TRANSTIBERINUS AMBULATOR (MART., 1.41), FLAMINIÆ SALARIÆQUE GESTATOR (MART., 4.64.18-19) :
LA PÉRIPHÉRIE LABORIEUSE DE ROME VUE PAR MARTIAL•
“Banlieue” et “environs de Paris” se confondent désormais avec “Ile
de France” et celle-ci n'est plus lisible que dans l'ordre alphabétique
de ses monuments et “curiosités” [-]. Tant pis pour qui voudrait
reconnaître quelques repères dans les vastes interstices de son
parcours. [-] L'espace n'existe plus que sous la forme de morceaux
choisis. On ne voyage plus en région parisienne. On se déplace. On
saute d'un point à un autre. [-] Les banlieues étaient quelque chose qui
se trouvait “tout autour”. [-] Où était passée la vie ? En banlieue. Le
“tout autour” ne pouvait donc pas être un terrain vague, mais un
terrain plein.
François Maspero,
Les passagers du Roissy-Express
(1990)
Résumé :
S'agissant de la Rome du Haut-Empire, la multiplicité des limites territoriales et la porosité des
espaces qui en résulte ne facilitent pas – même pour ses contemporains – l'appréhension du
phénomène périurbain. Ce qui fait ici de Rome un piètre modèle pour les villes antiques se
révèle très éclairant par rapport aux situations actuelles de “ banlieusardisation ”. Au-delà du
phénomène d'exclusion du centre civique des activités laborieuses et de leur diffusion dans le
reste de l'espace urbain qui ont fait l'objet de synthèses récentes, la lecture de Martial permet
de mesurer où se situent ces activités dans sa représentation de la ville et donc de comprendre
comment est vécu par un témoin le rapport de l'activité artisanale et marchande à la périphérie
urbaine et à sa définition.
Abstract :
The multiplicity of territorial boundaries of the city of Rome during the High-Empire and the
resulting porosity of spaces made it difficult - even for its inhabitants - to grasp the suburban
phenomenon. What makes Rome a poor model for ancient cities is also very instructive when
it comes to today's 'suburbanisation'. Through the exclusion of labour-based activities from the
civic centre and their spread to the rest of the urban space, which have been the subject of recent
studies, Martial allows us to measure his representation of the city in terms of these activities
and thus to understand how an eyewitness experienced the relationship between craft and
commercial activity and the urban periphery and its definition.
Les Épigrammes de Martial permettent d’illustrer des phénomènes d'imbrication spatiale et
fonctionnelle inattendus qui invitent à s’interroger sur le sens même à donner à la périphérie
•
Ce texte avait fait l’objet d’une présentation sommaire en 2016 lors d’une journée d’étude organisée par R. Plana
à l’Université de Montpellier sur Artisanat, imbrications spatiales et fonctionnelles dans les espaces périurbains
de la Méditerranée occidentale. Certains aspects ont été résumés dans “ Entre les murs : la périphérie de Rome à
la lecture du relief de Paul Bigot ”, in : Philippe Fleury et Sophie Madeleine (dir.), Topographie et urbanisme de
la Rome antique Actes du colloque organisé à Caen (11-13 décembre 2019), Caen, 2022, p. 103-120. Je tiens à
remercier A. Vial-Logeay pour sa relecture critique et ses suggestions.
urbaine et à son extension, au-delà des seules données archéologiques. 1 Grand pourvoyeur
d'anecdotes sur la vie quotidienne romaine et le monde laborieux de la plèbe, des affranchis et
des esclaves, le poète satirique se réfère à une topographie de Rome très concrète2 et souvent
bien plus détaillée que celle de son contemporain Juvénal qui n'évoque précisément qu'une
dizaine de lieux même s'il en cite davantage.3 Ce ne sont pas moins de deux-cent cinquante
sites localisés, ou localisables, que recense ainsi l'un des meilleurs commentateurs de Martial,
son compatriote E. Rodríguez Almeida.4
Sans entrer dans le détail d'un commentaire littéraire, contentons-nous de dire que pour Martial,
Rome est un “texte” confus qu'il écrit en même temps qu'il le déchiffre.5 En restant à ses marges,
il tente alors de prendre du recul.6 Ce goût des marges tient au genre qu'il développe, mineur
face à l'élégie, l'épitre et l'épopée, autant qu'à sa position personnelle. Provincial, il n'a de cesse
de dénoncer l'agitation de Rome et de chercher à la fuir, pour pouvoir en définitive produire
une esthétique de la confusion,7 qui joue sur la référence intertextuelle avec ses prédécesseurs.
En ce sens, Martial est un témoin d'autant plus unique que ses devanciers qui parlent de Rome
(Horace et Ovide) n'abordent pas, ou de façon ponctuelle, les questions de périurbain.8 Juvénal,
son contemporain, non plus, mais ses intentions polémistes et moralistes sont essentiellement
différentes.9
Martial offre donc un autre éclairage, qui est celui de la perception subjective de la périphérie
urbaine ; il nous permet ainsi de la confronter à des données plus objectives parce
qu'archéologiques. On gardera cependant à l'esprit qu'à la différence de plus petites
agglomérations, par exemple en Italie et dans les provinces,10 Rome n'est guère un bon exemple
pour illustrer la notion de “ périurbain ”. Non seulement les limites urbaines y sont multiples
(administratives, fiscales, religieuses, physiques), sans qu'elles coïncident toujours entre elles
1
Royo (2020), Royo (à paraître), Volpe (2010), Ead. (2014).
Plus de 20% des références du classique de J. Carcopino, la Vie quotidienne à Rome à l'apogée de l'Empire en
vient.
3
Juv. 6, Rodríguez Almeida (2001) 89-90, Cortès Tovar (2014) 74, 76, Larmour (2016) 297.
4
Rodríguez Almeida (2014) 79.
5
Royo (2020) 118.
6
Mart. 10.13.9-10 : Si tibi mens eadem, si nostri mutua cura est,/ In quocumque loco Roma duobus erit.
Si tu penses la même chose, si nos sentiments sont partagés, alors Rome sera partout pour nous deux (Toutes les
traductions sont faites par l'auteur d'après l'édition de la C.U.F.).
Rimell (2008) 180, Laurence (2011) 93, Royo (2020) 102.
7
Gruet (2006) 187, Roman (2010) 89, Laurence (2011) 83, Royo (2020) 118.
8
Royo (2020) 100, 111.
9
Rodríguez Almeida (2001) 86-88.
10
Goodman (2007) 59-67, Lafon (2012) 60, Lafon (2015) 272.
2
2
(fig. 1),11 mais certains secteurs de cette périphérie – les faubourgs (continentia tecta) – sont
intégrés à l'espace urbain par la réforme augustéenne vers 7 a.C. tout en conservant leurs
spécificités.12
Insert Fig. 1 : Les différentes limites urbaines de Rome à la fin du Ier siècle p.C. – l'enceinte
d'Aurélien, postérieure, figure pour information. Elle correspondrait – sauf pour le Trastevere
– à la superficie maximale atteinte par les continentia (dessin MR, d'après Atlante di Roma
antica, Andrea Carandini et Paolo Carafa (éd.), Rome, 2012).
C'est le cas du Champ de Mars (Régions
VII
et
IX)
qui, monumentalisé dès la fin de la
République, concentre les valeurs urbaines, 13 ou encore du Trastevere (Région
XIV),
où
cohabitent activités productives et habitat périphérique aristocratique. 14 Ces quartiers, où
circulent certains des personnages du poète servent de cadre à nombre des anecdotes rapportées.
