Sites mégalithiques en Belgique
Les sites mégalithiques en Belgique sont l'ensemble des mégalithes présents sur le territoire de Belgique.
Répartition géographique
[modifier | modifier le code]Aucun monument mégalithique indiscutable n'a été découvert dans la moitié nord de la Belgique, ceci s'explique probablement par les caractéristiques géologiques des sols en question (sols limoneux et sableux)[1]. Le mégalithisme en Flandre reste très hypothétique, les soi-disant monuments mégalithiques signalés depuis la fin du XIXe siècle ayant été démantelés ou détruits depuis, « leur nature artificielle ou leur datation néolithique ne peut plus être vérifiée »[2]. Les sites mégalithiques attestés se concentrent en Wallonie, dans les provinces de Hainaut, de Namur et du Luxembourg, qui correspondent à une zone périphérique entre les riches aires dolméniques du Bassin parisien et de Hesse-Westphalie. Ils ont été implantés dans des couloirs naturels orientés est-ouest qui devaient correspondre à des voies de pénétration dans un secteur géographique qui était fortement recouvert par la forêt, le secteur correspondant aussi à des sols propices à l'agriculture et offrant des matériaux de construction plus favorables (calcaire, grès)[3].
L'étude géologiques des blocs utilisés pour la construction conduit à distinguer deux groupes correspondant à deux régions distinctes de la Wallonie. Le premier groupe rassemblent les mégalithes où les sols tertiaires ont offert des blocs naturels « prêt à l'emploi » sous forme de concrétions localement formées dans un sédiment meuble (blocs de grès et quartzites landénien)[Note 1]. Le second groupe englobe des mégalithes constitués avec des roches (poudinges) datées du Paléozoïque affleurant en bancs continus[4].
Généralités
[modifier | modifier le code]Le mégalithisme est apparu assez tardivement sur le territoire correspondant à l'actuelle Belgique, durant le premier tiers du IIIe millénaire av. J.-C.. Les monuments sont de deux types : des sépultures collectives (allées couvertes, dolmens) et des pierres dressées (menhirs)[1]. Les allées couvertes de Wallonie sont des monuments typiques, avec une chambre et un vestibule (Wéris I et II) et quelques variantes (Lamsoul). Les descriptifs connus des dolmens de Laviô et de celui de Jambes correspondent à des sépultures bien différentes des allées couvertes. On ne connaît en Belgique aucun monument en bois comme le caveau funéraire de Stein (nl) découvert aux Pays-Bas voisins. [5]. Les menhirs sont associés à des constructions mégalithiques funéraires (Wéris) ou dressés en position isolée, beaucoup ont été dressés sur des hauteurs[6].
Les mégalithes de Wallonie ont été longtemps attribués à la culture Seine-Oise-Marne mais des découvertes plus récentes, avec des faciès culturels correspondant au groupe de Gord et au Campaniforme, doivent conduire à nuancer cette hypothèse[7].
Inventaire
[modifier | modifier le code]Des sépultures mégalithiques monumentales, mentionnées de longue date, ont été détruites (dolmen de Jambes, allée couverte et dolmen de Jemeppe-Hargimont) et les quelques dolmens et la dizaine de menhirs encore visibles aujourd'hui ne sont que des survivants, de nombreux mégalithes en grès ayant été transformés en pavés dans le Hainaut notamment. L'étude du mégalithisme belge est cependant assez récente, la première étude d'ensemble par A. de Loë est datée de 1888[8] et aucune prospection ou inventaire systématique n'a été entrepris depuis. Les fouilles archéologiques menées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle ont été réalisées de manière peu rigoureuse, c'est seulement dans le dernier quart du XXe siècle que des campagnes archéologiques interdisciplinaires ont été entreprises en Wallonie, sur quelques sites (Champ mégalithique de Wéris, allée couverte de Lamsoul)[1].
De nombreuses pierres couchées ou dressées ont été interprétées depuis le XIXe siècle comme étant des dolmens (« dolmen » de Gomery à Virton, abri sous roche de Martzoun-Neuville à Beauraing[9]), certaines ne sont que des affleurements rocheux ou des blocs erratiques naturels, d'autres sont de nature incertaine mais en l'absence de toute fouille archéologique leur authenticité n'est pas avérée[10].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Les couches géologiques correspondantes se prolongeant dans le nord de la France, des mégalithes du même type y sont encore aussi visibles.
