Papers by Julien Lecavalier
La culture comme refus de l’économisme
La culture comme refus de l’économisme
Commission d'enquête sur l'enseignement des arts, 3 volumes. L'éditeur officiel du Québec. Québec... more Commission d'enquête sur l'enseignement des arts, 3 volumes. L'éditeur officiel du Québec. Québec 1969.

La culture comme refus de l’économisme
La haine, cette (violente) muse « La haine est sainte. Elle est l'indignation des coeurs forts et... more La haine, cette (violente) muse « La haine est sainte. Elle est l'indignation des coeurs forts et puissants, le dédain militant de ceux que fâchent la médiocrité et la sottise. Haïr c'est aimer, c'est sentir son âme chaude et généreuse, c'est vivre largement du mépris des choses honteuses et bêtes. La haine soulage, la haine fait justice, la haine grandit.» Émile Zola, Mes haines, 1866 Une "sainte" haine ? Une haine positive, performative, sûrement. Une haine digne. C'est de celle-ci que je voudrais parler ici. De quoi s'agit-il exactement ? A peine d'un sentiment, tout au plus une sensation, une impression diffuse d'injustice, un cri. « Au commencement était le cri. Nous crions. […] Nous commençons par la négation, la dissonance. La dissonance peut revêtir de multiples formes : un murmure inarticulé de mécontentement, des larmes de frustration, un cri de colère, un rugissement sûr de lui, un trouble profond, un profond désir, une vibration critique. 1 » Ce cri prend parfois la force de l'évidence, lorsque, dans une dialectique avec la violence brute de l'ordre, il s'exprime comme il peut : dans la violence. Parler de la haine invite à poser la question, centrale s'il en est, des rapports entre politique et violence. Non pas dans un registre moral, de savoir si la violence est ou non légitime, s'il faut voter Guevara ou Gandhi. En posant la 1
La culture comme refus de l’économisme
Il y a quelque chose d’un peu factice, me semble-t-il, que sur le signal d’un directeur de revue,... more Il y a quelque chose d’un peu factice, me semble-t-il, que sur le signal d’un directeur de revue, aussi estimable soit-il, des individus qui n’ont en commun que d’avoir vécu plus longtemps que d’autres se mettent à égrener leur chapelet de souvenirs, comme si le temps de « témoigner » arrivait à point nommé, comme celui des sucres. D’autant que « les cheminements selon lesquels a été vécue l’aventure de la sociologie » peuvent apparaître singulièrement prosaïques et dénués d’intérêt pour le l..

La culture comme refus de l’économisme
Si, au moment d’écrire ces lignes, l’indépendance politique du Québec semble reléguée aux oubliet... more Si, au moment d’écrire ces lignes, l’indépendance politique du Québec semble reléguée aux oubliettes, tout comme la sociologie critique qu’il a appelée de ses vœux, Rioux se fait résolument optimiste et voit l’autogestion comme un moteur d’émancipation. Certes, le marché et l’économie gagnent du terrain au Québec comme ailleurs et les inégalités sociales fleurissent sous le coup de la « mondialisation » qui s’impose comme une fatalité. Faut-il lancer la serviette ? Il importe à Rioux de ne pas baisser les bras et d’élaborer plus que jamais un projet de société capable de renverser la vapeur.Rioux avouera, bien après avoir signé cet article, qu’il affichait à cette époque un optimisme sans borne, voire une vision utopique qu’il arbore haut et fort, car sans l’utopie activée par l’institution imaginaire de la société, « il ne peut y avoir de changement fondamental ». La lucidité dont il fait preuve bien après avoir écrit cet article ne l’amènera toutefois pas à renier les propos qu’il y développe sous le signe de l’espoir. Il cherchera plus que jamais, dans un contexte propice, à canaliser la culture et son bouillonnement vers le changement social ouvrant sur l’émancipation des collectivités et des individus, à la lumière de la sociologie critique capable de donner le cap. La culture se révèle ici, comme toujours chez Rioux, génératrice d’autogestion, du pouvoir de créer les valeurs et les leviers requis pour agir par soi-même et être libre. Cette lecture s’avère plus que jamais utile aujourd’hui

