Jean-Michel MATHONIÈRE
Jean-Michel Mathonière est un historien des compagnonnages et plus particulièrement un spécialiste des compagnons tailleurs de pierre. De formation initiale technique (dessinateur en bâtiment et génie civil), il se tourne après un passage aux Bâtiments de France vers l’édition et la librairie, puis enfin vers le graphisme qu’il exerce en parallèle de ses travaux de recherche. Il est le fondateur en 1993, à Dieulefit (Drôme), des éditions La Nef de Salomon.
Spécialiste de l’histoire des compagnonnages, sa compétence en ce domaine lui vaut d’être invité par la fondation académique américaine Policy Studies Organization à la conférence mondiale 2015 sur le mutualisme, la franc-maçonnerie et l’histoire. Celle-ci s’est déroulée à la Bibliothèque nationale de France où, sous la présidence de séance de Margaret C. Jacob (Professeur du Département d’Histoire de l’Université de Californie à Los Angeles), il prononça une conférence plénière remarquée, intitulée « Savoirs et emblèmes du savoir chez les compagnons tailleurs de pierre à la fin de l’Ancien Régime » (intégralement accessible en ligne, en deux parties : partie 1, partie 2). Dans le cadre des « 5 à 7 de de l’Académie des sciences », il a donné le 9 octobre 2018 une conférence intitulée « Aux arts et aux sciences : les compagnons et le trait » et consacrée à la transmission des connaissances géométriques chez les compagnons charpentiers, tailleurs de pierre et menuisiers du XVIe siècle au début du XXe siècle. Elle est également intégralement accessible en ligne.
Coéditeur et préfacier de la traduction française du livre de Franz Ržiha, Études sur les marques des tailleurs de pierre (éditions Véga), il s’intéresse également aux marques de tailleurs de pierre ainsi qu’aux marques et emblèmes des imprimeurs des XVe-XVIIe siècles, dont les marques dites « au Quatre de chiffre ».
Il s’est aussi intéressé à l’iconographie, à l’origine et au symbolisme du jeu de tarot pour lequel il écrit un ouvrage en collaboration avec Hugues Gartner, Le tarot des tailleurs de pierre.
Il organise depuis 2006 des expositions sur la stéréotomie et les compagnons tailleurs de pierre, ainsi que sur divers sujets connexes touchant aux thématiques croisées du compagnonnage et de l’architecture, telle l’exposition consacrée en 2008 aux Règles pour les cinq ordres d’architecture de Jacques Barozzi de Vignole (1507-1573), au Musée du Compagnonnage de Tours, et, sur le même thème général, celle organisée en 2012 au château de Maulnes. En 2013, il est commissaire de l’exposition La règle et le compas organisée au Musée de la franc-maçonnerie à Paris, où des réflexions comparatives novatrices entre la forme opérative et spéculative de la franc-maçonnerie sont proposées aux visiteurs.
Il collabore régulièrement à la revue maçonnique Franc-maçonnerie Magazine où il tient une chronique sur les interférences entre compagnonnage et franc-maçonnerie. Il a été membre du comité scientifique de l’exposition que la Bibliothèque nationale de France a consacré à la franc-maçonnerie du 12 avril au 24 juillet 2016. Il a contribué au catalogue de cette exposition, notamment par un chapitre touchant à la problématique opératif/spéculatif et consultable en ligne sur le site de la BnF. Installé à Avignon, il est membre de l’Académie de Vaucluse et élu à son conseil d’administration. Il est membre de l’Association francophone des historiens de la construction. Il est chevalier de l’ordre des Palmes académiques.
Spécialiste de l’histoire des compagnonnages, sa compétence en ce domaine lui vaut d’être invité par la fondation académique américaine Policy Studies Organization à la conférence mondiale 2015 sur le mutualisme, la franc-maçonnerie et l’histoire. Celle-ci s’est déroulée à la Bibliothèque nationale de France où, sous la présidence de séance de Margaret C. Jacob (Professeur du Département d’Histoire de l’Université de Californie à Los Angeles), il prononça une conférence plénière remarquée, intitulée « Savoirs et emblèmes du savoir chez les compagnons tailleurs de pierre à la fin de l’Ancien Régime » (intégralement accessible en ligne, en deux parties : partie 1, partie 2). Dans le cadre des « 5 à 7 de de l’Académie des sciences », il a donné le 9 octobre 2018 une conférence intitulée « Aux arts et aux sciences : les compagnons et le trait » et consacrée à la transmission des connaissances géométriques chez les compagnons charpentiers, tailleurs de pierre et menuisiers du XVIe siècle au début du XXe siècle. Elle est également intégralement accessible en ligne.