Par ailleurs, commerce et artisanat ont une topographie particulière, déjà mise en évidence par
les travaux de J.-P. Morel et de ses successeurs. 15 Malgré un double mouvement de
concentration des activités et d'exclusion du centre monumental de certaines, souvent parmi les
plus polluantes, il est délicat de chercher à tirer des informations des toponymes qui ont pu
demeurer bien au-delà de l'abandon de ces activités. 16 Il en va de même des inscriptions
funéraires où la mention des lieux d'exercice commercial ou artisanal obéit à des phénomènes
d'autoreprésentation
17
qui conduisent à une survalorisation de certains secteurs
topographiques.18 Il n'en demeure pas moins qu'on identifie au Forum, au Vélabre ou le long
du Clivus suburanus des concentrations qui ont évolué dans le temps et qui sont plus ou moins
liées à certains types de commerce.19
Dans ce contexte, les mots dont use Martial à propos de l'imbrication des activités urbaines sont
importants, tant il est vrai que la langue parle de nous autant que nous la parlons.20
Le Trastevere entre espace urbain et périurbain
11
Patterson (2000) 85, Guilhembet (2010).
Arnaud (1998) 75, 80.
13
Zanker (2001) 132, 144.
14
LTUR 5 (1999) 81-83, Azzena (2010) 11, Carafa & Pacchiarotti (2012), Rodríguez Almeida (2014) 561.
15
Morel (1987), Morel (2001), Courrier (2014) chp. 3.
16
Morel (1987) 135, 141.
17
Morel (2001) 255.
18
Monteix (2012) 335, Courrier (2014) 232.
19
Papi (2002), Monteix (2012) 340.
20
Klemperer (1998) 40.
12
3
Le même qualificatif – transtiberinus – rare chez Martial, se trouve ainsi employé à trois
reprises, la première pour désigner un habitat (transtiberina domus : 1.108), la deuxième un
personnage (transtiberinus ambulator : 1.41), la troisième une métaphore animale (non
detracta cani trastiberina cutis : 6.93.4). Dans les deux premiers cas, le contexte oppose
espaces urbain et suburbain au travers de valeurs, de bâtiments ou de lieux qui les caractérisent.
Et ce n'est sans doute pas un hasard, comme nous le verrons, si toutes les allusions à la région
transtibérine sont également péjoratives.21
Dans le premier texte, il est question d'aller saluer un patron de Martial, un certain Gallus.22
Bien que la visite en vaille la peine, la maison est fort éloignée et le poète préfère s'y faire
représenter par son livre. Martial, qui habite le quartier ad pirum sur le Quirinal (1.117), doit
en effet traverser Rome d'un bout à l'autre pour s'y rendre.23 La même raison le fait renoncer à
fréquenter plus assidument Decianus, un de ses amis qui vit sans doute sur le petit Aventin.24
Enfin, bien que le même Gallus possède une autre résidence sur l'Aventin, celle-ci est tout aussi
éloignée que celle du Trastevere (10.56).25 Si toutes ces maisons sont loin du centre, elles le
sont encore plus de celle de Martial. Elles relèvent cependant de l'espace urbain, comme l'usage
du terme domus en témoigne. Ce ne semble pas le cas en revanche des propriétés que le poète
qualifie de villæ ou de rus26. Une nuance s'impose toutefois s'agissant de la maison transtibérine
de Gallus. Martial ajoute une restriction qui porte soit sur sa beauté (pulchra) soit, comme c'est
plus vraisemblable, sur sa qualité urbaine (domus) : verum transtiberina : “ Tu as une maison
de ville vraiment belle, mais elle est située au-delà du Tibre ”. On trouve en effet de belles
résidences en périphérie ou à la campagne, mais il s'agit de villæ, d'horti, ou de prædia,27 quand
21
Rodríguez Almeida (2014) 578.
1.108.1-2 : Est tibi – sitque precor multos crescatque per annos –/Pulchra quidem, verum transtiberina
domus…/5-6 : Migrandum est, ut mane domi te, Galle, salutem :/ Est tanti, vel si longius illa foret./10 Mane tibi
pro me dicet havereliber.
Tu possèdes- et je prie que cela dure et prospère des années durant-/Une maison vraiment belle, mais au-delà du
Tibre…/5-6 C’est un périple Gallus que d’aller le matin te saluer chez toi./ Ça vaut le coup, quand bien même elle
serait plus loin encore./ 10 Le matin mon livre ira te saluer à ma place.
23
Rodríguez Almeida (2014) 83.
24
2.5.1-4 : Ne valeam, si non totis, Deciane, diebus/ Et tecum totis noctibus esse velim./ Sed duo sunt quæ nos
disiungunt milia passum:/ Quattuor hæc fiunt, cum rediturus eam. Que j'en tombe malade, Decianus, si ce ne sont
des jours entiers/ et des nuits entières que je ne désire passer avec toi!/ Mais deux mille pas nous séparent;/ ce qui
en fait quatre avec le retour.
Rodríguez Almeida (2014) 530 (localisation incertaine).
25
Rodríguez Almeida (2014) 545-546.
26
9.97.7-8 : Rumpitur invidia, quod rus mihi dulce sub urbe est/ Parvaque in urbe domus, rumpitur invidia. Il
crève de jalousie parce que je possède une campagne aux portes de Rome,/ et une petite maison en ville; il en
crève.
27
Coarelli (1996) 20, Azzena (2010) 11, Ghilardi (2015).
22
4
bien même l'agrément de leur situation ou leurs agencements incitent Martial à les considérer
comme presqu'urbaines.28 C'est le cas de la villa de Julius Martialis au Janicule (en fait sur le
Monte Mario)29 ou des prædia de Sparsus au Trastevere.30 En ce sens, il paraît remarquable au
poète de trouver une véritable maison de ville dans un quartier mélangé comme celui-ci.
À ce stade, ce qui semble définir le périurbain chez Martial, tient d'abord à la distance à
parcourir, qui s'estime en temps de trajet et qui contraste avec l'amplitude relativement faible
des déplacements quotidiens de la plèbe.31 Les deux mille pas évoqués à propos de Decianus
(n. 22) ne sont pas très éloignés des chiffres estimés du rayon de la cité, établis à partir du
commentaire de Pline (HN, 3.66-67).32 L'intrication des constructions intervient ensuite dans la
perception d'un espace, où voisinent domus, villæ et propriétés agricoles, même si ces dernières
relèvent, dans le cadre des continentia tecta, du droit “ urbain ”, défini par leur usage (urbico
usui).33 De fait, c'est la forme urbaine de l'habitat, dont la marque est la domus, qui, a priori,
distingue l'espace de la ville de ce qui ne l'est pas. La périphérie correspond ainsi à une frange
plus ou moins précise où cette différence prend toute sa valeur symbolique,34 comme le montre
le second passage de Martial qui touche à la définition de la “ citadinité ”. Ce terme, qui
s'applique au mode de vie urbain et à ses représentations, est ici préférable à celui
d' “ urbanité ”, qui malgré sa proximité avec le mot latin caractérise les “ configurations
spatiales ” au sens de la Géographie urbaine.35
Désireux de railler un certain Cæcilius, le poète l'identifie aux gens de peu qui vivent
d'expédients : bouffon, colporteur venu d'au-delà du Tibre (Transiberinus ambulator), vendeur
28
3.58.51 : (villa de Bassus à Baïes) Rus hoc vocari debet, an domus longe ? Est-ce bien là une maison de
campagne ? Ne faut-il pas plutôt dire : ‘une maison de ville éloignée’.
8.68.1-2 : (villa d'Entellus secrétaire de Domitien) Qui Corcyræi vidit pomaria regis,/Rus, Entelle, tuæ præferet
ille domus. Celui qui a vu les vergers du roi de Corcyre leur préférera, Entellus, la campagne attenante à ta maison.
29
4.64.25 : Hoc rus, seu potius domus vocanda est. Cette maison de campagne – ou, si l'on préfère, cette maison
de ville.
30
12.57.20-21 : Cui plana summos despicit domus montis/ Et rus in urbe est vinitorque Romanus. Toi qui
contemples depuis ta terrasse les sommets des collines/ et qui jouis d'une campagne en ville avec un vigneron
romain.
31
Courrier (2014) 142.
32
Guilhembet (2006) 99-101.
