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Géographie
Les Balkans. Leur limite au nord est fixée par les fleuves Danube-Save-Kupa, excluant de facto la Slavonie croate et la Voïvodine serbe des Balkans.
Les Balkans. Leur limite au nord est fixée par les fleuves Danube-Save-Kupa, excluant de facto la Slavonie croate et la Voïvodine serbe des Balkans.

Les Balkans sont l'une des trois « péninsules » de l'Europe du Sud, mais cette appellation traditionnelle est parfois contestée en l'absence d'un isthme : les géographes préfèrent le terme de « région ». Elle est bordée par des mers sur trois côtés : la mer Adriatique et la mer Ionienne à l'ouest, la mer Égée au sud et la mer de Marmara et la mer Noire à l'est. Au nord, on la délimite généralement par les cours du Danube, de la Save et de la Kupa. Cette région couvre une aire totale de plus de 550 000 km2 et regroupe une population de près de 53 millions d’habitants.

Origine et utilisation du terme
Dans l’Antiquité, le nom des montagnes aujourd'hui nommées « Balkans » était Αίμος (Haemos en grec et Haemus en latin), mot utilisé en Thrace signifiant, selon Teodor Capidan, « neigeux ». Ce nom désignait la chaîne de montagnes traversant la Bulgarie d’est en ouest (« Grand Balkan »), qui est appelée Стара Планина (Stara Planina, « vieille montagne ») en bulgare, serbe, vieux-slave, tchèque, slovaque, lituanien, et estonien.

L’appellation utilisée à l'époque de l'Empire byzantin Aimos / Emmon / Emmona se retrouve dans la forme turque Emine-Balkan, l’adjectif balkan pouvant désigner en turc soit des « montagnes boisées », soit des « montagnes glissantes » (c’est l’un des sens des mots turcs bal : « poisseux », « miel », et kan : « gluant », « sang » ; mais, à l’époque romantique, les autres sens de ces deux mots ont donné naissance à une légende très populaire selon laquelle balkan signifierait « de miel et de sang » pour désigner aux yeux des Turcs un pays riche en douceurs, fruits, chaleur, richesses de la terre, mais farouchement défendu par d’indomptables guerriers[1],[2]). En fait les Ottomans désignaient leurs possessions du sud-est de l’Europe sous le nom de Roumélie (Rum-eli c'est-à-dire « pays des Romains ») ou, plus récemment, Avrupa-i Osmani (« Europe ottomane »).

Bien que l’appellation Balkan ne soit pas attestée avant le XIVe siècle, les protochronistes, influents dans les Balkans (leurs thèses sont enseignées dans les écoles) attribuent à ce nom une grande ancienneté et le font remonter au proto-indo-européen bhelg (« arête, crête, faîte ») via bala-khana (« maison élevée » en persan[3]) ou via balkô (« chaîne rocheuse » en proto-germanique, à l’origine du vieux frison balka, du norrois balkr et du vieil anglais balca duquel dérive balk « bloc » en anglais moderne).

Quoi qu’il en soit, c’est en 1808 que l’expression « péninsule des Balkans » (Balkanhalbinsel) apparaît chez le géographe allemand August Zeune. En élargissant ainsi le terme de « Balkans » bien au-delà du Grand Balkan, Zeune lui donna la signification antique du nom « Haemos » qui désignait toutes les chaînes de l’Europe du Sud-Est, depuis les Alpes slovènes jusqu’à la mer Noire, avec une importance analogue aux Apennins pour la péninsule italienne. Malgré les critiques formulées par des géographes comme Theobald Fischer (en) dès 1839, cette idée, discutable sur le plan géomorphologique, perdure dans le domaine politique et culturel, et comme concept géographique aux limites d’ailleurs variables selon les auteurs.

