès-Barné (Nomb 14). Il sera suivi de six autres volumes, le dernier contenant les livres XIX et XX ainsi que des index. Une Introduction générale clora enfin la série. Dans les pages qui suivent, on trouvera seulement de brèves notices introductives, situant l’œuvre, définissant les orientations adoptées pour l’édition, et évoquant quelques problèmes issus du commentaire. I - FLAVIUS JOSÈPHE 1. Une vie peu banale Selon les renseignements qu’il fournit lui-même dans son autobiographie (Vie), notre principale source à son sujet, Joseph ben Matthias est né au moment de l’arrivée au pouvoir de Caligula (37-38). Issu d’une famille sacerdotale, et apparenté aux Asmonéens par sa mère, il est très conscient d’être au-dessus du commun des mortels. Le récit de son éducation est nimbé de légende : élève surdoué, de savants rabbins viennent le consulter à quatorze ans ; à seize ans, il fréquente les maîtres des trois principaux courants de la culture nationale, Pharisiens, Sadducéens et Esséniens ; il mène ensuite pendant trois ans une vie ascétique au désert, dans la mouvance de l’ermite Bannous. Il entre dans la vie active à dix-neuf ans à Jérusalem, et déclare avoir choisi la tendance pharisienne. Avant les guerres de Galilée et de Judée, pendant lesquelles on peut le suivre pas à pas, on ne connaît qu’un épisode précis de sa vie : en 64, à l’âge de vingt-six ou vingt-sept ans, il fait partie d’une délégation envoyée à Rome, dont la mission officielle est de négocier la libération de prêtres juifs. C’est l’année des persécutions de Néron, mais il en rapporte surtout la conviction de la suprématie temporelle incontournable des Romains. De retour en Judée, il voit la révolte imminente, et affirme qu’il s’emploie à calmer les esprits. Le gouverneur de Syrie Cestius Gallus, alerté par les troubles, recule au moment de prendre Jérusalem, pour des raisons mal éclaircies, et fin 66 l’armée romaine subit un désastre dans la vallée d’Ayalon, sur la voie d’accès à Jérusalem par le nord depuis la plaine côtière. Rome ne peut ignorer la défaite, et la guerre est inévitable ; la Palestine doit alors se préparer à affronter un corps expéditionnaire considérable, arrivant d’Antioche et commandé par Vespasien. Sans qu’on discerne clairement comment, Josèphe, âgé de vingt-neuf ans, est chargé peu après par le Sanhédrin d’une importante mission en Galilée ; il laisse entendre que ce pourrait être le commandement de la région, mais les contradictions entre les récits de la Guerre et de la Vie laissent un doute sur sa mission exacte : organiser la guerre, ou calmer les esprits. Quoi qu’il en soit, les événements se précipitent, et il doit soutenir le siège de la position clé de Yotapata, non loin d’Acre, dans les collines qui séparent la Galilée de la plaine phénicienne. LES ANTIQUIT›S JUIVES VII Il finit par se rendre en juillet 67, non sans avoir prophétisé à Vespasien qu’il serait empereur. C’est en effet ce qui arrive en 69, après les deux années de confusion politique à Rome qui suivirent la mort de Néron, pendant lesquelles les opérations en Palestine sont suspendues. Josèphe est alors affranchi et prend le nom de l’empereur son patron, Flavius. Il participe à diverses missions impériales et revient fin 69 avec le corps expéditionnaire de Titus pour le siège de Jérusalem. Il est attaché à l’état-major, avec un rôle de médiateur, mais il est en permanence soupçonné de trahison, tant par les Juifs que par les Romains. Pourtant, après la chute de Jérusalem et de la Judée, il obtint des gratifications de Titus : la liberté de son frère, un exemplaire de la Bible, un domaine dans la plaine. De retour à Rome, il fut logé et pensionné par Vespasien, et obtint la citoyenneté romaine. Il fut témoin du triomphe de Vespasien et Titus et assista au relèvement de Rome, après les heures sombres de Néron et la guerre civile qui suivit. De son activité à Rome, on ne connaît que sa production littéraire, qui dura quelque vingt-cinq ans ; il sut en tout cas conserver la faveur impériale des Flaviens, en particulier sous Domitien qui n’aimait guère l’histoire, et même après sa mort, car une statue lui fut érigée à Rome et ses ouvrages furent conservés dans une bibliothèque publique, et donc copiés et entretenus aux frais de l’État. Marié trois fois, en dernier lieu à une Juive de Crète, il laissait à sa mort trois fils. 2. De quelques incertitudes La date de sa mort, justement, n’est pas connue, car le terminus a quo dépend de l’identité de son dernier protecteur, un certain Épaphrodite, auquel il a dédié trois de ses ouvrages, les Antiquités, la Vie et le Contre Apion. Pour l’identification de ce dernier, deux candidats se présentent : d’une part l’affranchi de Néron qui aida son maître à se tuer, puis fut plus tard pour cette raison banni et mis à mort par Domitien en 96 ; d’autre part un grammairien, Mettius ›paphrodite, qui, formé à Alexandrie, vécut à Rome entre Néron et Nerva, et y rassembla une importante bibliothèque. Le premier est le plus vraisemblable, car c’est un personnage d’importance politique. Toutefois dans la Vie, Josèphe fait allusion au roi Agrippa II comme étant mort, et la dédicace à ›paphrodite ne saurait être posthume ; or, selon Photius, Agrippa serait mort vers 100 ; il y a cependant des raisons de penser que le texte de Photius a été corrompu, et qu’Agrippa serait mort vers 95 (cf. note sur 1:8). Il résulte de ces éléments que la Vie a été écrite, au moins dans sa dernière rédaction1, entre 95 et 96, ou avec une moindre probabilité après 100. Les Antiquités sont datées par l’auteur de 93-94, et le Contre Apion les cite. Mais rien n’est simple : les Antiquités ont deux conclusions, la première annonçant comme appendice la Vie, la seconde donnant la date indiquée. Un remaniement postérieur est donc plausible, mais il est malaisé d’en déterminer les circonstances et l’amplitude. Par ailleurs, un ouvrage projeté sur les Origines et les causes n’a pas vu le jour. On peut donc situer la mort de Josèphe quelques années après 95. D’une manière générale, d’ailleurs, la plupart des éléments biographiques 1 . En effet, le passage faisant allusion à Agrippa, et adressé à Justus de Tibériade pour le contrer, est un excursus placé après la soumission de Tibériade (§ææ336-367), dans une section très remaniée par rapport au récit parallèle de la Guerre. Une première rédaction, antérieure à la polémique de Justus, est plausible. VIII FLAVIUS JOSfiPHE esquissés, s’ils ressortent assez directement des sources, c’est-à-dire en fait des écrits de Josèphe lui-même, mériteraient une critique serrée, car la volonté de convaincre et les effets rhétoriques, présents dans tous ses écrits, déforment plus ou moins systématiquement les faits1. C’est vrai pour de nombreux détails, c’est vrai aussi pour des choses plus importantes : par exemple, on peine à suivre ses fidélités successives, si vraiment il a été un personnage de premier plan, et on aimerait discerner quel a été son rôle exact à l’égard des Romains, spécialement pendant les guerres. Ce problème relève de la reconstitution de l’histoire de son temps, et ne sera pas abordé directement ici. Au contraire, à l’occasion de la paraphrase biblique des Antiquités, on s’intéresse bien davantage à sa formation, à sa culture et aux influences qu’il a subies. Mais là encore, ses propos les plus explicites sont difficiles à interpréter : s’il a choisi les Pharisiens à dix-neuf ans, après trois ans chez Bannous, et si c’est bien à seize ans qu’il a commencé à fréquenter les principales écoles philosophiques, on se demande quand il a pu consacrer un temps notable à ses études. II - LES ANTIQUITÉS JUIVES L’ouvrage est considérable : entreprise de longue haleine pour l’auteur, œuvre de patience pour les copistes. La genèse comme la transmission en sont composites. 1. Circonstances de l’ouvrage Les Antiquités juives, ou plus littéralement l’Archéologie juive, constituent l’œuvre principale de Josèphe, et obéissent à un projet ambitieux : son premier ouvrage historique, la Guerre, était destiné, au moins dans sa première rédaction en araméen, à montrer à ses compatriotes la supériorité de Rome, et sans doute à les encourager de quelque manière après la ruine de Jérusalem. Cette version est perdue, mais son adaptation en grec élargit le propos à un public de culture grécoromaine, en essayant de tirer des leçons de l’histoire, récente et ancienne. Le dessein de reprendre toute l’histoire biblique, un moment caressé, est alors jugé trop vaste, et Josèphe se borne à commencer avec la crise maccabéenne. Pourtant, l’idée n’est pas abandonnée, et à travers différents aléas, elle finit par aboutir dans les Antiquités, qui commencent avec Adam, et s’achèvent avec les prodromes de la guerre de Galilée, en 66, complétant en particulier les sections déjà traitées dans la Guerre. Le propos déclaré est double : à la gloire de Rome, il veut montrer que la nation juive, pourtant dotée d’un passé prestigieux, n’a qu’à se féliciter d’appartenir à l’Empire ; à l’usage des Juifs, après le désarroi de la ruine de 1 . Ce travail critique est fort bien amorcé par Shaye J. D. COHEN, Josephus in Galilee and Rome : His Vita and Development as a Historian (Columbia Studies in the Classical Tradition, VIII). Leiden, 1979. Pour une restitution vivante du contexte historique de Josèphe, cf. Mireille HADAS-LEBEL, Flavius Josèphe, Paris, 1989. LES ANTIQUIT›S JUIVES IX Jérusalem, il cherche, en prenant soin de se montrer respectueux des traditions et beaucoup plus Pharisien qu’au temps de la Guerre, à redonner un relief historique à la situation nouvelle : les prophètes qui ont succédé à Moïse sont pour Josèphe (CAp 1:37 s.) à la fois des visionnaires inspirés et des chroniqueurs minutieux des événements de leur temps. En d’autres termes, c’est comme historiens qu’ils donnent sens à l’avenir, et non comme poètes. Les vingt livres des Antiquités ont été conçus par l’auteur à la manière de l’histoire de Denys d’Halicarnasse, Grec admirateur de Rome, et qui vint s’y installer sous Auguste pour composer en grec, avec patience et minutie, une histoire en vingt livres, l’Antiquité romaine. Son propos était de montrer à ses compatriotes que la réussite de Rome n’était pas due à la chance ou au hasard, mais bien à l’organisation et à la vertu, dont les anciens ont donné l’exemple, et il mit tout son art de rhéteur au service de cette conviction. De même Josèphe : la Loi de Moïse est conçue pour aboutir à des constitutions politiques, et les récits bibliques montrent les conséquences néfastes de l’impiété, tout comme la félicité que procure l’obéissance aux lois (1:10 & 14) ; quant à l’exactitude, il en fait profession, mais c’est toujours un exercice de rhétorique… Le prologue des Antiquités annonce l’œuvre comme une traduction de la bibliothèque sacrée,ææ avec le propos délibéré et scrupuleux de ne rien ajouter et de ne rien omettre ; cependant, non seulement le récit se poursuit bien au-delà des temps bibliques, mais encore le livre XIV s’ouvre, en pleine époque asmonéenne, par une nouvelle introduction, où Josèphe déclare présenter son récit de manière à plaire et convaincre. Ce n’est pas exactement la même chose, et ce fait suggère plusieurs questions, qui seront évoquées plus loin : d’abord de savoir ce que Josèphe entendait par “Bible”, et si cette seconde introduction ne correspond pas à une attitude différente vis-à-vis de sources qu’il juge d’une autre nature ; ensuite, de discerner si lorsqu’il écrivait son premier prologue il avait une vue claire de son chantier, et pensait s’arrêter là où la Guerre commence, ou s’il s’est lancé dans l’aventure avec seulement une vision d’ensemble un peu vague : dans le premier cas, c’est que le dessein s’est agrandi, soit en cours de route, soit à l’occasion d’une deuxième édition ; dans le second cas, c’est qu’en fait il connaissait mal sa matière, contrairement à ce qu’il prétend dans la Vie. En marge de cette question de sources et de remaniements, il reste évidemment l’identification de collaborateurs éventuels, puisqu’on observe tout au long de l’œuvre disparités de styles et menues contradictions. 