Sociologue, anthropologue, philosophe, cinéaste... Je suis un généraliste même si mon champ principal de recherche est la mythologie comparée et plus spécifiquement la mythologie maya.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2011
El maestro de los aluxes Todo lo que vio son las pláticas del Cristo de las Ampollas. He visto qu... more El maestro de los aluxes Todo lo que vio son las pláticas del Cristo de las Ampollas. He visto que bonita quedó la historia Había una mata de tsi'u'che, gruesa, en la entrada del cuartel. Ciertamente se veía lucir 3 Y asomó un hombre de cuerpo negro Se puso a trabajar, a hacer un Cristo Así cuentan la gente Cuando terminó el Cristo desapareció Sólo se vio un hombre como en forma de Cristo en la madera Y vino después la Guerra de Castas, pero no se quemó el cuerpo del Cristo, sólo se ampolló Y empezó de nuevo a venir la gente Vinieron aquí y llevaron el Cristo a Mérida Se platicó si lo vuelven a traer aquí o no Pero es muy milagroso A cada tiempo el Cristo tiene un convenio con los aluxes de los cerros Como yo soy h-men, conozco las tradiciones de los yerbateros y las antiguas costumbres, veo que el Cristo, cuando se ve que el viento agarra los niños, dice a los aluxes de aquietarse (…) Y yo veo en mis herramientas de trabajo que sanan (…) Y aquí cada rato viene un hombre medio negro, sobre la carretera Lo vemos que a poco regresa otra vez Es este "marco" de Ichmul cabecera el que permite entender la historia del Cristo de Ichmul, también llamado Cristo de las Ampollas. Esta historia tiene varias versiones escritas de las cuales las siguientes son las más conocidas. El árbol de luz, de Crescencio Carrillo y Ancona que fue obispo de Yucatán en la primera mitad del siglo XIX. El titulo se refiere al origen del mito que relata que se vió un árbol ardiendo en el monte. El Cristo de las ampollas, de Felipe Pérez Alcala, un historiador yucateco de principios del siglo XX, versión publicada en la revista bilingüe maya-castellana Yikal Maya Than a finales de los años 1940.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2017
International audienceL'acceptation de la mort est source de toute vie (John Cage) Le pain so... more International audienceL'acceptation de la mort est source de toute vie (John Cage) Le pain sous la terre (pibiwa), est un pain vivant car il est né du maïs, c'est un acte de rébellion contre la mort (Doña Gregoria Collí de Dzul) Edmond premier, roi d'Angleterre, obligea son fils par solennel serment à ce que étant trépassé, il fit bouillir son corp pour déprendre sa chair d'avec les os. Laquelle il fit enterrer ; et quant aux os, qu'il les réservât pour les porter avec lui et son armée toutes les fois qu'il lui adviendrait d'avoir guerre contre les Ècossais (Michel de Montaigne, Essais, tome premier, chapitre 3
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Apr 1, 2019
Les 4 parts de l'être humain Pour une critique de l'anthropocentrisme 1 Les racines de notre huma... more Les 4 parts de l'être humain Pour une critique de l'anthropocentrisme 1 Les racines de notre humanité Pendant des siècles, la société occidentale s'est considérée comme le dernier rameau de l'évolution culturelle. La société humaine, suivant les théories évolutionnistes du 19 e siècle, était passée par trois stades principaux : la sauvagerie, la barbarie et la civilisation 1. L'entreprise coloniale était non seulement un moyen de réaliser des profits mais aussi une entreprise de civilisation qui permettait de faire accéder les sociétés primitives à la civilisation 2. Pour ne pas se transformer en néocolonisation, la décolonisation doit avoir pour objectif fondamental de transformer les rapports sociaux et de valoriser les apports des sociétés qui nous ont précédé et que nous avons exploitées. Elles nous ont précédé dans bien des domaines et notamment dans un des domaines considérés aujourd'hui comme essentiel à la survie même de l'espèce humaine, l'écologie. L'écologie consiste essentiellement à remettre en question la place centrale de l'être humain dans la nature, c'est-à-dire l'anthropocentrisme. Une des taches les plus importantes, dans cette remise en cause, consiste donc à aller chercher les solutions à la crise de notre société dans les connaissances des différentes sociétés humaines que nous avons injustement colonisés, ce que j'appelle l'ancien futur 3. Dans ces sociétés, l'humain n'est pas au centre des êtres vivants mais apparaît comme l'enfant de ceux qui l'ont précédé. Il est l'enfant des animaux, l'enfant des plantes, l'enfant des pierres et l'enfant des étoiles. Dans chacun de ces « ordres », il a reçu comme « mission » de développer une partie de cet héritage. Notons au passage que, pour la plupart des sociétés sauf la notre, les êtres vivants constituent l'ensemble des êtres existants, et donc les pierres et les étoiles en font aussi partie. La vie est donc apparue sur la terre sous une forme multiple et métamorphique. Cette capacité métamorphique se manifeste chez l'humain par la possibilité, en changeant de « peau » de devenir animal, plante, pierre, étoile 4. Il nous faut rechercher ces capacités métamorphiques dans les sociétés que nous avons colonisé mais aussi dans notre propre héritage culturel « paysan » dont notre société industrielle provient. Je prendrais parmi d'autres, l'exemple de la société maya yucatèque, que je connais bien pour la fréquenter depuis un peu plus de 40 ans 5. 2 La notion de way ou co-essence 6 Dans cette société, l'humain n'est pas un être-le verbe être n'existe pas dans cette langue-mais un devenir, ce que l'on appelle en yucatèque un way. Co-essence est une des manières de traduire la notion de way : tout humain a donc, à côté, ou plutôt avec, sa forme humaine, une forme animale, végétale, minérale, astrale. Ce principe du way se manifeste aussi dans la mythologie de la création du monde ou, suivant un groupe de versions, la mère primordiale, encore appelée mère cosmique, qui engendre le monde, et qui engendre les mondes passés ou à venir, a simultanément des formes multiples 7. Elle rend ainsi : a) Une forme astrale, la voie lactée. Mère cosmique et voie lactée, Temple nord du Grand jeu de balle de Chichen Itza (Yucatán Mexique) 8 5 La décolonisation passe par un engagement de longue durée auprès des sociétés que l'on étudie. L'objectif ne doit pas être seulement la connaissance mais la mise en place de nouveaux rapports de confiance et d'échange. Depuis 1976, je séjourne régulièrement avec ma compagne dans un petit village maya yucatèque, mes enfants ont grandi dans ce village et y retournent régulièrement. 6 J'emprunte cette notion de co-essence à John Monaghan : « In our opinion, the most useful label for companion spirits is neither tonal nor nagual, but "co-essence," a term introduced by Monaghan. A co-essence is "an animal or celestial phenomenon (e.g., rain, lightning, wind) that is believed to share in the consciousness of the person who owns it (
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2004
mythe : pratiques, récits, théories, volume 2 sous la direction de Michel Boccara, Pascale Catala... more mythe : pratiques, récits, théories, volume 2 sous la direction de Michel Boccara, Pascale Catala et Markos Zafiropooulos. L'histoire traditionaliste elle-même dégènére à l'instant où elle n'est plus animée et attisée par le sopuffle vivant du présent (…). Elle ne sait en effet que conserver l'histoire mais pas l'engendrer ; c'est pourquoi elle sousestime toujours ce qui est en gestation car elle ne possède pour cela aucun instinct divinatoire » (Frederic Nietzsche, Considérations inactuelles, 112) Ak'ab ts'ib, « écriture-dessin obscure » 1 Alain Breton, Aurore Monod Becquelin y Mario H. Ruz (editores) Los espacios mayas: usos, representaciones, creencias, 2003. 2 Pour plus de précisions: sur ces aspects techniques et historiques, je renvoie à mon article « Ak'ab ts'ib, lettres de nuit des Mayas », dans L'aventure des écritures, Paris, Bibliothèque nationale-Le Seuil,1997, p.60-71.) Langues notées: On connaît une trentaine de langues mayas dont vingt six sont encore parlées aujourd'hui. Les préhistoriens divergent sur la nature des langues (ou de la langue) dans laquelle se lisait l'écriture glyphique. Ce qui est certain, c'est qu'en 1500 ans, durée approximative de cette écriture, ces (cette) langues ont beaucoup varié: l'écriture a donc du s'adapter à ces variations. Sens de lecture: Il y a deux niveaux de lectures: le glyphe (qui peut correspondre à un mot (logographe) ou à une syllabe et le groupe de glyphes. L'ordre des signes à l'intérieur d'un bloc glyphique se lit de droite à gauche puis de haut en bas. Les groupes de glyphes se lisent généralement de la même façon et, lorsqu'ils sont organisés en colonnes, par groupe de deux mais il y a des variantes multiples: par exemple, sur le modèle de nos calligrammes, les glyphes peuvent être disposées selon un certain dessin ou encore en miroir etc. faire simultanément dans le passé et dans l'avenir ... Rendre cette lecture impossible pour un "simple mortel" et inscrire le projet du scribe dans celui du devenir immortel: entrer vivant dans la mort, ce qui d'ailleurs est un des objectifs du chamane dont le scribe maya hérite. Et c'est cette écriture qu'ils nous ont laissée... Une écriture qui, malgré les progrès considérables de ces dernières décennies, résiste toujours aux déchiffrements, peut-être parce que sa visée fondamentale est de résister au déchiffrement.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), May 15, 2019