La culture comme refus de l’économisme
Le bonheur ! Voilà la promesse que renferment la production et la consommation de masse. Dans cet... more Le bonheur ! Voilà la promesse que renferment la production et la consommation de masse. Dans cet article, Rioux taille en pièces ce mirage, pour ne pas dire ce miroir aux alouettes qui fait corps avec l’économie capitaliste. Selon lui, dans cette voie du « progrès », l’homme devient étranger à lui-même et fait fi de ses semblables. Ses activités, comme ses œuvres, se mesurent à l’aune de la rentabilité et du marché. Sous ce chef, les individus ne cherchent plus à s’approprier leur « propre nature » mais la nature, sans égard pour l’écologie.Comment faire naître le projet de société cher à Rioux dans ces conditions ? Comment l’autogestion peut-elle se former à l’heure où l’homme et son travail sont devenus, au même titre que la terre et les autres biens naturels, des marchandises que l’on peut acheter et vendre sans rechigner ? Sous ce chef, ce singe nu qu’est l’être humain se voit ravalé au rang de créature activée par des besoins égoïstes. L’identité collective est en panne, désormais dérisoire. L’aliénation se manifeste ainsi avec éclat dans la vie quotidienne. Comment renverser la vapeur ? Comment les Québécois peuvent-ils se réapproprier leur identité nationale et leur culture propre alors qu’à l’échelle individuelle ils se sentent seuls dans la foule ou, de façon imagée, plus près de leur écran de télévision que de leurs proches voisins

La culture comme refus de l’économisme
Sous ce titre, Rioux s’emploie à concevoir la culture sur le plan théorique en retraçant la doctr... more Sous ce titre, Rioux s’emploie à concevoir la culture sur le plan théorique en retraçant la doctrine du relativisme culturel en anthropologie. Dans cette perspective, il compare les forces et les faiblesses des approches théoriques qu’il passe en revue. Selon lui, l’une et l’autre s’élaborent sur fond de jugements de valeur. Il cherche pour sa part à distinguer les « valeurs subjectives » des critères propres à concevoir la différenciation « socioculturelle » sur le plan théorique.Il ne se fait pas faute d’exhiber les ratés des théories de la culture passées au crible. Il cite par exemple Summer qui déclare sans ambages que « les mœurs sont bonnes ou mauvaises selon qu’elles sont adaptées ou non aux conditions et aux intérêts d’une époque et d’une société ». Selon lui, le cas d’une société dominée comme le Québec ne manque pas de soulever la question suivante : doit-on penser que cette société n’est pas adaptée aux conditions et aux intérêts de l’époque ?La réflexion de Rioux apparaît en germe dans cet article : les traits culturels étant interdépendants, la modification de l’un entraîne la transformation de l’ensemble et, inversement, le changement de l’ensemble se répercute sur l’un ou l’autre trait. Il va par la suite s’employer à développer cette conception formulée ici de manière embryonnaire. Sous ce chef, la fonction névralgique de tout trait culturel est d’assurer la cohérence du système dont il est partie et produit. Les traits culturels dits traditionnels ne doivent pas être envisagés en eux-mêmes, mais selon les relations qui les unissent. Que se produit-il s’il y a contradiction entre normes modernes et valeurs traditionnelles ? Leur combinaison peut-elle générer une culture propice à l’émancipation d’une collectivité comme celle du Québec et, dans la foulée, l’émancipation de ses membres ?L’article a pour toile de fond la notion de culture, que Rioux conçoit sous ses aspects universels et relatifs en évitant les impératifs moraux et les jugements de valeur. En bref, quand les anthropologues formulent une théorie selon laquelle les sociétés humaines sont fondamentalement semblables à l’échelle de la planète, ils soutiennent du coup qu’il est possible de comparer les cultures et de les expliquer au sens qu’a ce mot en science ; ceux affirmant au contraire que les cultures sont foncièrement différentes les unes des autres laissent croire que chacune représente un cas particulier. D’après Rioux, il est possible d’élaborer une théorie scientifique de la culture qui trouverait son droit notamment pour expliquer la culture canadienne-française

Ce mémoire propose une étude du parcours de vie de Marcel Rioux qui cherche à saisir les conditio... more Ce mémoire propose une étude du parcours de vie de Marcel Rioux qui cherche à saisir les conditions qui l'ont amené à incarner la figure de l'intellectuel au Québec à son époque. En effet, cette étude propose l'analyse de l'itinéraire social, tel que le suggère Bernard Lahire dans sa biographie sociologique, à l'origine de dispositions mentales et sociales, puis de ressources-héritées ou acquises au fil de l'itinéraire biographique de Rioux-, qui lui confère une position privilégiée dans la société; position en vertu de laquelle se forment l'autonomie et la liberté d'expression propres à l'engagement social et politique digne de lui conférer la qualité d'être intellectuel. C'est sur la base de la mobilisation de dispositions et de ressources particulières, qui prend la forme d'un rapport habitus et capital chez Pierre Bourdieu, propre à générer l'autonomie nécessaire à faire exister l'intellectuel dans son orbite et apte à légitimer sa position sur la scène publique, qu'il sera démontré en termes théoriques que n'est pas intellectuel qui veut.

