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« Tristan et Iseut » : différence entre les versions

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L’histoire de '''Tristan et Iseut''' (ou Iseult, Yseut, Yseult) a traversé les siècles pour intégrer la [[littérature]]. D’origine [[Celtes|celtique]]<ref>« D’origine [[breton]]ne, l’histoire de Tristan et Iseult se répandit en Cornouailles, en Irlande et en Grande Bretagne », Arthur Cotterell, ''Mythologie Celtique'', Celiv, Paris, 1997, {{ISBN|2-86535-336-2}}. Voir aussi le ''Dictionnaire d’histoire de Bretagne'', page 737, article « Tristan », Skol Vreizh, Morlaix, 2008, {{ISBN|978-2-915623-45-1}}</ref>, ce sont les poètes [[Littérature anglo-normande|normands]] qui en ont fait les premières rédactions qui nous sont conservées.
[[Fichier:Tristan-Isolde-boot-schaakspel-miniatuur-1470.jpg|vignette|upright=1.4|Tristan et Iseut jouent aux échecs et boivent le [[philtre d'amour]] à bord d'un navire.<br> [[Enluminure]] du ''Tristan de Léonois'', 1470, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], [[Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France|département des manuscrits]], [[Manuscrit|ms.]] Français 112, {{folio|239|recto}}.]]
[[Image:Tristan Iseult fountain Louvre OA10958.jpg|thumb|250px|Tristan et Iseut à la fontaine]]
'''Tristan et Iseut''' est un [[mythe]] littéraire<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jacques|nom1=Chocheyras|prénom2=Philippe|nom2=Walter|titre=Tristan et Iseut|sous-titre=Genèse d’un mythe littéraire|éditeur=Honoré Champion|lieu=Paris|année=2019|pages totales=266}}</ref> [[Moyen Âge|médiéval]] dont les [[Littérature anglo-normande|poètes normands]], auteurs des premières versions écrites conservées de cette légende, ont situé l'action en [[Cornouailles]], en [[Irlande (île)|Irlande]] et en [[Armorique|Bretagne]]<ref>« D’origine [[Breton|bretonne]], l’histoire de Tristan et Iseult se répandit en Cornouailles, en Irlande et en Grande-Bretagne », Arthur Cotterell, ''Mythologie Celtique'', Celiv, Paris, 1997, {{ISBN|2-86535-336-2}} ; ''Dictionnaire d’histoire de Bretagne'', {{p.|737}}, article « Tristan », Skol Vreizh, Morlaix, 2008, {{ISBN|978-2-915623-45-1}}</ref>.


À l'origine, l'histoire est une tragédie centrée sur l'amour [[adultère]] entre le chevalier [[Tristan (cycle arthurien)|Tristan]] (ou Tristram) et la princesse Iseut (ou Iseult, Yseut, Yseult, Isolde, Ysolde). Elle précède la [[légende arthurienne]] de [[Lancelot du Lac]] et de [[Guenièvre]], qui en est probablement inspirée, et a influencé durablement l'art occidental (peinture, littérature, etc.) depuis qu'elle est apparue au {{s-|XII}}. Même si l'histoire a été adaptée et modernisée à plusieurs reprises, la relation et les conflits qui en découlent sont régulièrement repris.
== Origine du mythe ==


Le roi [[Marc'h|Marc de Cornouaille]] envoie son neveu Tristan chercher Iseut la Blonde pour lui demander sa main. Mais sur le chemin du retour Tristan et Iseut boivent un philtre d'amour consacré au marié. Tristan et Iseut tombent donc éperdument amoureux mais Iseut doit se marier avec Marc. Un jour, Marc apprend que Tristan et Iseut sont amants et les condamne au bûcher. Mais par un miracle ils en réchappent. Un autre jour, Marc les découvre séparés par une épée et ils font la paix. Tristan accepte de restituer Iseut à Marc et de quitter le pays. Il se marie avec une autre Iseut. Iseut aux Blanches Mains est jalouse de l'amour que son mari porte à [[#La légende (dans la version de Joseph Bédier)|Iseut la Blonde]]. Lorsque Tristan, blessé à mort, appelle Iseut la Blonde à son secours, car elle est la seule capable de le guérir, il convient que le bateau reviendra avec une voile blanche si elle accepte de le secourir. Iseut arrive alors dans un vaisseau à la voile blanche, mais l’épouse de Tristan, de colère et de jalousie, lui dit que la voile est noire. Se croyant abandonné par celle qu’il aime, il se laisse mourir. Iseut la Blonde, apprenant la mort de Tristan, se laisse mourir dans ses bras.
=== Les textes ===