2. Les éditions existantes Il n’y a pas de trace certaine d’une connaissance de Josèphe par la tradition rabbinique classique. Côté chrétien, au contraire, depuis l’apparition de l’imprimerie et de traductions en langues vernaculaires qui suivirent rapidement, les Antiquités ont retrouvé le rôle de source biblique et historique pour grand public qu’elles avaient dans la chrétienté antique, grecque, puis latine à partir d’une traduction de Cassiodore au VIe s. C’est cette traduction latine qui eut la première les honneurs de l’imprimerie, en 1470 (Augsbourg, J. Schlüssler), et, comme pour beaucoup d’œuvres classiques, elle eut une forte influence sur les premières éditions du grec, trois quarts de siècle plus tard, et sur les traductions en langues modernes, dont les plus célèbres furent X FLAVIUS JOSfiPHE celles de Robert Arnaud d’Andilly en français (1675), et de William Whiston en anglais (1736). Actuellement, l’ensemble des travaux sur Josèphe se fonde sur l’editio maior de Niese (1885-1895), qui a collationné les principaux manuscrits et l’essentiel de la tradition indirecte, et a fourni une édition très soigneuse. ‡ la même époque, Naber a publié une édition moins documentée, mais avec de nombreuses conjectures utiles. Ces textes forment la base des meilleures traductions et commentaires modernes, de Reinach (1900-1932) en français, Loeb (1930-1965) en anglais et Schalit (1944-1963) en hébreu, qui ont été constamment consultés pour le présent travail. 3. De l’authenticité des sommaires Avant d’aborder la critique textuelle, littéraire ou historique, il convient de préciser les limites de l’œuvre de Josèphe. En effet, tous les mss donnent pour chaque livre une sorte de table des matières, qu’on considère habituellement comme l’œuvre d’un réviseur ultérieur. On pourrait objecter qu’une altération tardive du texte a des chances de ne pas atteindre toutes les copies, diffusées à toutes distances. Cependant, il y a peu de mss, aucun n’est antérieur au XIe s., et l’on ne peut tenir pour impossible que l’archétype des témoins existants soit en aval d’une telle révision. Pourtant, un examen même rapide montre dans ces tables des anomalies : a) Le contenu du livre est souvent mal présenté, par excès de brièveté ou imprécision : - 1: s3 omet l’épisode du paradis terrestre et l’histoire de Caïn. - 1: s11-s20 résument de manière très partielle et gauchie l’histoire des patriarches jusqu’à la mort d’Isaac. La naissance de Benjamin est mise par erreur en Mésopotamie. - 2: s4 et s7 ont été rajoutés par une seconde main pour amender (maladroitement) un résumé par trop défaillant. - 3: s1 annonce tout le trajet de la sortie d’Égypte au Sinaï, alors que le livre commence après la mer Rouge, et que le combat de Amalécites, indiqué au titre suivant, a lieu avant l’arrivée au Sinaï. Le texte lui-même peine à raconter les étapes du désert. - 3: s7 résume très mal l’ensemble des lois développées §ææ151-286. b) ‡ l’opposé, certains titres de ces tables sont presque redondants, car ils ne correspondent à aucun développement notable dans le livre : par exemple, alors que l’unique titre 2: s3 correspond à 180 versets du texte, soit la moitié du livre II, on trouve que 1: s5, s7 et 3: s3 correspondent seulement chacun à 2 ou 3 versets. Ce sont donc de très mauvaises tables des matières. Pourtant, ces notices sont rédigées, et donnent des schémas narratifs d’histoire sacrée ou profane cohérents et simples, voire tendancieux, et leur phraséologie rappelle bien celle de Josèphe. L’explication la plus simple de ces divers phénomènes, qu’on rencontre tout au long de l’œuvre1, consiste à considérer que ces sommaires ne sont autres que de 1 . Des observations analogues seront faites sur les livres suivants de la paraphrase biblique. Quant aux parties parallèles à la Guerre, disons seulement, à titre de sondage, qu’un examen détaillé du livre XVIII a montré que le sommaire n’est pas un résumé du livre, mais qu’il reprend et développe la première rédaction (Guerre), et qu’ensuite la seconde rédaction (Antiquités) LES ANTIQUIT›S JUIVES XI premières esquisses rédigées par l’auteur, justement pour équilibrer son travail dans le nombre de livres voulu. La méthode de Josèphe est certainement salutaire, pour conduire une œuvre aussi vaste, d’autant plus que les maladresses de ces sommaires et les innombrables distorsions des développements correspondants inspirent le soupçon que l’auteur maîtrisait mal sa matière, ce que d’autres indices viendront confirmer plus loin. Chacun des sommaires se termine, malgré quelques aléas dans chaque classe de mss, par l’indication du laps de temps couvert par le livre. Ces notices sont en général jugées inauthentiques, comme les sommaires, et l’on constate d’ailleurs une mauvaise concordance entre les chiffres de ces chronologies et ce qu’on peut tirer du texte. Cependant, si l’on admet l’authenticité des sommaires, la présomption doit s’étendre auxdites notices, tant qu’il n’est pas proprement démontré qu’elles sont apocryphes. Or les erreurs dans les durées ne constituent pas un argument décisif contre : Josèphe a pu se tromper dans ses estimations, et les copistes introduire erreurs ou corrections ; ce dernier cas est certain pour au moins un ms. qui donne les durées du livre I “pour Josèphe, pour les Hébreux et pour Eusèbe” (cf. p. 2, n. 8). D’autre part, les précisions chiffrées entrent volontiers dans la rhétorique de l’auteur, et il est bien conforme à son dessein d’établir une chronique : faute de preuve contraire, donc, on admet par habeas corpus l’authenticité de ces appendices chronologiques. III - L’ÉDITION : TEXTE, TRADUCTION ET NOTES La présente édition est d’abord conçue comme une traduction commentée, mais elle comporte aussi le texte : il a paru utile de le rééditer, pour des raisons méritant quelques explications. 1. Critique textuelle a. Généralités ; état actuel L’editio maior de Niese comporte deux parties qu’il convient de bien distinguer : d’une part un apparat critique de variantes, très précis et de consultation aisée, d’autre part un texte reconstruit de manière éclectique, fondé sur l’établissement d’un stemme de classification des témoins, ou plus exactement sur deux, car les mss disponibles sont fort différents pour les livres I-X et pour les livres XI-XX. Cette édition est certainement difficile à surpasser, bien que Schreckenberg ait réuni des éléments pour en préparer une nouvelle, sur des développe, transpose et remanie le projet du sommaire, cf. RB 92 (1985), p. 497-513. Un détail y illustre bien la différence entre une esquisse et une table des matières faite après coup : en AJ 13:173 s. une importante notice sur les “philosophies” juives n’est pas annoncée au sommaire, et c’est un développement en cours de rédaction, alors qu’au sommaire de AJ 18, la notice analogue qui s’y trouve (18:11 s.) est signalée, mais elle se trouve aussi dans le passage parallèle G 2:118 s., et c’est de là qu’en vient l’indication. XII FLAVIUS JOSfiPHE collationnements plus étendus. Cependant, si l’on s’en tient pour l’instant aux témoins de la première moitié des Antiquités, il faut reconnaître que le stemme de Niese, où il établit le primat absolu d’un groupe de deux mss, est largement contesté dans les faits par les éditeurs récents : Loeb, qui donne le texte grec, affiche une indépendance encore timide au livre I, croissante ensuite, pour aboutir progressivement à une attitude assez éclectique, où l’on ne sait plus très bien si les leçons sont choisies pour amender le texte et améliorer la traduction, ou pour le restituer. Schalit suit en général assez passivement Loeb (même lorsqu’un autre choix serait aisé, par ex. 1:258, à propos du nom de Séïr ; mais il y a des exceptions, ex. 1:97). Quant à Reinach, on voit à sa traduction qu’il choisit assez régulièrement une autre famille de mss (celle qui sera préférée ci-après), mais il n’en fait pas la théorie. ‡ la vérité, les flottements textuels et les choix des éditeurs n’ont pas en général une incidence très grande sur la traduction ou le commentaire, sauf sur un point important pour notre propos ici : l’identification de la Bible utilisée par Josèphe, qui ne peut se faire en général qu’à l’aide de détails minuscules et pour lesquels il faut toujours craindre une influence, volontaire ou non, de copistes chrétiens, familiers de la Bible grecque. Une étude d’ensemble de l’apparat des livres I-X a donc été entreprise, et le résultat général en est que la famille privilégiée par Niese, à laquelle se rattache d’ailleurs la traduction latine du VIe s., est en fait mal placée dans le stemme (cf. RB 94 [1987], p. 323-375). L’origine de cette réévaluation est une question de méthode : Niese privilégiait la famille en question car elle donne pour les noms propres - ce qu’on constate aisément - des formes moins contaminées par la LXX, et il en déduisait qu’il s’agissait donc des meilleurs manuscrits, quitte à éprouver quelques peines à justifier certaines leçons (Praefatio p. XXXII-XXXIX). En fait, les travaux théoriques entrepris par Maas et poursuivis par West montrent qu’il faut se défier de la contamination, qui peut intervenir à tout moment et sans loi repérable, et rechercher les meilleures leçons par filiation d’erreurs, sans préjuger du caractère hybride ou homogène d’un témoin donné. Il résulte de ce réexamen deux corollaires : d’une part la traduction latine, dont l’édition critique (commencée par Blatt) est très lourde à cause du grand nombre de mss existants, est fondée sur un texte très révisé ; elle a en fait peu à dire sur l’archétype des témoins grecs, bien qu’elle soit beaucoup plus ancienne que les mss connus ; d’autre part un ms. (V), sondé par Niese et jugé par lui en mauvaise posture, est à remonter sérieusement dans le stemme, du moins selon ces mêmes sondages ; il mérite donc un collationnement complet. Voici les principaux éléments sur lesquels se fondent ces conclusions : b. Les principaux témoins directs Les témoins principaux sont des minuscules grecs, dont aucun n’est antérieur au XIe s. L’identification et la nomenclature en ont été faites par Niese, et sont devenues classiques. Comme aucune découverte majeure n’est venue depuis en bouleverser l’ordre, on la suit, en résumant les caractéristiques propres à chaque témoin, description et qualité, mais sans exemples justificatifs, car en aucun cas il n’a été trouvé qu’un témoin unique pouvait être préféré à une erreur commune à l’ensemble des autres : R - Regius, Paris, BN gr. 1421, papier, XIVe s. ; contient AJ 1:13-10:274, avec une lacune 1:66-92. Ce ms. a peu de ratures ou de notes marginales ; il a peu LES ANTIQUIT›S JUIVES XIII d’erreurs propres. O - Oxoniensis, Bodl. misc. gr. 186, papier, XVe s. ; contient AJ 1-11. Ce ms. a de nombreuses erreurs propres, corrections et étourderies. M - Marcianus, Venise, Bibl. Marc. fr. 381, papier, XIIIe s. ; contient AJ 1:9110:206, avec lacune 1:170-183. Ce ms. a de nombreuses erreurs, mais beaucoup montrent une tradition propre : certaines datent en effet d’avant la minusculisation du VIIIe s., d’autres supposent corrections et révisions. S - Vienne, Österr. Nationalbibl. Vindobonensis, hist. gr. 20, parch., XIe s. ; contient AJ 1-10. Ce ms. soigné est presque sans erreurs propres. P - Parisinus, BN gr. 1419, parch., XIe s. ; contient AJ 1-10, sauf le premier sommaire. Ce ms., soigné et contrôlé par le copiste, a peu d’erreurs propres. L - Laurentianus, Bibl. Medic. 69/20, papier, XIVe s. ; contient AJ 1-15, mais le passage 1:1-44 (fol. 1-3) est d’une main plus récente. Ce ms. a de nombreuses erreurs propres, certaines remontant avant la minusculisation, mais il y a peu de traces de révisions successives. Niese ne l’a pas collationné pour AJ 6-9. V - Vaticanus, Rome, Bibl. Vat. gr. 147, papier, XIIIe-XIVe s. ; contient AJ 315. Nombreux sigles, lecture difficile ; hormis quelques sondages, Niese n’a collationné que le livre 10, pour lequel il y a peu d’erreurs propres. A - Ambrosianus, Milan, Bibl. Ambr. 234 (D 50 sup.), parch., XIe s. ; contient (G et) AJ 2:196-349, avec quelques erreurs propres. Edpr - Editio princeps (Bâle, Frobenius, 1544), établie sur le ms. Escorialensis 304, lui-même daté de Venise en 1542. Niese a montré (I, Praefatio p. LXX s.) que ce ms. est un petit-fils de M, mais contaminé par les éditions latines antérieures (cf. Lat). c. Les témoins dérivés ou partiels Il s’agit de citations, anthologies ou traductions. Ils remontent souvent bien avant les témoins directs. 