Les violences des jeunes, impliquees dans les evenements en banlieues parisiennes en novembre 200... more Les violences des jeunes, impliquees dans les evenements en banlieues parisiennes en novembre 2005, sont mises en relation avec leur construction identitaire. Celle-ci est notamment influencee par un ensemble de Discours traversant la Societe. Sont ainsi evoques le Discours liberal-capitaliste, la pensee postcoloniale, la posture et les paroles de l'Homme d'Etat et le role des media, notamment televisuels. Pour autant, ces Discours n'epuisent evidemment pas les questions, ni des violences, ni des constructions identitaires.
De quoi parle-ton lorsqu'on parle d'éducation active ? En particulier dans un mouvement comme les... more De quoi parle-ton lorsqu'on parle d'éducation active ? En particulier dans un mouvement comme les Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Education Actives. Les lignes qui suivent sont nées d'une envie et même d'une nécessité de clarifier les mots et les enjeux sous-jacents. D'examiner aussi ce que les fondateurs ont pu dire, penser, écrire et de mesurer aussi ce qui peut en être explicité, réaffirmé ou modifié, complété, critiqué au vu des évolutions contemporaines de nos sociétés. Notre point de vue central est d'affirmer que les méthodes d'éducation active, si elles mettent nécessairement en oeuvre des techniques, traduisent avant tout une éthique. L'éducation humaine n'est pas l'apprentissage animal Etymologiquement, le mot « éducation » vient du latin : ex-ducere : « conduire hors de ». Hors de quoi, s'agissant de l'enfant ? Hors sans doute de la dépendance totale et absolue aux adultes de référence que sont ses parents ou ceux qui en assument la charge. Le petit d'Homme est en effet peu préparé à affronter seul le milieu physique et humain dans lequel il naît. Contrairement aux animaux dont l'équipement instinctuel programme, quasiment de façon réflexe, étape par étape le développement, l'être humain est un « animal de langage », extrêmement sensible aux influences, voulues ou non voulues, de son environnement. De tous les êtres, seul l'humain va dès lors disposer, progressivement d'une réflexivité sur son expérience vécue. Cette réflexivité est la condition de son humanité, c'est-à-dire de sa liberté, de sa capacité d'effectuer des choix, bien au-delà de la seule réactivité instinctuelle comportementale de l'animal. C'est cela qui permet un authentique « développement » chez l'humain et non une simple adaptation darwinienne au milieu. A sa façon, le premier principe énoncé par Gisèle de Failly au Colloque des CEMEA de Caen en 1957, dit sensiblement la même chose : « Tout être humain peut se développer et même se transformer au cours de sa vie. Il en a le désir et les possibilités. »(in J.-M. Michel, 1996, p.426) Cette extrême dépendance précoce de l'humain à son environnement légitime la nécessité de l'éducation. Sortir de la dépendance totale, accéder au monde, à la connaissance, à l'autonomie, entrer dans le cercle des relations à autrui, voilà les nécessités humaines fondamentales. L'éducation de l'enfant : un droit et un devoir La reconnaissance de l'enfant comme sujet méritant attention, considération et ayant des droits particuliers est relativement récente (Convention internationale des droits de l'enfant, 1948). Ce n'est donc que depuis lors qu'il est correct de parler de droit à l'éducation. Dire cela, c'est, dans le même temps, reconnaitre le devoir d'éducation dévolu à la génération précédente. C'est cette dimension de devoir de transmission que développe notamment Bernard Stiegler. La transmission, selon lui, ne concerne pas que des règles, des valeurs, des normes, elle est contenue dans l'idée même de jouer entre adulte et enfant. Elle concerne aussi, au quotidien, la transmission du désir de vivre, de cotoyer autrui, d'en prendre soin, de donner du sens à sa propre vie, insérée dans un ensemble plus large.
« Étranger, il me faut d'abord te demander ceci : Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Quels sont tes pare... more « Étranger, il me faut d'abord te demander ceci : Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Quels sont tes parents, ta cité ? » (Homère, l'Odyssée) Dans l'Odyssée, par deux fois, Pénélope ne reconnaît pas Ulysse, son époux. Celuici a vieilli, il est sale, dans des haillons de mendiant. Pénélope pose ces questions, à cet homme qui représente la figure emblématique du migrant. Revenant de Troie, Ulysse va en effet errer dix ans et parcourir terres et mers pour rentrer chez lui. Il incarne le héraut de cet espace parcouru qui se fait récit.