{{Sommaire|niveau=2}}


== Origine du mythe ==
Issue de la tradition orale, la très populaire histoire de [[Tristan]] et Iseult fait son entrée dans la littérature écrite au {{XIIe siècle}}. Plusieurs textes différents ont vu le jour, dont les célèbres versions de [[Béroul]] et de [[Thomas d'Angleterre]], certains ont été malheureusement perdus comme celui de [[Chrétien de Troyes]], aucun de ceux qui nous sont parvenus n'est intégral. Entre 1900 et 1905, [[Joseph Bédier]] a reconstitué une version « complète » de la légende à partir de Béroul, Thomas d'Angleterre, [[Eilhart von Oberge]] et de fragments anonymes. Son ouvrage a fait redécouvrir l'histoire et est devenu la version de référence pour les lecteurs non spécialistes du {{s-|XX|e}}.
* Le ''Roman de Tristan'' est l'œuvre du Normand [[Béroul]]. Les critiques diffèrent sur la date de sa rédaction. La version communément admise est que la première partie (jusqu'au réveil dans le Morrois) date de [[1170]], et que la deuxième partie a été rédigée plus tardivement. Incomplet, le manuscrit conservé est une copie de la fin du {{XIIIe siècle}}. Il constitue ce qu'on appelle généralement la « version commune » de la légende de Tristan.
* Le ''Tristan'' de [[Thomas d'Angleterre]] date de [[1175]]. On l’a baptisé « version courtoise », en raison de la profondeur du développement de la psychologie des personnages. Cependant, la matière même du mythe de Tristan fait que cette version s’inscrit en opposition avec nombre de codes de la tradition courtoise.
* Deux manuscrits racontent un épisode où Tristan s’est déguisé en fou pour revoir Iseut ; ils s’appellent tous deux ''Folie Tristan''. La ''Folie Tristan'' d’Oxford est généralement rattachée au roman de Thomas et la ''Folie Tristan'' de Berne à la version dite commune de Béroul.
* [[Marie de France (poétesse)|Marie de France]] traite aussi cette histoire dans le ''Lai du Chèvrefeuille''. Il a sans doute été composé entre [[1160]] et [[1189]].
* ''Lanzelet'' de [[Ulrich von Zatzikhoven]], écrit vers l'an [[1200]], où Tristan est un chevalier de la cour d'Arthur.
* Dans ''Le Bel Inconnu'' de [[Renaud de Beaujeu]], écrit également vers [[1200]], Tristan organise, avec le Roux de Montescler, le tournoi de Valedon, où s'illustrent de nombreux chevaliers, dont Tristan lui-même, [[Gauvain]] et surtout Guinglain, le fils de Gauvain.
* Le poète allemand [[Eilhart von Oberge]] compose entre [[1170]] et [[1190]], en grande partie d'après Béroul, la première version de l'histoire en moyen haut allemand, ''Tristrant''.
* Le poète allemand [[Gottfried von Strassburg]] a composé un ''Tristan und Isolde'' vers [[1210]], sans doute inspiré de la version de Thomas d’Angleterre.
* ''La saga de Tristan et Iseut'', écrite en [[1226]] par [[Frère Robert]] à l'intention du roi [[Håkon IV de Norvège]], est un récit complet reprenant de nombreux éléments du ''Tristan'' de [[Thomas d'Angleterre]] et du ''Roman de Tristan'' de [[Béroul]], auxquels ont été ajoutées quelques traces de mythologie scandinave.
* Le ''[[Roman de Jaufré]]'' (Anonyme, début du {{XIIIe siècle}}), fait évoluer le personnage de Tristan pour en faire un [[chevalier de la Table Ronde]], à la cour du [[roi Arthur]].
* Dans le ''[[Tristan en prose]]'' (Luce del Gat et Hélie de Boron, deux chevaliers-écrivains, {{XIIIe siècle}}) et le cycle [[Post-Vulgate]] qui le reprend en partie, Tristan participe à la Quête du [[Graal]].
* Version anglaise de [[Thomas Malory]], ''The Book of Sir Tristram de Lyones'' (aka ''Le Morte D'Arthur'', {{XVe siècle}})


