Théorème de l'image ouverte
En mathématiques, et plus précisément en analyse complexe, le théorème de l'image ouverte affirme que les fonctions holomorphes non constantes sont ouvertes.
Énoncé
[modifier | modifier le code]Soit U un ouvert connexe[1] du plan complexe C et f : U → C une fonction holomorphe non constante ; alors f est une application ouverte, c'est-à-dire qu'elle envoie les sous-ensembles ouverts de U vers des ouverts de C.
Démonstration
[modifier | modifier le code]Nous voulons montrer que tout point de f(U) est intérieur, autrement dit est contenu dans un disque inclus dans f(U). Soit w0 = f(z0) un point arbitraire de f(U) (avec z0 dans U). U étant ouvert, il existe d > 0 tel que B, le disque fermé de centre z0 et de rayon d, soit inclus dans U. f étant non constante sur U et U étant connexe, f est non constante sur B[2]. La fonction g(z) = f(z) – w0 est analytique non constante, et admet z0 comme racine ; d'après le principe des zéros isolés, nous pouvons donc choisir d pour que g n'ait pas d'autres racines dans B. Soit alors e le minimum de |g(z)| pour z sur le cercle frontière de B[3], et soit D le disque de centre w0 et de rayon e. D'après le théorème de Rouché, la fonction g(z) = f(z) – w0 a le même nombre de racines (comptées avec multiplicités) dans B que f(z) – w pour tout w à une distance strictement inférieure à e de w0. Ainsi, pour chaque w dans D, il existe au moins un z1 dans B tel que f(z1) = w. Le disque D est donc contenu dans f(B), sous-ensemble de f(U) ; w0 est donc un point intérieur de f(U).
Il est également possible[4] de démontrer ce théorème sans théorie de l'intégration, à partir du théorème du point fixe de Brouwer, ou plus simplement encore à partir du théorème du point fixe de Banach/Picard.
Remarques
[modifier | modifier le code]Ce théorème est un exemple des importantes différences entre les applications holomorphes et les fonctions R-différentiables de C vers C : la fonction de variable complexe z ↦ z z est R-différentiable et de classe C∞, mais n'est clairement pas ouverte. Elle n'est même pas ouverte comme application de C dans R puisque son image est l'intervalle fermé [0, +∞[. De même, il n'y a pas d'équivalent pour les fonctions de variable réelle.
Généralisation à plusieurs variables
[modifier | modifier le code]Le théorème de l'image ouverte reste valable pour les fonctions holomorphes à plusieurs variables : on remplace simplement dans l'énoncé U par un ouvert connexe de Cn. La preuve[5] consiste à se ramener au cas d'une variable en traçant la droite (complexe) passant par deux points ayant des valeurs différentes par f.
Applications
[modifier | modifier le code]- Le théorème fondamental de l'algèbre se déduit directement du théorème de l'application ouverte[4] : d'après le théorème de l'application ouverte, l'image de tout polynôme non constant est un ouvert de ; il ne reste plus qu'à montrer que est un fermé de , et la connexité de permettra de conclure que , et donc que .
- Le principe du maximum des fonctions holomorphes peut se déduire aisément du théorème de l'application ouverte. En effet, si f : U → C est une application holomorphe non constante sur un ouvert connexe U de Cn, alors pour tout point z0 de U, l'image par f de tout voisinage ouvert de z0 est un voisinage ouvert W de f(z0) dans C. De par la topologie de C, |f(z0)| n'est pas un maximum de l'ensemble des |w| pour w parcourant W. Donc |f(z0)| n'est pas un maximum local. Le même raisonnement tient pour Re(f(z)) à la place de |f(z)|.
Notes
[modifier | modifier le code]- L'hypothèse de connexité est nécessaire. En effet, si U n'est pas connexe, une fonction constante sur une composante connexe et non constante sur les autres composantes n'est pas globalement constante, et elle n'est pas ouverte.
- D'après les propriétés des fonctions analytiques, par exemple par unicité du prolongement analytique.
- e existe et est strictement positif, car cette fonction est continue et la frontière de B est compacte.
- (en) Daniel Reem, « The open mapping theorem and the fundamental theorem of algebra », Fixed point theory 9 (2008), (lire en ligne)
- Ludger Kaup, Burchard Kaup, Holomorphic functions of several variables:an introduction to the fundamental theory. Walter de Gruyter, 1983, Theorem 6.3
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Open mapping theorem (complex analysis) » (voir la liste des auteurs).
- Walter Rudin, Analyse réelle et complexe [détail des éditions]