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La révolte batave

Abstract

Travail réalisé en 2e année de Bachelier en Histoire à l'Université de Louvain-la-Neuve, dans le cadre du cours d’heuristique de l'Antiquité. Il s'agit d'une liste non exhaustive de travaux, brièvement présentés, pouvant servir à l'étude de la révolte batave, ainsi qu'une présentation de sources écrites et iconographiques se référant à ce sujet.

DILLEN Téo, HIST 12BA, 7375-22-00 Année 2023-2024 « La Révolte Batave » Travail individuel LHIST 1241 Professeure : Van Haeperen Françoise Assistant : Wenkin Loïc LHIST1241 Heuristique spéciale et exercices, antiquité Introduction et mise en contexte Introduction Nous essaierons dans ce travail de présenter brièvement les origines et le déroulement de la révolte des Bataves, de parcourir l’historiographie de ce sujet au cours du temps par les historiens, ainsi que de réaliser une bibliographie d’ouvrages et d’articles nous permettant d’appréhender au mieux le sujet, en commençant par les instruments de travail disponibles, puis les ressources électroniques, avant de détailler les quarante travaux consultés pour trouver le plus grand nombre d’informations sur la révolte. Nous joindrons ensuite à ce travail une seconde bibliographie, celle-ci comprenant les sources d’époque relevant de notre sujet, tant épigraphiques que textuelles. Enfin, nous terminerons ce travail par une conclusion générale de nos recherches. Mise en contexte On pourrait se contenter de décrire la révolte batave comme l’une des nombreuses insurrections d’un peuple germanique face à un empire romain menaçant, mais ce serait grandement minimiser l’impact de cette révolte sur le monde romain, et les conséquences qu’elle a ensuite eues pour les provinces de la Germanie Inférieure Le terme de « Germanie Inférieure » nous sert ici de repère géographique uniquement, puisque cette province ne sera créée par Domitien qu’en 90 de notre ère. Il s’agit pour l’instant d’une région périphérique relativement indépendante. sur les règnes des futurs empereurs. L’origine des bataves est disputée. Selon Tacite, il s’agirait d’une branche d’une tribu plus ancienne, les Chattes, qui aurait migré suite à un conflit avec les Suèves, vers les iles de l’embouchure du Rhin, dont la principale sera appelée par la suite « insula batavorum Il faut cependant noter que les fouilles archéologiques menées sur cette ile, aujourd’hui appelée « Île de Betuwe » attestent de plus d’un phénomène de mélange entre plusieurs peuples qui se nommeront par la suite « bataves », au lieu de l’arrivée des bataves en terres désertes dépeinte par Tacite. Source : Huntink Emmelie, The Roman Limes in the Rhine Delta: A historical perspective on the early developments of the north-western frontier of the Roman Empire, Leiden, Leiden University, 2022, pp. 45-51. ». Dans les années précédant la révolte, les bataves formaient un peuple en bons termes avec Rome, faisant partie de leurs régions périphériques et fournissant aux troupes romaines des cavaliers auxiliaires Ils étaient d’ailleurs plus autonomes que certaines autres tribus et exemptés de taxes, de par leur aide apportée à Drusus et Germanicus lors des révoltes des Germains en 12 et 16 de notre ère. . Dès le début l’année 68, une tentative d’insurrection menée par Caius Iulius Vindex contre Néron se diffusera de la Germanie à l’Espagne, où elle atteindra Servius Sulpicius Galba, avant d’être défaite par des partisans de Néron en mai 68. Un des chefs de cette rébellion, Iulius Civilis, sera envoyé à Rome comme prisonnier. Un mois plus tard, une fois Néron mort et Galba intronisé, il libèrera Civilis et confiera les régions rebelles de la Germanie à Aulus Vitellius qui, se sentant floué de ne pas avoir joué un rôle plus important lors de cette révolte, refusera de prêter solennellement allégeance au nouvel empereur. Le 2 janvier 69, les légions du Nord proclament Vitellius empereur et, 13 jours plus tard, Galba est assassiné par des partisans d’un ancien allié et nouvel empereur, Marcus Salvitus Othon, qui sera lui-même défait en avril par Vitellius, nouvel empereur de Rome, tandis qu’en juillet, Vespasien sera acclamé empereur par ses troupes, en Égypte. C’est dans le cadre de cette ascension au pouvoir de Vitellius, majoritairement soutenu par les Germains, que Iulius Civilis – officiellement du coté de Vespasien mais désirant uniquement libérer les Gaules de Rome – entama ladite « révolte bataves », avec l’aide d’autres tribus et de Gaulois. Malgré la destruction de camps romains et la prise de villes comme Cologne et Mayence, la défaite de Vitellius face à Vespasien en décembre 69 et l’intronisation de ce dernier sonnèrent la fin de la Révolte, due à des tensions internes alimentées par les Romains « Néanmoins, dès la mort de Vitellius et l’acclamation de Vespasien, les Gaulois ne mirent que peu de temps avant de rejoindre le giron romain et lâcher Civilis et sa rébellion. Ce dernier était, en effet, plutôt mal vu par les Gaulois, car il n’avait pas prêté serment à l’empire des Gaules, alors qu’il n’hésitait pas à y imposer son pouvoir. Par ailleurs, ses principaux alliés étaient des peuples germaniques et la vieille peur de la menace germanique (metus germanicus) fut ranimée par les Romains afin d’effrayer les Gaulois et les ramener dans leur camp. » Source : Liégeois Liselotte, La révolte des Bataves en 69-70, dans La revue d’Histoire Militaire, consulté en ligne sur le site https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2023/08/22/la-revolte-des-bataves-en-69-70/#_ftn18, le 28/10/2023. et l’envoi par le nouvel empereur de légions pour mater la révolte. Après une défaite à Trèves, Civilis se rendit aux Romains et, bien que les Bataves perdirent beaucoup de privilèges et d’autonomie, il devint leur allié dès l’an 70. Historiographie Si le sujet des « barbares germaniques » est traité dans le détail par les historiens depuis de nombreuses années, il se concentre dans son immense majorité sur deux aspects : les perceptions de ces peuples par la république romaine, à la veille des conquêtes hors de la péninsule italienne et des Gaules, et sur les incursions germaniques ayant lieu à l’époque du Bas Empire Romain, entre le ive et le ve siècle de notre ère. Si les écrits concernant la résistance du nord de l’Europe face à l’expansion romaine ne manquent pas, ils semblent se raréfier une fois la conquête des Gaules achevée. Il faut néanmoins citer quelques exceptions, où les Germains ressurgissent aussi brutalement dans les écrits que face aux légions romaines, comme lors de la bataille de Teutobourg La bataille de Teutobourg est une défaite romaine en Germanie de l’an 9, qui a résulté en une embuscade provocant la destruction de trois légions sous le commandement de Publius Varus et la perte de deux aigles en or. En y ajoutant le rôle d’Arminius, commandants des forces anti-romaine et ancien auxiliaire de Varus, on y voit un évènement traumatisants pour les romains et un composant fort de l’indépendance germanique. , en 12 avant notre ère. Les sujet des tribus germaniques pendant le premier siècle de notre ère, quant à lui, est relativement peu traité en lui-même, et le très faible nombre d’ouvrages dédiés à ce sujet nous oblige à l’étudier via d’autres accès. Ainsi, nous avons effectué la majorité de de nos recherches sur notre sujet via les thèmes suivants : l’histoire militaire romaine, l’histoire de Néron et Vespasien, l’histoire des Gaules, l’année des quatre empereurs, les relations entre les peuples romains et germaniques au premier siècle de notre ère et les évolutions des frontières romaines dans le nord de l’empire. C’est suite à cette approche détournée de notre sujet que nous nous sommes rendus compte que, par ces accès, les sources sur les bataves (et plus spécifiquement sur notre sujet) sont en revanche très abondantes. Le Bataves et leur révolte semblent avoir été traité dans le détail par des historiens depuis les années 50, avec une précision croissante dans les travaux. Si les premiers se concentraient sur les affrontements entre les légions et es rebelles, de nombreux travaux récents se sont intéressés à la construction sociologique de cette révolte, à l’impact de celle-ci sur le monde de l’époque et sur ses causes sociales. Nous pouvons expliquer cet intérêt pour l’études des bataves et leur révolte au vu des impacts de celle-ci, et des liens que ce peuple a entretenu avec Rome au cours de son histoire, du moins jusqu’à la fin de la révolte, où leur défaite entrainera un retrait des privilèges qui leur étaient accordés et une diminution de leur participation à la « Grande Histoire Romaine ». Bibliographie Outils de travail Les premières recherches par les outils de travail nous ont permis de définir une série de termes utiles à notre investigation. Nous avons utilisé les mots clés suivants : « barbares », « bataui », « batauorum », « batave », « Civilis , « Flavien », « Galba », « Germania », « Vitellius », « Vesapsien » et « Vindex », ainsi que les noms des auteurs latins de nos sources, pour le dictionnaire des auteurs grecs et latins de l’Antiquité et du Moyen Âge. Bouillet Marie-Nicolas, Dictionnaire Classique de l’antiquité sacrée et profane, t. 1, Paris, Editions Béthune, 1826, pp. 294-306. Bien que très ancien et donc à être manipulé avec beaucoup de précautions, vis-à-vis des informations présentes possiblement dépassées, ce livre de Marie-Nicolas Bouillet possède des atouts très précieux, qui nous ont poussé à le joindre dans cette bibliographie. En effet, ce travail contient des notices uniques, qui apportent de précieuses informations sur la révolte des Bataves, que nous n’avons trouvées dans aucun autre dictionnaire Nous pouvons par exemple citer la notice sur « Civilis » qui, bien qu’il soit cité dans la plupart des encyclopédies pour son rôle dans la révolte, ne possédait pas de notice propre. De plus, le Dictionnaire Classique de l’Antiquité sacrée et profane est le seul instrument de travail à faire état des stratégies militaires de ce dernier, ce qui en fait un ouvrage essentiel pour notre travail. . De plus, ce livre cite des sources d’époque qui sont, pour les autres outils de travail, rarement recensées. Enfin, la qualité scientifique de Marie-Nicolas Bouillet est attestée par cette remarque du Grand Dictionnaire Universel du xixe siècle C’est par la formule « le nom de l'auteur a passé dans la langue, et que l'on donne aujourd'hui le nom de Bouillet à tout dictionnaire d'histoire et de géographie » que le dictionnaire Larousse entendait, en 1865, attester du sérieux de l’autrice.. Buchwald Wolfgang, Hohlweg Armin, Prinz Otto, (dir.), Dictionnaire des auteurs grecs et latins de l'Antiquité et du Moyen âge, Paris, Turnhout, 1991. Utilisé exclusivement afin d’analyser la pertinence des auteurs des sources consultées, cet instrument de travail se révèle très fiable et ne manque pas de nous présenter les auteurs de nos sources et, de manière plus importante, de nous mettre en garde quand il le faut sur certains aspects de leurs travaux. Daremberg Victor, Saglio Edmond, Pottier Eugène, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines d'après les textes et les monuments, contenant l'explication des termes qui se rapportent aux mœurs, aux institutions, à la religion, et en général à la vie publique et privée des anciens, t. 1, Paris, Hachette, 1877-1919. Bien que cette source soit assez ancienne, et donc à prendre en considération avec une certaine distance vis-à-vis des informations, elle apporte des informations précieuses sur d’autres aspects des Bataves lors de la révolte, notamment ceux présents dans l’armée en ce moment « Quand les gardes du corps germains eurent été licenciés par Galba, les cavaliers du Rhin continuèrent à servir dans les armées romaines, mais à titre d’auxiliaires, et non de plus de milices privilégiées. Il y eu donc des cohortes et des alae Batavorum », Berge Charles, « batavi », dans Daremberg Victor, Saglio Edmond, Pottier Eugène, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines d'après les textes et les monuments, contenant l'explication des termes qui se rapportent aux mœurs, aux institutions, à la religion, et en général à la vie publique et privée des anciens, t. 1, Paris, Hachette, 1877-1919, p. 682. . Ces nouvelles informations sont également sourcées, ce qui nous permet de retracer leurs origines. Glare Peter G. W., The Oxford Latin dictionary, 2e éd., Oxford, Oxford University Press, 2012. Il s’agit ici du premier des trois dictionnaires Oxford que nous avons consultés pour notre travail. Il s’agit d’excellents ouvrages, regorgeant d’informations fiables, et qui abordent de nombreux aspects des sujets traités, notamment politiques et géographiques, en plus de l’approche historique. Bien que les informations trouvées dans le Oxford Latin dictionary n’apportent que peu d’éléments en plus de ce que nous avons trouvé ailleurs, il contient néanmoins de très bonnes pistes pour les citations d’époque. Gagarin Michael, The Oxford encyclopedia of ancient Greece and Rome, Oxford, Oxford University Press, 2010. Nous avons spécialement consulté ce