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Pronunciamiento de Riego

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Le pronunciamiento de Riego est un pronunciamiento mené par le lieutenant-colonel Rafael del Riego en 1820, qui constitue le déclencheur de la révolution de 1820 en Espagne.

Il fut lancé depuis la localité de Las Cabezas de San Juan, dans la province de Séville, sous l’impulsion d’un petit groupe d'officiers qui réclamaient le rétablissement de la Constitution de Cadix contre le roi Ferdinand VII, qui avait restauré l’absolutisme en Espagne à l’issue de la guerre d'indépendance espagnole. Après presque deux mois d'indécision[1], il rencontra un grand écho populaire et fut couronné de succès, l’Armée ne réagissant pas en défense du gouvernement[2],[3]. À son issue, Riego fut promu général — comme les autres officiers participants à l’insurrection — et il deviendra un héros national de la révolution libérale[4].

C’est l’évènement qui établit, en Espagne comme à l'étranger, l'emploi du terme de « pronunciamiento » — tiré du discours tenu par Riego et Quiroga prononcé le jour de l’insurrection — pour désigner ce type d'intervention militaire[5],[6], dont il constitue un exemple paradigmatique[7],[8]. Ce pronunciamiento par excellence satisfait en effet aux « trois prémisses indispensables » : « l'éloignement de la capitale, la lecture d’une déclaration solennelle [bando] ou d’un manifeste et l’existence d'un meneur [caudillo] »[9].

Il eut pour autre conséquence la perte d'une grande partie de l'Empire espagnol en Amérique, en raison de la dissolution de la flotte et de l'armée d'Outremer[10].

L'insurrection commença le 1er janvier sous l'impulsion de Riego qui dirigeait une partie des troupes de la Grande Expédition Outre-Mer qui allaient s'embarquer à Cadix pour réprimer les soulèvements dans les colonies américaines. Ce fut dans un premier temps un échec — les troupes de Riego parcoururent l'Andalousie pendant près de deux mois sans que d'autres garnisons ou unités militaires ne les rejoignent — mais début mars, alors qu'elles croyaient que tout était perdu, elles apprirent que Ferdinand VII avait juré le Constitution après que le gouvernement absolutiste eut échoué à mettre fin aux soulèvements d'autres garnisons de la périphérie qui avaient suivi l'exemple de Riego. Ainsi commença le triennat libéral au cours duquel l'Espagne fut gouvernée par une monarchie constitutionnelle.

Le pronunciamiento de Riego, dont les principaux instigateurs étaient Antonio Alcalá Galiano et Juan Álvarez Mendizábal, est lié aux cinq tentatives précédentes des libéraux espagnols pour mettre fin à l'absolutisme de Ferdinand VII depuis 1814[11],[12],[13],[14]. Il reçut aussi le soutien des rebelles indépendantistes hispano-américains et de sociétés secrètes — notamment la franc-maçonnerie —, mais dans une mesure et selon des modalités encore mal établies par l'historiographie. Le mécontentement de l'armée et des marchands de Cadix contribua également au succès de l'insurrection[15].

Après son retour de France où il était captif, le roi Ferdinand VII abolit en mai 1814 par un coup d'État la Constitution de 1812 approuvée par les Cortès de Cadix et rétablit la monarchie absolue. Les libéraux, défenseurs de la monarchie constitutionnelle, furent emprisonnés, bannis ou exilés[16]. Au cours des six années suivantes (Sexennat absolutiste), le roi et ses ministres ne parvinrent pas à résoudre la crise de l'Ancien Régime commencée en 1808 et que celle qui serait plus tard connue sous le nom de « Guerre d'Indépendance » (1808-1814) avait considérablement aggravée. Le conflit avait détruit les principaux leviers de l'économie et le commerce avec l'Amérique avait chuté à la suite du processus d'émancipation des colonies, et eut pour conséquence résultat fut une dépression économique brutale qui se manifesta par une chute des prix. Le Trésor de la Monarchie fit faillite car les fonds d'Amérique n'arrivaient plus (provoquant également une baisse des recettes douanières) et il n'était pas possible de recourir à l'émission de titres de dettes supplémentaires, ceux-ci étant alors complètement dépréciés et de nombreux retards s'étant accumulés dans le paiement des intérêts annuels[17]. Martín de Garay tenta de mettre en œuvre une réforme du Trésor, qui échoua en raison de l'opposition des deux classes privilégiées, la noblesse et le clergé, ainsi que de la paysannerie (qui rejeta l'impôt parce qu'il signifiait un une augmentation des charges préexistantes tandis que les prix des denrées agricoles commençaient à s'effondrer)[18].

Face à l'incapacité des ministres de Ferdinand VII à résoudre la crise[19], les libéraux (beaucoup d'entre eux membres de la franc-maçonnerie, ce qui leur permettait d'agir clandestinement) tentèrent de rétablir la monarchie constitutionnelle en ayant recours à des pronunciamientos. Il s'agissait de chercher des appuis auprès des militaires « constitutionnalistes » (ou simplement insatisfaits de la situation) pour qu'ils lèvent en armes un régiment et provoquer un soulèvement en chaîne d'autres unités militaires, afin d'affaiblir le roi et le contraindre à jurer la Constitution de 1812[20].

Durant le sexennat absolutiste (1814-1820), une tentative de retour à une armée fondée sur les ordres de l'Ancien régime, « où les emplois supérieurs étaient occupés par des membres de la noblesse, tandis que les troupes provenaient de recrues forcées, de volontaires et de condamnés au service par des tribunaux au service militaire », avait été entreprise. Les réformes introduites par les Cortes de Cadix, qui avaient abouti à la formation d'une armée « fondée sur le citoyen comme soldat de la nation, inclus à la fois dans l'armée permanente et dans la milice nationale » furent annulées. Concrètement, le décret du 8 août 1811 permettant le libre accès de tout citoyen — et non plus un privilège de la noblesse — aux écoles et académies militaires ainsi qu'aux postes de cadets avait été abrogé. D'autre part, la dynamique même de la guerre avait également contribué à l'effondrement des structures de l'armée existant en 1808, puisque dans la guérilla le commandement des troupes n'était plus un privilège de la noblesse et que la majorité des chefs, comme Espoz y Mina, Porlier ou Martín Díez, étaient issus du tiers état[21].

L'annulation des réformes introduites par les Cortes de Cadix suscita le mécontentement de nombreux officiers, auquel s'ajouta le retard dans le paiement de leurs soldes — dans certains cas ils durent accepter des baisses de revenu pour obtenir un paiement régulier — et l'absence de perspectives de promotion en raison de l'abondance d'officiers promus pendant la guerre. En outre, les milliers d'officiers sans affectation attribuèrent les causes de leur situation à la politique des secrétaires d'État de la Guerre qui reléguait ceux qui étaient issus de la guérilla, les soldats qui avaient été promus officiers et ceux qui étaient tenus pour libéraux. Ainsi, « de nombreux officiers devinrent réceptifs aux idées libérales en conséquence de la politique absolutiste qui aliéna peu à peu nombre de leurs soutiens. Les difficultés économiques et de promotion firent le reste », selon Víctor Sánchez Martín. La faillite budgétaire obligea à des réductions successives des effectifs militaires. La dernière eut lieu en juin 1818, dont les autorités absolutistes profitèrent de nouveau pour faire en sorte que les officiers sans affectation soient principalement ceux venus de la Guerre d'indépendance[22].

Cinq conspirations notables eurent lieu entre 1814 et 1820, avant le triomphe du pronunciamiento de Riego[23] : celui d'Espoz y Mina en Navarre en septembre 1814 lancé par le héros de la guérilla Francisco Espoz y Mina, qui, n'ayant pas réussi à prendre Pampelune, s'enfuit en France ; le second à La Corogne en septembre 1815 lui aussi lancé par un chef guerilléro, le général Juan Díaz Porlier, condamné à mort et pendu ; en février 1815, on découvrit les préparatifs de celle qu'on appela « Conspiration du Triangle », dirigée par un ancien guérillero, Vicente Richart (es), qui fut condamné à la pendaison avec son compagnon Baltasar Gutiérrez ; en avril 1817, le pronunciamiento dit « de Caldetas » eut lieu en Catalogne (cette fois avec une importante participation bourgeoise et populaire) dirigée par le prestigieux général Luis Lacy — assisté des autres généraux libéraux José María de Torrijos y Uriarte (ancien guérillero) et Francisco Milans del Bosch —, qui fut jugé et exécuté ; enfin le 1er janvier 1819 eut lieu le pronunciamiento de Vidal, cette fois à Valence, dirigé par le colonel Joaquín Vidal, et qui se solda par l'exécution par pendaison de son principal instigateur et de douze autres civils impliqués, parmi lesquels les célèbres bourgeois de la ville Félix Bertrán de Lis et Diego María Calatrava[16],[24]. L'objectif de ces conspirations était de mettre fin à l'absolutisme mais toutes n'avaient pas pour objectif de restaurer la Constitution de 1812 dans son intégralité. Concernant le pronunciamiento de Porlier, l'avis des commentateurs sur ce point n'est pas unanime[25] ; celui de Vidal défendait l'établissement d'un régime constitutionnel différent, rétablissant Charles IV (dont on ignorait qu'il venait de mourir à Naples) sur le trône ; au contraire, celui de Lacy faisait référence explicitement à « la Constitution ». Il en sera de même de celui de Riego [22].