La mythologie des enfants terribles se retrouve dans différentes sociétés (Afrique de l'ouest, Mé... more La mythologie des enfants terribles se retrouve dans différentes sociétés (Afrique de l'ouest, Mésoamérique, Europe ...). L'étude d'un corpus de textes africains est mise en relation avec l'analyse des pulsions du très jeune enfant en nous appuyant sur les travaux des écoles kleinienne et winnicottienne. L'objectif de cette communication est de présenter théoriquement les faits et d'ouvrir sur une perception des pulsions du très jeune enfant, à partir d'exemples mythiques et cliniques. Dans les sociétés envisagées, tous les enfants sont, lorsqu'ils sont très jeunes, potentiellement terribles. Leur place dans la mythologie correspond à une projection de l'univers du très jeune enfant dans le « ciel » des mythes. Si les sociétés d'Afrique de l'ouest et de Mésoamérique prennent en compte ces pulsions et les régulent, notamment dans les rituels, les sociétés occidentales ont, depuis le 16e et le « grand enfermement des anormaux » des difficultés à les prendre en compte alors que pourtant le motif de l'enfant terrible perdure dans les contes (Jean de l'Ours, le petit chaperon rouge…). Cette confrontation entre mythologie des sociétés traditionnelles et des sociétés modernes nous paraît inévitable si nous voulons avancer dans la mise en place de structures adaptées aux jeunes enfants et en particulier les structures d'accompagnement des enfants autistes. Nous ferons en conclusion quelques propositions à partir, notamment, de l'expérience du réseau mis en place par Fernand Deligny et poursuivie aujourd'hui par Jacques Lin.
Boccara Michel. Compte rendu de Michel Boccara. In: Bulletin de l'Association française des a... more Boccara Michel. Compte rendu de Michel Boccara. In: Bulletin de l'Association française des anthropologues, n°34, Décembre 1988. Chercheurs et informateurs : Tome II. pp. 89-94
A partir de fines de los anos 1980, relacionado con la etapa de desarrollo de las fuerzas product... more A partir de fines de los anos 1980, relacionado con la etapa de desarrollo de las fuerzas productivas que calificamos de globalizacion o neoliberalismo, los mayas yucatecos empezaron a cambiar de religion, aunque este movimiento no se manifesto del mismo modo en todas las comunidades. En el presente articulo propongo estudiar esos cambios en el pueblo de Tabi (Mpo. Sotuta, Yucatan) en el cual, en menos de diez anos, pasamos de una poblacion en su mayoria catolica a una poblacion en su mayoria evangelista. Si, en primer analisis, esos cambios religiosos parecen mostrar un abandono progresivo de la tradicion, un analisis mas profundo permite mostrar que los mayas de Tabi tambien ven en tales cambios una forma de resistencia a una nueva conquista que es el neoliberalismo. Esa resistencia no es uniforme y se puede distinguir dos tipos de congregaciones : las que tienen una organizacion central muy estructurada y las congregaciones decentralizadas que se apoyan en la iniciativa personal y revelan una capacidad mayor para resistir y desarrollar nuevas formas miticas
International audienceLa question de l’enlèvement est directement liée à celle du déplacement, si... more International audienceLa question de l’enlèvement est directement liée à celle du déplacement, si importante en psychanalyse. Proposée comme thème central de réflexion, elle est aussi liée à une approche du mythe en termes de pratiques sociales. Repenser le mythe nous demande donc de repenser la question de la pratique. Cela pose plus généralement la question de la relation entre la pratique et la langue, dire et faire, et entre la pratique et la pensée, penser et faire. Pour reprendre la formulation d’Austin, si « dire c‘est faire », alors parler c’est d’abord faire acte de langage et la question de la pratique, d’un sens pratique, comme le disait Bourdieu, ne peut se dissocier de celle de la pratique/des pratiques du langage telles que chanter, parler, écrire... c’est-à-dire non seulement les effets des pratiques langagières sur les pratiques sociales, mais aussi les pratiques langagières comme pratiques sociales
2 vol (Fuentes para el estudio de la cultura maya, 1). Reprod. en facsimile de los documentos man... more 2 vol (Fuentes para el estudio de la cultura maya, 1). Reprod. en facsimile de los documentos manuscritos y transcripción del texto español.