dictionnaire dans le but non pas de nous renseigner sur les Bataves, à propos desquels les informations présentes sont assez faibles comparées à certains des autres instruments de travail présentés ici, mais pour ses notices sur le monde germanique et les « Barbares », et afin de nous renseigner cette fois plus sur le contexte, la connaissance, et la perception de ces peuples germaniques par l’empire romain du premier siècle, au vu par exemple des relations déjà entretenues par Néron avec le peuple batave. Hornblower Simon (dir.), The Oxford classical dictionary, 4e éd., Oxford, Oxford University Press, 2012, pp. 223-225. Cet excellent dictionnaire est celui qui, de tous les instruments de travail que nous avons consultés, possède la thématique la plus large, puisqu’il est le seul à ne pas être centré sur le monde antique. Il nous a semblé intéressant de le consulter pour cette raison, puisqu’il nous permet d’allier la précison et l’exactitude des dictionnaires Oxford et une autre vision de notre sujet, plus large, qui est complémentaire à des recherches plus précises. Cet instrument de travail a apporté d’intéressantes informations sur le passif des Bataves vis-à-vis de Rome, lors des révoltes du début du premier siècle, et sur la considération dont ils jouissaient chez les Romains, du moins avant la révolte. Karlheinz Dietz, « batavi », dans Cancik, Hubert, Schneider Helmuth (éd.), Brill's new Pauly: Encyclopaedia of the Ancient world: Antiquity, t. 2, Leiden – Boston, Brill, 2005, pp. 548-552. La réputation et l’exactitude la Brill's new Pauly n’est plus à refaire, de par son niveau d’exhaustivité et d’exactitude, qui s’est confirmé dans la lecture des notices relatives à notre sujet. Dans les notices consultées, « batavi », « batavian Revolt » et « batavis », nous ne pouvons que noter la qualité de l’information, sans égale dans les autres instruments de travail. Si la révolte batave y est brièvement décrite, c’est cependant avec un grand nombre de citations d’époque, toutes référencées, et avec le soin d’y apporter une certaine nuance, notamment en mettant en perspectives les désaccords entre les différentes versions de l’évènement. De plus, la notice sur la révolte est suivie d’une carte, qui en détaille l’organisation, ses répercussions, et d’autres informations qui ne sont présentes nulle part ailleurs, comme les camps fortifiés des Romains, les batailles et les sièges Voir Annexe n°1. (avec leurs vainqueurs). Bases de données Bibliotheca Classica Selecta Lien du site : http://bcs.fltr.ucl.ac.be/ Il s’agit sans doute ici du site le plus utile que nous ayons eu à consulter lors de la rédaction de ce travail, de par sa fiabilité incontestable et la diversité des outils proposés. Comme découvert en cours, la Bibliotheca Classica Selecta est une base de données créée conjointement par deux professeurs d’histoire, Jean-Marie Hannick et Jacques Poucet. Cette base de données, relativement intuitive et facile d’utilisation, nous a renvoyé vers des notices, des ouvrages et également des éditions critiques, que nous avons utilisés dans ce travail. Bulletin Analytique d’Histoire Romaine (BAHR) Lien du site : https://archimede.unistra.fr/activites-de-recherche/bulletin-analytique-dhistoire-romaine-bahr/ Nous avons utilisé cette base de données, anciennement sous format papier mais engagée dans un processus de numérisation depuis les années 2000, pour trouver un bon nombre de sources concernant la révolte batave. Ce site nous a aiguillé vers des articles récents qui, en plus de nous apporter des informations, nous permettent ensuite d’obtenir de bonnes bibliographies et d’autres références de travaux. Portail de revues Cairn Lien du site : https://www.cairn.info/ Créé en 2005 avec la collaboration de grandes maisons d’éditions scientifiques françaises, Cairn permet de consulter des ouvrages et des articles avec une grande facilité et disponibilité. Cette ressource nous a fortement aidé pour trouver des chapitres d’ouvrages collectifs se rapportant spécifiquement aux Bataves. Persée Lien du site : https://www.persee.fr/ Cette ressource électronique, en libre accès total, nous a été d’une grande aide pour nos recherches, de par la masse de documents présents A l’heure de l’écriture de ce travail, le site vient de franchir la barre des 1 million de documents en accès totalement libre. . Bien que ce site regorge de monographies très précises, la grande ancienneté de celles présentant des informations sur notre sujet de recherche nous a poussé à plus utiliser cette ressource pour ses compte-rendu d’ouvrages que nous avons analysés, afin de vérifier leur pertinence. De plus, Persée est très utile pour établir des listes de sources possibles. Thesaurus Linguae latinae Lien du site : https://tll.degruyter.com/ Il s’agit d’un dictionnaire en ligne, créé en papier en 1893 et aujourd’hui totalement disponible en ligne, qui couvre un nombre très impressionnant de thématiques, et qui permet – grâce à une interface simple et intuitive – de trouver rapidement de premières informations sur un sujet de l’Antiquité romaine. Monographies et ouvrages collectifs Bingham Sandra, The Praetorian Guard, a History of Rome’s Elite Special Forces, Waco, Baylor University Press, 2013, pp. 33-36. Nous avons choisi ce livre car il permet une approche unique de notre sujet. En effet, cet ouvrage aborde un sujet d’une immense importance qui, pourtant, semble délaissé dans les autres ouvrages militaires. Il s’agit du rôle de la garde prétorienne dans la nomination, la survie, et le maintien de l’ordre sous et entre les différents empereurs. Leur rôle lors de l’année 69 est très important, puisqu’ils participaient à l’élection des prétendants aux trônes mais, si l’on se souvient qu’il résidait à Rome une fraction montée majoritairement batave de cette garde, leur rôle n’en devient qu’encore plus proéminant et nous permet de nous questionner sur le rôle de cette élite lors de la révolte, elle qui fut renvoyée par Galba. Bohec Yann (le), « Guerre et opinion publique dans le monde romain sous le principat », dans Baechler Jean, Ramel Frédéric, L’Arrière, Paris, Hermann, 2017, pp. 37-45. Ce chapitre du livre de Frédéric Ramel met en avant le changement profond que l’année des quatre empereurs, dont la révolte batave n’est qu’un des évènements, a entrainé dans le monde romain, en décrivant l’évolution du rôle de l’armée romaine, nouvellement de métier, qui s’est retrouvée au premier plan de la scène politique dès la mort de Néron, et est devenue un élément clé pour l’avènement de tout nouvel empereur. Yann Bohec prend aussi le temps de souligner le rôle croissant des provinces dans la politique romaine, notamment en Gaule. Ce sont des facteurs propices aux mentions des Bataves. Boyle Anthony, Dominik William, Flavian Rome, Culture, Image, Text, Danvers (USA), Brill’s Editions, 2003. Écrit par deux spécialistes de la culture et de la littérature romaine, ce livre nous permet de mieux appréhender les conséquences de la révolte batave, avec l’avènement de Vespasien, sous le prisme des changements culturels et iconographiques. La légitimité des auteurs semble évidente, puisqu’Anthony Boyle, professeur de culture et littérature romaine à l’Université de Dornsife, et William Dominik, professeur à l’Université de Lisbonne et spécialiste de la culture latine, ont tous deux publié de nombreux écrits sur les évolutions de la culture romaine. Bien que ce livre ne soit pas directement centré sur la révolte batave, il contient néanmoins une grande quantité de sources, certaines d’époque et d’autres sous forme de travaux d’historiens, qui le rendent très précieux pour faire l’historiographie de notre sujet. Breeze David, The Frontiers of Imperial Rome, Barnsley, Pen and Sword Military, 2011. Étayé par plusieurs compte-rendu élogieux Nous citerons ici les suivants : Colling David. « David J. Breeze, The Frontiers of Imperial Rome, 2011 », dans L'Antiquité Classique, Bruxelles, L’Antiquité Classique ASBL, t.82, 2013. pp. 575-576 et Rance Philippe, « “The Frontiers of Imperial Rome” by David Breeze », dans Society of Antiquaries of Scotland, consulté en ligne à l’adresse https://www.socantscot.org/resource/the-frontiers-of-imperial-rome-by-david-breeze/ le 01/11/2023., ce livre nous renseigne sur la construction et la signification des frontières de l’empire romain, qu’il ne faut évidemment pas envisager comme les frontières actuelles. David Breeze nous permet ici de comprendre les mécanismes de constructions de ces frontières, et l’importance des peuples septentrionaux relativement autonomes, dont les Bataves font partie. Briand-Ponsart Claude, Hurlet Frédéric, l’Empire romain d’Auguste à Domitien, Paris, Armand Colin, 2019, p. 227. Ce livre a été écrit conjointement par Claude Briand-Ponsart, un ancien maitre de conférences en Histoire Ancienne à l’Université de Caen, et par Frédéric Hurlet, professeur d’histoire romaine à Paris, ce qui est une première garantie, en plus de sa date de rédaction récente de fiabilité. Cet ouvrage, en plus de détailler la révolte de Civilis, met en avant le côté « personnel » de la révolte, qui semble plus dirigée envers l’empereur que l’idée même de l’empire. Clavé Yannick, Teyssier Éric, Petit Atlas historique de l’Antiquité Romaine, Paris, Armand Colin, 2019, pp. 142-145. Ce travail est écrit par Yannick Clavé, un docteur en histoire, professeur et chercheur du CREHS Le CREHS, ou Centre de Recherches d’Études Histoire et Société est un lieu de recherches et de publications scientifiques, majoritairement géré par des historiens, des archéologues et des historiens de l’art. Une grande partie de leurs écrits concernent la région des anciennes Provinces-Unies, dans l’Antiquité à nos jours. . En plus d’aborder l’histoire des révoltes de l’an 68-69, Yannick Clavé prend le temps de les mettre en parallèle et de les comparer. Ainsi, nous pouvons retirer de ce livre que, contrairement aux révoltes ayant lieu au même moment contre l’empire romain, notamment en Judée, celle-ci était majoritairement conduite par des nobles et des élites germaines, largement latinisée, et elle avait un aspect bien plus personnel que les autres, puisque le but était moins de se faire justice et de récupérer la gloire méritée, selon eux, que de se libérer de Rome. Enfin, cet ouvrage est l’un des seuls à faire référence à Plutarque dans ces sources au sujet des Bataves. C’est grâce à ce travail que nous avons trouvé la référence à un extrait de ce dernier, afin de diversifier nos auteurs antiques, alors uniquement composés de Tacite et Dion Cassius. Chastagnol André, La Gaule Romaine et le Droit Latin, Paris, De Boccard, 1995, p.185. Bien que cet ouvrage soit centré sur les évolutions du droit romain, et ne concerne donc pas directement notre sujet, il nous a semblé intéressant de le consulter, et ce pour deux raisons. La première étant sa très riche bibliographie des sources, tant littéraires qu’épigraphiques, et la seconde étant que, lors de la révolte, l’accès à la citoyenneté romaine sera de tout temps un atout majeur pour les Romains, de façon à rallier les tribus germaniques, désireuses d’être mieux considérées Nous trouvons à cette page une phrase nous expliquant que « Galba, écrit l’historien (Tacite), pour récompenser les Gaulois qui le servent après avoir soutenu Vindex, “répand le droit de cité parmi eux” ».. Cette stratégie sera réutilisée par Vespasien pour alimenter la discorde entre les insurgés. Colling, David, « Spécificités des soldats originaires des provinces germaniques dans l'armée romaine impériale », dans Le métier de soldat dans le monde romain : actes du cinquième congrès de Lyon organisé le 23-25 septembre 2010, Université de Lyon, 2013, pp. 49-71. Ce travail de David Colling aborde les cohortes germaniques dans son ensemble. L’auteur essaie de déterminer, parmi la masse de troupes auxiliaires romaines, lesquelles sont attestées germaniques et lesquelles nous pouvons supposer qu’elles le sont, via l’origine des noms retrouvés des soldats. Cette analyse permet de dater, entre autre, la fin du recrutement des Bataves, où l’auteur ne semble pas accepter la théorie couramment admise disant que ceux-ci ne furent plus recrutés après leur révolte, mais que cette fin survient à la fin du premier siècle, soit trente ans plus tard. Cornette Joël, Faure Patrice, Tran Nicolas, Virlouvet Catherine, Rome, cité universelle, de César à Caracalla (70 av J.