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Pierre Bodard de La Jacopière

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Pierre Bodard de La Jacopière
Biographie
Naissance
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 68 ans)
CraonVoir et modifier les données sur Wikidata
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Abréviation en botanique
BodardVoir et modifier les données sur Wikidata

Pierre-Henri-Hippolyte Bodard de la Jacopière (né le à Craon et mort le dans la même ville) est un médecin et botaniste français.

Il est issu d'une vieille famille bourgeoise de robe depuis longtemps établie en Anjou (Famille Bodard de la Jacopière). Il était le cadet[1]. Très jeune encore, il vient à Paris et entre au contrôle des finances. Il pratique en loisirs la botanique.

À Paris, Bodard était un assidu des cours d'Antoine-Laurent de Jussieu, alors démonstrateur de botanique au Jardin du Roi, avec lequel il se lie d'amitié. Il va aussi rendre visite à sa tante, la présidente Marie-Geneviève-Charlotte Thiroux d'Arconville, qui s'intéressait aussi à la botanique.

Bodard obtient ensuite une place lucrative à Marseille, où il a l'occasion d'étudier la flore méridionale. Il parcourt la Provence, le Languedoc, et les landes bordelaises. Il découvre aux environs de Bordeaux des plantes rares, la Simethis planifolia[2].

Révolution française

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Bodard est à Marseille pendant la Révolution française. Royaliste, il doit fuir Marseille pour Toulon, que les royalistes avaient livré aux anglo-espagnols. Bodard s'y réfugie avec sa jeune femme[3]. Le († 1874), elle lui donne un fils qui reçoit les noms de Diego-Antoine-Jérôme-Marius, ce dernier sera anobli par Louis XVIII en 1821 en récompense de sa loyauté lors des insurrections vendéennes de 1815.

La place de Toulon doit capituler. Le , 12 000 personnes se ruent dans le port, pour fuir. Bodard, pour sauver sa femme et son fils nouveau-né arrive au milieu de la flotte britannique qui refuse de les prendre à bord. Les fugitifs sont recueillis par le Guiscardo vaisseau napolitain de 74 canons[4]. Le vaisseau fait relâche à Porto-Longone, dans l'île d'Elbe. Bodard et les siens sont charitablement accueillis par la famille Catalani.

Le , le bateau arrive dans le port de Naples. Une colonie de réfugiés s'installe à Gaète. Bodard, passionné par l'Antiquité, parcourt les lieux[5]. Bodard y pratique l'archéologie et les sciences naturelles[6].

Bodard reste deux ans à Gaète ; mais la santé de sa femme s'altère de plus en plus, et il résout d'aller chercher pour elle à Naples des soins plus éclairés. À Naples, il se lie avec le docteur Vincenzo Petagna, professeur de botanique à l'université. Il l'aide même à rédiger son ouvrage Dellia faculta dellie plante, Naples, 1796.

Appauvri par sa fuite, il doit se mettre à la recherche d'une position lucrative à Naples. Des amis lui procurent un brevet de major au service de l'ordre de Malte. Mais sa femme meurt, lui laissant la charge d'un orphelin de 3 ans. Ne voulant pas abandonner l'enfant, il demande un congé et lorsqu'il doit gagner son poste en 1798, Malte tombe au pouvoir des Français.

Les élections de l'an V en France indiquent des tendances royalistes. Bodard, exilé, prudemment, attend pour revenir en France et se rapprochant du nord de l'Italie, gagne Rome en 1796. Botaniste, il trouve plusieurs confrères dont il devient l'ami, comme Gaspard Xuarez et l'abbé Louis Charles François Petit-Radel[7].

Le , Bodard est encore à Rome, car il herborise ce jour-là dans les ruines du Colisée, et dresse la liste des plantes sauvages du lieu. Bodard, après avoir reçu, en compagnie d'autres émigrés, la bénédiction de Pie VI, se dirige vers Pise.

Après le Coup d'État du 18 fructidor an V, le chemin de la France lui est de nouveau fermé. Il rencontre à Pise le docteur de Bienville, médecin émigré comme lui, qui l'engage à étudier les sciences médicales. Bodard s'engage en qualité de lecteur chez un prince polonais exilé à Pise, le prince Rzewuski, et suit, le reste du temps, les cours de l'université.