La « grande expédition d'Outre-mer »

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Le soulèvement dirigé par Rafael de Riego eut lieu le 1er janvier 1820 à Las Cabezas de San Juan dans le but de restaurer la constitution de 1812 soutenue par des troupes militaires de la « grande expédition d'Outre-mer » destinées à mettre fin à la rébellion des colonies espagnoles en Amérique[26].

Après les sérieuses difficultés rencontrées pour organiser l'armée de Pablo Morillo en 1815 afin de réprimer les rébellions en Amérique, les conditions étaient pires encore pour l'envoi d'une deuxième expédition en 1820[27].

Concernant la première, on considère traditionnellement qu'elle devait initialement être envoyée contre Buenos Aires mais la chute de Montevideo, bastion espagnol du Río de la Plata, les succès révolutionnaires au Venezuela et à la Nouvelle-Grenade, la plus grande proximité géographique de l'Isthme de Panama en danger d'invasion et l'importance économique du Pérou, qui courait le risque de se trouver isolé sur le front Pacifique, explique qu'on la destina finalement à Carthagène des Indes[28].

Depuis le milieu de l'année 1816, la deuxième force commença à s'organiser sous la direction du ministre de la Marine, José Vázquez de Figueroa, mais le projet prit du retard[29]. Le 2 novembre 1816, le brigadier Francisco Mourelle était nommé commandant général des forces navales de l'expédition[27]. Deux ans après l'expédition de Morillo, les mauvais résultats de la guerre avaient changé l'avis du gouvernement, et le 9 novembre 1816 le Conseil des Indes conclut que l'envoi au Venezuela de la coûteuse expédition de Morillo, au lieu de consolider le Mexique, fut une erreur qui avait changé le cours de la guerre[30], car les revenus mexicains représentaient 90 % du total des fonds américains à la fin de la période coloniale[31].

En 1817, seuls quelques renforts furent destinés au Pérou et au Chili, qui partirent l'année suivante sur des navires russes. Leur achat à la Russie, par le Traité de Madrid (1817), suscita une polémique car parmi ceux qui avaient réalisé l'achat pour la Couronne ne figurait aucun officier de la Marine royale espagnole pour vérifier les conditions de l'expéditions, qui étaient précaires. Les navires furent qualifiés de vétustes, inefficaces, et offrant de mauvaises conditions sanitaires et de navigation[32],[26].

Le projet d'une grande expédition resurgit lorsque la nouvelle parvint à Madrid du danger que représentait la perte du Chili en 1818[33]. En effet, il devint dès lors impossible de récupérer le Río de la Plata depuis le vice-royaume péruvien, la côte Pacifique jusqu’au Mexique était laissée sans surveillance[32] et le vice-royaume du Pérou se trouvait lui-même menacé. Le roi convoqua d'urgence son conseil privé ; l'un de ses membres, Joaquín Gómez de Liaño, exposa l'idée d'envoyer au moins 16 000 hommes à Buenos Aires. Cependant, le manque de ressources et les complications causées par l'invasion luso-brésilienne de la Bande orientale (les Portugais pourraient finir par affronter l'expédition) explique qu'on préféra donner la priorité à l'envoi de renforts à La Havane et en Nouvelle-Espagne, et de navires de guerre à Lima, La Havane, Veracruz et au Venezuela[33]. Un autre facteur déterminant fut la pression exercée par certains groupes influents pour lesquels le Río de la Plata était une région marginale de la monarchie et la priorité devait être donnée à la défense du commerce avec la Nouvelle-Espagne et les Caraïbes[28]. Finalement, l’Espagne comprit après le Congrès d’Aix-la-Chapelle qu’elle n’aurait pas le soutien des autres puissances européennes pour maintenir son empire, celles-ci ayant en réalité plus d'intérêt à le voir s’effondrer[32].

La Grande expédition fut organisée par l'ancien vice-roi de la Nouvelle-Espagne et capitaine général d'Andalousie, Félix María Calleja del Rey[34]. Ses forces terrestres étaient de 20 000 fantassins, 2 800 cavaliers — 14 escadrons —[35] et 1 370 artilleurs munis de 94 canons de campagne et d'autres d'un plus petit calibre ; elle était munie d'une flotte abondante à la fin de 1819 à Cadix et sur l'île de San Fernando mais peu de temps après éclata une épidémie de fièvre jaune[36]. Le commandant de l'expédition et son armée était Enrique José O'Donnell, comte de La Bisbal, surnommé « vice-roi du Río de la Plata[37] » — certaines sources affirment toutefois qu'O'Donnell avait été relevé par Calleja —[26],[36]. Les forces navales, sous le commandement de Francisco Mourelle[37], qui devaient escorter les transports de troupe étaient quatre navires de ligne[37], trois[37] à six[36],[38] frégates, quatre[37] à dix[38]brigantins, deux corvettes[36], quatre brigantins goélettes[37], deux goélettes[37] et trente canonnières[38]. L'équipage était composé de 6 000 marins[39]. Le nombre total d'hommes embarqués est discuté mais on parle de 14 000[34], 20 000[35],[37], 22 000[26], ou 25 000[37].

Juan Martín de Pueyrredón déclara[40] avoir promu et financé le pronunciamiento de Riego en tant que chef suprême des Provinces-Unies du Río de la Plata.

Concernant le projet inabouti de l'expédition, l'historiographie hispano-américaine, notamment l'argentine, a attribué « un grand rôle aux agents américains qui participèrent au pronunciamiento de 1820 », notamment Juan Martín de Pueyrredón[41][42][43][44][45][46]. L'historien espagnol José María García León souligne pour sa part qu'« en réalité, le rôle que ces agents jouèrent dans ces événements, ainsi que leurs relations avec la franc-maçonnerie, sont encore mal déterminés »[47].

La destination définitive et véritable de l'expédition fait elle aussi l'objet de discussion parmi les historiens[48],[49],[50].

Le pronunciamiento

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Place de la Constitution de Las Cabezas de San Juan, au fond de laquelle on voit la mairie, où le lieutenant-colonel Rafael del Riego lança son pronunciamiento le 1er janvier 1820. La localité avait alors environs 2 800 habitants.

Les libéraux de Cadix (les plus modérés regroupés autour de la loge El soberano capítulo — « Le Chapitre souverain » —, qui se réunissaient dans la maison de Francisco Javier de Istúriz, et les plus radicaux intégrés dans la loge El taller sublime — « L'Atelier sublime » —, fondée et présidée par Antonio Alcalá Galiano) tentère de faire en sorte qu'un officier du corps expéditionnaire stationné entre Séville et Cadix — une épidémie de fièvre jaune avait obligé à procéder à une dispersion des troupes[51] — en attente d'embarquement prenne la tête d'un pronunciamiento visant à restaurer la Constitution de 1812[52]. Le moral des troupes était bas, à cause de la crainte d'une campagne longue, du recrutement forcé et des conditions de vie précaires, encore exacerbées par l'épidemie[53].

Selon Alberto Ramos Santana, les conspirateurs contactèrent le commandant de cavalerie Sarsfield mais celui-ci les dénonça auprès d'O'Donnell[54]. D'autres auteurs, comme Juan Francisco Fuentes, estiment que c'est O'Donnell lui-même qui, alors qu'il était censé diriger l'insurrection révolutionnaire, aurait trahi les conspirateurs[55],[56],[53],[57].

