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Royaume du Fouta-Toro

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Royaume du Fouta-Toro

avant 850 – 1881

Description de cette image, également commentée ci-après
Le Fouta-Toro et ses voisins (1850)
Informations générales
Statut Monarchie, Almamyat
Capitale Silla, Horkoƴere
Langue(s) Pulaar
Religion religion traditionnelle puis Islam
Superficie
Superficie 28150km² (partie sénégalaise)
Histoire et événements
VIIIe siècle Dynastie Dia Ogo
fin Xe siècle Dynastie Manna
XIVe siècle Dynastie Tondyon
XVe siècle Dynastie Dia
1495 Dynastie Denianke Dia
1776 Almamyat
octobre 1877 Traité de Galoya

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Carte des peuplades du Sénégal de l'abbé Boilat (1853)
Localisation du Fouta Toro sur une carte de 1860.
Imamat de Fouta-Toro vers 1800-1820.

Le royaume du Fouta-Toro (parfois Fuuta Tooro en sérère et fula; en arabe : فوتا تورو) est un ancien royaume et un territoire historique situé dans le nord du Sénégal actuel et au sud de la Mauritanie actuelle autour du cours moyen du fleuve Sénégal. Les habitants du Fouta-Toro sont appelés les Foutankobé (Foutanké au singulier). Le royaume s'étendait à peu près de l'actuelle Bakel jusqu'à Dagana[1].

Le Fouta-Toro était un royaume situé dans la vallée du fleuve Sénégal, sur la frontière méridionale de l'actuelle Mauritanie et septentrionale de l'actuel Sénégal où avait été fondé plus anciennement le royaume du Tekrour.

Sous l'empire du Ghana le Tekrour était la zone la plus peuplée du Sénégal. À ce moment-là, bon nombre d'ethnies, notamment les Wolofs et les Soninkés , vivaient en ces lieux, c'est pourquoi ils sont présents dans ces régions aujourd'hui.

Le Fouta a ensuite été dirigé par diverses dynasties notamment , Sarakholé et Sérère qui se sont succédé de la chute de l'empire du Ghana jusqu'à l'arrivée du guerrier conquérant d'origine peule, Koli Tenguella.

  • La dynastie des Dia-Ogo qui régna selon la tradition orale plusieurs siècles jusqu'au début de l'époque de l'empire du Ghana. Les Dia-Ogo étaient originaires de l'est, et sont d'abord passés par la Mauritanie, ils étaient forgerons. Les Dia-ogo gouvernaient également le Royaume du Njarmeew que les Peuls appellent Namandiru, plus au sud. C'était une dynastie qui maîtrisait la métallurgie.[1]
  • La dynastie des Manna, qui régna trois siècles, toujours pendant l'époque de l'empire du Ghana jusqu'au début de l'empire du Mali. Ils étaient originaires du Royaume de Diarra, royaume à l'époque vassal de l'empire du Mali. Les Manna étaient d'origine Soninké (de clan Soumaré). D'après les traditions orales, cette dynastie était musulmane, contrairement aux plus anciennes, de religion traditionnelle. Selon la tradition, ce fut le roi manna, War Jabi (le Ouardjai de El Bekri), qui fut le premier souverain musulman du Tékrour.[2]
  • La dynastie des Tondyon, d'origine sérère. Ils ont régné un siècle, au XIVe et XVe siècles. Ils étaient de religion traditionnelle et se convertirent à l'islam vers la fin de leur règne. Ils sont arrivés au pouvoir en renversant les Mannas après une longue lutte.
  • La dynastie suivante était divisée en trois groupes, les Lam-Termés les Lam-Taga- et les Lam-Toro de Elibana Birom Sall.

Conquête du Tekrour par Koli Tenguella

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Au milieu du XVIe siècle, Koli Tenguella renverse les différentes dynasties dans le Tékrour. Il créa et installa la dynastie des Deniankobé ou Denianke, une dynastie d'origine Peule. Très attachés à la spiritualité traditionnelle, les Déniankobé étaient de la classe sociale noble des Ceddo ou Sebbe. Koli Teŋella réussit à reprendre les terres prises par l'empire du Djolof, affaibli par ses luttes avec le Cayor qui voulait se libérer de l'emprise du Djolof. Il réussit également à défaire le lien de vassalité qu'exerçait le royaume de Diara, qui était lui-même vassal de l'empire songhai, sur le Fouta. Sa dynastie dura jusqu'à l'année 1776. C'est sous son règne que le royaume prit le nom de Fouta-Toro.