Coéditeur et préfacier de la traduction française du livre de Franz Ržiha, Études sur les marques des tailleurs de pierre (éditions Véga), il s’intéresse également aux marques de tailleurs de pierre ainsi qu’aux marques et emblèmes des imprimeurs des XVe-XVIIe siècles, dont les marques dites « au Quatre de chiffre ».
Il s’est aussi intéressé à l’iconographie, à l’origine et au symbolisme du jeu de tarot pour lequel il écrit un ouvrage en collaboration avec Hugues Gartner, Le tarot des tailleurs de pierre.
Il organise depuis 2006 des expositions sur la stéréotomie et les compagnons tailleurs de pierre, ainsi que sur divers sujets connexes touchant aux thématiques croisées du compagnonnage et de l’architecture, telle l’exposition consacrée en 2008 aux Règles pour les cinq ordres d’architecture de Jacques Barozzi de Vignole (1507-1573), au Musée du Compagnonnage de Tours, et, sur le même thème général, celle organisée en 2012 au château de Maulnes. En 2013, il est commissaire de l’exposition La règle et le compas organisée au Musée de la franc-maçonnerie à Paris, où des réflexions comparatives novatrices entre la forme opérative et spéculative de la franc-maçonnerie sont proposées aux visiteurs.
Il collabore régulièrement à la revue maçonnique Franc-maçonnerie Magazine où il tient une chronique sur les interférences entre compagnonnage et franc-maçonnerie. Il a été membre du comité scientifique de l’exposition que la Bibliothèque nationale de France a consacré à la franc-maçonnerie du 12 avril au 24 juillet 2016. Il a contribué au catalogue de cette exposition, notamment par un chapitre touchant à la problématique opératif/spéculatif et consultable en ligne sur le site de la BnF. Installé à Avignon, il est membre de l’Académie de Vaucluse et élu à son conseil d’administration. Il est membre de l’Association francophone des historiens de la construction. Il est chevalier de l’ordre des Palmes académiques.
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Papers by Jean-Michel MATHONIÈRE
James Anderson est un personnage central dans l'aventure de la franc-maçonnerie. Dès 1723 paraît un livre qui, aujourd'hui encore, sert de fondement réglementaire et traditionnel à celle-ci : The Constitutions of the FreeMasons. Bien que ne figurant pas sur la page de titre, son nom est tellement lié à cette oeuvre que l'on dit usuellement « les Constitutions d'Anderson ». Pourtant, pour nombre d'historiens depuis plus d'un siècle, il n'est pas certain qu'il soit en cette affaire davantage que le porte-plume de Jean-Théophile Désaguliers, troisième grand-maître de la toute jeune Grande Loge. […]
Mais qu’en est-il en réalité de l’enracinement des compagnonnages français dans ce lointain passé médiéval ? Quelle est la part des clichés romantiques hérités du XIXe siècle et de la littérature ? Que savons-nous d’eux ? Transmettent-ils des savoirs médiévaux ? Quel est leur lien avec la franc-maçonnerie ? Quelle est la part réelle du secret ? Comment ont-ils évolué au cours des siècles ? Sans oublier une question cruciale : quelle était leur vocation première ? La transmission des savoirs ou la solidarité ouvrière ?
Ce court article a pour objet de simplement poser, dans leur principe, quelques-unes de ces questions importantes et d’apporter quelques matériaux pour y répondre partiellement.
L'univers des compagnonnages offre nombre d'éléments symboliques captivants. Parmi eux, les « couleurs » occupent une place importante. Ce terme désigne les rubans servant d'insignes aux compagnons. De couleurs variées, ornées ou non de scènes allégoriques ou d'emblèmes, ces rubans, de nombre et de port variable, forment un catalogue visuel des sociétés composant cet univers encore mal connu. Chacune possède en effet sa ou ses couleurs plus ou moins exclusives et la connaissance de ces codes permet de savoir à quel corps appartient un compagnon. Les couleurs sont décernées lors de la cérémonie initiatique par laquelle on entre en compagnonnage. Dans certains métiers, notamment chez les tailleurs de pierre et les charpentiers, elles sont intimement liées, au sens propre comme figuré, à une couronne végétale et florale symbolisant les vertus, couronnement qui vient récompenser l'artisan ayant vaincu les épreuves imposées à l'aspirant. Les couleurs reçues lors de ce sacre sont véritablement « sacrées » et elles doivent rester pures.
