papers by Nathalie Gorochov
La notion de stéréotype a encore peu pénétré le domaine des recherches historiques en France, bie... more La notion de stéréotype a encore peu pénétré le domaine des recherches historiques en France, bien qu’elle ait été introduite dans les sciences sociales en 1922 par Walter Lippmann. Étonnante situation quand on pense à l’usage des stéréotypes dans l’histoire humaine, par exemple aux représentations stéréotypées des Autres en général- en commençant par l’histoire ancienne et la représentation des barbares par les Grecs et les Romains -, aux nombreuses constructions intellectuelles, sociales et identitaires réalisées, faites de traits et d’images gravées dans les consciences et répétées sous un grand nombre de formes orales, écrites et imagées. Une approche de ces constructions actives au sein des sociétés et initiatrices de comportements est l’objet de ce livre. Le stéréotype agit comme un outil de régulation dans une société, ayant ce qu’il faut de connu et de stable pour ne pas émouvoir et inquiéter, et de souple pour accueillir la nouveauté et d’adapter. Les stéréotypes interviennent comme des schémas de compréhension pour appréhender le monde, lire les événements, les reconstruire et les rendre intelligibles. Des schémas capables aussi d’évoluer pour répondre aux nécessités nouvelles de comprendre. L’inhabituel, l’extraordinaire suscitent un effort d’adaptation des réseaux d’intelligibilité, le vide étant ici insupportable. La stéréotypie affecte ainsi durablement la vie des sociétés sur plusieurs niveaux : elle crée des stéréotypes sociaux, construit des catégories, conçoit des modèles (ou des anti-modèles) pour susciter des comportements et des modes de pensée, travail auquel les élites prennent une part active ; elle trace des images fortement dessinées (parce que répétées) des différents éléments qui constituent l’outillage intellectuel des peuples ; elle établit les représentations de la différence, en façonnant des clichés identitaires. La construction des stéréotypes intéresse donc les historiens. Ce sont des outils pour construire du sens, pour classer, organiser, une manière, comme le conseillait Buffon, d’accumuler des faits pour avoir des idées. Une manière aussi de figer les représentations sur l’Autre, le Différent, ce grand acteur de l’histoire
Le Centre pour la Communication Scientifique Directe - HAL - SHS, Feb 1, 2018
International audienc
Ecole française de Rome, 2003
Au XIV e siecle, les etudiants parisiens adressent au pape des suppliques afin d'obtenir des ... more Au XIV e siecle, les etudiants parisiens adressent au pape des suppliques afin d'obtenir des benefices ecclesiastiques. Ces suppliques peuvent etre rassemblees dans des rotuli constitues par l'Universitede Paris une a deux fois par pontificat. Mais elles sont pour la plupart envoyees isolement ou incluses dans des roles de grands, laiques ou ecclesiastiques. Dans ces deux cas, les clercs demandeurs beneficient du soutien d'un intercesseur, mentionne dans la supplique individuelle ou presentant un rotulus. L'etude des suppliques d'etudiants parisiens reperables dans les registres de suppliques des Archives du Vatican permet de retracer le profil de ces intercesseurs et le mecanisme de l'intercession du milieu du XIV e au debut du XV e siecle. Sous les pontificats de Clement VI et d'Innocent VI, les etudiants parisiens ont recours a des intercesseurs dont ils sont souvent proches, parents, proteges ou familiers. Mais avec l'inflation des suppliques presentees pendant le Grand schisme, le lien entre intercesseur et etudiant protege se distend; l'intercession devenant moins personnelle, plus anonyme, se transforme en un processus quasi administratif.