33
Dig. 33.9.4.4-5-6 : 4. Si ita legetur ‘penum, quæ Romæ sit’, utrum quæ est intra continentia, legata videtur an
vero ea sola, quæ est intra murum ? [-] 5. Quod si urbana penus sit legata, omnem, quæ ubique est, legatam videri
Labeo ait, etiam si in villis agrisve sit, si illa sit urbico usui destinata, sicuti urbica ministeria dicimus et quæ extra
urbem nobis ministrare consueverunt. Si autem extra urbem, Romæ tamen sit, sed et si in hortis sit urbi iunctis,
idem erit dicendum. 6. Si cui penus legata sit præter vinum, omnis penus legata videtur excepto vino: sed si ita
scriptum sit ‘omnem penum præter vinum quod Romæ erit’, sola penus quæ Romæ est legata videtur: et ita et
Pomponius libro sexto scribit.Voir Le Gall (1991) 58, Fabre (2012) 26.
34
Royo (2018).
35
Lévy & Lussault (2003) 160
5
à la sauvette, rimailleur, gargotier…, situations qui, toutes, interdisent à ses yeux d'être
considéré comme urbanus (citadin).36 Lier cette qualité à l'origine géographique autant qu'à un
type de métiers n'a rien d'anodin. Comme le note Brice Gruet, 37 la mise en scène d'une
géographie sociale de la dégradation individuelle repose sur la combinaison du triple sens de
l'adjectif : géographique, urbanus s'oppose à rusticus (citadin/campagnard) ;38 ethnique, son
contraire est peregrinus (étranger/habitant l'Vrbs ou au moins Romain), enfin éthique, il est
l'inverse de rudis (brut), “ policé ”.39 Le colporteur d'au-delà du Tibre non seulement n'a pas le
poli d'un citadin mais ne peut être qu'un habitant de la périphérie, un “ faubourien ” en quelque
sorte. L'éloignement du centre assigne au moins symboliquement une identité sociale 40 ou,
plutôt comme ici et à l'inverse, une activité professionnelle renvoie à un habitat déterminé qui,
à mesure qu'on s'éloigne du centre, perd sa nature urbaine. On ne peut rien tirer cependant du
terme d’ambulator qui n’est pas spécifique à désigner l’activité de colportage, pas plus que la
nature du commerce de détail ne distingue l’activité itinérante de celle tabernarii sédentaires.41
L’identité de nos personnages – et leur qualité – se définit à travers les lieux où ils résident ou
qu’ils fréquentent. Deux identités s’opposent, l’une citadine, l'autre faubourienne. “ Dis-moi où
tu résides, je te dirai qui tu es ”, ce qu'Albert Simonin exprimait à sa manière à propos de sa
rencontre avec Michel Audiard : “ Ce qui nous a réunis, c'est que nous avons connu les mêmes
personnages. Qu'ils soient de Charonne, de La Chapelle, de Belleville ou du parc Montsouris,
les faubouriens sont les faubouriens ”. 42 Au-delà de l'anecdote des auteurs des Tontons
flingueurs, on aurait tort d'oublier les autres petits métiers cités par Martial. La position du
transtiberinus ambulator dans l'épigramme inviterait presque à faire aussi de ceux qui les
36
1.41.1-13 : Urbanus tibi, Cæcili, videris./ Non es, crede mihi. Quid ergo? verna,/ Hoc quod transtiberinus
ambulator,/ Qui pallentia sulphurata fractis/ Permutat vitreis, quod otiosæ/ Vendit qui madidum cicer coronæ,/
Quod custos dominusque viperarum,/ Quod viles pueri salariorum,/ Quod fumantia qui tomacla raucus/
Circumfert tepidis cocus popinis,/Quod non optimus urbicus poeta,/ Quod de Gadibus improbus magister,/ Quod
bucca est vetuli dicax cinædi.
Un homme d’esprit, c’est ce que tu te crois, Cæcilius. Tu ne l’es pas. Et quoi donc ? Un bouffon. Un colporteur
de l’autre côté du Tibre qui échange des allumettes soufrées pâlichonnes contre des morceaux de verre ; un vendeur
de pois chiches bouillis; un charmeur de serpents; un de ces simples commis de charcutier; un gargotier enroué
trainant ses gamelles chaudes de cervelas fumants ; un poète des rues, et pas un bon; un maître à danser espagnol
pas terrible; le caquet d’un vieux cochon.
37
Gruet (2006) 194-195.
38
Sur le terme chez Martial : Vallat (2005) 118.
39
Sur ces distinctions sémantiques et les valeurs morales qui s’y attachent : Guérin (2009) 240, 251, 254.
40
Paifer Cairolli (2016) 15 qui insiste sur le contenu moral du qualificatif d’urbanus ; Guérin (2009) 245.
41
Colin (2000) 157-158.
42
Lombard (2013) 22.
6
exercent, des habitants, sinon du même quartier transtévérin, du moins de la périphérie de
l'Vrbs.43
La troisième et dernière allusion du poète au Trastevere concerne l'odeur d'une prostituée,
pareille à celle d'une jarre de foulon brisée ou encore d'une peau volée par un chien errant venu
d'au-delà du Tibre. 44 L'image laborieuse que construisent toutes ces épigrammes 45 est assez
cohérente avec la réalité archéologique, même fragmentaire, du quartier et ce dernier texte
s'accorde avec la mention plus tardive d'une tannerie au Trastevere, au voisinage ou sous SainteCécile.46 Quelques témoignages archéologiques et épigraphiques – pour la plupart postérieurs
– dessinent une région industrieuse 47 mais périphérique, mêlant domus, horti et villæ dont
certaines surplombaient la plaine vaticane.48 On y observe le schéma d'ensemble de l'évolution
du commerce et de l'artisanat, qui migre à partir du IIIe siècle a.C. du centre de Rome vers sa
périphérie.49 Même si la XIVe Région appartient à l'Vrbs depuis Auguste, l'imaginaire du poète
du
Ier
siècle ne la considère pas comme urbaine à proprement parler. Dans ces conditions, la
domus de Gallus y paraît effectivement incongrue et l'adjectif qui renvoie le mieux à ce
faubourg se trouve un peu plus loin dans sa charge contre Cæcilius. À l'urbanus qu'il ne peut
être s'oppose ainsi l'urbicus – simple habitant – qui suffit pour qualifier le mauvais poète
ambulant auquel ressemble Cæcilius : la nature “ urbanisée ” d'un espace ne suffit pas à en
définir la “ citadinité ”.
Ad Pirum et la perméabilité de l'espace urbain
Pour saisir l'importance des marges et des imbrications fonctionnelles chez Martial, mieux vaut
abandonner l'habituelle répartition thématique que suivent les commentateurs modernes de ses
Épigrammes : la vie du client, les espaces centraux où se vendent les livres du poète, les
43
Malmberg & Bjur (2009) 110-113 suggèrent que les quartiers périphériques de Rome joueraient un rôle actif
dans le développement urbain à certaines époques, disposant à la fois de l’espace nécessaire pour s’étendre et de
l’armature héritée des époques précédentes.
44
6.93.1-2, 4 : Tam male Thaïs olet quam non fullonis avari/Testa vetus media, sed modo fracta via [-]; non
detracta cani trastiberina cutis.
45
Voir aussi Juv. 14.201-5.
46
Rodríguez Almeida (2014) 579 : coriaria Septimiania.
47
Moulins et figlinæ sur le Janicule, Cellæ Vinariæ et horrea près de la Farnésine et le long des rives du Tibre,
coriarii (près du “ Ponte Rotto ”), lecticarii, eborarii, urinatores, piscatores, purpurarius (FUM 37A, Morel
(1987) 141, LTUR 1 (1993) 256, 257, 259, LTUR 5 (1999) 82, Bell (1994), Azzena (2010) 11-13, Morel (2001)
247, 249, Courrier (2014) 172, 224). Sur des fullonicæ dans les zones de S. Cecilia et de S. Chrysogono à époque
très tardive : Cecchelli (1999) 227, 237 (avec bibl.).
