Papers by Jean-Pierre Chauveau
Cahiers ORSTOM.Série Sciences Humaines, 1985
Dans ce texte nous avons délibért!menf choisi de décrire l'histoire n purfir d'une apprkhension d... more Dans ce texte nous avons délibért!menf choisi de décrire l'histoire n purfir d'une apprkhension du confemporain ef 71071 de reconstituer l'histoire (ou de montrer les limites et les conditions de cette recoiisfifufion) à partir d'entités
Cahiers ORSTOM.Série Sciences Humaines, 1979
TIOiV SOCI.-i LE (il locales 0 de la région é,tucliée dans la mesure où elles suscitent une manif... more TIOiV SOCI.-i LE (il locales 0 de la région é,tucliée dans la mesure où elles suscitent une manifestation particuli+rement nouvrlle, neMe ou antagoniste des rapports sociaux globaux dominants. En conséquenc.e, la deswiption de ces spécificités locales ne doit. pas faire passer pour la Cause ce qui n'est. que le développement historique & un moment donné d'une situation économique et politique globale (1). (') Résullats diffuses en 1970 par le service des statistiques agricoles. (") Les r8sultats de la région Ccntrc sont plus difficilement comparables Bt.ant donne la vaste Nendue de savanes preforestieres qu'elle englobe. (1) L'intitul& B transformations sociales dans les zones nouvelles d'implantation rurale u propose par A. Scawa~~z dans sa u grille indicative * nous semble mieux correspondre au contenu de notre contribution. Il prtsente cependant le défaut. de cent.rcr l'analyse sur les format.ions sociales or autochtones * et leurs transformations alors qu'il s'agit d'appr8bender globalement la (i dynamique interne i) et la P dynamique externe 8 de cw transformations sans les isoler art.iilciellement.. (2) NOLIS avons exposé cette metbodo avec J. RICHARD, en ce qui concerne le pays Gban dans : Une pt:riphc'rie recentrc'e : A. propos d'un système local d'économie de plantation en C&e d'ivoire, Cahiers d'Études Africaines, 68, XIVII-4 pp. 485524. La pr&ente dharche découle de ce travail commun.
faut-il qu'il fasse état d'un minimum de régularités pour permettre d'en élargir la portée opérat... more faut-il qu'il fasse état d'un minimum de régularités pour permettre d'en élargir la portée opérationnelle. Ainsi, pour les zones humides, par grand type de milieuayant des poteniialités comparablespeut-on repérer des régularités mettant en correspondance l'intensité des systèmes de production et la densit6 rurale ? Le parcours des communications présentées, non positionnées par rapport ?ì ce point clé de la dynamique des systemes de production, ne permet pas de discuter directement cette hypothese. A fortiori, les faits présentés ne permettent pas de nuancer cette relation densité de populationintensité des Systemes productifs par la prise en compte d'autres parametres. Car, bien sur, cette relatiop n'est que tendancielle, et autour de cette tendance une certaine diversité demeure pour des raisons historiques et sociales comme d'environnement économique et il est important d'oser chercher ces régularités et d'essayer de faire la part de ces différentes dimensions.
Lorsque, fin 1989, les moutures successives du "Projet d'Unité de Recherche" débouchèrent sur la ... more Lorsque, fin 1989, les moutures successives du "Projet d'Unité de Recherche" débouchèrent sur la version définitive que nous connaissons, j'avais quelque peu tiqué sur l'intitulé retenu : "Modèles de développement et économies réelles". Bien qu'ayant été à l'origine d'une modification qui insistait sur II... la faillite des modèles, conduisant à déplacer les enjeux de la connaissance scientifique en matière de développement, du général au particulier, du global au spécifique,. .. I I , ce titre me semblait à la fois naïf, dans cette opposition banale, et peu signifiant des thèmes traités en vérité par les équipes. Après quelques mois de vie commune et de découverte réciproque, ce titre m'apparaît peu à peu moins candide. Car, finalement, il dit indirectement ce qui est peut-être le principal dénominateur commun à l'ensemble des travaux menés dans cette U R : toute décision, toute pratiquemacro comme une politique économique, micro comme un comportement d'artisan-s'inscrit dans un champ social et culturel marqué, avec pour conséquence que les écarts, par rapport aux schémas initiaux, aux résultats attendus sont souvent plus riches et plus importants à identifier et comprendre que les normes elles-mêmes.
