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Antoine-Louis Barye

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Antoine-Louis Barye
Nadar, Barye (1856), daguerréotype, localisation inconnue.
Naissance
Décès
(à 79 ans)
Paris
Sépulture
Nationalité
Activité
Formation
Élève
Lieu de travail
Mouvement
Influencé par
A influencé
Enfant
Distinction
Archives conservées par
Œuvres principales
Vue de la sépulture.
Angélique et Roger montés sur l'hippogriffe (vers 1840), Baltimore, Walters Art Museum.
Lion au serpent (1832), plâtre, musée des Beaux-Arts de Lyon.

Antoine-Louis Barye, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un sculpteur et un peintre français.

Représentatif du romantisme, il est l'un des sculpteurs animaliers les plus réputés du XIXe siècle.

Antoine-Louis Barye naît à Paris, le 2 vendémiaire de l'an IV (le ), tel que cela est attesté dans les Actes d'état civil des archives de la Seine[2], et y passe toute sa vie. Il naît dans un milieu modeste d'artisans bijoutiers, son père, Pierre Barye, descend d'une lignée d'orfèvres lyonnais et est orfèvre lui-même. Placé dès l'âge de treize ans chez Fourier, un graveur sur acier qui fabrique des matrices destinées à exécuter les parties métalliques des uniformes de la Grande Armée ainsi que de la décoration, Barye s’initie à tous les métiers du traitement du métal et aux techniques d'orfèvrerie, et devient un ciseleur hors-pair. En , Barye s'inscrit à l'atelier privé du sculpteur François-Joseph Bosio. Afin de compléter sa formation par des cours de dessin et de peinture, Barye s'inscrit en dans l'atelier du peintre Antoine-Jean Gros. Le , il entre à l’École des Beaux-Arts où il continue de recevoir une formation classique. Il y reste sept ans sans décrocher le grand prix de sculpture. Les sculptures d'Antoine-Louis Barye étaient réalisées par son fils Alfred Barye, qui a été contraint pendant des décennies de ne pas apposer sa propre signature jusqu'à une rupture des relations entre les deux.

C'est probablement à la fin de l'année 1818 qu'il commence à travailler pour Fauconnier, un descendant d'orfèvres où Barye est ciseleur et réalise des motifs de décoration pour des pièces d'orfèvrerie. Fauconnier le charge de la réalisation d'un cerf couché pour la décoration d'une soupière. C'est sa première réalisation animalière en trois dimensions[3]. Barye se déplace à la ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle afin d'y étudier l'animal et réalise un cerf couché très réaliste qui déplaît à son patron, habitué à une certaine idéalisation des animaux.

Cependant, Barye prend l'habitude de fréquenter le Muséum pour aller observer et étudier les animaux à la ménagerie. Il ne fera pas de voyage en Orient et ne connaît les animaux sauvages qu'à Paris dans des cages ou au Muséum[4]. Il consulte également les livres de chasse et d'animaux de la bibliothèque du duc d'Orléans.

En 1819, Barye participe à son premier concours, le sujet est « Milon de Crotone, une main ou les deux mains prises dans un arbre et attaqué par un lion », et il se présente dans la section de gravures en médailles, une technique qu'il maîtrise bien avec la formation qu'il a obtenue chez Fourrier. Il obtient une mention honorable. La figure que Barye présente s'éloigne du classicisme et aborde déjà un certain naturalisme. Son Milon n'a pas de formes idéalisées et a l'expression soucieuse d'un homme et non d'un héros. Son lion est très réaliste ce qui laisse penser qu'il est allé en observer des vrais à la ménagerie du Jardin des plantes[5].

Il obtient en 1820, le second prix de Rome de sculpture, derrière Georges Jacquot avec pour sujet : « Caïn maudit par Dieu ». Mais c'est en 1831 qu’il se fait connaître du public en exposant au Salon.

Salon de 1831

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En peinture il présente un portrait d'un des membres de sa famille et des études d'animaux. Dans la section sculpture il présente un Martyre de saint Sébastien[5] mais il se fait remarquer avec son Tigre dévorant un gavial, œuvre tourmentée et expressive, qui le classe aussitôt comme premier sculpteur romantique, alter ego d'Eugène Delacroix en peinture. Dans cette œuvre tout est nouveau : le sujet, la manière de le traiter et les émotions qu'elle exprime. La sculpture surprend car Barye réussi à rendre le réalisme et la violence de la scène. Il ne cesse désormais de produire des chefs-d’œuvre, souvent de petites dimensions, qui vont enrichir les collections des cabinets d’amateurs, des deux côtés de l’Atlantique.