48
LTUR 5 (1999) 81, Capanna (2012) 75, 78.
49
Morel (1987) 129-131.
7
réalisations monumentales de Domitien et son palais.50 Savoir d'où parle le poète, quels espaces
il choisit de décrire et comment il le fait s'avère en fait plus profitable.
Lorsque Martial dit que “ la route est longue jusqu'au quartier du poirier (ad pirum) ” où il
habite (1.117.6), il s'adresse à Lupercus, probablement un parent de Frontin,51 qui réside dans
le centre et souhaiterait acquérir son dernier ouvrage : “ il t'est facile de trouver plus près de
chez toi ce que tu désires. Sans doute t'arrive-t-il de passer près du quartier de l'Argilète ”
(1.117.8-9). Que Martial se rende chez Paulus sur l'Esquilin ou chez Pline-le-Jeune au Lacus
Orphei (5.22.1-2, 10.20[19]), qu'il envoie ses livres depuis la Gaule ou l'Espagne,52 ou même
qu'il évoque ses lieux de villégiature, le quartier du poirier et sa maison restent pour lui un point
d'ancrage privilégié. C'est là qu'il fait l'expérience douloureuse de la “ perméabilité ” de l'espace
urbain en même temps que de la perte de toute intimité. Non seulement son voisin d'en face est
si proche qu'il peut lui serrer la main de sa fenêtre (1.86.1-2), mais c'est “ tout Rome qu'il a au
pied de son lit ” et qui l'oblige à fuir à la campagne pour pouvoir échapper au bruit qui l'empêche
de dormir.53 La description très pittoresque qu'il donne de son quartier, situé à la limite de
l'enceinte servienne, est ici marquée par la promiscuité et la confusion. 54 On y trouve non
seulement ce qui fait la vie de la rue avec ses petits métiers envahissant les trottoirs (7.61) mais
50
Par ex. Kardos (2001b), Wolff (2008) 47, Cortès Tovar (2014) 75.
Balland (2010) 113.
52
Il s'agit des livres 3 et 12.
53
12.57.26-28 : Nos transeuntis risus excitat turbæ,/Et ad cubile est Roma. Tædio fessis/ Dormire quotiens libuit,
imus ad villam.
Moi, la foule des passants qui rient me réveille et j'ai Rome au pied du lit. Quand je n'en peux plus d'épuisement,
chaque fois que je tiens à dormir, je vais à ma villa.
54
9.68.1-8 : Quid tibi nobiscum est, ludi scelerate magister,/ Invisum pueris virginibusque caput?/ Nondum
cristati rupere silentia galli:/ Murmure iam sævo verberibusque tonas./ Tam grave percussis incudibus æra
resultant,/ Causidicum medio cum faber aptat equo;/ Mitior in magno clamor furit amphitheatro,/ Vincenti parmæ
cum sua turba favet.
À quoi sers-tu, maitre d'école criminel, tête maudite des garçons et des filles ? Les coqs à la crête dressée n'ont pas
encore rompu le silence, que tu tonnes déjà de tes invectives et de tes coups. Si fort qu'on dirait le bruit que fait le
bronze battu sur l'enclume lorsqu'un artisan fixe un avocaillon à la selle d'un cheval. Le grand amphithéâtre rugit
plus doucement lorsque la foule de ses supporters acclame un petit bouclier vainqueur.
12.57.4-18 : Negant vitam/ Ludi magistri mane, nocte pistores,/ Ærariorum marculi die toto;/ Hinc otiosus
sordidam quatit mensam/ Neroniana nummularius massa,/ Illinc balucis malleator Hispanæ/ Tritum nitenti fuste
verberat saxum ;/ Nec turba cessat entheata Bellonæ,/ Nec fasciato naufragus loquax trunco,/ A matre doctus nec
rogare Iudæus,/ Nec sulphuratæ lippus institor mercis./ Numerare pigri damna quis potest somni?/ Dicet quot æra
verberent manus urbis,/ Cum secta Colcho Luna vapulat rhombo.
Le matin les maîtres d’école t’empêchent de vivre, la nuit les boulangers, les marteaux des chaudronniers toute la
journée. Là un changeur désœuvré fait sonner des pièces à l’effigie de Néron sur sa table sale ; là un batteur d’or
espagnol frappe avec son maillet brillant sa pierre usée. Et la troupe fanatique de Bellone, n’arrête jamais, comme
le naufragé prolixe, le torse enveloppé de chiffons, le juif dressé à mendier par sa mère, le colporteur aux yeux
sales avec ses allumettes soufrées. Qui peut compter les dommages faits au sommeil paresseux ? Celui-là dira
combien de marmites de bronze sont frappées par les mains citadines lorsque la lune éclipsée est frappée par la
roue de Médée la Colchidienne.
51
8
aussi certains artisanats plus spécifiques, comme celui du battage de l'or espagnol que Vitruve
(7.9.4) et des informations archéologiques55 permettent aussi de localiser entre les temples de
Flora et de Quirinus. Ailleurs, d'autres activités polluantes, comme les “ fornaci ” de l'Esquilin,
ne subsistent plus qu'au travers du toponyme in figlinis et ont disparu à la fin de la République.56
Rome paraît donc n'être plus qu'un vaste faubourg, ce que consacre le retour de la figure du
colporteur vendeur d'allumettes dans la liste des petites gens cités par Martial (12.57.14 :
sulphuratæ lippus institor mercis ). Pareille vision fait écho à celle de Denys d'Halicarnasse qui
peinait à distinguer la ville d'Auguste, non seulement de ses faubourgs, mais aussi de la
campagne environnante. 57 Cette perte de repères que Domitien aurait rétablis en faisant
respecter la législation sur la voie publique auprès des commerçants (“ À présent Rome existe ;
il y a peu, ce n'était qu'une grande boutique ”)58 ne doit pas cependant nous abuser.
Comme l'a montré Emilio Rodríguez Almeida,59 la situation que décrit l'épigramme 7.61 est
sans doute celle du quartier que fréquente Martial et qu'il généralise à la cité tout entière.60
Contrairement à ce qu'on imagine souvent, l'Vrbs dont parle le poète est moins celle du centre
monumental que de la périphérie, qu'elle soit ou non totalement comprise dans le pomerium,
55
Rodríguez Almeida (2014) 292-297.
Pavolini (1981) 149-152, Petracca & Vigna (1985) 131, LTUR (1993) 264, Rodríguez Almeida (2014) 234.
57
Dion. Hal. Ant. Rom. 4.13.4 : …καὶ εἰ µὲν εἰς ταῦτά τις ὁρῶν τὸ µέγεθος ἐξετάζειν βουλήσεται τῆς Ῥώµης, πλανᾶσθαί
56
τ´ ἀναγκασθήσεται καὶ οὐχ ἕξει βέβαιον σηµεῖον οὐδέν, ᾧ διαγνώσεται, µέχρι ποῦ προβαίνουσα ἔτι πόλις ἐστὶ καὶ πόθεν
ἄρχεται µηκέτ´ εἶναι πόλις, οὕτω συνύφανται τὸ ἄστυ τῇ χώρᾳ καὶ εἰς ἄπειρον ἐκµηκυνοµένης πόλεως ὑπόληψιν τοῖς θεωµένοις
παρέχεται. Εἰ δὲ τῷ τείχει {τῷ} δυσευρέτῳ µὲν ὄντι διὰ τὰς περιλαµβανούσας αὐτὸ πολλαχόθεν οἰκήσεις, ἴχνη δέ τινα
φυλάττοντι κατὰ πολλοὺς τόπους τῆς ἀρχαίας κατασκευῆς.
