Papers by Agnes Cousin de Ravel
La singularite de l'œuvre de Pascal Quignard reside dans la correspondance problematique entr... more La singularite de l'œuvre de Pascal Quignard reside dans la correspondance problematique entre les deux experiences vitales de la lecture et de l'amour, dans le nouage de deux discours sur chacune d'elles, visant, non une approche theorique, mais une recherche du vrai, dans la coalescence de l'intime et du spirituel, dans un lieu anterieur au langage, en amont de toute image representable. Pour mettre au jour cette correspondance, nous montrons d'abord que, dans les contes de Pascal Quignard, l'experience de la lecture, ancree dans l'experience sensible de l'amour, met au jour la douleur du lien originaire a la mere, fait entendre une voix qui s'ecoute dans le silence, rendant possible ainsi l'ecriture comme quete du mot perdu. Puis, nous montrons, que la correspondance se pense a partir d'un discours approfondi sur l'amour place sous le double interdit du regard et de la voix, amour lie au perdu, articule sur ce qui est le plus originaire en chacun de soi, l'empreinte du Jadis et qui est tout autant quete d'une impossible reconnaissance, qu'experience des limites de soi, traversee de soi vers l'autre, dans ce qui constitue le sujet du desir et du manque, au bord du vide. Enfin, nous mettons en evidence l'ambivalence mortelle de la lecture, et qui est, en cela, l'etrange visage de l'amour. Nous etudions les modalites enonciatives de leur correspondance qui constitue l'une et l'autre des deux experiences, au cœur meme du langage, comme ouverture vers l'ecriture. Notre etude se fonde, en appui sur les ecrits de J. Kristeva, sur une double approche litteraire et psychanalytique, en considerant le texte dans sa dynamique de production.
L'Esprit Créateur, 2012
ÀLA SUITE DE DIDEROT, de Baudelaire, de Proust, de Claudel, de Malraux, Pascal Quignard est un ob... more ÀLA SUITE DE DIDEROT, de Baudelaire, de Proust, de Claudel, de Malraux, Pascal Quignard est un observateur, un lecteur éclairé et vigilant de la peinture, « cette langue du monde où on regarde » comme le précise Pierre Skira1. Dans la diversité de ses écrits sur la peinture, il soumet le lecteur à une sorte de diffraction du regard. Que manifeste, en effet, sa collection éclectique de très nombreuses images peintes ? Les fresques de Pompéi dans Le Sexe et l’effroi2, les tableaux de Georges de La Tour dans La Nuit et le silence3 ? Ou ceux de Hans Bellmer gravés par Cécile Reims4 ? Ou encore, l’hétérogénéité des œuvres reproduites dans La Nuit sexuelle5, les pastels de Skira dans Les Septante et Tondo6 ? Rien ne les rapproche, sauf à les penser du point de vue que Quignard adopte. Pour lui, les tableaux représentés dans ces ouvrages (en particulier les fresques antiques) disent l’attache mythique et sexuelle de la peinture. Plus encore, ils donnent vie et chair, dans son œuvre, à un discours sur l’image (peinte, sexuelle, hallucinogène, onirique). Leur univocité est à chercher dans la parole qu’il leur adresse. Ainsi se pose la question de l’inscription dans son œuvre de son discours sur la peinture, et, à partir d’elle, sur l’image7. Quignard, dans un double mouvement, affirme les pouvoirs de l’image et la nécessité d’en déjouer la fascination par l’écriture. Pour lui, l’image peinte, liée à la sexualité et à la mort, fascine. Elle est la trace de l’image qui manque et revient dans les rêves, en amont de la voix de la mère entendue avant la naissance, à l’origine de l’art, entre visible et invisible, entre réel et imaginaire. Elle entretient avec le langage, quand celui-ci la pénètre au sens où selon Merleau-Ponty le peintre pénètre le réel par sa toile8, un lien complexe que l’écrivain ne cesse d’interpréter. Analogon de la lecture, dans la mesure où elle en emprunte les signifiants, elle est « la manière noire9 » pour écrire, elle en est le révélateur, la mise en ordre et le prétexte. Ces considérations conduisent à penser la problématique de l’image selon trois directions : le rapport entre le discours et l’image ; la représentation en peinture ; et la maîtrise de l’image par la lecture, la peinture et l’écriture.
Revue d'Histoire littéraire de la France, 2017
Larmes, le roman des origines Type de publication : Article de revue Revue : Revue d'Histoire lit... more Larmes, le roman des origines Type de publication : Article de revue Revue : Revue d'Histoire littéraire de la France 3-2017, 117e année, n° 3. varia Auteur : Cousin de Ravel (Agnès) Résumé : Dans Les Larmes, roman paru en 2016, Pascal Quignard arrime à la réalité historique de la naissance de l'Europe et de la langue française un monde tissé de ses souvenirs, de légendes où se côtoient aussi bien Charlemagne, Charles le Chauve et son secrétaire Nithard, le premier écrivain de la langue française que des personnages fictifs, lieux de métamorphoses. Le roman est aussi une réflexion sur la musique, la littérature dans une écriture faite de ruptures proche de celle de Dernier Royaume.
Littératures, Jul 1, 2013
Si dans l’amour la presence du corps va de soi, il n’en va pas de meme dans la lecture. Or, Pasca... more Si dans l’amour la presence du corps va de soi, il n’en va pas de meme dans la lecture. Or, Pascal Quignard le met au jour au fil de ses livres, quand la lecture est une experience qui revivifie l’attache primitive a la mere, elle est un toucher, une presence quasi corporelle qui n’exclut pas un risque d’effondrement, de vide, prix a payer pour decouvrir en soi du nouveau, pour que la lecture soit, a l’egal de l’amour, la « vraie vie ».
Carnets, Nov 30, 2015
Du vécu à l'écriture Agnès Cousin de Ravel 27 août 1914 : Le capitaine Louis Simon est tué à la g... more Du vécu à l'écriture Agnès Cousin de Ravel 27 août 1914 : Le capitaine Louis Simon est tué à la guerre d'une balle au front. 27 août 1939 : Son fils Claude est mobilisé. Il part en train vers le front des Ardennes et refait le trajet que son père avait fait vingt-cinq ans auparavant. 10-17 mai 1940 : Claude Simon est au coeur de la guerre. Son régiment de cavalerie, sabre au clair, est décimé par l'artillerie et l'aviation allemandes. Restent seulement quatre survivants dont lui. 23 avril 1948 : Pascal Quignard naît à Verneuil-sur-Avre. La famille Quignard habite 3 Place Saint-Jean. Des fenêtres de la maison, on voit les ruines de l'église Saint-Jean bombardée par les Alliés en 1944. Décembre 1951 : La famille Quignard emménage au 86 rue Bernardin de Saint-Pierre au Havre dans l'un des premiers immeubles Perret tout juste sortis de terre, sur le champ de ruines laissées après le bombardement du 4 septembre 1944 qui a détruit la ville à 80 %. De la fenêtre de sa chambre, l'enfant voit un bidonville. Quotidiennement, il traverse des champs de ruines pour se rendre au lycée et à ses leçons de solfège et de piano. Ces quelques dates mettent en lumière deux des trois temps propres à la guerre : 1. Celui de la destruction en acte, de la guerre dans son terrifiant accomplissement. C'est Simon. 2. Celui des ruines. C'est Quignard. 3. Celui de la reconstruction dont je ne parlerai pas. Ces deux premiers temps déploient deux « imaginaires » de la guerre (le mot « imaginaire » entendu comme modalités de représentation) bien différents chez Simon et chez Quignard, même si leurs propos sur la guerre se rejoignent, même si tous deux pratiquent un art certain de la fragmentation. Peu ou prou, tous les romans de Simon, parlent de la guerre. Je pense sa représentation essentiellement à partir de quatre d'entre eux :
Revue d'Histoire littéraire de la France, 2010
Peut-on etre libre dans notre monde contemporain ? Comment penser la liberte au regard des codes ... more Peut-on etre libre dans notre monde contemporain ? Comment penser la liberte au regard des codes que la societe impose ? Plus encore, comment etre libre au regard des deux evenements determinants que personne ne maitrise : la naissance et la mort ? Pascal Quignard, dans La barque silencieuse, paru en septembre 2009, propose a ses lecteurs une reflexion politique sur la liberte. Etre libre, c’est exercer sa vigilance critique, c’est aussi penser le « Un jour mourir » jusque dans l’acceptation du suicide. C’est encore se retirer dans la solitude pour lire. Non dans une perspective philosophique mais a partir d’evenements qui l’ont marque, de ses lectures, au gre de sa passion pour l’etymologie, Pascal Quignard, dans un style epure, rend un d’hommage lucide et sans concession a la vie et invite ses lecteurs a penser a sa suite la question ontologique de l’avant et de l’apres vie, au fil de leurs reves et de leurs experiences.
Afrique contemporaine, 2012
Revue d'Histoire littéraire de la France, 2017
Contributeurs : Jean Balcou, Youmna Charara, Shelly Charles, Agnès Cousin de Ravel, Eric Francala... more Contributeurs : Jean Balcou, Youmna Charara, Shelly Charles, Agnès Cousin de Ravel, Eric Francalanza, Sakurako Inoué, Yvon Le Scanff, Sylvain Menant, Audrey Mirlo, Andrea Schellino, Alfred Sjödin, Dominique Triaire, Bruno Tribout et Julien Zanetta.
Acta Avril 2014
Cet article est un compte-rendu du livre : Pascal Quignard, Les Solidarités mystérieuses, Paris :... more Cet article est un compte-rendu du livre : Pascal Quignard, Les Solidarités mystérieuses, Paris : Gallimard, 2011, 251 p., EAN 9782070784790 ; La Suite des chats et des ânes, Paris : Presses de la Sorbonne nouvelle, coll. « Archives », 2013, 148 p., EAN 9782878546040 & L’Être du balbutiement, Paris : Mercure de France, 2014, 201 p., EAN 9782715235014
Carnets, 2015
Du vécu à l'écriture Agnès Cousin de Ravel 27 août 1914 : Le capitaine Louis Simon est tué à la g... more Du vécu à l'écriture Agnès Cousin de Ravel 27 août 1914 : Le capitaine Louis Simon est tué à la guerre d'une balle au front. 27 août 1939 : Son fils Claude est mobilisé. Il part en train vers le front des Ardennes et refait le trajet que son père avait fait vingt-cinq ans auparavant. 10-17 mai 1940 : Claude Simon est au coeur de la guerre. Son régiment de cavalerie, sabre au clair, est décimé par l'artillerie et l'aviation allemandes. Restent seulement quatre survivants dont lui. 23 avril 1948 : Pascal Quignard naît à Verneuil-sur-Avre. La famille Quignard habite 3 Place Saint-Jean. Des fenêtres de la maison, on voit les ruines de l'église Saint-Jean bombardée par les Alliés en 1944. Décembre 1951 : La famille Quignard emménage au 86 rue Bernardin de Saint-Pierre au Havre dans l'un des premiers immeubles Perret tout juste sortis de terre, sur le champ de ruines laissées après le bombardement du 4 septembre 1944 qui a détruit la ville à 80 %. De la fenêtre de sa chambre, l'enfant voit un bidonville. Quotidiennement, il traverse des champs de ruines pour se rendre au lycée et à ses leçons de solfège et de piano. Ces quelques dates mettent en lumière deux des trois temps propres à la guerre : 1. Celui de la destruction en acte, de la guerre dans son terrifiant accomplissement. C'est Simon. 2. Celui des ruines. C'est Quignard. 3. Celui de la reconstruction dont je ne parlerai pas. Ces deux premiers temps déploient deux « imaginaires » de la guerre (le mot « imaginaire » entendu comme modalités de représentation) bien différents chez Simon et chez Quignard, même si leurs propos sur la guerre se rejoignent, même si tous deux pratiquent un art certain de la fragmentation. Peu ou prou, tous les romans de Simon, parlent de la guerre. Je pense sa représentation essentiellement à partir de quatre d'entre eux :
Litteratures, Jul 1, 2013
Contemporary French and Francophone Studies, 2014
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Zink Michel, Livres anciens, lectures vivantes. Ce qui passe et ce qui demeure. Odile Jacob. Août... more Zink Michel, Livres anciens, lectures vivantes. Ce qui passe et ce qui demeure. Odile Jacob. Août 2010.
« Petit traité de la lecture actuelle des textes anciens ». L'ouvrage, préfacé par M. Zink, est à lire comme un vade mecum efficace pour apprécier les textes anciens malgré les obstacles d'une langue vieillie.
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« Petit traité de la lecture actuelle des textes anciens ». L'ouvrage, préfacé par M. Zink, est à lire comme un vade mecum efficace pour apprécier les textes anciens malgré les obstacles d'une langue vieillie.
« Petit traité de la lecture actuelle des textes anciens ». L'ouvrage, préfacé par M. Zink, est à lire comme un vade mecum efficace pour apprécier les textes anciens malgré les obstacles d'une langue vieillie.
Pour faciliter les recherches, j'ai intégré à la fin du livre plusieurs listes de ressources bio-bibliographiques et l’essentiel de la bibliographie critique.
Pour plus d’informations vous pouvez vous rendre sur ce lien de l'éditeur. http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=58703
Vous pouvez également consulter ce site que j'ai développé sur l'œuvre de Pascal Quignard.
www.http://pascal-quignard.fr/