Séminaire Céleste. Savoirs et cultures du ciel by Laurence Guignard
Le séminaire « Céleste » propose d’ouvrir un lieu de dialogue aux recherches d’histoire sociale e... more Le séminaire « Céleste » propose d’ouvrir un lieu de dialogue aux recherches d’histoire sociale et culturelle du ciel, dans les différentes acceptions du terme, un ciel conçu comme un au-dessus du limbe terrestre, de l’atmosphère et ses météores au cosmos et ses mondes. Il s’agit dans ce cadre d’envisager cet espace comme un objet de savoirs et de spéculations, selon des approches en phase avec l’historiographie actuelle, traitant à parts égales les productions savantes et profanes, officielles et alternatives, appréhendées sans hiérarchie téléologique.
Histoire des IUFM by Laurence Guignard
ANR ArchiFlamm by Laurence Guignard
Books by Laurence Guignard
Sociétés et Représentations, 2024
Nuncius. Journal of the Material and Visual History of Science, 2024
This special issue looks at the history of science as practiced by amateurs during the nineteenth... more This special issue looks at the history of science as practiced by amateurs during the nineteenth and twentieth centuries. Our approach to these scientific activities privileges objects as material and visual sources. As readers will note from the articles, the topic is interdisciplinary in nature: first and foremost, because the extremely varied field of amateur hobbies appeals equally to historians of science, the arts, or sports, as well as to social and cultural historians.
Revue d'histoire du 19e siècle, 2018
Revue d'histoire du 19e siècle, n° 57, 2018/2, 2018
La science, érigée dans la seconde moitié du XIXe siècle presqu’en « nouvelle religion », – avec... more La science, érigée dans la seconde moitié du XIXe siècle presqu’en « nouvelle religion », – avec ses clercs, ses dogmes, ses apologètes, et ses détracteurs –, avec aussi ses merveilles, ses attributs sociaux, ses gratifications symboliques, et parfois pécuniaires, recrute ainsi des fidèles au sein de groupes dépassant largement les seuls savants autorisés. Ceux-ci participent, sans doute en mode mineur, des conquêtes scientifiques du siècle, les accompagnent et probablement les alimentent. Déjà relevé, mais peu investigué pour lui-même, « ce désir nouveau de savoir » intéresse une histoire des savoirs à large focale, attentive aux échanges noués entre profanes et sciences institutionnalisées autant qu’à leurs frontières, à leurs hybridations, et à la diversité de leurs acteurs. C’est son émergence, et les manifestations qu’il génère, que l’on souhaite ici questionner.
Le 10 août 1824, près de La Ferté-Alais (Essonne), Constance Debully, âgée de douze ans et demi, ... more Le 10 août 1824, près de La Ferté-Alais (Essonne), Constance Debully, âgée de douze ans et demi, partie pour aller ébourgeonner des plans de vigne, a disparu. On découvre quelques jours plus tard son cadavre soigneusement dissimulé dans la « grotte de la Charbonnière ». Antoine Léger est vite retrouvé et reconnu coupable du meurtre et du viol de la petite fille, dont il avait dévoré une partie du cadavre et bu le sang. Après un procès à huis clos à la Cour d’assises de Versailles, Léger, devenu « loup-garou », est condamné à la guillotine, sans montrer la moindre émotion.
Le cas d’Antoine Léger puise dans l’horreur sa lumière sombre, susceptible d’éclairer une histoire de ce que l’on peut nommer le mal. Cette étude a voulu être attentive au cheminement qui fait du crime d’Antoine Léger une affaire judiciaire, puis un cas médical intéressant plusieurs générations de psychiatres, à un moment où l’on scrute l’intériorité des criminels et les ressorts moraux des actions humaines : de Georget, contemporain de l’affaire, qui défend l’idée d’un acte fou, jusqu’à Krafft-Ebing qui à la fin du siècle inscrit la jouissance du mal qu’il nomme sadisme dans une conception neuve du psychisme. Laurence Guignard rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas Léger, montrant combien l’étiologie de la perversité puis des perversions a constitué un axe fécond de l’histoire de la psychiatrie.
Ce recueil rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas
Alors que le droit semblait un cadre lointain de processus sociaux qui le
dépassaient largement,... more Alors que le droit semblait un cadre lointain de processus sociaux qui le
dépassaient largement, nombre de travaux d’histoire et de sociologie historique
mobilisent aujourd’hui les ressources de la législation et de la fabrique
de la loi, mais aussi du droit élaboré en continu par la jurisprudence et par la
doctrine juridique.