1. Citations et allusions patristique : Dans les dix premiers livres des Antiquités, les inventaires faits par Niese fournissent des leçons patristiques intéressantes, particulièrement pour les noms propres, et on peut en tirer la preuve de l’existence d’une tradition textuelle extérieure à l’archétype des mss grecs. Cependant, les cas intéressants ne concernent pas les trois premiers livres, et on se contentera ici de renvoyer à Schreckenberg, qui a compilé tous les témoignages patristiques utiles, sans d’ailleurs que cela modifie notablement la qualité et la pertinence des dépouillements de Niese. 2. Anthologies : Exc - Excerpta Peiresciana, ms. d’une anthologie byzantine de Constantin Porphyrogénète (Xe s.), que Niese a montré dériver d’un ancêtre de M. E - Epitome, composée au Xe ou au XIe s., qui suit la narration en éliminant digressions et références. Niese l’a éditée (Berlin, 1896). Zon - Chronique de J. Zonaras, qui s’étend de la Création jusqu’à 1118, date de la fin de la rédaction. Niese a établi (I:XXIII-XXVI) qu’elle n’utilise les Antiquités qu’à travers l’Epitome précédente. Quelques indépendances réciproques montrent que la parenté remonte avant l’archétype des mss connus de E, et que Zon a par la suite été contaminé, par influence de la LXX et de la famille RO. XIV FLAVIUS JOSfiPHE 3. Traductions anciennes Pour les Antiquités, la seule traduction ancienne conservée est la version latine faite au VIe s. à l’instigation de Cassiodore, et non de Rufin, comme on le croyait lors des premières éditions imprimées. Lat - partiellement collationnée par Niese. Pour les livres I-V, l’édition critique de Blatt est évidemment plus sûre, mais l’examen de l’apparat montre que les variantes des nombreux mss sont peu importantes, au sens où les incertitudes sur l’archétype de Lat sont faibles en comparaison de ses divergences par rapport au grec. Cette version comporte des erreurs propres de toute nature, contresens, gloses et altérations diverses ; on en retient les types les plus utiles : 1. Des accidents de transmission propres au latin, qui montrent que l’archétype de Lat est déjà éloigné du traducteur et de son exemplar grec, ex. : - 3:157, pour qÏlpn ôkynpn, Lat a pilum in modum paruuli calamauci aut cassidis, où aut cassidis est un doublet du latin, à partir d’une leçon erronée krênpn pour ôkynpn. - 3:265, après kekakymΩnyn, Lat omet aÄt n te £q` A|cÎqtpu vuceÏn, donc après fatigatum omet et ex Ægypto fugitatum, par homéot. du latin. Etc. 2. Des fautes de l’exemplar grec, dont les plus importantes sont les doublets, voire les triplets, car ils sont issus de corrections de mss altérés, c’est-àdire de révisions plus ou moins systématiques après copies défectueuses, ex. : - 1:100, pour s›vrpn e»naj tœn £rwœn, Lat a castum nosset esse principium, issu de sŒvrpna e|dΩnaj e»naj..., donc doublet du grec puis correction. - 2:88, pour £nalŒsysjn, Lat a sufficeret erogaret, issu de “£nal#sysjn” £nalŒsysjn, doublet du grec. - 3:98, pour (aÄtpÍf) e”a t— qrpsdpkeÏn, Lat a poterant in tanta mora quia… accidisset, qui s’explique au mieux par un triplet (d’onciales) e”a pÒa djû, avec un changement de qrpsdpkeÏn en qrpstuweÏn. - 3:139, pour pÒf DyrjeÏf qrpstjiΩasj taÏf kl#najf ∞mvereÏf, Lat a per circuitum rotundi et tornatiles : il ne reste du grec que le dernier mot, altéré en qerjvereÏf, et dégé–néré en triplet. d. De la parenté des témoins Le principe est que les témoins se regroupent par erreurs communes, et la question est toujours de savoir si une variante, fait brut, est ou non une erreur. Les quelques cas présentés, où il n’y a délibérément aucun nom propre, puisqu’il s’agit d’une partie biblique, sont parmi ceux où l’on a pu juger, lorsque des variantes s’opposent, dans quel sens était l’erreur. 1. Erreurs de l’archétype Il faut d’abord parler brièvement des altérations de l’ensemble de la tradition manuscrite, qui montrent que l’archétype des témoins, bien antérieur à la traduction latine, est certainement distinct de l’original publié par Josèphe, ex. : - 1:s4 qÎrcpf, =n... est peu clair, car il manque un verbe principal : il s’agit d’une correction pn devant remplacer pf et devenue doublet. - 2:322, après Qalajst#npuf, les éditeurs doivent ajouter pØf, supposé disparu par haplographie, car la proposition qui suit manque de coordination et d’objet direct. - 3:90 mhdΩna ka´ l cyn ne fait pas sens, pour les dix Commandements, et on restaure mhdΩna t›n dΩka l cyn, en supposant que ka´ vient de t›n j’. Quant aux passages où les témoins sont en désaccord, un examen superficiel montre immédiatement que R et O d’une part, ainsi que S et P d’autre part ont constamment des variantes communes ; on commence donc par vérifier qu’il s’agit bien de familles, pour ensuite tenter de situer par rapport à elles les autres mss. LES ANTIQUIT›S JUIVES XV 2. La famille SP Identifiée par de nombreux contacts, elle a peu d’erreurs certaines : - 1:86, après –ohkpst—n, SP om. ka´ –katpst n par homéotéleuton. - 2:214, après ºndracêihse, SP om. kän £sebeÏf e»naj dpoπte. - 3:291, après braweÏ, SP ont brawutΩra pour qawutΩra. Etc. 3. La famille RO Cette famille est définie par de très nombreuses erreurs certaines : un grand nombre d’omissions, parfois de plusieurs lignes, et des altérations diverses, doublets, gloses aberrantes ; un cas intéressant est constitué par les erreurs de lecture sur onciaux, car elles montrent l’ancienneté de la séparation entre cette famille et les autres mss : - 1:14, pour iepÙ cnŒm∆, RO ont succnŒmh, issu d’err. d’onciales. - 1:287, après ∂kpj, RO om. tû qer´... q ien ∂kpj, par homéot. de deux lignes. - 3:44, après ∞ohrtusmΩnpuf, RO om. qaramuieÏsiaj... kaijstamΩnpuf, par homéot. de trois lignes. - 3:69, pour pÒpf, RO ont ieÏpf, err. d’onciales. - 3:139, pour taÏf kl#najf, RO ont tûf kanêf, issu d’err. d’onciales. Etc. 4. Le groupe ROMAELat Les familles ci-dessus étant identifiées, le test suivant consiste à chercher s’il y a des cas où l’une d’elles a raison contre tous les autres témoins. Le cas est fréquent pour RO, mais uniquement pour des noms propres bibliques, d’où la préférence de Niese, mais cela ne démontre rien, sinon que la chaîne de copistes (chrétiens) aboutissant à ces deux mss est restée plus indépendante de la Bible grecque : ils ont copié passivement, souvent sans comprendre ni chercher à réviser, car beaucoup des erreurs évoquées rendent le texte de RO inintelligible. Face à SP, on trouve au contraire quelques erreurs certaines de tous les autres témoins : - 1:78, après karterê, OLLat om. ka´ tpÏf ârmpÏf |swur›f ∞ndedemΩnh contre SP, sans homéot. - 1:130, après tucwênpusj, ROMLELat om. Ôl#cpj... Èqerêrwpusj contre SP, par homéot. d’une ligne. - 2:48, pour ∞q#qrpsie iΩmenpn, ROMLExc ont ∞qjqrpsiΩmenpn contre SP, par haplographie (Lat omet). - 3:49, après qeqpjhmΩnpn, ROMLVLat om. tjmymΩnpn contre SP (homéot.). Etc. Mais il est difficile de tenir pour un vrai groupe l’ensemble ROML AELat, à cause d’irrégularités de L, qui est issu de révisions (cf. ci-après). Au contraire, face à SPL, qui n’ont pas d’erreur commune certaine, on définit aisément un groupe ROMAELat (A et E sont incomplets) par de nombreuses altérations en commun : - 1:317, après £qelpceÏtp, ROMLat om. mnπm∆... aÄt‰ d™ contre SP{L}, soit deux lignes. - 2:294, après qejrymΩnpjf, ROMAELat om. q#nejn contre SPL. - 3:65, après qr—f t—n Myus¢n, ROMVLat om. eÄwarjst#°... Myus¢n contre SPL, soit une ligne, puis ROV ont rétabli un verbe ∞qpjeÏtp à la fin de la phrase, et Lat a ajouté une causale. - 3:72, après ∞n £ojŒmatj, ROMV{E}Lat om. tœn qer´ tpÎtpu... djavÎc∆ contre SPL, soit une ligne (ROV ont essayé de restaurer un sens en omettant ∞q´ tpÍf avant ∞n £ojŒmatj. et Lat en s’inspirant de Ex 18). Etc. 5. Le sous-groupe ROLat Dans le groupe ROMAELat, le sous-groupe ROLat se détache, avec de nombreuses petites erreurs propres : XVI FLAVIUS JOSfiPHE - 1:175, après taÎthf , ROLat add. a$ijf contre SPL (doublet). - 2:237, dj` = MSPLA, contre l’erreur dj` =n ROLat, qui doivent adapter la suite. - 3:152, zaqt n MSPL, contre baqt n ROLat (sutile Blatt, et non subtile Niese), par err. d’onciales. ‡ ce stade, on obtient, avec un classement de la grande majorité des variantes, un stemme simple et clair, où l’archétype se divise en deux branches : sur l’une SP, sur l’autre L, M, RO, Lat. Il reste à situer A et E, et pour ce faire à parler brièvement de la contamination, particulièrement de M et L. 6. Hésitations de M et position de E M et L ont de menus contacts, surtout au livre II, mais sans faute certaine, et en particulier sans omission commune ; il s’agit d’une contamination par révision légère, dont on ne peut savoir le sens. De même M et RO ont de menus contacts aux livres I et III provenant sans doute d’un phénomène analogue. Enfin, M et SP ont des liens particuliers, qui s’expriment par de rares mais indiscutables erreurs communes de ROLELat, mais pratiquement limitées au livre I : - 1:94, après MnasΩaf dΩ, ROLELat om. ka´ ôllpj qle#puf ka´ Njk lapf dΩ contre MSP, par homéot., et Nicolas de Damas devient Mnaséas de Damas. - 1:255, après kurŒsate, ROLLat om. ka´ §Abrampn... tjmπsate contre MSP, par homéot. d’une ligne. - 2:s4-8, ROLLat om. cinq titres, contre MSPEdpr (O et Edpr ont restauré quelques titres au jugé, mais indépendamment). Comme il a été dit plus haut, M a une tradition propre de révisions successives, et se trouve à l’origine de deux des rares témoins qui nous restent (Exc et la source de Edpr). Il était donc destiné à être copié, ou dépend d’un exemplar qui l’était ; aussi n’est-il pas invraisemblable qu’il ait été, lui-même ou un de ses ancêtres, établi avec soin, c’est-à-dire révisé, voire même hybride, c’est-à-dire complété avec des fragments de mss plus anciens que sa source principale, mais incomplets. Cette situation est analogue à celle du ms. d’où est issu Lat, probablement pour la même raison. Hésitations de E : dans le groupe ROMELat, on rencontre de temps à autre des faits contradictoires : erreur ROELat contre M..., et erreur RO MLat contre E... : - 1:197, après e”h, ROELat om. tucwênpusa ø contre MSPLExc. - 2:308, après £qpklejpmΩnpjf, ROMLat om. ka´ tûf £naqnpûf ∞mvrattpmΩnpjf contre SPLAE. Il s’agit encore des aléas de M. Statistiquement, les contacts ROE sont cependant beaucoup moins fréquents que ROM, et ce fait sera interprété plus loin à partir de Lat ; on place donc E entre L et M, et non entre M et RO. 7. Hésitations de L L et RO ont de petits contacts, par ex. : - 3:291, pour £rkpÙn MSPELat, ROL ont dpkpÙn, par err. d’onciales. Le sens de la dépendance est donné par des corrections encore visibles : - 2:155, pour ka´ tpspÎtpu dehs meia MSPLExc, RO ont ka´ dehs meiê spu, et L (première main) a rajouté au-dessus de la ligne ka´... spu. - 3:100, pour Ëqyf MSPELat, R{O} ont pıtyf, et L Ëqyf pıtyf (doublet). C’est donc L qui est révisé sur un ms. de type RO, et non l’inverse. LES ANTIQUIT›S JUIVES XVII 8. Cas de Lat Lat dépend d’un ms. grec très révisé, et sa parenté certaine avec RO a été affectée par ces révisions : on trouve en effet quelques erreurs de ROME contre SPLat : - 1:205, après £nirŒqjnpn, ROMLE om. cΩnpf contre SPLat. - 2:318, après e|f tœn –aut›n, ROMLE om. c¢n contre SPALat. - 3:284, pour ∞o#stataj SPLLat, {R}OM{E} ont ∞oΩwetaj. Une des révisions, postérieure à la séparation de RO, remonte donc plus haut que L, peut-être même avant l’archétype des mss grecs. Au passage, on voit que le fragment A est lui aussi à situer plus haut que L. 9. Cas de V Niese a collationné ce ms. au livre X, et l’a sondé sur de courts passages des livres VII à IX. Pour ces livres, V a peu d’erreurs propres ; il appartient manifestement à l’ensemble ROMLELat, et on lui remarque un grand nombre de contacts avec L, dont beaucoup d’erreurs certaines. Il y a donc une famille LV. Or, si l’on néglige A, trop fragmentaire, on voit que cette famille, entre SP et ROMLat, doit être proche de l’archétype. Comme en outre L, contaminé, est incertain, on peut espérer qu’une meilleure connaissance de V clarifie la position exacte de L. Un sondage réalisé sur AJ 3:1-74 (le ms. est incomplet, et le premier folio Siè 2 Z Josèphe Antiquités juives X (archétype) Y