Au XIXe siècle, lors des combats pour la libération des divers peuples de la région contre les dominations de l’Empire ottoman (Filikí Etería, guerre d'indépendance grecque, comitadjis, Orim, yougoslavisme) et de l’Autriche-Hongrie (austroslavisme, trialisme), une certaine condescendance a donné, dans l’historiographie occidentale, une connotation péjorative au terme « Balkans ». Ainsi, « balkanisation » désigne un processus de déstructuration politique ; en fait, cette « balkanisation » a surtout été voulue par le congrès de Berlin. Tout cela a conduit à utiliser le terme plus neutre d’« Europe du Sud-Est ». C’est ainsi que le journal en ligne Balkan Times s'est lui-même renommé Southeast European Times en 2003.

Géographie physique
Le relief de la péninsule des Balkans culmine à 2 925 m au mont Musala dans le massif de Rila (Bulgarie) ; le mont Olympe (Grèce) est en seconde position avec 2 919 m. La majeure partie de la péninsule est montagneuse, avec des altitudes moyennes de 500 m, des dénivellations importantes, des cours d'eau d'une longueur moyenne de 250 à 300 km, des bassins versants étroits et de petite taille (10 000 à 20 000 km2).

Les plaines, petites et peu nombreuses, se situent le long des cours d'eau et des côtes. Quatre principales chaînes de montagnes, toutes datant de l'orogenèse alpine, rayonnent autour d'une région centrale, située autour du massif du Šar, au sud de la dépression du Kosovo-polje :

  • la chaîne dinarique, qui longe la mer Adriatique vers l'ouest en direction des Alpes, et forme la ligne de partage des eaux entre cette mer et le bassin du Danube ;
  • la chaîne du Pinde, vers le sud, qui forme la ligne de partage des eaux en Grèce continentale ;
  • la chaîne des Balkans, vers l'est en direction de la mer Noire, qui forme la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Maritsa et celui du Danube ;
  • la chaîne du Rhodope, vers le sud-est en direction de la mer Égée.

Le climat est méditerranéen le long des côtes de la mer Adriatique et de la mer Égée, océanique et subtropical humide le long des côtes de la mer Noire (où il est défini comme « climat pontique »), et continental dans l'intérieur et au nord du 42e parallèle.

Géologie

La chaîne des Balkans centraux, en Bulgarie.
Le mont Olympe, en Grèce.

Comme la plupart des marges de la mer Méditerranée, la péninsule des Balkans présente une géologie complexe, due au fait qu'il s'agit de la zone de jonction de plusieurs boucliers anciens et qu'elle se situe à la limite, très fragmentée, des plaques tectoniques africaine et eurasiatique. Elle est formée pour partie par un bâti hercynien, voire antérieur, et pour partie par des régions appartenant à la Téthys alpine, à ses talus continentaux et à la bordure de la plateforme carbonatée arabo-africaine.

Durant le Mésozoïque, la péninsule se trouvait dans l'océan Téthys dont la mer Méditerranée est un vestige, et constituait au sein de celui-ci un archipel semblable à ce qu'est aujourd'hui l'Insulinde. L'ensemble a été violemment resserré entre les plaques africaine, eurasiatique et anatolienne, lors des phases orogéniques himalayo-alpines, qui ont entraîné la fracture de la plaque eurasiatique, créant la micro-plaque égéenne et d'immenses nappes de charriage constituées de calcaires et flyschs plissés entre les massifs cristallins et métamorphiques[4].

Le rapprochement entre les plaques a fait surgir les monts Dinariques, le Pinde, l'Olympe, les Balkans et le Rhodope. Ce mouvement tectonique de 4 cm par an en moyenne a aussi fait surgir des volcans comme le mont Théra (dans l'île du même nom qui s'est effondrée à la suite d'une importante éruption au IIe millénaire avant notre ère et qui est encore actif : un nouveau cône s'élève au centre de la caldeira). Le volcanisme jadis bien plus intense a laissé de nombreuses intrusions de roches magmatiques dans toute la péninsule, où les sources thermales sont nombreuses.

Deux failles restent très actives : la première parcourt l'Égée d'est en ouest (de Rhodes à l'ouest de la Crète) puis remonte le long du Péloponnèse jusqu'à Corfou ; la seconde va des Dardanelles aux Sporades puis rejoint le golfe de Corinthe. Le mouvement alpin et les charriages se sont manifestés durant les trois derniers millions d'années par l'apparition de nombreuses failles et fossés d'effondrement, provoquant des tremblements de terre réguliers : la moitié des secousses annuelles en Europe ont lieu dans les Balkans et surtout en Grèce.