Le débat conceptuel: l'agriculture familiale de plantation e d'Ivoire, la théorie des droits de p... more Le débat conceptuel: l'agriculture familiale de plantation e d'Ivoire, la théorie des droits de propriété et la nouvelle lo domaine foncier rural
Oxford University Press eBooks, Mar 22, 2023
La penetration colonialle allait faire de CH. H. Pobeguin le premier administrateur civil en post... more La penetration colonialle allait faire de CH. H. Pobeguin le premier administrateur civil en poste dans l'interieur de la Cote d'Ivoire, et plus precisement en pays baoule -auquel je m'interesserai plus particulierement au cours de cette conference (1). Son passage en Cote d'Ivoire (1892-1896) correspond aux premieres tentatives francaises de controler militarement et economiquement de vastes regions, en rapport d'echanges avec l'Europe depuis plus de quatre cents ans, possedant une organisation sociale, politique et economique prope que la force des armes allait soumettre a une puissance etrangere. Les nottes et les documents rapportes par Pobeguin, recoupes par le depouillement des archives coloniales et les enquetes sur les traditions orales, permettent de se faire une idee plus precise du choc qu'a constitue la recontre des ambitions coloniales francaises et des interets
Revue internationale des études du développement, 2020
htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Cod... more htm Découvrir le sommaire de ce numéro, suivre la revue par email, s'abonner... Flashez ce QR Code pour accéder à la page de ce numéro sur Cairn.info. N o 243 2020~3 Revue internationale des études du développement 8 Jean-Pierre Chauveau-JaCobo GraJales-ÉriC lÉonard N o 243 2020~3 Revue internationale des études du développement 10 Jean-Pierre Chauveau-JaCobo GraJales-ÉriC lÉonard N o 243 2020~3 Revue internationale des études du développement 12 Jean-Pierre Chauveau-JaCobo GraJales-ÉriC lÉonard
Bulletin de l’APAD, 1992
Le "modèle participatif" de développement rural est-il "alternatif" ? Éléments pour une anthropol... more Le "modèle participatif" de développement rural est-il "alternatif" ? Éléments pour une anthropologie de la culture des "développeurs"
L'innovation en agriculture: Questions de méthodes et terrains d'observations, 1999
Introduire et faire adopter des nouveautés est une préoccupation permanente des organismes de rec... more Introduire et faire adopter des nouveautés est une préoccupation permanente des organismes de recherche et de développement agricole dans les pays du Sud. Pour exprimer cet objectif, le terme d’innovation s’est tardivement substitué à celui de vulgarisation et, dès lors, son usage s’est généralisé dans la recherche ruraliste francophone. Simple question de vocabulaire, ou conception vraiment nouvelle du développement ? Cet ouvrage restitue les réflexions d’un groupe de chercheurs en agronomie et en sciences humaines qui confrontent leurs analyses des dynamiques agraires au paradigme de l’innovation. Les auteurs posent ce concept comme une « entrée » pour mieux comprendre les transformations des agricultures et des sociétés rurales. Le recours à la notion d’innovation permet de préciser des hypothèses dans le domaine des dynamiques agraires. Inversement, ce champ de recherches participe à une clarification du concept d’innovation. Dès lors, des échanges deviennent possibles entre spécialistes de l’innovation et spécialistes des études agraires dans les pays en voie de développement, par exemple autour du constat du caractère “ procédural ” de la mise en oeuvre des innovations par les différents acteurs concernés. Les auteurs soulignent l’importance d’une démarche historique et qualitative dans l’analyse des dynamiques agraires, de façon à dépasser une interprétation linéaire et déterministe du changement. Les réflexions théoriques s’appuient sur des études de cas qui concernent des domaines ruraux divers et qui relèvent de contextes géographiques variés.