Quoi qu'il en soit, une partie des soldats soldats impliqués furent arrêtés le 15 juillet à El Palmar (El Puerto de Santa María), mais cela ne suffit pas à désactiver totalement le projet de complot[58]. Alcalá Galiano et Juan Álvarez de Mendizábal prirent contact avec l'un des soldats compromis qui n'avaient pas été arrêtés, le lieutenant-colonel Rafael del Riego et tous trois passèrent la nuit du 27 au 28 décembre à préparer un soulèvement et à rédiger les premiers manifestes'"`UNIQ--nowiki-000000FD-QINU`"'56'"`UNIQ--nowiki-000000FE-QINU`"'. Le plan qu'ils élaborèrent, avec la participation d'autres officiers, consistait en la convergence de trois forces militaires sur la ville de Cadix pour la prendre et y proclamer la Constitution. Le comte de Calderón, à la tête du 2e bataillon du régiment des Asturies de Las Cabezas de San Juan[13] et Riego, à la tête du régiment de Séville de Villamartín Riego, avanceraient vers Arcos de la Frontera où se trouvait le capitaine général pour l'arrêter. La deuxième force stationnée à Alcalá de los Gazules et commandée par le colonel Antonio Quiroga — où il était détenu depuis les événements d’El Palmar —[13] ainsi que celles de Medina Sidonia, marcheraient vers San Fernando pour arrêter le capitaine général Cisneros et continuer vers Cadix. La troisième force, sous le commandement de Miguel López de Baños, partant d'Osuna se posterait en attente près de Bornos, pour finalement converger elle aussi vers la capitale provinciale[59],[53].

Rafael del Riego mit en œuvre ce qu'on attendait de lui. Il quitta Las Cabezas de San Juan le 1er janvier 1820 au milieu d'une forte averse. Il arriva à Arcos de la Frontera et y arrêta le capitaine général, le comte de Calderón, et installa son quartier général. Mais Quiroga fut retardé car il n'avait pas confiance en ses hommes et ne s'empara de l'Arsenal de La Carraca à San Fernando que le 3 janvier ; ensuite il ne décida pas d'avancer immédiatement vers Cadix comme prévu, ce qui laissa du temps au gouverneur de la ville, Alonso Rodríguez Valdés, pour organiser sa défense. Pendant ce temps, Riego, poursuivant le plan, arriva à Puerto de Santa María le 5 janvier, où il retrouva les officiers arrêtés à El Palmar et qui s'étaient évadés du château de Saint-Sébastien à Cadix (Demetrio O'Daly, Felipe Arco Agüero, les frères Santos et Evaristo San Miguel, Ramón de Sabra et Rafael Marín) . Dans le même temps, le soulèvement dans la ville de Cadix elle-même, dirigé par le colonel Nicolás de Santiago Rotalde, prévu le lendemain, à 15 heures, le 6 janvier, échouait[60],[61],[62],[53]. Selon Alberto Gil Novales, « Riego n'était en réalité qu'un maillon de l'intrigue et pas même le plus important : par son grade, le colonel Quiroga était supérieur. Mais Riego eut le courage d'être le premier et d'œuvrer avec succès dans la petite zone de Las Cabezas ; pendant que d'autres attendaient prudemment l’issue des événements, avant d’apparaître en pleine lumière comme des révolutionnaires, ou bien échouaient simplement dans leur mission.[63] »

Pour soulever les troupes stationnées à Las Cabezas de San Juan, Riego lança dans ce « premier canton constitutionnel de l'Armée nationale et espagnol patriotique » autoproclamé[56] une harangue devenue célèbre car elle constitue la première attestation connue du terme de « pronunciamiento » pour désigner ce type d'intervention militaire, dont un grand nombre d'homologues eurent lieu dans le demi-siècle qui suivit[64],[65],[66],[67]..

Riego était de plus convaincu que la guerre n'était pas la solution pour mettre fin au soulèvement dans les territoires américains, mais plutôt la restauration de la Constitution de Cadix, comme il l'exprima à ses hommes[68].

La ligne noire sur la carte montre l'itinéraire emprunté par les troupes rebelles dirigées par Riego depuis Las Cabezas de San Juan ; les points indiquent les localités dont les garnisons se joignirent à ses troupes ; les flammes indiquent les soulèvements isolés qui lui apportèrent leur soutien ultérieurement.

Le 7 janvier, le colonel Quiroga fit une proclamation en faveur de la Constitution et opposée à l'absolutisme qui terminait ainsi[69] : « Les lumières de l'Europe ne permettent plus, monsieur, que les Nations soient gouvernées comme des possessions absolues par les Rois. Les lois appartiennent aux nations et les rois sont rois parce que c'est ainsi que le veulent les nations. Les lumières sont revenues. »

Tandis que Quiroga continuait de résister à La Carraca [70], le 27 janvier, Riego dirigea une expédition à travers l'Andalousie avec une force composée d'environ 1 500 ou 1 600 hommes[64],[71],[72],[73],[70]. Il marcha vers Chiclana de la Frontera, Conil, Vejer, Tarifa, Algésiras et Alcalá de los Gazules, poursuivi par les troupes royalistes d'Enrique José O'Donnell. Ces dernières les rattrapèrent à Marbella, donnant lieu à un affrontement qui causa d'importantes pertes parmi les troupes de Riego. Ce dernier continua malgré tout vers Malaga, dont les rues étaient désertes et les autorités avaient abandonné la ville[70], puis vers Cordoue[64], où il arriva le 7 mars [74] trois jours après un nouvel affrontement survenu à Morón de la Frontera avec les forces d'O'Donell. O'Donnell rapporta trois ans plus tard dans un article publié par le journal ultraroyaliste El Restaurador, que « cette action lui avait perdre [à Riego] plus de 500 hommes entre les morts, les blessés, les prisonniers et les nombreux déserteurs de toutes sortes qu'il eut dans sa fatale retraite. » Le 8 mars, poursuit-il, « les reliques de la division ennemie, qui étaient entrées dans la Sierra Morena, se réduisaient déjà à environ 270 hommes au total, dont de nombreux blessés » et d'autres incapables de marcher « qui furent transportés en cavalerie pour pouvoir fuir plus vite, et réduits à un état de nullité absolue[75] ».

Riego se dirigea ensuite vers l'Estrémadure en passant par Fuente Obejuna et à Bienvenida — ses troupes se réduisaient alors à une cinquantaine de soldats et d'officiers — il décida le 11 mars de dissoudre l'unité pour se réfugier au Portugal, jugeant que la cause était perdue. Riego ignoraient que deux jours auparavant, le roi Ferdinand VII, incapable de réprimer les soulèvements d'autres garnisons de la périphérie qui avaient suivi l'exemple de Riego, avait prêté serment sur la Constitution dans la salle du trône du Palais Royal et que, par conséquent, son pronunciamiento avait en réalité triomphé[64],[76],[77],[78],[79],[80],[77]. Riego n'avait pas renversé le régime, il avait échoué mais par son action il avait maintenu ouvert un intervalle de temps que d'autres finirent par mettre à profit pour le seconder, si bien que finalement le pouvoir s'était trouvé débordé par une séquence de pronunciamientos[74].

Pendant presque deux mois, les troupes de Riego avaient circulé en Andalousie dans de dures conditions, souffrant un hiver enneigé et froid[1],[81]. Riego et ses hommes proclamaient la Constitution de 1812 dans les localités qu'ils traversaient, destituant leurs autorités absolutistes et imposant des contributions pour améliorer leur situation économique désespérée[60][77][72][82] Parfois on célébra des fêtes pour honorer la Constitution — comme à Algésiras, où Riego ordonna qu'on fît courir deux taureaux —[83]. Pour essauyer de préserver le moral des troupes, le futur général Evaristo Fernández de San Miguel composa à la demande de Riego un hymne patriotique qui serait bientôt connu comme l’hymne de Riego — qui redeviendrait populaire 111 ans plus tard, durant la Seconde République — et dont le refrain disait[60][83][84] :

« Soldats, la patrie
nous appelle au combat,
jurons sur elle
vaincre ou mourir. »

La défaite des absolutistes

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Lorsqu'elles reçurent la nouvelle du soulèvement constitutionnel d'une partie des troupes qui allaient s'embarquer pour l'Amérique, les autorités absolutistes, déconcertées dans un premier temps[85], espérèrent ensuite réprimer rapidement la rébellion, particulièrement après avoir appris que la ville de Cadix ne l'avait pas rejoint. Le 11 janvier, le ministre Juan Escoiquiz assurait au roi depuis Ronda que l'incident serait réglé avant la fin du mois. Bien que cela ne fût pas le cas, l'optimisme persista dans la cour du monarque jusqu'à ce que la nouvelle du soulèvement la garnison de La Corogne au nom de la Constitution arriva le 21 février. Quelques jours plus tard c'était le cas de Ferrol, Vigo et Murcie[85],[80],[86],[87]. À la Corogne, le pronunciamiento avait été l'œuvre de civils et de militaires sous le commandement du colonel Félix Álvarez Acevedo qui, après avoir proclamé la Constitution, avaient formé une Junte présidée par l'ancien régent Pedro Agar, dans l'attente que les autres provinces du royaume convoquent les Cortes et forment un gouvernement[88]. Deux jours plus tard, le 23 février, le mouvement s'était propagé à Ferrol et Vigo, puis à Pontevedra, Lugo et dans le reste de la Galice[74]. Lorsque les troupes libérales entrèrent à Saint-Jacques-de-Compostelle le 25, la prison de l'Inquisition fut prise d'assaut et tous ses prisonniers libérés, fait qui se répéta dans de nombreuses localités au fur et à mesure que la révolution triomphait[89]. Le 29, Oviedo formait une junte révolutionnaire qui assuma le pouvoir dans toutes les Asturies'"`UNIQ--nowiki-0000019C-QINU`"'88'"`UNIQ--nowiki-0000019D-QINU`"'.