-C. – 212 apr. J. -C.), Paris, Éditions Belin, collection, 2018, pp. 197-209. Cet ouvrage, d’écriture récente et réalisé conjointement par l’auteur d’une série de dix-sept livres sur le monde antique et un professeur en histoire romaine, fut une source très précieuse pour notre travail, car il retrace de manière unique les origines de la révolte batave, dès l’insurrection de Vindex, en détaillant les conséquences de chacune des actions des intervenants, et ce dans tout l’empire. Ce livre regorge également de sources iconographiques, telles que des pièces, une carte de l’empire pour suivre les répercussions de la révolte, et une copie de la Lex de imperio Vespasiani La Lex de imperio Vespasiani est un texte réalisé à la demande de Vespasien au lendemain de son de intronisation, dans le but de légitimer toutes les décisions prises par son armée dans le but de s’emparer du pouvoir. Cette Lex de imperio lui confie aussi toute une série de pouvoirs, de façon à dépeindre sa prise de pouvoir comme une action légitimée par le peuple romain. . C’est un apport majeur à notre travail, car il permet une vue d’ensemble du sujet, mais aussi de ses causes et conséquences. Cosme Pierre, « Les bataves au centre et à la périphérie de l’empire : quelques hypothèses sur les origines de la révolte de 69-70 », dans Hekster Olivier, Kaizer Ted, Frontiers in the Roman world: proceedings of the Ninth workshop of the International network Impact of Empire, Leyde, Brill, 2011, pp. 305321. Cet ouvrage nous a été utile pour deux aspects de notre travail. Le premier étant de mieux comprendre l’organisation et l’histoire des frontières de l’Empire Romain, tant à l’époque de notre sujet qu’au début des conquêtes romaines, pour en comprendre le fonctionnement et l’évolution. Le second aspect, lui directement lié à notre sujet de recherches, concernait le chapitre de Pierre Cosme, historien de la Rome antique. Ce travail met l’accent sur le rôle des Germani corporis custodes, des cavaliers au service de l’empereur à Rome, de majorité Bataves, licenciés sous Galba, ce qui conduisit cette élite militaire, désormais frustrée à l’encontre de Rome, à rentrer en Batavie, et possiblement à alimenter les prémices de la Révolte. Pierre Cosme essaie ici de donner une explication interne à la révolte, au lieu de l’hypothèse extérieure souvent privilégiée. Delaplace Christine, France Jerôme, Histoire des Gaules, vies. av. J.-C. – vies. ap. J.-C., Paris, Armand Colin, 2020, pp. 79-83. Bien que très général car s’étalant sur plus de mille ans, cet ouvrage retrace les relations entre la Gaule et les puissances extérieures de manière très complète, ainsi que la révolte de 69-70 de manière claire, ce qui nous permet de mieux appréhender un des aspects de la révolte souvent très peu traité : la participation et les motivations des tribus gauloises au soulèvement. Il s’agit d’un apport conséquent aux troupes de Civilis, qui ont participé à la prise de villes romaines, mais qui se retrouve souvent relégué au second rang par les historiens. Dieu Tristan, L'impact des auxiliaires bataves dans le jeu militaire romain ; depuis leur intégration par César, jusqu'à la dynastie des Sévères De la “Britannia” à la Dacie en passant par Rome, Mont-Saint-Aignan Cedex (Rouen), Presses Universitaires de Rouen, 2013. Il s’agit ici d’un travail très riche et précieux pour nos recherches, car il aborde de manière précise une large sélection de thématiques liées aux Bataves. Tristan Dieu, sous la direction de Pierre Cosme, déjà présenté ici, aborde en quatre parties le rôle des Bataves, dont chacune offre un grand nombre d’informations. La première partie nous renseigne sur l’origine de la participation des Bataves à l’armée romaine, la deuxième sur l’historiographie et les traces archéologiques de ceux-ci A l’occasion de la partie « historiographie » de son travail, Tristan Dieu a inséré une liste des soldats bataves et membres de la garde personnelle de l’empereur. Bien que très utile, nous n’avons pas jugé opportun de l’inclure dans notre bibliographie des sources archéologiques, puisque ces sources épigraphiques – allant de l’empereur Claude à 212 après notre ère, ne concernent pas directement la révolte. Néanmoins, les épigraphies concernant les Bataves à l’époque de la révolte se trouvaient déjà citées dans notre travail. . La troisième partie se concentre sur les actions militaires des cohortes bataves, et la dernière partie concerne l’épigraphie et la prosopographie du sujet. Bien que la révolte en elle-même ne soit pas traitée, ce travail regorge d’informations contextuelles et explicatives très précieuses. Dumézil Bruno (dir.), Les barbares, Paris, Presses Universitaires de France, 2016. Même si ce livre n’aborde pas du tout notre sujet de recherche, ou même la conception des barbares lors du premier siècle de notre ère, il est notamment utile pour s’initier à l’historiographie du « barbare » pour les Romains, depuis les débuts de la république jusqu’aux finales incursions germaniques du cinquième siècle. Nous pouvons donc voir cet ouvrage comme un résumé de l’historiographie de notre sujet, avec – comme évoqué dans la partie du même nom, un « trou » dans celle-ci entre la fin de la conquête des Gaules et le quatrième siècle. Ce livre est donc un apport intéressant à notre historiographie. Elton Hugh, Frontiers of the Roman Empire, London, Routledge, 2012, pp. 41-59. En plus de nous apporter de précieuses informations sur ce qu’était une frontière romaine « Prof. Elton make a valuable contribution to the unusual field of Roman frontier studies by reminding us that unlike a modern border, that is a sharply delineated line separating two states, the Roman frontier was a fuzzy zone between what was clearly Roman and what was clearly “other” », compte-rendu d’Albert Nofi sur l’ouvrage de Hugh Elton et la construction des frontières. , cet ouvrage de Hugh Elton, spécialiste de l’histoire militaire romaine, nous éclaire sur la situation légale des provinces périphériques et sur leurs relations avec Rome, en utilisant la révolte de Civilis comme cas d’exemple. Jacques François, Rome et l'intégration de l'Empire, 44 av. J.-C. - 260 ap. J.-C.. 1, Les structures de l'Empire romain, Paris, Presses Universitaires de France, 2015, pp. 440441. Écrit par un professeur d’histoire reconnu de l’Université de Lille, ce livre s’est avéré très instructif, non seulement pour les mentions directes de notre sujet dans l’organisation de l’armée François Jacques souligne l’existence d’autres groupes armés d’élites bataves à Rome, existant avant la révolte et réintégrés sous Trajan. En plus de la cohors ix batauorum, il précise la présence de speculatores et d’equites singualres, respectivement de la cavalerie d’éclaireurs et de bataillons plus hétéroclites. , mais également pour ses explications croisant deux sujets capitaux à la compréhension de notre sujet : l’organisation des provinces sous le Haut Empire et l’organisation de l’armée. En croisant ces deux sujets et en se concentrant sur les provinces septentrionales du nord de l’Empire, nous en apprenons plus sur l’organisation administrative de l’empire, et comment celui-ci s’assurait de la pacification et de l’intégration des peuplades extérieures, notamment par l’utilisation de chevaliers d’origine locale. Goldsworthy Adrien, The Roman Army at War, 100BC – AD 200, Oxford, Clarendon Press, 1996, pp. 42-53. Écrit par un historien et professeur d’université en Rome antique, ce livre nous a été utile pour mieux comprendre certains aspects des Bataves, en tant que peuple germanique en relation avec Rome. En effet, l’ouvrage ici présent étant centré sur l’histoire militaire, et la section intitulée « The opposition: The Germans » nous livre beaucoup d’informations sur leur organisation militaire, notamment lors des révoltes face à Rome, et nous permet de comprendre comment certaines actions, comme la destruction des garnisons romaines sur la frontière, furent possible. Haynes Ian, Blood of the provinces, The Roman Auxilia and the Making of provincial Society from Augustus to the Severans, Oxford, Oxford University Press, 2016, pp. 6063. Ce livre nous a renseigné sur la question des troupes auxiliaires dans l’empire romain, en détaillant leurs rôles, leurs origines et leurs faits d’armes. Dans une partie plus spécifique aux auxiliaires bataves, nous découvrons ici de précieuses informations sur leur fonctionnement, de leur début dans l’armée romaine, et sous Néron, en détaillant leur organisation et leurs liens avec l’armée romaine, jusqu’à l’importance de cette organisation lors de la révolte. Ian Haynes prend également le temps de souligner l’importance de la discipline pour les corps auxiliaires, surtout face à une armée telle que celle de Rome. Huntink Emmelie, The Roman Limes in the Rhine Delta: A historical perspective on the early developments of the north-western frontier of the Roman Empire, Leiden, Leiden Univesity, 2022, pp. 45-51, consulté en ligne à l’adresse https://studenttheses.universiteitleiden.nl/access/item%3A3446973/view, 26/10/2023. Il s’agit ici d’une thèse très récente d’une doctorante en histoire ancienne de l’université de Leiden, qui prend le temps de tout un chapitre pour retracer les liens entre Rome et le peuple batave, en prenant le temps d’analyser leurs origines, leur histoire, et leurs liens avec l’empire, tout cela en illustrant massivement ses propos de sources de Tacite, Suétone et Dion Casus. Il s’agit d’un des travaux les plus complet sur le sujet que nous ayons trouvé. Il parcourt l’intégralité de l’historiographie des Bataves, suivi d’une analyse de leur société à tous niveaux, avant de détailler les impacts de la révolte sur cette même société. Kleijn Gerda (de), Benoist Stéphane, Integration in Rome and in the Roman Empire, Leyde, Brill Editions, 2013, p.250. Suite à notre stratégie d’aller à la rencontre des informations sur la révolte batave, entre autres par l’aspect des changements de statut suite à celle-ci, nous avions présélectionné ce livre à analyser. Bien que nous n’y avons finalement pas trouvé de mentions des Bataves, cet ouvrage nous a permis, par ses sources iconographiques, de trouver une référence de gravure sur tuile qu’il nous a semblé opportun d’ajouter à notre bibliographie. Lamoine Laurent, Le pouvoir local en Gaule romaine, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2009, pp.100-101, 110-111. Nous avons trouvé dans ce livre deux mentions des Bataves, qui concernent respectivement les prémices de la révolte et l’apport des auxiliaires bataves dans l’armée impériale du premier siècle. Cette première mention nous détaille les stratégies de Vindex pour initier une révolte des Gaulois et Germains contre Néron, et la seconde se base sur une inscription du premier siècle de notre ère qui indique qu’un certain « Magusanus Hercule, Fils de Vihirmas, […]s’est acquitté de son vœu de bon gré CIL, XIII, 8771, traduite par Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier.  », ce qui atteste de participations des Bataves à l’armée romaine et leur rôle dans la cavalerie auxiliaire. Martin Jean-Pierre, Histoire Romaine, Paris, Armand Colin, 2019, pp. 212 à 225. Comme d’autres monographies consultées, cet ouvrage nous permet de replacer la révolte batave dans son contexte, ici celui de la succession d’Auguste à la tête de l’empire, et présente de légères variations dans les informations trouvées ailleurs, ce qui s’explique à chaque fois par l’angle d’approche choisi par l’auteur. Mayer-Olivier Marc, « la presencia de militares en Narona, Vid, Metković, Croacia, y las cohortes auxiliares de la zona », dans Wolff Catherine, Faure Patrice, Les auxiliaires de l’armée romaine, des alliés aux fédérés, Lyon, Université Jean Moulin, 2016, p. 441. Au vu du rôle des Bataves en temps qu’auxiliaires de l’armée romaine au premier siècle, il nous a semblé intéressant de consulter ce livre. Cependant, malgré quelques mentions des cavaliers bataves dans l’armée, et plus particulièrement de la « cohors ix batauorum », cet ouvrage n’a pu nous apporter qu’une source iconographique sur la LEGIO VIII AUGUSTA, alors stationnée dans l’ancienne province de la Dalmatie. Il s’agit d’une légion impériale ralliée à Vespasien et qui a joué le rôle très important de mater la révolte batave lors de la phase finale de l’année des quatre empereurs. Morin Mélissa, Le Delta du Rhin de César à Julien, Les représentations d’un environnement deltaïque aux frontières du monde romain, Laval (Québec), Presses Universitaires de Laval, 2014, pp. 91-104. Ce travail de Mélissa Morin analyse de manière très profonde la région du Rhin, tant de manière historique qu’archéologique. Ce travail fait état des connaissances et des perceptions des Bataves par les romains depuis la « découverte » de la région lors de la conquête des Gaules, ainsi que l’origine de l’implémentation des troupes germaines dans l’armée romaine, en tant que soldats auxiliaires. Grace à ce travail, nous avons pu retracer de manière précise l’historique de l’occupation et du processus de germanisation de la région, dont les Bataves ont été un élément important. Ce travail, enfin, accorde une place de choix à la révolte de Civilis de 68-69, et bien, qu’elle ne soit pas particulièrement mieux détaillée ici que dans d’autres travaux, tente de l’expliquer et de l’inscrire dans le contexte géopolitique de l’époque dans la région. C’est un travail de premier ordre, très complet, qui permet de se faire une idée détaillée des circonstances ayant menées à la révolte et du contexte de celle-ci. Salles Catherine, La Rome des Flaviens, Vespasien, Titus, Domitien, Paris, Éditions Perrin, 2002, pp. 17-50. Ce livre de Catherine Salles, professeure émérite de latin et du monde antique à l’Université de Nanterre, détaille les mécanismes de la prise de pouvoir des quatre empereurs, ce qui nous livre de précieuses