Livres 1 à 3 3 4 Eusèbe Chrysostome «t» Lat 5 6 Niese 7 mss 8 9 E 10 11 ExcPeiresc S P A mss E Zon 12 13 V7-10 14 15 16 M V3 L révision et copie copie minusculisation R Ed Lat Edpr Stemme des principaux témoins (cf. p. XX). O XVIII FLAVIUS JOSfiPHE commence en 3:s5) donne une tout autre impression. D’abord, on observe de nombreuses petites erreurs propres : - 3:16, V a t—n ÈqhrΩthn, pour aÄt—n t—n ÈqhrΩthn aÄtpÙ. - 3:17, V a iarreÏn pour viareÏen. - 3:34, V a Ôrcœn pour Úrmπn. - 3:55, avant n#khn kall#sthn, V add. ka# ; de même après ka´ cêr. Etc. Ensuite, le premier trait remarquable est l’absence de contacts propres LV : les erreurs de L et V sont indépendantes ; on voit même que V appartient au groupe ROMLat, contre SPL (étant sauf ce qui a été dit de L) : - 3:1, après t¢f sythr#af, L add. ka´ djabêseyf, contre V et les autres. - 3:65, après Myus¢n, ROMVLat om. eÄwarjst#°... Muys¢n, contre SPL. - 3:72, après ∞n £ojŒmatj, ROMV{E}Lat om. tœn qer´ tpÙtpu... djavÎc∆, contre SPL (cf. supra § 4). Le fait le plus caractéristique est en réalité le contact de V avec RO (sans Lat) par nombreuses petites erreurs communes : - 3:16, après tœn A”cuqtpn, ROV om. katavrpnpÙntaf. - 3:14, après £mhwan#af, ROV om. ∞k t¢f tpÙ iepÙ khdempn#af, par homéot. - 3:18, OV ont £q#dpjen pour ∞q#dpjen. - 3:19, après e| mœ qaraut#ka, ROV1 add. ka´ e| mπ. - 3:38, ROV inversent qrpseÏqen Myus≈. - 3:40, ROV ont £ll trjpn pour £ll vulpn. - 3:43, ROV ont ∞ohrtusmΩnpuf, contre ∞ohrtjsmΩnpuf MSP{L}Lat. - 3:50, après brawÍ dΩ, ROV om. tj. - 3:61, ROV a Ÿcacpn, Ú Myus¢f, contre Ú Myus¢f Ÿcacen MSPLLat. - 3:65, après £ndracai#af, ROV add. ∞qpjeÏtp, contre MSPLLat. - 3:72, après tj meÏgpn, ROV om. ∞q´ tpÙf, contre MSPLE. La famille RO subsiste cependant, par ses erreurs propres : - 3:s8, après Ÿcace, RO om. t—n la n contre SPVLat. - 3:3, après e|f Mêr, RO om. t n, contre MSPLV. - 3:41, après £ll` pÄw, RO om. pıtyf, contre MSPLVLat. - 3:49, RO ont cennaÏpn, contre cennjk—n MSPLV. - 3:55, RO ont mecêlyn te, contre eÄqprπsantef mecêlyn MSPLVLat. - 3:63, après Ú qenier f, RO om. tπn, contre MSPLV. La conclusion est donc simple : pour le livre III, V et RO constituent un sous- groupe postérieur à la minusculisation, et il y a peu à en attendre pour l’établissement de l’archétype. Le ms. V dans son ensemble est donc hybride. e. Stemme pour les livres I-III L’examen fait des variantes et de leurs relations permet d’établir un stemme propre aux livres I-III ; on y a inclus des résultats provenant de l’étude des livres ultérieurs : la position de V pour les livres VII-X, et surtout un “hyperarchétype” Y, dont l’existence est prouvée par certains témoignages patristiques. Pour simplifier, un unique point fictif «t», proche de l’archétype X, représente la source des révisions signalées de L, M et Lat. Par rapport aux analyses de Niese, les situations relatives “hors temps”, donc hors filiation, des divers mss sont très semblables, ce qui est naturel puisqu’il s’agit du tri de variantes objectives. La seule différence provient d’une autre appréciation des erreurs, donc de la filiation dans le temps des témoins. Graphiquement, le changement de position de l’archétype se traduit par un autre point d’accrochage LES ANTIQUIT›S JUIVES XIX du réseau de relations. Une pastille “Niese” situe son archétype, entre RO et Lat. 2. Présentation de l’édition a. L’apparat de critique textuelle Puisqu’il ne s’agit ici que d’une editio minor, il ne pouvait être question de donner toutes les variantes. Elles ne figurent que dans quelques cas précis : a) lorsqu’elles proposent une variante de l’archétype, c’est-à-dire formellement aussi probable que la leçon retenue dans le texte ; b) pour les noms propres (surtout bibliques), toutes les variantes sont systématiquement données, car c’est là que le risque de contamination est permanent et diffus ; c) les choix et les conjectures des éditeurs et commentateurs sont fournis, qu’ils soient ou non adoptés dans la traduction, lorsqu’ils donnent un éclairage utile soit sur un accident de transmission, soit sur une difficulté littéraire. N. B. Lorsqu’une variante ou une conjecture est utilisée dans la traduction, elle apparaît en italique dans l’apparat. b. Traduction et notes Pour la traduction et les notes, les travaux précédents (principalement Reinach, Loeb et Schalit, déjà cités) ont été systématiquement exploités, ainsi que les trois premiers volumes parus de la toute nouvelle Bible d’Alexandrie, et il n’y est renvoyé expressément qu’en cas de discussion, ou pour signaler un aperçu utile. La traduction a dû renoncer à être trop littérale, sous peine d’être franchement illisible ; elle s’efforce cependant de respecter l’archétype, et de ne pas masquer d’éventuels accidents de composition littéraire ; cependant, pour ne pas descendre au-dessous d’un certain seuil d’intelligibilité, on n’a pu éviter de tenir compte de quelques corrections, venant de témoins secondaires ou de conjectures, mais elles ne sont jamais introduites dans le texte lui-même. Sauf évidemment en ce qui concerne la critique textuelle, il n’entre pas dans le propos de la présente édition de traiter de la postérité littéraire de Josèphe, c’est-àdire de l’usage fait de l’œuvre achevée par les générations ultérieures. Il s’agit plutôt de fournir des éléments pour restituer l’auteur au travail : sa culture, ses sources, son activité littéraire, etc. En effet, la littérature patristique utilise et commente largement Josèphe, mais en dehors de quelques renseignements donnés par Eusèbe et exploités plus haut, elle n’offre rien pour la restitution de l’auteur dans son milieu. Dans cet esprit, les notes se veulent le plus possible documentaires. Il s’y trouve des renseignements de nature très variée, et elles s’attachent particulièrement à deux points : les relations entre les Antiquités et la Bible et la situation de Josèphe dans le judaïsme. Sauf rares exceptions, on n’a pas cherché à faire d’étude systématique de terminologie, de style ou de syntaxe : la Concordance de Rengstorf & al. fournit plus commodément les matériaux utiles à de tels travaux. La manière dont Josèphe est témoin de son temps, et en particulier de traditions juives, est un domaine très vaste. L’objectif visé ici n’est évidemment pas de le XX FLAVIUS JOSfiPHE traiter, mais de fournir des éléments comparatifs, pris le plus souvent dans le judaïsme hellénistique et les traditions rabbiniques. Pour la littérature rabbinique, on donne des sources lorsqu’elles permettent d’éclairer (par parenté ou par contraste) les additions ou commentaires de Josèphe. La priorité est évidemment donnée aux sources les plus anciennes, donc tannaïtiques (Mishna, baraïta) ; on ne néglige pas cependant le midrash ultérieur, comme pouvant toujours avoir conservé des rumeurs anciennes, et on utilise souvent Maïmonide, à cause de son génie de codificateur, ainsi que les maîtres de l’exégèse médiévale (Ibn Ezra, Rashi et son école), car ils recherchent le sens littéral du texte biblique, en combinant une grande finesse critique avec une sélection raisonnée des explications proposées par le midrash, sans influence littéraire externe. On suppose en effet toujours - ce qu’il faudrait évidemment démontrer - que la tradition rabbinique n’a pas connu directement Josèphe (ce qui de toute façon cesse d’être entièrement vrai à partir de l’imprimerie, comme on le voit avec Sforno, ex. 1:53) ; de plus l’on ne doit jamais perdre de vue que ladite tradition est très variée, et donc que le contact d’une source avec Josèphe ne doit jamais être confondu avec un accord uniforme. IV - ÉLÉMENTS DE CRITIQUE LITTÉRAIRE Cette section se propose de présenter un certain nombre de problèmes rencontrés à l’occasion du commentaire. La liste n’en est certainement pas exhaustive, et il est hors de question d’établir aucune discussion complète : d’une part, il faudrait se fonder sur l’ensemble de l’œuvre, ce qui est prématuré, mais surtout il s’agit en général d’études annexes, devant mobiliser les sources citées en notes et d’autres. On se contente de suggérer ici quelques hypothèses de synthèse, sous réserve de démonstration plus méthodique. 1. Remaniements et éditions multiples Le texte des Antiquités contient toutes sortes de singularités littéraires, qui suggèrent remaniements ou collaborateurs : a. Incohérences de composition Le nom de Beershéba est transcrit en 1:212, mais traduit en 2:170 ; Rachel meurt à la naissance de Benjamin (1:344) mais il est question d’elle ensuite (2:22) ; la fête des Azymes dure huit jours (2:317) puis seulement sept (3:249); la vie familiale de Moïse est irréprochable, d’où l’omission de l’épisode de sa femme kushite-éthiopienne (3:300), pourtant Josèphe raconte longuement un épisode éthiopien, d’où Moïse ramène une femme (2:238-253) ; “bouc” est rendu ®rjvpf dans la loi sur les sacrifices, mais trêcpf en 3:35 ; le hin, unité de mesure, est défini en 3:197, puis à nouveau §ææ234 ; etc. Ces aléas révèlent une absence de maîtrise globale de la rédaction finale, fond et forme, que ce phénomène vienne de Josèphe lui-même, qui en avançant dans son travail ou en remaniant oublie ce qu’il a déjà dit, ou qu’il soit dû à des LES ANTIQUIT›S JUIVES XXI collaborateurs. b. Remaniements Les explications données sur les surnoms d’Ésaü sont embarrassées, et finalement peu cohérentes (2:3) ; l’origine du calendrier annuel pour les sacrifices de fêtes a été déplacée (3:239-248), mais un renvoi, qui n’a pas été corrigé en conséquence (§ææ247), est devenu aberrant. On rencontre aussi un grand nombre de menues incohérences, de type “petite glose mal insérée”, donnant parfois un effet de doublet (1:83, 148b-150 ; 2:177, 213 ; 3:57, 109, 125, 156-162, 252, etc.). Un cas curieux, à propos de l’organisation de l’exposé des lois, en particulier pour les sacrifices, paraît être l’interpolation un peu forcée de matériaux prévus pour un développement ultérieur, peut-être pour le Traité sur les causes qui n’a jamais paru (3:205, 213, 295-299). Les cas de ce genre ne peuvent être attribués à des incohérences de composition : il s’agit de remaniements mal harmonisés, qu’on peut rapprocher de faits déjà évoqués plus haut (discordance entre le projet du prologue et la consistance finale des Antiquités, double conclusion, remaniements possibles de Vie). Certaines de ces modifications sont certainement liées à une nouvelle édition ; d’autres retouches peuvent être attribuées à la mise au net de la première édition ; dans les deux cas, des collaborateurs ne sont pas exclus. ‡ cet égard, on aimerait savoir comment se faisait dans l’Antiquité un brouillon, comment s’opéraient, pour des ensembles dépassant la capacité de mémoire d’un individu, la gestion de données et le traitement de texte. Certains faits apportent peut-être une petite lueur : en 3:140, Josèphe dit que les barres de transport de la table d’offrande sont inamovibles, alors que la Bible n’en dit rien, et juste avant, §ææ136, il omet de signaler ce même détail pour l’Arche d’alliance, là où justement la Bible le donne. Pour expliquer ce phénomène, et peut-être d’autres analogues, on peut tenter d’introduire des considérations de stichométrie : selon AJ 20:267, les 20 livres de l’ouvrage font 60 000 lignes. Ce chiffre rond provient certainement non pas d’un comptage direct, mais d’une estimation fondée sur le fait économique que pour chaque livre il devait être prévu un nombre moyen de colonnes, ayant chacune un nombre moyen de lignes. Or on remarque, en admettant que les 60 000 lignes, données dans la dernière conclusion, correspondent bien aux Antiquités dans leur état final, que ces lignes coïncident sensiblement avec celles de l’édition LOEB, et que dans cette même édition, l’anomalie observée peut être réduite en déplaçant deux mots de 29 lignes. Si les colonnes sont proches et s’il y a des ratures ou de menues corrections marginales, des mots appartenant à une ligne donnée d’une colonne peuvent être lus ensuite par erreur par un copiste comme appartenant (aussi) à peu près à la même ligne d’une colonne voisine, à gauche ou à droite selon les cas, d’où un déplacement (ou un dédoublement). Si maintenant notre anomalie vient de ce phénomène, c’est que les colonnes ont une trentaine de lignes, ce qui donnerait, pour chacun des 