Papers by Simone Ferrecchia
Ferrecchia Simone Mémoire de Master 1, spécialité épistémologie et philosophie analytique De l'ac... more Ferrecchia Simone Mémoire de Master 1, spécialité épistémologie et philosophie analytique De l'acquisition du langage : béhaviorisme radical, Quine, et le débat Chomsky-Quine Sous la direction de : M. Clementz François Université Aix-Marseille 1 4 Quantitativement signifie : ses variations peuvent être indiquées sur une dimension physique 5 Ibid., p.36 6 Graham, G., Behaviorism, 2010
Celle d'objet est l'une de plus importantes notions avec lesquelles, même si de façon inconscient... more Celle d'objet est l'une de plus importantes notions avec lesquelles, même si de façon inconsciente, nous avons à faire dans un nombre indéfini de situations. Malgré cela, il n'est pas facile de saisir ce à quoi, dans le monde, correspondent les objets auxquels nous faisons si souvent référence dans notre langage courant. Toutefois, indépendamment des difficultés et des questions entourant la thématique de la réalité ultime des objets, de fait, nous nous comportons comme si la question de la véritable nature et structure des objets physiques avait était résolue définitivement depuis longtemps, ou comme s'il s'agissait en réalité d'une question vide de sens. Nous avons des préférences pour certains objets en dépit d'autres, nous apprécions certains objets et répudions d'autres, nous manipulons tout type d'objet dans l'accomplissement des tâches les plus communes, et nous fabriquons des objets en des quantités industrielles. Manifestement, si nous nous comportons à l'égard des objets comme nous le faisons, c'est parce que, même si on y réfléchi très rarement, nous percevons des objets. Savoir pourquoi un tel état des choses s'est réalisé plutôt qu'un autre, ou, par exemple, les objets ne revêtent pas l'importance que l'on leur accorde, c'est une question qui mériterait d'être adressée. Cela dit, ce ne serait pas ici que l'on se consacrera à une telle tâche. Sans doute, en tout cas, la réponse impliquerait la notion d'avantage génétique dans le processus de sélection naturelle. Si l'on perçoit un monde d'objets c'est que l'on possède la capacité de représenter à nous-mêmes un monde se constituant d'objets. Utiliser le mot « représentation » au sens que l'on est ici en train de lui attribuer, cela nous est rendu possible en toute vraisemblance par l'ouverture du champ des sciences cognitives dans la deuxième moitie du dernier siècle. Le présent travail a ses racines dans le constat que notre capacité à percevoir les objets, et, par conséquent, aussi celle de nous représenter un monde se constituant d'objets physiques, n'est pas une chose pouvant être tenue pour acquise, à différence donc d'autres capacités dont nous sommes pourvu comme par exemple celle de respirer. La question qui sera adressée et qui déterminera le contenu du présent travail est la suivante : comment l'homme y est parvenu à posséder la représentation de l'objet quelconque dans son répertoire cognitif ? Comment fonctionne le processus psychologique de genèse du concept d'objet? Réification est le terme plus générale qui sera employé pour faire référence à l'histoire de ces achèvements. Pour le philosophe américain Willard Van Orman Quine, le sujet de la réification se positionne à l'interface entre sa philosophie des sciences et sa théorie de la connaissance. Les scientifiques découvrent les objets qui donneront un sens et un ancrage concret à leur théories visant à rendre compte des phénomènes rencontrés au sein du monde naturel. Les objets rentrent également dans notre sens commun à travers le mécanisme de la perception ; ils sont les fondements de dessins que l'on produit du monde. Dans The Roots of Reference, c'est-à-dire dans le cadre d'un exercice d'épistémologie naturalisée, Quine avance sa célèbre théorie hypothétique de la reification qui fait dépendre la représentation de l'objet physique du développement de notre habilité à indiquer de façon objective à travers nos mots les éléments relevant du monde. Quoique l'on puisse dire du béhaviorisme de Quine, sa perspective vis-à-vis de l'apprentissage est probablement mieux définie non pas comme un béhaviorisme pur et dur, mais plutôt comme une version très modérât, voir à la périphérie, de ce paradigme scientifique. Effectivement, la perspective quinéenne vis-à-vis la connaissance et l'apprentissage présente un certain nombre d'affinités avec ce paradigme qui, dans l'histoire de la psychologie, défit et remplaça le