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Universités à Louvain

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Universités à Louvain
Histoire
Fondation
1425 : Université de Louvain, supprimée en 1797.
1817 : Université d'État de Louvain, supprimée en 1835.
1834 : Université catholique fondée à Malines devenue en 1835 Université catholique de Louvain.
1981 : Faculté de théologie évangélique de Louvain.
Statut
Type
Aspect de l'histoire (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Pays
Belgique
Ville
Louvain
Armoiries de l'ancienne université de Louvain (1425-1797).

La ville de Louvain, dans l'ancien duché de Brabant, fut à partir de 1425 et de façon presque ininterrompue, le siège d'une université, laquelle lui assura sa prospérité au cours des siècles. Cette université exista sous trois formes, institutionnellement distinctes[1]. L'ancienne Université de Louvain, fondée en 1425, fut supprimée en 1797, sous le régime français. En réponse à la demande de son rétablissement, l'université d'État de Louvain, où plusieurs professeurs de l'ancienne université reprirent leur enseignements, fut établie en ses murs en 1817, sous le régime hollandais, puis, après l'indépendance du pays, fut supprimée en 1835. Enfin la nouvelle Université catholique fondée à Malines en 1834, sollicitée par la municipalité de Louvain après la suppression de l'université d'État, s'y établit à son tour en 1835, comme Université catholique de Louvain, dans la continuité voulue de la première. Après le départ de Louvain de l'aile francophone de cette université (1968-1979; voir UCLouvain), y demeure celle qui se nomme aujourd'hui KU Leuven (Katholieke Universiteit Leuven), tandis que la ville a aussi vu la fondation d'un collège universitaire et d'une faculté de théologie protestante en 1981.

Université de Louvain

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En 1425 : l'Université de Louvain ou Studium Generale Lovaniense ou Universitas studiorum Lovaniensis, fut fondée par un prince français[2], Jean de Bourgogne (Jean IV duc de Brabant), avec le consentement du pape Martin V. Cette université, comme toutes les autres universités de la République Française qui avait entrepris la modernisation de l'enseignement public, a été supprimée officiellement, sous le Directoire, par décret du département de la Dyle du , pris en application de la loi du qui supprimait tous les collèges et universités de la République. Son successeur officiel a été l'École centrale de Bruxelles. L'ancienne université de Louvain, de Baïus et Jansénius, qui en furent tous deux recteurs, jusqu'à Pierre Stockmans, Néercassel, Josse Le Plat et surtout le fameux Van Espen et son disciple Febronius, fut jusqu'à la fin de l'Ancien régime, le grand centre doctrinal du jansénisme en Europe. L'ancienne université de Louvain était une institution officielle[3], indépendante des évêques[4], ne relevant que de ses propres tribunaux[5], « elle formait », comme l'écrit Van Even, « dans le duché de Brabant, une petite république libre et indépendante, régie par des lois particulières »[6] et dont le corps professoral était en grande partie nommé et rémunéré par le pouvoir civil[7], le reste étant à la collation de la Faculté des arts[8].

  • en 1517, le Collegium Trilingue institut universitaire, fut une institution humanistique à l'origine indépendante de l'Université, mais intégrée ensuite parmi les divers collegia formant l'institution.

Université d'État de Louvain

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En 1817, fondation de l'université d'État de Louvain. Cette université, où plusieurs professeurs de l'ancienne université de Louvain ont enseigné[9], faisant ainsi un pont et un lien avec l'ancienne université[10], et dont l'existence était peu connue voire un sujet tabou[11], a été supprimée officiellement par la loi du 27 septembre 1835, et a fermé ses portes le [12].

L'université d'État de Louvain, qui a formé plus de 8 000 étudiants, fut, selon les recherches d'Arlette Graffart, une université ayant donné un enseignement de qualité[13]. Ceci contredisant l'opinion de deux professeurs de l'université catholique de Louvain, le chanoine Roger Aubert et Léon van der Essen. En effet, d'après ce dernier, l'Université d'État de Louvain est un « véritable avorton »[14]. Quant au chanoine Roger Aubert, il affirme que « dans l'ensemble, l'apport scientifique de ces professeurs, trop peu nombreux et accablés par leur charge d'enseignement, fut très pauvre, comme ce fut du reste le cas à Liège et à Gand »[15]. Et pourtant, selon les conclusions d'Arlette Graffart « l'enseignement fourni par cette université "qui ne trompa personne" et sur laquelle le discrédit fut jeté par les partisans de la fondation d'une université catholique, ne devait pas être aussi déplorable que certains le firent croire à l'époque »[16].

Université catholique de Louvain

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Livre publié pour célébrer le 25ème anniversaire de la fondation de l'Université catholique de Louvain le 3 novembre 1859.
75e anniversaire de la réinstallation de l'université catholique de Louvain 1834-1909, médaille bronze, 60 mm, signée Frantz Vermeylen.
Revers de la médaille, la grande et belle salle des pas-perdus des Halles de Louvain.

