Ce livre est né de la confrontation, a priori paradoxale, entre une théorie sémiotique contempora... more Ce livre est né de la confrontation, a priori paradoxale, entre une théorie sémiotique contemporaine (la réflexivité - ou l'autoréférence - textuelle) et un domaine de référence bien antérieur à son avènement (la poésie latine). Son premier devoir fut donc d'en fonder la légitimité. Ce fut chose aisée, car si la littérature réflexive, dont cette théorie est issue, est apparue au xxe siècle, la réflexivité en littérature est, elle, un phénomène beaucoup plus ancien, aussi ancien sans doute que la littérature elle-même, c'est-à-dire, dans notre tradition occidentale, que la poésie. Les « boucles de l'autoréférence », comme on les désigne parfois aujourd'hui, se déploient largement en effet dans la poésie antique. Le fait est évident s'agissant de ces « poèmes poétologiques » grecs qui ont pour sujet l'écriture d'un poème, voire la représentation de leur propre genèse ; il l'est aussi, bien que de façon plus discrète ou plus fugitive, pour un grand nombre d'œuvres de tous genres qui, tout à la fois, « disent et montrent qu'elles disent », au moyen des procédés les plus divers, au premier rang desquels figure l'allégorie. Sortie toute casquée d'une mère grecque, la poésie latine fut en ce domaine aussi son héritière ; et la naissance qu'elle raconte, la sienne, inclut cet héritage : car elle se dit voyageuse étrangère, venue de l'Orient pour s'installer en terre romaine, et fait de ce métissage originel l'instrument de son destin insigne et la marque indélébile de son identité.Based on the confluence of contemporary semiotic theory and a much older literary field, this book contributes to the study of the specific means of self-reference in Latin poetry
Dans toutes les œuvres qui nous sont parvenues, et notamment dans ses Florides, Apulée consacre d... more Dans toutes les œuvres qui nous sont parvenues, et notamment dans ses Florides, Apulée consacre de nombreux développements à la voix, que ce soit celle des animaux, celle de l'homme, celle de l'orateur ou, plus particulièrement celle, supérieure, du philosophe dont l'éloquence, selon lui, joint l'utile à l'agréable et « sait prendre tous les tons » ; et cette voix Apulée sait la faire entendre en même temps qu'il ne cesse de la décrire et de la commenter.
Page 1. Les Visages d'Orphée istoire des religions £ De PRESSES UNIVERSITAIRES Page 2. Page ... more Page 1. Les Visages d'Orphée istoire des religions £ De PRESSES UNIVERSITAIRES Page 2. Page 3. Page 4. Page 5. Les visages d'Orphée This One ■III LGYU-CEW-TL Page 6. Page 7. Annick Beague, Jacques Boulogne Alain ...
Après Saveurs, senteurs ; le goût de la Méditerranée, et Rythmes et Lumières de la Méditerranée, ... more Après Saveurs, senteurs ; le goût de la Méditerranée, et Rythmes et Lumières de la Méditerranée, l’Equipe d’Accueil VECT-Mare Nostrum de l’Université de Perpignan-Via Domitia poursuit son exploration des cinq sens avec le dernier volet de cette trilogie : Le Corps dans les cultures méditerranéennes. Cette recherche s’est concrétisée sous forme d’un colloque international qui a eu lieu à l’Université de Perpignan-Via Domitia, les 30-31 mars et 1er avril 2006, sous la présidence du Pr. Paul Veyne Dans une perspective comparatiste allant de l’Antiquité à nos jours, les participants se sont fixé comme enjeu de donner à voir cet imaginaire si riche du corps méditerranéen, dans des cultures qui allient paradoxalement une grande libération à un puritanisme tout aussi radical. Des veuves siciliennes aux orgies de Pétrone, qu’en est-il de ce corps méditerranéen à la fois caché et dévoilé, refoulé, fantasmé et exhibé ? Au coeur d’une époque marquée par le recours identitaire à des formes d’affirmation de soi sur son corps (vêtements trop courts ou trop longs, piercing, cheveux décolorés, tatouages, signes religieux ostensibles), il est important qu’une réflexion théorique et méthodologique se mette en place à propos du corps. De plus, dans la tradition méditerranéenne, la dépense du corps détermine une logique encore plus urgente : cris, gestes, éphémères ou ressassés, disent une culture de l’apparence, du contact, de la physiologie. En croisant ces deux réalités, des