20 livres, une moyenne de 100 colonnes de 30 lignes chacune. Une explication analogue pourrait rendre compte d’un membre de phrase aberrant d’une ligne, 1:282. Il est évidemment difficile de savoir quelle était la norme en vigueur pour Josèphe, car le témoignage des papyrus grecs ancien n’est pas uniforme. Cependant, à titre de point de repère, on peut signaler que la tradition rabbinique fixe pour une colonne de Tora manuscrite une moyenne de 27 lignes ; cette tradition est attestée bien après Josèphe, mais elle doit être ancienne, car elle XXII FLAVIUS JOSfiPHE concorde suffisamment avec les fragments bibliques trouvés dans le désert de Judée. c. Diversité de styles Josèphe avoue savoir mal le grec. On voit des lourdeurs de style (ex. 2:138, 147), et son manque d’aisance dans la langue peut avoir été une des causes de sa difficulté à contrôler la forme finale de son œuvre. Il dit lui-même avoir eu recours à des auxiliaires pour la langue, et Thackeray, le premier, a essayé de les caractériser. Il en a identifié plusieurs, selon les livres, et pour la partie qui nous occupe ici comme pour la fin des Antiquités, il a remarqué de nombreuses traces d’un assistant au style prétentieux, féru de Thucydide. Un cas au moins montre qu’il ne s’agit pas d’un collaborateur intervenant sur le fond, mais d’un “décorateur”, pouvant perdre de vue le sens du récit qu’il arrange : en G 1:55 s., un certain Akhiab, au nom bien sémitique (a$ig$, cf. Achab), cousin d’Hérode le Grand, est confronté à une sédition en Judée ; le passage parallèle, AJ 17:270, donne “Alcibiade”, et l’on a supposé un accident de transmission ; or, l’examen du vocabulaire rare au voisinage immédiat oriente vers Thucydide 8:86 s., où Alcibiade évite habilement une guerre civile ; la situation est analogue, et manifestement un collaborateur a cherché un modèle pour la décrire, comme n’eût pas manqué de le conseiller Denys d’Halicarnasse ; et finalement il a eu une distraction. Dans les trois premiers livres, cette influence est limitée aux parties narratives, et elle est particulièrement sensible dès qu’il est question de faits militaires (cf. 2:108, 191, 296 ; 3:42, 54, 56, 58, 287, 289). En matière de langue, il n’est pas douteux que Josèphe savait l’araméen, langue vernaculaire de Judée, ainsi que l’hébreu, comme on l’exposera à propos de sa Bible. On voit toutefois quelques irrégularités : il transcrit volontiers des mots hébreux et les explique, mais de temps à autre, il passe à l’araméen, ce que l’on constate malgré les déformations de la transcription, alors que l’équivalent biblique existe : kaanaia “prêtres” et anarabakhès (pour kaana raba) “grand-prêtre” 3:151 ; emian “ceinture” 3:156, où il est même spécifié qu’il s’agit de l’expression babylonienne pour abne† ; chéthon “lin” 3:153 ; asartha “pentecôte” 3:252. Une autre irrégularité concerne les noms propres : Josèphe explique (1:129) qu’il hellénise les noms propres sémitiques en leur donnant une désinence déclinée ; pourtant, un certain nombre d’entre eux restent non déclinés, même dans des cas où il n’y a pas eu d’influence ultérieure des formes non déclinées de la LXX, ex. Tigre 1:39 ; Çoar 1:204 ; Rosh, 2:180, etc. Ces menues inconséquences suggèrent aussi d’autres mains. 2. Sources bibliques a. Le texte biblique de Josèphe Josèphe utilise principalement la Bible, dans la partie qui nous occupe ici, et la question est évidemment de savoir sous quelle forme. Il déclare la traduire fidèlement (1:5 et 17, cf. notes). On a depuis longtemps remarqué qu’il s’éloigne trop souvent du texte massorétique pour qu’on puisse admettre qu’il l’ait utilisé tel quel, et l’on a alors supposé qu’il ne traduisait pas, comme il le prétend, mais qu’il utilisait une traduction déjà faite, et pourquoi pas la LXX, puisqu’il en connaît LES ANTIQUIT›S JUIVES XXIII l’existence (1:10) ? Mais la question alors rebondit, et il s’agit de savoir quel type de LXX, car il s’écarte en de nombreux endroits de toutes les formes connues. Mais peut-être y a-t-il des formes perdues : Origène n’a signalé que des recensions en usage de son temps. De toute manière, même à supposer qu’il n’ait fait que reprendre un texte grec préexistant, ce texte doit reposer sur une Vorlage hébraïque, et c’est celle-ci qu’il s’agit de caractériser, étant entendu que les fragments bibliques retrouvés autour de Qumrân démontrent que plusieurs formes de Bible hébraïque ont pu coexister à cette époque. Les observations éparses dans les notes, pour les trois premiers livres, peuvent être regroupées sous la forme d’un raisonnement : a) la Bible de Josèphe a de très nettes parentés avec la LXX (B) contre le TM, par ex. 2:170 (“Puits du serment”) ; 2:172 (“Me voici”) ; 2:206 (“tout nouveau-né mâle”) ; 3:102 (“bois imputrescible”) ; 3:220 (offrande des chefs) ; 3:233 (consomption des offrandes). Ces cas peuvent provenir soit d’un contact direct avec le grec, soit d’une source commune. b) en d’autres endroits, Josèphe, comme on l’a dit, montre qu’il n’a pas la LXX sous les yeux : il a des contacts avec le TM contre la LXX (tiqqun soferim 2:176), mais surtout il interprète autrement des passages difficiles du TM, par ex. : sens de l’offrande de Caïn 1:54 ; “marais” 2:81 ; sens de “Çophnat-Panéah” 2:91 ; dispersion des Égyptiens 2:190 ; pullulement des Israélites 2:202 ; “montagne de Dieu” 2:265. c) dans de nombreux cas, des effets de sens inédits s’expliquent aisément par des erreurs de lecture ou d’interprétation de l’hébreu (ex. 1:54, 63 ; 2:1, 31, 54, 92, 122, 303, 308, 345 ; 3:54, 148, 193, 228, 241, 242, 295…), ou par de petites altérations du TM (ex. “Cophèn” 1:147 ; “comme de la chaux” 2:273 ; “Gershom” 2:278 ; “vos sabbats” 3:294) ; de nombreuses transcriptions que ne donne pas la LXX (ex. 1:36 ; 3:151), de même que la forme subsistante de beaucoup de noms propres suppose un contact avec l’hébreu (ex. Anam [`Anam#afùù/LXX æ Enemetjjm] 1:137 ; Çoar [GpŒrùù/ LXX æ Gpcpra, Shcyr] 1:204 ; Oholibama [`Aljbêmhùù/LXX æ Pljbhma] 1:265, etc… ; Josèphe ignore la transcription r/c, régulière dans la LXX). Tous ces faits s’interprètent selon une hypothèse d’ensemble sur la Bible de Josèphe, en la supposant unique, c’est-à-dire en admettant que révisions et collaborations diverses ne se sont pas fondées sur d’autres exemplaires des mêmes livres: 1. Josèphe traduit de l’hébreu, qu’il connaît bien (ex. 1:204 n., 336), en dépit d’accidents (3:252, 282) et d’aramaïsmes. 2. Il connaît l’existence de la LXX par la Lettre d’Aristée (1:12) ; elle est limitée au Pentateuque, et il n’en a jamais vu de texte. 3. Sa Bible hébraïque, qui vient de Jérusalem, a d’intéressantes parentés avec la Vorlage de la LXX que nous connaissons (B). Cette hypothèse mérite certainement une discussion détaillée, d’autant plus qu’elle n’a vraiment d’intérêt que si elle subsiste au-delà du Pentateuque, en particulier dans les complexités de Samuel-Rois en relation avec les Chroniques. Si elle se vérifie, elle pose quelques questions sur la nature du texte qu’authentifie la Lettre d’Aristée, et sur les origines de la Bible grecque hors Pentateuque, partie que Philon n’évoque à peu près pas. En effet, dans un livre ultérieur où il modifie l’ordre d’exposition biblique Josèphe justifie ses modifications (4:197), et finalement explique pourquoi il croit utile de s’être justifié : c’est pour éviter “que XXIV FLAVIUS JOSfiPHE ceux de notre race qui liront cet ouvrage puissent nous reprocher de nous être trompé” : en d’autres termes Josèphe, qui a visité Alexandrie et parle depuis Rome, ne paraît nullement craindre qu’un lecteur quelconque, Juif ou non, ne compare son texte à la LXX. Or, il aurait tout à craindre d’une telle comparaison, comme on va le montrer. b. L’utilisation narrative de la Bible par Josèphe On voit immédiatement que malgré ses protestations répétées de fidélité (cf. 4:196), Josèphe réorganise les matériaux législatifs (cf. ci-après) et modifie assez largement le récit biblique, soit par additions, discours composés ou emprunts à des sources annexes, soit par suppressions et remaniements. Ainsi, il remodèle la présentation des patriarches selon les canons de son temps (sommaire du livre I) ; il omet la belle histoire de Juda et Tamar (Gen 38) ; il fait de Joseph un sage stoïcien (2:94) ; il évite l’apparition d’éléments législatifs avant le Sinaï (“statut” à Mara, sabbat, cf. 3:7), ou la mention dans la Bible d’écrits non identifiés ailleurs (Ex 17:14, cf. 3:60) ; il rationalise les miracles (manne 3:31) ; il omet entièrement l’épisode du veau d’or, et corrélativement supprime la donation des secondes tables de la Loi (3:99), puis unifie les instructions pour l’érection de la Demeure et leur exécution (3:108)æ; de même, pour contrer les accusations d’idolâtrie, il renforce le deuxième commandement (3:91) et rend très immatériels les chérubins (3:113, 137). ‡ côté de telles modifications volontaires, on en trouve d’autres, qui rappellent le manque d’aisance dans la connaissance de la Bible déjà suggéré à propos des sommaires et des remaniements. Par exemple, alors que le style de la paraphrase de Josèphe est volontiers copieux, il abrège curieusement certains textes majeurs, pourtant solennellement introduits, comme s’il les craignait : le récit de la Création (1:27-33), les plaies d’Égypte (2:284-314), le Décalogue (3:91-92). D’autres cas donnent plutôt une impression de myopie, de manque de vision de l’ensemble du récit : par ex. en 1:257, il dit qu’Isaac n’eut ses fils qu’après la mort d’Abraham, confondant l’ordre chronologique et l’ordre du récit de la Genèse, comme s’il le découvrait ; en 2:118, il dit que les fils de Jacob reviennent en Égypte avec Benjamin “ainsi que le double du prix du blé”, sans expliquer pourquoi, et ce n’est que plus loin, au moment où le texte de Ex 43:16 dit qu’ils ont peur de se présenter chez Joseph, à cause de l’affaire de l’argent du blé, qu’il explique enfin l’“affaire”. Un autre indice de myopie est fourni par le prologue : Josèphe annonce que son exposé sur l’histoire ancienne va être grossi d’importantes considérations de philosophie naturelle. En fait, son récit de la Création est raisonnablement sobre à cet égard, et ensuite il n’est plus question de tels développements : tout se passe comme s’il avait manqué de recul, et au départ ne voyait que le début de l’œuvre, ou même tentait, là et ailleurs, de masquer par une publicité ronflante l’indigence flagrante du développement principal. 