La réponse de Fernando VII fut de convoquer une junte présidée par l'infant Don Carlos dont les propositions furent rassemblées dans un décret royal promulgué le 3 mars. Le roi y montrait sa volonté de mettre fin aux « maux » de la monarchie, dont il ne jugeait cependant pas responsable. Le texte annonçait le remaniement du Conseil d'État pour en faire un organe auxiliaire des secrétariats d'État — équivalents des plus modernes ministères — et ordonnait que les différentes corporations, et même des particuliers, présentent « librement » et sous réserve d'anonymat par écrit au Conseil d'État « tout ce qu'ils jugeront utile pour le bien de mes peuples dans les deux hémisphères et pour l'éclat et le plus grand éclat de ma couronne[90],[91],[92] ».

1815. La légende, en latin, affirme que Ferdinand est « roi des Espagnes et des Indes » « par la grâce de Dieu » (Dei Gratia).
1823. La légende, en castillan, affirme qu'il l'est « par la grâce de Dieu et la Constitution »
Monnaies d'or des périodes absolutistes et constitutionnelle de Ferdinand VII.

Le décret royal arriva trop tard. Le lendemain de sa promulgation, 4 mars, le comte de Bisbal, récemment nommé chef de l'armée destinée à réprimer la rébellion de Riego, se « prononçait » à Ocaña (Tolède) en faveur de la Constitution[93],[77],[94],[95],[96]. Le jour suivant c'était au tour de Saragosse, où fut nommé un Comité supérieur de gouvernement présidé par le marquis de Lazán. Les insurgés exigeaient que le roi adhère « à la volonté générale de son peuple, en convoquant les Cortes générales du royaume pour la réussite des délibérations qui sauveront notre pays[92] ». Au cours des jours suivants tombèrent Tarragone, Ségovie, Barcelone et Pampelune rejoignaient la rébellion[97].

Ces nouvelles suscitèrent une confusion et un pessimisme considérables à la cour[74]. Le 6 mars, le roi convoqua les Cortes alors que les protestations commençaient à Madrid[95]. Le lendemain, étant donné l'agitation qui régnait dans les rues de la capitale et qui était arrivée jusqu'aux portes du palais royal[98], et informé par le général Francisco Ballesteros — récemment nommé à la tête de l'armée du Centre —que les troupes de Madrid et même la Garde royale étaient favorables à la Constitution[99][100], Ferdinand se ravisait et manifestait son intention de prêter serment sur la Constitution suivant « la volonté du peuple »[101], contre l'avis de son frère Charles qui jugeait que cela mettrait en péril la Monarchie et l'Église[102],[103],[95]. Ramón Mesonero Romanos rapporta que ce jour-là, « toutes les personnes qui représentaient la partie la plus cultivée et la plus aisée de la population descendirent dans la rue avec un débordement de joie, une satisfaction indescriptible[104] ».

La deuxième expérience libérale de l'Espagne avait commencé[94].

Proclamation de la Constitution à Madrid.

Lorsque le 8 mars la Gaceta de Madrid publia le décret dans lequel figurait la décision du roi de jurer la Constitution et que fut connu l'ordre qu'il avait donné de libérer les prisonniers pour « opinions politiques » et de permettre le retour des exilés pour ce même motif, un groupe de citoyens changea le nom de la Plaza Mayor (« Grand Place ») pour celui de Plaza de la Constitución (« Place de la Constitution ») puis organisa une procession civique portant le texte constitutionnel. Presque simultanément, la prison de l'Inquisition fut prise d'assaut et ses prisonniers libérés[89]. Le jour suivant, sous la pression des mutins, le roi accepta la restitution du Conseil municipal constitutionnel démis en 1814[105] et ses membres, plus six délégués nommés par les citoyens madrilènes, se présentèrent au Palais royal entourés par la foule, obligeant Ferdinand VII à prêter serment sur la Constitution dans la salle du trône (le serment formel aurait lieu en juillet devant les Cortes nouvellement élues, comme le prévoyait la Constitution). Le même jour, le roi abolissait l'Inquisition — les cas judiciaires fondés sur des opinions religieuses pasant à la juridiction des évêques —[106] et nommait un Comité consultatif provisoire en remplacement du gouvernement, présidé par le cardinal Louis Marie de Borboun, qui avait déjà dirigé la régence constitutionnelle régence en 1814, et avec le général Francisco Ballesteros comme vice-président, qui serait celui qui prendrait les principales décisions[107],[108],[109],[110],[105]. « Finalement, le roi dut se passer de certains de ses hommes de confiance étroitement liés à la camarilla, mesure qui servit à sauver le roi après la révolution et à construire l'explication officielle de ce qui s'était passé : ce n'était pas le roi mais ses mauvais conseillers qui avaient conduit le pays à cette situation, qui a permis au monarque de continuer à occuper le trône après la révolution sans avoir à assumer de responsabilités de ce qui était survenu[111] ». Ainsi, le marquis de Mataflorida ou le duc d'Alagón durent quitter la cour[105].

Manifeste du roi Ferdinand VII rendu public le 10 mars 1820 dans lequel il informait les « Espagnols » que la veille il avait prêté serment sur la Constitution de Cadix.

Le 10 mars le roi rendait public un Manifeste à la Nation dans lequel il annonçait qu'il avait juré la Constitution et qu'il serait « toujours son plus ferme soutien ». Le dernier paragraphe devint célèbre dans l'historiographie car Ferdinand manque à sa promesse (« presque le jour après avoir prêté serment sur la Constitution il commença à agir pour la mettre à bas »)[112][113][114][115].

Le même 10 mars, les troupes tirèrent à Cadix sur la foule rassemblée sur la place San Antonio qui attendait la proclamation de la Constitution annoncée la veille. Il y eut « beaucoup de victimes », selon ce que rapporta le général Juan Villavicencio le lendemain[101],[64],[116],[74]. En revanche, à Madrid, deux jours plus tard, une grande fête populaire eut lieu sans incident dans toute la ville à l'occasion de l'inauguration officielle d'une stèle célébrant la Constitution sur la Plaza Mayor, rebaptisée Plaza de la Constitución. Des exemplaires imprimés du « Manifeste du Roi à la Nation » furent jetés sur la foule [114],[117] et tout donnait l'impression que le monarque était du côté du nouvel ordre libéral[114]. Des festivités et célébrations similaires eurent lieu dans de nombreux villes et villages, dont des places principales furent de même rebaptisées[118]. Rafael de Riego, « déjà devenu en un symbole vivant de la nouvelle Espagne constitutionnelle » y était acclamé[119].

Casa de la Panadería, située du côté nord de la Plaza Mayor de Madrid, rebaptisée Plaza de la Constitución. Le 13 mars, la stèle de la Constitution fut disposée sur sa façade, « en présence des autorités, des chefs militaires, du clergé et des corporations[120] ».