…si quelqu’un, désire estimer la taille de Rome (τὸ µέγεθος) en regardant ses faubourgs il sera nécessairement
induit en erreur par la recherche d’un critère efficace pour déterminer jusqu’à quel point c’est encore la ville (πόλις),
et où ce n’est plus la ville. La ville (τὸ ἄστυ) est si étroitement unie à la campagne (τῇ χώρᾳ), qu’elle donne
l’impression d’une ville (πόλεως) qui s’étend indéfiniment. [Il en est de même] si vous voulez mesurer la grandeur
de Rome par l'étendue de ses murailles, qui sont difficiles à trouver à cause d'une infinité de maisons qui les
environnent de toutes parts, quoiqu'on y aperçoive en plusieurs endroits des vestiges de leur ancienne structure.
58
7.61.10 : Abstulerat totam temerarius institor urbem,/ Inque suo nullum limine limen erat./Iussisti tenuis,
Germanice, crescere vicos,/Et modo quæ fuerat semita, facta via est./ Nulla catenatis pila est præcincta lagonis,/
Nec prætor medio cogitur ire luto,/ Stringitur in densa nec cæca novacula turba,/ Occupat aut totas nigra popina
vias./ Tonsor, copo, cocus, lanius sua limina servant./ Nunc Roma est, nuper magna taberna fuit.
Il avait confisqué la ville tout entière, le boutiquier sans gêne et là où il devait y avoir un seuil, plus de seuil
n'existait. Tu as ordonné, ô Germanique, d'élargir les ruelles étroites, et ce qui n'était naguère qu'un sentier est
devenu une rue. Il n'y a plus de bouteilles enchaînées au pilier et le préteur n'est plus forcé de patauger dans la
boue ; plus de rasoir aveuglement sorti au milieu de la foule dense, ou de sombres bouis-bouis envahissant la voie
publique sur toute sa largeur ! Barbier, bistrot, cuisinier, boucher, tous derrière leur seuil ! À présent Rome existe ;
il y a peu, ce n'était qu'une grande boutique.
59
Rodríguez Almeida (2014) 276-280.
60
Rodríguez Almeida. (1986) 50-52, Laurence (2011) 97, Rodríguez Almeida (2014) 280, qui rapproche 7.61 de
5.7 et pour qui l'épigramme, publiée en 92, célèbrerait l'achèvement cette année-là des travaux dans la zone de
l'ara incendii Neronis, voisine de la maison de Martial.
9
monumentalisée ou résidentielle : on y trouve surtout le Quirinal,61 le Champ de Mars,62 les viæ
Lata, Flaminia, Salaria,63 le sommet du clivus suburanus, entre le lacus orphei et les alentours
de la porte esquiline, et l'alta semita, où vivent certains de ses protecteurs,64 le Trastevere des
villæ de ses hôtes65 mais aussi les naumachies d'Auguste et de Domitien,66 et des vignes de la
plaine vaticane (fig. 2).67
Insert Fig. 2 : Importance et direction des principaux trajets de Martial : en rouge, le nombre
approché d'occurrences par Région (dessin MR, d'après Atlante di Roma antica et Rodríguez
Almeida 2014, fig. 10 a et b).
Malgré certains silences, comme à propos des stabulæ quattuor factionum68 ou de la statio
marmorum, 69 les épigrammes consacrées au Champ de Mars illustrent bien le mélange des
différents espaces – publics et privés, consacrés au commerce ou au divertissement – et même
la spécialisation de certains : par exemple les bains que fréquente le parasite Selius et qui
occupent la partie centrale du quartier (2.14.11-13) ou les Sæpta. On y achète non seulement
des œuvres d'art, des vêtements de prix et des esclaves, mais aussi de la vaisselle bon marché
(9.59, 10.80, 87) et l'on souffle le verre non loin (12.74.2), sans doute au Circus Flaminius.70
Le sentiment de confusion pittoresque étendue à la totalité de l'Vrbs contraste avec les
indications toponymiques 71 qui suggèrent une spécialisation topographique, dont on peut
cependant penser qu'elle n'a pas toujours existé, lors même que les toponymes ont perduré.72 À
l'opposé, des phénomènes de concentration horizontale et verticale73 ont été observés dans les
quartiers centraux dont on n'a pas véritablement trace chez le poète. Les enquêtes d'épigraphie
61
1.84, 86, 108, 117, 5.22, 6.27, 9.1, 3, 18, 20, 34, 93, 10.58, 68, 11.1, 96…
1.108, 69, 2.14, 29, 57, 3.20, 4.1, 18, 5.10, 20, 6.9, 7.32, 9.59, 10.63, 80, 87, 11.1, 21, 47, 12.74…
63
3.5, 4.28, 64, 8.3, 75, 10.2, 50, 11.13…
64
1.88, 5.22, 10.20…
65
1.108, 4.64, 7.17, 12.57…
66
Spect. 27, 28, 30, 32, 34, 1.5, 4.3…
67
1.18, 10.45, 12.48…
68
Rodríguez Almeida (2014) 454 suggère que le nombre des bains populaires (4) évoqués en 2.14 dans le secteur
du théâtre Pompée (balnea Fausti, Fortunati, Grylli et Lupi 1.59; 5.70) ne serait pas sans relation avec celui des
stabulæ des factions du cirque voisines.
69
D'autres lieux, ailleurs à Rome, sont laissés de côté, comme les navalia proches du centre, le Testaccio, voire
l'emporium qui pourrait cependant être évoqué indirectement à propos de balnea : 3.20; 5.16 12.28 (voir Rodríguez
Almeida (2014) 546-548).
70
Si on admet que les coupes sont fabriquées et vendues au même endroit ; voir discussion chez Morel (1987)
131.
71
Morel (2001) 253.
72
Monteix (2012) 336-338.
73
Regroupement horizontal : artisans pratiquant le même métier ; concentration verticale : artisans pratiquant des
métiers interdépendants : Monteix (2012) 345.
62
10
funéraire74 confirment en effet qu'avec l'Empire, ces quartiers centraux (via sacra et alentours
du Forum, Vélabre) se spécialisent progressivement, en particulier dans la production et la vente
d'un artisanat de luxe.75 Que l'image en soit ou non déformée, du fait que population réelle et
population épigraphique ne se recouvriraient pas,76 importe peu en fait ici. En revanche, les
régions où les témoignages épigraphiques sont parmi les plus nombreux (IVe, VIIIe, VIe, IXe, XIe)77
figurent aussi parmi celles que – dans un ordre peu différent – Martial mentionne et fréquente
le plus (IXe, IVe et VIIIe, VIe).78 Et sans doute cela n'est-il pas un hasard.
Suburbanus ou la question des limites
Dans sa description de Rome,79 Pline l'Ancien, contemporain de Martial, conclut sur l'extension
continue des limites de l'Vrbs qui, depuis l'époque royale, intègre d'autres communautés
villageoises voisines, comme les pagi dont certains subsistent encore à la fin de la République
et au début de l'Empire, à l'extérieur ou à l'intérieur de la muraille et du pomerium.80 Or, la
perméabilité des espaces à laquelle est ainsi confronté le poète pose la question des limites
urbaines, corollaire de celle de l'étendue.81 Sensible à la vie et à l'identité des quartiers qu'il
décrit, Martial ne l'est pas moins aux déplacements de ses personnages. On peut ainsi retrouver
dans son œuvre quelques-uns des indicateurs que définit Kevin Lynch lorsqu'il analyse l'idée
que les habitants se font de leur ville au travers de leurs déplacements.82 Bien que le poète soit
74
Listes dans Monteix (2012) 335, 347-350 (64 noms de métiers différents localisables) ; Courrier (2014) 202
(161 documents), 212-231 (liste).
75
Morel (1987) 145, Papi (2002) 47-48, 53, Monteix (2012) 345.
76
Veyne (2000) 137, discuté par Courrier (2014) 232.
77
Courrier (2014) 202-204, Monteix (2012) 340 (dans un ordre un peu différent).
78
Rodríguez Almeida (2014) 83-87 et fig. 10 a & b.
