Araignée-banane
l'appellation « Araignée-banane » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Taxons concernés
Diverses espèces :
- dans le genre Acanthoctenus
- dans le genre Cupiennius
- dans le genre Phoneutria
- dans le genre Selenops
- l'espèce Heteropoda venatoria, etc.
Araignée-banane, araignée bananière ou encore araignée qui tue sont des surnoms donnés en français à différentes espèces d'araignées ayant le seul point commun d'être trouvées dans les plantations de bananes, et parfois retrouvées parmi les fruits après de longs transports, notamment depuis l'Amérique latine. Elle se cache dans les bananes
Bien que cette appellation désigne couramment les espèces du genre Phoneutria, potentiellement dangereuses, la plupart des signalements d'araignées exotiques trouvées dans les cargaisons concernent des espèces différentes et sans danger pour l'homme, comme la Babouk (Heteropoda venatoria). Dans les pays où elles sont importées, les erreurs d'identification concernant ces araignées sont nombreuses, ces espèces exotiques étant souvent méconnues.
Espèces et régions concernées
[modifier | modifier le code]En français, cette appellation peut désigner différentes araignées peu apparentées, entre autres :
- les espèces du genre Phoneutria au venin très puissant relativement à celui d'autres araignées, mais dont la morsure douloureuse n'est généralement pas grave pour une personne adulte[1],[2], en particulier Phoneutria nigriventer et Phoneutria fera ;
- Heteropoda venatoria[3] appelée aussi babouk, dont le venin a peu d'effet sur l'homme[2] ;
- les espèces du genre Cupiennius, comme Cupiennius chiapanensis fréquemment retrouvée dans les bananes importées en Amérique du Nord et dont le venin a également peu d'effet sur l'homme [4],[2].
En Amérique du Nord, selon une étude s'intéressant aux araignées trouvées dans les bananes importées, la plupart des signalements concernent très majoritairement des arachnides originaires d'Amérique centrale, de Colombie et d'Équateur. Parmi les autres provenances, on compte l'Australie et le Chili[4].
Mauvaises identifications
[modifier | modifier le code]Les erreurs d'identification entre les genres Cupiennius et Phoneutria sont fréquentes, ces araignées partageant certains traits morphologiques comme leurs chélicères rouges[5]. L'espèce Cupiennius chiapanensis n'est d'ailleurs décrite qu'en 2006, car elle avait probablement été prise pour Phoneutria fera auparavant[6]. En 2008, l'arachnologiste américain Richard S. Vetter dit avoir eu connaissance d'au moins cinq mauvaises identifications de Cupiennius prises pour des Phoneutria, méprises pouvant s'avérer coûteuses en mesures prophylactiques inutiles, et plusieurs sites internet fournissent également de mauvais noms sur les images d'araignées de ces genres[5].
En , trois arachnologues américains publient les résultats d'une étude menée depuis 2006 portant sur l'identification des araignées trouvées dans les bananes transportées par les cargos internationaux à destination de l'Amérique du Nord. 135 araignées ont été identifiées au cours de ce travail : la plupart concernent Heteropoda venatoria ou Cupiennius chiapanensis, et rares sont les cas d'importance médicale à l'exception de quelques veuves noires (Latrodectus hesperus et L. hasselti), plusieurs Phoneutria boliviensis femelles et une P. nigriventer[4]. En revanche, le manque d'expérience avec la faune tropicale a pu conduire certains arachnologistes américains aguerris à identifier des spécimens d'espèces inoffensives comme C. chiapanensis ou C. getazi en tant qu'araignées plus dangereuses du genre Phoneutria. De même, dans une cargaison venant d'Australie, une femelle Badumna insignis, espèce timide et peu dangereuse, a pu être prise pour une espèce du genre Atrax[4], à la morsure douloureuse et potentiellement dangereuse sans injection d'antivenin.
Aide à la détermination
[modifier | modifier le code]Afin d'aider à l'identification des espèces les plus couramment rencontrées parmi les régimes de bananes, ces scientifiques proposent une clé de détermination dichotomique, discriminant plusieurs genres ou espèces de la façon suivante[4] :
- Araignée de taille moyenne (à taille adulte), mesurant généralement moins de 12 mm
- Yeux médians frontaux disposés en rectangle, présence d'un cribellum, araignée rappelant une lycose → Acanthoctenus
- 6 yeux frontaux disposés en lignes, pas de cribellum, corps aplati → Selenops
- Araignée de grande taille (à taille adulte), mesurant généralement plus de 12 mm
- « Moustache » blanche sur le clypéus, femelle principalement brun foncé, mâle orné de motifs bruns et beige → Heteropoda venatoria
- Pas de « moustache » blanche sur le clypéus
- Surface ventrale des fémurs blanche avec des points noirs → Cupiennius getazi
- Surface ventrale des fémurs différente
- Surface ventrale des fémurs des pattes I et II avec des soies rouge vif → Cupiennius coccineus
- Surface ventrale des fémurs différente
- Soies rouge vif sur les trois quarts basaux des chélicères, soies médiales et latérales des pédipalpes de densités équivalentes → Cupiennius chiapanensis
- Soies rouges, mais pas vives, couvrant les chélicères sur toute leur longueur, soies des pédipalpes beaucoup plus concentrées sur la surface médiale que sur les côtés → Phoneutria
-
Phoneutria nigriventer, à la morsure très douloureuse, a des soies rouge pâle, couvrant les chélicères sur toute leur longueur.