Le même jour, le 10 mars, où le roi rendait public son Manifeste, la foule prenait d'assaut les palais de l'Inquisition à Valence, Séville, Barcelone et Palma de Majorque (dans cette dernière ville, c'était l'évêque Pedro González Vallejo lui-même qui était venu avec un capitaine et un juge pour fermer le tribunal de l'Inquisition ; les dossiers et livres interdits couraient de main en main dans les cafés et tertulias de Palma). La même chose s'était produite la veille à Saragosse où l'unique prisonnier de la prison inquisitoriale avait été libéré sur ordre de la Junte d'Aragon[121]. Selon Francisco Javier Solans, les assauts contre les prisons de l'Inquisition jouèrent le même rôle symbolique de fin du despotisme que la prise de la Bastille de la Révolution française, car comme la prison royale parisienne « l'Inquisition incarnait l'intolérance, l'arbitraire et la violence de l'Ancien Régime[122]. » En de nombreux endroits, les assauts furent suivis de « mascarades et processions avec des ânes habillés de noir qui représentaient les inquisiteurs ». Des pièces de théâtre furent également jouées, comme La Inquisición, dans laquelle apparaissaitt Rafael del Riego lui-même libérant un prisonnier de la prison du Saint-Office[106]. Le nonce Giacomo Giustiniani lui-même fut conscient du discrédit de l'Inquisition et informa Rome le 17 mars qu'il n'allait pas la défendre car « il pourrait arriver que le prestige du Saint-Siège et, par conséquent, celui de la religion souffrît, si ce dernier insistait pour assurer sa défense.[123] » Les évêques ne se manifestèrent pas non plus contre la dissolution, pas même l'inquisiteur général Jerónimo Castillón y Salas, qui abandonna Madrid pour se rendre avec ses subordonnés à son siège épiscopal, Tarazona[124]. Les évêques ne s'opposèrent pas non seulement car l'ordre venait du roi et avait déjà été entériné par le pape, mais aussi parce que cela signifiait renforcer leur pouvoir en éliminant une juridiction ecclésiastique dans leurs diocèses ; de plus c'étaient eux aussi qui assumeraient les fonctions de censure de l'Inquisition sur les écrits religieux selon la loi sur l'imprimerie approuvée par les Cortes de Cadix. De fait, certains prélats s'empressèrent de publier des édits renouvelant les interdictions des livres condamnés par l'Inquisition et le Saint-Siège[124].

Dans tout le pays, le retour au régime constitutionnel donnait lieu à des célébrations, des érections de stèles en hommage à la Constitution, des cérémonies religieuses, notamment des Te Deums, suivis de la publication de pastorales dans lesquelles les évêques invitaient leurs paroissiens à respecter la loi, ce qui ne manqua pas d'être relevé avec ironie par certains journaux libéraux qui, comme Miscelánea de comercio, artes y literatura, rappelaient que les mêmes prélats qui se présentaient désormais comme « passionnés par la Constitution » « depuis six ans lui ont manifesté leur haine ou leur aversion[125] ».

Des farces carnavalesques eurent lieu dans plusieurs villes, comme à Malaga, où un pantin représentant la servilité fut amené sur la place à coup de bâtons pour être brûlé [126].

Postérité

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Rafael del Riego, mythe de la révolution libérale

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Général Riego (1820), tableau d'Hippolyte Lecomte.

Après le pronunciamiento qui avait ouvert le triennat libéral , Rafael del Riego passa du statut « d'obscur lieutenant-colonel de trente-cinq ans, commandant d'un détachement sur le point d'embarquer pour l'Amérique, à celui de symbole vivant partie de la révolution libérale espagnole[127] ». Après avoir appris le 13 mars que le roi Ferdinand VII avait accepté de prêter serment sur la Constitution, Riego, encore convalescent, s'installa à Séville avec les quelques officiers qui l'accompagnaient encore et qui furent rejoints en route par des civils et des militaires, dont certains membres de son expédition qui avaient été arrêtés et venaient d'être libérés. Le 20 mars, accompagné de 2 500 hommes, il arriva à Séville où il fut accueilli en héros. Son portrait, peint par l'artiste sévillan Antonio Bejarano, fut porté en procession dans les rues[76].

Après la réception apothéotique à Séville, suivirent des hommages et des processions civiques, au cours desquelles fut jouée et chantée à plusieurs reprises la marche composée par Evaristo San Miguel lors des pérégrinations à travers l'Andalousie et qui devint bientôt connue sous le nom d'Hymne de Riego. Peu de temps après, Riego, comme d'autres soldats rebelles, fut promu général (« Mon roi est heureux, mon pays libre : c'est toute ma récompense », écrivit-il à Ferdinand VII)[128].

Il fut nommé chef de l'Armée de l'Île, ainsi nommée parce qu'elle était stationnée sur l'Île de León en attendant d'embarquer pour l'Amérique, et lorsque le Gouvernement la dissolut, Riego fut nommé Capitaine Général de Galice, poste qu'il n'occupa finalement pas car le gouvernement « modéré » l'accusa d'avoir participé à une célébration à Madrid dans lequel, en plus de l'hymne de Riego, avait été chantée la chanson « subversive » Trágala (en), et l'exila à Oviedo. Riego essaya de se défendre devant les Cortes, mais les modérés y suggérèrent qu'il était « républicain ». Selon Juan Francisco Fuentes, « au mythe du « héros de Las Cabezas » s'ajoutait ainsi pour la première fois l'aura du martyr de la liberté. » Finalement, le gouvernement rectifia et nomma Riego Capitaine Général d'Aragon et les Cortes approuvèrent l'octroi d'une pension de 80 000 réaux pour son pronunciamiento, que Riego refusa catégoriquement, montrant que, comme l'un de ses adversaires, Antonio Alcalá Galiano, l'avait reconnu, Il était « désintéressé du profit[129] ».

Ainsi, Riego « devint le premier grand héros de la révolution et resta associé à l’idéal libéral. Personnage mythique qui capitaliserait sur les signes d'identité de l'élan libéral à travers de multiples expressions populaires, comme l'hymne , et qui passerait dans l'héritage de la culture libérale et des révolutions ultérieures[130] ». Juan Francisco Fuentes souligne que « du libéralisme progressiste du XIXe siècle à l'anarcho-syndicalisme et au communisme du XXe siècle, en passant, bien sûr, par le épublicanisme, le général Riego a nourri un univers hétéroclite de symboles et de sentiments de la gauche républicaine et ouvrière et de la démocratie espagnole en général[131] ».

Le mythe de Riego s'est également répandu hors d'Espagne. Un an après sa mort, l'exilé libéral espagnol Félix Mejía publia à Philadelphie un opuscule en son hommage[132]. Toujours en 1824, le grand poète russe Alexandre Pouchkine dédiait un poème à Riego, tandis que des portraits de Riego et d'Antonio Quiroga étaient exposés dans une librairie du centre de Moscou. En 1825, la tragédie de Henry M. Milner (en) intitulée Spanish Martyrs or Death of Riego!. Victor Hugo mentionna Riego dans Les Misérables[133].

Une figure abhorrée des traditionalistes

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En contraposition avec les efforts des républicains espagnols pour transformer Riego en mythe, « la version irréconciliable des vieux absolutistes et des nouveaux traditionalistes » demeurerait vive jusqu'au siècle suivant. Ainsi, peu après la proclamation de la Seconde République, des intellectuels d'extrême droite comme Álvaro Alcalá Galiano ou José María Lamamié de Clairac dénoncèrent que les Misiones Pedagógicas (es) mettent Riego sur le même plan que les « grands hommes de notre histoire[134]. »

Depuis le siècle précédent, le secteur réactionnaire avait sévèrement critiqué le soulèvement de Riego, qu'il rendait coupable de la perte de la majeure partie des territoires espagnols d'Amérique, ainsi que des excès révolutionnaires du triennat libéral. De plus, il attribuait la responsabilité du prononciamiento à des sociétés secrètes — notamment la franc-maçonnerie — de connivence avec les indépendantistes d'Amérique hispanique[135]. Déjà pendant la première guerre carliste, à l'occasion de l'érection d'un monument à Riego à Séville en 1835, les partisans de l'infant Charles déploraient que les libéraux puissent considérer comme de l'héroisme ce qu'ils qualifiaient d'« insurrection criminelle de l'insubordonnée soldatesque »[136].

Quelques décennies plus tard, l'historien ultramontain Vicente de la Fuente affirmait comme deux « vérité[s] indéniable[s] » que Riego avait reçu des paiements des indépendantistes d'Amérique et que son pronunciamiento avait été « exclusivement manœuvré par les sociétés secrètes, bien qu'il reconnût n'en avoir pas la preuve[137][138].

Le même auteur souligna également qu'aucun civil n'avait rejoint les rebelles, rejetant l'idée qu'il s'agissait d'une rébellion populaire : « le peuple, le vrai peuple, assoiffé de repos, ne l'attendait ni ne le désirait, mais le détestait plutôt[137] ».