chercheurs venus d’horizons disciplinaires et épistémologiques différents (littérature, anthropologie, histoire de la médecine, création artistique) vont confronter leurs conclusions, non pas pour proposer des perspectives fragmentaires, mais plutôt pour saisir les usages sociaux du corps : le corps vécu dans la solitude, dans la famille, dans la collectivité. Le point de départ d’une telle réflexion se situe en Grèce, et aussi à Rome. En effet, à l’intérieur d’une cité soumise aux très fortes hiérarchies de la condition sociale, l’homme romain est d’abord un corps: sa vérité se déchiffre dans l’éclat du spectacle de son corps, édifié pour une visibilité immédiate. C’est pourquoi, Rome est un objet d’étude idéal pour le statut et la culture du corps. Nous avons choisi trois éclairages : les regards scientifiques, le corps vu par les poètes, et le corps anthropologique, vu à travers un décodage social. Après la Méditerranée antique, nous nous sommes intéressés à une Méditerranée plus contemporaine, qui est à la fois la même et une autre. Artistes et créateurs nous donnent à voir leurs idiosyncrasies, leurs représentations propres du corps, vécues à travers le prisme de leur imaginaire, mais en même temps ils s’inscrivent dans les grandes constellations mythiques que nous repérions dans le monde gréco-romain. Enfin, un dernier volet est consacré à une perspective plus comparatiste, permettant de mieux saisir certaines trajectoires et certains parcours, dans le temps et dans l’espace. L’enjeu de ce colloque est donc de produire un discours sur le corps dans tous ses états : face à la propreté, face à la maladie, face à la consommation, face à l’épargne, face à l’abstinence, face au désir, face à la spiritualité
La représentation du « couple » Virgile-Ovide dans la tradition culturelle de l'Antiquité à nos jours, 2015
Virgile et Ovide, l'indétrônable classique de la littérature latine et son meilleur lecteur, ... more Virgile et Ovide, l'indétrônable classique de la littérature latine et son meilleur lecteur, génial et insoumis, forment un des « couples » les plus féconds parmi ceux qui font fonction de véritables catégories de la réception au sein de l’histoire de la culture – Homère et Hésiode, Platon et Aristote, Léonard de Vinci et Michel Ange… Parmi ces auteurs, philosophes ou artistes dont la confrontation, sur le mode de la complémentarité ou du contraste, informe et inspire profondément cette histoire, Virgile et Ovide semblent avoir joué un rôle majeur. Contrairement à une doxa critique qui a longtemps prévalu, Virgile et Ovide n’ont pas toujours été considérés comme des « frères ennemis » que tout opposerait. La vision que l’on eut d’eux, et de leur relation, n’a cessé d’évoluer selon les genres, les pays, les époques et les goûts – au point qu’il leur arriva aussi d’être confondus. C’est à l’exploration de telles variations (et des constantes associées) et à une forme d’archéologie du modèle interprétatif constitué par les deux grands poètes que se livre cet ouvrage. Réunissant vingt contributions de spécialistes de littérature et d’histoire de l’art, de l’Antiquité à l’époque contemporaine, il propose un parcours qui ne se veut pas exhaustif, mais entend faire apprécier autrement le rayonnement d’un « couple » d’auteurs dont la confrontation a toujours été un puissant stimulus de la création littéraire et artistique, comme des débats critiques.Vergil and Ovid – the undefeated classic of Latine Literature and his best reader, genial and rebellious – are one of the most fertile ‘couples’ among those who can be considered as categories of reception in the History of Culture
Dans tous les textes grecs qui nous sont conservés, les premières occurrences du nom d’Orphée com... more Dans tous les textes grecs qui nous sont conservés, les premières occurrences du nom d’Orphée commencent au 6e siècle avant J.-C., chez les poètes Ibycos et Simonide. Mais c’est surtout aux siècles suivants qu’elles se multiplient et qu’elles s’étoffent. Les plus significatives se rencontrent chez Pindare, Eschyle, Euripide, Aristophane, Isocrate, Platon, Apollonios de Rhodes, Palaïphatos et Diodore de Sicile. Pindare (vers 528 - vers 438 avant J.-C.) Le poète s’intéresse exclusivement au mus..