* texte non communiqué ** texte non exposé au cours du séminaire L'éducation joue un rôle majeur ... more * texte non communiqué ** texte non exposé au cours du séminaire L'éducation joue un rôle majeur dans cette interpénétration. Elle a des effets directs-sur la vie à la campagne, où elle contribue à modifier la production, l'organisation du travail. Les stratégies familiales se transforment. L'objectif de l'activité agricole n'est plus la transmission d'une exploitation à ses enfants. Le meilleur héritage qu'on puisse leur laisser est l'éducation, pour faciliter leur insertion dans les activités modernes, et ceux qui reviennent de la ville ont un rôle d'intermédiaires dans leur village d'origine. N'y-at -il pas parfois assimilation précipitée des projets individuel et collectif? Ne minimise-ton pas les tensions entre "l'indien" et sa communauté? Si,
butions s'efforcent de montrer l'apport spécifique de chaque discipline à l'analyse de l'innovati... more butions s'efforcent de montrer l'apport spécifique de chaque discipline à l'analyse de l'innovation et des dynamiques de changement, en s'appuyant sur L1ne bibliographie sélectionnée et/ou ses propres pratiques ue recherche. Le seconde partie traite des vicissitudes des transferts de l'innovation, Les sert contribution~, s'apruyant sur des études de cas, remettent en cause l'interprétation linéaire et déterministe des transferts de l'innovation (depuis la conception, la vulgarisation, la diffusion jusqu'à l'adortion de l'innovation). Elles montrent les limites de l'oprosition entre innovations provoquée et spontanée, exogène et endogène, et insistent sur la nécessité de prendre en compte la logique des acteurs ou des innovateurs, qui se réapproprient Jes propositions dïnnovation, en les adaptant il leur environnement, Les études de cas portent sur divers domaines-agricole, alimentaire, halieutique, foncier, institutionnel-dans des contextes géograrhiques variés-africains princiralement, mais aussi latino-américains et français-et font état de la diversité des logiques de lïnnovation. Ainsi, les contributions sont centrées sur J'analyse de la diversité des stratégies paysannes face aux projets de développement, s'interrogeant sur les succès ou les échecs des politiques volontaristes (Yung et Bosc, Affou, Gu Konu, Le Roy). Elles s'arrachent également à analyser les différents niveaux (local, national, voire international) des prises de décision, confrontent les groupes d'acteurs impliqués dans les projets (paysans, orérateurs du dévelorrement, rerrésent~lOts de l'administration et même chercheurs) et montrent la diversité de leurs systèmes de connaissance (Bouju, Charles-Dominique, Aubertin), Les six contributions de la troisième partie, intitulée «les temps et les enjeux cie l'innovation ", s'arpuient également sur des études de cas, mais analysées sur des ras de temps l'lus longs, L'accent est mis sur la nécessaire prise en compte de la durée et de la temporalité pour appréhender les processus ue changement. Lïnnovation est analysée à la lumière des évolutions passées, sur des échelles spatiales plus ou moins larges, Selon les disciplines et les contextes des recherches, les contributions privilégient un domaine ou un produit particulier: lïntensification en Afrique soudano-sahélienne (Milleville et Serpantié), l'hévéa en Indonésie (Levang et Goujon), l'arachide au Sénégal (Gastellu), l'eau dans les Andes équatoriennes (Ruf), les modèles alimentaires au Pérou (Delgado) ou, enfin, les rrocessus de recompositions familiales au Mexique et en Afrique de l'Ouest (Quesnel et Vimard), Ces contributions montrent que les processus de changement sont variables selon les contextes spatio-temporels et que les trajectoires d'innovation ne sont en rien linéaires, 1. Plusieurs thè:-;es. JI1icies t"t oll\'ra~es récents témoignent de <..:elle vOQue d~ns le militeu fr;n(orhone. Ainsi, f)armi <rautres. COl'n (1991). VE~~ETlEH (dir.. 1<)93). U"SC d al.
Cocoa Pioneer Fronts since 1800, 1996
The spread of cocoa cultivation in Cote d’Ivoire (Ivory Coast) contrasts notably with the process... more The spread of cocoa cultivation in Cote d’Ivoire (Ivory Coast) contrasts notably with the process in the other main West African producers, the former British colonies of Nigeria and Ghana (Gold Coast). The large-scale diffusion of cocoa came later in Cote d’Ivoire, and was associated with a more interventionist and restrictive colonial policy on the part of France. Moreover, coffee cultivation was combined with that of cocoa from the 1930s. Last but not least, the ‘pioneer front’ nature of the cocoa boom was much more marked than in Ghana or Nigeria, especially from the 1950s to the 1980s, when a cocoa pioneer front swept from the centre to the south-west of the Ivorian forest zone with remarkable intensity and speed.
Images anciennes des pirogues du Sénégal, 2023
Diaporama présenté dans la "Rencontre avec Jean-Pierre Chauveau" intitulée "Images anciennes des ... more Diaporama présenté dans la "Rencontre avec Jean-Pierre Chauveau" intitulée "Images anciennes des pirogues sénégalaises" le 27 avril 2023 au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac.
Il évoque en images l'histoire technologique, économique et sociale des sociétés du littoral atlantique sénégalais depuis le milieu du 19e siècle. Les images sont essentiellement tirées des cartes postales, dont l'usage s'est largement répandu à partir des années 1900.