-
La babouk (Heteropoda venatoria), peu venimeuse, reconnaissable à sa « moustache » blanche sur le clypéus[4]. Ici, une femelle portant son sac d'œufs.
-
Espèce du genre Selenops, au corps très aplati (ici Selenops souliga)
Psychose collective
[modifier | modifier le code]En France, le , le commerçant d'un magasin bio de Passy (Haute-Savoie) trouve une araignée dans un régime de bananes provenant de République dominicaine. Après une brève recherche sur internet[7], il rapproche l'araignée de Phoneutria nigriventer et sollicite l'intervention des pompiers. L'information est reprise sans vérification par Le Dauphiné libéré qui publie une photo de l'animal et titre sur « l'araignée la plus venimeuse du monde »[8], information reprise à l'identique par de nombreuses rédactions françaises[9],[10],[11],[12],[13],[14],[15] ou de Suisse romande voisine[16],[17]. Le , l'aranéologue française Christine Rollard explique sur France Inter qu'il s'agit d'une erreur d'identification et que l'araignée en cause est une babouk (Heteropoda venatoria), espèce d'une famille différente et sans danger véritable pour l'homme[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (fr) « L'araignée-banane ou Phoneutria », Top 10 des animaux : Venimeux, National geographic channel (consulté le )
- (en) "Deadly" Banana Spider...Or Not, sur le site de University of California, Riverside
- (fr) Association des entomologistes amateurs du Québec, Fabreries, vol. 23 à 25, , p. 13
- (en) Richard S. Vetter, Rodney L. Crawford et Donald J. Buckle, « Spiders (Araneae) Found in Bananas and Other International Cargo Submitted to North American Arachnologists for Identification », Journal of Medical Entomology, (DOI 10.1603/ME14037)
- (en) Richard S. Vetter et Stefan Hillebrecht, « Distinguishing two often-misidentified genera (Cupiennius, Phoneutria) (Araneae: Ctenidae) of large spiders found in Central and South American cargo shipments », American Entomologist, vol. 54, , p. 82-87 (lire en ligne)
- (en) Francisco J. Medina Soriano, « A new species of Cupiennius (Araneae, Ctenidae) coexisting with Cupiennius salei in a Mexican mangrove forest », The Journal of Arachnology, vol. 34, , p. 135-141 (lire en ligne)
- (fr) Lumière visible et invisible, émission La tête au carré du 5 janvier 2015, sur France Inter.
- (fr) Stéphane Bouchet, « Il trouve l'araignée la plus venimeuse du monde dans ses bananes », Le Dauphiné Libéré, (lire en ligne)
- (fr) « Haute-Savoie : Il trouve une araignée mortelle dans ses bananes », sur 20minutes.fr, (consulté le )
- (fr) A.G., « Haute-Savoie : il trouve l'araignée la plus venimeuse du monde dans ses bananes », BFMTV, (consulté le ). Article renommé le 5 janvier 2015 en « Haute-Savoie: grosse frayeur pour un commerçant qui croyait être tombé sur une "araignée-banane" ».
- (fr) La Rédaction, « Araignée banane : trouvée dans un colis en France, faut-il craindre une propagation ? », Linternaute.com (consulté le )
- (fr) William Plummer, « L'araignée la plus dangereuse du monde retrouvée dans un magasin bio », Le Figaro, (consulté le )
- (fr) LEXPRESS.fr, « Haute-Savoie: il découvre l'araignée la plus venimeuse au monde dans ses bananes », L'Express, (consulté le ). Article renommé le 6 janvier 2015 en « Haute-Savoie: il pensait avoir découvert l'araignée la plus venimeuse au monde dans ses bananes »
- (fr) A.G., « Une araignée mortelle trouvée dans des bananes », Paris Match, (consulté le )
- (fr) Benjamin Bonneau et Julien Pearce, « Il trouve l’araignée la plus dangereuse du monde dans son colis », Europe1, (consulté le )
- (fr) Cléa Favre, « Nez à nez avec la mortelle araignée-banane », Le Matin, (consulté le )
- (fr) Laurence Bézaguet, « Il trouve l'araignée la plus venimeuse du monde dans ses bananes! », La Tribune de Genève, (consulté le )