Références
[modifier | modifier le code]- Toussaint et al. 2006, p. 91.
- Bart Vanmontfort, « Les Flandres durant la fin du 4e et le début du 3e millénaire avant note ère. Inhabitées ou invisibles pour l'archéologie ? », dans Marc Vander Linden, Laure Salanova, Le troisième millénaire dans le nord de la France et en Belgique : Actes de la jounée d'études SRBAP - SPF (Lille, 8 mars 2003), numéro spécial de Anthropologica et Praehistorica (ISSN 1377-5723), 115., coll. « Mémoire de la Société Préhistorique Française » (no XXXV), , 234 p. (ISBN 2-913745-19-9, lire en ligne), p. 10-11
- Toussaint et al. 2006, p. 99-100.
- Pirson, Toussaint et Frébutte 2006.
- Toussaint et al. 2006, p. 103-104.
- Toussaint et al. 2006, p. 105.
- Toussaint et al. 2006, p. 108.
- A. de Loë, « Étude sur les mégalithes ou monuments de pierres brutes existant ou ayant existé sur le territoire de la Belgique actuelle », Annales de la Fédération archéologique et historique de Belgique, Charleroi, no 4, , p. 95-128
- Huysecom 1982, p. 68-69.
- Toussaint et al. 2006, p. 96-98.
- Huysecom 1982, p. 69-70.
- Toussaint et al. 2006, p. 94.
- Huysecom 1982, p. 71.
- Huysecom 1982, p. 65.
- Toussaint et al. 2006, p. 97.
- Toussaint et al. 2006, p. 95.
- Philippe Masy, « À la recherche des deux dolmens perdus d'Hargimont (Marche-en-Famenne, prov. de Luxembourg) », Bulletin des Chercheurs de la Wallonie, no XXXVIII, , p. 131-143
- Huysecom 1982, p. 70.
- Huysecom 1982, p. 66.
- Christian Frébutte, « La Pierre du Diable de Haillot, à Ohey (province de Namur)...un menhir révélé par une fouille préventive », Notae Praehistoricae, no 27, , p. 159-170
- Éric Huysecom, « Examen de l'allée couverte de Lamsoul-Jemelle », Bulletin trimestriel de l'association Ardenne et Gaume, vol. XXXVIII, no 3, , p. 132-139
- Huysecom 1982, p. 68.
- Claude Hennuy, Les mégalithes de Thudinie, Thuin, Publications du Centre d'Histoire et d'Art de la Thudinie, , 2e éd., 41 p., p. 12-13
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Eric Huysecom, « Les allées couvertes de Wéris », Bulletin trimestriel de l'Institut archéologique du Luxembourg, no 57, , p. 63-132 (lire en ligne [PDF])
- Eric Huysecom, « Les sépultures mégalithiques en Belgique. Inventaire et essai de synthèse », Bulletin de la société royale belge d'Anthropologie et de Préhistoire, no 93, , p. 63-85 (lire en ligne)
- Stéphane Pirson, Michel Toussaint et Christian Frébutte, « Étude des matières premières des mégalithes de Wallonie (Belgique) : premiers résultats », dans Roger Joussaume, Luc Laporte, Chris Scarre, Origine et développement du mégalithisme de l'ouest de l'Europe : Colloque international du 26 au 30 octobre 2002, vol. 1, Bougon, Musée des Tumulus de Bougon, , 516 p. (ISBN 2911743229), p. 119-124
- Christian Frébutte et Michel Toussaint, « Aperçu de l'historiographie du mégalithisme wallon », dans Le champ mégalithique de Wéris : Contexte archéologique et géologique, vol. 1, Namur, Division du Patrimoine, , 448 p., p. 40-49
- Michel Toussaint, Stéphane Pirson, Christian Frébutte et François Valotteau, « Critères d'identification des menhirs dans la Préhistoire belgo-luxembourgeoise », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 102, no 3, , p. 597-611
- Michel Toussaint, Christian Frébutte, Stéphane Pirson, François Hubert et Philippe Masy, « Les mégalithes de Belgique », dans Roger Joussaume, Luc Laporte, Chris Scarre, Origine et développement du mégalithisme de l'ouest de l'Europe : Colloque international du 26 au 30 octobre 2002, vol. 1, Bougon, Musée des Tumulus de Bougon, , 516 p. (ISBN 2911743229), p. 89-118