Le XLIIe Congrès de la Société des historiens médiévistes de l'Enseignement supérieur public,... more Le XLIIe Congrès de la Société des historiens médiévistes de l'Enseignement supérieur public, qui s'est tenu à Oxford en mars-avril 2011, a consacré ses travaux à une figure longtemps mal connue et mal identifiée, une figure dont la dénomination semble à ce point sortie de la technocratie moderne qu'on peine à l'imaginer pour les époques plus anciennes, et pour le Moyen Âge en particulier : l'expert. À la charnière de la pratique et de la doctrine, l'expert sert de raccord entre des expériences sociales aussi complexes que diversifiées. Seul ou en petit comité, il est requis pour donner son avis, valider une hypothèse, dire sa vérité nourrie – du moins, le suppose-t-on – d'objectivité et de connaissances savantes, dans les lieux les plus divers : le tribunal évidemment, mais aussi le chantier de construction, le lit du malade, devant des reliques ou lors d'une discussion savante. Ce qui qualifie l'expert à agir, c'est à la fois un savoir reconnu et une position sociale : la compétence technique ne suffit pas toujours ; il y faut en plus une reconnaissance qui n'est pas souvent explicitée, mais qui est pourtant indispensable pour que les parties requérantes s'en remettent à l'avis d'une tierce personne. C'est à cet entre-deux social et fonctionnel, entre savoir et faire savoir, que se situe la fonction de l'expert. En en faisant le sujet de son congrès, la Société des médiévistes a voulu attirer l'attention sur cette fonction qui n'est ni un métier, ni un statut permanent, mais qui présuppose à la fois la maîtrise savante et la capacité de la faire reconnaître dans des situations nécessairement délicates ou incertaines. La multiplicité des cas ici examinés, qui balaient tout le millénaire médiéval, de l'Orient à l'Occident, témoigne de la place qu'a su conquérir ce technicien – le métier étant très majoritairement masculin, comme tous les espaces de domination – qui vient aider à la prise de décision, sans être lui-même décisionnaire. C'est qu'en effet l'expertise n'est pas une fin en soi. Elle vise à éclairer pour permettre au jeu des institutions de fonctionner dans un consensus garanti par la compétence super partes d'une personnalité extérieure. En s'intéressant aux critères de sélection des experts autant qu'à leur modalité d'intervention ou aux effets de celle-ci, les contributions ici réunies brassent une large matière qui illustre comment les sociétés médiévales ont su mobiliser ces médiateurs de la décision, bien plus nombreux et actifs qu'on ne le supposait
Au xiie siècle, dans les centres scolaires d’Occident surgissent des groupes informels de scolare... more Au xiie siècle, dans les centres scolaires d’Occident surgissent des groupes informels de scolares s’associant selon une origine géographique commune. Cette étude recense les mentions de ces « nations » pour éclairer leur progressive structuration, d’abord à Bologne puis dans les autres studia. À partir de la fin du xiie siècle, ces groupes informels s’institutionnalisent sous des formes différentes. Le modèle bolonais s’étend aux autres centres scolaires mais ces associations jurées sont mal vues par les pouvoirs qui finissent, après des années, par les accepter. À l’issue de cette phase d’institutionnalisation, dans la seconde moitié du xiiie siècle, les universités, qui recrutent dans tout l’Occident, comportent un nombre variable de nations dont la composition, l’organisation et l’autonomie diffèrent d’un studium à l’autre.During the 12th century in the centers of learning in the West we find the phenomenon of the informal association of the scolares according to their common geographical origin. This study lists the references to these “nations” in the texts to illuminate their progressive structuring, first in Bologna then later in other studia. From the end of the 12th century these informal groups were institutionalized in various ways. The Bolognaise model eventually spread to other centers of learning. Though initially suspicious, the authorities were later to accept the existence of these confraternities. Once this phase of institutionalization was over, each university was made up of a variable number of nations coming from the four corners of the West and whose composition, organization and degree of autonomy differed from one studium to the next