Salon de 1833

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En 1833, il expose six aquarelles représentant des fauves et il présente son Lion au serpent, une sculpture en plâtre aujourd'hui conservée au musée des Beaux-Arts de Lyon. Il pratique une nouvelle manière de sculpter, s'appuyant sur une profonde documentation, des croquis cotés et une exécution qui prône la vérité[6]. Les critiques sont enthousiastes mais ce n'est pas forcément le cas de ses confrères car Barye remet en question les normes établies, les canons de classicisme[5].

Salon de 1836

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Au Salon de 1836, il présente son Tigre terrassant un cerf, et sa version en bronze du Lion au serpent. L’État acquiert le Tigre terrassant un cerf pour la somme 7 000 francs et, après dix ans passé dans les magasins du Louvre, l’œuvre est envoyée en 1846 au musée de Lyon. Le groupe est réalisé en pierre de Charance, un matériau rarement employé dans la sculpture que Barye travaille par grattage[4].

Après les Salons

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Après son refus au Salon de 1837 et en complète rupture avec les tenants de l'académisme qui règnent alors sur l’Institut, Barye ouvre une fonderie et diffuse lui-même sa production, en employant les techniques modernes de son temps. Ses idées républicaines ne l'empêchent pas de se lier avec Ferdinand-Philippe d'Orléans, pour lequel il exécute un surtout de table, chef-d’œuvre des arts décoratifs de cette époque, et de devenir un des sculpteurs favoris de Napoléon III. Ce dernier le charge de l'exécution de plusieurs sculptures de 1854 à 1860 lors des travaux de construction du nouveau musée du Louvre. Barye réalise Napoléon entouré de l'Histoire et des Beaux-Arts pour le fronton du pavillon Sully. Il sculpte également les groupes de La Force et de L'Ordre, pour le décor du pavillon Denon, et de La Paix et de La Victoire pour le pavillon Richelieu[4]. Il réalisera aussi le Napoléon 1er d'Ajaccio, et une statue équestre de Napoléon III, pour les guichets du Louvre.

Au début des années 1850, Barye fréquente Barbizon et finit par s'y installer. Il y côtoie les peintres de l'École de Barbizon et réalise de nombreuses huiles et aquarelles qui témoignent de ses qualités de coloriste[4].

Le , Barye est nommé professeur de dessin de zoologie au Muséum d'Histoire Naturelle où il transmet sa passion pour l'observation du monde animal. Il demande à ses élèves de dessiner des squelettes d'animaux ou les emmène faire du modelage devant les bêtes vivantes[5].

À l’Exposition universelle de 1855, il remporte un vrai succès grâce au Jaguar dévorant un lièvre, une sculpture encore une fois très naturaliste[4].

Sa notoriété inspira à Henri Rochefort une de ses phrases les plus violentes ; dans La Lanterne du , il n’hésitait pas à écrire : « La statue équestre où Napoléon III est représenté en César (rions-en pendant que nous y sommes) et dont j'ai parlé dans mon dernier numéro, est l'œuvre de Monsieur Barye en 1865. On sait que Barye est le plus célèbre de nos sculpteurs d'animaux ».

Malgré son activité commerciale et sa pratique de l'art qui déroutent les membres de l'Institut, ceux-ci finissent par l'accueillir en leur sein, le , et l'artiste connaît aisance et reconnaissance durant les dix dernières années de sa vie.

Antoine-Louis Barye s'éteint le , à 21 h, d'une maladie du cœur dont il souffrait depuis plusieurs années. Il est mort au no 4, quai des Célestins dans le 4e arrondissement de Paris où est apposé une plaque commémorative[7],[8].

Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (49e division)[9].

Il avait une maison-atelier au no 26 de la Grande Rue à Barbizon.

Thésée et le Minotaure (1843), Paris, musée du Louvre.