L’Art d’aimer, c’est les Amours ou les Héroïdes réduits en théorie Ovide fut un grand poète, affi... more L’Art d’aimer, c’est les Amours ou les Héroïdes réduits en théorie Ovide fut un grand poète, affirmait naguère E. de Saint Denis,... dans la demi-poésie. Jugement péremptoire, et assez désobligeant, que le critique étaie par les conclusions qu’il a tirées de son analyse du livre xv des Métamorphoses : « Nous avons conclu que la poésie philosophique dépasse le génie d’Ovide, qui n’a pas su pénétrer jusqu’au cœur de l’idéalisme pythagoricien : qu’il est plus à l’aise dans la narration tragique,..
– Tenez, je vous rapporte votre Balzac, je n’ai pas pu le finir… C’est trop triste, il n’a que de... more – Tenez, je vous rapporte votre Balzac, je n’ai pas pu le finir… C’est trop triste, il n’a que des choses désagréables à vous dire, ce monsieur-là ! Et elle lui demanda des histoires où il y eut beaucoup d’amour, avec des aventures et des voyages dans des pays étrangers. C’est avec ces mots que, dans Pot-Bouille, Marie rend à Octave les livres qu’il lui avait prêtés, avant de (reprendre) « en regardant les livres qu’il lui prêtait de nouveau » : – Vous me fourr..
À l'objectif posé d'une mise en question « de la figure très particulière d'homme et ... more À l'objectif posé d'une mise en question « de la figure très particulière d'homme et d'auteur qu'Horace incarne dans ses satires », il est montré ici que le poète conforme sa persona à celle qu'exige le genre et que les différentes images de soi qu'il donne sont chargées d'implications poétiques : elles varient en fonction des genres pratiqués au point que l'identité de la personne qu'elles recouvrent, avec le genre de vie qu'elle pratique, a toutes les chances de nous échapper.
La métaphore du tressage, nous Le savons, n’est pas absente de l’œuvre de Properce. Dans un chapi... more La métaphore du tressage, nous Le savons, n’est pas absente de l’œuvre de Properce. Dans un chapitre antérieur, nous avons eu l’occasion de remarquer qu’elle apparaît, ajustée au registre élégiaque, dans un morceau brillant, manifestement imité de la Buc. 6 de Virgile. Cette métaphore réflexive, nous l’avons déjà constaté aussi, n’est pas isolée dans la poésie propertienne : notre Callimachus romanus, comme il se désigne lui-même, fait un usage abondant et varié de toutes celles qui, après le..
Le mythe de la double fondation Il y a bien longtemps que les critiques ont souligné la fréquence... more Le mythe de la double fondation Il y a bien longtemps que les critiques ont souligné la fréquence de la reprise, chez les Latins, du thème politique et poétique grec du protos ktistès. Selon l’époque, le genre littéraire ou l’intention, cette reprise s’exprime sous des formes poétiques extrêmement variées : simple transposition avec l’expression primus (inuentor), jeu étymologique à connotation politique avec l’emploi détourné de princeps, métaphore sociale avec celui de pater, sans compter d..
Virgile (70-19 avant J.-C.) Géorgiques, IV, 450-557 Le livre IV Le livre IV des Géorgiques de Vir... more Virgile (70-19 avant J.-C.) Géorgiques, IV, 450-557 Le livre IV Le livre IV des Géorgiques de Virgile traite de l’apiculture. Le mythe d’Orphée qui en forme le centre, correspond à une seconde rédaction du livre ; la première version, écrite en 29 av. J.-C., se terminait par un éloge de l’Egypte et du poète Cornelius Gallus. Or, en 32, Gallus, disgracié par Auguste, se tue. Virgile ne veut pas déplaire à l’Empereur et il remplace l’éloge de Gallus par le récit de la mort d’Eurydice* et du deu..
Du texte à l’idéologie Au cours des deux précédents chapitres, consacrés, pour l’essentiel, à la ... more Du texte à l’idéologie Au cours des deux précédents chapitres, consacrés, pour l’essentiel, à la notion d’opus textuel, nous nous sommes intéressé aux procédés de la réflexivité qui concernaient la nature des textes et cette enquête nous a conduit à mettre en évidence quelques-uns des modèles textuels auxquels les textes eux-mêmes avouaient se conformer. Dans ceux qui vont suivre, nous allons aborder le second volet du diptyque et tenter de cerner certaines des fonctions que ces représentatio..