Des faits-divers aux réformes pénales, le thème de la folie criminelle est aujourd’hui fortement ... more Des faits-divers aux réformes pénales, le thème de la folie criminelle est aujourd’hui fortement médiatisé. L’ouvrage se propose de revenir sur son histoire et de saisir comment, au moment où la psychiatrie prend son essor, la justice a discerné les fous des sains d’esprit, comment elle a appliqué l’article 64 du Code pénal sur l’irresponsabilité des déments et comment, au fil des enquêtes judiciaires et des procès, a pu émerger puis se conclure le « diagnostic judiciaire » d’aliénation mentale.
L’intense effort d’élaboration d’une doctrine de la responsabilité ne résout que très partiellement les multiples difficultés pratiques auxquelles se confronte l’exercice du droit de punir. Du côté de la psychiatrie, les proposition contradictoires et fluctuantes des experts posent autant de questions qu’elles n’en résolvent. Les conceptions neuves de la folie comme la monomanie homicide, véritable folie du crime qui surgit dans le corpus médical autour de 1817, les instincts, l’hérédité morbide ou la dégénérescence, forment en effet autant de limites problématiques à l’exercice d’une volonté libre supposée diriger le sujet responsable.
C’est alors la notion d’inconscient, non encore établie, qui travaille souterrainement la médecine mentale du premier XIXe siècle, faisant des salles d’audience un véritable laboratoire du sujet moderne.
Dans la lignée des travaux de Michel Foucault, mais aussi de Gladys Swain et Marcel Gauchet, la réflexion porte sur la place croissante de la psychiatrie en justice, et s’inscrit dans l’histoire de la naissance d’un sujet psychique.
Papers by Laurence Guignard
Nuncius. Journal of material and visual history of sciences, 2024
This article approaches the history of amateur astronomers in the late nineteenth century via vis... more This article approaches the history of amateur astronomers in the late nineteenth century via visual and material sources. It adopts three separate viewpoints: Jules Pierrot Deseilligny's home-based workshop, two self-portraits of amateurs at work, and a corpus of selenographic images published in the Bulletin de la Société Astronomique de France. These sources throw light on amateur savant practices, which are largely based on producing images, sometimes taking the form of a structured scholarly project, and giving rise to exchanges, debates, and sociabilities. It identifies a proliferation during the years 1880 to 1914, characterised by a particular sensitivity to the extraterrestrial life feeding a powerful desire to observe the surface of the moon.
Le Mouvement social, 2024
Centre de recherche en histoire européenne comparée La Société astronomique de France (SAF) est n... more Centre de recherche en histoire européenne comparée La Société astronomique de France (SAF) est née en 1887, sous l'impulsion de Camille Flammarion (1842-1925) 1. Sa création est significative du succès contemporain de l'astronomie, ainsi que de la faveur des sociétés savantes dont le développement s'accélère au début de la III e République, avec une spécialisation disciplinaire accrue, notamment dans le domaine des sciences. Les sociétés savantes rejoignent ainsi le fort intérêt social pour les sciences des érudits, amateurs et jusqu'à un large public qui, à la fin du siècle, peut s'étendre aux limites des mondes ruraux 2. À des niveaux divers, ces amateurs se livrent à des activités savantes à côté des lieux de savoirs institutionnalisés, académies, universités, laboratoires, observatoires officiels, dans des perspectives très variées 3. Si certains d'entre eux contribuent à la production des savoirs, tous participent à l'assimilation collective des nouvelles données scientifiques du temps. L'histoire, l'archéologie, les sciences naturelles sont les plus couramment pratiquées à côté d'un spectre disciplinaire plus divers et moins bien connu, dont l'astronomie. Située d'abord dans le nouvel Hôtel des sociétés savantes, rue Serpente à Paris, doté d'une coupole et d'une lunette d'observation, puis à l'Observatoire astronomique que Camille Flammarion a fait construire à Juvisy en 1883, la SAF se livre aux activités classiques de ces collectifs : une pratique scientifique, ici l'observation des astres (les planètes du système solaire, les