79
HN 3.67 : Clauditur ab oriente aggere Tarquini Superbi, inter prima opere mirabili ; namque eum muris
æquavit qua maxime patebat aditu plano ; cetera munita erat præcelsis muris aut abruptis montibus, nisi quod
exspatiantia tecta multas addidere urbes.
Rome est fermée du côté de l'orient par l’agger de Tarquin le Superbe, ouvrage tout à fait admirable. En effet, il
éleva l’agger à la hauteur des murailles là où elle était entièrement ouverte sur la plaine ; partout ailleurs elle était
entourée de murs très élevés ou de collines escarpées, jusqu’à ce que l’extension des constructions n’englobe
plusieurs communautés urbaines (= urbes).
80
Tarpin (2002) 186 ; Pagus Cælemontanus ou des Quatre Saints Couronnés (CIL, I2, 984 = 6 30888 = ILLRP
701), situé tantôt à l’intérieur, tantôt à l’extérieur de la muraille (LTUR 4 (1999) 10-11) ; Pagus Aventinus, en
dehors du pomerium jusqu’à Claude mais inclus dans la muraille servienne (CIL, XIV, 2105 = D. 2676, LTUR 4,
(1999) 9-10), Pagus Ianic(ulensis) extra-urbain, au Trastevere, (CIL, I2, 1000-1001 = ILLRP 699-700, LTUR 4,
10, Chioffi (2008), 257-258), Pagus Montanus, immédiatement au-delà de la porte Esquiline (CIL, I2, 591, LTUR
4 (1999)10).
81
Sur la question voir en dernier lieu Dubbini (2019).
82
Lynch (1971) 54-57 : au nombre de cinq et pouvant se combiner ces marqueurs sont les suivants : les voies
(paths), les nœuds (nodes), points de jonction et de concentration des circulations, les repères (landmarks),
monuments ou bâtiments remarquables qui jalonnent les premiers et se confondent parfois avec les seconds, les
limites (edges), éléments linéaires du paysage urbain, naturels ou construits, à l’intérieur desquelles s’identifient
11
sensible à l'existence de “ seuils ” (limina), dont l'image est synonyme d'ordre et de hiérarchie
sociale,83 l'expression limina urbis reste unique.84 De même, les murailles (mœnia, mura) ne
constituent pas, comme on pourrait l'attendre, un signe distinctif. Elles n'apparaissent qu'une
fois dans l'œuvre de Martial, lorsqu'il annonce à ses compatriotes espagnols son retour dans sa
ville d'origine, Bilbilis, quittée plus de trente ans auparavant pour Rome. L'image de l'Vrbs
majestueuse et remparée (mœnia pulcherrima dominae Romae) est ici conventionnelle, comme
la référence à l'Italie − et pour la même raison. Elle témoigne de l'urbanitas romaine du poète
qui, au contact de l'Italie et de Rome, n'est plus un provincial, plutôt que du fait qu'il habite
effectivement intra muros.85 Les marqueurs qui distinguent ainsi l'espace urbain de ce qui ne
l'est pas sont en définitive assez flous dans son œuvre. Trois sites seulement peuvent
explicitement jouer le rôle de limites (fig. 3).
Insert Fig. 3 : Monuments marquant les limites de l’espace urbain pour Martial (dessin MR,
d'après Favro 1996).
L'un est le pont Milvius, au nord du Champ de Mars à environ 3 milles de l'enceinte servienne
et à la jonction des viæ Cassia, Flaminia, Clodia, Veientana.86 Il est cité deux fois, une première
à propos d'un certain Tuccius, originaire d'Espagne. Arrivé au pont, celui-ci, venu tenter sa
chance à Rome, rebrousse soudainement chemin. Il vient d'entrevoir la difficile condition de
client. 87 La sportule, mentionnée à cette occasion, évoque le monde citadin par excellence.
Véritable point de repère sur le trajet du voyageur, le pont marque ainsi symboliquement l'entrée
dans l’univers urbain,88 une valeur également attestée chez d'autres auteurs, bien avant l'épisode
de la fameuse bataille de 312 p.C.89 C'est à partir de ce point en effet que César avait envisagé
les quartiers (districts).
83
L'image apparaît 21 fois (avec en arrière-plan, celle du client) dont deux fois en relation avec Domitien (7.61.2;
6.80.4). Roman (2010) 113, Royo (2020) 106.
84
6.80.4 : Urbis ut intravit limina primæ tuæ (=Cæsaris). À peine a-t-il (le marin) franchi le seuil de ta Ville.
85
10.103.7-10 : Quattuor accessit tricesima messibus æstas,/ Ut sine me Cereri rustica liba datis,/ Mœnia dum
colimus dominae pulcherrima Romae :/ Mutavere meas Itala regna comas.
Quatre moissons s'ajoutent à trente étés depuis que, sans moi, vous offrez à Cérès vos gâteaux rustiques. Pendant
ce temps j'habitais Rome maîtresse aux magnifiques murailles : le séjour de l'Italie a changé la couleur de mes
cheveux.
86
Le Gall (1953) 86-91.
87
3.14 : Romam petebat esuritor Tuccius/ Profectus ex Hispania./ Occurrit illi sportularum fabula:/ A ponte rediit
Mulvio.
Affamé, Tuccius s'en venait à Rome. Il était parti d'Espagne. Des rumeurs sur la sportule lui arrivent aux oreilles.
Rendu au pont Milvius, le voilà qui fait demi-tour.
88
Favro (1996) 209, Guilhembet (2006) 93.
89
Lactant. De mort. pers. 44.8.
12
de détourner le fleuve dans son projet de réaménagement urbain de Rome.90 À l'occasion de la
restauration de la via Flaminia (27 a.C.), Auguste orna le monument d'un arc et de statues91 et
Néron s'y rendait – dit-on – lorsqu'il voulait se livrer plus librement qu'en ville à ses excès.92
Par là aussi entrent à Rome les troupes de Galba, celles de Vitellius puis de Vespasien qui
campent à proximité.93 La seconde mention concerne la villa de Julius Martialis, qui domine le
pont sur la rive droite du fleuve (tam prope) et d'où Martial peut contempler le trafic des
marchandises sur le Tibre et sur les voies Flaminia et Salaria.94 La façon dont le poète désigne
la villa (hoc rus, seu potius domus : 4.64.25), est alors révélatrice de la position particulière et
de la fonction d'un monument situé à la charnière symbolique de deux espaces.
Le Tibre est la deuxième limite95 remarquable chez Martial. Le fleuve, qui n'est pas endigué
comme aujourd'hui, représente certes une voie d'accès et de transport, mais surtout un obstacle
entre les deux rives, impressionnant par les crues saisonnières qui le font sortir de son lit et
envahir les points bas de la ville et de ses berges tout au long de son cours.96 Le batelier Ladon
achète ainsi sur les bords du Tibre une campagne (rus) dont les champs (arva) sont
régulièrement inondés l'hiver (10.85.3-4). Rus et arva nous situent à l'extérieur de la Ville sans
qu'on puisse malheureusement localiser plus précisément la propriété de l'ancien batelier. Mais
cela confirme au moins la manière dont est perçue la région transtibérine, comme extérieure à
l'Vrbs proprement dite. De fait, le fleuve marque la séparation entre l'espace urbain (la rive
gauche) et ce qui ne l'est pas ou, en tout cas, moins (la rive droite).
La porte Capène et ses monuments constituent le troisième et dernier repère urbain, cette fois
au sud de Rome. Au-delà du vestibulum urbis, comme l'appelle Tite Live,97 commence la via
90
Cic. Att. 13.33a.1.
Dio Cass. 53.22.1.
92
Tac. Ann.13.47.2.
93
Plut. Vit. Galb. 15.5, 8, Tac. Hist. 2.89, 3.82.1, Guilhembet (2006) 92-93.
94
4.64.18-24 : Illinc Flaminiæ Salariæque/Gestator patet essedo tacente,/ Ne blando rota sit molesta somno,/
Quem nec rumpere nauticum celeuma/ Nec clamor valet helciariorum,/ Cum sit tam prope Mulvius sacrumque/
Lapsæ per Tiberim volent carinæ.
