Je constate d'abord que je passe d'état en état. J'ai chaud ou j'ai froid, je suis gai ou je suis... more Je constate d'abord que je passe d'état en état. J'ai chaud ou j'ai froid, je suis gai ou je suis triste, je travaille ou je ne fais rien, je regarde ce qui m'entoure ou je pense à autre chose. Sensations, sentiments, volitions, représentations, voilà les modifications entre lesquelles mon existence se partage et qui la colorent tour à tour. Je change donc sans cesse. Mais ce n'est pas assez dire. Le changement est bien plus radical qu'on ne le croirait d'abord. […] Je parle en effet de chacun de mes états comme s'il formait un bloc. Je dis bien que je change, mais le changement m'a l'air de résider dans le passage d'un état à l'état suivant : de chaque état, pris à part, j'aime à croire qu'il reste ce qu'il est pendant tout le temps qu'il se produit. » Henri Bergson « De l'évolution de la vie -Mécanisme et finalité » in L'évolution créatrice, 1907, Paris. À partir de la version numérique Wikisource : http://fr.wikisource.org/wiki/L'Évolution_créatrice/Chapitre_I, version du 28 novembre 2009. Mes premières contacts avec l'art remonte à une pratique d'autofilmage dans une filiation directe avec le travail du vidéaste Pierrick Sorin. Je cherchais alors une forme de résistance à l'image dans une intuition que celle ci ne me disait pas tout d'elle et il me semblait que l'espace de tension que générait le renvoi de ma propre image alors même que je la fabriquais, (ré)enregistrait, (re)regardait constituait une des démonstrations plausibles de ce principe de résistance. Il ne s'agissait pas de retrouver une image originelle, idyllique mais d'identifier un tissu de fibres optiques, les regards, les vues qui m'obscurcissaient ma propre image. Il me semblait avoir retenu que le rôle l'art était de retourner la représentation contre elle même et que si ce dernier nous présentait donc toujours une image qui est celle de l'envers de la représentation (l'image sous-jacente), alors l'artiste se devait donc de produire des dispositifs capables d'opérer ce mouvement de retournement, peu importait finalement la technique : un discours (théorique), un discours (technique), un discours (esthétique). Dans mes travaux, j'étais un Je constitué dans et pour le regard, c'est à dire un autoportrait teint d'une certaine forme de mélancolie, parce qu'incapable de s'afficher en figures de lui-même (un corps ou un visage) et toujours déjà pris par un dispositif de pliage champ / hors champ (Je en train d'ajuster On). Aussi, l'essentiel des films que je produisais consistait à me re-faire faire constamment les mêmes scénarios gestuels afin de capturer une espèce de structure, une matrice quasi langage, un motif qui aurait été celui de toute la série. Il s'agissait déjà de faire jaillir, par décalage essentiellement (tout autant du cadre que du montage); ou par effet humoristique (qui n'est qu'un autre type de décalage)
Sous quelles conditions un territoire est-il construit en regard de la programmation informatique... more Sous quelles conditions un territoire est-il construit en regard de la programmation informatique ? Comment reterritorialiser Internet à l'échelle du corps ? Par où l'algorithme pénètre-t-il nos échanges symboliques ? Avec la société i Matériel, puisqu'il s'agit de composer avec les flux d'informations, nous devons presque accepter de partir de nulle part et d'in-terminer notre développement. Aussi, loin de vouloir établir des catégories ou des principes prétendant établir un plan d'action, cette thèse se pose le problème de ce qui toujours, dans un programme, échappe aux codes; des nouvelles images telles qu'elles débordent les écrans et des milieux humains, profondément hybridés par les automates programmés. Pour penser les flux, il est indispensable de considérer un terrain, un fragment de milieu humain. Deux projets en rapport avec cette notion de territoire --- une mission de service public visant à mettre en réseau un ensemble d'opérateurs culturels sur la ville de Bourg-en-Bresse, et une œuvre d'art numérique investissant, par le portrait social, la question d'une ré-appropriation individuée des flux – nous permettront de faire progresser ce mi-lieu hyper-complexe entre le corps et le programme. En définitive, il s'agira de voir quels genres d'affect il nous est nécessaire de connaître afin que les réseaux numériques accompagnent une augmentation de notre puissance d'exister.