informations quant à l’organisation de la révolte batave de Vitellius, ainsi que – pour la première fois – le déroulement de la vie de ce dernier à Rome, durant les sept mois qu’a duré son règne, jusqu’à sa défaite face à Vespasien. Speidel Michael, Roman Army Studies, Volume Two, Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1992, pp. 105-117. Dans cet ouvrage de Michael Speidel, grand spécialiste de l’armée romaine, nous avons trouvé beaucoup d’informations relatives à la révolte batave, via les récits des déplacements de légions et des affrontements. Il s’agit d’un ouvrage de grande qualité pour nos recherches, puisque l’abondance des sources citées n’égale que la précision des informations fournies, et ce grâce aux nombreux extraits des textes de Dion Casus. Ce livre détaille notamment l’évolution des corps auxiliaires bataves, qui servirent avant la révolte et qui furent renvoyés au lendemain de celle-ci. Taylor Donathan, Roman Empire at War: A Compendium of Roman Battles from 31 B.C. to A.D. 565, Barnsley, Pen and Sword Military, 2016, p.67. Ce livre se veut une ressource exhaustive de toutes les batailles livrées par l’Empire Romain d’Auguste à Justinien, soit les six siècles qui composent la durée complète de cet Empire. Au vu de la large période couverte, nous pouvions nous attendre à un manque de détails dans les informations présentes. Néanmoins, la partie explicative de la révolte batave reste relativement complète et synthétique, tout en nous apportant une autre vue des actions militaires. Thompson Edward, Romans and Barbarians, The decline of the Western Empire, Madison, University of Wisconsin Press, 1982, pp. 7-8. Comme pour l’ouvrage de Bruno Dumézil, ce livre nous a permis, sans aborder directement ou en profondeur le sujet de la révolte batave, de nous construire une banque de références aux barbares germaniques dans les monographies traitant directement des Bataves afin d’analyser l’historiographie de notre sujet de recherche. Articles Benoist Stéphane, « Le prince, la cité et les événements : l’année 68-69 à Rome », dans Historia, n°50-3, Paris, Sophia publication, 2001, pp. 279-311. Comme son nom le laissait supposer, cet article nous renseigne sur deux aspects de la situation de l’année 68-69. Le premier aspect évoqué ici concerne un point repris et analysé dans les sources d’époques Voir extrait de source n°12, Tacite, Histoires, IV, 68, Paris, Les Belles lettres, 1965, p. 272, texte édité et traduit par Goelzer Henri. , à savoir l’organisation des magistrats romains et de la cité de Rome au moment de la révolte, qui prend place dans le cadre plus large de l’année des quatre empereurs. Il s’agit d’un contexte marqué par de violentes prises de pouvoir et de nombreux complots entre magistrats pour tenter d’acquérir le plus de pouvoir possible. Le second aspect de ce travail qui nous a intéressé est le rôle des « princeps », un titre porté un temps par les empereurs romains, et leurs actions durant leurs – brèves – prises de pouvoir à la capitale de l’empire. Cependant, la plus grande utilité de ce travail a été l’état de la question de l’année 68-69 par les historiens antiques, et la manière dont ces sources nous sont parvenues. Bien que seulement une fraction de ces écrits concernent la révolte batave, cet article de Stéphane Benoist nous as été d’une aide inestimable pour le choix de nos extraits, afin d’en sélectionner les plus pertinents et les plus fiables. Bohec Yann (le), « Histoire militaire des Germanies d'Auguste à Commode », dans Pallas, n°80, Toulouse, Presses Universitaires du Midi, 2009, p. 177. Dans cet article, Yann le Bohec, que nous avons déjà consulté précédemment et qui est abondement cité dans d’autres ouvrages et comptes-rendus, nous en apprenons plus sur les origines sociales des instigateurs de la révolte, d’abord Vindex puis Civilis, qui auraient été tous deux des chevaliers. L’auteur explique cela entre autres par leur noms latins plus que germains, et par la considération dont jouissait Vindex auprès de Galba. Cela nous permet de repenser cette révolte, en prenant en compte le rôle des élites romaines d’origine germanique chez les peuples du Nord. Delencre Florent, Garcia Jean-Pierre, « La distribution des tuiles estampillées de la VIIIe légion Avgvsta », dans Revue Archéologique de l’Est, t.60, Dijon, Société archéologique de l’Est, 2011, pp. 553-562. Consulté dans le cadre de notre recherche de sources épigraphiques Comme expliqué en cours, lors du stationnement d’une armée à un certain endroit, il n’est pas rare de trouver dans les constructions alentours, datant de la période de stationnement, des tuiles estampillées du sigle de la légion, ce qui s’explique par la participation des légionnaires aux travaux publics. Ce sont de précieuses sources sur les légions romaines et leurs déplacements. , cet article nous a apporté de précieuses informations sur la LEGIO VIII AUGUSTA, la principale des huit qui furent envoyées au Nord par Vespasien dans le but de mater la révolte batave, à ce moment diminuée par l’abandon des Gaulois. Bien que les informations concernant notre sujet soient assez faibles, ce travail nous permet de suivre les déplacements de la légion, à un certain moment de ses nombreux trajets. Les sources épigraphiques de cette période se sont révélées les plus précieuses des informations trouvées. Lamoine Laurent, « Les élites locales gauloises entre rupture et continuité (milieu Ier siècle av. J.-C. - Julio-Claudiens) », dans Philtate, n°3, Saint-Jacques de Compostelle, Servizo de Publicacións da Deputación de Lugo, 2018, pp. 194-196. Ce travail s’intéresse, comme son nom l’indique aux élites gauloises, à leur histoire et à leurs liens, tant avec les peuples voisins qu’avec Rome, un acteur que l’on ne saurait négliger. En plus de tracer le rôle des Gaulois dans la révolte ainsi que leurs ambitions personnelles Un des aspects de notre sujet que nous n’avons pu développer ici était la volonté des Gaulois d’établir, à travers la révolte de Civilis, un « Empire des Gaules », libre de toute incursion latine. Ce sera cette divergence de but avec les Bataves, ainsi que la pression des troupes romaines, qui fera se scinder les ennemis de Rome. , ce travail met l’accent sur les origines des rebelles. Nous avons déjà évoqué la présence d’une élite militaire dans les rangs des rebelles et la haute naissance supposée de Civilis, mais ce travail de Laurent Lamoine essaie, par l’utilisation de sources été d’analyse, de départager le vrai de la propagande germaine, ou encore des erreurs d’interprétations et de traduction. Liégeois Liselotte, La révolte des Bataves en 69-70, dans La revue d’Histoire Militaire, consulté en ligne sur le site https://larevuedhistoiremilitaire.fr/2023/08/22/la-revolte-des-bataves-en-69-70/#_ftn18, le 28/10/2023. Bien qu’il s’agisse ici d’un travail dont la qualité, l’exactitude et la précision historique pouvaient être contestées de prime abord, de par sa provenance assez peu académique, nous avons été très surpris par les informations trouvées. Premièrement, au sujet de Liselotte Liégeois, qui est une doctorante à l’université de Liège en histoire gréco-romaine. Ensuite, le grand nombre d’extraits de Tacite et Suétone présents, ainsi que l’aspect géopolitique ici dépeint avec beaucoup de détails Nous citerons par exemple les uniques informations trouvées sur l’organisation interne de la révolte et de l’alliance avec les Gaulois, ainsi que sur la vie de Civilis avant l’an 68., en fait un travail d’exception sur la révolte batave. De plus, ce texte présente des informations, notamment au sujet de l’organisation interne de la révolte, qui n’étaient jusque-là pas détaillée dans les autres travaux. Lyasse Emmanuel, « Obsequium cum securitate. Une vision de l’impérialisme romain au livre IV des Histoires de Tacite », dans Ktèma, Civilisations de l'Orient, de la Grèce et de Rome antiques, n°32, 2007, pp. 519-534, consulté en ligne à l’adresse https://www.persee.fr/docAsPDF/ktema_0221-5896_2007_num_32_1_1078.pdf, le 01/11/2023. Cet article se concentre dans sa globalité sur le discours supposément prononcé par Cérialis, le général romain qui a vaincu les insurgés bataves. Souvent cité dans les sources, ce discours reprend les codes des tirades des orateurs latins et se veut miséricordieux et plein de pardon envers les rebelles, pour mettre fin une fois pour toute aux insatisfactions des germains. Si rien ne nous prouve que Cérialis ait réellement prononcé ce discours, les récits de ses actes face aux vaincus corrobores cette attitude pardonnante envers les insurgés. Emmanuel Lyasse reprend ici le discours, en latin et avec sa traduction, et l’analyse verset par verset pour en relever tous les éléments d’importance. C’est un travail de grande qualité et qui nous a permis de comprendre l’attitude romaine au lendemain de la victoire. Morin Mélissa, « Pour une étude des contacts culturels en zone frontalière à l'époque romaine : quelques réflexions conceptuelles », dans Dialogues d’Histoire Ancienne, n°37, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2011, pp. 63-88. Consulté en ligne à l’adresse https://www.cairn.info/revue-dialogues-d-histoire-ancienne-2011-2-page-63.htm, le 23/10/2023. Écrit par une historienne dont nous avons déjà cité les travaux plus haut dans cette bibliographie, cet article retrace comme beaucoup d’autres l’histoire des bataves et les cause de la révolte, mais en se concentrant sur les échanges culturels ayant eu lieux au cours de l’histoire entre ces derniers et l’Empire Romain, en mettant l’accent sur l’évolution et l’organisation des frontières et des rapports civils et militaires. De plus, cet article prend le temps de citer plusieurs extraits de Tacite sur le sujet, en les référençant et les analysant, ce qui s’est révélé très utile. Prahl Hasso, « Claudius ou Julius Civilis, le mythe batave », dans L’Association Belgo-Bavaroise, n°9, Bruxelles, 2009, consulté en ligne à l’adresse https://www.b-b-g.info/wp-content/uploads/2009/03/Iulius_Civilis_Fr.pdf, le 06/11/2023. Cette dissertation reprend les grandes lignes de l’histoire des bataves et de leurs liens avec Rome, dont l’exemption de taxes Ce impôts, appelés Tributa, étaient pratiqué par Rome sur tout le territoire. Nous pouvons les définir comme des « impôts directs sur les biens et les personnes des communautés provinciale ». Source : France Jérôme, « L’impôt provincial dans l’Occident romain à travers l’exemple de l’Aquitaine et de l’Hispanie septentrionale », dans Rome et l’Occident : Gouverner l’Empire (IIe siècle av. J.-C. - IIe siècle ap. J.-C.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, pp. 145., l’obligation de fournir des soldats et leur participations au sein des gardes impériaux de Tibère et Néron. Ce travail prend ensuite le temps de rappeler la mauvaise traduction du nom de Julius Civilis en Claudius Civilis L’extrait de source n°11 de ce travail présente effectivement cette déformation en Claudius, comme le souligne ce travail, qui se base sur une publication de la Allgemeine Deutsche Biographie. . Si les informations au sujet du peuple batave ne sont pas nouvelles dans ce travail, le détail précis des actions de Civilis, notamment ses échanges épistolaires avec des partisans de Vespasien, sont ici explicité. Bien que cela ne concerne que peu notre travail, il est néanmoins intéressent de souligner que ce travail fait une historiographie de l’utilisation des bataves comme mythe fondateur de la république du même nom, à la fin des années 1700 La République batave est le nom de l’organisation politique des Pays Bas entre 1795 et 1806, en réaction à l’impérialisme français de cette époque. Le nom, faisant référence aux bataves « originels » de l’antiquité, se voulait symbole de résistance face aux oppresseurs. Le travail unique de Hasso Prahl nous permet d’apprendre que ce terme, après ès avoir largement disparu suite à la chute de l’Empire Romain, refera surface au 16e siècle dans les 17 provinces, à des fins identitaires et nationalistes. . Raepsaet Georges, Raepsaet-Charler Marie-Thérèse, « La Zélande à l'époque romaine et la question des Frisiavons », dans Revue Du Nord, n°403, Lille, Presses Universitaires de Lille, 2015, pp. 209-242. Consulté en ligne à l’adresse https://www.cairn.info/revue-du-nord-2013-5-page-209.htm, le 25/10/2023. Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier est une professeure émérite de l’Université de Bruxelles, spécialiste de la Rome Antique, et qui a beaucoup écrit sur les relations entre les Gaules et Rome. Bien que les Bataves ne soient pas au centre de ce travail, MariThérèse Raepsaet-Charlier nous offre de précieuses informations sur les liens entre les Bataves et les peuples germaniques alentours, en l’occurrence les Frisiavons, et également sur leurs liens avec la cité de Tongres, où se déroulera un affrontement lors de la révolte. Raepsaet-Charlier Marie-Thérèse, « Onomastique et société en cité des Tongres », dans Revue Belge de Philologie et d’Histoire, n°97-1, Bruxelles, Librairie Droz, 2019, pp.116-119. Seul ouvrage consulté sur l’onomastique L’onomastique est la science de l’étude des noms propres, afin d’en déterminer l’origine, les évolutions et les influences. des Germains sous l’empire romain, il nous a semblé opportun de consulter ce travail. Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier, que nous avons déjà croisée plus haut dans ce travail, est nous le rappelons une professeure émérite de l’Université Libre de Bruxelles, spécialisée dans l’histoire, l’histoire et l’archéologie antique. La partie que nous avons utilisée de son travail recoupe toutes les mentions des Bataves dans l’armée romaine et dans la révolte de Civilis et, il semble être l’un des seuls à corroborer la théorie de David Colling, selon laquelle les recrutements des Bataves dans les cohortes auxiliaires n’aurait pas cessé directement après la révolte. Roux Patrick, « La romanisation en question », dans Annales, Histoire, Sciences Sociales, n°59, Paris, Éditions de l’EHESS, 2004, pp. 287-311. Consulté en ligne à l’adresse https://www.cairn.info/revue-annales-2004-2-page-287.htm, le 25/10/2023. Une fois nos recherches préliminaires réalisées, et au vu de la complexité des relations entre les peuples soumis à Rome et l’Empire, surtout dans ce cas-ci où c’est par une élite germaine romanisée que la révolte fut conduite, il nous a semblé très utile de nous renseigner sur les différents processus de romanisation, avant, pendant et au lendemain de la révolte, dans le nord de l’empire. Cet article de Patrick Roux nous permet d’appréhender ces relations complexes, de manière à comprendre l’origine des privilèges accordés aux Bataves. Roymans Nico, « L’impérialisme romain et la formation des Bataves comme peuple militaire », dans Dialogues d’histoire ancienne, n°42, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2016, pp. 330-351, consulté en ligne à l’adresse https://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_2016_num_42_1_4214, le 01/11/20213. Cet article de Nico Royman s’est révélé être l’une des plus précieuses sources de tout ce travail. Il s’agit d’un des articles concernant notre thématique non seulement de la manière la plus directe possible, mais également avec le plus d’informations contextuelles en une seule fois. Nico Royman prend ici le temps d’analyser le peuple batave depuis son apparition, de manière très complète et avec une quantité impressionnante de sources. Puis il analyse l’intégralité des composantes de « l’identité batave », permettant à tous les lecteurs de son article de directement pouvoir cerner de manière assez précise ce peuple. Les sources utilisées par l’auteur vont des poteries aux inscriptions sur le pierres tombales, en passant par les tablettes produites au fort romain de Vindolanda, où les garnisons axillaires bataves stationnaient. Les deux aspects de ce travail qui nous ont le plus intéressé furent le chapitre « Comment les Romains voyaient-ils les Bataves ? » et les nombreuses cartes de la répartition du matériel militaire romain à la veille de l’année des quatre empereurs Voir Annexe n°2. Si l’on peut regretter que la portée chronologique de cet article ne couvre pas la révolte en elle-même, il nous permet néanmoins d’entièrement comprendre le contexte socio-culturel et identitaire dans lequel celle-ci a eu lieu. Sella Jerôme, « Rupture dynastique et mémoire des empereurs romains (68-69 apr. J.-C.), dans Revue Historique, n°673, Paris, Presses Universitaires de France, 2015, pp. 344. Consulté en ligne à l’adresse https://www.cairn.info/revue-historique-2015-1-page-3.htm#no88, le 23/10/2023. Cet article écrit par Jérôme Sella, un agrégé en histoire à l’Université Charles de Gaule et qui a publié sur le pouvoir romain, peut être considéré comme un apport utile à notre bibliographie à plus d’un titre. En effet, bien que les Bataves ne soient pas abordés, ce travail détaille avec une grande précision les modalités de prise de pouvoir des différents empereurs et régents lors des années 68 et 69, ainsi que les contraintes politiques, sociales et militaires auquel ils ont fait face. Bien qu’il soit essentiellement centré sur Rome, cet article nous permet de saisir le contexte politique des prises de pouvoirs de Vitellius et Vespasien lors de la révolte. On peut enfin citer les renseignements trouvés quant aux déplacement des légions, un élément clé qui mettra d’ailleurs fin à la révolte. Sources Sources littéraires L’immense majorité des sources ici présentées concernent les écrits d’un même auteur, Tacite. En effet, nous ne pouvions que noter au cours de nos recherches que le célébrissime historien latin était pratiquement le seul cité. La majorité de références à notre sujet dans les travaux proviennent des livres IV et V de Histoires, mais également d’autres ouvrages tels que « La Germanie » et « Vie de Julius Agricola ». Cette diversité des sources sur un même sujet nous permet de l’aborder sous différents angles. Nous présenterons dans cette section quinze sources littéraires se rapportant à la révolte batave, en citant leurs références exactes, l’extrait en question (nous avons joint les extraits originaux en latin Malgré nos essais, il nous a été impossible d’ajouter à ce travail les caractères grecs des extraits de Dion Cassius. quand cela nous était possible), et une analyse de l’apport de celui-ci à notre travail. Sources grecques Bien que les éditions critiques soient relativement âgées et donc à manipuler et à analyser avec beaucoup de précautions et de réserve, leur provenance numérique (les extraits grecs choisis ici sur internet proviennent de la plateforme renseignée par le cours d’heuristique spécialisée, la Bibliotheca Classica Selecta) et les mises à jour récente de la plateforme (la dernière datant de 2009) nous poussent à faire confiance à ces traductions. Notre premier choix d’édition critique c’est porté sur les éditions publiées par Les Belles Lettres, une maison d’édition parisienne qui n’est plus à présenter et dont la qualité n’est plus débattue. C’est à la fois pour la qualité de ces traduction et dans un soucis de continuité avec les sources latines, qui proviennent de cette maison d’édition également, que nous les avions sélectionné. Cependant, au cours de nos recherches, nous n’avons trouvé en bibliothèque que les livres 41, 42, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51 et 53 de Dion Cassius, ce qui nous a obligé à nous rabattre sur les traductions de la Bibliotheca Classica Selecta. Dion Cassius, Histoire romaine, LXIV, 4, 64.4, Paris, Firmin Didot Frères, 1867, textes édités et traduit par Gros Etienne et consulté en ligne à l’adresse http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/dion_hist_rom_64/lecture/4.htm, le 03/11/23 : Traduction : An de Rome 822. Galba et T. Vinius consuls. 4. Je vais maintenant raconter quelle fut sa fin. Les soldats des Germanies, qui étaient sous le commandement de Rufus, n'ayant obtenu de Galba aucune gratification, n'en furent que davantage enflammés de colère. N'ayant pas atteint le but de leur désir du côté de Rufus, ils cherchèrent à le contenter dans la personne d'un autre, et ils l'accomplirent : mettant à leur tête Aulus Vitellius, gouverneur de la Germanie Inférieure, ils se soulevèrent sans voir autre chose que la haute naissance de ce général ; car, bien que Vitellius eût été le mignon de Tibère et qu'il continuât de vivre dans la même incontinence, ils n'y firent nulle attention, ou plutôt ils le crurent, par cela même, convenable à leurs desseins. Vitellius lui-même se jugeait si peu digne d'estime, que, pour se moquer des astrologues, une preuve dont il se servait c'était de dire : « Ils ne savent rien, eux qui prétendent que je serai empereur ». Néron aussi, ayant entendu parler de cette prédiction, s'en moqua et méprisa si fort Vitellius qu'il ne lui fit aucun mal. Apport : Ce premier extrait de sources nous provient de Dion Cassius. Dion Cassius, ou Cassius Dion selon certaines sources, est un historien romain, de naissance grecque, dont la période d’écriture se situe entre le deuxième et le troisième siècle de notre ère. Magistrat supérieur, il a notamment écrit une Histoire Romaine. En quatre-vingt tomes, qui est une source très précieuse pour les historiens. Nous devons cependant souligner la distance chronologique entre l’auteur et la période de notre sujet. La première partie de ce texte corrobore ce que nous avons trouvé dans les travaux des historiens, consultés lors de nos recherches pour la compréhension du contexte de la révolte batave. Dion Cassius confirme que la révolte puise ses origines dans le mécontentement des Germains face aux empereurs romains, successivement Néron et Galba, qui aggravera encore la situation en laissant perdurer ce mécontentement, malgré l’aide apportée par les Germains à sa révolte. Nous pouvons cependant noter que l’auteur ne cite ici aucun des acteurs majeurs de la révolte, et qu’il n’y a pas de distinction entre les Germains et les Bataves mêmes, ni entre les classes sociales de ceux-ci, alors que nous savons que les simples soldats étaient accompagnés d’anciens gardes prétoriens et de chevaliers. La seconde partie du texte, elle aussi confirmant nos recherches, nous parle de la décision de ces Germains de nommer Vitellius à la tête de l’empire. Dion Cassius se montre très critique envers ce dernier. Dion Cassius, Histoire romaine, LXV, 17, 67,17, Paris, Firmin Didot Frères, 1867, textes édités et traduit par Gros Etienne et consulté en ligne à l’adresse http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/dion_hist_rom_65/lecture/17.htm, le 03/11/2023 : Traduction : Pour ces motifs donc et surtout parce que Primus approchait déjà de Rome, les consuls C. Quintius Atticus et Cn. Cécilius Simplex (ce dernier était parent de Vespasien) et d'autres principaux citoyens prirent une détermination et se rendirent au palais avec les soldats qui étaient de leur sentiment, pour décider Vitellius à renoncer, de gré ou de force, à l'empire. Mais, ayant rencontré la garde germaine de Vitellius, ils furent repoussés avec perte, et, par suite, se réfugièrent au Capitole, où, après avoir fait venir Domitien, fils de Vespasien, et ses parents, ils se mirent en état de défense. Le lendemain, ils repoussèrent, pendant quelque temps, l'attaque de leurs adversaires; mais les lieux voisins du Capitole ayant été incendiés, ils furent coupés par le feu. Alors les soldats de Vitellius, montant au Capitole, firent un grand carnage parmi les assiégés, et, pillant toutes les offrandes, incendièrent, entre autres, le Grand Temple; puis, s'étant emparés de Sabinus et d'Atticus, ils les envoyèrent à Vitellius. Quant à Donatien et à Sabinus, fils de Sabinus, s'étant échappés grâce au trouble du premier moment, ils parvinrent à se cacher dans des maisons. Apport : Toujours de Dion Cassius, cet extrait du tome suivant de son Histoire romaine nous renseigne sur la situation à Rome lors de la crise des quatre empereurs, au moment où il était demandé à tous de prendre parti. Dion Cassius fait aussi état de violences ayant lieu à ce moment dans la capitale de l’empire. Enfin, nous trouvons ici une mention de « la garde romaine de Vitellius », qui peut sans doute faire écho aux troupes bataves. Dion Cassius, Histoire romaine, LXVI, 3, 66, 3, Paris, Firmin Didot Frères, 1867, textes édités et traduit par Gros Etienne et consulté en ligne à l’adresse http://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/dion_hist_rom_66/lecture/3.htm, le 03/11/23 : Traduction : En Germanie, il y eut contre les Romains plusieurs soulèvements, que, selon moi, il est fort inutile de rapporter, mais il se passa un fait qui mérite l'admiration. Un certain Julius Sabinus, un des premiers parmi les Lingons, rassembla une armée pour son propre compte, et prit le nom de César, se disant descendu de Jules César. Vaincu dans plusieurs combats, il se réfugia dans une de ses terres et s'y confina dans un monument souterrain auquel il avait préalablement mis le feu ; on le crut mort, tandis qu'il se tint neuf ans caché dans ce monument, avec sa femme qu'il rendit mère de deux enfants mâles. Céréalis donna plusieurs batailles pour étouffer la révolte de la Germanie, une, entre autres, où une si grande quantité de Romains et de barbares furent taillés en pièces, que le cours d'une rivière qui coulait près de là fut arrêté par les cadavres. Domitien, par ses actes et surtout par ses entreprises (il n'avait en effet que de hautes vues), redoutant son père et passant la plus grande partie de sa vie sur le mont Albain, s'engagea dans l'amour de Domitia, fille de Corbulon; car, après l'avoir arrachée à L. Lamia Aemilianus, son mari, il la mit alors au nombre de ses maîtresses, et, plus tard, il l'épousa. Apport : Ce dernier extrait de Dion Cassius évoque deux aspects de notre travail. Le premier étant les actions de Cérialis, le général romain qui mata la révolte batave au lendemain de l’année des quatre empereurs. Le texte nous fait état de la violence des affrontements ayant eu lieu. Le second aspect évoqué est le rôle de Sabinus et son « empire des Gaules ». Sabinus était un compagnon d’armes et un autre général de la révolte, dont nous n’avons pas pu développer l’histoire en détail dans ce travail, puisque sa révolte