Son romantisme des années 1830 s'exprime par la mise en scène de combats violents tels La Chasse au taureau sauvage ou Le Tigre et gavial, provoquant l'admiration de la critique au Salon de 1831. À l'instar des artistes romantiques de son temps, Barye apprécie l'exotisme et le Moyen Âge. Il préférera le bronze au marbre qu'il juge trop froid.

La grande dimension, le sujet, l'énergie et la véracité du rendu du Lion au serpent du Salon de 1833 impressionnent les visiteurs habitués à des représentations de lions plus hiératiques. Il fait du monde animal le vrai sujet de sa sculpture[4]. Encore une fois le réalisme marque les critiques « Plus je revoyais le Combat du lion et du serpent, et plus l'impression augmentait; il m'a semblé d'abord que le lion remuait : hier je l'entendais rugir » a écrit Charles Lenormant. On reproche cependant à Barye de ne pas avoir représenté une lutte entre animaux de même force. L'autre critique qui lui est faite est de rendre trop de détails et cela de manière réaliste et de ne pas user de plus de simplicité[5]. Barye n'a jamais vu cette scène se dérouler et invente ce sujet de toutes pièces. Il parvient à composer ce groupe grâce à l'observation attentive qu'il fait à la ménagerie du Jardin des plantes, à Paris mais aussi grâce aux dessins qu'il réalise avec son ami Delacroix lors des dissections des animaux morts[4].

Lettre d’Eugène Delacroix à Antoine-Louis Barye : « Le lion est mort. Au galop. Le temps qu'il fait doit nous activer. Je vous y attends. Mille amitié. Ce samedi. E. Delacroix », Paris, Institut national d'histoire de l'art.

Malgré ces critiques, le roi Louis-Philippe lui commande la version en bronze du Lion au serpent qu'il fait placer dans le jardin des Tuileries en 1836. L'événement provoqua l'indignation des membres de l'Institut : « Prend-on le jardin des Tuileries pour une ménagerie ? Remettez ce lion en cage ! ». La sculpture est aussi vue comme une allégorie de la monarchie écrasant la sédition, trois ans après la Révolution de Juillet. L'œuvre inspire le commentaire suivant d'Alfred de Musset : « Le lion en bronze de M. Barye est effrayant comme la nature. Quelle vigueur et quelle vérité ! Ce lion rugit, ce serpent siffle […] »[10].

Le style de Barye s'assagit à partir de 1843. Il donne à ses figures humaines inspirées des modèles grecs, tel le groupe en bronze de Thésée et le Minotaure, une énergie et un mouvement propres à la vision romantique.

Collections publiques

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Tigre se roulant (1838-1842), New York, Brooklyn Museum.
Lion assis, porte des Lions du Louvre
Lion assis, Paris, palais du Louvre, porte des Lions.

En , une liste de pièces ayant appartenu à l'industriel Émile Martin (1794-1871) est acheté à la galerie Descours (Lyon) avec le concours de la Société des Amis de la bibliothèque d'Art et d'archéologie[11]. À côté de nombreuses éditions en bronze de sujets animaliers que Barye fond et vend lui-même, il réalise aussi de la statuaire monumentale.

Le plus important fonds de papiers le concernant se trouve conservé à la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art (voir la collection d'autographes et les Archives 166[14]).

L'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris conserve également un important fonds de dessins d'Antoine-Louis Barye acquis par la Direction des Beaux-Arts lors de la vente après décès du 7 et du 12 février 1876[15].

  • Un ensemble de 170 dessins d'atelier de Jacques-Louis Barye (Inv. EBA no 509-1 à 509-170) est conservé aux Beaux-Arts de Paris. Il s'agit principalement de dessins anatomiques[16] et d'études d'animaux étudiés d'après nature. Certains dessins ont été publiés et présentés au Cabinet des dessins Jean Bonna de l'école des Beaux-Arts de Paris dans le cadre de l'exposition intitulée Antoine-Louis Barye. Le Michel-Ange de la Ménagerie ( au )[15].
  • 1894 : Un Monument à Barye est érigé au square Barye, à la pointe amont de l'île Saint-Louis à Paris, après une souscription nationale franco/américaine[17],[18]. Dans un style néo-classique, deux personnages à l'antique sont assis, entourés de deux enfants nus. Il s'agit de copies en pierre, réalisées par Laurent Marqueste, de deux groupes allégoriques de Barye, L'Ordre et La Force, que l'on retrouve en bronze à Baltimore au Maryland (États-Unis) et dont les originaux ornent le fronton de l'aile Richelieu du Louvre. Le groupe en bronze de Barye Thésée combattant le centaure Biénor et le lion également en bronze qui ornaient aussi ce monument ont été fondus sous le régime de Vichy. Le , après le ravalement du monument, une copie du groupe sommital a été réinstallée[19]. Une plaque précise que le mécène de cette copie est un groupe taïwanais, la Chi Mei Culture Foundation, et intitule ce bronze Combat du Centaure et du Lapithe.
  • Des voies de circulation au nom de l'artiste sont attribuées par quelques municipalités, telle que : les rues Barye dans le 17e arrondissement de Paris depuis 1884 et Brive-la-Gaillarde (Corrèze)[20], la rue Antoine Barye à Barbizon (Seine-et-Marne)[21] et la rue Antoine Louis Barye à Montpellier (Hérault)[22].

