Philosophie by Alexandre Gilbert
Times of Israël, 2024
Constantin Sigov said the only way « to fight barbarism is to be even more human », do you think ... more Constantin Sigov said the only way « to fight barbarism is to be even more human », do you think the same ? Volodymyr Yermolenko: In a broad sense yes. For me, the concept of barbarism still makes sense. I think people threw it away in the 20th century when various intellectuals criticized the concept of «civilization»,
Times of Israël, 2023
Previous articles: *Penser la « messianicité sans messianisme » *L'art de combattre un ennemi inv... more Previous articles: *Penser la « messianicité sans messianisme » *L'art de combattre un ennemi invisible
Times of Israêl, 2024
From all sides, and for often opposing or different reasons, there is talk of the philosophy of t... more From all sides, and for often opposing or different reasons, there is talk of the philosophy of the Holocaust. The expression can be understood in various ways, depending on the philosophy of philosophy that one forms according to one's choices, readings, and expectations. The genitives, subjective, objective, polysemic, here carry confusion. I would like to try to partially clarify the question. If by philosophy one understands its loosest and vaguest meanings, as one speaks, for example, these days of the "philosophy" of pension reform, then one may well wonder about the meaning of the Holocaust and what its origin, function, in short, why the Holocaust. Any object can serve as fodder for philosophy thus understood, and not without legitimacy. It is in line with the "essence of man" to question the world, everything around him, about other men, what happens to them, about himself. I used quotation marks just now to talk about the "essence" and "man." Not that I consider these words as pitiful ideological covers, like the social sciences, Marx, Joseph de Maistre-in agreement on this point of "man." My quotation marks only mean that there is a presupposition to this representation of an essence of man that would be questioning. This presupposition is that of meaning. If there is a philosophy-of, it is because everything that can be an object of philosophy,
Times of Israel, 2023
Avital Ronell in the style of Tim Burton generated by Leonardo AI Downtown New-York, Avital Ronel... more Avital Ronell in the style of Tim Burton generated by Leonardo AI Downtown New-York, Avital Ronell, "machete in hand, splicing and editing, involving blowing up bridges with her Edward Scissorhand finesse" sets up the stakes and gives focus, in America (spring 2024), to Stanley Cavell's
Stéphane Zagdanski is a french philosopher. He published Death in the Eye, Maren Sell editions, i... more Stéphane Zagdanski is a french philosopher. He published Death in the Eye, Maren Sell editions, in 2004. In his new essay, he debunks the entire ideology cinematographic, from the Lumière brothers to "Matrix." Jean-Luc Godard, violently attacked, agreed to meet the author. "Critique of cinema as vision, domination, falsification, eradication, fascination, manipulation, devastation, usurpation." A nod to Guy Debord, the subtitle of the new essay by Stéphane Zagdanski sets the warlike tone. His thesis? Even in his aesthetic productions more refined, cinema is a rapacious industry, which is linked to hypnosis and handling. Its true ideological birth certificate is not the discovery of the Frères Lumière, but Plato's cave where, in the 4th century BC, a chained crowd left fascinate. "Cinema believes itself to be the successor of art, it is only the sluggish ancestor of cloning," or "a technique of death that feigns life." From Céline, disgusted by "the cellar atmosphere" of the dark rooms, with Artaud speaking of "formidable and villainous bewitchment," all the great writers of the 20th century have fully grasped the importance of the issue, assures Zagdanski. With "Death in the Eye," he explores the entire history of the image in West, and confronts a number of filmmakers, from Orson Welles to the Wachowski brothers, as well as the great cinema theorists, Elie Faure, Gilles Deleuze and Serge Daney. Violently attacked as the very incarnation of "cinephilic imposture," Jean-Luc Godard read this singular, deep, often hilarious book, and got caught up in the game.