=== Une origine celtique ===
=== Origine indo-européenne ===
Une origine [[Langues indo-européennes|indo-européenne]] relativement large est suggérée par des chercheurs après l'étude de [[Vis et Ramin]], un roman poétique [[persan]] du {{XIe siècle}} qui présente des similarités importantes avec le récit de Tristan et Iseut et qui est un ouvrage central de la littérature persane<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Shahla|nom1=Nosrat|titre=Tristan et Iseut et Wîs et Râmîn: origines indo-européennes de deux romans médiévaux|éditeur=L'Harmattan|date=2014|isbn=978-2-343-03880-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Tristan_et_Iseut_et_W%C3%AEs_et_R%C3%A2m%C3%AEn.html?id=r7HGoQEACAAJ&redir_esc=y|consulté le=2023-08-03}}</ref>. Plus qu'une copie ou qu'une inspiration commune, il s'agirait plutôt d'une origine commune qui aurait donné à ces deux ouvrages des caractéristiques similaires<ref name=":0" />. Des liens avec des récits pouvant se trouver chez les [[Alains]], un [[Peuples iraniens|peuple iranien]] ayant migré vers l'[[Occident]], sont aussi étudiés<ref name=":0" />.


=== Origine celtique ===
L’origine de l'histoire est incertaine, mais la légende serait pour une bonne partie due aux apports de différents peuples [[celtes]] (dont les [[Pays de Galles|Gallois]], les [[Cornouailles|Cornouaillais]], les [[Bretagne|Bretons armoricains]]) de l’aire culturelle [[brittonique]]. Certains critiques comme Bédier, Golther ou Schoeperle situent le texte initial de la légende dans la première moitié du {{XIIe siècle}}, d’autres comme Carney le font remonter au {{VIIIe siècle}}. Cependant, l’existence même d’un premier récit unique et complet à la base de ceux qui nous ont été conservés est sujette à caution. La légende ne s'est probablement pas constituée en une seule fois, mais développée progressivement de manière orale et transmise de génération en génération, puis au fil des réécritures, des réinterprétations, et d’enrichissements ou déformations culturels ou géographiques. En se fondant notamment sur les éléments les plus archaïques de la légende, on peut cependant supposer que les [[barde (druidisme)|bardes]] gallois, à l'origine des premiers écrits connus sur Tristan (les ''triades''), se sont eux-mêmes inspirés d'une légende de la littérature celtique, qui a pour protagonistes les amoureux [[Diarmaid]] et [[Grainne]]. Nombre de motifs présents dans cette légende se retrouvent dans les récits de Tristan. On a aussi pu donner comme autre source du mythe la légende de [[Deirdre]] et de [[Noise]].
L’origine de l'histoire est incertaine, mais la légende serait pour une bonne partie due aux apports de différents peuples [[celtes]] (dont les [[Pays de Galles|Gallois]], les [[Cornouailles|Cornouaillais]], les [[Bretagne|Bretons armoricains]]) de l’aire culturelle [[brittonique]]. Certains critiques comme Bédier, [[Wolfgang Golther]] ou [[Gertrude Schoepperle]] situent le texte initial de la légende dans la première moitié du {{s-|XII}}. D’autres comme Carney le font remonter au {{s-|VIII}}. Cependant, l’existence même d’un premier récit unique et complet à la base de ceux qui nous ont été conservés est sujette à caution. La légende ne s'est probablement pas constituée en une seule fois. Elle se serait développée progressivement de manière orale et transmise de génération en génération, puis au fil des réécritures, des réinterprétations et d’enrichissements ou déformations culturels ou géographiques. En se fondant notamment sur les éléments les plus archaïques de la légende, on peut cependant supposer que les [[barde (druidisme)|bardes]] gallois, à l'origine des premiers écrits connus sur Tristan (les ''triades''), se sont eux-mêmes inspirés d'une légende de la littérature celtique. Celle-ci a pour protagonistes les amoureux [[Diarmuid Ua Duibhne|Diarmuid]] et [[Grainne]]. Nombre de motifs présents dans cette légende se retrouvent dans les récits de Tristan. On a aussi pu donner comme autre source du mythe la légende de [[Deirdre]] et de [[Noise]].