3. Sources extra-bibliques En dehors de la Bible, et d’éléments variés de coutumes juives qui seront examinés plus loin, Josèphe utilise peu de sources externes explicites à l’appui de sa paraphrase. LES ANTIQUIT›S JUIVES XXV a. Sources non spécifiquement juives Il faut d’abord signaler un effort considérable pour essayer de mettre de l’ordre dans la géographie biblique, en particulier pour les diverses générations de la Genèse depuis la Création, de manière à la rattacher aux données de son temps. Certaines explications sont inévitablement fantaisistes ou invérifiables ; d’autres sont incertaines, à cause de difficultés proprement bibliques (Édom et Idumée, 2:3 ; Pays des Amalécites, 2:6 et 3:40 ; Madiân et l’Horeb 2:257, etc.) ; d’autres enfin ont pu être confirmées par le hasard des découvertes archéologiques, par ex. l’identification de Spasinou Charax (1:145). On doit donc supposer, de la part de Josèphe ou d’un collaborateur spécialisé, un travail de documentation important et assez soigné, peut-être comparable à celui de Pline pour son Histoire naturelle. Les sources n’en sont pas connues, mais elles ont laissé des traces notables quoique irrégulières dans le Targum palestinien (TYon, TNeof). En divers endroits, Josèphe intègre différentes légendes certainement non juives, mais sans en indiquer l’origine : il dit ainsi (1:61 s.) que parmi les méfaits de Caïn, le premier bâtisseur de ville selon Gen 4:17, figurent l’invention des poids et mesures et l’établissement du cadastre ; il est douteux qu’une opinion aussi tranchée soit de Josèphe lui-même, lui qui célèbre la Ville et les constitutions politiques de Moïse, mais on ne sait trop à quel penseur nostalgique de l’âge d’or d’Hésiode il l’a empruntée. Plus loin il donne, peut-être sans la comprendre clairement, une légende sur des stèles capables de conserver les sciences anciennes à travers les déluges d’eau et de feu (1:69-71) ; cette tradition intègre des éléments bibliques, mais se rattache à un fonds commun oriental sur les récits de déluge. Dans un tout autre contexte, il fait allusion en passant, mais comme à quelque chose de connu, à la légende du cerf mangeur de serpents (2:246). ‡ l’occasion, Josèphe cite des historiens, le plus souvent d’époque hellénistique ou romaine, en général pour cautionner des détails secondaires par rapport à l’histoire des personnages principaux, et il importe d’observer sa méthode. ‡ propos du déluge (1:93-95), il cite des auteurs, qui montrent seulement que la Haute-Mésopotamie connaissait aussi une tradition de dé-luge (d’eau). De même, à propos de la longévité exceptionnelle de Noé et de ses prédécesseurs, il évoque toute une série d’historiens (1:107 s.), qu’il ne connaît peut-être que de seconde main, mais sans dire exactement de quoi ils témoignent, si ce n’est peutêtre d’un âge d’or plus ou moins mythique. ‡ propos de la tour de Babel, Josèphe évoque d’abord la Sibylle (1:118), mais celle-ci ne fait que paraphraser le récit biblique, puis il cite un autre auteur, mentionnant bien la plaine de Shinéar (1:119), mais qui ne dit rien de la tour elle-même. Pour Abraham (1:158-160), il accumule encore des pseudo-témoignages : il cite Bérose, qui “mentionne Abraham sans le nommer”, puis signale un livre (perdu) d’Hécatée, mais sans le citer, et enfin donne une bonne citation de Nicolas de Damas, qui tient manifestement ses renseignements de la Bible. Plus loin (1:240), il donne à propos de la descendance de Qetura une citation très instructive d’Alexandre Polyhistor, dans laquelle ce dernier déclare expressément tenir son information d’un auteur citant la Bible. Parti avec l’idée d’étayer les faits bibliques par des témoignages externes, Josèphe a insensiblement déplacé le débat : il se borne en fait à dire que si la Bible est devenue une autorité pour les historiens tardifs, c’est qu’elle est digne de foi. Il va sans dire que ce faisant Josèphe ne démontre rien, car il n’arrive à établir aucune convergence de témoignages indépendants. En bon orateur, il en est sans doute conscient, et peut-être est-ce la raison de sa minutie géographique, car c’est un XXVI FLAVIUS JOSfiPHE domaine pour lequel il existe des confirmations indépendantes, au moins pour les lieux, sinon pour les événements. b. Sources juives (agada) Josèphe évoque des textes “déposés au Temple” (3:38 etc.), mais sans les citer littéralement, et on ne sait trop si ces écrits pouvaient entrer dans la “bibliothèque sacrée”, car Josèphe n’utilise pas en entier cette dernière : il omet systématiquement les œuvres poétiques (prophéties, chants, proverbes), dont pourtant il signale l’existence en CAp 1:40 ; inversement, il y avait certainement dans les archives du Temple des documents non bibliques, par exemple des tables généalogiques, cf. CAp 1:30. Quant à la Lettre d’Aristée, ce n’est pas le lieu de déterminer si pour Josèphe elle figurait ou non dans la bibliothèque sacrée. Il l’utilise en tous cas largement au livre XII, comme source historique, et il y fait allusion dans le prologue, quoique sans la nommer. Le cas de Philon est plus indécis. Les éditeurs de Josèphe estiment qu’il le connaissait directement, mais ceux de Philon en doutent. De fait, Josèphe ne le cite jamais, sauf dans son rôle d’émissaire à propos de la Legatio ad Gaium (18:259), et il a par rapport à son œuvre des contacts nets (beauté de Joseph, 2:41 ; 3:76, 146) comme des oppositions tranchées (ignorance significative des étymologies hébraïques de Philon 1:38 s. ; 3:40, 209), selon une distribution apparemment aléatoire. Cependant, il s’agit toujours de points de détail isolés, et non de vues synthétiques ou éthiques, et il paraît exclu qu’il l’ait suivi systématiquement, même pour s’en démarquer à l’occasion. Il est possible que l’un ou l’autre des collaborateurs l’ait consulté, mais le plus plausible - et le moins invérifiable - est d’admettre que les parentés soient simplement dues à la culture juive commune, sans canaux de diffusion spécifiques. Les contacts de détail avec la agada de la tradition rabbinique et les targums sont innombrables, mais là aussi selon une distribution apparemment imprévisible, et avec parfois des migrations de motifs d’une situation à une autre (2:278.310 ; 3:96), ou des compositions assez complexes (Moïse en Éthiopie, cf. 2:253). Toutes ces correspondances mériteraient une étude d’ensemble, qui considérerait aussi les discordances. En effet, en première approximation, les concordances paraissent naturelles, malgré les écarts chronologiques, puisque d’un côté Josèphe se dit pharisien, et que de l’autre la tradition rabbinique est héritière des Pharisiens d’avant la ruine du Temple. Cependant, comme on le verra plus loin à propos des coutumes et préceptes, ce rattachement de l’un comme de l’autre à la stricte doctrine des Pharisiens est problématique. Les questions sous-jacentes à ces considérations sont d’une part celle déjà signalée des collaborateurs de Josèphe, et d’autre part celle de l’homogénéité de la tradition rabbinique. 4. Problèmes historico-littéraires a. De l’obsession généalogique En dehors d’une liste assez sommaire d’interdits matrimoniaux et de principes moraux (3:274 s.), Josèphe ne traite pas du mariage comme institution, ni de filiation légitime, sauf lorsqu’il se place dans le cadre d’une constitution politique LES ANTIQUIT›S JUIVES XXVII juive autonome (4:244-265), cadre devenu théorique au moment où il écrit. La documentation disponible pour cette époque montre cependant que les communautés juives (citadines) étaient reconnues dans l’Empire romain, et pouvaient être régies par leurs propres règles, selon des dispositions statutaires reconnues par l’autorité romaine. Le silence de Josèphe à ce sujet suggère que sa référence implicite est la citoyenneté romaine, qu’il obtint lui-même, et le droit associé. Il se place donc au-dessus du droit des associations reconnues (conventus). Sur ce point, la tradition rabbinique se situe par rapport à lui en contraste frappant : si elle reconnaît le mariage comme acte juridique et lieu de sanctification, elle ne définit cependant la filiation juive que par la mère ; dans le contexte romain d’après la fin de l’autonomie de la Judée, cette situation est celle des unions illégitimes, c’est-à-dire dont les conjoints sont considérés comme des étrangers de droit pérégrin, sans ius connubii. Cette situation amoindrie, de métèques sans droit d’association, a été imposée par l’occupant en Judée, car si telle est bien la filiation, repérable civilement, l’identité au sens interne de la communauté (c’est-à-dire en particulier le nom) est toujours relative au père, comme dans la Bible. S’il néglige quelque peu le droit juif du lien matrimonial (lui-même a d’ailleurs épousé une captive, Vie 414, ce qu’il interdit aux prêtres, mais dans le cadre de l’État juif, en AJ 4:244) Josèphe est extrêmement attentif à préciser la qualité généalogique ou le rang social ; il le fait d’abord pour lui-même, en affichant en tête de son autobiographie ses antécédents sacerdotaux et asmonéens. Il le fait ensuite pour les personnages de ses récits lorsqu’il les juge importants (cf. sommaire du livre I, sur les patriarches ; 2:180 pour l’ordre des fils de Jacob ; de même pour Josué, 3:49, pour la rigueur familiale de Moïse, 3:63 n., pour Beçaléel petit-neveu de Moïse, 3:105), quitte à supprimer la généalogie de qui lui paraît moins important (Caleb, 3:308). Il le fait surtout pour l’ensemble de sa nation : l’histoire du judaïsme commence avec Adam et la création du monde (cf. aussi 3:87), donc inclut en particulier l’histoire israélite, et dans les Antiquités Josèphe prend soin d’atténuer les ruptures et les incohérences des récits bibliques ; dans le Contre Apion, dont un autre titre traditionnel est De l’antiquité du judaïsme, il mobilise un maximum de témoignages d’historiens, pour rattacher l’histoire biblique à l’histoire générale, au moins à partir de Moïse. Un examen attentif de l’ensemble de ces considérations fait cependant entrevoir quelques doutes sur la solidité des arguments invoqués, que ce soit sur la continuité de l’histoire juive ou sur la pertinence des témoignages externes, comme on l’a discerné plus haut pour les trois premiers livres des Antiquités. Mais la volonté de prouver, proportionnelle à la faiblesse des arguments, inspire invinciblement l’idée qu’il y a quelque chose d’important à cacher. Si c’est à l’usage des Romains, il faut reconnaître qu’il montre sans grand effort et sans danger que sa nation, même si elle n’a pas atteint le même éclat politique, vient de beaucoup plus loin, tout en restant modeste : en bon courtisan, Josèphe a pour l’aristocratie un goût indiscutable - et banal -, et il sait flatter la force de Rome. Mais il écrit en grec, et s’adresse à l’Empire ; la question est alors de déterminer qui il cherche à convaincre, et pourquoi : il s’adresse aussi aux Juifs, avons-nous dit à pro-pos de l’évolution du projet initial de la Guerre. Fallait-il aussi leur rappeler l’antiquité de leur nation ? Qu’est-ce qui pouvait en faire douter ? Ces questions seront mieux documentées à partir du retour d’Exil (livre XI). ‡ l’égard des Juifs, Josèphe est d’ailleurs pris dans une contradiction : d’un côté, il a une sympathie évidente pour son peuple dans son ensemble, par-delà XXVIII FLAVIUS JOSfiPHE divisions et tendances, et se montre très sensible à sa singularité ; de l’autre, il s’efforce de mettre en relief, dans le contexte de la suprématie romaine, le caractère divin, nécessaire et raisonnable de la Loi mosaïque, en dissimulant au maximum les notions d’alliance, de promesse, d’élection, et plus généralement d’histoire particulière du salut. Il est caractéristique qu’il ait projeté un “Traité sur les causes” (cf. 1:25), destiné à montrer que les lois, même celles d’aspect le plus étrange et contingent (en particulier celles relatives au culte), ne sont que l’expression d’une harmonie naturelle. Ce traité, qui sert à l’occasion d’exutoire sémantique, lorsque Josèphe, gêné par certains particularismes, y renvoie prudemment, n’a jamais vu le jour : peut-être Josèphe était-il incapable de l’écrire, car il n’a pas l’aptitude à l’allégorie et au symbole d’un Philon, et ses tendances moralisantes manquent d’envergure. b. Josèphe et la Loi en général ‡ propos du mariage, on a observé plus haut que Josèphe séparait les préceptes en deux catégories. De fait, il y a lieu de généraliser, car il établit une distinction entre deux blocs législatifs principaux, entre lesquels il opère un classement des matériaux bibliques : un ensemble qu’il rattache au Sinaï (livre III, cf. ci-après), et un autre qu’il rattache au discours-testament de Moïse (Deut 1:1 s.) et qu’il appelle “constitution politique” (4:198) ; cette seconde partie sera étudiée dans le volume II. Quelques remarques cependant peuvent déjà être faites, car le reclassement que fait Josèphe est délibéré, mais il n’en donne pas clairement les raisons. Or, les choix opérés à cette occasion sont instructifs : le premier bloc, en effet, n’est pas lié, selon ses dires, à l’existence d’un État indépendant ou au moins vassal, et il est remarquable que Josèphe, après avoir cité le Décalogue, consacre la plus grande partie de son exposé législatif au Temple, alors que c’est devenu inactuel ; à l’inverse, il ignore l’ensemble Ex 21-22, lois relatives aux esclaves et aux crimes et délits, ainsi que tout ce qui concerne les contrats et actes officiels. De même, cas particulier éclairant, il est en désaccord avec la Bible et la tradition rabbinique, qui parlent de la remise des dettes lors de l’année sabbatique : il la confine à l’année jubilaire, qui justement n’a plus cours (3:282). En outre, pour ce dont il traite, il évite de signaler les sanctions en cas d’infraction (sauf en 3:275, pour les transgressions sexuelles, cf. note). Ce faisant, il transforme plus ou moins consciemment (cf. 3:319) la coercition juridique, liée à un certain pouvoir judiciaire, en une exigence morale pure, sans sanction externe. C’est certainement dans cet esprit qu’il évite de donner une