Je constate d'abord que je passe d'état en état. J'ai chaud ou j'ai froid, je suis gai ou je suis... more Je constate d'abord que je passe d'état en état. J'ai chaud ou j'ai froid, je suis gai ou je suis triste, je travaille ou je ne fais rien, je regarde ce qui m'entoure ou je pense à autre chose. Sensations, sentiments, volitions, représentations, voilà les modifications entre lesquelles mon existence se partage et qui la colorent tour à tour. Je change donc sans cesse. Mais ce n'est pas assez dire. Le changement est bien plus radical qu'on ne le croirait d'abord. […] Je parle en effet de chacun de mes états comme s'il formait un bloc. Je dis bien que je change, mais le changement m'a l'air de résider dans le passage d'un état à l'état suivant : de chaque état, pris à part, j'aime à croire qu'il reste ce qu'il est pendant tout le temps qu'il se produit. » Henri Bergson « De l'évolution de la vie -Mécanisme et finalité » in L'évolution créatrice, 1907, Paris. À partir de la version numérique Wikisource : http://fr.wikisource.org/wiki/L'Évolution_créatrice/Chapitre_I, version du 28 novembre 2009. Mes premières contacts avec l'art remonte à une pratique d'autofilmage dans une filiation directe avec le travail du vidéaste Pierrick Sorin. Je cherchais alors une forme de résistance à l'image dans une intuition que celle ci ne me disait pas tout d'elle et il me semblait que l'espace de tension que générait le renvoi de ma propre image alors même que je la fabriquais, (ré)enregistrait, (re)regardait constituait une des démonstrations plausibles de ce principe de résistance. Il ne s'agissait pas de retrouver une image originelle, idyllique mais d'identifier un tissu de fibres optiques, les regards, les vues qui m'obscurcissaient ma propre image. Il me semblait avoir retenu que le rôle l'art était de retourner la représentation contre elle même et que si ce dernier nous présentait donc toujours une image qui est celle de l'envers de la représentation (l'image sous-jacente), alors l'artiste se devait donc de produire des dispositifs capables d'opérer ce mouvement de retournement, peu importait finalement la technique : un discours (théorique), un discours (technique), un discours (esthétique). Dans mes travaux, j'étais un Je constitué dans et pour le regard, c'est à dire un autoportrait teint d'une certaine forme de mélancolie, parce qu'incapable de s'afficher en figures de lui-même (un corps ou un visage) et toujours déjà pris par un dispositif de pliage champ / hors champ (Je en train d'ajuster On). Aussi, l'essentiel des films que je produisais consistait à me re-faire faire constamment les mêmes scénarios gestuels afin de capturer une espèce de structure, une matrice quasi langage, un motif qui aurait été celui de toute la série. Il s'agissait déjà de faire jaillir, par décalage essentiellement (tout autant du cadre que du montage); ou par effet humoristique (qui n'est qu'un autre type de décalage)
Sous quelles conditions un territoire est-il construit en regard de la programmation informatique... more Sous quelles conditions un territoire est-il construit en regard de la programmation informatique ? Comment reterritorialiser Internet à l'échelle du corps ? Par où l'algorithme pénètre-t-il nos échanges symboliques ? Avec la société i Matériel, puisqu'il s'agit de composer avec les flux d'informations, nous devons presque accepter de partir de nulle part et d'in-terminer notre développement. Aussi, loin de vouloir établir des catégories ou des principes prétendant établir un plan d'action, cette thèse se pose le problème de ce qui toujours, dans un programme, échappe aux codes; des nouvelles images telles qu'elles débordent les écrans et des milieux humains, profondément hybridés par les automates programmés. Pour penser les flux, il est indispensable de considérer un terrain, un fragment de milieu humain. Deux projets en rapport avec cette notion de territoire --- une mission de service public visant à mettre en réseau un ensemble d'opérateurs culturels sur la ville de Bourg-en-Bresse, et une œuvre d'art numérique investissant, par le portrait social, la question d'une ré-appropriation individuée des flux – nous permettront de faire progresser ce mi-lieu hyper-complexe entre le corps et le programme. En définitive, il s'agira de voir quels genres d'affect il nous est nécessaire de connaître afin que les réseaux numériques accompagnent une augmentation de notre puissance d'exister.
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