Botaniste et médecin

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Bodard se fait agréger à l'Académie des Géorgophiles ou Société d'agriculture de Florence, et communique deux mémoires de botanique[8]. Le premier concerne la Veronica cymbalaria[9]. Le deuxième travail traite des plantes qu'il appelle hypocarpogées[10] ; il prit comme exemples Arachis hypogea qu'il avait si longuement étudiée à Rome, de visu[11]. Cet opuscule est remarqué et Henri-Alexandre Tessier en rend compte à l'Institut de France[12].

Ces recherches et son titre de docteur en médecine de la Faculté de Pise () lui donnent des relations avec les professeurs de l'Université de Pise, Giorgio Santi, titulaire de la chaire d'histoire naturelle, et son collaborateur Dom Gaetano Savi, Raddi, Vitman, professeur à Milanetc. Il s'occupe de traduire en français[13] le Voyage au Montamiatay de Georges Santi, traduction qui paraît à Lyon en 1802. Il publie également des traductions en langue italienne de deux ouvrages du docteur Voulonne, dont l'un, relatif à la valeur de la médecine active par rapport à la médecine expectante, avait été couronné par l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. Plus tard, il donne des versions italiennes de quelques volumes d'Octave de Ségur.

Bodard est attaché à l'hôpital Sainte-Claire de Pise, et il y multiplie les expériences sur son thème favori, l'étude des simples et leur substitution aux médicaments exotiques. Dès 1797, il essaie sans succès la Grande ciguë contre le cancer du sein ; et plus tard, avec un meilleur résultat, le remplacement de l'Ase fétide par un mélange d'extraits de pavot et de diverses plantes fétides.

En 1799, les troupes françaises envahissent la Toscane, et entrent dans Pise ; Bodard ne s'enfuit pas, il soigne ses compatriotes malades ou blessés qui encombrent l'hôpital de Pise ; il sauve la vie de l'adjudant-général Gauthier, gravement atteint[14] ; le médecin en chef Andral[15] s'intéresse également à son confrère exilé. Bodard est attaché comme médecin à l'état-major, et, en 1801, reprend avec les soldats le chemin vers la France.

Bodard étudie les plantes de la montagne, des fleurs de France. Il retrouve sa famille[16], et la présidente Thiroux d'Arconville.

Bodard s'installe à Paris et reprend l'exercice de la médecine : il habite d'abord 3, boulevard Saint-Denis, puis 56, rue du Faubourg-Poissonnière. Il est médecin légiste du Tribunal de la Seine, secrétaire de la Section d'histoire naturelle de la Société de médecine pratique de Paris, membre du Cercle médical séant au Collège de France, correspondant des Sociétés de médecine pratique de Montpellier, de Bordeaux, des Sociétés des Amis des arts d'Aix et d'Évreux, des Sciences et Lettres de Livourne, des Géorgophiles de Florence, de l'Ordre académique des Indefessi d'Alexandrie.

Il effectue à partir de 1804, un cours public de botanique. En 1808, lors du blocus continental, la Société de médecine de Bordeaux met au concours la question suivante : Quelles sont les substances indigènes qui peuvent être substituées avec succès aux médicaments étrangers ?. Bodard envoie un mémoire qui obtint le second prix.

En 1809, il met son cours sous le patronage du Ministre de l'Intérieur () et inaugure solennellement ses leçons dans la Salle de l'Athénée des Arts, à l'oratoire de la rue Saint-Honoré, le . Les encouragements officiels ne lui manquent pas[17].

La Gazette de santé du , indique que « Lundi dernier, le professeur Bodard a ouvert son cours de botanique médicale comparée dans la salle de l'Athénée des arts à l'Oratoire, à onze heures. Si un riche et vaste sujet, si une élocution facile, si un auditoire nombreux qu'embellissait encore cette portion du genre humain qui inspire à l'autre moitié l'amour du travail et de la gloire, si tous ces avantages réunis cautionnent des succès, nul cours n'aura plus de vogue que celui que nous annonçons ».

Pharmacopée

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Il se fait l'apôtre de la pharmacopée nationale ; à chaque plante médicinale exotique, il opposait, dans ses leçons, tout un cortège d'espèces indigènes ; il prétendait que, dans plus de la moitié des cas, on peut substituer au quinquina, comme fébrifuge, la camomille ; on avait essayé, dans les Landes, la culture de l'arachide, et Bodard ne parlait rien moins que de lui faire supplanter le cacao.