définition ethnique du judaïsme (3:318). Il est donc légitime de généraliser la supposition faite, selon laquelle il désire ne pas interférer avec la législation romaine, particulièrement pour ce qui relève du statut personnel et des tribunaux. En conséquence, il n’est pas exagéré de conclure que la Loi dans son ensemble est devenue pour Josèphe, sauf quelques exceptions, inactuelle. Pourtant, il l’expose : c’est donc qu’elle subsiste, à l’égal des parties narratives, comme objet d’étude pure. ‡ cet égard, il se démarque donc quelque peu de Denys d’Halicarnasse. c. Josèphe et les Pharisiens Josèphe s’est présenté comme ayant choisi dans sa jeunesse le parti des Pharisiens, la première des écoles philosophiques (Vie 12). Mais cette déclaration d’identité n’apparaît que dans l’ouvrage le plus tardif et le plus apologétique. Auparavant, en divers points de son œuvre, il se contente de traiter de la différence LES ANTIQUIT›S JUIVES XXIX entre Sadducéens, Pharisiens et Esséniens, et, si les grandes lignes de sa description de leur philosophie respective sont stables, on peut cependant noter une évolution dans son propos, en particulier sur le rôle social des Pharisiens. Dans la Guerre (2:162) il se borne à dire qu’ils passent pour interprètes fidèles des coutumes ; plus tard, dans les Antiquités il dit d’abord (13:293) qu’ils sont porteurs de lois non écrites et ont, grâce à leur vertu, un grand crédit auprès du peuple ; puis il va jusqu’à affirmer (18:15) que toute la pratique religieuse populaire, à savoir la prière et les “choses sacrées”, normes diverses allant de l’abattage du bétail aux prestations lévitiques, en passant par les purifications, est réglée d’après leurs interprétations. On peut se demander si un tel crescendo correspond à une meilleure connaissance des faits, ou à une évolution de la rhétorique de Josèphe, éprouvant vingt ans après la ruine du Temple le besoin de se rapprocher des Pharisiens. Trois observations, tirées des trois premiers livres des Antiquités, montrent que la question est complexe : d’une part, pour le mobilier du Tabernacle, les descriptions de Josèphe correspondent suffisamment aux trophées rapportés à Rome après la ruine de Jérusalem, et représentés sur l’Arc de Titus, mais elles ne concordent ni avec l’iconographie des monnaies des révoltes juives au IIe s., ni avec ce qu’en dit la tradition rabbinique ; or il s’agit de représentations imaginaires de tradition pharisienne, stable par hypothèse, et le lien avec le Temple d’Hérode en est donc problématique. Sur ce point, Josèphe ne se montre guère Pharisien, mais sans doute involontairement. En second lieu, malgré l’importance qu’il attribue à la Loi non écrite pharisienne dans l’organisation de la vie juive (et même son attribution à Moïse, cf. 3:94), il oublie entièrement cet aspect au moment de présenter son œuvre comme traduction de tout ce qui est bon dans le judaïsme (1:11), ce qui prouve que spontanément il ne se voit guère comme un Pharisien. Enfin, en voyant les imprécisions des sommaires et en lisant cursivement sa paraphrase biblique, on a constamment une impression de lourdeur et d’ennui, en contraste total avec son aisance à relater les intrigues de cour de son temps ou composer des discours habiles : on ne peut dès lors s’empêcher d’en déduire qu’il connaissait mal la Bible, ou au moins qu’il la fréquentait peu, soit parce que sa formation personnelle ne l’y avait guère préparé, soit parce qu’il se tenait éloigné du culte synagogal, qu’il donne cependant lui-même comme étant proprement pharisien. Déjà dans la Guerre, pourtant destinée entre autres à ses compatriotes, il cite, lorsqu’il lui arrive d’évoquer des épisodes anciens, des auteurs hellénistiques, et non la bibliothèque sacrée. Tout cela donne l’impression d’une culture juive, a fortiori pharisienne, peu étoffée au départ. Mais la question se pose : pourquoi avoir l’air d’un Pharisien, et non pas d’un prêtre ou encore mieux d’un Asmonéen ? Le lecteur romain peut être présumé peu sensible à ce genre de nuances, sauf peut-être en ce qui concerne l’absence de prétention politique immédiate. Mais il faut revenir aux destinataires juifs (en Judée et hors Judée), et considérer que Josèphe se place à un moment où les autres écoles qu’il a décrites sont moins attractives, ou qu’il les souhaite telles. Or à la même époque, une entreprise de sauvetage national est en cours en Judée, à Iamnia-Yavné, où se sont regroupés des Sages rescapés de la débâcle sous la direction de R. Yoåanan b. Zakkaï. On ignore ce qui s’y passait exactement au temps de Josèphe, ni à plus forte raison ce que lui-même pouvait en savoir. On y devine cependant des luttes de tendances, qui apparemment ont duré jusqu’à la XXX FLAVIUS JOSfiPHE publication de la Mishna, un siècle plus tard, et même après, quoique d’une autre manière. ‡ côté des exemples classiques de controverses entre Hillel et Shammaï, deux cas intéressants montrent bien ces luttes sur le vif : R. Éliézer b. Hyrcanos, principal disciple du fondateur, et qui était réputé pour n’avoir jamais rien dit qu’il n’ait entendu de la bouche de son maître, ce qui est bien dans la définition d’un Pharisien, fut mis en minorité, et excommunié à Lydda-Lod (BBaba Metsia 59b) ; d’où venaient donc les autres, majoritaires ? et leurs maîtres ? L’autre cas est celui de l’introduction, dans la prière quotidienne des Dix-Huit Bénédictions (Shemoné Esré), de la bénédiction contre les Minim, c’est-à-dire contre les sectaires ; il est dit que Samuel le Petit la créa, mais qu’une autre année, quand on la lui redemanda, il l’avait oubliée… (BBerakot 28b) ; le récit est bref, mais étrange : elle n’avait donc pas été agréée puis elle a été adoptée (au temps de R. Gamaliel, vers 100), et l’on peut se demander pourquoi, et ce que recouvre l’évolution impliquée. Il y a des raisons de croire que l’assemblée de Yavné n’était pas homogène, et que différentes tendances ou sectes présentes au Sanhédrin avant la ruine du Temple y étaient représentées, d’où la résistance à l’uniformisation que suppose le projet de bénédiction et son “oubli”. Par la suite, les Minim de cette bénédiction ont désigné les apostats, c’est-à-dire les Juifs convertis au christianisme, mais à l’origine, ce n’est guère probable : il ne devait guère y avoir de judéochrétiens au Sanhédrin, et Josèphe, qu’on doit créditer d’une extrême attention à ce qui compte socialement, n’a commencé à remarquer le christianisme qu’à Rome, après la rédaction de la Guerre. Les Minim doivent donc représenter au départ Sadducéens, Esséniens, voire même la “quatrième philosophie” de Judas le Galiléen. Il n’est pas douteux qu’il y ait eu différentes tendances politiques vis-àvis de Rome, et qu’une seule soit devenue dominante ensuite : la Mishna, telle que publiée bien après, ne rend pas compte clairement de ce qu’ont pu être les motifs religieux des diverses révoltes juives contre les Romains. Or ces révoltes sont précisément aux antipodes du programme de Josèphe, qui cherche à passer pour pharisien ; elles ont donc été le fait de minorités agissantes non pharisiennes, à Yavné et ailleurs, et par conséquent de Sadducéens ou de Zélotes. Le problème sous-jacent est évidemment celui de l’état du judaïsme après la ruine du Temple, et des options à prendre pour tenter de le réorganiser, à un moment où l’on ne pouvait prévoir ce qui émergerait un siècle plus tard. De l’aveu même de Josèphe, la doctrine pharisienne est populaire et peu liée au Temple, et peut s’être adaptée à ses propres options, non nationalistes. D’autre part, les considérations précédentes tendent à montrer que, pour être toléré tant des Romains que des Juifs d’Empire peu politisés, il avait avantage à prendre quelques distances par rapport aux Sadducéens, dont il était certainement proche à l’origine, mais qui pouvaient être soupçonnés de velléités revanchardes. Telle n’était apparemment pas l’option des maîtres de Yavné, et il serait intéressant de déterminer l’évolution de leurs relations avec les Juifs de l’Empire, en particulier à travers les débats sur le maintien ou non de la langue grecque dans la culture communautaire. d. Josèphe et la halakha Les Antiquités abondent en détails de halakha, c’est-à-dire de coutumes ou de façons de faire juives, qui se retrouvent dans les sources rabbiniques : cette halakha commune est de deux types : il s’agit soit du mode d’application de ce qui LES ANTIQUIT›S JUIVES XXXI est prescrit dans la Loi écrite (ex. l’eau vive pour la purification 3:205, 258 ; l’offrande de farine de froment avec les sacrifices 3:233 ; les quatre espèces de plantes de la fête des tentes 3:245, etc), soit de préceptes indépendants de l’Écriture (ex. la prière 4:212 s.). Ce second type correspond à un des traits caractéristiques des Pharisiens, qui, selon Josèphe lui-même, gardent des traditions ancestrales non scripturaires ; ce même trait est caractéristique de la tradition rabbinique (MHagiga 1:8), avec la question annexe de montrer l’unité de la Tora dans son ensemble, écrite et orale. Quant au premier type, il s’agit de halakha non nécessairement pharisienne, du moins a priori : les Sadducéens, admettant l’écriture et son enseignement, avaient inévitablement un système d’interprétation, ou peut-être plusieurs, puisqu’à en croire le même Josèphe ils pratiquaient la controverse comme une vertu nécessaire à l’acquisition de la sagesse (AJ 18:16). Or la controverse est une autre caractéristique des sources rabbiniques, mais elle fait difficulté par rapport au canon pharisien du respect de la tradition orale des Anciens (cf. Abot 1:1) au point que de nombreux commentateurs de premier plan ont cherché comment avaient pu naître les désaccords ; ce faisant, en effet, la tradition rabbinique a conservé un trait sadducéen, ce qui n’est nullement invraisemblable avec ce qui a été dit de Yavné. Ces observations suffisent à établir qu’un contact entre Josèphe et un dit rabbi-nique, spécialement si c’est une opinion minoritaire, peut avoir une origine sadducéenne. Bien entendu, l’inventaire reste à faire. ‡ cet ensemble peuvent peut-être se rattacher des dispositions légales qui lui sont propres, par exemple pour le Décalogue, sa divulgation et son écriture (3:9092), car c’est un point sensible vis-à-vis des Sadducéens, ou pour certains sacrifices (3:258) ; dans certains cas, la coutume que donne Josèphe, non attestée sous cette forme dans les sources juives, a un parallèle dans la culture antique, par exemple les conditions restrictives pour l’immolation d’un jeune animal (3:236). Josèphe est donc un Pharisien pour le moins complexe, et qui a choisi une voie plutôt étroite. Curieusement, en effet, il n’expose pas, dans sa propagande pharisienne à usage immédiat, c’est-à-dire dans le bloc du livre III qui nous intéresse ici, les coutumes caractéristiques de la vie quotidienne que sont la prière synagogale et les “choses sacrées”, parmi lesquelles viennent au premier chef règles alimentaires et purifications. L’explication consistant à dire qu’il ne peut mettre par écrit les coutumes orales est insuffisante (cf. 1:11 n.), car il sait à l’occasion parler de la prière en l’attribuant à Moïse (4:212-213) alors que le Pentateuque n’en souffle mot, ou à propos du Décalogue, il sait tourner un interdit de communication (3:90, cf. 2:176). Il ne suffit sans doute pas non plus d’invoquer le fait que Josèphe, faux Pharisien, serait en réalité un Sadducéen. ‡ nouveau, l’ombre du droit romain se profile, car la prière, acte collectif, suppose un droit d’association (qrpseuwπ, la prière, a fini par désigner le lieu de la prière), donc un particularisme, même pour une religio licita. De même, Josèphe ne fait pas allusion à un enseignement spécifique, propre aux Juifs ; au contraire, il diffuse la religion en grec, sous couvert d’histoire, et va même jusqu’à rapprocher la tendance pharisienne du stoïcisme. En bref, Josèphe a été un peu dépassé par son projet ; culturellement, il n’a pas eu de postérité directe, et littérairement, il n’a pas réussi à digérer toute sa matière selon le point de vue qu’il s’était fixé, malgré d’incontestables collaborateurs de XXXII FLAVIUS JOSfiPHE compétences variées, dont certainement quelques Pharisiens. Mais c’est précisément cet échec qui le rend précieux, car il est largement transparent à des influences contradictoires. Jérusalem, Octobre 1989 CONVENTIONS DIVERSES 1. Transcriptions Noms propres : on utilise, pour des raisons de clarté et de simplicité, les conventions adoptées dans la Bible de Jérusalem ou le cas échéant l’usage de la collection Budé, qui tiennent compte aussi de formes francisées traditionnelles (Josué, Sennachérib). Même REINACH et LOEB (cf. note sur 1:52), qui transcrivent selon l’orthographe de Josèphe, se voient obligés de donner leur forme usuelle à Adam, five, Caïn, Abel, Moïse. Cette règle souffre cependant quelques exceptions, en particulier dans les généalogies, lorsqu’il convient de mettre en relief les rapprochements phonétiques ou étymologiques proposés par Josèphe (on écrit par exemple Tharsis pour Tarshish, Assur pour Ashshur, Héber pour ›ber, Phaleg pour Péleg, etc.). Les relations entre les formes données par Josèphe et celles attestées dans les divers avatars connus de la Bible ne sont en général pas commentées, car elles feront l’objet de notices dans une concordance des noms propres, éditée séparément. Hébreu : les citations bibliques n’étant en général pas vocalisées, on adopte parfois pour la clarté une orthographe “qumranienne”. Les substantifs hébreux ou araméens transcrits sont en général transmis de manière fautive, et l’on s’est efforcé, en combinant les formes sémitiques connues et des informations glanées à travers les méandres de l’apparat critique, de restituer les vocalisations de Josèphe, souvent distinctes de celles des Massorètes (ex. assarôn pour oexyr, essên pour oyg, etc.). 