En 1835, la nouvelle université catholique de Belgique dite université catholique de Malines, fondée en 1834 à Malines par les évêques de Belgique, suivant une bulle du pape Grégoire XVI, s'installa à Louvain et prit le nom d'université catholique de Louvain. Cette nouvelle université libre et privée, fondée par les évêques de Belgique par bref[17] du de Grégoire XVI, dans l'esprit des universités grégoriennes[18] de la reconquête catholique entreprise par ce pape, et dont la direction était composée uniquement d'ecclésiastiques mais dont le corps professoral était formé de nombreux savants de renom, régnicoles ou étrangers, principalement allemands[19], est placée sous la direction et l'autorité directe des évêques de Belgique.

Faculté de théologie évangélique de Louvain

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En 1981, fut fondée à Louvain (Heverlee), la Faculté de théologie évangélique de Louvain (Evangelische Theologische Faculteit Leuven) une faculté universitaire protestante privée délivrant les diplômes de bachelier, de maître et de docteur en théologie, ayant son origine dans l'Institut biblique belge fondé à Bruxelles en 1919.

Notes et références

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  1. Cf. ainsi le classement des archives des trois institutions successives Archives de et concernant "les universités de Louvain" : « BE A4006 CO 003. Archives de et concernant "les universités de Louvain". Portée et contenu : Cette importante collection comprend des documents issus de l'activité des universités dont le siège était à Louvain (Leuven) puis Louvain-la-Neuve, à savoir : l'Université de Louvain, l'Université d'État de Louvain et l'Université catholique de Louvain francophone ».
  2. Rappelons ici que la France était à l'époque le grand centre des universités nouvelles, stolons de celle de Paris. La tradition ancienne reprise par les Délices des Pays-Bas, indique uniquement Jean IV de Brabant comme « fondateur » de l'université de Louvain et ajoute « avec le consentement du pape Martin V ». L'on cite également comme cofondateurs les ministres du duc Englebert de Nassau et Émond de Dynter, qui répondaient ainsi à une demande collective de la ville de Louvain ruinée et au désir du duc de former ses propres élites administratives hors de l'influence de ses adversaires de la maison de Valois. Lire : Collectif (Jan Roegiers et alii), « The Old University 1425-1797 », dans Leuven University, Louvain, éd. Leuven University Press, 1990, p. 21 : « These universities (= les universités médiévales) were created either by sovereign princes or by towns, and were confirmed by the Pope » et « The foundation of Louvain was the work of both ducal and municipal authorities. John IV, the Duke of Brabant, encouraged by two of his concillors, Engelbert van Nassau and Edmund van Dynter, strongly favoured the establishment of a higher centre of learning in his dukedom. »
  3. Arrêt de la Cour d'appel de 1844 : La Belgique judiciaire, 28 juillet 1844 no 69, p. 1 : « Cour d’Appel de Bruxelles. Deuxième chambre. L'université libre de Louvain ne représente pas légalement l’antique université de cette ville. Attendu que cette université (l’ancienne Université de Louvain), instituée par une bulle papale, de concert avec l'autorité souveraine, formait un corps reconnu dans l'État, ayant différentes attributions, dont plusieurs même lui étaient déléguées par le pouvoir civil » et Jan Roegiers, « Was de oude Universiteit Leuven een Rijksuniversiteit ? », dans : Archief-en bibliotheekwezen in België, 1990, p. 545.
  4. Arlette Graffart, "La matricule de l'Université de Louvain (1817-1835)", dans Album Carlos Wyffels, Bruxelles, 1987, p. 177 : « En effet, l'ancienne université de Louvain fut créée au XVe siècle d'un commun accord par les pouvoirs publics (le duc Jean IV et la ville de Louvain) et le Saint-Siège, sans intervention de l'épiscopat ni du clergé local ».
  5. Edward Van Even, Louvain dans le passé et le présent, Louvain : Aug. Fonteyn, 1895, p. 557 : « Toute la juridiction, tant criminelle que correctionnelle, lui ( = le recteur) était confiée. Mais il usait de son pouvoir avec modération, n'appliquant que très rarement des peines infamantes ou afflictives. D'ordinaire le coupable était puni d'une amende plus ou moins forte, d'un jeune de quelques jours au pain et à l'eau ou d'un emprisonnement de quelques jours ».
  6. Edward Van Even, Louvain dans le passé et le présent, Louvain : Aug. Fonteyn, 1895, p. 557.
  7. Edward Van Even, op. cit., p. 559 : « Les professeurs de l'Université étaient au nombre de cinquante-huit ; (....). De ces cinquante-huit chaires, quatorze étaient laissées à la nomination du souverain, savoir : quatre de théologie, une de droit canon, deux de droit civil, une de droit public, quatre de médecine, une de mathématiques et une de langue française. Les autres chaires avaient différents collateurs ; cependant les principales étaient conférées par l'autorité communale de Louvain »