Révolution peuls toroodo

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Vue de l'armée du Fouta Toro en marche (1818)

En 1776, les Les peuls Toucouleurs, en très grande partie islamisés , lancèrent le djihad pour renverser la dynastie des Deniankobé. C'est à l'université de Pire Saniokhor que la révolution les peuls Toroodo trouve sa genèse. En effet, ce sont les élèves du maître Demba Fall qui seront les têtes pensantes du mouvement Torodo. Ces Toucouleurs dirigés par Souleymane Baal qui enclenchèrent la révolution Toroodo, Souleymane Baal fut vite remplacé par le marabout peul Toroodo Abdoul Kader Kane, qui lança des djihads dans divers royaumes au Sénégal, mais qui fut vaincu et retenu prisonnier par le damel du Cayor Amary Ngoné Ndella Fall mais le libéra quelques mois après sur conseil des sages Darmankos du Cayor. Les peuls Toroodos étaient très intolérants vis-à-vis de ceux qui pratiquaient la religion traditionnelle. L'islam est déclarée religion d'État du Fouta et celui-ci devient un Almamyat[2]. Les Les peuls Toroodos, abolirent l'exportation d'esclaves mais pas l'esclavage local[3]. Du moins sous le pouvoir des deux premiers almamys. Ils souhaitaient une société égalitaire et islamisée. Durant le règne des peuls Torooros, le roi du Fouta-Toro portait le titre d'almamy. Il devait être un savant musulman, un grand marabout. Après l'assassinat de l'almamy Abdul après trente ans de règne, Les almamys suivants étaient sans cesse renversés, les toroodo étaient connus pour leurs éternels désaccords, ils étaient divisés en plusieurs clans rivaux, ils ont répandu l'anarchie au Fouta.

El Hadji Omar Foutihou Tall, né au Fouta près de Podor dans le village de Halwar, D'une famille d’érudits et enseignants du Coran et des traditions islamiques. Après avoir terminé ses études à l'âge de vingt-deux ans, il entreprit un voyage à la Mecque, lieu saint de l'Islam. Durant son voyage, il séjourna dans plusieurs pays du Moyen-Orient et du Maghreb. Il fut témoin de la prise du canal de Suez par les Britanniques, sous l'empire Ottoman. Il comprit les enjeux des aspirations coloniales de l'occident sur les territoires de l'empire Ottoman décadent. C'est ainsi que de retour en Afrique noire, au moment de la pénétration coloniale, il décida de s'opposer à toute forme de domination politique et culturelle de son peuple. Il entreprit d'unifier les peuples du Soudan du Sénégal et du Fouta sous la même culture islamique pour s'opposer à ce qu'il juge être une menace pour l’existence et l’identité de son peuple. Il entreprit une guerre pour islamiser tous les peuples d’Afrique de l’Ouest afin de contrecarrer l'expansion coloniale européenne.

Conquête coloniale

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La principauté du Fouta Toro s'étend sur 3 500 km2 ce territoire correspond dans le découpage administratif au département de Matam et des arrondissements voisins de Cascas et Saldé[4].

Organisation sociale et territoriale

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Le Fouta-Toro était divisé en neuf provinces dominées par diverses tribus : le Dimar, le Toro, le Laaw, le Boosoya, le Halayɓe, le Yirlaɓe, le Hebbiya, le Ngenaar, le Damga.

Les ethnies majoritaires sont les Peuls ou Toucouleurs, le Fouta est le grand foyer historique des Peuls.

Socialement, le Fouta était extrêmement hiérarchisé et ce fut un lieu de grands brassages ethniques. Les habitants du Fouta étaient et sont connus, même encore aujourd'hui, pour leur patriotisme.

En plus des guerres intestines entre dynasties, le Fouta-Toro était souvent la cible des razzias des Maures.