De là, on voit nettement le portefaix des via Flaminia et Salaria avec son chariot silencieux : le bruit des roues ne
trouble pas un doux sommeil non plus que la voix d'un chef de nage et les cris des haleurs. Pourtant le pont Mulvius
est tout près et les barques glissent comme en volant sur le Tibre sacré.
95
Favro (1996) 211, Goodman (2007) 43.
96
Le décompte d'une trentaine d'inondations rapportées par les sources – Le Gall (1953) 29, Bustany & Géroudet
(2001) 44-45, Aldrete (2006) 11 – est nécessairement incomplet. Selon l'importance des crues, les secteurs touchés
étaient évidemment différents : Le Gall (1953) 34, fig. corrigée dans Bustany (1992) 102-104 et Aldrete (2006)
45.
97
Liv. 26.32.4.
91
13
Appia.98 Historiquement lié aux cérémonies de profectio et de reditus, le secteur est évoqué à
deux reprises (2.6, 8.65), la porte, nommément citée, une fois (3.47.1). L’épigramme 8.65
célèbre le retour à Rome de l’empereur en 93 p.C. à la suite de sa campagne contre les Sarmates
ainsi que la construction ou la réfection d'un temple de Fortuna Redux et d'un arc triomphal
orné de chars tirés par des éléphants, véritable aditus urbis réalisé pour l'occasion.99 Le texte
qui évoque la porta triumphalis est suffisamment ambigu pour suggérer plusieurs localisations
possibles, soit la porte Capène100 où se trouve l'ara augustéenne (RGDA 11), soit le pied du
Capitole (sur l'aire de S. Omobono),101 soit encore un emplacement situé au nord du Champ de
Mars le long de la via Lata.102 Plus directement, dans une sorte de renversement comique, la
porte Capène est modestement citée, 103 non pas à l'occasion de l'entrée en ville d'un quelconque
grand personnage, mais, à l'inverse, à propos du départ vers sa villa à la campagne d'un certain
Bassus, juché sur un chariot chargé de victuailles achetées à Rome.104 Connue des lecteurs, la
proximité de l'area radicaria, à la fois marché aux légumes et octroi,105 participe du triomphe
comique de ce ridicule “ bourgeois gentilhomme ”. La pointe finale souligne encore le passage
qui s'opère d'un espace à l'autre (“ Bassus rentrait-il en ville ? Pas du tout, il allait à la
campagne ”). Enfin, l'évocation métaphorique du temple des Muses (ad Camenas), proche de
l'area Carruces où l'on déchargeait les convois,106 renvoie dans un dernier texte à un savoir
98
LTUR (1996) 325, Guilhembet (2006) 98, 107.
8.65 : Hic ubi Fortunæ Reducis fulgentia late/ Templa nitent, felix area nuper erat:/ Hic stetit Arctoi formosus
pulvere belli/ Purpureum fundens Cæsar ab ore iubar;/ Hic lauru redimita comas et candida cultu/ Roma salutavit
voce manuque ducem./ Grande loci meritum testantur et altera dona:/ Stat sacer et domitis gentibus arcus ovat;/
Hic gemini currus numerant elephanta frequentem,/ Sufficit inmensis aureus ipse iugis./ Hæc est digna tuis,
Germanice, porta triumphis;/ Hos aditus urbem Martis habere decet.
Là où rayonne le temple éclatant de la Fortune présidant au retour, se trouvait il y a peu un espace marqué par la
le destin. Là se tint César, beau de la poussière des combats livrés sous les cieux nordiques, le visage resplendissant
de majesté. Là, Rome, la tête couronnée de laurier et de blanc vêtue, le salua de la voix et de la main comme son
chef. Et un second présent témoigne du grand mérite de ce lieu. Un arc consacré s’y dresse pour célébrer les nations
vaincues. Là deux chars sont traînés par de nombreux éléphants et César lui-même, tout en or, guide ces
gigantesques attelages. Cette porte, ô Germanique est digne de tes triomphes ; voilà l’entrée qui convient à la ville
de Mars.
100
Rodríguez Almeida (2014) 112 accepte la théorie de Coarelli sur une localisation de la porta triumphalis au
pied du Capitole mais pense que le texte joue de son ambiguïté même pour évoquer la porte Capène.
101
Coarelli (1988) 333, 375, 390.
102
Liverani (2005) 56, Liverani (2020) 15-16, Sobocinski (2009) 158.
103
Rodríguez Almeida (2014) 98-99.
104
3.47. 1, 5 : 1. : Capena grandi porta qua pluit gutta/ … 5. Faustine, plena Bassus ibat in ræda,/
Omnis beati copias trahens ruris…/ 15. Urbem petebat Bassus ? immo rus ibat.
Là où la porte Capène est trempée de larges gouttes…Faustinus, Bassus s’en allait, un chariot rempli à ras bord,
trainant toutes les richesses d’un beau domaine…Bassus rentrait-il en ville ? Pas du tout, il allait à la campagne.
105
LTUR (1993) 119-120, Patterson (2000) 102, Malmberg & Bjur (2009) 114.
106
LTUR (1993) 118.
99
14
partagé. “ Dételle-t-on sitôt passée la porte de la ville ? ” paraît dire ici Martial (2.6.14-16).107
Sans qu'il soit besoin de le lui préciser, le lecteur fait ainsi spontanément le lien entre ce point
de rupture de charge et la porte Capène toute proche.
À ces quelques exceptions près, la notion de périphérie urbaine semble relativement souple
dans l'esprit de Martial qui traite, comme on l'a vu, des faubourgs (continentia) ou de quartiers
éloignés du centre mais aussi d'une banlieue plus lointaine, à propos de laquelle il use de
l'adjectif suburbanus, parfois substantivé,108 ou de l'expression sub urbe.109 On y trouve des
sépultures le long des viæ,110 des sanctuaires et des bois sacrés, 111 enfin des propriétés agricoles
ou de villégiature qu'il désigne selon leur importance par les termes d'agellum, ager, jugera,
rus, villa, prætoria et même regna.112
Les indices permettant de localiser ces différents domaines dessinent deux zones principales :
la première est distante d'environ quatre milles du centre de Rome et correspond au modèle
d'une ceinture agricole de villæ rusticæ destinées à satisfaire les besoins alimentaires de
l'Vrbs.113 La seconde se situe à une vingtaine de milles et conforte l'image d'une métropole
étendue.114 La répartition des propriétés, si l’on suit le poète,115 ne semble dépendre ni de leur
taille ni de leurs productions. On notera cependant qu'il s'agit soit de domaines agricoles soit
de séjours de villégiature. Martial ne dit rien cependant d'éventuelles productions artisanales,
alors que les enquêtes archéologiques ont mis en évidence le rôle du suburbium en ce sens
durant l'Empire. 116 Lorsqu'il évoque ces produits manufacturés dans les Apophoreta, ils
107
2.6.14-16 : Lassus tam cito deficis viator,/ et cum currere debeas Bovillas,/ interiungere quæris ad Camenas ?
Cèdes-tu à la fatigue du voyage si vite, et si tu as à trotter jusqu'à Bovilles, veux-tu dételer devant le temple des
Muses ?
108
1.85.2, 5.1.4, 5.35.3, 7.49.1, 8.61.9, 10.58.9, 13.12.2, 13.43.1.
109
3.58.45, 4.64.14, 8.61.6, 9.97.7, 11.18.1.
110
6.28, 11.13 (via Flaminia), 1.88 (via Labicana), 8.3, 10.2, 10.50, 10.53 (via Salaria), Rodríguez Almeida
(2014) 311-315, 343-344.
111
1.53.9, 4.64.17, 7.28.2, 8.40.2, 10.92.3, 11, 11.18.4.