C'est dans ce cadre géomorphologique que s'est mis en place le réseau hydrographique actuel. À la fin de la glaciation de Würm, la remontée des mers d'une centaine de mètres a dessiné les côtes actuelles, ainsi que les plaines littorales et les deltas des fleuves[5].

Concernant les divisions géologiques-géographiques on parle généralement, chez les géologues, de « Dinarides » pour la partie occidentale de la péninsule (boucliers pannonien et adriatique, et leurs marges), et d'« Hellénides » pour la partie orientale (boucliers moesien, hellénide et anatolien et leurs marges). Les marges des boucliers anciens ont été soulevées lors de l'orogenèse alpine, et la péninsule est quadrillée de failles secondaires mais tectoniquement toujours actives.

Biogéographie
Selon les données palynologiques[6] et paléontologiques disponibles, à la fin de la dernière glaciation, celle du Würm, les Balkans (ainsi que les péninsules ibériques et italiennes, le Sud de la France et probablement les Carpates méridionales) ont joué le rôle de « refuge glaciaire » pour la biodiversité végétale[7] dont diverses espèces d'arbres[8] et animales[9]. Les espèces reliques de la période glaciaire ont subsisté parce que les barrières montagneuses (Balkans, Alpes, Pyrénées) ont freiné les migrations des espèces méditerranéennes du sud vers le nord, contrairement à ce qui s'est passé en Amérique du Nord. Ainsi, le lion était, dans l'Antiquité archaïque, présent en Grèce et en Turquie méridionale, mais pas au nord du Taurus ni des Rhodopes qui firent office de barrières biogéographiques. Au nord de ces chaînes, le sommet de la chaîne alimentaire était occupé par les loups et les ours, toujours présents de nos jours. L'aurochs, le bison, le tarpan, l'onagre et le bièvre ont également été présents dans la péninsule au nord des Rhodopes, comme en témoignent fossiles et toponymes[10].

Géographie humaine : limites, pays, subdivisions, population et villes
Les Balkans ou Europe du Sud-Est peuvent avoir plusieurs étendues, selon les limites adoptées :

  • la définition d'origine, due aux géographes de l'Empire allemand et de l'Autriche-Hongrie, désigne la région bas-danubienne et balkanique[11], incluant les Balkans au sens strict, les pays de l'ex-Yougoslavie en entier, l'Albanie, la Roumanie et la Moldavie, région parfois élargie jusqu'à la Hongrie ; la première utilisation connue du terme « Europe du Sud-Est » est due à un chercheur autrichien, Johann Georg von Hahn (1811-1869) ;
  • plus récemment, une définition plus restreinte est apparue, proposée par des géographes anglo-saxons : elle n'inclut que les territoires situés au sud du Danube, de la Save et de la Kupa, excluant ainsi des Balkans la Slavonie croate, la Voïvodine serbe, la Roumanie et la Moldavie, y compris la Dobrogée roumaine, bien que celle-ci se situe au sud du Danube[12] ;
  • une définition intermédiaire (utilisée par exemple par Paul Garde dans Les Balkans[13]) y inclut les pays ex-yougoslaves en entier, l'Albanie et la Roumanie, mais pas la Moldavie, malgré le passé commun des deux pays[14].

Après plusieurs phases de fragmentation politique surnommée « balkanisation », les Balkans englobent sept pays en totalité :

…et des parties de cinq autres pays :

Un cas particulier est :

Les Balkans peuvent être subdivisés selon au moins sept critères différents[15].

Près de 53 millions d’habitants vivent dans la péninsule, soit une densité moyenne de 96 hab./km2.