International audienceCet article a pour objectif de montrer les relations fondamentales entre éc... more International audienceCet article a pour objectif de montrer les relations fondamentales entre écriture et divination chez les Mayas à partir notamment d'un travail sur la philosophie et la mythologie des Mayas d'aujourd'hui.L'expression ak'ab ts'ib, écriture-dessin obscure ou de la nuit, qui désigne en maya yucatèque l'écriture glyphique, est étonnamment absente de la plupart des travaux sur le déchiffrement de cette écriture. Elle donne d'emblée le ton: a)L'écriture ne peut être séparée du dessin; b) l'écriture est obscure, nocturne, elle n'a pas pour objet de dévoiler mais de voiler le monde, de dire en masquant car la nature du monde est énigmatique et le moyen d'en rendre compte n'est pas de le clarifier
Premier axe : intercritique de l'être humain et du végétal La mauvaise herbe et Vivre dans les ar... more Premier axe : intercritique de l'être humain et du végétal La mauvaise herbe et Vivre dans les arbres A Textes introductifs La mauvaise herbe Chanson : La mauvaise herbe (Georges Brassens) Quand l'jour de gloire est arrivé, Comm' tous les autre's étaient crevés, Moi seul connus les déshonneur De n'pas êtr' mort au champ d'honneur. Je suis d'la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens, C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbe... La mort faucha les autres, Braves gens, braves gens, Et me fit grâce à moi, C'est immoral et c'est comm' ça!
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2011
El maestro de los aluxes Todo lo que vio son las pláticas del Cristo de las Ampollas. He visto qu... more El maestro de los aluxes Todo lo que vio son las pláticas del Cristo de las Ampollas. He visto que bonita quedó la historia Había una mata de tsi'u'che, gruesa, en la entrada del cuartel. Ciertamente se veía lucir 3 Y asomó un hombre de cuerpo negro Se puso a trabajar, a hacer un Cristo Así cuentan la gente Cuando terminó el Cristo desapareció Sólo se vio un hombre como en forma de Cristo en la madera Y vino después la Guerra de Castas, pero no se quemó el cuerpo del Cristo, sólo se ampolló Y empezó de nuevo a venir la gente Vinieron aquí y llevaron el Cristo a Mérida Se platicó si lo vuelven a traer aquí o no Pero es muy milagroso A cada tiempo el Cristo tiene un convenio con los aluxes de los cerros Como yo soy h-men, conozco las tradiciones de los yerbateros y las antiguas costumbres, veo que el Cristo, cuando se ve que el viento agarra los niños, dice a los aluxes de aquietarse (…) Y yo veo en mis herramientas de trabajo que sanan (…) Y aquí cada rato viene un hombre medio negro, sobre la carretera Lo vemos que a poco regresa otra vez Es este "marco" de Ichmul cabecera el que permite entender la historia del Cristo de Ichmul, también llamado Cristo de las Ampollas. Esta historia tiene varias versiones escritas de las cuales las siguientes son las más conocidas. El árbol de luz, de Crescencio Carrillo y Ancona que fue obispo de Yucatán en la primera mitad del siglo XIX. El titulo se refiere al origen del mito que relata que se vió un árbol ardiendo en el monte. El Cristo de las ampollas, de Felipe Pérez Alcala, un historiador yucateco de principios del siglo XX, versión publicada en la revista bilingüe maya-castellana Yikal Maya Than a finales de los años 1940.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2017
International audienceL'acceptation de la mort est source de toute vie (John Cage) Le pain so... more International audienceL'acceptation de la mort est source de toute vie (John Cage) Le pain sous la terre (pibiwa), est un pain vivant car il est né du maïs, c'est un acte de rébellion contre la mort (Doña Gregoria Collí de Dzul) Edmond premier, roi d'Angleterre, obligea son fils par solennel serment à ce que étant trépassé, il fit bouillir son corp pour déprendre sa chair d'avec les os. Laquelle il fit enterrer ; et quant aux os, qu'il les réservât pour les porter avec lui et son armée toutes les fois qu'il lui adviendrait d'avoir guerre contre les Ècossais (Michel de Montaigne, Essais, tome premier, chapitre 3
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), Apr 1, 2019