béhaviorisme, à savoir le cognitivisme. Ce sont ce genre de considérations qui, à notre avis, suggèrent d'examiner la philosophie de Quine du point de vue de sciences cognitives. Ainsi, en nous appuyant sur des résultats expérimentaux relatifs à l'individu, à ses manières de raisonner et d'engendrer toutes sortes de concepts et d'idées, Page 1 nous articulerons une réponse à la théorie hypothétique sur l'apparition des objets dans la perception telle qu'elle a été proposée par Quine. Nous nous servirons des résultats expérimentaux pour contester les spéculations quinéennes, et, plus précisément, la thèse qui sera ici défendue consiste à affirmer que le processus de réification ne peut pas, à différence de ce dont Quine essaie de nous persuader, être accompli par le biais d'une série d'achèvements de type linguistique aboutissant à la maîtrise du dispositif logique de la quantification, ou, ce qui revient à la même chose, la maîtrise du pronom singulier de la troisième personne. Dans le chapitre 1, il s'agit de distinguer entre réification et deux autres processus étudiés par les psychologues et faisant l'objet de réflexions à proprement parler philosophiques, à savoir le processus d'identification d'objets et celui d'individuation. En suite, nous présentons le projet de naturalisation de l'épistémologie et recherchons l'argument le plus satisfaisante pour le défendre. En fin, nous localisons la réification au sein du projet d'épistémologie naturalisée. Dans le chapitre 2, nous abordons deux questions pour ainsi dire à la périphérie du thème de la réification chez Quine : la question de savoir pourquoi il ne considère pas la perception d'objets comme immédiate et primitive, et la question de savoir quelle est la meilleure stratégie de justifier sa préférence pour les stimulations des surfaces sensorielles au détriment de sense-data pour revêtir le rôle des données les plus immédiates de la perception. Une idée qui, en quelque sorte, guidera notre réponse à toutes les deux questions, consiste en ceci que la philosophie de Quine se compose de plusieurs façades étroitement entrelacées les unes aux autres, et qui tendent à composer une unité solide et cohérente. Le troisième chapitre continue la discussion portant sur la réification selon Quine, cette fois-ci, cependant, en mettant l'accent sur des thématiques plus proches au coeur du sujet, notamment celle concernant le choix de faire de la réification un processus de type linguistique. En outre, ce chapitre étale les prémisses de l'argument qui servira pour analyser la théorie de la réification exposée par Quine. Dans le chapitre 4, il s'agit de présenter en détails les résultats expérimentaux nous permettant de positionner sur une échelle temporelle l'aboutissement de la maîtrise de la référence objective. Le cinquième chapitre présente et commente le développement de la notion d'objet telle qu'il est traité par Piaget dans La construction du réel chez l'enfant. L'accent sera sur la genèse graduelle de celui-ci, en procédant étape par étape à travers la période sensori-motrice. Le chapitre 6 est une extension de celui qui le précède, et accroît la pertinence intuitive des recherches de Piaget vis-à-vis de l'exercice de Quine en épistémologie naturalisée en dégageant tout d'abord quelques traits de l'épistémologie piagetienne, et, dans un deuxième temps, en argumentant en faveur de la thèse selon laquelle le psychologue suisse peu, à juste titre, être considéré un épistémologue naturaliste sur un pied d'égalité avec Quine. Le chapitre 7 est, lui aussi, dépendant du chapitre 5, et il contient une tentative de défendre la cohérence interne du programme piagetien en abordant la tension entre normativité et poursuite de recherches philosophiques en combinaison avec des recherches empiriques, tensions qui, d'ailleurs, est au coeur des débats concernant la possibilité d'une naturalisation de l'épistémologie telle que celle proposée par Quine. En effet, dans ce chapitre nous évaluons la possibilité d'importer la solution quinéenne à la tension dont il s'agit à l'intérieur du contexte d'épistémologie génétique. Enfin, dans le chapitre 8, nous revenons à l'argument qui sert pour évaluer la théorie quinéenne de la réification et, après l'introduction de nouveaux résultats provenant du domaine de la psychologie des enfants, nous concluons que l'épistémologie naturalisée de Quine échoue en tant qu'une tentative de fournir une théorie plausible de la réification.
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