Ce livre est né de la confrontation, a priori paradoxale, entre une théorie sémiotique contempora... more Ce livre est né de la confrontation, a priori paradoxale, entre une théorie sémiotique contemporaine (la réflexivité - ou l'autoréférence - textuelle) et un domaine de référence bien antérieur à son avènement (la poésie latine). Son premier devoir fut donc d'en fonder la légitimité. Ce fut chose aisée, car si la littérature réflexive, dont cette théorie est issue, est apparue au xxe siècle, la réflexivité en littérature est, elle, un phénomène beaucoup plus ancien, aussi ancien sans doute que la littérature elle-même, c'est-à-dire, dans notre tradition occidentale, que la poésie. Les « boucles de l'autoréférence », comme on les désigne parfois aujourd'hui, se déploient largement en effet dans la poésie antique. Le fait est évident s'agissant de ces « poèmes poétologiques » grecs qui ont pour sujet l'écriture d'un poème, voire la représentation de leur propre genèse ; il l'est aussi, bien que de façon plus discrète ou plus fugitive, pour un grand nombre d'œuvres de tous genres qui, tout à la fois, « disent et montrent qu'elles disent », au moyen des procédés les plus divers, au premier rang desquels figure l'allégorie. Sortie toute casquée d'une mère grecque, la poésie latine fut en ce domaine aussi son héritière ; et la naissance qu'elle raconte, la sienne, inclut cet héritage : car elle se dit voyageuse étrangère, venue de l'Orient pour s'installer en terre romaine, et fait de ce métissage originel l'instrument de son destin insigne et la marque indélébile de son identité.Based on the confluence of contemporary semiotic theory and a much older literary field, this book contributes to the study of the specific means of self-reference in Latin poetry
Dans toutes les œuvres qui nous sont parvenues, et notamment dans ses Florides, Apulée consacre d... more Dans toutes les œuvres qui nous sont parvenues, et notamment dans ses Florides, Apulée consacre de nombreux développements à la voix, que ce soit celle des animaux, celle de l'homme, celle de l'orateur ou, plus particulièrement celle, supérieure, du philosophe dont l'éloquence, selon lui, joint l'utile à l'agréable et « sait prendre tous les tons » ; et cette voix Apulée sait la faire entendre en même temps qu'il ne cesse de la décrire et de la commenter.
Page 1. Les Visages d'Orphée istoire des religions £ De PRESSES UNIVERSITAIRES Page 2. Page ... more Page 1. Les Visages d'Orphée istoire des religions £ De PRESSES UNIVERSITAIRES Page 2. Page 3. Page 4. Page 5. Les visages d'Orphée This One ■III LGYU-CEW-TL Page 6. Page 7. Annick Beague, Jacques Boulogne Alain ...
Après Saveurs, senteurs ; le goût de la Méditerranée, et Rythmes et Lumières de la Méditerranée, ... more Après Saveurs, senteurs ; le goût de la Méditerranée, et Rythmes et Lumières de la Méditerranée, l’Equipe d’Accueil VECT-Mare Nostrum de l’Université de Perpignan-Via Domitia poursuit son exploration des cinq sens avec le dernier volet de cette trilogie : Le Corps dans les cultures méditerranéennes. Cette recherche s’est concrétisée sous forme d’un colloque international qui a eu lieu à l’Université de Perpignan-Via Domitia, les 30-31 mars et 1er avril 2006, sous la présidence du Pr. Paul Veyne Dans une perspective comparatiste allant de l’Antiquité à nos jours, les participants se sont fixé comme enjeu de donner à voir cet imaginaire si riche du corps méditerranéen, dans des cultures qui allient paradoxalement une grande libération à un puritanisme tout aussi radical. Des veuves siciliennes aux orgies de Pétrone, qu’en est-il de ce corps méditerranéen à la fois caché et dévoilé, refoulé, fantasmé et exhibé ? Au coeur d’une époque marquée par le recours identitaire à des formes d’affirmation de soi sur son corps (vêtements trop courts ou trop longs, piercing, cheveux décolorés, tatouages, signes religieux ostensibles), il est important qu’une réflexion théorique et méthodologique se mette en place à propos du corps. De plus, dans la tradition méditerranéenne, la dépense du corps détermine une logique encore plus urgente : cris, gestes, éphémères ou ressassés, disent une culture de l’apparence, du contact, de la physiologie. En croisant ces deux réalités, des