comètes, les éclipses), la production de croquis et de photographies, mais aussi l'organisation de réunions, de conférences, de concours et remises de prix, et la publication d'ouvrages et de périodiques 4. La SAF structure parallèlement un réseau d'astronomes, remarquable par son extension géographique et par le nombre de ses membres-Jean-Pierre Chaline la qualifie de société savante « de masse 5 »-qui contribue à irriguer l'ensemble des travaux de la société. L'analyse de la liste des sociétaires fait en effet apparaître un réseau mondial qui, autour de 1900, réunit plusieurs milliers de personnes, et dont le prestige se manifeste lors d'événements comme la
DicoPolHis, 2023
La Lycanthropie est une des anciennes catégories de transformation animale, la transformation en ... more La Lycanthropie est une des anciennes catégories de transformation animale, la transformation en loup. Elle figure l'incarnation dans l'homme civilisé d'une sauvagerie multiforme dont l'anthropophagie et plus souterrainement le viol sont les manifestations les plus évidentes. Elle s'inscrit dans une double tradition savante. C'est d'abor une tradition médicale, ancrée dans la médecine antique et relayée au début de l'époque moderne, notamment par Claude Prieur ou Jean de Nynauld, pour qui elle désigne une maladie « naturelle » qui relève des troubles de l'esprit, une forme de mélancolie 1. En second lieu il s'agit d'une tradition occulte renouvelée au XVI e siècle par les démonologues qui y voient de véritables transformations fruits de manipulations magiques réalisées sous influence diabolique. Les actes du lycanthropes sont précis et documentés par la littérature. Jean Bodin, par exemple, dans son fléau des sorciers s'intéresse au cas Gilles Garnier qui « étant en forme de Loup Garou, prit une jeune fille de l'âge de dix ou douze ans près le bois de la Seire en une vigne, au vignoble de Chastenoy près de Dole… Il l'avait tuée, et occise tant avec ses mains semblans pattes, qu'avec ses dents, et mangé la chair des cuisses et bras dicelle, et en avait porté à sa femme 2 ».
Jean-Christophe Blanchard, Isabelle Guyot-Bachy (dir.), Dictionnaire de la Lorraine savante 1500-1950, Edition des Paraiges, Metz, 2022., 2022
La place des femmes dans les mondes de l'érudition en Lorraine 1800-1950.
Roy Pinker L’Envers du quotidien Faits divers, déviants et signifiants, pour Dominique Kalifa CNRS éditions,, 2022
Le décapité parlant de La petite presse plonge le lecteur dans un imaginaire très XIX e siècle de... more Le décapité parlant de La petite presse plonge le lecteur dans un imaginaire très XIX e siècle des têtes coupées. Certes, on trouve des traces anciennes de décapités survivants à leur supplice, de saints céphalophores rentrant chez eux tête à la main, mais il se joue alors quelque chose d'à la fois plus massif et différent, marqué sans aucun doute par les souvenirs de la guillotine révolutionnaire ou par le spectacle des exécutions capitales publiques qui demeurent l'instrument répressif le plus visible. Celles-ci connaissent un dernier éclat dans les années 1860 et les exécutions de La Pommerais (1864) ou de Troppmann (1870) rassemblent un public de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Au spectacle urbain s'associe tout un corpus de récits d'exécutions qui rapportent l'ultime parole du condamné, un « je remets mon âme à Dieu »... inévitablement interrompu par la chute du couperet, et forment un topos médiatique et littéraire qui lie romantisme noir et littérature du crime en une littérature « frénétique » 1. La thématique frappe les
Le Monde à la Une, 2021
En 1867, la première chronique scientifique du quotidien catholique L’Univers est sans ambigüité ... more En 1867, la première chronique scientifique du quotidien catholique L’Univers est sans ambigüité : « L’Univers n’est pas une revue de science… et on s’y intéresse assez peu à certaines élucubrations académiques ». L’affirmation surprend peu trois ans après la publication du Syllabus qui, en 1864, a réaffirmé l’empire de la révélation sur la raison humaine. En revanche, l’apparition d’une telle chronique scientifique dans le journal de Louis Veuillot témoigne bien de l’immense extension de la libido sciendi qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle, franchit les frontières sociales et politiques.