"Le Collectif est une machine à traiter l'aliénation." Ces propos, prononcés par le psychiatre Je... more "Le Collectif est une machine à traiter l'aliénation." Ces propos, prononcés par le psychiatre Jean Oury, datent de 1984. Il y ajoutait alors ceci : "Le Collectif est en question dans tout le travail qu'on fait, aussi bien public que privé. C'est peut-être une notion générale qui déborde tout à fait le champ de la psychiatrie." (Oury, 1986, p.32). Du temps s'est écoulé depuis la tenue de ces propos et ce recul que nous avons aujourd'hui peut nous permettre de mieux comprendre en quoi le Collectif est en effet une notion « tout à fait générale » débordant le champ de la psychiatrie pour s'appliquer aussi à d' autres pratiques (animation, formation, accompagnements). Et si l'approche d'Oury était centrée sur l'accueil et le traitement des schizophrènes et autres personnes cataloguées folles , nous pouvons nous en saisir comme d'une métaphore pour tenter de penser plus largement ce qu'est l'aliénation et ce que peuvent être des pratiques désaliénantes. Un peu d'histoire Oury s'inscrit avec plusieurs autres, éducateurs, soignants, psychiatres, psychanalystes, dans l'histoire de plusieurs initiatives convergentes même si certaines étaient apparemment indépendantes. Ainsi, il y eut pour tous l'expérience de la guerre, parfois l'engagement dans la résistance ; il y avait aussi l'influence très forte des idées et pratiques issues de la psychanalyse ; il y avait encore des expériences communautaires, enfin certainement pour tous un « plus jamais cela » tant face à la guerre elle-même que face à la découverte horrifiée des camps de concentration. Le parcours de Jean Oury sera marqué par ces différents éléments, et fondamentalement par sa rencontre avec l'oeuvre de Freud, et encore plus par la reprise qu'en fera Lacan. Né en 1924, il créera la clinique de Cour-Cheverny dans le Loir et Cher, située au château de La Borde, ce dernier terme étant le nom usuel par lequel cet établissement est désigné. On peut dire que toute la vie de Oury sera polarisée par le traitement des psychotiques et des êtres au parcours parfois fracassé qu'il accueillera et traitera à La Borde, mais aussi par une recherche incessante des conditions d'humanisation qu'un établissement de soins se doit de proposer. Le documentaire de Nicolas Philibert, « La moindre des choses » en trace un témoignage sensible. L'aliénation du malade mental : une régression du Sujet vers l'objet. Le dispositif institutionnel des soins en santé mentale doit se méfier de l'aliénation dans laquelle il place le malade et le psychiatre, qui pourrait très vite transformer l'Homme malade en un objet de maladie et de programmation thérapeutique. «Il est difficile de ne pas se laisser "avoir" par la pression aliénante du cadre qui nous amène "l'objet" à soigner. La famille – et le reste – sans le savoir, nous aliène son soi-disant malade. Il y a toujours quelque chose de louche : les habitudes sont changées, quelqu'un pose un problème ; ce problème est entouré, camouflé et quelqu'un est transformé en objet…processus qui transforme ce noeud de relations insolites que pose le fou en cet objet que l'on nomme malade. » (Oury, 1977, p.23)
« Là où rien n'est à sa place, c'est le désordre. Là où, à la place voulue, il n'y a rien, c'est ... more « Là où rien n'est à sa place, c'est le désordre. Là où, à la place voulue, il n'y a rien, c'est l'ordre. » (Bertolt Brecht, Dialogues d'exilés) L'espace et le temps constituent les cadres qui organisent notre relation au monde. Chacun de nous est marqué par ces deux dimensions. Elles restent cependant souvent implicites voire inconscientes.