Les 4 parts de l'être humain Pour une critique de l'anthropocentrisme 1 Les racines de notre huma... more Les 4 parts de l'être humain Pour une critique de l'anthropocentrisme 1 Les racines de notre humanité Pendant des siècles, la société occidentale s'est considérée comme le dernier rameau de l'évolution culturelle. La société humaine, suivant les théories évolutionnistes du 19 e siècle, était passée par trois stades principaux : la sauvagerie, la barbarie et la civilisation 1. L'entreprise coloniale était non seulement un moyen de réaliser des profits mais aussi une entreprise de civilisation qui permettait de faire accéder les sociétés primitives à la civilisation 2. Pour ne pas se transformer en néocolonisation, la décolonisation doit avoir pour objectif fondamental de transformer les rapports sociaux et de valoriser les apports des sociétés qui nous ont précédé et que nous avons exploitées. Elles nous ont précédé dans bien des domaines et notamment dans un des domaines considérés aujourd'hui comme essentiel à la survie même de l'espèce humaine, l'écologie. L'écologie consiste essentiellement à remettre en question la place centrale de l'être humain dans la nature, c'est-à-dire l'anthropocentrisme. Une des taches les plus importantes, dans cette remise en cause, consiste donc à aller chercher les solutions à la crise de notre société dans les connaissances des différentes sociétés humaines que nous avons injustement colonisés, ce que j'appelle l'ancien futur 3. Dans ces sociétés, l'humain n'est pas au centre des êtres vivants mais apparaît comme l'enfant de ceux qui l'ont précédé. Il est l'enfant des animaux, l'enfant des plantes, l'enfant des pierres et l'enfant des étoiles. Dans chacun de ces « ordres », il a reçu comme « mission » de développer une partie de cet héritage. Notons au passage que, pour la plupart des sociétés sauf la notre, les êtres vivants constituent l'ensemble des êtres existants, et donc les pierres et les étoiles en font aussi partie. La vie est donc apparue sur la terre sous une forme multiple et métamorphique. Cette capacité métamorphique se manifeste chez l'humain par la possibilité, en changeant de « peau » de devenir animal, plante, pierre, étoile 4. Il nous faut rechercher ces capacités métamorphiques dans les sociétés que nous avons colonisé mais aussi dans notre propre héritage culturel « paysan » dont notre société industrielle provient. Je prendrais parmi d'autres, l'exemple de la société maya yucatèque, que je connais bien pour la fréquenter depuis un peu plus de 40 ans 5. 2 La notion de way ou co-essence 6 Dans cette société, l'humain n'est pas un être-le verbe être n'existe pas dans cette langue-mais un devenir, ce que l'on appelle en yucatèque un way. Co-essence est une des manières de traduire la notion de way : tout humain a donc, à côté, ou plutôt avec, sa forme humaine, une forme animale, végétale, minérale, astrale. Ce principe du way se manifeste aussi dans la mythologie de la création du monde ou, suivant un groupe de versions, la mère primordiale, encore appelée mère cosmique, qui engendre le monde, et qui engendre les mondes passés ou à venir, a simultanément des formes multiples 7. Elle rend ainsi : a) Une forme astrale, la voie lactée. Mère cosmique et voie lactée, Temple nord du Grand jeu de balle de Chichen Itza (Yucatán Mexique) 8 5 La décolonisation passe par un engagement de longue durée auprès des sociétés que l'on étudie. L'objectif ne doit pas être seulement la connaissance mais la mise en place de nouveaux rapports de confiance et d'échange. Depuis 1976, je séjourne régulièrement avec ma compagne dans un petit village maya yucatèque, mes enfants ont grandi dans ce village et y retournent régulièrement. 6 J'emprunte cette notion de co-essence à John Monaghan : « In our opinion, the most useful label for companion spirits is neither tonal nor nagual, but "co-essence," a term introduced by Monaghan. A co-essence is "an animal or celestial phenomenon (e.g., rain, lightning, wind) that is believed to share in the consciousness of the person who owns it (
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), 2004