Cet article correspond à la retranscription de l’entrevue que Rioux, venu en Californie, réalise ... more Cet article correspond à la retranscription de l’entrevue que Rioux, venu en Californie, réalise avec Herbert Marcuse, figure de proue de l’époque. Face à son interlocuteur, Rioux aborde divers sujets liés aux questions de l’heure et également à la pensée critique, aux États-Unis comme ailleurs. Il y est fait état de la société américaine, fer de lance de l’économie capitaliste en voie de s’imposer à l’échelle de la planète malgré ses aléas et ses contradictions. Comment l’envisager sous l’optique théorique ? Comment concevoir en théorie les forces sociales en présence ? Rioux ne se fait pas faute d’exposer à son vis-à-vis ses considérations sur les jeunes et sur l’art. Il est finalement question du Québec et du rôle que peuvent jouer les « petites nations » qui gravitent dans l’orbite de l’Empire américain que Marcuse perçoit en déclin. Marcuse, on le verra, répond à l’une et l’autre questions avec éloquence, mais parfois sur un ton agacé. Rioux avouera plus tard que l’entrevue a connu des ratés et que son interlocuteur s’est montré peu sympathique. Il aura néanmoins réussi ce tour de force d’amener Marcuse à se prononcer sur les questions de l’heure et sur l’état de la société dans laquelle il évolue tant bien que mal

Dans cet article, Rioux envisage les industries culturelles, lesquelles portent bien leur nom : d... more Dans cet article, Rioux envisage les industries culturelles, lesquelles portent bien leur nom : des industries qui fabriquent des biens et produits symboliques, comparables aux biens de consommation « matériels » circulant sur le marché. Les « produits culturels », on tend à l’oublier, touchent d’office l’esprit de leurs consommateurs et peuvent de ce fait affecter leur âme. Sous cette optique, Rioux entend montrer que l’impérialisme culturel américain, c’est-à-dire la domination qu’exerce ce pays sur les institutions culturelles nationales, génère au sein des peuples dominés comme celui du Québec un mal de l’âme qui ronge leur culture, condamnée à l’insignifiance à plus ou moins long terme. Si, à ses yeux, on ne devient pas Japonais en achetant une voiture japonaise, en revanche, la consommation effrénée de produits culturels colonise les valeurs, les idées, les symboles, bref, l’imaginaire social du Québec, tout en menaçant la « bonne vie et la bonne société » qu’orchestre la culture au travers des images, des sons, des livres, des chansons et des danses qui la constituent
La culture comme refus de l’économisme

De 1969 à 1980, Marcel Rioux est collaborateur régulier à la revue Forces. Il y publie des articl... more De 1969 à 1980, Marcel Rioux est collaborateur régulier à la revue Forces. Il y publie des articles et des entrevues qu’il a soin de réaliser auprès de créateurs et chercheurs de renom tels que Marcuse, Ionesco et, ici, Edgar Morin, collègue et ami, avec lequel il aborde ses thèmes de prédilection.À bâtons rompus, les deux sociologues discutent ici, au lendemain de Mai 68, de la « culture jeune » en émergence au Québec comme en France. Selon Morin, ces sociétés, comme d’autres, voient germer en elles de nouvelles sensibilités, une nouvelle mentalité marquée au coin de la solidarité et de l’égalité sociale, qui s’est infiltrée dans la vie quotidienne et infléchit la pensée et les comportements des individus. Aux yeux de Rioux, la poussée économique et technologique des années 1960 a frappé de plein fouet la culture en vigueur dans ces sociétés, mais également leurs valeurs, leur morale et leur vision du monde. À bien des égards, les jeunes, concernés au premier chef par cette « crise de la culture », sont enclins – et, à vrai dire, n’ont pas d’autre choix – à concevoir une « nouvelle culture » susceptible de donner à leur vie, individuelle et collective, cohérence et continuité. La « nouvelle culture » manifeste donc un « effort de totalisation », une volonté de rapiécer la « vie en miettes », aliénée, « séparée », qu’engendrent la production et la consommation de masse propres à l’économie capitaliste. Les jeunes contestataires de Mai 68 ont-ils induit dans la vie des sociétés, québécoise et française par exemple, les germes d’une culture susceptible de leur donner le visage qui leur fait défaut
Rioux lève ici le voile sur la vérité : la langue française, gravement malade au Québec, est en v... more Rioux lève ici le voile sur la vérité : la langue française, gravement malade au Québec, est en voie d’extinction dans le reste du Canada. L’anglicisation ne cesse de s’étendre dans les communautés francophones hors Québec, mais elle menace également la vigueur du français au Québec. À cet égard, force est de constater que les francophones, là comme ailleurs au Canada, constituent une minorité défavorisée, notamment sur le plan économique. De ce fait, la santé de la langue française correspond à un problème d’ordre économique et politique. Ces communautés francophones, voire la société québécoise, sujettes à la domination du Canada et des États-Unis, font les frais de la « dépossession de soi » et risquent ainsi l’assimilation culturelle et linguistique

