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René Desvignes

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René Desvignes
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 35 ans)
GardelegenVoir et modifier les données sur Wikidata
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Distinctions
Archives conservées par
Service historique de la Défense - site de Vincennes (d) (GR 16 P 181369)Voir et modifier les données sur Wikidata

Jean Marie Philibert alias René Desvignes, né le à Saint-Léger-sous-Beuvray et mort le à Gardelegen, est un gendarme et résistant mort pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale lors du massacre de Gardelegen.

Jean Marie Philibert dit René Desvignes naît le [1] à Saint-Léger-sous-Beuvray. Il est le fils de François Desvignes, cordonnier et de Valérie Reboulet, lavandière. Son père, qui a été blessé alors qu'il servait au régiment d'infanterie d'Autun durant la Première guerre mondiale, meurt prématurément le 9 juin 1928.

Il commence sa carrière comme cordonnier à Saint-Léger-sous-Beuvray à la suite de son père. Il y rencontre Mathilde Gabrielle Demizieux qu'il épouse le à Poil. De cette union naissent deux garçons et deux filles.

Entrée dans la gendarmerie

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René Desvignes entre dans la garde républicaine mobile en 1937[2] et participe notamment à une opération de maintien de l'ordre en Tunisie d'avril à mai 1938.

Seconde Guerre mondiale

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Campagne de 1939-1940

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Il participe à la Bataille de France dans une unité combattante. Fait prisonnier, il est interné en Suisse le et libéré le .

René Desvignes (à gauche) emprisonné à Lucerne en 1940

Retour en France et entrée dans la Résistance

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À sa libération, la garde républicaine mobile a été dissoute. Il entre donc dans la gendarmerie départementale (« la blanche ») et est envoyé à la brigade d'Orgelet.

Patriote ardent, il entre dans la Résistance qui est très active dans le Jura durant l’Occupation[3].

Albert Collome, chef de secteur de la Résistance d'Orgelet indique que René Desvignes a servi « en qualité d'agent de renseignements et de liaison entre le commandement et les groupes de la région (...) son activité a été particulièrement appréciée au cours de l'année 1943, et jusqu'au jour de sa déportation en avril 1944 ».

Son camarade de la brigade d'Orgelet Jean Gousset le décrit comme « un bon Résistant » et ajoute que « son dévouement était très apprécié par le commandement de la Résistance ».

Déportation

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Arrestation par la Gestapo

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Le le pays est cerné par les hommes de la Gestapo de Lyon dont le chef est Francis André. Il est dénoncé et arrêté par 5 hommes en civil le 15[4].

D'abord emprisonné à Montluc, il est envoyé à Paris où il est interrogé par le Befehlshaber der Sicherheitspolizei (BdS) qui décide de le déporter[4].

Déportation en Allemagne

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Transféré à Compiègne, il reçoit le matricule 51 688 et part le dans le convoi no I.211[5]. Dans ce train sont entassés 2 073 prisonniers, presque tous français. La moitié sont des Résistants, les autres sont des victimes de rafles de représailles. 14 personnes meurent durant le trajet.

Le convoi arrive à Buchenwald le . Desvignes reçoit le triangle rouge des déportés politiques (Schutzhaft, politisch) et est placé dans une des quelques tentes qui ont été dressés et qui ont pris le nom de « petit camp ». Le , le médecin du camp le déclare apte au travail et au transport.

Le , il est déplacé au village d'Ellrich où il est affecté au kommando de la « IV. SS-Baubrigade » (« bloc 17 »). À Ellrich, les prisonniers étaient logés dans une ancienne auberge appelée « Bürgergarten ». Ces déportés sont forcés de travailler sur les chantiers de construction de la ligne de chemin de fer « Helmetalbahn ». Le , la IV. SS-Baubrigade est rattachée à Mittelbau-Dora.

Lorsque les camps de Dora sont évacués au début d’avril 1945, il est placé avec des milliers de détenus faibles et invalides ainsi que des détenus juifs dans un train censé les emmener au Nord de l’Allemagne. Toutefois, des raids aériens font changer le convoi de direction à plusieurs reprises.

Le train finit par arriver dans la ville de Mieste, à 15 kilomètres de Gardelegen. Les prisonniers arrivent au petit matin du dans cette ville. Y sont regroupés des prisonniers provenant de divers sous-camps de Mittelbau-Dora et du camp de Hanovre-Stöcken, Ils sont enfermés dans la « Remonteschule », une caserne de cavalerie.

Dans la soirée du , ils sont déplacés à la périphérie de la ville. Plus de 1 000 hommes, dont René, sont enfermés dans une grange du domaine d'Isenschnibbe (« Isenschnibber Feldscheune »). Les SS, avec l’aide des soldats de la Wehrmacht, des « Reichsarbeitsdienst », des membres du « Volkssturm » et d’autres organisations nationales-socialistes y mettent le feu et tirent sur les prisonniers qui tentent de s’échapper. Georges Cretin, un des seuls rescapés de ce massacre rapporte que René est grièvement blessé par une balle et s'effondre en criant « Vive la France ! »[7].

Le 15, les soldats américains de la 102e division d'infanterie qui découvrent les ruines de la grange et le millier de cadavres. Ils obligent les habitants à défiler devant les corps et à donner une sépulture convenable aux victimes. Le corps de René est identifié grâce à son matricule, Georges Cretin ajoute que son visage n'est pas brûlé.

Il est d'abord inhumé au cimetière de Gardelegen entre le 21 au , tombe A 102, rangée no 24. Après les recherches menées pour retracer sa captivité, sa dépouille est rapatriée plusieurs années après sa mort.


Reconnaissance

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Sa dépouille rapatriée reçoit les honneurs militaires : un discours est prononcé par le capitaine Cloiseau commandant la brigade du Creusot devant des délégations de gendarmes venues d’Autun, d’Étang, de Lucenay, d’Epinac et la brigade de Saint-Léger au complet.

Distinctions

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René Desvignes a reçu les décorations suivantes :


Notes et références

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  1. Archives départementales de Saône-et-Loire
  2. Cahier d'élève garde daté de l'année 1937 (archives familiales)
  3. « Desvignes Jean Marie », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr, Titres, homologations et services pour faits de résistance - Mémoire des hommes (consulté le )
  4. a et b Arolsen archives / International Center on Nazi Persecution
  5. « Fondation pour la mémoire de la déportation »
  6. André Sellier Vingtième Siècle. Revue d'histoire Année 1999 61 pp. 102-110, « L'évacuation de Dora et la tragédie de Gardelegen à propos du livre de Goldhagen. Vingtième Siècle. Revue d'histoire. Année 1999 61 pp. 102-110 »
  7. « Témoignage de Georges Cretin, Le Serment no 94 (3e trimestre 1973). »

Articles connexes

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Liens externes

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