2. Abréviations, bibliographie N. B. En fait de bibliographie, il n’est signalé que les abréviations de livres utilisées, c’est-àdire principalement de sources anciennes. Pour toute étude particulière, on renvoie à la documentation rassemblée dans l’Histoire de SCHÜRER-VERMES, et surtout au remarquable ouvrage de Louis H. FELDMAN, Josephus and Modern Scholarship (1937-1980), Berlin - New York, W. de Gruyter, 1984. Pour l’apparat de critique textuelle, les sigles et conventions utilisés sont ceux de NIESE, et les références des citations d’écrivains anciens se trouvent chez SCHRECKENBERG. AbotRN A, B Ab Zara Abraham. Agric. AJ ALBECK ANET aram. Salomon SCHECHTER, Aboth de Rabbi Nathan, New York, 19672. (Recensions ` et a). Cf. STRACK II, V, 1. Aboda Zara, de l’ordre Neziqin de la Mishna. PHILON, De Abrahamo, Loeb Classical Library, Vol. VI. PHILON, De agricultura, Loeb Classical Library, Vol. III. FLAVIUS JOSfiPHE, Les Antiquités juives. Hanoch ALBECK, Ëi™a sidré mishna, Jérusalem, 1964. J. B. PRITCHARD, Ancient Near Eastern Texts Relating to the Old Testament, Princeton, 19692. araméen. XXXIV ARNAUD FLAVIUS JOSfiPHE Robert ARNAUD, dit ARNAUD D’ANDILLY (trad.), Flavius Josèphe. Histoire ancienne des Juifs, La guerre des Juifs contre les Romains, 66-70 après J.-C. Autobiographie (Adapté en français moderne par J. A. C. BUCHON), Paris, 1968. Asatir Chroniques samaritaines (Sam. Chron. I de J. MACDONALD), cf. Moses GASTER, The Asatir. The Samaritan Book of the “Secrets of Moses” (Oriental Translation Fund, NS 26), London, 1927. B... (ex. : BYoma 11b) Talmud de Babylone, traité (y compris les “petits traités” sans Mishna correspondante), pagination usuelle. BabaQ, BabaM, BabaB Baba Qama, Baba Me®ia, Baba Batra, de l’ordre Neziqin de la Mishna. BAILLY Anatole BAILLY, Dictionnaire grec-français. Paris, 196326. Berakot Berakot, de l’ordre Zeraªim de la Mishna. Bible d’Alexandrie Marguerite HARL et al., La Bible d’Alexandrie, LXX : 1. la Genèse, Paris, 1986 ; 2. l’Exode, Paris, 1989 ; 3. le Lévitique, Paris, 1988. Bib. rab. Bible rabbinique, cf. Miqraot Gedolot. 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Charles DAREMBERG, Édouard SAGLIO et al., Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, Paris, 1873-1919. Edd Principaux éditeurs de FJ : Dindorf, Niese, Naber, Reinach, Loeb, Schalit. Erudit. PHILON, De congressu quaerendae eruditionis gratia, Loeb Classical Library, Vol. IV. ÉTIENNE DE BYZANCE Stephanus Byzantinus cum adnotatione L. HOLSTENII, A. BERKELII & Th. DE PINEDO, Leipzig, 1825. ExR Exode Rabba (Shemot Rabba), deuxième partie du Mid. Rabba. Cf. STRACK III, IV, 6. FJ FLAVIUS JOSfiPHE. Fuga PHILON, De fuga et inventione, Loeb Classical Library, Vol. V. G FLAVIUS JOSfiPHE, La Guerre des Juifs contre les Romains. GenR Genèse Rabba (Bereshit Rabba), première partie du Mid. Rabba. Cité selon Yehuda THEODOR, Bereschit Rabba, mit kritischem Apparat und Kommentar, Berlin, 1912. Complété et réédité par Hanok ALBECK, Jérusalem, 19552. Trad., cf. Mid. Rabba. Cf. STRACK III, III, 1. Géogr. Géographie de PTOLÉMÉE, cf. Charles MÜLLER, Claudii Ptolemaei geographia. Paris, 1883-1902. Gigant. PHILON, De Gigantibus, Loeb Classical Library, Vol. II. GINSBERG Louis GINSBERG, The Legends of the Jews, Philadelphia, 1909-1938, 7 vol. LES ANTIQUIT›S JUIVES Git Greek and Latin Hénoch Haeres Hist. graec. Hist. nat. Historia Hul IBN EZRA In exodum In genesin Ioseph. JASTROW JBL JELLINEK JJS JNES Josué sam. JQR JSJ Jubilés Kelim Ketub Krit LDJ Leg. alleg. LévR LIEBERMAN litt. LOEB Luc LXX (A, B, S…) XXXV Gi†in, de l’ordre Nashim de la Mishna. Menahem STERN, Greek and Latin Authors on Jews and Judaism, Jérusalem, 3 Vol. 1974-1984. André CAQUOT, I Hénoch, dans : André DUPONT-SOMMER & Marc PHILONENKO, La Bible : écrits intertestamentaires, Paris, 1987, p. 471-625. PHILON, Quis rerum diuinarum haeres, Loeb Classical Library, Vol. IV. Charles MÜLLER, Fragmenta historicorum graecorum, Paris, 18781938. PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, Loeb Classical Library, 19661979 ; Collection Budé, 1947-1977. 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Recension “lucianique” de la LXX : Paul DE LAGARDE, Librorum ueteris testamenti pars prior graece, Göttingen, 1883, et cf. Septuaginta, uetus testamentum graecum auctoritate academiae scientiarum gottingensis, Göttingen, 1974-. Texte de la Septante, sauf indication contraire, selon Alfred RAHLFS, XXXVI FLAVIUS JOSfiPHE Septuaginta, Stuttgart, 1935. Les sigles A, B, S, désignent respectivement l’Alexandrinus, le Vaticanus et le Sinaïticus. (Trad. et comm. : cf. Bible d’Alexandrie). M. Tora MA‰MONIDE, Mishné Tora, traité, chapitre, halakha. M... (ex. : MPéa 3:2) Mishna, nom du traité, chapitre, mishna. Cf. STRACK II, I. MA‰MONIDE, hilk… Cf. M. Tora, traité… Mak Makkot, de l’ordre Neziqin de la Mishna. MekhRI Mekhilta deRabbi Yishmaël, citée volume et page selon Jacob Z. LAUTERBACH, Mekilta de-Rabbi Ishmael, Philadelphie, 1933, 3 vol. MekhSY Mekhilta de-Rabbi Shimªon bar Yoåaï, citée selon Jacob N. EPSTEIN & Ezra Z. MELAMED, Mekhilta d’Rabbi Ëimªon b. Jochai, Jerusalem, 1955. Cf. STRACK III, II, 3. Melekhet haMishkan Baraita de-Melekhet haMishkan, cf. JELLINEK, I. Cf. STRACK III, II, 2b. Menaå Menaåot, de l’ordre Qodashim de la Mishna. Meg Megila, de l’ordre Moªed de la Mishna. Meg. Taan Megilat Taanit, cf. Hans LICHTENSTEIN, “Die Fastenrolle, eine Untersuchung zur jüdisch-hellenistischen Geschichte”, HUCA (8-9), 19311932. Cf. STRACK I, IV, 3b. Mid. Agada Salomon BUBER, Midrasch Agada (ªal åamisha åumshé Tora), Wien, 1894. Mid. Ps Midrash Tehilim. W. G. BRAUDE, The Midrash on Psalms, New Haven, 19763, 2 vol. Cf. STRACK III, VI, 2. Mid. Rabba Midrash Rabba. Trad. anglaise : Soncino ed., London, 1939. Mid. Tann. Midrash Tannaïm, cité selon David HOFFMANN, Midrasch Tannaim zum Deuteronomium, Berlin 1908-1909. Cf. STRACK III, IV, 9. MidG Midrash ha-Gadol (sur le Pentateuque). Cf. STRACK III, VIII, 4. Migr. Abraham. PHILON, De migratione Abrahami, Loeb Classical Library, Vol. IV. Miqraot Gedolot [Tora, Prophètes et ›crits avec massore, targums et commentaires juifs traditionnels], nombreuses éd. depuis l’éd. Daniel BOMBERG, Venise, 1524-1525. Moed Qa† Moªed Qa†an, de l’ordre Moªed de la Mishna. ms., mss manuscrit(s). Monarchia PHILON, De monarchia; Loeb Classical Library, Vol. V. Mut. nom. PHILON, De mutatione nominum, Loeb Classical Library, Vol. V. n., nn. note, notes. NABER FLAVII IOSEPHI Opera omnia (ed. Samuel A. NABER). 7 vol., Berlin, 1885-1895. NAÅMANIDE Commentateur du Pentateuque, cf. Miqraot Gedolot. Nida Nida, de l’ordre Toharot de la Mishna. NIESE FLAVII IOSEPHI Opera (ed. Benedikt NIESE), 7 vol. Berlin, 1885-1895 ; (ed. maior). NIESE2 FLAVII IOSEPHI Opera (ed. Benedikt NIESE), 6 vol. Berlin, 1888-1895 ; (ed. minor). NombR Nombres Rabba (Bemidbar Rabba), quatrième partie du Mid. Rabba. Cf. STRACK III, IV, 7. om. omet(tent), omission. Onomast. Erich KLOSTERMANN, Eusebius Werke ; III. Band, 1. Heft : Das Onomastikon der biblischen Ortsnamen, Leipzig, 1904. Op. mundi PHILON, De opificio mundi, Loeb Classical Library, Vol. I. Oracles Sibyllins Aloisius RZACH, Oracula Sibyllina, Wien, 1891. (Traduction partielle : Valentin NIKIPROWETZKI, Oracles sibyllins, dans : André DUPONTSOMMER & Marc PHILONENKO, La Bible : écrits intertestamentaires, Paris, 1987, p. 1041-1140.) par. parallèle(s). PAULY-WISSOWA Paulys Real-Encyclopädie der klassischen Altertumswissenschaft, hsgb. LES ANTIQUIT›S JUIVES XXXVII von G. WISSOWA, Stuttgart, 1894-. Pesiq. R. Kahana pages selon S. BUBER, Pesiqta, vehi iggeret ere®-yisrael, Lyck, Meki®ei Nirdamim, 1868. Cf. STRACK III, IV, 2. Pesaå Pesaåim, de l’ordre Moªed de la Mishna. PHILON Cité d’après les éditions du Loeb Classical Library et du Cerf (“Les Œuvres de Philon d’Alexandrie”). Pirqé R. ›liézer pages selon Gerald FRIEDLANDER (transl. and annot.), Pirké de Rabbi Eliezer, New York, 19814. Poster. 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STRACK III, IV, 4. TanåB Midrash Tanåuma, selon Salomon BUBER, Midrasch Tanchuma, Vilna, 1885 (pag. par livre, ex. 2:18 = Shemot, p. 18). Cf. STRACK III, IV, 4b. TAPA Transactions of the American Philological Association. TargumP Roger LE DÉAUT, Targum du Pentateuque (Sources Chrétiennes 245, 246, 261, 271), Paris, 1978-1980. (Trad. et comm. de TYon et TNeof). Temura Temura, de l’ordre Qodashim de la Mishna. THACKERAY H. St. J. THACKERAY, Josephus : The Man and the Historian, New York, 1929. TM Texte massorétique. TNeof Targum “Neofiti”, cf. Alejandro DÍEZ MACHO, Neofiti I, targum palestinense, ms de la biblioteca vaticana, Textos y Estudios 7-11 & 20, Madrid, 1968-1979, 6 vol. (Trad. et comm., cf. TargumP). TOB Traduction Œcuménique de la Bible, Paris, 1972. TOnq Targum d’Onqelos, cf. Bibl. rab. et Alexander SPERBER, The Bible in Aramaic. Vol I : The Pentateuch according to Targum Onkelos, Leiden, 1959. Tosafot Commentateurs du Talmud de Babylone (successeurs de RASHI). trad. (rab.) tradition (rabbinique). TSam Targum samaritain. TYer Targum fragmentaire (Jérusalem), cf. Bibl. rab. et (Trad. et comm., cf. TargumP). TYon (Pentateuque) Targum du pseudo-Jonathan ben Uziel, cf. Bibl. rab. (Trad. et commentaire, cf. TargumP). TYon (Proph., écr.) Targum dit de Jonathan ben Uziel, cf. Bibl. rab. et Alexander SPERBER, The Bible in Aramaic. Vol II, III, IVa., Leiden, 1959-1973. VetLat Vetus Latina. Die Reste der altlateinischen Bibel, nach P. Sabatier neu gesammelt…, Freiburg/B, Herder, 1949-. Victim. PHILON, De uictimis, Loeb Classical Library, Vol. V. Vie d’Adam Vie grecque d’Adam et five, trad. et ann. par D. A. BERTRAND, dans : André DUPONT-SOMMER & Marc PHILONENKO, La Bible : écrits intertestamentaires, Paris, 1987. Vita Mosis PHILON, De uita Mosis I & II, Loeb Classical Library, Vol. VI. Vulg. Vulgate latine de Jérôme, cf. 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XL FLAVIUS JOSfiPHE SUR LA DEUXIÈME ÉDITION L’édition initiale se trouvant épuisée, il a été jugé préférable, plutôt que d’en refaire un tirage, d’introduire diverses corrections et compléments, et surtout de tenir compte des suggestions des critiques1, pour le fond comme pour la forme. Il s’agit donc bien d’une seconde édition, surtout pour le commentaire. L’introduction précédente est cependant reproduite sans changements, car celle du volume suivant (Livres III-VI), à paraître sous peu, reprendra divers aspects relatifs à la Loi, à l’histoire, aux Samaritains, aux relations entre Josèphe et Philon… Jérusalem, Novembre 1991 1 . En particulier de Louis H. FELDMAN, “Nodet’s New Edition of Josephus’ Antiquitiesææ”, JSJ 22 (1991), p. 88-113. LES ANTIQUIT›S JUIVES XLI