Marcelino Menéndez Pelayo, figure du casticisme, émit également de sévères critiques contre le pronunciamiento de Riego[139]. Selon lui, Riego faisait partie des officiers emprisonnés pendant la Guerre d'indépendance qui « étaient revenus de France catéchisés par les sociétés secrètes » et avaient commencé à étendre un réseau de loges dans tous les places fortes de la Péninsule. Dans son Historia de los hétérodoxos españoles, il décrit ainsi le pronunciamiento de Riego comme « une mutinerie militaire honteuse et inqualifiable » aux ordres de « la loge de Cadix puissamment secondée par l'or des insurgés américains et encore des Anglais et des Juifs de Gibraltar, [qui] avait distendu la discipline dans l'armée destinée à l'Amérique, introduisant une société dans chaque régiment »[140].

Citant l'écrivain anti-maçonnique Mariano Tirado y Rojas, Alberto Bárcena présente Riego comme un franc-maçon et affirme qu'« à partir de 1820, une persécutions religieuse éclata en Espagne ; également masquée par la révolution politique », donnant en exemple les assassinats de l'évêque de Vich, celui de Vinuesa et d'autres « énormes cruautés commises par les généraux Mina et Riego, tous deux affiliés à la société des Comuneros[141].

Notes et références

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(es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en espagnol intitulée « Pronunciamiento de Riego » (voir la liste des auteurs).

  1. a et b Fontana 1979, p. 135.
  2. Radcliff 2018, p. 75-78.
  3. Carr 2003, p. 136
  4. Fuentes 2008, p. 28-29
  5. Fernández López 2003, p. 242-244
  6. (es) Alberto Gil Novales, Rafael del Riego, la revolución de 1820, día a día, Madrid, 1976, pp. 11 et suivantes.
  7. Miguel Alonso Baquer, « Théorie et histoire du pronunciamiento esagnnol », Mélanges de la Casa de Velázquez, no 14,‎ , p. 544-562 (lire en ligne, consulté le )
  8. (es) Juan Francisco Fuentes, 23 de febrero de 1981 : El golpe que acabó con todos los golpes, Barcelone, Taurus, coll. « La España del siglo XX en 7 días », (ISBN 978-84-306-2273-3), p. 20-21
  9. Fuentes 2020, p. 20-22.
  10. « Primera operación especial de inteligencia militar de nivel estratégico nacional de la República Argentina ejecutada en el exterior », Revista Escuela Superior de Guerra,‎ (lire en ligne) :

    « se disolvió el Ejército Expedicionario de Cádiz, y con él murieron también, las últimas esperanzas peninsulares de recuperar el control de los dominios americanos. Rafael del Riego perdió un imperio, pues el ejército expedicionario se encontraba presto para salir a recuperar el dominio del Rio de la Plata, y teniendo en cuenta que la expedición a Costa Firme enviada en 1815, había tenido una destacada actuación con la mitad de las tropas que ahora se alistaban, no es descabellado pensar que, de zarpar la Gran Expedición de 1819, la suerte de Sudamérica hubiera sido otra al menos durante buena parte del siglo XIX. »

  11. Buldain Jaca 1998, p. 23.
  12. Ramos Santana 2020, p. 76-77.
  13. a b et c Font Gavira 2020, p. 80.
  14. Fontana 1978, p. 134.
  15. Ramos Pérez 1996, p. 517-520.
  16. a et b Ramos Santana 2020, p. 76.
  17. Fontana 1979, p. 26-30; 116-124.
  18. Fontana 1979, p. 27-28.
  19. Fontana 1979, p. 26. "Lo que se les encomendaba era una tarea imposible: mantener en funcionamiento un sistema político inviable"
  20. Ramos Santana 2020, p. 76-77. "Los pronunciamientos fueron encabezados por militares, hombres que participaron en la Guerra de la Independencia, ganando prestigio y subiendo en el escalafón, militares que se sintieron inmersos en la corriente de cambio político surgido durante la contienda, a la sombra de la labor de las Cortes en Cádiz. [...] La defensa de la soberanía y la libertad implicaba un cambio de mentalidad fundamental, desde el momento en que los militares que protagonizaron o participaron en los pronunciamientos, comenzaron a sentirse soldados de la nación, miembros del ejército nacional y no de la milicia real"
  21. Sánchez Martín 2020, p. 131-134.
  22. a et b Sánchez Martín 2020, p. 134-136.
  23. Buldain Jaca 1998, p. 1.
  24. Fontana 1979, p. 125-134.
  25. selon Javier Fernández López, il se contenta de proclamer le rétablissement de la Constitution de Cadix (Fernández López 2003) tandis que selon Víctor Sánchez Martín il prétendait obtenir la convocation de Cortes extraordinaires pour modifier la Constitution (Sánchez Martín 2020, p. 134-136)
  26. a b c et d (es) José Luis Roca, Ni con Lima ni con Buenos Aires: La Formación de un Estado Nacional en Charcas, Lima, Plural Editores, (ISBN 978-99954-1-076-6), p. 476.
  27. a et b (es) José de la Puente Candamo Agustín, Historia marítima del Perú: La Independencia, 1790-1826, vol. 1, t. V, Lima, Instituto de Estudios Histórico-Marítimos del Perú, , p. 194.
  28. a et b (es) Andrés Cisneros, Carlos Escudé et Alejandro L. Corbacho, Historia general de las relaciones exteriores de la República Argentina, Las expediciones militares españolas entre 1811 y 1816, Buenos Aires, Consejo Argentino para las Relaciones Internacionales, Centro de Estudios de Política Exterior & Grupo Editor Latinoamericano, (lire en ligne), partie I.
  29. (es) Michael P. Costeloe (trad. de l'anglais par Mercedes Pizarro), La respuesta a la Independencia: la España Imperial y las revoluciones hispanoamericanas, 1810-1840, México, Fondo de Cultura Económica, (ISBN 978-968-16-3261-8), p. 105.
  30. Edmundo Heredia, Planes españoles para reconquistar Hispanoamérica, Universitaria de Buenos Aires,
  31. Ernest Sánchez Santiró, Finanzas y política en el mundo iberoamericano: del antiguo régimen a las naciones independientes,
  32. a b et c García de Flöel 2000, p. 93.
  33. a et b García de Flöel 2000, p. 95.
  34. a et b (es) Leslie Bethell, Historia de América Latina: La independencia, t. V, Barcelone, Editorial Crítica, (ISBN 84-8432-067-7), p. 66.
  35. a et b (es) Raúl Pérez López-Portillo, La España de Riego, Madrid, Sílex, (ISBN 978-84-7737-149-6).
  36. a b c et d (es) Arturo Santana, George Woodberry et María Urreta, La campaña de Carabobo (1821): relación histórica-militar, Caracas, Litografía del Comercio, , p. 11.
  37. a b c d e f g h et i Laurio H. Destefani, Historia de la Armada Argentina, t. V : Las Provincias del Río de la Plata dame la Revolución de Mayo hasta el final de la Guerra de la independencia (1810-1825), Buenos Aires, Cuántica Editora & Departamento de Estudios Históricos Navales de Argentina, , p. 58.
  38. a b et c (es) Armando De Ramón, Juan Ricardo Couyoumdjian et Samuel Vial, Ruptura del viejo orden hispanoamericano, Santiago, Andrés Bello, (ISBN 978-956-13-1126-8), p. 243.
  39. (es) Ricardo Levene et Academia Nacional de Historia Argentina, Historia de la nación argentina: desde los orígenes hasta la organización definitiva en 1862, t. VI, Buenos Aires, Libería "El Ateneo", , partie II, p. 392.
  40. dans Refutación de una calomnia, 1829
  41. García León 1993. «En una línea muy parecida se expresan otros historiadores hispanoamericanos. Así, Santiago Arcos apunta que un verdadero pánico se apoderó de la ciudad de Buenos Aires cuando se supo que una fuerza expedicionaria se estaba preparando para salir desde España. Si bien este temor quedó apaciguado al saberse que Puyrredón había enviado una considerable cantidad de dinero a los masones españoles. También León Suárez viene a confirmar la vital actuación de Puyrredón, resaltando su audacia e inteligencia al realizar una activa propaganda para evitar un embarque que les podía resultar funesto. Añade que tanto Argibel como Lezica, desde Cádiz, se movieron clandestinamente con mucha eficacia, dando sin límite alguno cuanto dinero estimaron conveniente»
  42. García de Flöel 2000, p. 94.
  43. Gandía 1970, p. 259. «Los agentes de Buenos Aires trabajaban con empeño en la disolución del ejército, fomentando la desmoralización y propagando el oro para conseguir su disolución total. [...] Pueyrredón ofrecía el testimonio de uno de los jefes de la sublevación española de 1820 a quien dudase de sus palabras. El dinero argentino, indudablemente, había corrido en el ejército o en imprimir proclamas, en pagar espías, en lograr adhesiones, etcétera [...] Lezica y Arguibel presentaron sus cuentas al gobierno de Buenos Aires después del alejamiento de Pueyrredón . Todas ellas fueron abonadas al señor Ambrosio Lezica , que había suministrado los fondos. [...] Arguibel y Lezica estaban autorizados a realizar esos gastos y otros de mucha mayor importancia».
  44. Gandía 1955. « Y así se llegó a la famosa revolución de 1820, de Rafael de Riego y Antonio Quiroga. La historia de esta revolución ha sido, siempre, mal estudiada en España y bastante desconocida en América. En España, el hecho se explica: durante el período monárquico no convenía elogiar una revolución como la de Riego. Además, era anticlerical y ya se sabe lo que esto significa en ciertos países. Nosotros hemos hallado documentos desconocidos que se refieren a ella y podemos tener la seguridad de que fue movida y pagada desde Buenos Aires, por obra de los representantes de Pueyrredón, Lezica y Arguibel. »
  45. Torre Revello 1962, p. 429-431. «La actuación de Andrés Arguibel y Tomás Lezica [...] por instrucciones del gobierno de Pueyrredón, y de acuerdo con él, promovieron y lograron insurreccionar una expedición española de 20 000 hombres, destinada al Río de la Plata, cuyo arribo había puesto en gran conflicto la causa de la independencia».
  46. (es) Carlos Alberto Floria (es) et César A. García Belsunce, Historia de los argentinos, (lire en ligne) :

