Hélène Roger-Viollet
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Hélène Pauline Henriette Marie Roger |
Pseudonyme |
Hélène Fischer-Viollet |
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Jeanne Viollet |
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Jean-Victor Fischer (d) |
Parentèle |
Paul Viollet (grand-père maternel) Ernest Roger (oncle) |
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Propriétaire de |
Hélène Roger-Viollet, née Hélène Roger le à Paris 11e et morte assassinée par son mari à la date estimée du à Paris 6e (déclarée morte le à l'état civil[1],[Note 1]), est une photographe et journaliste française, et la créatrice de l'agence photographique Roger-Viollet.
Elle s’est par ailleurs rendue célèbre pour avoir milité dans les années 1930 avec Louise Weiss en faveur du droit de vote des femmes.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et famille
[modifier | modifier le code]Hélène Pauline Henriette Marie Roger naît en 1901 à Paris[2]. Son père Henri Roger, ingénieur chimiste, a 31 ans quand il se marie en 1900 avec Jeanne Viollet, fille de l'historien Paul Viollet, catholique dreyfusard et cofondateur de la Ligue des droits de l’homme. Il prend le nom de Roger-Viollet pour se distinguer des membres de sa famille. Entre 1901 et 1911, le couple a six enfants : cinq filles — Hélène, Jenny, les jumelles Marie-Jeanne et Marie-Louise, Lydie — et un garçon, Édouard[3].
Très jeune, Hélène Roger-Viollet partage la passion de son père pour la photographie et apprend avec lui la technique du laboratoire[4]. Plus tard, il entreprendra de nombreux voyages et constituera un fonds photographique considérable de plus de 10 000 clichés.
Sa mère donne occasionnellement des conférences, sur des thèmes comme « Le rôle féminin. Chez soi, en famille, au dehors »[5] ou « L’éducation de la jeune fille française, son influence sur la conduite du jeune homme »[6]. Pendant la Première Guerre mondiale — durant laquelle son père est mobilisé comme capitaine — Hélène Roger-Viollet perd successivement sa mère[7], puis son frère Édouard, emporté par une méningite.
Formation et militantisme
[modifier | modifier le code]Hélène Roger-Viollet s'oriente vers le métier de journaliste[4]. Elle se forme dans une école de journalisme de Paris où elle est l'une des rares jeunes femmes. C'est là qu'elle rencontre son futur mari, Jean-Victor Fischer[8].
Engagée en faveur du vote des femmes, elle milite publiquement, aux côtés des journalistes Louise Weiss, présidente de La Femme nouvelle, et Maryse Demour de L’Essor féminin, au sein du centre de propagande féminine de la campagne électorale pour les élections législatives de 1936[9].
Avec Jean-Victor Fischer, elle décide pour leur premier reportage de faire un sujet sur les congés payés du Front populaire et ils se rendent à vélo en Andorre[4]. Sur place, ils découvrent des Espagnols fuyant leur pays et deviennent ainsi les premiers étrangers à couvrir la guerre d’Espagne. Leur reportage est repris dans le monde entier[10].