La couleur compagnonnique présentée ici est celle d'un compagnon tailleur de pierre de la société de l'Union, dite aussi des « Violets » à cause de la couleur caractéristique de leur attribut. C'était une scission (née dans les années 1840 et disparue avant la fin du XIX e siècle) au sein des « jeunes hommes » (aspirants) des compagnons « Étrangers » tailleurs de pierre, l'une des deux anciennes branches du compagnonnage de ce métier.
Intitulée « Les cartons à dessins des compagnons du Tour de France », cette communication illustrée se base sur ma modeste collection d'épures et dessins techniques de compagnons tailleurs de pierre, charpentiers, menuisiers et serruriers. Je m'y efforce d'y présenter concrètement la transmission du dessin chez les compagnons et l'intérêt qu'il y a d'étudier et de conserver ces épures pour une meilleure connaissance des compagnonnages.
Vous pouvez y accéder et la télécharger gratuitement en PDF sur la plate-forme OpenEdition Book via le lien suivant (et depuis celui-ci remonter au volume entier, etc.
https://books.openedition.org/cths/18221
[…] on connaît moins l’influence exceptionnelle que ce traité de Vignole a eue au sein des compagnonnages de métier, tant sur le plan professionnel que sur un plan quelque peu inattendu, celui des mythes et légendes.
Avant cette période, ce n’est pas immédiatement la nuit obscure de la préhistoire, mais peu s’en faut. Il ne fait pourtant aucun doute, à l’analyse des plus anciens documents du XVIIIe siècle, que les sociétés compagnonniques ne sont pas nées brutalement de la dernière pluie. Tout au contraire, l’archaïsme de la manière dont sont ordonnés leurs règlements laisse présager qu’elles existent depuis plusieurs siècles. Leurs usages ont pour ainsi dire une saveur toute médiévale. Mais les éléments documentaires que l’on possède pour le XVIIe siècle concernent des individus, des « compagnons », sans qu’il soit absolument certain qu’ils se rattachent à des sociétés pleinement structurées. Simplement, comme ces éléments (des surnoms, des marques de passage, rien de bien plus précis) possèdent des caractéristiques qui sont celles, plus ou moins exclusives, des compagnons Passants et Étrangers du XVIIIe siècle, nous sommes logiquement portés à accepter qu’ils concernent bel et bien le sujet. La chose devient encore plus problématique au XVIe siècle car ces mêmes éléments sont absents, ou, du moins, il n’en a pas encore été recensés, les recherches étant encore trop peu avancées pour conclure à une totale absence. Mais il existe néanmoins des indices, notamment quant à l’emblématique, qui, se rattachant encore nettement aux témoignages des XVIIe et XVIIIe siècles, permettent de faire sérieusement l’hypothèse de leur existence dès cette époque. »
[...] pour couper court à un certain nombre de visions fantasmatiques et romantiques, un exposé sur ce que nous savons réellement quant à ces compagnonnages de tailleurs de pierre. Cet exposé s'est fondé sur un diaporama particulièrement riche sur le plan iconographique, l'essentiel de ces images et aperçus étant constitué des riches archives avignonnaises des Compagnons Passants tailleurs de pierre. J'en ai tiré ici quelques encadrés permettant de poser des mots et des images, notamment pour ce qui concerne les savoirs cultivés par ces compagnons, savoirs que l'on a quelquefois de la difficulté à accorder à de « simples ouvriers »…
James Anderson est un personnage central dans l'aventure de la franc-maçonnerie. Dès 1723 paraît un livre qui, aujourd'hui encore, sert de fondement réglementaire et traditionnel à celle-ci : The Constitutions of the FreeMasons. Bien que ne figurant pas sur la page de titre, son nom est tellement lié à cette oeuvre que l'on dit usuellement « les Constitutions d'Anderson ». Pourtant, pour nombre d'historiens depuis plus d'un siècle, il n'est pas certain qu'il soit en cette affaire davantage que le porte-plume de Jean-Théophile Désaguliers, troisième grand-maître de la toute jeune Grande Loge. […]
Mais qu’en est-il en réalité de l’enracinement des compagnonnages français dans ce lointain passé médiéval ? Quelle est la part des clichés romantiques hérités du XIXe siècle et de la littérature ? Que savons-nous d’eux ? Transmettent-ils des savoirs médiévaux ? Quel est leur lien avec la franc-maçonnerie ? Quelle est la part réelle du secret ? Comment ont-ils évolué au cours des siècles ? Sans oublier une question cruciale : quelle était leur vocation première ? La transmission des savoirs ou la solidarité ouvrière ?