Parmi les origines possibles de la légende, [[Philippe Walter]], citant un récit gallois, l{{'}}''Ystoria Trystan'', évoque une lecture saisonnière du mythe tristanien où {{citation|Yseut appartient à Marc durant les mois sombres de l'année et elle appartient à Tristan durant la saison claire<ref>{{harvsp|Walter|2006|p=88}}.</ref>}}.
=== Influence des romans antiques ===
{{Citation bloc|Alors Arthur lui fit faire la paix avec March ap Meirchion. Il s'entretint avec eux deux tour à tour, mais aucun d'eux ne voulait se passer d'Essylld. Alors Arthur décida que l'un l'aurait pendant qu'il y a des feuilles sur les arbres ; l'autre quand il n'y en a pas : au mari de choisir. March choisit l'époque où les arbres n'ont pas de feuilles parce qu'alors les nuits sont plus longues<ref>{{harvsp|Walter|2006|p=26}}.</ref>…}}


=== Influence des romans antiques ===
Même si les motifs de ''Tristan'' sont directement liés à ceux de mythes celtiques, il est possible d’établir des relations entre les romans antiques et les romans de ''Tristan'', notamment celui de Thomas. En effet, les caractéristiques les plus originales de ce dernier par rapport à la version commune, comme la multiplication des monologues et des commentaires au détriment du récit pur, semblent empruntées au roman antique. Elles sont la base d’une réflexion sur l’amour au sein même du roman qui se rapproche des préoccupations de certains romans antiques. Surtout, et ici de façon plus générale, les romans de Tristan, même si aucun n'est complet, retracent le parcours du héros de sa naissance jusqu’à sa mort. Ils se caractérisent par ce que Baumgartner appelle dans son étude ''Tristan et Iseut : de la légende aux récits en vers'' une « structure biographique » qui calque « le temps du récit sur le modèle du temps humain ». Cette structure est héritée en droite ligne des romans antiques.
Même si les motifs de ''Tristan'' sont directement liés à ceux de mythes celtiques, il n'est pas difficile d’établir des relations entre les [[matière de Rome|romans antiques]] et les romans de ''Tristan'', notamment celui de Thomas. En effet, les caractéristiques les plus originales de ce dernier par rapport à la version commune, comme la multiplication des [[Monologue|monologues]] et des commentaires au détriment du récit pur, semblent empruntées au roman antique. Elles sont la base d’une réflexion sur l’amour au sein même du roman qui se rapproche des préoccupations de certains romans antiques. Surtout, et ici de façon plus générale, les romans de Tristan, même si aucun n'est complet, retracent le parcours du héros de sa naissance jusqu’à sa mort. Ils se caractérisent par ce que [[Emmanuèle Baumgartner]] appelle dans son étude ''Tristan et Iseut : de la légende aux récits en vers'' une « structure biographique » qui calque « le temps du récit sur le modèle du temps humain ». Cette structure est héritée en droite ligne des romans antiques. Selon Goulven Peron, les romans antiques (surtout ceux de [[Stace]], [[Virgile]] et [[Ovide]]) formeraient même la source principale des schémas narratifs du roman de ''Tristan et Iseut''<ref>{{Article|langue=français|auteur1=Goulven Peron|titre=L'origine du roman de Tristan|périodique=Bulletin de la Société Archéologique du Finistère|date=2015|lire en ligne=https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01571684/document|pages=351-370}}</ref>.


=== Les romans de ''Tristan'' et la tradition courtoise ===
=== Les romans de ''Tristan'' et la tradition courtoise ===
[[Image:Leighton-Tristan and Isolde-1902.jpg|300px|right|thumb|''Tristan et Iseut'' de [[Edmund Blair Leighton]] (1902)]]
[[Fichier:John Duncan - Tristan & Isolde.jpg|vignette|''Tristan & Isolde'', toile de [[John Duncan (peintre)|John Duncan]], 1912.]]
La présence du terme de ''[[Amour courtois|fin'amor]]'' dans le manuscrit de Béroul comme celle d’un véritable discours sur l’amour chez Thomas peuvent induire en erreur et amener à rapprocher trop rapidement les romans de ''Tristan'' du genre du [[roman courtois]]. La différence majeure tient à ce que dans la tradition courtoise, le [[désir]] est unilatéral (de l’homme vers la femme objet de désir) et est absolument maîtrisé et canalisé dans le but de produire le discours amoureux qui constitue la matière même de l'œuvre. Or ce qui fonde les romans de ''Tristan'' et au-delà la légende même de Tristan et Iseut, c'est l’incapacité des ''deux'' amants à maîtriser leur désir. Quand le désir dans la tradition courtoise est fécond parce qu’il n'est jamais réalisé et permet au poète de chanter son amour, le désir dans les romans de Tristan, en raison du [[philtre]], est toujours déjà réalisé, et constitue une source d’angoisse plus qu’un sujet d’exaltation. Au culte du désir de la tradition courtoise les romans de ''Tristan'' substituent l’image d'un désir destructeur, qui constitue même un contre-modèle dont on doit détourner les jeunes générations. Le récit de cette passion funeste doit chez Thomas prévenir les nouveaux amants.
{{Citation bilingue bloc|lang=fro|Encuntre tuiz engins d'amur!|Contre tous les pièges de l'amour !}}
Cependant, une interprétation purement négative du désir dans les romans de ''Tristan'' serait biaisée ; on peut également voir dans la mort des amants la réalisation suprême d’un amour qui dépassait nécessairement les bornes du monde des hommes. Il reste que le désir dans les romans de Tristan est, contrairement à sa position dans les romans courtois, à la fois réciproque et impossible à maîtriser.