  8. Journal général de l'instruction publique et des cultes, vol. 13, n° 23, 20 mars 1844, p. 179 : (concerne l'Université de Louvain) « Le gouvernement avait le droit de nomination à plusieurs chaires ; le magistrat de Louvain nommait aussi à quelques-unes ; la Faculté des arts faisait les autres nominations. Le nombre total des professeurs s'élevait alors à 58 ».
  9. Comme les anciens professeurs de l'ancienne université de Louvain, Jean Philippe Debruyn, Étienne Heuschling, dernier professeur encore vivant du Collège des trois langues, Xavier Jacquelart, Jean-Baptiste Liebaert, Guillaume Joseph van Gobbelschroy, Ferdinand Sentelet. Toutefois, aucun des professeurs de l'ancienne université de Louvain n'a enseigné ni dans la nouvelle Université catholique de Malines, devenue ensuite Université catholique de Louvain.
  10. Comme le dit Arlette Graffart, "La matricule de l'Université de Louvain (1817-1835)", dans Album Carlos Wyffels, Bruxelles, 1987, p. 177 : « qu'était cette institution d'enseignement supérieur si souvent dépréciée ? », selon elle d'ailleurs, l'université d'État de Louvain mérite bien plus que l'université catholique de Louvain d'être considérée comme la « résurrection » de l'ancienne université de Louvain : « elle seule et non point celle qui vit le jour en 1834 à l'initiative des évêques de Belgique, c'est-à-dire l'université catholique de Malines devenue de Louvain l'année suivante. En effet, l'ancienne université de Louvain fut créée au XVe siècle d'un commun accord par les pouvoirs publics (le duc Jean IV et la ville de Louvain) et le Saint-Siège, sans intervention de l'épiscopat ni du clergé local ».
  11. Comme l'écrit Geertrui Couderé, "De studenten aan de Rijksuniversiteit Leuven (1817-1835)", dans Liber amicorum Dr J. Scheerder, Louvain, 1987, p. 241: « le fait qu'il y eut jadis une université d'État à Louvain est pour beaucoup une chose inconnue », (« Maar dat er te Leuven ooit een Rijksuniversiteit heeft bestaan is voor velen steeds een onbekend feit. ») et p. 259 : (« de oorzaak dat de Rijksuniversiteit lange tijd in de taboesfeer verbleef » "la cause qu'elle est restée longtemps dans la sphère du tabou").
  12. Arlette Graffart, "La matricule de l'Université de Louvain (1817-1835)", dans : Album Carlos Wyffels, Bruxelles, 1987, p. 181 : « Elle ferma ses portes le 15 août 1835. »
  13. Arlette Graffart, "La matricule de l'Université de Louvain (1817-1835)", dans Album Carlos Wyffels, Bruxelles, 1987, p. 182: « En ce qui concerne la qualité de l'enseignement (N. B. prétendument médiocre, voir supra dans son article), nous pensons avoir suffisamment apporté la preuve du contraire lorsque nous avons retracé les grandes lignes de la carrière réalisée par certains élèves de cette institution ».
  14. Léon Van der Essen, L'université de Louvain, Liège, La pensée catholique, 1927, p. 30 :« l'université d'État, véritable avorton que Guillaume Ier de Hollande avait créé en 1816 dans la vieille cité universitaire ».
  15. Chanoine Roger Aubert, « Une université d'État à l'époque des Pays-Bas réunis », dans : L'Université catholique de Louvain. Vie et mémoire d'une institution, Bruxelles : La Renaissance du Livre, 1993, p. 78.
  16. Arlette Graffart, "La matricule de l'Université de Louvain (1817-1835)", dans Album Carlos Wyffels, Bruxelles, 1987, p. 178.
  17. Edward van Even, Louvain dans le passé et dans le présent, Louvain, 1895, p. 606 : « Par lettre collective du 14 novembre 1833, le corps épiscopal s'adressa à Grégoire XVI, à l'effet d'obtenir l'autorisation nécessaire pour ouvrir l'école. Cette autorisation fut octroyée par un bref du 13 décembre suivant. Une circulaire épiscopale, datée du 20 février 1834, annonça aux fidèles la fondation d'une Université catholique »
  18. R. Mathes, Löwen und Rom. Zur Gründung der Katholischen Universität Löwen unter besonderer Berücksichtigung der Kirchen-und Bildungspolitik Papst Gregors XVI, Essen, 1975.
  19. Chanoine Roger Aubert, "L'Université catholique de 1834 à 1968", dans : L'Université catholique de Louvain. Vie et mémoire d'une institution, Bruxelles, 1993, p. 103: « On croit souvent qu'à l'université catholique une bonne partie des enseignants étaient des ecclésiastiques, mais exception faite de la faculté de Théologie, ils n'étaient que trois sur quarante en 1840, tous membres de la faculté de Philosophie et Lettres » et ibidem, p. 104 : « dès 1834, Mgr de Ram, soucieux de l'image de marque de son université, s'était efforcé de recruter un corps académique de valeur en faisant largement appel à des savants étrangers, surtout allemands ».