Ce court article a pour objet de simplement poser, dans leur principe, quelques-unes de ces questions importantes et d’apporter quelques matériaux pour y répondre partiellement.
L'univers des compagnonnages offre nombre d'éléments symboliques captivants. Parmi eux, les « couleurs » occupent une place importante. Ce terme désigne les rubans servant d'insignes aux compagnons. De couleurs variées, ornées ou non de scènes allégoriques ou d'emblèmes, ces rubans, de nombre et de port variable, forment un catalogue visuel des sociétés composant cet univers encore mal connu. Chacune possède en effet sa ou ses couleurs plus ou moins exclusives et la connaissance de ces codes permet de savoir à quel corps appartient un compagnon. Les couleurs sont décernées lors de la cérémonie initiatique par laquelle on entre en compagnonnage. Dans certains métiers, notamment chez les tailleurs de pierre et les charpentiers, elles sont intimement liées, au sens propre comme figuré, à une couronne végétale et florale symbolisant les vertus, couronnement qui vient récompenser l'artisan ayant vaincu les épreuves imposées à l'aspirant. Les couleurs reçues lors de ce sacre sont véritablement « sacrées » et elles doivent rester pures.
La couleur compagnonnique présentée ici est celle d'un compagnon tailleur de pierre de la société de l'Union, dite aussi des « Violets » à cause de la couleur caractéristique de leur attribut. C'était une scission (née dans les années 1840 et disparue avant la fin du XIX e siècle) au sein des « jeunes hommes » (aspirants) des compagnons « Étrangers » tailleurs de pierre, l'une des deux anciennes branches du compagnonnage de ce métier.
Intitulée « Les cartons à dessins des compagnons du Tour de France », cette communication illustrée se base sur ma modeste collection d'épures et dessins techniques de compagnons tailleurs de pierre, charpentiers, menuisiers et serruriers. Je m'y efforce d'y présenter concrètement la transmission du dessin chez les compagnons et l'intérêt qu'il y a d'étudier et de conserver ces épures pour une meilleure connaissance des compagnonnages.
Vous pouvez y accéder et la télécharger gratuitement en PDF sur la plate-forme OpenEdition Book via le lien suivant (et depuis celui-ci remonter au volume entier, etc.
https://books.openedition.org/cths/18221
[…] on connaît moins l’influence exceptionnelle que ce traité de Vignole a eue au sein des compagnonnages de métier, tant sur le plan professionnel que sur un plan quelque peu inattendu, celui des mythes et légendes.