mythe : pratiques, récits, théories, volume 2 sous la direction de Michel Boccara, Pascale Catala... more mythe : pratiques, récits, théories, volume 2 sous la direction de Michel Boccara, Pascale Catala et Markos Zafiropooulos. L'histoire traditionaliste elle-même dégènére à l'instant où elle n'est plus animée et attisée par le sopuffle vivant du présent (…). Elle ne sait en effet que conserver l'histoire mais pas l'engendrer ; c'est pourquoi elle sousestime toujours ce qui est en gestation car elle ne possède pour cela aucun instinct divinatoire » (Frederic Nietzsche, Considérations inactuelles, 112) Ak'ab ts'ib, « écriture-dessin obscure » 1 Alain Breton, Aurore Monod Becquelin y Mario H. Ruz (editores) Los espacios mayas: usos, representaciones, creencias, 2003. 2 Pour plus de précisions: sur ces aspects techniques et historiques, je renvoie à mon article « Ak'ab ts'ib, lettres de nuit des Mayas », dans L'aventure des écritures, Paris, Bibliothèque nationale-Le Seuil,1997, p.60-71.) Langues notées: On connaît une trentaine de langues mayas dont vingt six sont encore parlées aujourd'hui. Les préhistoriens divergent sur la nature des langues (ou de la langue) dans laquelle se lisait l'écriture glyphique. Ce qui est certain, c'est qu'en 1500 ans, durée approximative de cette écriture, ces (cette) langues ont beaucoup varié: l'écriture a donc du s'adapter à ces variations. Sens de lecture: Il y a deux niveaux de lectures: le glyphe (qui peut correspondre à un mot (logographe) ou à une syllabe et le groupe de glyphes. L'ordre des signes à l'intérieur d'un bloc glyphique se lit de droite à gauche puis de haut en bas. Les groupes de glyphes se lisent généralement de la même façon et, lorsqu'ils sont organisés en colonnes, par groupe de deux mais il y a des variantes multiples: par exemple, sur le modèle de nos calligrammes, les glyphes peuvent être disposées selon un certain dessin ou encore en miroir etc. faire simultanément dans le passé et dans l'avenir ... Rendre cette lecture impossible pour un "simple mortel" et inscrire le projet du scribe dans celui du devenir immortel: entrer vivant dans la mort, ce qui d'ailleurs est un des objectifs du chamane dont le scribe maya hérite. Et c'est cette écriture qu'ils nous ont laissée... Une écriture qui, malgré les progrès considérables de ces dernières décennies, résiste toujours aux déchiffrements, peut-être parce que sa visée fondamentale est de résister au déchiffrement.
HAL (Le Centre pour la Communication Scientifique Directe), May 15, 2019
La mythologie des enfants terribles se retrouve dans différentes sociétés (Afrique de l'ouest, Mé... more La mythologie des enfants terribles se retrouve dans différentes sociétés (Afrique de l'ouest, Mésoamérique, Europe ...). L'étude d'un corpus de textes africains est mise en relation avec l'analyse des pulsions du très jeune enfant en nous appuyant sur les travaux des écoles kleinienne et winnicottienne. L'objectif de cette communication est de présenter théoriquement les faits et d'ouvrir sur une perception des pulsions du très jeune enfant, à partir d'exemples mythiques et cliniques. Dans les sociétés envisagées, tous les enfants sont, lorsqu'ils sont très jeunes, potentiellement terribles. Leur place dans la mythologie correspond à une projection de l'univers du très jeune enfant dans le « ciel » des mythes. Si les sociétés d'Afrique de l'ouest et de Mésoamérique prennent en compte ces pulsions et les régulent, notamment dans les rituels, les sociétés occidentales ont, depuis le 16e et le « grand enfermement des anormaux » des difficultés à les prendre en compte alors que pourtant le motif de l'enfant terrible perdure dans les contes (Jean de l'Ours, le petit chaperon rouge…). Cette confrontation entre mythologie des sociétés traditionnelles et des sociétés modernes nous paraît inévitable si nous voulons avancer dans la mise en place de structures adaptées aux jeunes enfants et en particulier les structures d'accompagnement des enfants autistes. Nous ferons en conclusion quelques propositions à partir, notamment, de l'expérience du réseau mis en place par Fernand Deligny et poursuivie aujourd'hui par Jacques Lin.