L'agence Roger-Viollet
[modifier | modifier le code]L'année suivante, Hélène Roger-Viollet décide de monter avec son père une exposition autour des expositions universelles, des événements qu'Henri Roger-Viollet a lui-même en partie photographiés. C'est en cherchant à compléter leur documentation que père et fille font la rencontre de Laurent Ollivier, un vendeur de photographies dont la boutique est établie à Saint-Germain-des-Prés depuis 1880[10], et qui la leur cède finalement pour un franc symbolique. Hélène Roger-Viollet fonde en 1938 la Documentation photographique générale Roger-Viollet[11], au 6 rue de Seine[12]. Le fonds racheté est constitué de reproductions d’œuvres d’art, de paysages (notamment de nombreuses vues de Paris), de portraits de personnalités, dont les plus anciens datent du Second Empire. Les milliers de clichés réalisés par Henri Roger-Viollet viennent s'y ajouter.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Jean-Victor Fisher s’engage dans la Légion étrangère. La boutique Roger-Viollet, fermée et sa vitrine protégée par des planches de bois, échappe à d’éventuels pillages de l’occupant, et rouvre intacte à la Libération. Après la guerre, Hélène Roger-Viollet augmente considérablement le fonds photographique par divers rachats et acquisitions[13], et par le biais de campagnes photographiques qu'elle et son compagnon réalisent dans le monde entier. La collection regroupe 6 millions d’images, couvrant plus d’un siècle et demi d’histoire parisienne, française et internationale[14]. Dans les années 1960, la société prend le statut d'agence de presse et devient une référence mondiale dans le domaine de la photographie d'actualité[8]. Au-delà de leur valeur documentaire, les photographies prises par Hélène Roger-Viollet au Rolleiflex attestent d'une réelle sensibilité artistique[15],[4]. Parmi les reportages emblématiques figure un tour du monde sur le paquebot France en 1972, réalisé avec Jean-Victor Fischer qu’elle a épousé à la fin de l'année précédente[2].
Mort par féminicide
[modifier | modifier le code]Le , à 9 heures du matin, Hélène Roger-Viollet, 83 ans, est retrouvée égorgée à son domicile, 12 rue des Beaux-Arts[16]. La mort est estimée remonter à 24 heures. C'est sur les indications de son mari, retrouvé peu avant dans les bureaux de l'agence les poignets tailladés, que la police s'est rendue sur les lieux[17]. Selon l’AFP, « la victime a été assommée à coup de barre de fer avant d’être achevée de 15 coups de rasoir et le médecin légiste a constaté sur ses mains des traces de défense prouvant qu’elle a essayé de se protéger des deux mains contre les coups de rasoir. D’autre part, il s’est écoulé à peu près 24 heures entre le meurtre et la tentative de suicide de Jean-Victor Fischer. »[10]. Devant les policiers, Jean-Victor Fischer évoque d’abord un double suicide, puis avoue son crime. Incarcéré le à la prison de Fresnes, il se suicide par pendaison le , pendant la promenade de son codétenu[18]. Le lendemain, dans Le Monde, Jean-Michel Brigouleix écrit : « Lentement, mois après mois, année après année il avait fini par haïr cette femme, sa femme, à qui il devait tout mais qui possédait elle, la gloire et l’argent. »[10]
L'assassinat d'Hélène Roger-Viollet met fin à l'épopée de la famille Roger-Viollet. Sans héritier direct et de peur que leur collection ne disparaisse avec eux, les époux avaient rédigé le un testament indiquant que tous leurs biens devraient à leur mort être transmis à la Ville de Paris[19]. La contestation de ce legs par la famille aboutit à l’autogestion de l’agence sous le contrôle d’un administrateur judiciaire. Le , un arrêt de la cour d’appel de Paris attribue définitivement l’héritage à la Ville de Paris.
L'assassinat d'Hélène Roger-Viollet a, selon swissinfo.ch, « réduit au silence son travail »[20] et parfois conduit la presse à ironiser sur sa vie[Note 2]. Ce n'est qu'en 2021 qu'une exposition est pour la première fois entièrement consacrée à ses photographies, prises lors de ses voyages autour du monde. La plupart des épreuves réalisées par les époux n'ayant pas été signées à titre individuel, c'est leur cadrage qui a permis de distinguer et d'expertiser les travaux d’Hélène Roger-Viollet : beaucoup plus petite que son mari, elle tenait son Rolleiflex plus bas[22].