Une formation, en tant qu'adulte, on peut y rentrer ou pas. Cela se vit ou se rencontre : il y a ... more Une formation, en tant qu'adulte, on peut y rentrer ou pas. Cela se vit ou se rencontre : il y a des formations qui nous touchent, nous bouleversent, nous interpellent. D'autres où l'on reste sur le seuil : on n'est pas touché-e, on ne se sent pas concerné-e, voire quelque temps après on ne se souvient même pas qu'on l'ait suivie. Certain-e-s diront même : subie ! Les questions que nous allons nous poser tiendront en quelques mots : Qu'implique subjectivement le fait de se former? Qu'est-ce que l'activité en formation ? Qu'est-ce que le réel d'une action volontaire ou professionnelle ? En quoi un groupe de participants peut-il devenir un collectif au service des finalités formatives ? En quoi ce collectif constitue-t-il une force d'accompagnement qui puisse aider chacun-e à rentrer en formation ? La notion d'activité en formation L'usage social du vocable « formation » est extrêmement étendu : il recouvre de nombreuses réalités. Et puis, tout un chacun a vécu de façon plus ou moins longue une scolarité, qui l'a affecté d'une façon personnelle et qu'on appelle parfois « formation ». Pour un mouvement éducatif militant comme le nôtre, former ne saurait se limiter à « enseigner » ou « instruire ». En tout cas, pas au sens qui caractérise certains vécus de la scolarité obligatoire : passivité, soumission, ennui. Dans une autre perspective, au contraire, celle de l'éducation active, il s'agit de proposer des situations, des expériences à vivre, à partager avec d'autres. En permanence, on sollicite le désir de découvrir, d'apprendre, de partager. Le terme d'activité y est central ; nous l'emploierons, au cours de cet article, dans un sens très précis et peut-être un peu déconcertant à priori. Ainsi, pour nous, l'action ou la tâche, c'est ce qui est à faire, l'activité, c'est ce que nous mobilisons (corps, affects, intellect) pour le faire. Dans l'optique philosophique, historique, politique d'un mouvement d'éducation nouvelle, il y a de surcroit cette idée que l'activité est ce quelque chose qui nous engage en tant qu'être humains dans une transformation, et du réel, et de nous-même. Dans l'espace-temps de la formation, se former c'est pratiquer pour chacun-e une transformation de soi-même en interaction avec d' autres, via non seulement nos actions mais aussi notre activité, c'est-à-dire, ce
Les violences des jeunes, impliquees dans les evenements en banlieues parisiennes en novembre 200... more Les violences des jeunes, impliquees dans les evenements en banlieues parisiennes en novembre 2005, sont mises en relation avec leur construction identitaire. Celle-ci est notamment influencee par un ensemble de Discours traversant la Societe. Sont ainsi evoques le Discours liberal-capitaliste, la pensee postcoloniale, la posture et les paroles de l'Homme d'Etat et le role des media, notamment televisuels. Pour autant, ces Discours n'epuisent evidemment pas les questions, ni des violences, ni des constructions identitaires.
De quoi parle-ton lorsqu'on parle d'éducation active ? En particulier dans un mouvement comme les... more De quoi parle-ton lorsqu'on parle d'éducation active ? En particulier dans un mouvement comme les Centres d'Entraînement aux Méthodes d'Education Actives. Les lignes qui suivent sont nées d'une envie et même d'une nécessité de clarifier les mots et les enjeux sous-jacents. D'examiner aussi ce que les fondateurs ont pu dire, penser, écrire et de mesurer aussi ce qui peut en être explicité, réaffirmé ou modifié, complété, critiqué au vu des évolutions contemporaines de nos sociétés. Notre point de vue central est d'affirmer que les méthodes d'éducation active, si elles mettent nécessairement en oeuvre des techniques, traduisent avant tout une éthique. L'éducation humaine n'est pas l'apprentissage animal Etymologiquement, le mot « éducation » vient du latin : ex-ducere : « conduire hors de ». Hors de quoi, s'agissant de l'enfant ? Hors sans doute de la dépendance totale et absolue aux adultes de référence que sont ses parents ou ceux qui en assument la charge. Le petit d'Homme est en effet peu préparé à affronter seul le milieu physique et humain dans lequel il naît. Contrairement aux animaux dont l'équipement instinctuel programme, quasiment de façon réflexe, étape par étape le développement, l'être humain est