Notes et références

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  1. « https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/00547484 » (consulté le )
  2. Mannoni 1996, p. 5.
  3. Poletti 2002.
  4. a b c d e f et g Claire Barbillon, Musée des beaux-arts de Lyon, Sculptures du XVIIe au XXe siècle, Paris, Somogy éditions d'art (ISBN 978-2-7572-1269-1 et 2757212699, OCLC 1007810976, BNF 45388270, lire en ligne).
  5. a b c d et e Michel Poletti, Monsieur Barye, Acatos, (ISBN 978-2-940033-90-4 et 9782940033904, OCLC 51666078, lire en ligne).
  6. Jean-Louis Ferrier, L'aventure de l'Art au XIXe siècle, Chêne, , 928 p. (ISBN 978-2-84277-836-1), p. 290.
  7. Alain Dautriat, Sur les murs de Paris : guide des plaques commémoratives, Éditions L'Inventaire, , 167 p. (lire en ligne), p. 30.
  8. Archives de Paris, acte de décès no 1612 dressé le , vue 21/31.
  9. Moiroux 1908, p. 60.
  10. La revue des deux mondes, 1836, p. 172 (consulté le ).
  11. « Inventaires de bronzes de Barye appartenant à Émile Martin » (s.d.) [8 feuillets]. Fonds : Manuscrit; Cote : Archives 166/3. Paris : Institut national d'histoire de l'art (lire en ligne)..
  12. « Jean de Paris », sur Musée d'Orsay (consulté le ).
  13. « Deux jaguars du Pérou », sur Arts graphiques du musée du Louvre (consulté le ).
  14. « Inventaire des papiers Antoine-Louis Barye, bibliothèque de l'INHA, Archives 166 », sur calames.abes.fr (consulté le ).
  15. a et b Emmanuelle Brugerolles, Antoine-Louis Barye, Le Michel-Ange de la Ménagerie, Paris, Beaux-Arts de Paris éditions, , 136 p. (ISBN 978-2-84056-414-0, lire en ligne).
  16. « dessins anatomiques d'Antoine-Louis Barye [no  d'inventaire : EBA 509] », sur Beaux-Arts de Paris / Cat'zArts, (consulté le ).
  17. Roger Karampournis (1928-), Barbizon d'hier et d'aujourd'hui, Héricy (Seine-et-Marne), Éditions du Puits Fleuri, , 287 p., 24 cm (ISBN 2-86739-197-0 et 2-86739-151-2, OCLC 401305185, BNF 38850849, SUDOC 069159807, présentation en ligne), p. 154 (note 56).
  18. Dominique Perchet, « Monument à Antoine-Louis Barye (Paris 75004) », sur e-monumen.net, (consulté le ).
  19. Gilles Perrault et Stéphanie Jarrix, « Réhabilitation du square Barye sur l'île Saint Louis », sur gillesperrault.com, (consulté le ).
  20. Géolocalisation de la rue à Brive-la-Gaillarde 45° 09′ 29,81″ N, 1° 32′ 22,34″ E (consulté le ).
  21. Géolocalisation de la rue à Barbizon 48° 26′ 44,17″ N, 2° 36′ 31,21″ E (consulté le ).
  22. Géolocalisation de la rue à Montpellier 43° 37′ 26,4″ N, 3° 53′ 09,7″ E (consulté le ).

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Bibliographie

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Iconographie

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Article connexe

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Liens externes

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