    « « Buena parte tuvieron en ella los enviados de Pueyrredón, Tomás Lezica y Andrés Aguibel, quienes repartieron entre los elementos militares propaganda subversiva y otros recursos destinados a sabotear aquella expedición. » »

  47. García León 1993. «La Historiografía del siglo XIX ha sido contumaz al adjudicar un gran protagonismo a los agentes americanos que participaron en el pronunciamiento de 1820. Para ello, lógicamente, encuentran su explicación en la necesidad imperiosa que tenían en evitar el embarque del Ejército Expedicionario hacia Ultramar. En realidad, no está todavía bien determinado el papel que estos agentes jugaron en estos acontecimientos, así como su relación con la masonería».
  48. (es) Demetrio Ramos Pérez (coord.), Historia general de España y América: Emancipación y nacionalidades americanas, t. XIII : El efecto del regreso de Fernando VII a España en el proceso emancipador, Madrid, Ediciones Rialp, (ISBN 9788432121104), p. 273.
  49. (es) Carlos María de Bustamante, Cuadro histórico de la revolución de la América Mexicana., t. III, , p. 455
  50. (es) Emilio del Castillo Negrete, Mexico en el siglo XIX, t. X, , p. 374
  51. Gil Novales 2020, p. 6.
  52. Buldain Jaca 1998, p. 5-6. "La moral se veía minada por las propias condiciones en que se hizo el reclutamiento, por la convicción que existía en gran parte de la oficialidad y de la tropa de que era, si no imposible, sí muy dudoso un éxito definitivo en América. Las noticias que se recibían sobre el trato que los rebeldes americanos daban a los prisioneros y las condiciones de vida en aquellos territorios, hacían a muchos repugnante la idea de embarcarse"
  53. a b c et d Bahamonde et Martínez 2011, p. 118.
  54. Ramos Santana 2020, p. 77.
  55. Buldain Jaca 1998, p. 6-7. "El primer intento tuvo lugar el 8 de julio de 1819, pero fracasó porque el Conde de Labisbal, que capitaneaba las tropas y estaba enterado y favorecía la conjura, no se decidió en última instancia a erigirse en su caudillo y lo abortó"
  56. a b et c Fuentes 2008, p. 24.
  57. Fuentes 2007, p. 48-49.
  58. Fuentes 2007, p. 49.
  59. Ramos Santana 2020, p. 77-78.
  60. a b et c Ramos Santana 2020, p. 78.
  61. Buldain Jaca 1998, p. 7.
  62. Fuentes 2007, p. 49-50.
  63. Gil Novales 2020, p. 7.
  64. a b c d et e Ramos Santana 2020, p. 79.
  65. Fuentes 2008, p. 24-25.
  66. « Soldados, mi amor hacia vosotros es grande. Por lo mismo yo no podía consentir, como jefe vuestro, que se os alejase de vuestra patria, en unos buques podridos, para llevaros a hacer una guerra injusta al nuevo mundo (…). España está viviendo a merced de un poder arbitrario y absoluto, ejercido sin el menor respeto a las leyes fundamentales de la nación. El rey, que debe su trono a cuantos lucharon en la guerra de la Independencia, no ha jurado, sin embargo, la Constitución; la Constitución, pacto entre el monarca y el pueblo, cimiento y encarnación de toda nación moderna. La Constitución española, justa y liberal, ha sido elaborada en Cádiz entre sangre y sufrimiento. Mas el rey no la ha jurado y es necesario, para que España se salve, que el rey jure y respete la Constitución de 1812, afirmación legítima y civil de los derechos y deberes de los españoles, de todos los españoles, desde el Rey al último labrador. [...] Sí, sí, soldados, la Constitución. ¡Viva la Constitución! »
  67. L'un des officiers ayant assisté à la réunion préalable à la proclamation de Las Cabezas de San Juan transcrivit ultérieurement les propos de Riego (Fuentes 2008, p. 25-26) : « Yo, aunque joven, cuento con más años que ustedes. Conozco el precio de la libertad, pero no olvido el de la sangre humana. El sagrado fuego patrio que anima mi pecho es grande.. Sin embargo, amigos míos, no sirva la exaltación para hacer locuras. [...] A nosotros sólo nos toca reponer a la nación en sus antiguos derechos; y tan sólo con ese objeto debemos usar la fuerza que tenemos en las manos. De otro modo, no mereceríamos el título de hombres libres, porque habríamos dejado de ser virtuosos. [...] Los hombres de todas las naciones, de todas las religiones, de todos los colores, verán que la justicia preside nuestra marcha; y los pueblos todos, lejos de recriminar nuestro arrojado alzamiento, nos colmarán de sus bendiciones. Templemos, pues, el ardor juvenil y preparémonos para grandes sacrificios. »
  68. Rújula et Chust 2020, p. 24.
  69. Font Gavira 2020, p. 82. « Las luces de la Europa no permiten ya, señor, que las Naciones sean Gobernadas como posesiones absolutas de los Reyes. Las leyes son de las naciones y los reyes son reyes porque así lo quieren las naciones. Las luces han vuelto. »
  70. a b et c Rújula et Chust 2020, p. 18.
  71. Fuentes 2008, p. 25.
  72. a et b Gil Novales 2020, p. 8.
  73. Bahamonde et Martínez 2011, p. 118-119.
  74. a b c d et e Bahamonde et Martínez 2011, p. 119.
  75. Fontana 1979, p. 135-136.
  76. a et b Fuentes 2008, p. 27.
  77. a b c et d Fuentes 2007, p. 50.
  78. Rújula et Chust 2020, p. 18-19.
  79. La Parra López 2018, p. 376.
  80. a et b Fontana 1979, p. 137.
  81. Fuentes 2008, p. 26-27. "En varios puntos fueron rechazados por las fuerzas leales a la monarquía absoluta... Además, hubo que ocuparse continuamente de problemas de intendencia, recurriendo a menudo a la amenaza para conseguir lo necesario para la tropa, y el desánimo, las bajas en combate y las enfermedades no tardaron en diezmar a la columna de Riego. Él mismo había sido herido en una refriega con tropas realistas"
  82. Bahamonde et Martínez 2011, p. 119. "Ante la indiferencia de la población"
  83. a et b Fuentes 2008, p. 26.
  84. « Soldados, la patria
    nos llama a la lid,
    juremos por ella
    vencer o morir.
     »