un « animal de langage », extrêmement sensible aux influences, voulues ou non voulues, de son environnement. De tous les êtres, seul l'humain va dès lors disposer, progressivement d'une réflexivité sur son expérience vécue. Cette réflexivité est la condition de son humanité, c'est-à-dire de sa liberté, de sa capacité d'effectuer des choix, bien au-delà de la seule réactivité instinctuelle comportementale de l'animal. C'est cela qui permet un authentique « développement » chez l'humain et non une simple adaptation darwinienne au milieu. A sa façon, le premier principe énoncé par Gisèle de Failly au Colloque des CEMEA de Caen en 1957, dit sensiblement la même chose : « Tout être humain peut se développer et même se transformer au cours de sa vie. Il en a le désir et les possibilités. »(in J.-M. Michel, 1996, p.426) Cette extrême dépendance précoce de l'humain à son environnement légitime la nécessité de l'éducation. Sortir de la dépendance totale, accéder au monde, à la connaissance, à l'autonomie, entrer dans le cercle des relations à autrui, voilà les nécessités humaines fondamentales. L'éducation de l'enfant : un droit et un devoir La reconnaissance de l'enfant comme sujet méritant attention, considération et ayant des droits particuliers est relativement récente (Convention internationale des droits de l'enfant, 1948). Ce n'est donc que depuis lors qu'il est correct de parler de droit à l'éducation. Dire cela, c'est, dans le même temps, reconnaitre le devoir d'éducation dévolu à la génération précédente. C'est cette dimension de devoir de transmission que développe notamment Bernard Stiegler. La transmission, selon lui, ne concerne pas que des règles, des valeurs, des normes, elle est contenue dans l'idée même de jouer entre adulte et enfant. Elle concerne aussi, au quotidien, la transmission du désir de vivre, de cotoyer autrui, d'en prendre soin, de donner du sens à sa propre vie, insérée dans un ensemble plus large.
« Étranger, il me faut d'abord te demander ceci : Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Quels sont tes pare... more « Étranger, il me faut d'abord te demander ceci : Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Quels sont tes parents, ta cité ? » (Homère, l'Odyssée) Dans l'Odyssée, par deux fois, Pénélope ne reconnaît pas Ulysse, son époux. Celuici a vieilli, il est sale, dans des haillons de mendiant. Pénélope pose ces questions, à cet homme qui représente la figure emblématique du migrant. Revenant de Troie, Ulysse va en effet errer dix ans et parcourir terres et mers pour rentrer chez lui. Il incarne le héraut de cet espace parcouru qui se fait récit.
"Le Collectif est une machine à traiter l'aliénation." Ces propos, prononcés par le psychiatre Je... more "Le Collectif est une machine à traiter l'aliénation." Ces propos, prononcés par le psychiatre Jean Oury, datent de 1984. Il y ajoutait alors ceci : "Le Collectif est en question dans tout le travail qu'on fait, aussi bien public que privé. C'est peut-être une notion générale qui déborde tout à fait le champ de la psychiatrie." (Oury, 1986, p.32). Du temps s'est écoulé depuis la tenue de ces propos et ce recul que nous avons aujourd'hui peut nous permettre de mieux comprendre en quoi le Collectif est en effet une notion « tout à fait générale » débordant le champ de la psychiatrie pour s'appliquer aussi à d' autres pratiques (animation, formation, accompagnements). Et si l'approche d'Oury était centrée sur l'accueil et le traitement des schizophrènes et autres personnes cataloguées folles , nous pouvons nous en saisir comme d'une métaphore pour tenter de penser plus largement ce qu'est l'aliénation et ce que peuvent être des pratiques désaliénantes. Un peu d'histoire Oury s'inscrit avec plusieurs autres, éducateurs, soignants, psychiatres, psychanalystes, dans l'histoire de plusieurs initiatives convergentes même si certaines étaient apparemment indépendantes. Ainsi, il y eut pour tous l'expérience de la guerre, parfois l'engagement dans la résistance ; il y avait aussi l'influence très forte des idées et pratiques issues de la psychanalyse ; il y avait encore des expériences communautaires, enfin certainement pour tous un « plus jamais cela » tant face à la guerre elle-même que face à la découverte horrifiée des camps de concentration. Le parcours de Jean Oury sera marqué par ces différents éléments, et fondamentalement par sa