Times of Israël
Le "Block 10" du camp d'extermination d'Auschwitz, où Josef Mengele menait des expériences médica... more Le "Block 10" du camp d'extermination d'Auschwitz, où Josef Mengele menait des expériences médicales sur les détenus du camp. (Crédit : VbCrLf/CC-BY-SA/Wikimedia Commons)
Times of Israël, 2022
L'excès semble faire l'objet d'une définition avant tout morale entendu en son sens le plus coura... more L'excès semble faire l'objet d'une définition avant tout morale entendu en son sens le plus courant: c'est en effet à première vue ce qui manque de mesure, de contrôle, ou de prudence. Faire preuve d'excès, pour un individu, peut aller du simple fait d'abuser de quelque chose, par exemple consommer avec excès de l'alcool, jusqu'à faire preuve de colère sans retenue. Désignant alors le fait de franchir des limites, l'excès semble donc se caractériser avant tout par un manque: manque de mesure, de réflexion, de calme, de tempérance, de retenue. Aussi, du point de vue moral, il apparaît comme chaque fois condamnable. L'excès, c'est toujours ce qui est en trop, ce qui dépasse, ce qui déborde,
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Philosophie by Alexandre Gilbert
1. Pourquoi la tragédie est-elle née de la musique ?
À l'époque romantique, les philologues allemands font l'hypothèse que la tragédie grecque serait née des fêtes consacrées à Dionysos (les Dionysies) durant lesquelles un choeur en transe chantait des dithyrambes en l'honneur du dieu : peu à peu, des personnages seraient sortis du groupe et le récit des hauts faits de Dionysos se serait diversifié en diverses intrigues héroïques. Nietzsche reprend cette idée dans son premier ouvrage, La Naissance de la tragédie (dont le titre initial, en 1872, se poursuivait ainsi : …à partir de l'esprit de la musique) parce qu'elle lui sert à étayer une thèse philosophique inspirée de Schopenhauer : les formes, les représentations, les individus naissent à partir d'une force originelle, une sorte de « volonté » cosmique qui désire se représenter à elle-même. Mais ce « principe d'individuation », en séparant, initie le grand conflit tragique de la volonté avec elle-même. Le jeune Nietzsche a besoin de montrer que l'ordre de l'apparence exprime des puissances pulsionnelles fondamentales ; il double ce modèle métaphysique d'un modèle mythologique et esthétique, Apollon étant le dieu du rêve, de la belle forme individuelle et des arts plastiques, et Dionysos le dieu de l'ivresse, de la transe collective et de la musique. La tragédie, incarnation de l'idéal grec, fait triompher l'alliance de ces deux principes. Comme Nietzsche s'est donné en outre pour mission de promouvoir l'art de son ami et maître Wagner, il ajoute encore un troisième modèle : la tragédie et la musique pure s'unissent à nouveau aujourd'hui sous la forme du drame musical wagnérien, qu'il croit alors capable de régénérer la culture européenne.
2. Pourquoi la musique est-elle, pour Nietzsche, un produit tardif de toute culture?
Vous faites allusion au § 171 de la deuxième partie d'Humain, trop humain (Opinions et sentences mêlées, 1879) : « La musique, tard-venue de chaque civilisation ». Depuis La Naissance de la tragédie, Nietzsche a évolué : désormais, la musique n'est plus une origine, mais l'expression ultime, tardive, nostalgique même, d'une civilisation en train de disparaître : les Flamands de la Renaissance accomplissent la mystique du Moyen-Âge ; Bach exalte la Réforme, Mozart exprime la gloire perdue du XVIIe siècle, Rossini ou Beethoven le siècle des Lumières, etc. Toute musique est un « chant du cygne ». Même renversée, l'interprétation accorde toujours à la musique une place privilégiée : elle reflète une « loi intérieure », la logique de l'affaiblissement pulsionnel de toute civilisation parvenue à un haut degré de spiritualité et de conscience de soi : d'une certaine manière, toute musique est « réactionnaire », elle trahit la nostalgie de valeurs qui ne remplissent plus leur rôle de « dressage » des pulsions inconscientes, comme disait Nietzsche. Mais derrière cette analyse civilisationnelle se cache chez Nietzsche, me semble-t-il, une nostalgie toute personnelle : dans le très beau § 168 du Voyageur et son ombre (1880), il fait une surprenante révélation : les mélodies italiennes, dans leur touchante simplicité, lui rappellent « le bonheur de l'enfance et la perte de l'enfance, le sentiment que ce qui est aboli sans retour est notre bien le plus précieux ». C'est la même idée, mais sous sa forme la plus intime.
3. En quoi la musique est-elle une voie privilégiée pour « devenir philosophe » et ne pas faire de sa vie « une erreur » ?