Revue d'Histoire de l'Eglise de France, 2006
qui apres avoir obtenu sa maitrise en arts liberaux a Paris et avoir pris la peine d' etudier la ... more qui apres avoir obtenu sa maitrise en arts liberaux a Paris et avoir pris la peine d' etudier la medecine a Montpellier durant plusieurs annees, a eu l'honneur d'enseigner Ie droit canon a Bologne, pour enfin completer sa formation par l'etude de la theologie a Paris. Dote d'un nom prestigieux, jouissant d'une grande reputation, homme sans querelle, remarquable par sa vie et ses mreurs, pare de toutes les vertus, sage entre les sages, c'est avec bonheur qu'ayant atteint un age venerable, comble par tant de jours, il a quitte ce monde 1. » Cette notice biographique de Nicolas Haudri, chantre de Notre-Dame de Paris avant 1250, n'est pas extraite d'un texte historiographique ou d'un acte notarie mais de l'exceptionnel obituaire de Notre-Dame de Chartres compose au XIlle siecle 2. Rares sont les universitaires dont Ie parcours est ainsi rapporte avec une telle precision avant 1300 : origine geographique et sociale, etudes suivies, grades obtenus, charges d'enseignement, carriere ecclesiastique, sans compter la description emphatique des traits de carac-teTe, ici vraisemblablement idealises. Celie famille bourgeoise chartraine des Haudri sort de l'ombre, plus tard, lorsqu'elle s'installe Ii Paris 3; en revanche aucune trace ne subsiste ailleurs du passage de Nicolas Haudri dans les universites de Bologne, Montpellier ou Paris, bien mal documentees 1. Die festo beati Mathei obiit magister Nicholaus Haudrici, cantor Parisiensis, ortus de civibus civitatis Carnotensis, qui post magistratum artium Parisius et studium quo insudavit annis pluribus in phisicis apud Montempessulanum, rexit Bononie postea honorifice in decretis et postmodum Parisius in theologia studii sui posuit complementum. Vir magni nominis, clare fame, homo sine querela, vita et moribus conspicuus, virtutum dotibus presignitus, mitissimus inter omnes, in senectute veneranda et plenus dierum feliciter migravit ab hac vita.
Les débuts de l’enseignement universitaire à Paris (1200 – 1245 environ), 2013
Actes du colloque scientifique tenu au Collège des Bernardins, à Paris, du 12 au 15 décembre 2012, 2013
Itinéraires du savoir de l’Italie à la Scandinavie (Xe-XVIe siècle), 2009
La célébrité actuelle de la Sorbonne et du nom de son fondateur, Robert de Sorbon (†1274) – le no... more La célébrité actuelle de la Sorbonne et du nom de son fondateur, Robert de Sorbon (†1274) – le nom d’un petit village des environs de Rethel – contraste avec la relative obscurité qui entoure les origines de ce maître en théologie et du collège qu’il a fondé, sur la montagne Sainte-Geneviève. Dans son livre Aux origines de la Sorbonne, seul véritable ouvrage de référence paru en deux volumes en 1965 et 1966, Palémon Glorieux a livré une édition du cartulaire accompagnée d’une minutieuse étude..
Paris et ses campagnes sous l’Ancien Régime
Despues de un violento conflicto de “pueblo y toga”, los maestros y estudiantes de Paris abandona... more Despues de un violento conflicto de “pueblo y toga”, los maestros y estudiantes de Paris abandonaron la capital de los Capetos durante dos anos, entre 1229 y 1231. Los datos prosopograficos nos permiten saber que se dispersaron por el Valle del Loira, Picardia, Champana, Inglaterra , Italia y Espana. En estos lugares, la mayoria de ellos continuo ensenando o estudiando, y su llegada fomento el desarrollo de centros academicos como Orleans o Palencia. Universidades recientes como Oxford o Toulouse vieron su poblacion aumentar repentinamente con la llegada de empleados parisinos. Manuscritos y modelos institucionales viajaron con maestros y estudiantes a traves de Europa por lo que podemos decir que la gran dispersion de la Universidad de Paris tuvo importantes consecuencias en el surgimiento de las universidades europeas.
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