Il avait demandé au Ministre de l'intérieur, Jean-Pierre de Montalivet, l'autorisation d'entretenir une correspondance officielle avec un ou deux médecins de chacun des 130 départements de l'Empire, à seule fin de propager ses doctrines et de découvrir, dans les végétaux européens, de nouvelles ressources thérapeutiques[18]. Il recommande son tussilage au Comité médical de consultation gratuite du Xe arrondissement, et il importune Gaillard, un médecin de l'Hôtel-Dieu, pour qu'il essaie la camomille contre la fièvre tierce.

En 1810, Bodard donne un exposé complet de ses théories dans son Cours de botanique médicale comparée. En 1816, il réédite un opuscule qu'il avait publié en 1807 sur la scrofule où il fait l'apologie du tussilage.

La levée du blocus continental porte un grand coup à la propagande du docteur Bodard, et les plantes étrangères retrouvent les bocaux des pharmaciens. Bodard se décide alors à revenir finir ses jours à Craon, probablement vers 1825, dans les domaines familiaux rachetés après la Révolution[19].

Il meurt au milieu de sa famille, le . Son fils devint l'historien de son pays, l'auteur des Chroniques craonnaises.

Bibliographie

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  • Mémoire sur la Véronique cymbalaire, Dissertation sur les plantes hypocarpogées, Pise, 1798, in-8.
  • Phénomène observé sur une femme de Pise en français, et italien, Pise. 1800. (Cas de tumeur maligne greffée sur un kyste dermoïde de l'ovaire droit, avec ascite hémorrhagique. Observation reproduite à la p. 101 du livre Des Engorgemens des glandes.
  • Traduction italienne de l'ouvrage du Dr Voulonne sur la médecine active et expectante, Florence, 1801.
  • Traduction italienne du Mémoire sur les fièvres intermittentes du Dr Voulonne, Florence, 1801.
  • Examen du Manuel de toxicologie du Dr Franky, moyens proposés par le Dr Bodard de composer une toxicologie plus complète, Paris, 1805, in-8.
  • Traduction française du Voyage au Montamiata et dans le Siennois, de G. Santi. Lyon, an X (1802), 2 vol. in-8.
  • Traduction italienne de la Flore des jeunes personnes, déjà traduite en français par Octave de Ségur, de l'anglais de Miss Priscilla Wakefield.
  • Traduction italienne des Lettres élémentaires sur la chimie d'Octave de Ségur.
  • Fait de pratique goutte (observation des résultats de l'elixir de Villette. — Gazette de santé, ).
  • Mémoire sur la Camomille romaine, (In Journal de médecine pratique et de bibliographie médicale, ).
  • Propriétés médicales de la Camomille noble employée comme fébrifuge, Paris, 1810, brochure in-8.
  • Analyse du Cours de botanique médicale comparée, Paris, 1809, brochure in-4 de 19 pages.
  • Cours de botanique médicale comparée, ou exposé des substances végétales exotiques comparées aux plantes indigènes, Paris, 1810, 2 vol. in-8.
  • Des affections scrofuleuses vulgairement connues sous le nom d'écrouelles ou humeurs froides et observations sur l'utilité des feuilles et des racines du tussilage dans le traitement de cette maladie. Paris, 1807, n-18. — 2e édition, Paris — Des Engorgemens des glandes, {vulgairement connus sous le nom de scrofules, écrouelles ou humeurs froides ; de l'utilité des diverses préparations des feuilles et des racines de tussilage dans le traitement de ces maladies, ouvrage utile... suivi d'une dissertation sur les plantes hypocarpogées. 3' éd., Paris, 1816, in-8.

Selon Alexandre Boreau, Bodard a donné quelques articles au Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Il ne figure pas sur la liste des collaborateurs donnée en tête du tome I, 1812.