Romantisme, 2020
Laurence Guignard Trois peintres de Lune. Des amateurs entre art, science et vulgarisation L'asso... more Laurence Guignard Trois peintres de Lune. Des amateurs entre art, science et vulgarisation L'association arts/sciences est une caractéristique de l'imagerie scientifique qui se déploie à partir de la Renaissance. En astronomie, celle-ci revêt cependant une dimension particulière, liée à la spécificité du statut des images qui prévaut dans cette discipline. En effet, si l'observation et la réalisation de croquis font partie du quotidien des astronomes, l'essentiel de leur activité réside cependant davantage dans la mesure des positions des astres que dans la saisie des phénomènes célestes. Cette prévalence se renforce avec la forte mathématisation de l'astronomie qu'apporte la mécanique céleste à la fin du XVIII e siècle, mais sans empêcher pour autant le développement parallèle d'une astronomie d'observation minoritaire, qui stimule dans le dernier tiers du XIX e siècle l'essor d'une astrophysique demandeuse et pourvoyeuse d'images. Pour ces raisons, les compétences des dessinateurs et peintres scientifiques capables, à l'aide d'instruments de plus en plus puissants, de donner visibilité à des objets lointains intéressent l'astronomie. Mais au moment de la « divergence arts/science 1 » c'est l'imagerie scientifique elle-même qui connait des mutations décrites par Lorraine Daston et Peter Galison : l'ancienne imagerie naturaliste, prise en charge par des artistes, est concurrencée par une nouvelle d'objectivité scientifique qui promeut des moyens de saisie mécanique et favorise notamment l'utilisation de la photographie 2. Comme celle-ci n'est pas véritablement efficace avant l'utilisation du gélatino-bromure d'argent, dans les années 1880, la nouvelle demande d'images ouvre paradoxalement une fenêtre à des formes artistiques traditionnelles d'imagerie scientifique. Investis dans des activités scientifiques et liés à la science professionnelle, ces artistes demeurent cependant cantonnés à sa périphérie. Ils peuvent être pour cela abordés comme des amateurs de science mais restent difficiles à saisir comme groupe. La collecte de leurs productions est en revanche plus facile parce que celles-ci sont fréquemment conservées, et permet de les mettre en lumière. L'article s'intéresse à trois auteurs d'images novatrices de la lune : John Russell (actif entre la fin du XVIII e et le début du XIX e siècle), Étienne Léopold Trouvelot (1850-1895) et Lucien Rudaux (1890-entre-deux-guerres).
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Séminaire Céleste. Savoirs et cultures du ciel by Laurence Guignard
Histoire des IUFM by Laurence Guignard
ANR ArchiFlamm by Laurence Guignard
Books by Laurence Guignard
Le cas d’Antoine Léger puise dans l’horreur sa lumière sombre, susceptible d’éclairer une histoire de ce que l’on peut nommer le mal. Cette étude a voulu être attentive au cheminement qui fait du crime d’Antoine Léger une affaire judiciaire, puis un cas médical intéressant plusieurs générations de psychiatres, à un moment où l’on scrute l’intériorité des criminels et les ressorts moraux des actions humaines : de Georget, contemporain de l’affaire, qui défend l’idée d’un acte fou, jusqu’à Krafft-Ebing qui à la fin du siècle inscrit la jouissance du mal qu’il nomme sadisme dans une conception neuve du psychisme. Laurence Guignard rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas Léger, montrant combien l’étiologie de la perversité puis des perversions a constitué un axe fécond de l’histoire de la psychiatrie.
Ce recueil rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas
dépassaient largement, nombre de travaux d’histoire et de sociologie historique
mobilisent aujourd’hui les ressources de la législation et de la fabrique
de la loi, mais aussi du droit élaboré en continu par la jurisprudence et par la
doctrine juridique.
L’intense effort d’élaboration d’une doctrine de la responsabilité ne résout que très partiellement les multiples difficultés pratiques auxquelles se confronte l’exercice du droit de punir. Du côté de la psychiatrie, les proposition contradictoires et fluctuantes des experts posent autant de questions qu’elles n’en résolvent. Les conceptions neuves de la folie comme la monomanie homicide, véritable folie du crime qui surgit dans le corpus médical autour de 1817, les instincts, l’hérédité morbide ou la dégénérescence, forment en effet autant de limites problématiques à l’exercice d’une volonté libre supposée diriger le sujet responsable.
C’est alors la notion d’inconscient, non encore établie, qui travaille souterrainement la médecine mentale du premier XIXe siècle, faisant des salles d’audience un véritable laboratoire du sujet moderne.
Dans la lignée des travaux de Michel Foucault, mais aussi de Gladys Swain et Marcel Gauchet, la réflexion porte sur la place croissante de la psychiatrie en justice, et s’inscrit dans l’histoire de la naissance d’un sujet psychique.