Dans le Fouta-Toro existe une hiérarchie au sein de la population particulièrement complexe : ce sont les Toroɓɓe, des sédentaires, musulmans, qui dominent une société composée de divers groupes statutaires et fonctionnels - agriculteurs, pêcheurs, guerriers, etc.[5]

Le royaume avait une agriculture florissante. On y cultivait le mil, le riz, divers fruits et légumes. L'élevage était aussi très pratiqué par les Peuls toucouleurs , ainsi que la pêche. Le commerce de la gomme arabique, de l'indigo, des tissus du coton, était pratiqué aussi. Depuis l'époque du Tékrour, le Fouta-toro vivait aussi de la traite trans-saharienne initiée par les Arabes, puis plus tard de la traite atlantique des Européens.

Notes et références

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  1. L'histoire du Fouta-Toro (consulté le 11 mai 2023).
  2. Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Sénégal, Petit Futé, , 96 p. (ISBN 978-2-7469-2006-4 et 2-7469-2006-9, lire en ligne), p. 89]
  3. Jacques Giri, Histoire économique du Sahel : des empires à la colonisation, , 259 p. (ISBN 978-2-86537-507-3, lire en ligne), p. 194.
  4. François Zucarelli, De la chefferie traditionnelle au canton : évolution du canton colonial au Sénégal – 1855-1960, Cahiers d'Études africaines 50, Année 1973 pp. 213-238
  5. Jean Schmitz, « Les Peuls : islam, pastoralisme et fluctuations de peuplement », Cahier des sciences humaines, vol. 4, no 26,‎ , p. 499-504 (lire en ligne)

Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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  • (en) The Islamic regime of Fuuta Tooro : an anthology of oral tradition, African Studies Center, Michigan State University, 1984
  • (en) James P. Johnson, The Almamate of Futa Toro, 1779-1836. A Political History, Madison, University of Wisconsin, 1974, 513 p. (thèse)
  • (en) Mouhamed Moustapha Kane, A History of Fuuta Tooro, 1890s-1920s : Senegal under Colonial Rule, The Protectorate, East Lansing, Michigan State University, 1987, XV-528 p. (Thèse)
  • (en) David Wallace Robinson Jr, Abdul Bokar Kan and the History of Futa Toro, 1853 to 1891, New York, Columbia University, 1971, 311 p. (Thèse)
  • (en) David Wallace Robinson Jr, Chiefs and Clerics. The History of Abdul Bokar Kan and Futa Toro. 1853-1891, Oxford, Clarendon Press, 1975, XIV+239 p. (Thèse éditée)
  • La Structure foncière au Fouta Toro, MISOES, 1959
  • La démographie du Fouta-Toro (Toucouleurs et Peulhs), Dakar, Mission socio-économique du fleuve Sénégal, MISOES, 1959
  • Samba Guéladio, épopée peule du Fuuta Tooro, I.F.A.N. Cheikh Anta Diop, 1992
  • Oumar Ba, Petit vocabulaire de la langue peul parlée au Fouta Toro, Centre de linguistique appliquée de Dakar, 1968
  • Oumar Ba, Le Fouta-Toro au carrefour des cultures : Les Peuls de la Mauritanie et du Sénégal, L'Harmattan, 1977, 426 p.
  • H. Bessac, « Fragments de poterie archéologique du Fouta sénégalais », Notes africaines, Dakar, IFAN, 1964, no 103, p. 65-72
  • Kalidou Diallo, Les chefs de canton et de province du Fuuta sénégalais de 1860 à 1960, Dakar, Université de Dakar, 1985, 135 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • Aliou Dioum, Amadou Madyou du Fouta. 1860-1875, Dakar, Université de Dakar, 1974, 120 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • Ahmed El Kharroubi, Islam confrérique et colonisation du Fouta Toro : réactions et adaptations à la présence française (1884-1918), 1995
  • Oumar Kane, Le Fuuta Tooro des Satigi aux Almaami (1512-1807), Dakar, Université de Dakar, 1986, 3 t. t.I : XX, p. 1-509 t.II : p. 510-799 t.III : p. 800-1124
  • Oumar Kane, La première hégémonie peule : le Fuuta Tooro de Koli Teŋella à Almaami Abdul, Karthala, Presses universitaires de Dakar, 2004, 672 p. (ISBN 2-84586-521-X)
  • Niang Oumar : Quelques repères sur l'origine des termes "Tekrur", "Takrur", "Tukloor", "Haalpulaar", (2019), sous presse.
  • Alassane Mbaye Thiam, L'Histoire de l'enseignement et de la pédagogie au Fuuta-Tooro : l'école de Cilon : son histoire et son influence (18e-XXe siècle), 1987
  • Jean-Paul Minvielle, Paysans migrants du Fouta Toro : vallée du Sénégal, ORSTOM, 1985, 282 p. (Thèse)
  • Abderrahmane Ngaïdé, Les conflits fonciers au Fuuta Tooro de 1891 à 1960 : Étude critique des sources : 1889-1890, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1990, 50 p. (Mémoire de DEA)
  • Seydou Touré, Migrations et développement agricole dans le Nord du Sénégal : Fuuta Tooro : 1954-1980, 1990
  • Jean Schmidt, La phonologie du Poular du Fouta Toro et les interférences français-poular, 1974
  • Saïdou Ibrahima Sy, Les foyers culturels musulmans au Fuuta Tooro, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1983, 68 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • Mbaye Alassane Thiam, L’histoire de l’enseignement et de la pédagogie coranique au Fuuta-Tooro. L’école de Ciloñ : son histoire et son influence (XVIIIe – XXe siècle), Paris, Université de Paris VII, 1987, 355 p. (Thèse de 3e cycle)
  • El Hadj Seydou Nourou Touré, Le Toro et Dimar face à la pénétration française, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1975, 82 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • El Hadj Seydou Nourou Touré, Histoire économique et sociale du Fuuta Tooro (1880-1980). Essai de synthèse, Dakar, Université de Dakar, 1982, 43 p. (Mémoire de DEA)
  • Amadou Abel Sy, Détermination traditionnelle et détermination extra-active dans le Pekane chez Guelaye Ali Fall : récits épiques pêcheurs du Fouta-Toro (Sénégal), Université de Dakar, Dakar, 1975, 210 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • Yaya Wane, Les Toucouleurs du Fouta Toro (Sénégal) : stratification sociale et structure familiale, IFAN, 1966
  • Cheikhna Wagué, « Quand les identités sociales s’affrontent, la coexistence devient difficile au Fouta Toro. Les Soninkés face aux mutations du XXe siècle », Hypothèses 2006, Travaux de l’École doctorale d’Histoire de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, pp. 215–226.
  • Cheikhna Wagué, Les communautés soninkées du Fouta Toro (Mauritanie, Sénégal) depuis la fin du XVIIIe siècle. Peuplements, migrations et stratégies identitaires, Thèse de doctorat d'Histoire, Paris 1 Panthéon-Sorbonne, directeur de thèse Pierre Boilley, 2008-2009, 551 p.
  • Cheikhna Wagué, « La fabrique d’un savoir scientifique sur sa communauté : un témoignage sur une relation au terrain », in L'Afrique des savoirs au sud du Sahara (XVIe – XXIe siècle). Acteurs, supports, pratiques, Daouda GARY-TOUNKARA et Didier NATIVEL (dir.), Paris, Karthala, 2012, pp. 313–331.
  • Cheikhna Wagué, « Récits ou miroirs déformants des réalités socio-historiques. L’hétérogénéité des migrations soninkées au Fouta Toro (Mauritanie, Sénégal) depuis la fin du XVIIIe siècle », in Figures et discours de migrants en Afrique. Mémoires de routes et de corps, Abdourahmane SECK, Cécile CANUT et Mouhamed Abdallah LY (dir.), Paris, Riveneuve, 2015, pp. 131–154.
  • Cheikhna Wagué, «L’hétérogénéité des réalités historiques et sociologiques de l’esclavage (komaaxu) et de ses séquelles en pays soninké (Mauritanie, Mali, Sénégal, Gambie…) », in Zakariya Soumaré, Cheikhna Wagué, Sidi N’diaye (dir.), Penser et écrire la société soninké aujourd’hui, Paris, L’Hamattan, 2020, pp. 211-243.