a finalement divergé de celle de Civilis. Il s’agit néanmoins d’un acteur clé de cette année 68-69. Plutarque, Vie d’Othon, XVI, London, Loeb Classical Library, 1943, pp. 313-314, texte édité et traduit par Perrin Bernadotte : Traduction : Les soldats d'Othon étaient pleins de force et de courage; mais ils faisaient ce jour-là leur essai de la guerre : ceux de Vitellius, depuis longtemps aguerris, étaient affaiblis par l'âge et par les fatigues. Les troupes d'Othon les ayant donc chargés avec impétuosité, les enfoncèrent, leur enlevèrent l'aigle de la légion, et firent main basse sur les premiers rangs. Les soldats de Vitellius, outrés de honte et de colère, reviennent sur eux avec fureur, tuent Orphidius, qui les commandait, et enlèvent plusieurs enseignes. Les gladiateurs d'Othon, qui passaient pour avoir, dans ces combats corps à corps, de l'expérience et du courage, furent chargés par Alphenus Varus à la tête des Bataves, les meilleurs cavaliers de la Germanie, qui habitent une île située au milieu du Rhin. Très peu de ces gladiateurs tinrent ferme : en fuyant presque tous vers le Pô, ils tombèrent dans des cohortes ennemies qui étaient là en bataille; et, après quelque résistance, ils furent tous taillés en pièces Apport : Dans cet ultime extrait de nos sources grecques, nous avons ici le témoignage de Plutarque, un fameux historien romain du premier siècle. Il exercera plusieurs fonctions politiques à Rome dès la fin du règne de Vespasien. Parmi ses nombreuses œuvres, celle qui a retenu notre intérêt pour travail est la Vie des Hommes Illustres, qui détaille la biographie de grands personnages antiques, en mettant toujours en parallèle une figure romaine et une figure grecque. Nous avons ici le récit d’un affrontement entre les troupes d’Othon et de Vitellius, lors de la guerre de ce dernier pour s’emparer du trône de l’empire. Cet extrait est donc un apport précieux pour notre travail, de par ce témoignage, mais également par la mention des troupes bataves, qui ont servi Vitellius avant de l’affronter, une fois ce dernier proclamé. Sources latines Suétone, Vie des douze césars, Galba, XI, 1-2, Paris, Les Belles Lettres, 1980, p. 11, texte édité et traduit par Ailloud Henri : Extrait : « Accessit ad tanta discrimina mors Vindicis qua maxime consternatus destitutoque similis non multum afuit quin uitae renuntiaret. Sed superuenientibus ab urbe nuntiis ut occisum Neronem cunctosque in uerba sua iurasse cognouit, deposita legati suscepit Caesaris appellationem iterque ingressus est paludatus ac dependente a ceruicibus pugione ante pectus » Traduction : « À de si grands périls s’ajouta la mort de Vindex, dont il [Galba] fut absolument consterné, et, comme s’il avait tout perdu, il ne fut pas loin de renoncer à la vie. Mais, lorsqu’il apprit par des messagers venus de Rome sur ces entrefaites que Néron avait été mis à mort et que tout le monde lui avait juré fidélité, il abandonna le titre de légat pour prendre celui de César et se mit en route, vêtu d’un manteau de général, avec un poignard suspendu à son cou sur sa poitrine ». Apport : Ce premier extrait de source latine nous est parvenu par Suétone, un historien romain du premier siècle de notre ère, donc au moment des évènements de notre sujet, ce qui en fait une source de premier plan pour notre travail. Ses écrits sur La Vie Des Douze Césars nous apportent de précieuses informations sur la vie de grands acteurs de notre sujet, notamment Galba. Ce texte nous ramène aux prémices de la révolte, au moment où Galba, proclamé par ses légions, se décide à rejoindre Rome, afin d’y être intronisé. C’est suite à ces actions qu’il désignera Vitellius légat des légions du Nord, ce qui contribuera fortement à l’éclatement de la révolte, quelques mois plus tard, une fois que ce dernier se sera emparé du pouvoir. Suétone, Vie des douze césars, Galba, XII, Paris, Les Belles Lettres, 1980, p. 12, texte édité et traduit par Ailloud Henri : Extrait : « Item Germanorum cohortem a Caesaribus olim ad custodiam corporis in- stitutam multisque experimentis fidelissimam dissoluit ac sine commodo ullo remisit in patriam, quasi Cn. Dollabellae, iuxta cuius hortos tendebat, proniorem. » Traduction : « De plus, il licencia la cohorte germaine que les Césars avaient constituée jadis pour en faire leur garde du corps et qui avait donné maintes preuves de son absolue fidélité, puis il la renvoya dans sa patrie sans aucune récompense, sous prétexte qu’elle penchait pour Cn. Dolabella, dont les jardins avoisinaient son camp ». Apport : Faisant directement suite chronologiquement à l’extrait précédent, ce second témoignage de Suétone nous parle du licenciement des gardes bataves par Galba. Bien que ce texte n’en détaille pas les raisons, certains travaux mettront en avant les critiques d’avarice, d’irritabilité et de prétention de Galba, ce qui pourrait expliquer ce renvoi, qui conduira directement à l’envoi d’une élite militaire, frustrée, en Batavie. Tacite, Histoires, IV, 13, Les Belles lettres, 1965, pp. 225-226, texte édité et traduit par Goelzer Henri : Extrait : « lulius Paulus et lulius Civilis regia stirpe multo seteros anteibant. Paulum Fonteius Capito falso rebellionis crimine interfecit; iniectae Civili catenae, missusaue ad Neronem et a Galba absolutus sub Vitellio rursus discrimen dit, flagitante supplicium eius exersity: inde cause irarum spesque ex malis nostris. Sed Ciuilis ultra guam barbaris solitum ingenio sollers et Sertorium se aut Annibalem ferens simili gris dehonestamento, ne ut hosti obuiam iretur, si a popule Roman palam desciuisset, Vespasiani amicitiam studiumaue partium praetendit, missis sane ad eum Primi Antonii litteris, quibus quertere accita Vitellie auxilig et tumultus Germanici specie retentare legiones jubebatur. eadem Hordeonius, Flaccus Rraesens menuerat, inclinato in Vespasignum animo et rei publicae cura, cui excidium aduentabat, si redintegratum bellu et tot armatorum milia Italiam inrupissent. » Traduction : Julius Paulus et Claudius Civilis, issus d'un sang royal, surpassaient en illustration tous les autres Bataves. Paulus, accusé faussement de révolte, fut tué par Fonteius Capito. Civilis fut chargé de chaînes et envoyé à Néron; absous par Galba, il courut un nouveau danger sous Vitellius, dont l'armée demandait sa mort. Telle fut la cause de ses ressentiments: son espoir vint de nos malheurs. Civilis, plus rusé que le commun des barbares, et qui se comparait aux Annibal et aux Sertorius, parce qu'il portait au visage la même cicatrice, ne voulut pas attirer sur lui les forces romaines par une rébellion déclarée. Il feignit d'être ami de Vespasien et de prendre parti dans nos querelles. Il est vrai qu'Antonius Primus lui avait écrit de détourner par une fausse alarme les secours que mandait Vitellius, et de retenir nos légions en les menaçant des Germains. Hordeonius Flaccus lui avait donné de vive voix le même avis, par inclination pour Vespasien et par intérêt pour la république, dont la ruine était inévitable si la guerre se renouvelait, et que tant de milliers d'hommes armés inondassent l'Italie. Apport : Ce premier extrait de Tacite nous apporte de précieuses informations sur le principal instigateur de la révolte. A l’image des autres sources de Tacite, celle-ci regorge d’informations très précises sur notre sujet. Si les éléments biographiques de la vie de Tacite ne sont pas tous connus, nous savons qu’il est né aux alentours de 55 de notre ère, qu’il exerce des fonctions administratives sous Vespasien et Titus, et qu’il devient préteur en 88, sous Domitien et Nerva, avant de finir proconsul d’Asie. Parmi ses œuvres, on retrouve Histoires, Annales et La vie de Julius Agricola. Tacite est un écrivain très compétent, dont la période d’écriture correspond à notre sujet, et l’utilité de ses écrits a déjà été de nombreuses fois vérifiée par les historiens. Enfin, nous pouvons noter que les extraits de Tacite sembler corroborer les écrits de Plutarque et Suétone présentés un peu plus haut « D'une manière générale, l'hypothèse d'une source commune a trois de nos auteurs, Plutarque, Tacite et Suétone, rédigée peu après l'avènement de Vespasien, semble expliquer la similitude de nombreux récits des évènements, tant provinciaux que romains. » Source : Benoist Stéphane, « Le prince, la cité et les événements : l’année 68-69 à Rome », dans Historia, n°50-3, Paris, Sophia publication, 2001, p. 282.. Nous découvrons ici les causes probables du ressentiment de Civilis, et les motifs de sa rébellion. De plus, ce texte nous détaille les débuts du plan de Civilis, son idée de feindre soutenir Vespasien et sa crainte d’une riposte romaine en force. Enfin, Tacite nous livre une information sur le physique de Civilis, que l’on peut supposer borgne car il « se comparait aux Annibal et aux Sertorius, parce qu'il portait au visage la même cicatrice ». Tacite, Histoires, IV, 15, Paris, Les Belles lettres, 1965, pp. 228-229, texte édité et traduit par Goelzer Henri : Extrait : « Magno cum adsensu auditus barbaro ritu et patriis execrationibus uniuersos adigit. Missi ad Canninefatis qui consilia sociarent. Ea gens partem insulae colit, origine, lingua, uirtute parBatauis ; numero superantur. Mox occultis nuntiis pellexit Britannica auxilia, Batauorum cohortis missas in Germaniam, ut supra rettulimus, ac tum Mogontiaci agentis. Erat in Canninefatibus stolidae audaciae Brinno, claritate natalium insigni; pater eius multa hostilia ausus Gaianarum expeditionum ludibrium impune spreuerat. Igitur ipso rebellis familiae nomine placuit impositusque scuto more gentis et sustinentium umeris uibratus dux deligitur.Statimque | accitis Frisis (transrhenana gens est) duarum cohortium hiberna proximo applicata Oceano inrumpit. Nee prouiderant impetum hostium milites nec, si providissent, satis uirium ad arcendum erat; capta igitur ac direpta castra. Dein uagos et pacismodo effusos lixas negotiatoresque Romanos inuadunt. Simul excidis castellorum imminebant, quas a praefectis cohortium incensa sunt, quia defendi nequibant. Signa uexillaque et quod militum in superiorem insulae partem congregantur, duce Aquilio primipilari, nomen magis exercitus guam robur; quippe wiribus cohortium abductis Vitellius e proximis Nerviorum Tungrorumque pagis segnem numerum armis onerauerat. » Traduction : Après ce discours, qui fut reçu avec enthousiasme, Civilis lia tous les convives par les imprécations en usage parmi ces barbares. Il envoya vers les Canninéfates pour les associer à l'entreprise. Cette nation habite une partie de l'île : origine, langue, valeur, elle a tout des Bataves, excepté le nombre. Il gagna ensuite par des émissaires secrets les auxiliaires de Bretagne, ces cohortes bataves que nous avons vues partir pour la Germanie, et qui alors se trouvaient à Mayence. Il y avait chez les Canninéfates un homme appelé Brinnon, d'une audace brutale, d'une naissance éclatante. Son père, plus d'une fois rebelle, avait impunément bravé les ridicules expéditions de Caïus. Le nom d'une famille signalée par la révolte fut un titre pour Brinnon : placé sur un bouclier, suivant l'usage du pays, et balancé sur les épaules de ses compagnons, il est proclamé chef ; aussitôt il appelle à son aide les Frisons, nation transrhénane, et se jette sur un camp de deux cohortes voisin de l'Océan et le plus à portée de son invasion. Les soldats n'avaient pas prévu cette attaque ; et, l'eussent-ils prévue, ils n'étaient pas en force pour la repousser. Le camp fut pris et pillé ; l'ennemi tombe ensuite sur les vivandiers et les marchands romains, épars çà et là dans toute la sécurité de la paix. Il menaçait de détruire tous nos postes ; les préfets de cohortes y mirent le feu, ne pouvant les défendre. Les drapeaux, les étendards, et tout ce qu'il y avait de troupes, furent réunis dans la partie supérieure de l'île, sous le commandement du primipilaire Aquilins : assemblage qui avait plutôt le nom que la force d'une armée. Vitellius avait enlevé l'élite et le nerf des cohortes, et, ramassant dans les bourgades voisines une foule confuse de Nerviens et de Germains, il avait chargé d'armes ces simulacres de soldats. Apport : Il s’agit ici d’une source nous détaillant la fin du procédé d’unification des tribus germaniques par Civils et le début des offensives contre les garnisons romaines frontalières, inférieures en nombre et non préparées à une telle attaque. Ce texte nous offre, outre le détail du début de la révolte batave à proprement dit, des mentions uniques d’alliés des Bataves, notamment les Canninéfates, que nous n’avons retrouvés dans aucun travail. Nous en apprenons également plus sur les décisions militaires à la veille de la révolte, qui ont fortement accentué le ressentiment des Bataves. Tacite, Histoires, IV, 21, Paris, Les Belles lettres, 1965, p. 234, texte édité et traduit par Goelzer Henri : Extrait : « Ciuilis aduentu ueteranarum cohortium iuist iam exercitus ductor, sed consilii ambiguus et uim Romanam reputans, cunctos qui aderant in uerba Vespasiani adigit mittitque legatos ad duas legiones, quae priore acie pulsse in Vetera castra concesserant, ut idem sacramentum acciperent. Redditur responsum : neque proditoris neque hostium se consilits uti; esse sibi Vitellium principen, pro quo fidem et arma usque ad supremum spirium retenturos; proinde perfuga Batauus arbitrium retum Romanarum ne ageret, sed meritas sceleris poenas expectaret. Quae ubi relata Ciuili, incensas ira uniuersam Batauorum gentem in arma rapit Iunguntur Bructeri Tencterique et excita nuntiis Germania ad praedam famamque. » Traduction : Civilis à l'arrivée de ces cohortes de vétérans eut désormais sous ses ordres une armée régulière; mais irrésolu et songeant à la force romaine, il fait prêter serment à Vespasien par tous ceux qui étaient la, et il envoie proposer aux deux légions battues au dernier combat et qui s'étaient retirées à Vetera Castra d'accepter le même serment. Voici leur réponse : elles n'ont que faire des conseils d'un traître ni d'ennemis; elles ont pour prince Vitellius à qui elles conservent leurs armes et leur foi jusqu'au dernier souffle : donc un transfuge batave n'avait pas à jouer le rôle d'arbitre des affaires de Rome; il devait s'attendre à être justement puni de son crime. Quand cette réponse fut apportée à Civilis, tout bouillant de colère, il entraîne aux armes la nation des Bataves tout entière; les Bructères et les Tenctères " se joignent à lui ainsi que la Germanie appelée par des émissaires au butin et à la gloire. Apport : Cet extrait nous relate un évènement ayant cours pendant la révolte batave. Nous y retrouvons Civilis, prétendument du coté de Vespasien, entrain de demander aux légions romaines de suivre son exemple et de renier Vitellius, ce qu’elles refusent. Ce texte nous renseigne sur la construction de la révolte et sur le discours tenu par les Bataves face aux romains. Nous avons également ici, par la réponse des troupes romaines, la perception que ceux-ci avaient des traitres, fussent-ils de noble origine, puisqu’ils renvoient sans ménagement l’émissaire de Civilis. Tacite, Histoires, IV, 54, Paris, Les Belles lettres, 1965, p. 260, texte édité et traduit par Goelzer Henri : Extrait : « Audita interim per Gallias Germaniasque mors Vitelli dupliquerat bellum. nam Civilis omissa dissimulatione in Repulum Romanum ruere, Yitelliange legiones Hel externum seruitium guam imperatorem Vespasianum malle. Galli sustulerant animos, eandem ubique exercituum nostrorum fortunam rati, uulgato rumore a Sarmatis Racisque Messica ac Pannenica hiberna circumsederi; paria de Britannia fingebantur. sed nihil deque quam incendium Capitoli, ut finem imperio adesse crederent, impulerat. captam olim g Gallis urbem, sed integra louis sede mansisse imperium: fatali nunc igne signum caelestis irae datum et possessionem rerum humanarum Transalpinis gentibus portendi superstitione ana Pruidae canebant. incesseratque fama primores Galliarum ab Othone aduersus Vitellium missos, antequam digrederentur, pepiaisse ne deessent libertati, si Ium Romanum continu ciuilium bellorum series et interna mala fregissent. » Traduction : Cependant la mort de Vitellius, annoncée dans les Gaules et la Germanie, avait ajouté la guerre à la guerre. Civilis, renonçant à la feinte, se lançait sur le peuple romain. Les légions vitelliennes aimaient mieux un étranger pour maître que Vespasien pour empereur. Les Gaulois avaient pris de l'audace à l'idée que la fortune de nos armes était partout la même ; car le bruit courait que les Sarmates et les Daces tenaient assiégés nos camps de Mésie et de Pannonie ; et l'on en supposait autant de la Bretagne. Rien surtout n'avait, comme l'incendie du Capitole, accrédité l'opinion que l'empire touchait à sa fin. "Autrefois, disait-on, Rome avait été prise par les Gaulois ; mais la demeure de Jupiter était restée debout, et l'empire avec elle. Ces flammes, au contraire, le destin les avait allumées comme un signe de la colère céleste et un présage que la souveraineté du monde allait passer aux nations transalpines." Telles étaient les vaines et superstitieuses prédictions des Druides. On s'était aussi persuadé que les nobles gaulois envoyés par Othon à la rencontre de Vitellius s'étaient promis, avant leur départ, de ne pas manquer à la cause de l'indépendance, si une suite continuelle de guerres civiles et de finaux domestiques détruisaient les forces du peuple romain. Apport : Ce texte, qui nous pouvons diviser en deux parties, est très précieux pour notre travail. Les six premières lignes nous racontent comment, à la mort de Vitellius, les légions romaines de la Germanie se retrouvent privées de leur empereur et face, d’un côté, aux Bataves et, de l’autre, à Vespasien. De plus, on y apprend que, chez les Bataves et les Gaulois, la victoire contre Rome semblait probable, puisque des échos de révoltes similaires dans les confins de l’empire leur parvenaient. La seconde partie du texte nous parle d’un évènement capital que nous avons cependant peu développé, car plus lié à l’esprit romain qu’à la révolte en elle-même. Il s’agit de l’incendie du capitole à Rome. Ce fut pour les citoyens de Rome un véritable traumatisme, qui renforça l’idée que l’Empire pouvait éventuellement s’effondrer. Tacite, Histoires, IV, 66, Paris, Les Belles lettres, 1965, pp. 270-271, texte édité et traduit par Goelzer Henri : Extrait : « Ciuilis societate Agrippinensium auctus proximas sivitates adfectare aut aduersantibus bellum inferre statuit. occupatisque Sunucis et juventute eorum per cohortis composita, quo minus ultra pergeret, Claudius Labeg Baetasiorum Tunarorumque et Nerviorum tumultuaria manu restitit, fretus loco, quia pontem Mosqe fluminis antecenerat. Rugnabaturque in anaustiis ambigue dones Germani transnatantes terga Labeonis inuasere; simul Civilis, ausus an ex composito, intulit se gamini Tunarorum, et clara yoce 'non ideo' inquit "'bellum sumpsimus, ut Batqui et Treuiri gentilus imperent: procul haes a nobis adrogantia. accinite societatem: transgredior ad wes, seu me ducem seu militem mauultis. Mouebatur Mulaus condebantaue gladios, cum Campanus ac lumenalis e primeribus Tunarorum universam i gentem dedidere: Labeo antequam circumueniretur profugit. Civilis Baetasios quoque ac Nervios in fidem acceptes copiis suis adiunxit, ingens rerum, perculsis. » Traduction : Civilis accru de l'alliance des Agrippiniens, entreprit de gagner les cités voisines, ou de faire la guerre à celles qui résisteraient. Il avait conquis les Suniques et formé leur jeunesse en cohortes, quand ses progrès furent arrêtés par Claudius Labéo, qui, avec une troupe de Bétasiens, de Tongres et de Nerviens, ramassée à la hâte, lui fit tête au pont de la Meuse. Labéo comptait sur cette position, dont il s'était emparé d'avance, et l'on combattit dans les défilés avec un succès douteux, jusqu'au moment, où les Germains, passant à la nage, tombèrent sur ses derrières. En même temps Civilis, par un mouvement audacieux ou convenu, court aux Tongres, et, d'une voix forte : "Nous n'avons pas pris les armes, s'écrie-t-il, pour que les Bataves et les Trévires commandent aux nations ; loin de nous cet orgueil. Recevez notre alliance ; je passe avec vous, général ou soldat, comme vous l’ordonnerez." La foule ébranlée remettait le glaive dans le fourreau : Campanus et Juvénalis, deux des principaux du pays, livrèrent toute la nation. Labéo s'enfuit avant d'être enveloppé. Civilis, ayant aussi reçu la soumission des Bétasiens et des Nerviens, les joignit à son armée. Ainsi croissait chaque jour, par la terreur ou la sympathie des peuples, la puissance de ce chef. Apport : Nous découvrons dans cet extrait le détail d’une bataille ayant eu lieu entre l’armée de Civilis, que l’on apprend très organisée, et des partisans des Romains. Notons qu’aucune cohorte officielle n’est mentionnée, ce qui semble indiquer que cette bataille eut lieu entre Gaulois et Germains uniquement. La bataille est détaillée et localisée très précisément, de même que son déroulement et son issue, et comment Civilis put rallier à sa cause les Gaulois qui l’affrontaient. Tacite, Histoires, IV, 68, Paris, Les Belles lettres, 1965, p. 272, texte édité et traduit par Goelzer Henri : Extrait : « At Romae cuncta in deterius audita Mucianum angebant, ne quamquam egregi duces (iam enim Gallum Annium et Petilium Cerialem delegerat) summam belli parum tolerarent. nec relinauenda urbs sine rectore; et Domitiani indomitae libidines timebantur, suspectis, uti diximus, Primo Antonio Varoque Arrio. Varus pretorianis praepositus Him atque arma retinebat: gum Mucianus pulsum loco, ne sine solacio ageret, annonde praefecit. Utque Domitiani animum Varo haud alienum deleniret, Arrecinum Clementem, domui Vespasiani per adfinitatem innexum et gratissimum Domitiane, praetorianis praeposuit, patrem eius sub C. Caesare egregie functum sa cura dictitans, laetum militilus idem nomen, atque ipsum, quamauam senatorii ordinis, ad utraque munia sufficere. adsumuntur e sivitate clarissimus quisque et ali per ambitionem. Simul Domitianus Mucianusque accingebantur, dispari animo, ille spe ac juventa properus, hic moras nectens quis flagrantem retineret, ne ferocia detatis et prauis impulsoribus, si exercitum inuasisset, paci bellogue male consuleret. legiones yictrices, estaug, undecima, decima tertia Vitellianarum ungetuicensima, e recens conscriptis secunda Poeninis Cottianisque Alpibus, pars monte Graie traducuntur; quarta decima legie e Britanniq, sexta ac prima ex Hispania accitae. Igitur Menientis exercitus fama et suppte ingenio ad mitiora inclinantes Galliarum civitates in Remos conuenere. Treuirorum legatio, illic apperiebatur, acerrimo instinctore belli lulig Valentino. is meditata gratione cuncta maanis imperiis objectari solita contumeliasque et inuidiam in populum Romanum effudit, turbidus miscendis seditionibus et plerisaue gratus uaecord facundia. » Traduction : A Rome, cependant, on ne voyait des événements que le côté sinistre, et Mucien tremblait que les plus habiles généraux (car déjà il avait choisi Annius Gallus et Pétilius Cérialis) ne soutinssent mal le fardeau de cette guerre. D'un autre côté, il ne pouvait laisser Rome sans chef, et les passions indomptées de Domitien lui faisaient peur. J'ai déjà parlé de sa défiance contre Antoine et Varus. Varus, à la tête des prétoriens, tenait dans sa main la force et les armes. Mucien lui ôta ce poste, et, pour ne pas le renvoyer sans dédommagement, il le fit préfet des vivres. Afin de gagner l'esprit de Domitien, qui n'était pas sans inclination pour Varus, il donna le commandement du prétoire à un homme très-aimé du jeune César, et qui tenait par alliance à la maison de Vespasien, Arrétinus Clémens. "Son père avait, disait-il, rempli cette charge avec honneur sous l'empereur Caïus, et les soldats retrouveraient avec plaisir un nom qu'ils connaissaient ; Clémens d'ailleurs, quoique de l'ordre sénatorial, suffisait à ce surcroît de devoirs." On prit pour l'expédition ce que Rome avait de plus illustre, sans compter les choix obtenus par la brigue. Domitien aussi et Mucien se disposaient au départ, animés d'un esprit bien différent : l'un impétueux de jeunesse et d'espérance, l'autre opposant à l'ardeur du premier délai sur délai, de peur que, s'il s'emparait une fois de l'armée ; la témérité de l'âge et les mauvais conseils ne l'entraînassent dans une route également funeste à la paix et à la guerre. Des légions victorieuses la sixième et la huitième, des vitelliennes la vingt et unième, et parmi les nouveaux corps la seconde, furent conduites les unes par les Alpes Cottiennes et Pennines, les autres par les Alpes Graïennes. On fit venir de Bretagne la quatorzième légion, et d'Espagne la sixième et la dixième. En apprenant la marche de cette armée, les cités gauloises, qui déjà inclinaient à la paix, s'assemblèrent chez les Rémois. Une députation des Trévires les y attendait, ayant à sa tête l'homme le plus ardent à souffler le feu de la guerre, Tullius Valentinus. Dans un discours étudié, où il accumula tous les reproches qu'on a coutume d'adresser aux grandes puissances, Valentinus se répandit, contre le peuple romain en injures et en invectives, orateur de trouble et d'anarchie, auquel une éloquence forcenée attirait de nombreux partisans. Apport : Dans cet extrait, nous découvrons la révolte sous un nouvel angle, qui mériterait un travail entier à lui seul : la réaction de Rome, le choix de la riposte et du commandement des forces envoyées à l’encontre des révoltés bataves. En effet, Rome est à ce moment secouée par les nominations successives de Galba, Othon et Vitellius, ainsi que les défaites de ces mêmes empereurs, sans parler de l’incendie du capitole ou des manœuvres politiques des différents fonctionnaires, par intérêt personnel ou par soutien à un candidat au trône. Si dans ce contexte l’envoi d’une force armée pour mater les bataves semble capital, le choix des officiers l’est tout autant, puisque Rome doit choisir entre se défendre elle-même ou envoyer au loin ses meilleurs éléments dans une période propice aux prises de pouvoir brutales et, maintenant le rôle décisif des légions clairement établi dans la nomination des empereurs, l’impact qu’airait sur la politique future un nouveau général triomphant ne saurait être sous-estimé. Enfin, il faut souligner que l’hypothétique victoire contre les insurgés garantirait triomphe, prestige et influence au général romain, ce qui en ferait un personnage de premier plan par la suite. Tacite, Histoires, IV, 72, Paris, Les Belles lettres, 1965, pp. 276-277, texte édité et traduit par Goelzer Henri : Extrait : « Cerialis poster die coloniam Treuirorum ingressus est, quido milite ervendae cuitatis. hane esse Classici, hans. Tutoris Ratriam; horum scelere slausas caesasque legiones. quid tantum Gremonam meruisse? quam e gremio Italie raptam quia unius noctis moram uictoribus attulerit. stare in confinio Germaniae integram sedem spolis exercituum et ducum saedibus quantem. redigeretur praeda in fiscum: ipsis sufficere ignis et rebellis coloniae ruinas, quibus tot castrorum excidia pensarentur. Cerialis metu infamie, si licentia saevitiaque imbuere, militem crederetur pressit iras: et paruere, posito civium bello ad externa modestiores. conuertit inde animos accitarum e Mediomatricis legionum miserabilis aspectus. stabant conscientia flagiti maestae, fixis in terram oculis: nulla inter coeuntis exercitus consolutatie; neque solantibus hertantikusue responsa dabant, abditi per tentorig et lucem ipsamvitantes. nec proinde periculum aut metus quam pudor ac dedecus obstupefecerat, attonitis etiam uictoribus, qui vocem precesque adhibere non ausi lacrimis ac silentio weniam poscebant, dones Cerialis mulceret animos, fate acte dictitans quae militum ducumque discordia yel fraude hostium euenissent. primum illum stipendiorum et sacramenti diem haberent: priorum facinorum neque imperatorem neque se meminisse. tunc recepti in eadem castra, et edictum per manipules ne quis in certamine iurgique seditionem aut cladem commilitoni obiectaret. » Traduction : Cérialis entra le lendemain dans Trèves. Les soldats brûlaient de détruire cette colonie : "C'était, disaient-ils, la patrie de Classicus, celle de Tutor ; c'était le crime de ce peuple si nos légions avaient été investies et massacrées. Qu'avait donc fait de pareil Crémone, effacée du milieu de l'Italie pour avoir une seule nuit retardé les vainqueurs ? et on laisserait debout, sur les confins de la Germanie, une ville qui faisait trophée des dépouilles de nos armées, du meurtre de nos généraux ! Que le butin fût versé dans le fisc ; ce serait assez pour eux d'allumer les flammes, d'entasser les ruines dans une colonie rebelle ; ainsi serait payé le saccagement d'un si grand nombre de camps." Cérialis, craignant que la renommée ne lui fît le reproche d'avoir éveillé chez les soldats le goût de la licence et de la cruauté, contint leur fureur. Ils obéirent, revenus, par la cessation de la guerre civile, à une modération qu'ils portaient dans la guerre étrangère. Bientôt le déplorable aspect des légions arrivant de chez les Médiomatriques vint saisir les esprits. Une contenance morne, des yeux attachés à la terre, annonçaient des consciences humiliées par le crime. En se réunissant, les deux armées ne donnèrent ni ne rendirent le salut. Les consolations, les encouragements, restaient sans réponse. Les nouveaux venus se cachaient dans leurs tentes, évitaient la lumière ; et c'était moins le péril et la crainte que la honte et l'opprobre qui causaient leur stupeur. Les victorieux même étaient si atterrés qu'ils n'osaient élever la voix ni hasarder de prières : c'était par les larmes et le silence qu'ils demandaient grâce pour leurs compagnons. Enfin Cérialis calma les esprits, en rejetant sur la fatalité tout ce qu'avait produit de maux la discorde des soldats et des chefs ou la perfidie des rebelles. Il les engage à considérer cette journée comme la première de leurs campagnes et de leur serment, assurant que ni l'empereur ni lui ne se souvenaient des fautes passées. Alors ils furent reçus dans le même camp, et défense fut faite dans les chambrées, à tout soldat qui aurait une querelle ou une contestation, de reprocher à un camarade sa rébellion ni sa défaite. Apport : Cet extrait nos apporte pour la première fois des informations d’époque sur la première phase de fin de la révolte, qui est l’arrivée et les victoire des légions de Cérialis. Le récit nous décrit ici le comportement du général, qui contiendra l’envie de revanche de ses soldats face à la colonie de Trèves, qui s’était soulevée. Cérialis, sans doute par crainte d’une escalade de revanche et par désir de mettre fin à cette guerre civile, encouragea la retenue et le pardon aux légions précédemment rebelles, et leur rappela le pardon accordé par l’empereur. Tacite, La Germanie, I, Paris, Librairie Garnier Frères, 1934, pp. 99-101, texte édité et traduit par Cordier André : Extrait : « Germania omnis a Gallis Ratisque et Pannoniis Rheno et Danuvio fluminibus, a Sarmatis Dacisque mutuo metu aut montibus separatur; cetera Oceanus ambit, latos sinus et insularum immensa spatia complectens, nuper cognitis quibusdam gentibus ac regibus, quos bellum aperuit. Rhenus, Raticarum Alpium inaccesso ac procipiti vertice ortus, modico flexu in occidentem versus septentrionali Oceano miscetur. Danuvius molli et clementer edito montis Abnobze jugo effusus plures populos adit, donec in Ponticum mare sex meatibus erumpat, septimum os paludibus hauritur. » Traduction : La Germanie dans son ensemble est séparée des Gaules, de la Rhétie et de la Pannonie par le Rhin et le Danube, des Sarmates et des Daces par une crainte mutuelle ou des montagnes; le reste est environné de l'Océan, qui embrasse de vastes côtes sinueuses et des fleuves immenses, séjour nouvellement découvert de nations et de rois que la guerre nous a révélés. Le Rhin, tombant d'un sommet rapide et inaccessible des Alpes rhétiques, fait un léger détour vers l'occident, puis va se mêler à l'Océan Septentrional. Le Danube, versé par les pentes faciles et doucement inclinées du mont Abnoba, visite un plus grand nombre de peuples et se décharge enfin par six bouches dans la mer du Pont; un septième bras se perd dans des marais. Apport : Cet extrait d’un autre livre de Tacite nous renseigne sur les connaissances générales des Romains sur le territoire batave avant la révolte, et la manière dont leur territoire était vu par Rome. Tacite, Vie de Julius Agricola, VIII, Paris, Librairie Garnier Frères, 1934, pp. 99-101, texte édité et traduit par Cordier André : Extrait : « Præerat tunc Britanniæ Vettius Bolanus placidius quam feroci provincia dignum est. Temperavit Agricola vim suam ardoremque compescuit, ne incresceret, peritus obsequi eruditusque utilia honestis miscere. Brevi deinde Britnaania consularem Petilium Cerialem accepit : habuerunt vitrtutes spatium exemplorum. Sed primo cerialis labores modo et discrimina , mox et gloriam communicabat : saæpe parti exercitut in experimentum, aliquando majoribus copiis ex eventu præficit. Nec Agricolaumquam in suam famam gestis exsultavit : ad auctorem ac ducem, ut minister, fortunam referebat. Ita virtute in obsequendo, verecundia in prædicando extrainvidiam nec extra gloriam erat. » Traduction : Viettius Bolanus gouvernait alors la Bretagne, plus pacifiquement que ne méritent des peuples intraitables. Agricola contint sa propre force et modéra son ardeur afin de ne pas faire ombrage; il savait condescendre à propos et il avait appris à concilier l'utile avec l'honnête. Bientôt la Bretagne reçut pour légat consulaire Pétilius Cérialis : alors les vertus eurent carrière pour se signaler. Et d'abord, associé seulement aux travaux et aux périls, Agricola le fut bientôt à la gloire : souvent, pour l'essayer, Cérialis lui confiait une partie de l'armée; quelquefois, décidé par la réussite, il lui donnait des troupes plus nombreuses. Et jamais Agricola, pour grandir sa renommée, ne tira vanité de ses exploits: en bon serviteur il rapportait les succès au chef qui avait pris Vinitiative et donné les ordres. C'est ainsi que, obéissant avec dévouement, racontant avec modestie, il était sans envieux et n'était pas sans gloire. Apport : Ce dernier extrait de sources d’époque sur la révolte batave nous permet de récolter une plus grande quantité d’informations l’organisant et l’histoire des généraux romains dans le nord de l’empire, à la veille de la révolte batave, notamment sur le caractère et l’attitude de Cérialis, qui jouera un rôle central dans la fin de cette révolte. Sources épigraphiques Nous avons ici sélectionné une série de sources épigraphiques reliées à notre sujet de recherche, en essayant de toucher à tous les aspects de ce dernier. Il s’agit donc de témoignages de la révolte, alliant des traces de gardes bataves à Rome à la veille de la révolte, ainsi que de tuiles gravées par les légions chargées de mater les rebelles et des épitaphes de soldats attestant de leurs origines bataves. La majorité des sources ici présentées attestent des participations des Bataves à l’armée romaine. CIL, XIII, 1874 Sarcophage attestant du service d’un soldat romain, marié une femme de Germanie Supérieure, à la VIII legio Agusta, présente lors de la fin de la fin de la révolte. AE, 1952, 148 Stèle funéraire d’un batave ayant participé aux Corporis Custode sous Néron. CIL, XIII, 12603 Tuile laissée dans la région de Germanie par la VIII legio Agusta à l’époque de notre sujet. CIL, XIII, 8804 Inscription attestant de la présente de Bataves dans les Corporis Custode. CIL, VI, 2548 Inscription de légionnaire Batave dans l’armée romaine. Conclusion Après cette présentation de notre sujet, suivie d’une analyse d’ouvrages généraux, de bases de données, de monographies, et enfin de sources, tant littéraires qu’épigraphiques, nous pouvons tirer de notre travail plusieurs conclusions. Si nous reprenons l’état de la question, à la lumière de nos recherches, nous pouvons désormais dire que la révolte batave à été abondement traitée par les historiens au cours du temps. Nous nous rendons vite compte que la majorité des travaux utilisés sont très récents, avec des dates de publications moyennes autours des années 2000. Le sujet est traité dans le détail et de manière diversifiée, puisque de nombreux historiens se sont intéressés à des aspects plus précis du sujet que simplement le déroulement de la révolte. Ce n’est pas seulement le récit pur de la révolte qui est relaté dans les ouvrages, articles, et actes de colloques, mais également l’impact que celle-ci a eu, ses origines, la perception de l’époque face à cette situation, et la vie des principaux acteurs qui est analysée. Si nous nous intéressons maintenant à la provenance de ces travaux, nous voyons que la quasi-totalité de ceux-ci sont francophones. Ceci résulte de la nationalité des auteurs, et non d’un choix personnel. Toujours au sujet de ces auteurs, il est intéressant de noter – bien qu’une grande partie d’entre eux soient des historiens expérimentés dans leur domaine – une part importante des travaux et des articles provient de jeunes historiens, ce qui semble indiquer que ce sujet continue d’intéresser et d’être traité. De plus, il nous semble capital de mentionner que, parmi tous les ouvrages, nous n’avons pratiquement pas rencontré de contradictions, ce qui semble indiquer que les travaux les plus anciens restent toujours de qualité. Enfin, bien que nous pouvons faire remonter les débuts de l’historiographie du sujet au 16e siècle, nous n’avons presque pas trouvé de traces d’ouvrages ou de travaux lié aux Bataves avant le 19e siècle. Pour ce qui est des sources premières, celles-ci se sont révélées très riche, au point qu’il a fallu ici effectuer un choix, basé sur leur pertinence. Comme nous l’avons déjà énoncé plusieurs fois, les Bataves étaient un peuple très présents dans la vie romaine, et ont laissé une quantité de trace impressionnante, pour un peuple barbare aux confins de l’Empire. Ces sources prennent plusieurs formes, puisque nous avons trouvé de nombreuses inscriptions funéraires de soldats, des tuiles laissées par les armées en garnison lors de la phase finale de la révolte, et de très nombreux extraits d’historiens de l’époque. Annexes Annexe n°1 Figure Annexe 1 : Répercussion de la révolte batave dans la région du Rhin. Source : Cancik, Hubert, Schneider Helmuth (éd.), Brill's new Pauly: Encyclopaedia of the Ancient world: Antiquity, t. 2, Leiden – Boston, Brill, 2005, p. 551. Annexe n°2 Figure annexe 2 : distribution de l’équipement militaire romain et des instruments d’équitation dans la zone fluviale batave, suivant les découvertes archéologiques en contexte. Source : Roymans Nico, « L’impérialisme romain et la formation des Bataves comme peuple militaire », dans Dialogues d’histoire ancienne, n°42, Besançon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2016, p. 346, consulté en ligne à l’adresse https://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_2016_num_42_1_4214, le 01/11/20213. Table des matières Introduction et mise en contexte 3 Introduction 3 Mise en contexte 3 Historiographie 5 Bibliographie 6 Outils de travail 6 Bases de données 9 Portail de revues 10 Monographies et ouvrages collectifs 10 Articles 21 Sources 29 Sources littéraires 29 Sources grecques 29 Sources latines 34 Sources épigraphiques 50 Conclusion 51 Annexes 52 Annexe n°1 52 Annexe n°2 53 DILLEN TEO – Heuristique spécialisée ANT 2