Papers by Laurence Guignard
Le cas d’Antoine Léger puise dans l’horreur sa lumière sombre, susceptible d’éclairer une histoire de ce que l’on peut nommer le mal. Cette étude a voulu être attentive au cheminement qui fait du crime d’Antoine Léger une affaire judiciaire, puis un cas médical intéressant plusieurs générations de psychiatres, à un moment où l’on scrute l’intériorité des criminels et les ressorts moraux des actions humaines : de Georget, contemporain de l’affaire, qui défend l’idée d’un acte fou, jusqu’à Krafft-Ebing qui à la fin du siècle inscrit la jouissance du mal qu’il nomme sadisme dans une conception neuve du psychisme. Laurence Guignard rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas Léger, montrant combien l’étiologie de la perversité puis des perversions a constitué un axe fécond de l’histoire de la psychiatrie.
Ce recueil rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas
dépassaient largement, nombre de travaux d’histoire et de sociologie historique
mobilisent aujourd’hui les ressources de la législation et de la fabrique
de la loi, mais aussi du droit élaboré en continu par la jurisprudence et par la
doctrine juridique.
L’intense effort d’élaboration d’une doctrine de la responsabilité ne résout que très partiellement les multiples difficultés pratiques auxquelles se confronte l’exercice du droit de punir. Du côté de la psychiatrie, les proposition contradictoires et fluctuantes des experts posent autant de questions qu’elles n’en résolvent. Les conceptions neuves de la folie comme la monomanie homicide, véritable folie du crime qui surgit dans le corpus médical autour de 1817, les instincts, l’hérédité morbide ou la dégénérescence, forment en effet autant de limites problématiques à l’exercice d’une volonté libre supposée diriger le sujet responsable.
C’est alors la notion d’inconscient, non encore établie, qui travaille souterrainement la médecine mentale du premier XIXe siècle, faisant des salles d’audience un véritable laboratoire du sujet moderne.
Dans la lignée des travaux de Michel Foucault, mais aussi de Gladys Swain et Marcel Gauchet, la réflexion porte sur la place croissante de la psychiatrie en justice, et s’inscrit dans l’histoire de la naissance d’un sujet psychique.
Déjà relevé, mais peu investigué pour lui-même, ce désir nouveau de savoir intéresse une histoire des savoirs à large focale, attentive aux échanges noués entre profanes et sciences institutionnalisées autant qu’à leurs frontières, à leurs hybridations, et à la diversité de leurs acteurs. C’est son émergence, et les manifestations qu’il génère, que la dernière livraison de la Revue d’histoire du XIXe siècle propose de questionner.
d’années aux rapports qu’entretiennent la psychiatrie et la justice au XIXe siècle, ainsi que leur
dernier avatar : le cas Antoine Léger, assassin, violeur et anthropophage, jugé en 1824. L’analyse
de ce crime, exceptionnel par sa monstruosité mais aussi par la pérennité du cas dont les échos
se prolongent jusqu’au début du XXe siècle, permet de tracer le cheminement du crime puis
du cas médical, alors qu’on scrute avec une acuité croissante les ressorts intérieurs des actions
humaines.
http://archives.valdemarne.fr/content/le-registre-des-d%C3%A9tenus-administratifs-de-bic%C3%AAtre
http://archives.valdemarne.fr/archives-en-ligne/img-viewer/2Y1_000001/viewer.html?ns=FRAD094_2Y1_000001_01_0003.jpg
au contact de l’anthropologie. La démarche propose d’observer les pratiques concrètes, les dispositifs techniques, les séries d’enregistrements et les inscriptions auxquelles donne lieu l’activité scientifique. Dans le prolongement de cette historiographie, notre but est de déplacer la focale vers le monde des amateurs de sciences, un groupe dont la définition plurielle et mouvante est malaisée.
Intitulé « Gestes et pratiques », l’axe 3 de ce projet de recherche est centré sur les productions matérielles des amateurs : instruments, dispositifs expérimentaux, collections, maquettes, images, etc. Les travaux impulsés en histoire des sciences dans le sillage du practical turn et des études visuelles ont montré tout l’intérêt de ces sources non textuelles qui donnent accès à une connaissance des gestes et des pratiques savantes qui les ont produites. L’étude de ces productions matérielles peut aussi mettre en lumière des modes d’acculturation aux sciences qui passent par le corps autant que par les discours, qui sont plus horizontaux (de praticien à praticien, d’amateur à amateur, etc.) que ceux, mieux étudiés, de la vulgarisation, et qui sont de ce fait plus autonomes face à la science professionnelle.