chercheurs venus d’horizons disciplinaires et épistémologiques différents (littérature, anthropologie, histoire de la médecine, création artistique) vont confronter leurs conclusions, non pas pour proposer des perspectives fragmentaires, mais plutôt pour saisir les usages sociaux du corps : le corps vécu dans la solitude, dans la famille, dans la collectivité. Le point de départ d’une telle réflexion se situe en Grèce, et aussi à Rome. En effet, à l’intérieur d’une cité soumise aux très fortes hiérarchies de la condition sociale, l’homme romain est d’abord un corps: sa vérité se déchiffre dans l’éclat du spectacle de son corps, édifié pour une visibilité immédiate. C’est pourquoi, Rome est un objet d’étude idéal pour le statut et la culture du corps. Nous avons choisi trois éclairages : les regards scientifiques, le corps vu par les poètes, et le corps anthropologique, vu à travers un décodage social. Après la Méditerranée antique, nous nous sommes intéressés à une Méditerranée plus contemporaine, qui est à la fois la même et une autre. Artistes et créateurs nous donnent à voir leurs idiosyncrasies, leurs représentations propres du corps, vécues à travers le prisme de leur imaginaire, mais en même temps ils s’inscrivent dans les grandes constellations mythiques que nous repérions dans le monde gréco-romain. Enfin, un dernier volet est consacré à une perspective plus comparatiste, permettant de mieux saisir certaines trajectoires et certains parcours, dans le temps et dans l’espace. L’enjeu de ce colloque est donc de produire un discours sur le corps dans tous ses états : face à la propreté, face à la maladie, face à la consommation, face à l’épargne, face à l’abstinence, face au désir, face à la spiritualité
La représentation du « couple » Virgile-Ovide dans la tradition culturelle de l'Antiquité à nos jours, 2015
Virgile et Ovide, l'indétrônable classique de la littérature latine et son meilleur lecteur, ... more Virgile et Ovide, l'indétrônable classique de la littérature latine et son meilleur lecteur, génial et insoumis, forment un des « couples » les plus féconds parmi ceux qui font fonction de véritables catégories de la réception au sein de l’histoire de la culture – Homère et Hésiode, Platon et Aristote, Léonard de Vinci et Michel Ange… Parmi ces auteurs, philosophes ou artistes dont la confrontation, sur le mode de la complémentarité ou du contraste, informe et inspire profondément cette histoire, Virgile et Ovide semblent avoir joué un rôle majeur. Contrairement à une doxa critique qui a longtemps prévalu, Virgile et Ovide n’ont pas toujours été considérés comme des « frères ennemis » que tout opposerait. La vision que l’on eut d’eux, et de leur relation, n’a cessé d’évoluer selon les genres, les pays, les époques et les goûts – au point qu’il leur arriva aussi d’être confondus. C’est à l’exploration de telles variations (et des constantes associées) et à une forme d’archéologie du modèle interprétatif constitué par les deux grands poètes que se livre cet ouvrage. Réunissant vingt contributions de spécialistes de littérature et d’histoire de l’art, de l’Antiquité à l’époque contemporaine, il propose un parcours qui ne se veut pas exhaustif, mais entend faire apprécier autrement le rayonnement d’un « couple » d’auteurs dont la confrontation a toujours été un puissant stimulus de la création littéraire et artistique, comme des débats critiques.Vergil and Ovid – the undefeated classic of Latine Literature and his best reader, genial and rebellious – are one of the most fertile ‘couples’ among those who can be considered as categories of reception in the History of Culture
Dans tous les textes grecs qui nous sont conservés, les premières occurrences du nom d’Orphée com... more Dans tous les textes grecs qui nous sont conservés, les premières occurrences du nom d’Orphée commencent au 6e siècle avant J.-C., chez les poètes Ibycos et Simonide. Mais c’est surtout aux siècles suivants qu’elles se multiplient et qu’elles s’étoffent. Les plus significatives se rencontrent chez Pindare, Eschyle, Euripide, Aristophane, Isocrate, Platon, Apollonios de Rhodes, Palaïphatos et Diodore de Sicile. Pindare (vers 528 - vers 438 avant J.-C.) Le poète s’intéresse exclusivement au mus..