  85. a et b La Parra López 2018, p. 375.
  86. Buldain Jaca 1998, p. 8-9. "El primero de ellos [de los errores cometidos por el poder central] fue haber carecido de la energía suficiente para sofocar la rebelión nada más producirse y haber permitido que una fuerza insignificante se pasease por Andalucía sin hacerle frente. [...] Otro de los errores del Gobierno que favoreció el éxito fue el silencio guardado acerca de lo que sucedía en Andalucía y, posteriormente, en otros puntos de la Península. A falta de noticias el rumor se extendía exagerando los acontecimientos, causando inquietud y despertando la desconfianza en el Gobierno"
  87. Rújula 2020, p. 3.
  88. a et b Rújula et Chust 2020, p. 19.
  89. a et b Ramón Solans 2020, p. 356.
  90. La Parra López 2018, p. 375-376.
  91. Rújula 2020, p. 3-4.
  92. a et b Rújula et Chust 2020, p. 20.
  93. Buldain Jaca 1998, p. 10.
  94. a et b Gil Novales 2020, p. 9.
  95. a b et c Rújula 2020, p. 4.
  96. Rújula et Chust 2020.
  97. Buldain Jaca 1998, p. 10. "En todos los lugares donde se proclamó la Constitución antes de que el Rey la jurase o se conociese que lo había hecho, se formaron Juntas de gobierno provinciales que asumieron el poder a la espera de que se instituyeran nuevas autoridades emanadas de un poder constitucional"
  98. Rújula et Chust 2020, p. 21.
  99. La Parra López 2018, p. 377.
  100. Bahamonde et Martínez 2011, p. 119-120. "Buena parte de las elites del absolutismo habían admitido la inevitabilidad de la solución, con la conciencia de crisis y en un sentido pragmático que evitara que la sublevación de Madrid o la llegada de las tropas declaradas constitucionales"
  101. a et b La Parra López 2018, p. 379.
  102. La Parra López 2018, p. 376-377; 379.
  103. Buldain Jaca 1998, p. 10-11.
  104. Orobon et Fuentes 2020, p. 381.
  105. a b et c Rújula et Chust 2020, p. 22.
  106. a et b Ramón Solans 2020, p. 358.
  107. La Parra López 2018, p. 377-378.
  108. Font Gavira 2020, p. 80-81.
  109. Fontana 1979, p. 137-138.
  110. Buldain Jaca 1998, p. 1-2; 10-11.
  111. Rújula 2020, p. 4-5.
  112. La Parra López 2018, p. 378-379.
  113. Fontana 1979, p. 138.
  114. a b et c Rújula 2020, p. 5.
  115. « Me habéis hecho entender vuestro anhelo de que se restableciese aquella Constitución que entre el estruendo de armas hostiles fue promulgada en Cádiz el año de 1812, al propio tiempo que con asombro del mundo combatíais por la libertad de la patria. He oído vuestros votos, y cual tierno Padre he condescendido a lo que mis hijos reputan conducente a su felicidad. He jurado la Constitución por la cual suspirabais, y seré siempre su más firme apoyo. [..] Ya he tomado las medidas oportunas para la pronta convocación de las Cortes. En ellas, reunido a vuestros representantes, me gozaré de concurrir a la grande obra de la prosperidad nacional.[...] Marchemos francamente, y YO EL PRIMERO, POR LA SENDA CONSTITUCIONAL; y mostrando a la Europa un modelo de sabiduría, orden y perfecta moderación en una crisis que en otras Naciones ha sido acompañada de lágrimas y desgracias, hagamos admirar y reverenciar el nombre Español, al mismo tiempo que labramos para siglos nuestra felicidad y nuestra gloria. »
  116. Orobon et Fuentes 2020, p. 382.
  117. Orobon et Fuentes 2020, p. 383-384.
  118. Orobon et Fuentes 2020, p. 382-383. "Un numeroso grupo de militares y paisanos proclamaba en el ayuntamiento de Segovia el restablecimiento de la Constitución e iniciaba una larga serie de festejos, que incluían iluminaciones públicas, refrigerios en la plaza mayor y pasacalles con bandas militares interpretando canciones patrióticas. Al día siguiente, se fijó la lápida de la Constitución —una ceremonia en la que los militares tuvieron de nuevo un especial protagonismo—... En Sevilla un 'concurso inmenso' de gente se congregó ante el ayuntamiento 'pidiendo a voces la Constitución y que se fijase en la plaza la antigua lápida'. Así lo hicieron las autoridades municipales, que anunciaron desde los balcones del consistorio el restablecimiento del régimen constitucional y ordenaron colocar en el lugar que antes había ocupado la lápida un rótulo que rezaba 'Plaza de la Constitución'. Según la crónica periodística de aquellos hechos, 'el pueblo', una vez conseguido su propósito, recorrió las calles entre vivas y aclamaciones hasta llegar a la sede de la Inquisición, en la que fueron liberados los presos que se encontraban en ella"
  119. Orobon et Fuentes 2020, p. 383.
  120. Rújula et Chust 2020, p. 23.
  121. Ramón Solans 2020, p. 356-357.
  122. Ramón Solans 2020, p. 357-358. "La Inquisición seguía causando terror entre la población y por ello, aunque con ciertas dosis de violencia, la gente se adentró en sus cárceles con cautela y sin causar ningún herido. Además de liberar a los prisioneros, los insurrectos buscaban testimonios físicos o documentales del horror allí experimentado. Algo similar ocurrió con la Bastilla, donde incluso se publicó una recopilación de los documentos allí encontrados"
  123. Ramón Solans 2020, p. 358-359. "Finalmente, Roma aprobó la disolución aunque manifestó su contrariedad al haberse tomado tal determinación sin su consentimiento dado que el tribunal estaba fundado en bulas apostólicas"
  124. a et b Ramón Solans 2020, p. 359.
  125. Ramón Solans 2020, p. 355; 359.
  126. Orobon et Fuentes 2020, p. 396.
  127. Fuentes 2008, p. 13-14. "Su trágico final no hará más que fortalecer y consagrar el mito"
  128. Fuentes 2008, p. 28-29.
  129. Fuentes 2008, p. 30-31.
  130. Bahamonde et Martínez 2011, p. 117.
  131. Fuentes 2008, p. 14.
  132. No hay unión con los tiranos, morirá quien lo pretenda, o sea: la muerte de Riego y España entre cadenas
  133. (es) Manuel Alvargonzález, « Rafael de Riego: el asturiano que revolucionó Europa hace 200 años », Nortes,‎ (lire en ligne).
  134. Moreno Alonso 2013, p. 129.
  135. Morayta 1956, p. 111.
  136. (es) « Noticias de España », Gaceta Oficial,‎ , p. 63 (lire en ligne) :

    « « ¡Estaba reservado á este siglo de iniquidad el calificar de heroismo la insurreccion criminal de la insubordinada soldadesca! ¡Llamar héroes, y erigir estatuas á los que promovieron, y ejecutaron un crímen, que en todos los siglos, y en todas las naciones fue siempre mirado, como el mas horrendo, y castigado con la pena capital! ¡Rendir homenages honoríficos á unos soldados cobardes, que por no embarcarse para América y exponerse á los peligros de aquella guerra, prefirieron el partido de la sedicion, haciendo perder á su pátria sus inmensas colonias, despojando al REY de su autoridad, y sembrando por todas partes la desolacion y el desórden! Y ¿estos son los héroes de la culta España? ¿Y su memoria quiere perpetuarse en los mármoles y bronces? ¡En que siglo vivimos! ¡Son estos los frutos de la tan ponderada filosofía! ¡Pobre humanidad! » »

  137. a et b La Fuente 1870, p. 286.
  138. La Fuente 1870, p. 284-285.
  139. Moreno Alonso 2013, p. 131.
  140. Menéndez Pelayo 2003. « Un motín militar vergonzoso e incalificable, digno de ponerse al lado de la deserción de D. Oppas y de los hijos de Witiza, vino a dar, aunque no rápida ni inmediatamente, el triunfo a los revolucionarios. La logia de Cádiz, poderosamente secundada por el oro de los insurrectos americanos y aun de los ingleses y de los judíos gibraltareños, relajó la disciplina en el ejército destinado a América, introduciendo una sociedad en cada regimiento; halagó todas las malas pasiones de codicia, ambición y miedo que pueden hervir en muchedumbres militares, prometió en abundancia grados y honores, además de la infame seguridad que les daría el no pasar a combatir al Nuevo Mundo, y de esta suerte, en medio de la apática indiferencia de nuestro pueblo, que vio caminar a Riego desde Algeciras a Córdoba sin que un solo hombre se le uniese en el camino, estalló y triunfó el grito revolucionario de Las Cabezas de San Juan, entronizando de nuevo aquel abstracto código, ni solicitado ni entendido. »
  141. Bárcena 2020, p. 286.

Articles connexes

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Bibliographie

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