Cœur et sexualité
Les maladies cardiovasculaires et les troubles de l'érection sont favorisés par les mêmes facteurs. Ainsi le surpoids, le diabète, l’hypertension artérielle, le tabac, le cholestérol, la sédentarité et le manque d'exercice physique sont autant facteurs de risque pour le cœur que pour la sexualité.
L’effort nécessite un apport supplémentaire de sang et donc d’oxygène au muscle cardiaque. Le monoxyde d'azote (NO) va relaxer la paroi musculaire des artères (l'endothélium) et participer à l’adaptation de débit.
Les facteurs de risque vasculaire altèrent ces cellules endothéliales des vaisseaux qui vont diminuer la production de NO. Or, c'est ce NO qui permet la relaxation des fibres musculaires lisses des corps érectiles : facteurs de risque vasculaire deviennent aussi des facteurs de risque pour l'érection.
Contrairement à une idée reçue l'activité sexuelle ne peut que très rarement être mise en cause dans la survenue d'un infarctus du myocarde. L’effort que représente une relation sexuelle est du même niveau que la montée de deux étages d'escalier d'une hauteur ordinaire. Seuls les patients à risque cardiaque important (angor instable, insuffisance cardiaque stade III ou IV, infarctus du myocarde très récent (moins 2 semaines), arythmie à risque, cardiomyopathie obstructive) doivent suspendre temporairement leur activité sexuelle. Au contraire une activité sexuelle régulière est très protectrice pour le cœur.
Par contre il y a un risque important de troubles de l'érection dans la population cardiaque ou à risque cardiaque mais il est possible de les traiter. Un des grands obstacles à une bonne prise en charge de ces patients est une double peur: celle des traitements à visée cardiologique pour leurs effets secondaires sexuels et à visée sexuelle pour leurs effets secondaires cardiologiques.
Les traitements à visée cardiologique sont surtout les médicaments antihypertenseurs (bêtabloquants et diurétiques) qui ont la réputation d'engendrer des troubles sexuels, des troubles soit de l'érection, soit de la libido. Le manque de connaissances très précises sur leurs éventuels effets secondaires sexuels conduit souvent les patients à ne pas observer correctement ces traitements voire à les arrêter. Il ne faut pas arrêter tout seul son traitement car laisser s'installer une maladie cardiovasculaire aggravera toujours le problème sexuel. Il peut être logique de proposer la prise d'un médicament de l'érection pour corriger ces troubles plutôt que de déséquilibrer le traitement cardiologique ou de casser l'observance.
Le Viagra avec le Cialis et le Lévitra appartiennent à la classe des IPDE5. Ce sont les traitements de référence de la dysfonction érectile. Les études cliniques montrent que ces médicaments n’entraînent pas de problèmes cardiaques. Il suffit de respecter, comme pour tout médicament, les contre-indications (notamment leur association avec les dérivés nitrés ou lorsque l'état cardiaque contre-indique une activité sexuelle).