Avant cette période, ce n’est pas immédiatement la nuit obscure de la préhistoire, mais peu s’en faut. Il ne fait pourtant aucun doute, à l’analyse des plus anciens documents du XVIIIe siècle, que les sociétés compagnonniques ne sont pas nées brutalement de la dernière pluie. Tout au contraire, l’archaïsme de la manière dont sont ordonnés leurs règlements laisse présager qu’elles existent depuis plusieurs siècles. Leurs usages ont pour ainsi dire une saveur toute médiévale. Mais les éléments documentaires que l’on possède pour le XVIIe siècle concernent des individus, des « compagnons », sans qu’il soit absolument certain qu’ils se rattachent à des sociétés pleinement structurées. Simplement, comme ces éléments (des surnoms, des marques de passage, rien de bien plus précis) possèdent des caractéristiques qui sont celles, plus ou moins exclusives, des compagnons Passants et Étrangers du XVIIIe siècle, nous sommes logiquement portés à accepter qu’ils concernent bel et bien le sujet. La chose devient encore plus problématique au XVIe siècle car ces mêmes éléments sont absents, ou, du moins, il n’en a pas encore été recensés, les recherches étant encore trop peu avancées pour conclure à une totale absence. Mais il existe néanmoins des indices, notamment quant à l’emblématique, qui, se rattachant encore nettement aux témoignages des XVIIe et XVIIIe siècles, permettent de faire sérieusement l’hypothèse de leur existence dès cette époque. »
[...] pour couper court à un certain nombre de visions fantasmatiques et romantiques, un exposé sur ce que nous savons réellement quant à ces compagnonnages de tailleurs de pierre. Cet exposé s'est fondé sur un diaporama particulièrement riche sur le plan iconographique, l'essentiel de ces images et aperçus étant constitué des riches archives avignonnaises des Compagnons Passants tailleurs de pierre. J'en ai tiré ici quelques encadrés permettant de poser des mots et des images, notamment pour ce qui concerne les savoirs cultivés par ces compagnons, savoirs que l'on a quelquefois de la difficulté à accorder à de « simples ouvriers »…
Mais qui étaient ces créateurs qui érigèrent les temples que sont les églises, cathédrales et chapelles ? Qui étaient ces humbles artisans et ces puissants commanditaires qui, par l’alliance de la main et de la pensée, ont réalisé ces merveilles ? Ce livre, magnifiquement illustré, vous présente une vue d’ensemble de ces hommes – maillons d’une longue chaîne de transmission –, de la diversité de leurs métiers et de la richesse de leurs traditions. Charpentiers, maçons et tailleurs de pierre renaissent à travers les enluminures et sculptures médiévales, tandis que forgerons, menuisiers et vitriers déploient les formes et couleurs des symboles des cathédrales.
Riche en anecdotes éclairantes, ponctué de portraits d’illustres personnages, cet ouvrage vous offre un voyage passionnant dans le monde de ces bâtisseurs dont les réalisations continuent, après tant de siècles, à défier les outrages du temps et à susciter notre admiration.
Ce catalogue est disponible à la vente auprès du Musée de la franc-maçonnerie à Paris, au prix de 10 euros (+ frais de port).
Il faut souligner que le terme et la notion de « chef-d'oeuvre » sont inexistants chez les compagnons tailleurs de pierre de cette époque, qui sont reçus sans cette épreuve en présentant simplement des épures et des dessins afin de prouver qu'ils possèdent les bases nécessaires en stéréotomie et architecture (voir les règlements des compagnons passants tailleurs de pierre 1 : « Chapitre I. Des réceptions. Article I. Tout tailleur de pierre qui se présentera pour être reçu compagnon passant sera tenu de faire preuve de catholicité et de capacité suffisante dans le métier par une ou plusieurs pièces de traits et par le témoignage de compagnons qui cautionneront qu'il est capable de travailler du marteau. ») On peut toutefois penser que cette réalisation a effectivement pu servir de « chef-d'oeuvre » réglementaire à son auteur afin d'être reçu maître maçon, c'est-à-dire membre de la communauté de métier, entrepreneur en maçonnerie, c'est-à-dire patron susceptible d'employer des compagnons, conformément aux usages corporatifs de cette époque.
Au travers d'exemples provenant de ma propre collection, j'aimerais montrer combien ces documents peuvent nous renseigner sur les savoirs des compagnons et leur évolution. Il n'est évidemment pas possible de s'étendre aujourd'hui sur des explications techniques. Pour accompagner ma présentation généraliste du sujet, j'ai privilégié les exemples visuels, pour témoigner de leur complexité graphique ainsi que de leur variété.
Cette communication fera l'objet dans quelques mois d'une publication augmentée de notes, d'annexes et d'illustrations.
Si le sujet général du compagnonnage « du Devoir » est très apprécié des
francs-maçons français, il est l’objet de bien des fantasmes et d’affirmations péremptoires, au premier rang desquels celui d’une pseudo-parenté entre franc-maçonnerie et compagnonnage. En réalité, je le soulignerai immédiatement, cette empathie se fonde sur l’ignorance quasi totale du monde compagnonnique, de sa composition plurielle, de sa nature même — qui est trop souvent réduite à un caractère initiatique par trop idéalisé et comme détaché de la réalité.