112
1.116.5, 2.32.3, 7.31.8, 7.91.1, 7.93.5, 10.61.3, 10.92.13, 12.16.1, 12.25.2, 5, 6.12.72.1 (agellum), Spect. 2.8,
1.85.8, 2.38.1, 3.66.3, 4.60.2, 5.71.2, 7.71.6, 8.7.1, 8.26.7, 9.22.4, 9.54.8, 10.43.2, 10.47.4, 10.51.3, 10.94.2,
10.96.7, 11.8.4, 13.12.2, 13.20.1 (ager), 1.85.2, 1.116.2, 3.31.1, 4.64.1, 36, 6.16.2, 6.73.10, 8.55.7, 10.58.9,
11.48.2, 12.72.1 (jugera), 1.12.3, 1.55.3, 1.114.2, 3.20.17, 3.47.6, 3.58.51, 4.64.25, 4.79.2, 5.71.3, 6.43.3, 7.17.1,
7.31.6, 10, 8.18.9, 8.61.6, 8.68.2, 9.2.8, 9.18.2, 10.15.6, 10.79.2, 10.85.2, 10.96.4, 10, 11.18.1, 3, 11.70.8, 12.57.1,
21, 13.15.1 (rus), 3.58.1, 49, 4.25.1, 4.64.10, 7.36.2, 6, 10.98.8, 12.57.2, 28, 13.15.2 (villa), 10.79.1 (prætoria),
4.57.3, 9.73.3, 12.31.8, 12.57.19 (regna).
113
Carandini (1985) 66-67, Morley (1996) 86-90, Lafon (2001) 201, 204, Volpe (2013), Ménard & Plana (2015)
20.
114
Wichter (2005) 123, Crombez (2008) 7, Guilhembet (2010) 193.
115
10.79.1-2 : Ad lapidem Torquatus habet prætoria quartum;/ Ad quartum breve rus emit Otacilius. 5-6 :
Disposuit daphnona suo Torquatus in agro;/ Castaneas centum sevit Otacilius.
Au quatrième mille Torquatus a un palais. Au quatrième mille Otacilius a acheté un petit domaine… Torquatus a
fait disposer sur sa terre un bois de lauriers, Torquatus a planté cent châtaigniers.
116
Morel (1987) 131, Morel (2001) 246-249, Lafon (2001) 204-205, Witcher (2005) 123, Goodman (2007) 57-58.
15
viennent d'Italie (d'Étrurie ou de Campanie pour la céramique,117 de Vénétie et d'Apulie pour
les tissus de laine par exemple118) ou de provinces lointaines (Germanie, Gaule, Bétique, Libye,
Cilicie, Égypte…). 119 Martial n'est guère plus précis s'agissant des matières premières. Il
n'indique pas l'origine du marbre qui entre en ville par la via Tiburtina (5.22)120 et la mention
de bois (de chauffage ?) qui circule depuis Nomentum, où il possède un domaine, fait figure
d'exception (13.15). 121 La vocation agricole de cette périphérie “ élargie ” n'a rien de
surprenant ; l'insistance de Martial à son sujet l'est davantage. Elle tient probablement à la
critique récurrente du monde urbain chez le poète et à la valorisation de la vie campagnarde,
parfois représentée, comme chez ses prédécesseurs, de façon aussi idyllique qu'irréaliste.122 Le
courant des échanges commerciaux qu'il décrit est aussi quelque peu étonnant. On attendrait
que la campagne nourrisse prioritairement la ville, or non seulement certaines productions
entrent en concurrence avec des importations plus lointaines, mais certaines propriétés
suburbaines paraissent même incapables d'assurer la production attendue123 tandis que d'autres
sont directement alimentées par la ville : Bassus, Pannychus et Maternus par exemple,
“ jouent ” aux campagnards mais importent du marché urbain les produits de la campagne.124
Si certaines denrées font l'objet des cadeaux de Martial à ses amis (13.43), il préfère en acheter
d'autres en ville qui seront plus belles que celles qu'il produit sur ses terres ou qu'il pourrait
trouver à la campagne.125
L'obsession chez Martial de la confusion de l'espace urbain a largement influencé notre lecture
d'une Rome antique “ affollatissima ”.126 L'image qu'il nous en offre n'est ni celle de la totalité
de la Ville ni celle de son centre uniquement (à l'exception peut-être de l'Argilète et d'une partie
de Subure) mais aussi de quartiers éloignés, mitoyens des “ faubourgs ”, au nord, à l'est et à
l'ouest (le Quirinal, le sommet des Esquilies, le Champ de Mars, le Trastevere) : là se trouvent
imbriqués monuments publics, lieux de commerce et de divertissement, productions artisanales
117
14.98, 102, 115.
14.127, 129, 143, 152, 155, 157.
119
14.3, 27, 33, 38, 42, 51, 108, 128, 133, 150, 156, 172, 177.
120
Malmberg (2009) 65, Rodríguez Almeida (2014) 242.
121
Il s'agit là d'un déplacement interne au suburbium et qui relève ici de la plaisanterie sur la stérilité de certains
domaines ruraux.
122
Par ex. 6.43, 7.93, 9.61, 10.44, Rimell (2008) 194 où est évoqué le parallèle avec les poètes latins antérieurs.
123
13.12 : Tercentum Libyci modios de messe coloni/ sume, suburbanus ne moriatur ager.
Prends trois cents boisseaux de la récolte d'un colon libyen, de peur que ne meurt ta campagne suburbaine.
124
3.47, 12.72, 10.37.
125
7.31, 9.60, 10.94.
126
Kardos (2001) 413, Kardos (2001b) 209.
118
16
voire activité agricole. Même s'ils font juridiquement partie de l'espace urbain ces secteurs ont
une physionomie particulière, qui tire sa cohérence du mélange même des espaces et des
fonctions. L'emploi de sub urbe ou de suburbanus, dessine, au-delà de trois repères urbains
clairement affichés (le Tibre, le pont Milvius, la porte Capène, fig. 3), une périphérie plus
éloignée, concentrée autour des 4e et 20e milles, en direction de Nomentum et de Tibur à l'est,
au-delà du Monte Mario au nord-ouest, et au sud, vers Bovillæ et Albano par la via Appia. Aussi
impressionniste soit-il, Martial distingue ainsi deux types d'espaces périurbains. Le premier,
qu'illustrerait le Trastevere, appartient encore partiellement aux Regiones et se situe plus ou
moins densément dans les limites des deux premiers milles environ. Martial permet ainsi de
reconstituer toute une série de monuments qui jalonnent le parcours de la via Flaminia jusqu'à
la villa de Julius Martialis sur le Monte Mario en passant par le pont Milvius. 127 Au-delà,
commence pour l'auteur une périphérie étendue, jalonnée d'exploitations agricoles, de
résidences de plaisance et de bourgs anciens.128
Manuel Royo
Université de Tours
3, quai des Tanneurs
F-37 000 Tours
CeTHiS EA 6298, royo@univ-tours fr
https://univ-tours.academia.edu/ManuelRoyo
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REC : Revista De Estudios Clásicos
RÉL : Revue des Études Latines
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127
3.5, 3.58.45-46, 4.18, 4.64.1-24, 5.55, 6.28, 6.29, 8.75, 11.3, Witcher (2013) 218-223, Rodríguez Almeida
2014) 324-344, 589-593.
128
4.64.11-14 : Hinc septem dominos videre montis/ Et totam licet æstimare Romam,/ Albanos quoque
Tusculosque colles/ Et quodcumque iacet sub urbe frigus/ Fidenas veteres brevesque Rubras…18-19 : Illinc
Flaminiæ Salariæque/ Gestator patet essendo tacente…
De là [la terrasse de Julius Martialis], on peut contempler les sept collines-maîtresses et prendre connaissance de
Rome dans toute son étendue; on peut aussi parcourir du regard les coteaux d'Albe et de Tusculum, toute la verdure
qui rafraîchit au pied de notre ville, l'antique Fidènes et la petite Rubræ… De là, on voit nettement le portefaix des
via Flaminia et Salaria avec son chariot silencieux…
17
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