Boccara Michel. Compte rendu de Michel Boccara. In: Bulletin de l'Association française des a... more Boccara Michel. Compte rendu de Michel Boccara. In: Bulletin de l'Association française des anthropologues, n°34, Décembre 1988. Chercheurs et informateurs : Tome II. pp. 89-94
A partir de fines de los anos 1980, relacionado con la etapa de desarrollo de las fuerzas product... more A partir de fines de los anos 1980, relacionado con la etapa de desarrollo de las fuerzas productivas que calificamos de globalizacion o neoliberalismo, los mayas yucatecos empezaron a cambiar de religion, aunque este movimiento no se manifesto del mismo modo en todas las comunidades. En el presente articulo propongo estudiar esos cambios en el pueblo de Tabi (Mpo. Sotuta, Yucatan) en el cual, en menos de diez anos, pasamos de una poblacion en su mayoria catolica a una poblacion en su mayoria evangelista. Si, en primer analisis, esos cambios religiosos parecen mostrar un abandono progresivo de la tradicion, un analisis mas profundo permite mostrar que los mayas de Tabi tambien ven en tales cambios una forma de resistencia a una nueva conquista que es el neoliberalismo. Esa resistencia no es uniforme y se puede distinguir dos tipos de congregaciones : las que tienen una organizacion central muy estructurada y las congregaciones decentralizadas que se apoyan en la iniciativa personal y revelan una capacidad mayor para resistir y desarrollar nuevas formas miticas
International audienceLa question de l’enlèvement est directement liée à celle du déplacement, si... more International audienceLa question de l’enlèvement est directement liée à celle du déplacement, si importante en psychanalyse. Proposée comme thème central de réflexion, elle est aussi liée à une approche du mythe en termes de pratiques sociales. Repenser le mythe nous demande donc de repenser la question de la pratique. Cela pose plus généralement la question de la relation entre la pratique et la langue, dire et faire, et entre la pratique et la pensée, penser et faire. Pour reprendre la formulation d’Austin, si « dire c‘est faire », alors parler c’est d’abord faire acte de langage et la question de la pratique, d’un sens pratique, comme le disait Bourdieu, ne peut se dissocier de celle de la pratique/des pratiques du langage telles que chanter, parler, écrire... c’est-à-dire non seulement les effets des pratiques langagières sur les pratiques sociales, mais aussi les pratiques langagières comme pratiques sociales
2 vol (Fuentes para el estudio de la cultura maya, 1). Reprod. en facsimile de los documentos man... more 2 vol (Fuentes para el estudio de la cultura maya, 1). Reprod. en facsimile de los documentos manuscritos y transcripción del texto español.
International audienceCet article a pour objectif de montrer les relations fondamentales entre éc... more International audienceCet article a pour objectif de montrer les relations fondamentales entre écriture et divination chez les Mayas à partir notamment d'un travail sur la philosophie et la mythologie des Mayas d'aujourd'hui.L'expression ak'ab ts'ib, écriture-dessin obscure ou de la nuit, qui désigne en maya yucatèque l'écriture glyphique, est étonnamment absente de la plupart des travaux sur le déchiffrement de cette écriture. Elle donne d'emblée le ton: a)L'écriture ne peut être séparée du dessin; b) l'écriture est obscure, nocturne, elle n'a pas pour objet de dévoiler mais de voiler le monde, de dire en masquant car la nature du monde est énigmatique et le moyen d'en rendre compte n'est pas de le clarifier
Premier axe : intercritique de l'être humain et du végétal La mauvaise herbe et Vivre dans les ar... more Premier axe : intercritique de l'être humain et du végétal La mauvaise herbe et Vivre dans les arbres A Textes introductifs La mauvaise herbe Chanson : La mauvaise herbe (Georges Brassens) Quand l'jour de gloire est arrivé, Comm' tous les autre's étaient crevés, Moi seul connus les déshonneur De n'pas êtr' mort au champ d'honneur. Je suis d'la mauvaise herbe, Braves gens, braves gens, C'est pas moi qu'on rumine Et c'est pas moi qu'on met en gerbe... La mort faucha les autres, Braves gens, braves gens, Et me fit grâce à moi, C'est immoral et c'est comm' ça!
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