== Textes ==
La présence du terme de ''fin'amor'' dans le manuscrit de Béroul comme celle d’un véritable discours sur l’amour chez Thomas peuvent induire en erreur et amener à rapprocher trop rapidement les romans de ''Tristan'' du genre du [[roman courtois]]. La différence majeure tient à ce que dans la tradition courtoise, le désir est unilatéral (de l’homme vers la femme objet de désir) et est absolument maîtrisé et canalisé dans le but de produire le discours amoureux qui constitue la matière même de l'œuvre. Or ce qui fonde les romans de ''Tristan'' et au-delà la légende même de Tristan et Iseut, c'est l’incapacité des ''deux'' amants à maîtriser leur désir. Quand le désir dans la tradition courtoise est fécond parce qu’il n'est jamais réalisé et permet au poète de chanter son amour, le désir dans les romans de Tristan, en raison du [[philtre]], est toujours déjà réalisé, et constitue une source d’angoisse plus qu’un sujet d’exaltation. Au culte du désir de la tradition courtoise les romans de ''Tristan'' substituent l’image d'un désir destructeur, qui constitue même un contre-modèle dont on doit détourner les jeunes générations. Le récit de cette passion funeste doit chez Thomas prévenir les nouveaux amants.


=== Les textes ===
''Encuntre tuiz engins d'amur !''
[[Fichier:Tristan Iseult fountain Louvre OA10958.jpg|vignette|upright=1.2| ''Tristan et Iseut à la fontaine, épiés par le roi Marc''.<br> [[Détail]] d'un panneau de coffret, ivoire, Paris, [[musée du Louvre]], vers 1340-1350.]]
[[Fichier:Tristan et Iseut - la mort des amants.jpg|vignette|Iseut embrasse Tristan sur son lit de mort.<br> [[Enluminure]] d'Évrard d'Espinques ornant le ''Roman du Chevalier Tristan et de la reine Yseult'' écrit par Gassien de Poitiers, [[Chantilly]], [[musée Condé]], [[Manuscrit|ms.]] 647, {{folio|262|recto}} {{s-|XV|e}}.]]
(Contre tous les pièges de l'amour).
Le texte apparaît dans la [[tradition orale]] de Bretagne dans l'ancienne ''[[Gwerz]] de Bran '' (« bran » signifiant corbeau en français). Il s'agit d'un chant attesté du {{s-|IX|e}} et publié par [[Théodore Hersart de La Villemarqué]] dans le ''[[Barzaz Breiz]]'' plusieurs siècles plus tard sous le titre ''Le Prisonnier de guerre''.
Cependant, une interprétation purement négative du désir dans les romans de ''Tristan'' serait biaisée ; on peut également voir dans la mort des amants la réalisation suprême d’un amour qui dépassait nécessairement les bornes du monde des hommes. Il reste que le désir dans les romans de Tristan est, contrairement à sa position dans les romans courtois, à la fois réciproque et impossible à maîtriser.