Person identification in the wild is very challenging due to great variation in poses, face quali... more Person identification in the wild is very challenging due to great variation in poses, face quality, clothes, makeup and so on. Traditional research, such as face recognition, person re-identification, and speaker recognition, often focuses on a single modal of information, which is inadequate to handle all the situations in practice. Multimodal person identification is a more promising way that we can jointly utilize face, head, body, audio features, and so on. In this paper, we introduce iQIYI-VID, the largest video dataset for multi-modal person identification. It is composed of 600K video clips of 5,000 celebrities. These video clips are extracted from 400K hours of online videos of various types, ranging from movies, variety shows, TV series, to news broadcasting. All video clips pass through a careful human annotation process, and the error rate of labels is lower than 0.2%. We evaluated the state-of-art models of face recognition, person reidentification, and speaker recognition on the iQIYI-VID dataset. Experimental results show that these models are still far from being perfect for the task of person identification in the wild. We proposed a Multi-modal Attention module to fuse multi-modal features that can improve person identification considerably. We have released the dataset online to promote multi-modal person identification research.

Sur la base de son étude de la culture populaire, Rioux cherche à mettre au jour la double capaci... more Sur la base de son étude de la culture populaire, Rioux cherche à mettre au jour la double capacité d’agir de son propre chef et d’infléchir les forces d’opposition à l’aliénation et à l’exploitation sociales. La fête populaire, contrairement à la culture d’élite et à celle des médias de masse, prend les couleurs de la transgression. L’aliénation des sociétés capitalistes vient compromettre d’office le développement d’une culture susceptible d’habiliter les individus à se « produire » eux-mêmes, à donner sens à ce qu’ils sont et à ce qu’ils font à leur échelle. Sous cette optique, la fête populaire fait office d’exutoire contre l’État et les pouvoirs de domination, un exutoire en vertu duquel l’affirmation de soi trouve son droit.La fête se fonde sur une solidarité censément génératrice d’émancipation collective. Elle se conçoit dans l’esprit de notre auteur comme une « pratique émancipatoire » susceptible de neutraliser momentanément la domination et, ce faisant, de dépasser l’« existant », révélant du même coup l’autogestion qui pourra alors gagner l’ensemble du social

Cet article est issu d’une communication livrée au colloque de l’Association internationale des s... more Cet article est issu d’une communication livrée au colloque de l’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF) tenu au lac Beauport peu avant sa publication. Il cherche à concevoir en théorie l’identité des Canadiens français devenus depuis peu Québécois. La conscience nationale et la conscience de classe font ici office de notions utiles pour rendre raison de la « société globale » qui donne son visage au Québec. Comment se combinent ces deux notions à cette fin ? Dans une société en voie de se libérer de la domination dont elle est l’objet depuis des lustres, l’appartenance ethnique prend-elle le pas sur l’origine sociale conçue en termes de classe sociale ? Sous ce jour, les francophones et les anglophones peuvent correspondre en théorie à deux classes sociales mues par différentes consciences nationales. La théorie développée en la matière se fonde donc sur les consciences en présence et cherche à débusquer à ce niveau les « conflits et les contradictions » à l’œuvre afin d’expliquer sous ce mode comment les classes sociales, la société et l’identité font corps. Sur ce plan, Rioux examine tour à tour les inflexions de cet ordre susceptibles ou non d’engendrer la conscience de soi en phase avec le Québec en voie de devenir une société globale distincte

Sans faire le procès de Jean Marchand, Gérard Pelletier et Pierre Elliott Trudeau, ces anciens in... more Sans faire le procès de Jean Marchand, Gérard Pelletier et Pierre Elliott Trudeau, ces anciens intellectuels de gauche devenus les « trois colombes » d’Ottawa décidées à remettre le « Québec à sa place » et à lutter contre le nationalisme en voie de gagner du terrain, Rioux, avec une pointe de cynisme, retrace l’itinéraire de ce trio et l’analyse à la lumière de l’état d’arriération idéologique et politique du Québec de l’époque. Selon lui, le trio voulait que le Québec presse le pas et rattrape son « retard historique » par rapport au reste du continent. Faute de ravir le pouvoir à Duplessis, il leur fallut se tourner vers Ottawa, leurs motifs électoraux prenant ainsi le pas sur leurs motivations idéologiques. Rioux décrit dans cet article les événements qui, de fil en aiguille, ont donné naissance à la Révolution tranquille, laquelle a marqué d’une pierre blanche l’histoire de cette société en voie de s’afficher comme telle, le Québec
Uploads
Papers by Julien Lecavalier