De son ancien statut, depuis l’an 395, de capitale impériale des Romains d'Orient puis des turcs Ottomans, Istanbul, l’ancienne Constantinople (jusqu’en 1936) a gardé tout au long de son histoire la place de première ville des Balkans, loin devant toutes les autres :

  • Istanbul et l’agglomération (jadis Κωνσταντινούπολις / Constantinople, Turquie, dix millions d’habitants côté européen, donc balkanique, sur 15 au total) ;
  • Athènes et l’agglomération (Αθήνα / Athina, Grèce, quatre millions d’habitants) ;
  • Belgrade (Serbie, 1,6 million d’habitants avec l’agglomération) ;
  • Sofia (Bulgarie, 1,4 million d’habitants) ;
  • Zagreb (Croatie, 1,2 million l’agglomération), (700 000 habitants au sud de la Save, donc dans les Balkans, sur 1,2 million au total) ;
  • Tirana (Albanie, 850 000 habitants) ;
  • Thessalonique (Θεσσαλονίκη / Thessaloniki, jadis Salonique ou Selanik, Grèce, 800 000 habitants avec l'agglomération) ;
  • Sarajevo (Bosnie-Herzégovine, 700 000 habitants) ;
  • Skopje (Macédoine du Nord, 500 000 habitants) ;
  • Split (Croatie, 455 000 habitants avec l’agglomération) ;
  • Pristina (Kosovo, 450 000 habitants) ;
  • Constanța (Roumanie, 400 000 habitants) ;
  • Plovdiv (jadis Φιλιππούπολη / Philippoupoli ou Filibe, Bulgarie, 350 000 habitants) ;
  • Varna (Bulgarie, 320 000 habitants) ;
  • Banja Luka (Bosnie-Herzégovine, 300 000 habitants) ;
  • Ljubljana (Slovénie, 275 000 habitants) ;
  • Niš (jadis Ναϊσσός / Naissus, Serbie, 250 000 habitants) ;
  • Podgorica (Monténégro, 170 000 habitants) ;
  • Rijeka (en italien Fiume, Croatie, 150 000 habitants) ;
  • Edirne (jadis Ἁδριανούπολις / Andrinople, Turquie, 100 000 habitants).

Sources

  1. Thomas Sotinel, « "Au pays du sang et du miel" : le geste courageux mais insensé d'Angelina Jolie », sur Le Monde, .
  2. « Serbie : l'ancien porte-parole de Slobodan Milosevic devient premier ministre », sur Radio-Canada.ca, .
  3. Petăr Dobrev : Nepoznatata drevna Bălgarija (L'ancienne Bulgarie inconnue), éd. Ivan Vazov, Sofia, 2001, (ISBN 954-604-121-1) et Maria N. Todorova, Imagining the Balkans (1997) Oxford University Press, New York books.google.fr
  4. Ion Argyriadis, Actes du colloque « Michel Durand-Delga », Société géologique de France, Paris, 3-4 décembre 2013 et Franck Auriac, Olivier Deslondes, Thomas Maloutas, Michel Sivignon, Atlas de la Grèce., CNRS-Libergéo-Documentation française 2003, p. 5-11.
  5. Atlas de la Grèce., p. 16-19.
  6. B. Diaconeasa, S. Farcaş, Aspects concernant les refuges glaciaires, à la lumière des analyses palynologiques de séquences datées C14 ; Contribuţii Botanice, 2002
  7. G Lang, Some aspects of European late- and post-glacial flora history; Acta Botanica Fennica, 1992 (résumé)
  8. Bennett, K.D., Tzedakis, P.C., Willis, K.J., 1991, Quaternary refugia of north European trees, Journ. of Biogeogr., 18: 103-115.
  9. RS Sommer & A. Nadachowski, Glacial refugia of mammals in Europe: evidence from fossil records ; Mammal Review, 2006 - Wiley Online Library ; 36: 251–265. doi: 10.1111/j.1365-2907.2006.00093.x ([Résumé])
  10. Alexandru Filipașcu, (ro) Sălbăticiuni din vremea strămoșilor noștri (« Animaux sauvages du temps de nos ancêtres »), Ed. Științifică, Bucarest 1969.
  11. Hosch, Nehring, Sundhaussen (Hrsg.), Lexikon zur Geschichte Südosteuropas, S. 663, (ISBN 3-8252-8270-8).
  12. http://www.palgrave.com/products/title.aspx?is=0333793471
  13. Paul Garde, Les Balkans, Flammarion, 1999, (ISBN 2-08-035181-8).
  14. Les géographes roumanophones de Roumanie et de Moldavie, arguant de l'origine et de l'histoire commune jusqu'en 1812, y incluent systématiquement leurs deux pays ; les géographes occidentaux et slaves, en revanche, en excluent la Moldavie et souvent aussi la Roumanie, la première en raison de son appartenance à la sphère d'influence russe de 1812 à 1918, soviétique de 1940 à 1941 et à nouveau russe depuis 1944, la seconde parce que seuls 10 % de son territoire (la Dobrogée du Nord) se trouvent au sud du Danube.
  15. Paul Garde : Les Balkans, Dominos Flammarion, 1999, (ISBN 2-08-035181-8) et Georges Prevelakis, Les Balkans, culture et géopolitique, Nathan, 2004, (ISBN 2-09-190223-3).
  16. (en) « The World Factbook — Central Intelligence Agency », sur www.cia.gov (consulté le ).
Image du mois
Symbole de la superposition des cultures dans les Balkans, la basilique Sainte-Sophie d'Istanbul.