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Papers by Jean-Pierre Chauveau
Il évoque en images l'histoire technologique, économique et sociale des sociétés du littoral atlantique sénégalais depuis le milieu du 19e siècle. Les images sont essentiellement tirées des cartes postales, dont l'usage s'est largement répandu à partir des années 1900.
Il évoque en images l'histoire technologique, économique et sociale des sociétés du littoral atlantique sénégalais depuis le milieu du 19e siècle. Les images sont essentiellement tirées des cartes postales, dont l'usage s'est largement répandu à partir des années 1900.
L’objectif de la contribution est d’identifier les processus sociaux par lesquels, selon des modalités proprement ivoiriennes, la composante ethnique s’entremêle à d’autres facteurs tout aussi importants afin de mieux apprécier la place effective de la diversité ethnique dans l’exacerbation de la question foncière et tenter de la prévenir. La contribution se focalise sur les régions forestières du Sud du pays, et plus particulièrement sur la région de l’ouest du Bandama, où la colonisation agricole massive depuis l’indépendance et la crise politico-militaire récente ont suscité des violences intercommunautaires.
L’argument général est que l’enchâssement mutuel du champ ethnique et du champ foncier concerne, au delà de la question de l’accès à la terre et de son contrôle, les fondements proprement ivoiriens de la société et de l’État. Avant d’être un « problème » relativement à la répartition pacifique des droits fonciers, la pluralité ethnique (et ethnico-nationale) est un élément intrinsèque du dispositif de gouvernance rurale et d’ancrage local de l’État colonial et postcolonial. Aussi l’ethnicisation de la question foncière est-elle moins une cause qu’un indicateur de la crise de la ruralité et de sa gouvernance.
Le rappel des éléments clés de l’histoire agraire de la zone forestière montre que le véritable opérateur de la problématique ethnique est l’idéologie politique de l’autochtonie (entendue comme un fait politique institutionnalisé) mise en place par les autorités coloniales pour gouverner et mettre en valeur le territoire, puis recomposée sous le régime d’Houphouët-Boigny pour soutenir la nouvelle frontière agricole de l’ouest forestier. En dépit des changements intervenus depuis, notamment la forte tendance vers l’individualisation et la transférabilité des droits fonciers coutumiers, la distinction « autochtones » / « étrangers » (au sens de non natifs) demeure un élément structurant à la fois de l’exercice effectif des droits acquis par transaction au niveau local, mais aussi du mode de gouvernement de l’État vis-à-vis des communautés locales. De sorte que la double dimension économique et socio-politique des transferts fonciers est un facteur permanent de politisation des tensions foncières, mais aussi un élément hérité et très puissant de cohérence de l’ordre social paysan que l’État utilise pour sa propre reproduction au niveau villageois et qu’il ne peut abolir par décret.
Face à ce dilemme, l’État ivoirien a privilégié dès les années 1990 une approche juridique de la question foncière. La loi de décembre 1998 sur le Domaine foncier rural table sur la formalisation systématique des droits coutumiers ou acquis selon les pratiques coutumières pour clarifier définitivement les droits et pacifier les rapports fonciers entre les différentes communautés ethniques. Mais le législateur lui-même n’a pu faire abstraction, dans la rédaction de la loi, des prérogatives du principe d’autochtonie dans la constatation de l’origine des droits avant enregistrement. La mise en œuvre de la loi dans le cadre du Programme national de sécurisation foncière est cependant restée anecdotique, avant et pendant la crise.
Pourtant, contrastant avec les faibles résultats de l’action légale d’enregistrement des transactions, on a constaté durant ces périodes d’insécurité la permanence de nombreuses transactions foncières coutumières entre autochtones et migrants. Ce constat, ainsi que celui de la permanence de conditionnalités sociales attachées aux opérations de « ventes » coutumières entre autochtones et « étrangers », interpellent le choix affirmé par le Gouvernement actuel de mettre en œuvre à grande échelle le Programme national de sécurisation foncière par la délivrance systématique de titres de propriété et de promouvoir vigoureusement une politique d’ouverture du marché de la terre. En effet, après comme avant le conflit armé, les ingrédients de l’histoire agraire ivoirienne restent toujours actifs. La contribution propose des pistes de réflexion et de solution concernant la pacification des rapports fonciers et les orientations des actions gouvernementales.