Publication
[modifier | modifier le code]- Hélène Roger-Viollet et Jean Fischer, Ah ! Qu'il est beau ce tour du monde ou Les Joies du tourisme, Paris, Documentation générale photographique, 1973
Exposition
[modifier | modifier le code]- Les Voyages d'Hélène : une vie à documenter le monde, première exposition entièrement consacrée à l’œuvre d’Hélène Roger-Viollet, galerie Roger-Viollet, Paris, 2021-2022[23]
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- La date du est très probablement erronée, puisque l'acte de décès indique : « Le vingt-huit janvier mil neuf cent quatre vingt cinq, à neuf heures, nous avons constaté en son domicile, 12 rue des Beaux Arts, le décès paraissant remonter à 24 heures environ de : Hélène, Pauline, Henriette, Marie ROGER ».
- Ainsi, en 2021, on peut lire dans Libération sous la plume de Gilles Renault : « Hélène Roger-Viollet (...) venait de se faire sauvagement trucider par son époux, le moustachu d'origine autrichienne, Jean-Victor Fischer, qui, à 81 ans, portait encore beau. Le tout après un demi-siècle sans s'être jamais quittés d'une semelle, des estaminets de la rive gauche aux confins du Soudan. Comme quoi, il ne faut jamais jurer de rien. On retrouvera le corps de Madame à son domicile, estourbie avec une barre de fer et la gorge tranchée par une quinzaine de coups de rasoir. »[21]
Références
[modifier | modifier le code]- Relevé des fichiers de l'Insee
- Acte de naissance no 2973, , Paris 11e, Archives de Paris (avec mentions marginales de mariage et de décès) [lire en ligne] (vue 13/31)
- Jacqueline Hiegel, « L'aventure photographique des Roger-Viollet », Prestige de la photographie, no 8, , p. 4-37
- « Hélène Roger-Viollet, la femme derrière l’agence », sur France 24, (consulté le )
- « Aujourd'hui. Fêtes et réunions », sur Gallica, Le Matin, (consulté le ), p. 8
- « Conférences et auditions », sur Gallica, Le Figaro, (consulté le ), p. 6
- Acte de décès no 197, , Chatou, Archives départementales des Yvelines [lire en ligne] (vue 112/131)
- « Hélène Roget-Violet, une vie à photographier sans jamais être exposée », sur elle.fr, (consulté le ).
- « Pour le vote des femmes », sur Gallica, Le Bien public, (consulté le ), p. 1
- Michel Puech, « Les aventures de l'agence photo Roger-Viollet », sur Mediapart, (consulté le )
- « Hélène Roger-Viollet (1901-1985) », sur data.bnf.fr (consulté le ).
- Marie Godfrain, « L’agence photographique Roger-Viollet soigne son exposition », Le Monde, (lire en ligne)
- Michel Dreyfus, Les Sources de l'histoire ouvrière, sociale et industrielle en France, XIXe et XXe siècles : guide documentaire, (lire en ligne), p. 215
- « Roger-Viollet – Agence photo depuis 1938 », sur Roger-Viollet (consulté le )
- « L’odyssée d’Hélène Roger-Viollet, une vie à documenter le monde », sur la-croix.com, (consulté le ).
- Acte de décès n° 26, , Paris 6e, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 5/31)
- « Après le décès d'Hélène Fischer-Viollet son mari tente de se donner la mort », Le Monde, , p. 40 (lire en ligne).
- « Le directeur de l’agence Viollet Jean-Victor Fischer se donne la mort dans sa cellule », Le Monde, , p. 13 (lire en ligne)
- « L’agence de photos Roger-Viollet, plus d'un siècle d'histoire en archives (1/2) », sur www.paris.fr (consulté le )
- « París recupera la obra de Hélène Roger-Viollet, pionera del fotoperiodismo », sur swissinfo.ch, (consulté le ).
- Gilles Renault, « Hélène Roger-Viollet, la photo dans le sang », sur Libération, (consulté le )
- Maïlys Celeux-Lanval, « Hélène Roger-Viollet, la femme aux 6 millions d’images », sur Beaux Arts, (consulté le )
- « Exposition "Les voyagesd'Hélène, une vie àdocumenter le monde" », sur Roger-Viollet (consulté le )
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative à la recherche :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :