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Louis Cane in the 70s

introduction to Louis Cane's shaped canvases

7, rue Saint-Claude 75003 Paris T. +33 (0)1 40 27 00 32 [email protected] www.galerietorri.com LOUIS CANE 1974 03.14.15 - 04.18.15 Why show ive works that Louis Cane created between 1972 and 1974? Dare we say because they haven’t sprouted a wrinkle despite being folded and put away for 4 decades? It’s not a very formalist response, but it cuts to the quick as Louis Cane did with these paintings. First he spread a out canvas on the loor (in the beginning they were sheets) and cut out a rectangular swathe which he folded over. Like Jackson Pollock or Helen Frankenthaler, Louis Cane painted on an unstretched canvas on the ground. But that was far from the Cedar Bar, and Clement Greenberg was digested as he was translated. Because, after 40 years in storage, these paintings are almost more surprising now than at irst view. In those days, one daren’t evoke the painter’s craft, since the critics were all advocating pictorial praxis. In a text from 1972, Louis Cane described his method: “First: the canvas is on the ground, entirely spread out, no drawing nor any kind of mark intervenes to limit the color. Simply the color will cover some of the white ground. Second: the canvas is folded in half lengthwise, I trace and cut the fabric then spread out the canvas afresh. Third: having applied the color, I reconsider the new image; I highlight or accentuated the forms and essentially I ‘do what it takes to please myself’.” That same year, Marcelin Pleynet explains that Louis Cane (and Dezeuze and Devade) propose to “come to grips with that which, in multiple forms, has invested in the religiosity of art to point the repressed, the materialist base and the productive forces which are constituent.” At that time, one was quite the formalist (and for some, somewhat Maoist). Today, few readers are tempted to peruse the publications that disseminated these texts, and now conserve them. But these paintings by Louis Cane continue to titilate our sensibilities. Last century, one saw them as the realization of a praxis. In 2015, we admire the economy of means and the visual polyvalence. lThe lap produced by the incision in the canvas opens a space on the wall. This space is not part of the painting yet remains integral to the picture. Back then, Louis Cane questioned pictorial space by considering Chinese painting. To liberate himself from the conventions of Renaissance perspective without renouncing pictorial space it was necessary to start with discourse. Today only the painting endures and with it the work’s persisting pertinence. Rachel Stella Rachel Stella defends hard line modernism, with a particular interest in periodical studies, ekphrasis and printmaking. She has published essays about Benjamin Péret, Black Mountain College, Ad Reinhardt, Jonathan Williams, Aldo Crommelynck, Supports/Surfaces. Forthcoming in 2015: «When Kitsch Becomes Form» in Investigations : the expanded ield of writing in the works of Robert Morris (ENS Lyon), «On the Record» in Eileen Gray: E1027 (University of Texas, Austin). 7, rue Saint-Claude 75003 Paris T. +33 (0)1 40 27 00 32 [email protected] www.galerietorri.com LOUIS CANE 1974 14.03.15 - 18.04.15 La galerie TORRI expose cinq toiles découpées de Louis Cane couvrant la période 1972-1974. Quel intérêt peut avoir ce retour en arrière ? À moins que ce soit aux sources ? La première chose, sans doute, est que ces œuvres n’ont pas pris une ride depuis qu’elles ont été pliées et rangées. Réponse bien peu formaliste, mais qui coupe dans le vif, comment Louis Cane a découpé ces toiles. D’abord il a étendu un drap, au début, par terre, pour y tailler un grand rectangle qu’il a replié. Comme Jackson Pollock ou Helen Frankenthaler, Louis Cane peint un support déployé au sol sans châssis. Après quarante ans dans un placard, ces toiles sont presque plus étonnantes qu’à première vue. Mais les artistes français sont alors loin du Cedar Bar, et ont digéré Clement Greenberg en le traduisant. Personne n’osait plus alors évoquer son métier de peintre, car les critiques prônaient une « pratique picturale ». En 1972, Louis Cane décrivait ainsi son protocole : « Premièrement : la toile est sur le sol, entièrement dépliée, aucun dessin ni trace particulière ne viennent limiter la couleur. Simplement la couleur va recouvrir une partie du blanc. Deuxièmement : la toile est pliée en deux dans le sens de la longueur, je trace et découpe le tissu puis déploie la toile à nouveau.Troisièmement : avec la couleur, je considère ce nouveau dessin ; j’en souligne ou accentue les formes et pour résumer “fait en sorte que ça me plaise.” » La même année, Marcelin Pleynet explique que la peinture de Louis Cane (comme celle de Dezeuze et de Devade) propose de « ressaisir ce qui, sous de multiples formes, s’est investi dans la religiosité de l’art pour en mettre en évidence le refoulé, la base matérialiste et les forces productives qui la constituent. » A l’époque, on est très formaliste (parfois même… maoïste). Aujourd’hui peu de lecteurs sont tentés de feuilleter les publications qui diffusaient ces textes, qu’elles conservent a l’abri. Par contre, ces pièces de Louis Cane continuent à interpeller nos sensibilités. Au siècle dernier, on y voyait la mise en pratique d’un discours. En 2015, nous admirons l’économie de moyens et la polyvalence visuelle. Le rabat produit par la découpe de la toile ouvre sur le mur un espace. Cet espace ne fait pas matériellement partie de la peinture mais demeure intégrable au tableau. A l’époque, Louis Cane interrogeait l’espace pictural en regardant la peinture chinoise. Pour s’affranchir des conventions de la perspective albertienne sans renoncer à l’espace pictural, il fallait commencer par un discours. Aujourd’hui, il ne reste que les oeuvres et leur persistante pertinence. Rachel Stella