Résumant la superposition des cultures dans les Balkans, la basilique Sainte-Sophie, église durant un millénaire, mosquée durant cinq siècles et musée durant 86 ans, est aujourd'hui objet d'une polémique en Turquie, où des associations religieuses viennent d'obtenir son retour au statut de lieu de culte musulman.

Elle s'élève au cœur de la vieille ville d'Istanbul, jadis Constantinople, première ville des Balkans par sa population et son étendue depuis seize siècles sans interruption, et capitale impériale durant plus de quinze siècles, romaine d'Orient (byzantine) puis turque ottomane.

Le territoire européen de la Turquie représente 0,2% de la surface du continent européen et 3% du territoire turc, mais sur les 53 millions de Balkaniques, 14 millions y vivent. Istanbul, même limitée à sa partie européenne (11 millions d'habitants), est la première ville de Turquie et la deuxième agglomération d'Europe après celle de Moscou et devant celles de Londres et Paris[1].

Pourtant Istanbul ou Constantinople, bien qu'elle se situe sur la rive européenne du Bosphore, ne figure pas dans les listes de villes d'Europe et l'expression historique « c'était alors la première ville d'Europe » fleurit dans la majeure partie des publications occidentales, à propos d'Aix-la-Chapelle, Cordoue, Londres ou Paris, en ignorant la métropole du Bosphore, considérée comme asiatique.

L'Asie est certes en face, à Üsküdar, jadis Chrysopolis (la « cité d'or »). Cela a contribué à la prospérité du lieu, mais aussi, depuis les guerres médiques, à rejeter dans un « Orient » méprisable, synonyme de décadence, de despotisme, de maladies aux yeux de l'inconscient collectif occidental[2], l'ensemble des brillantes puissances impériales qui se sont succédé sur les deux rives du Bosphore. Cela vaut pour les perses, les macédoniens, les royaumes hellénistiques, les romains d'Orient dits byzantins et évidemment pour les turcs ottomans et cela englobe les Balkans, à l'exception parfois de la Grèce perçue par les philhellènes comme « matrice de la civilisation occidentale »[3], mais aussi considérée comme « pervertie par l'influence asiatique » par les hellénophobes[4].

Cette perception occidentale n'est pas seulement un phénomène intellectuel mais aussi politique : la procédure d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne piétine et la Turquie moderne, héritière d'un mille-feuilles civilisationnel méconnu (y compris par ses ressortissants) mais qui depuis Mustafa Kemal a aussi absorbé la laïcité républicaine et l'égalité des sexes, se retourne de plus en plus, avec le régime de l'AKP, vers ses racines antérieures, pratiquant au XXIe siècle une politique que ne renieraient pas les sultans ottomans.

C'est dans ce contexte (qui favorise aussi, depuis le Congrès de Berlin au XIXe siècle, les nationalismes des divers pays balkaniques) qu'intervient la demande de reconversion en mosquée de la très symbolique basilique Sainte-Sophie, que le président Recep Tayyip Erdoğan a soutenue[5] et qui a reçu une réponse favorable de la cour suprême turque[6].