Notes et références

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  1. Son frère aîné, Henri, est procureur du roi au présidial d'Angers, et échevin de cette ville. Il figure en 1778 parmi les fondateurs du jardin botanique d'Angers, en 1789 parmi les membres de la Société des botanophiles d'Angers. Quant à Pierre, il fait ses humanités au collège de La Flèche.
  2. Jussieu n'en possédait point d'exemplaire dans son herbier, et René Desfontaines, professeur de botanique au Jardin du Roi, n'avait rencontré cette plante qu'en Barbarie. Desfontaines et Jussieu reçurent donc un exemplaire.
  3. Une demoiselle Viret.
  4. La traversée dura trente jours, et 2 400 personnes s'entassaient à bord du bâtiment.
  5. « C'est, dit-il, sur les collines qui dominent Castellone de Gaëte au royaume de Naples, bâtie sur les ruines de l'antique Formian, maison célèbre de Cicéron, que j'ai été à portée d'observer les plus beaux monumens antiques. Je ne puis me rappeler sans étonnement la solidité du ciment avec lequel ces entonnoirs, ces réservoirs dépuratoires et ces aqueducs sont construits, les frais immenses qu'ils ont dû coûter, et l'art avec lequel ils ont été exécutés... Je publierai dans un ouvrage séparé quelques observations sur plusieurs points d'antiquité peu connus et remarquables à Gaëte, à Formian et aux environs, tels que les tombeaux de Cicéron, de Munatius Plancus (aujourd'hui appelé Torre d'Orlando), de Vitruve, la Fontaine d'Artacie » (Des engorgemens des glandes, p. 128-129.)
  6. Il étudie par exemple leurs mœurs des Tarentes du midi et souffre d'une dermatite labiale liée au liquide irritant de leurs glandes. Un autre jour, il découvre des véroniques cymbalaires.
  7. Xuarez cultive dans un jardin qu'il possède près du Vatican, quelques plantes rares ; un jour Xuarez prépare quelques tasses d'un certain chocolat que Bodard déclare incomparable ; il s'empresse d'en demander la recette, et Xuarez lui communique en grand mystère qu'il avait mêlé au cacao des fruits des arachides de son jardin. Bodard cherche à étudier minutieusement l'arachide. L'abbé Radel entretient aussi cette plante dans son jardin botanique de Saint-Pierre-aux-Liens. Bodard étudie alors la germination, la croissance, la floraison, la fructification curieuse de son arachide.
  8. Imprimés à Pise en 1798.
  9. « La véronique cymbalaire, dit Boreau, assez répandue dans les contrées voisines de la Méditerranée, avait été connue de Tournefort et déjà figurée par Buxbaum, mais Linné l'avait méconnue et l'avait rattachée à la triviale véronique hédérée ; notre auteur en donna une description complète et l'établit sur des caractères positifs et irréfragables ; elle a été adoptée depuis par tous les botanistes, et tant que la science sera cultivée parmi les hommes, le nom de Bodard restera inséparable de celui de la plante qu'il a su le premier signaler d'une manière rationnelle. Peut-être le célèbre Savi, auteur du Flora Pisanlly avait-il vu avec peine qu'un étranger fit connaître une plante si répandue dans son pays : tout en l'admettant dans son Botanicon Etruscum publié en 1808, il en fait honneur à Bertoloni sans faire aucune mention du nom du premier descripteur. »
  10. C'est-à-dire celles qui enfouissent leur fruit dans le sol, où il arrive à maturité
  11. Et de gustlly Anthirrhinum cymbalaria Linné, Trifolium subterraneum Lin., Cyclamen FMropœum Lin., Glycine subterranea Lin., Glycine monoïca Lin., Lathyrus amphicarpos Lin., Vicia hypocarpogea Bodard.
  12. Journal de l'Agriculture française, t. IX, p. 596.
  13. Sous les yeux de l'auteur.
  14. Il conquit son amitié, et lui raconta sa triste odyssée
  15. Médecin en chef de l'armée d'Italie. Il devient médecin du roi Joachim Murat et membre de l'Académie de médecine. Il est le père de Gabriel Andral.
  16. Son frère, délégué par le comte d'Artois auprès de François Athanase Charette de La Contrie, avait été tué, le , au combat de Sainte-Marie-du-Bois.
  17. Le , le duc de Feltre, ministre de la guerre, lui écrit : Nos contrées renferment dans leur propre sein les richesses qu'elles sont forcées d'arracher à un sol étranger ; et Bodard se trouve des félicitations de l'Archichancelier (), de l'Architrésorier (), du Ministre des finances () et du Prince-primat (). Il en reçut d'autres des empereurs d'Autriche, de Russie, les rois de Prusse, de Wurtemberg et de Danemark.
  18. Ceci lui demandait un travail énorme, et la subvention gouvernementale suffisait à peine à payer son secrétaire
  19. IL était revenu plusieurs fois et racontait à qui voulait l'entendre comme quoi, à ses vacances de 1803, il avait guéri avec sa poudre de camomille une épidémie de fièvres qui avait sévi sur le Craonnais, et, en juin 1809, rétabli, toujours grâce à la camomille, un tisserand de Livré-la-Touche atteint depuis dix mois d'une fièvre que le quinquina avait été impuissant à juguler.

Sources partielles

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Articles connexes

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Liens externes

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