Ce mémorandum propose une revue des expertises récentes sur les enjeux, obstacles et risques identifiés relatifs à la relance de la mise en oeuvre de la loi sur le domaine foncier rural de 1998 dans le contexte actuel de post conflit. Trois principaux niveaux de consensus se dégagent de ces expertises : sur les constats et diagnostics de blocage de la mise en oeuvre de la loi ; sur les raisons de fond du blocage et sur les recommandations qui en découlent ; sur la nécessaire révision de la loi. Ces expertises rejoignent la littérature de recherche de terrain sur la nécessité de reconsidérer l’esprit et l’ensemble du dispositif de la loi. Des éléments pour une politique foncière raisonnée en contexte de post conflit sont ensuite proposés.
This paper provides valuable new insights into how people negotiate access to land and other resources in this large and diverse region. Current debates focus mainly on land ownership and titling, but farmers often hold access rights through a series of arrangements involving cash, labour, or credit. In some areas such delegated rights cover more than half of the area under cultivation. These flexible and dynamic arrangements allow the farming system to adapt to new opportunities and changing circumstances, whether economic, social, political, or environmental. This comparative research was carried out by West African researchers who analysed the diverse mechanisms by which people gain access to land, and their relative importance in different settings. The research underlines the need for the state to recognise such procedures, in order to make stakeholders more secure by granting legal status to institutional arrangements which are considered by local people to be socially legitimate.
L’histoire de l’économie de plantation en Côte d’Ivoire, marquée par l’existence d’une vaste frontière interne de colonisation de la zone forestière encouragée par l’État, a fait de l'autochtonie la clé de voûte du mode de gouvernement des hommes et des ressources en milieu rural. Procédant de l’institutionnalité autochtone, l’institution coutumière du « tutorat » entre originaires (autochtones) et non originaires au sein des communautés villageoises s’est trouvée à la croisée des principales tensions sociales, politiques et foncières qui traversent la gouvernementalité rurale : entre « tuteurs » et migrants, communautés autochtones voisines, pouvoirs villageois et administration étatique locale et nationale et, au final, entre chefs, aînés et cadets au sein des communautés rurales d’accueil des migrants.
Le titre de la contribution tente de résumer la dialectique en œuvre dans ce processus en associant deux oxymores : « autochtonie nomade » et « État frontière ». Le premier renvoie à l’idée que l’autochtonie, valeur a priori dédiée à l’ancienneté et à l’immuabilité, se trouve mobilisée dans des discours et des pratiques au contenu malléable et flexible, à des échelles d’interaction variées. L’oxymore de l’« État frontière » indique que l’État, a priori voué à exercer sa souveraineté dans l’assurance de frontières extérieures stabilisées, se trouve à devoir répondre aux enjeux d’une « frontière interne » de nature beaucoup plus politique que géographique, dont l’expansion et les déplacements redistribuent les cartes et les enjeux ethno-identitaires et engagent l’État dans une recolonisation permanente, par l’intérieur, de son territoire.
La contribution propose une vue d’ensemble des composantes sociopolitiques (les « institutions de la frontière ») qui, à partir d’institutions précoloniales et en interaction avec le dispositif colonial, ont contribué à la construction sociale et politique de l’« institutionnalité » hybride de l’autochtonie, à la fois locale, paysanne et étatique : institution chefferiale, tutorat villageois, associations d’originaires, mutuelles de développement et micro-bureaucraties villageoises, mais aussi références formelles dans la loi aux « droits coutumiers conformes aux traditions » et reconnaissance constitutionnelle des autorités coutumières. Ces différentes composantes alimentent un processus proprement ivoirien de co-production de l’État et de la société civile, alimenté en milieu rural par l’expansion, l’épuisement et les rebondissements de la « frontière interne agraire » et la (re)production incessante de rapports entre « nouveaux autochtones » et « nouveaux étrangers », selon une trajectoire peu conforme au référentiel néolibéral de construction de l’État et d’évolution des sociétés agraires.
La contribution montre que les violences foncières et les débordements ethno-nationalistes lors du conflit armé s’inscrivent dans la trame spatio-temporelle de la dynamique de frontière qui contribue à remettre en jeu de manière cyclique les conditions matérielles et socio-politiques de la gouvernementalité rurale. Plus encore, dans la période troublée d’après-conflit marquée par la réactivation des effets de frontière dus aux nouveaux rapports de force en milieu rural, la mobilisation du référentiel et du dispositif néo libéraux dans le contexte officiel de « post-conflit » s’accompagne du recours simultané à la coutume et aux « institutions de la frontière ». Loin de décliner avec la proclamation de la politique néo-libérale « d’émergence économique », l’hybridation des institutions se pérennise et, avec elle, la reproduction institutionnelle de l’autochtonie.