Notes

  1. Sources dans les articles Géographie de l'Europe, Balkans et Géographie de la Turquie.
  2. Thouvenel, dans sa lettre de 1852 à Napoléon III conservée aux Archives nationales (microfilms sous la cote 255AP sur Archives nationales) écrit ainsi, sans la moindre argumentation, que « l'Orient est un ramassis de détritus de races et de nationalités dont aucune n'est digne de notre respect ».
  3. Alain Brunet, La civilisation occidentale, Hachette, coll. "Faire le Point", 1985 (ISBN 2010109449)
  4. Abbé René-François Rohrbacher, Histoire universelle de l'église catholique, tome 25, Gomme-Duprey, Paris 1859
  5. Marie Jégo, « En Turquie, Erdogan ressasse son rêve de changer Sainte-Sophie en mosquée », Le Monde du 30 mai 2020 - [1]
  6. Mathieu Laurent, Stanislas Vasak et Benoît Bouscarel, « Sainte-Sophie redevient mosquée », France Culture, (consulté le ).
Histoire

Par différence de l’histoire naturelle de la péninsule (géologie, karsts, flore, faune...), l’histoire des Balkans est celle des populations de cette région. Cette riche histoire humaine, qui a produit de fortes convergences génétiques, culturelles (architecture, cuisine, musique, traditions…) et linguistiques, est pourtant l’objet d’une multitude de revendications et de controverses nationalistes dues à la « balkanisation » voulue et inaugurée en 1878 par le Congrès de Berlin pour diviser la péninsule en petites puissances rivales, processus qui a fait dire à Winston Churchill : « la région des Balkans a tendance à produire plus d’histoire qu'elle ne peut en consommer ».

Les « penseurs » néolithiques de Hamangia.
Préhistoire et protohistoire

Cartes diachroniques
Sources des cartes diachroniques[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14].

Évolution de la région des Balkans
660 avant notre ère
530 avant notre ère
430 avant notre ère
330 avant notre ère
150 avant notre ère
Époque du Christ
200 de notre ère
400 de notre ère
500 de notre ère
550 de notre ère
680 de notre ère
800 de notre ère
865 de notre ère
965 de notre ère
1200
1150
1250
1300
1350
1375
1400
1500
1600
1700
1730
1750
1810
1850
1890
1914
1918
1919
1922
1940
1942
1945
2015
Langues en 2015
Traditions religieuses en 2015

Sources

  1. L. Genet, Histoire contemporaine, Hatier, 1970, p. 408 à 411
  2. Georges Castellan, Histoire des Balkans, Fayard 1999
  3. Georges Castellan, Histoire de l’Albanie et des Albanais, Armeline, 2001
  4. Georges Castellan, Un pays inconnu : la Macédoine, Armeline, 2003
  5. Georges Castellan, Serbes d’autrefois : aux origines de la Serbie moderne, Armeline, 2005
  6. Georges Duby, Atlas historique, Larousse 1987, (ISBN 2-03-503009-9)
  7. Hans-Erich Stier (dir.), Grosser Atlas zur Weltgeschichte, Westermann, Braunschweig, 1985, (ISBN 3-14-100919-8)
  8. Atlas zur Weltgeschichte, DTV 1987 traduit chez Perrin, (ISBN 2-7242-3596-7)
  9. Putzger historischer Weltatlas, Cornelsen 1990, (ISBN 3-464-00176-8)
  10. Partie historique du Meyers Handatlas, du Bibliographisches Institut de Leipzig 1931
  11. Dans la série des « Atlas des Peuples » d'André et Jean Sellier à La Découverte : Europe centrale, 1992, (ISBN 2-7071-2032-4) et Orient, 1993, (ISBN 2-7071-2222-X)
  12. Történelmi atlasz, Académie hongroise 1991, (ISBN 963-351-422-3)
  13. Atlas istorico-geografic, Académie roumaine 1995, (ISBN 973-27-0500-0)
  14. Atlas des religions, hors-série du « Monde » 2007, 194 pp.