L’Art d’aimer, c’est les Amours ou les Héroïdes réduits en théorie Ovide fut un grand poète, affi... more L’Art d’aimer, c’est les Amours ou les Héroïdes réduits en théorie Ovide fut un grand poète, affirmait naguère E. de Saint Denis,... dans la demi-poésie. Jugement péremptoire, et assez désobligeant, que le critique étaie par les conclusions qu’il a tirées de son analyse du livre xv des Métamorphoses : « Nous avons conclu que la poésie philosophique dépasse le génie d’Ovide, qui n’a pas su pénétrer jusqu’au cœur de l’idéalisme pythagoricien : qu’il est plus à l’aise dans la narration tragique,..
– Tenez, je vous rapporte votre Balzac, je n’ai pas pu le finir… C’est trop triste, il n’a que de... more – Tenez, je vous rapporte votre Balzac, je n’ai pas pu le finir… C’est trop triste, il n’a que des choses désagréables à vous dire, ce monsieur-là ! Et elle lui demanda des histoires où il y eut beaucoup d’amour, avec des aventures et des voyages dans des pays étrangers. C’est avec ces mots que, dans Pot-Bouille, Marie rend à Octave les livres qu’il lui avait prêtés, avant de (reprendre) « en regardant les livres qu’il lui prêtait de nouveau » : – Vous me fourr..
À l'objectif posé d'une mise en question « de la figure très particulière d'homme et ... more À l'objectif posé d'une mise en question « de la figure très particulière d'homme et d'auteur qu'Horace incarne dans ses satires », il est montré ici que le poète conforme sa persona à celle qu'exige le genre et que les différentes images de soi qu'il donne sont chargées d'implications poétiques : elles varient en fonction des genres pratiqués au point que l'identité de la personne qu'elles recouvrent, avec le genre de vie qu'elle pratique, a toutes les chances de nous échapper.
La métaphore du tressage, nous Le savons, n’est pas absente de l’œuvre de Properce. Dans un chapi... more La métaphore du tressage, nous Le savons, n’est pas absente de l’œuvre de Properce. Dans un chapitre antérieur, nous avons eu l’occasion de remarquer qu’elle apparaît, ajustée au registre élégiaque, dans un morceau brillant, manifestement imité de la Buc. 6 de Virgile. Cette métaphore réflexive, nous l’avons déjà constaté aussi, n’est pas isolée dans la poésie propertienne : notre Callimachus romanus, comme il se désigne lui-même, fait un usage abondant et varié de toutes celles qui, après le..
Le mythe de la double fondation Il y a bien longtemps que les critiques ont souligné la fréquence... more Le mythe de la double fondation Il y a bien longtemps que les critiques ont souligné la fréquence de la reprise, chez les Latins, du thème politique et poétique grec du protos ktistès. Selon l’époque, le genre littéraire ou l’intention, cette reprise s’exprime sous des formes poétiques extrêmement variées : simple transposition avec l’expression primus (inuentor), jeu étymologique à connotation politique avec l’emploi détourné de princeps, métaphore sociale avec celui de pater, sans compter d..
Virgile (70-19 avant J.-C.) Géorgiques, IV, 450-557 Le livre IV Le livre IV des Géorgiques de Vir... more Virgile (70-19 avant J.-C.) Géorgiques, IV, 450-557 Le livre IV Le livre IV des Géorgiques de Virgile traite de l’apiculture. Le mythe d’Orphée qui en forme le centre, correspond à une seconde rédaction du livre ; la première version, écrite en 29 av. J.-C., se terminait par un éloge de l’Egypte et du poète Cornelius Gallus. Or, en 32, Gallus, disgracié par Auguste, se tue. Virgile ne veut pas déplaire à l’Empereur et il remplace l’éloge de Gallus par le récit de la mort d’Eurydice* et du deu..
Du texte à l’idéologie Au cours des deux précédents chapitres, consacrés, pour l’essentiel, à la ... more Du texte à l’idéologie Au cours des deux précédents chapitres, consacrés, pour l’essentiel, à la notion d’opus textuel, nous nous sommes intéressé aux procédés de la réflexivité qui concernaient la nature des textes et cette enquête nous a conduit à mettre en évidence quelques-uns des modèles textuels auxquels les textes eux-mêmes avouaient se conformer. Dans ceux qui vont suivre, nous allons aborder le second volet du diptyque et tenter de cerner certaines des fonctions que ces représentatio..
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