Au {{s-|XII|e}}, il est traduit en français par un [[trouvère]] et fait ainsi son entrée dans la littérature écrite. Plusieurs textes différents voient ensuite le jour, dont les célèbres versions de [[Béroul]] et de [[Thomas d'Angleterre]], certains ont été perdus, comme celui de [[Chrétien de Troyes]] ; aucun de ceux qui nous sont parvenus n'est intégral. Entre 1900 et 1905, [[Joseph Bédier]] a reconstitué une version « complète » de la légende à partir de Béroul, Thomas d'Angleterre, [[Eilhart von Oberge]] et de fragments anonymes. Son ouvrage, qui a fait redécouvrir l'histoire, est devenu la version de référence pour le lecteur non spécialiste moderne.
== La légende ==
* Le ''Roman de Tristan'' est l'œuvre du Normand [[Béroul]]. Les critiques diffèrent sur la date de sa rédaction. La version communément admise est que la première partie (jusqu'au réveil dans le Morrois) date de [[1170]], et que la deuxième partie a été rédigée plus tardivement. Incomplet, le manuscrit conservé est une copie de la fin du {{s-|XIII}}. Il constitue ce qu'on appelle généralement la « version commune » de la légende de Tristan.
* Le ''Tristan'' de [[Thomas d'Angleterre]] date de [[1175]]. On l’a baptisé « version courtoise », en raison de la profondeur du développement de la [[psychologie]] des personnages. Cependant, la matière même du mythe de Tristan fait que cette version s’inscrit en opposition avec nombre de codes de la tradition courtoise.
* Deux manuscrits racontent un épisode où Tristan s’est déguisé en fou pour revoir Iseut ; ils s’appellent tous deux ''Folie Tristan''. La ''Folie Tristan'' d’Oxford est généralement rattachée au roman de Thomas et la ''Folie Tristan'' de Berne à la version dite commune de Béroul.
* [[Marie de France (poétesse)|Marie de France]] traite aussi cette histoire dans le ''[[Chevrefoil|Lai du Chèvrefeuille]]''. Il a sans doute été composé entre 1160 et 1189.
* Le poète allemand [[Eilhart von Oberg|Eilhart von Oberge]] compose entre 1170 et 1190, en grande partie d'après Béroul, la première version de l'histoire en [[moyen haut allemand]], ''Tristrant''. Le texte est divisé en deux parties, la première conte les amours des parents de Tristan, Rivalin et Blantzeflur ([[Liste de personnages du cycle arthurien#Blanchefleur|Blanchefleur]]), la seconde se consacrant à Tristan et Iseut. On retrouve cette structure dans le roman de [[Chrétien de Troyes]] intitulé ''[[Cligès]]'', écrit vers [[1176]], dans lequel il est plusieurs fois fait allusion à Tristan et Iseut<ref>{{Ouvrage|auteur1=Mireille Demaules|titre=Tristan et Yseut|sous-titre=Les Premières Versions européennes|passage=1682|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|collection=Pléiade|année=1995|pages totales=1730|isbn=978-0-300-13370-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=HSmto0TQZBgC&printsec=frontcover|titre chapitre=Répertoire}}.</ref>.
* ''[[Lanzelet]]'' de [[Ulrich von Zatzikhoven]], écrit vers l'an 1200, où Tristan est un chevalier de la cour d'Arthur.
* Dans ''Le Bel Inconnu'' de [[Renaud de Beaujeu]], écrit également vers 1200, Tristan organise, avec le Roux de Montescler, le [[Tournoi (Moyen Âge)|tournoi]] de Valedon, où s'illustrent de nombreux chevaliers, dont Tristan lui-même, [[Gauvain]] et surtout Guinglain, le fils de Gauvain.
* Le poète allemand [[Gottfried von Strassburg]] a composé un ''{{Lien|fr=Tristan und Isold (Gottfried von Straßburg)|lang=de|trad=Tristan (Gottfried von Straßburg)|texte={{lang|de|Tristan und Isold}}}}'' vers [[1210]], sans doute inspiré de la version de Thomas d’Angleterre.
* La ''{{Lien|lang=no|trad=Soga om Tristram og Isond|fr=Saga de Tristan et Iseut|texte=Saga de Tristan et Iseut}}'', écrite en 1226 par {{Lien|lang=no|trad=Broder Robert|fr=Frère Robert|texte=Frère Robert}} à l'intention du roi [[Håkon IV de Norvège]]. C'est un récit complet, reprenant de nombreux éléments du ''Tristan'' de [[Thomas d'Angleterre]] et du ''Roman de Tristan'' de [[Béroul]], auxquels ont été ajoutées quelques traces de [[Mythologie nordique|mythologie scandinave]].
* Le ''[[Roman de Jaufré]]'' (anonyme, début du {{s-|XIII}}), fait évoluer le personnage de Tristan pour en faire un [[chevalier de la Table Ronde]], à la cour du [[roi Arthur]].
* Dans le ''[[Tristan en prose]]'' (attribué à Luce del Gat et [[Robert de Boron#Postérité|Hélie de Boron]], deux chevaliers-écrivains, {{s-|XIII}}) et le cycle [[Post-Vulgate]] qui le reprend en partie, Tristan participe à la Quête du [[Graal]].
*''{{Lien|lang=en|trad=Sir Tristrem|fr=Sir Tristrem|texte=Sir Tristrem}}'', écrit au {{s-|XIII}} en [[moyen anglais]], basé sur la version de [[Thomas d'Angleterre]]
*Tristan fait une brève apparition dans la ''[[Divine Comédie]]'' de [[Dante]] (début {{s-|XIV}}), où il séjourne en [[Enfer (Divine Comédie)|Enfer]] pour [[luxure]].
*''[[Ysaÿe le Triste]]'' (fils de Tristan et Iseult, naît peu avant la mort tragique de ses parents décrite dans ''Tristan et Iseult'' de [[Thomas d'Angleterre|Thomas d’Angleterre]], écrite vers 1170), écrit en [[picard]], Anonyme, première moitié du {{XIVe siècle}}
* Version anglaise de [[Thomas Malory]], dans ''The Book of Sir Tristram de Lyones'' (publié dans ''[[Le Morte d'Arthur|Le Morte D'Arthur]]'', {{s-|XV}}).
*''Tristan und Isolde (Tristan et Iseult)'', inachevé, [[Carl Leberecht Immermann]], [[1840 en littérature|1840]].
*Le poète [[Algernon Swinburne]] écrivit en [[1882 en littérature|1882]] un long [[Épopée|poème épique]], {{Lien|lang=en|trad=Tristram of Lyonesse|fr=Tristram of Lyonesse|texte=Tristram of Lyonesse}}. {{Lien|lang=en|trad=Lyonesse|fr=Lyonesse (royaume)|texte=Lyonesse}} (aussi nommé ''Léoneis'', ''Léonois'' ou ''Loönois'') est un royaume légendaire qui se situerait entre le [[Land's End]] et les [[Îles Scilly]]. Ce serait la terre natale de Tristan.