rencontre avec l'oeuvre de Freud, et encore plus par la reprise qu'en fera Lacan. Né en 1924, il créera la clinique de Cour-Cheverny dans le Loir et Cher, située au château de La Borde, ce dernier terme étant le nom usuel par lequel cet établissement est désigné. On peut dire que toute la vie de Oury sera polarisée par le traitement des psychotiques et des êtres au parcours parfois fracassé qu'il accueillera et traitera à La Borde, mais aussi par une recherche incessante des conditions d'humanisation qu'un établissement de soins se doit de proposer. Le documentaire de Nicolas Philibert, « La moindre des choses » en trace un témoignage sensible. L'aliénation du malade mental : une régression du Sujet vers l'objet. Le dispositif institutionnel des soins en santé mentale doit se méfier de l'aliénation dans laquelle il place le malade et le psychiatre, qui pourrait très vite transformer l'Homme malade en un objet de maladie et de programmation thérapeutique. «Il est difficile de ne pas se laisser "avoir" par la pression aliénante du cadre qui nous amène "l'objet" à soigner. La famille – et le reste – sans le savoir, nous aliène son soi-disant malade. Il y a toujours quelque chose de louche : les habitudes sont changées, quelqu'un pose un problème ; ce problème est entouré, camouflé et quelqu'un est transformé en objet…processus qui transforme ce noeud de relations insolites que pose le fou en cet objet que l'on nomme malade. » (Oury, 1977, p.23)
« Là où rien n'est à sa place, c'est le désordre. Là où, à la place voulue, il n'y a rien, c'est ... more « Là où rien n'est à sa place, c'est le désordre. Là où, à la place voulue, il n'y a rien, c'est l'ordre. » (Bertolt Brecht, Dialogues d'exilés) L'espace et le temps constituent les cadres qui organisent notre relation au monde. Chacun de nous est marqué par ces deux dimensions. Elles restent cependant souvent implicites voire inconscientes.
Une formation, en tant qu'adulte, on peut y rentrer ou pas. Cela se vit ou se rencontre : il y a ... more Une formation, en tant qu'adulte, on peut y rentrer ou pas. Cela se vit ou se rencontre : il y a des formations qui nous touchent, nous bouleversent, nous interpellent. D'autres où l'on reste sur le seuil : on n'est pas touché-e, on ne se sent pas concerné-e, voire quelque temps après on ne se souvient même pas qu'on l'ait suivie. Certain-e-s diront même : subie ! Les questions que nous allons nous poser tiendront en quelques mots : Qu'implique subjectivement le fait de se former? Qu'est-ce que l'activité en formation ? Qu'est-ce que le réel d'une action volontaire ou professionnelle ? En quoi un groupe de participants peut-il devenir un collectif au service des finalités formatives ? En quoi ce collectif constitue-t-il une force d'accompagnement qui puisse aider chacun-e à rentrer en formation ? La notion d'activité en formation L'usage social du vocable « formation » est extrêmement étendu : il recouvre de nombreuses réalités. Et puis, tout un chacun a vécu de façon plus ou moins longue une scolarité, qui l'a affecté d'une façon personnelle et qu'on appelle parfois « formation ». Pour un mouvement éducatif militant comme le nôtre, former ne saurait se limiter à « enseigner » ou « instruire ». En tout cas, pas au sens qui caractérise certains vécus de la scolarité obligatoire : passivité, soumission, ennui. Dans une autre perspective, au contraire, celle de l'éducation active, il s'agit de proposer des situations, des expériences à vivre, à partager avec d'autres. En permanence, on sollicite le désir de découvrir, d'apprendre, de partager. Le terme d'activité y est central ; nous l'emploierons, au cours de cet article, dans un sens très précis et peut-être un peu déconcertant à priori. Ainsi, pour nous, l'action ou la tâche, c'est ce qui est à faire, l'activité, c'est ce que nous mobilisons (corps, affects, intellect) pour le faire. Dans l'optique philosophique, historique, politique d'un mouvement d'éducation nouvelle, il y a de surcroit cette idée que l'activité est ce quelque chose qui nous engage en tant qu'être humains dans une transformation, et du réel, et de nous-même. Dans l'espace-temps de la formation, se former c'est pratiquer pour chacun-e une transformation de soi-même en interaction avec d' autres, via non seulement nos actions mais aussi notre activité, c'est-à-dire, ce
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