== La légende (dans la version de Joseph Bédier) ==
Ce résumé n’est qu'une courte synthèse tant la légende connaît de versions et de développements différents, parfois contradictoires.
[[Fichier:British Library MS. Additional 11619 - folio 7.jpg|vignette|gauche|<center>Tristan pourfendant le [[dragon]].<br> [[Enluminure]] conservée à la [[British Library]] (fin {{s-|XIII|e}} - début {{s-|XIV|e}}).</center>]]
[[Fichier:British Library MS. Additional 11619 - folio 6v.jpg|vignette|droite|<center>Iseut comprend que Tristan a tué Morholt en examinant l'épée du chevalier.<br> Enluminure conservée à la [[British Library]] (fin {{s-|XIII|e}} - début {{s-|XIV|e}}).</center>]]
[[Fichier:Miniatura Isotta.jpg|vignette|gauche|Tristan et Iseult se rendant en Cornouailles en bateau. Enluminure du {{s-|XV|e}}, [[musée Condé]].]]
[[Fichier:Tristan und Isolde - Gottfried von Straßburg.jpg|vignette|droite|Enluminure figurant deux scènes du ''{{Lien |fr = Tristan und Isold (Gottfried von Straßburg)|lang = de|trad = Tristan (Gottfried von Straßburg)|texte= {{lang|de|Tristan und Isold}}}}'' de [[Gottfried von Strassburg]] ({{s-|XIII|e}}).<br> Dans la partie supérieure, Tristan et Iseut s'enfuient de la cour du roi [[Marc'h]].<br> Dans la partie inférieure, le roi Marc'h surprend Tristan et Iseut endormis, l'épée de Tristan séparant chastement les deux amants.]]
[[Fichier:Baiser1.jpg|vignette|droite|La mort de Tristan et d'Yseut.<br> Enluminure du {{s-|XV|e}}, [[Bibliothèque nationale de France|BnF]], [[Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France|département des manuscrits]], [[Manuscrit|ms.]] Français 116, {{folio|676|verso}}.]]
Ce résumé n’est qu’une courte synthèse tant la légende connaît de versions et de développements différents, parfois contradictoires.


[[Rivalen]], roi de Loonois en [[Pays de Léon|Petite-Bretagne]] a épousé [[Bleunwenn]] (nom [[breton]] signifiant « Blanche-Fleur »), la sœur de [[Marc'h]], roi de [[Cornouailles]] (dans le sud-ouest de l'Angleterre)<ref group="alpha">"Le noble roi Marc était l'unique maître et souverain de tous les gens d'Angleterre et de Cornouailles. Le roi Marc se tenait dans la capitale qui s'appelle [[Tintagel]] [en Cornouailles, comté dans le Sud de l'Angleterre], ''Tristan et Iseut'', éd. Daniel Lacroix et [[Philippe Walter]], collection "Lettres Gothiques", [[Hachette Livre|Librairie Générale française]], 1989, p.510. Voir dans cet ouvrage les deux cartes géographiques, pages 496 et 508, qui situent clairement la Cornouailles, royaume du roi Marc, dans le Sud-Ouest de l'Angleterre.</ref>. Il confie sa femme à son maréchal Rouhalt. Plus tard, Rivalen est tué par son ennemi, Morgan, lors d'un guet-apens, avant la naissance de Tristan<ref group="alpha">Le héros a laissé son nom à l’[[île Tristan]], au large de [[Douarnenez]]. Voir [[Gwenc’hlan Le Scouëzec]], ''Le Guide de la Bretagne'', page 203, Coop Breizh, Spézet, 1997, {{ISBN|2-84346-026-3}}.</ref>. Blanchefleur, la mère de Tristan, meurt peu après l'accouchement.
* [[Rivalen]], roi de Loonois a épousé [[Bleunwenn]] (nom [[breton]] signifiant «''Blanche-Fleur'' »), la sœur de [[Marc'h (roi)|Marc'h]], roi de [[Cornouaille]] en [[Armorique]]<ref>Jean Balcou, ''Le Légendaire breton : les héros'', chapître 3 pages 107 à 135, éditions Christian Pirot, 2005, {{ISBN|2-86808-219}} ; Jean-Paul Persigout, ''Dictionnaire de mythologie celte'', pages 290 à 292, Brocéliande/éditions du Rocher, Monaco, 1996, {{ISBN|2-268-00968-8}}</ref>. Rivalen s’en va en guerre où il trouve la mort. Bleunwenn, avant de mourir de chagrin donne naissance à un fils, Tristan.


* L’enfant est recueilli et élevé par son oncle, le roi [[Marc'h]], en [[Bretagne|Bretagne armoricaine]]<ref>Le héros a laissé son nom à l’[[île Tristan]], au large de [[Douarnenez]], qui sera, au XVI{{e}} siècle le repaire de [[Guy Eder de La Fontenelle]]. Voir [[Gwenc'hlan Le Scouëzec]], ''Le Guide de la Bretagne'', page 203, Coop Breizh, Spézet, 1997, {{ISBN|2-84346-026-3}}.</ref>. Ce dernier devait s’acquitter du paiement d’un tribut auprès du roi d’[[Irlande (pays)|Irlande]]. Quelques années plus tard, Tristan décide d’en finir avec cette coutume et quand il arrive dans l’île, il doit combattre le géant Morholt, le beau-frère du roi. Tristan reçoit un coup d’épée empoisonnée, mais il blesse mortellement le géant qui, dans un dernier souffle, lui indique qu’Iseut, la fille du roi, a le pouvoir de neutraliser le poison. La jeune fille guérit Tristan de ses maux sans qu’elle sache qu’il a tué son oncle Morholt. Une fois rétabli, il reprend la mer et retourne près de son oncle.
Tristan est alors recueilli par Rohalt, le maréchal de Rivalen. Rohalt l'élève pendant sept ans, puis le confie à Gorvenal ([[Écuyer (gentilhomme)|écuyer]]). Plus tard, il est recueilli par son oncle, le roi [[Marc (roi)|Marc’h]], en [[Cornouailles]]. Ce dernier devait s’acquitter du paiement d’un tribut auprès du roi d’[[Irlande (pays)|Irlande]]. Quelques années plus tard, Tristan décide d’en finir avec cette coutume et quand il arrive dans l’île, il doit combattre le [[Géant (mythologie)|géant]] [[Morholt]], le beau-frère du roi. Tristan reçoit un coup d’épée empoisonnée, mais il blesse mortellement le géant qui, dans un dernier souffle, lui indique qu’Iseut, la fille du roi, a le pouvoir de neutraliser le poison. La jeune fille guérit Tristan de ses maux sans qu’elle sache qu’il a tué son oncle Morholt. Une fois rétabli, il reprend la mer et retourne près de son oncle.


* Marc'h souhaite que son neveu lui succède à la tête de la Cornouaille, mais des seigneurs s’y opposent, préférant une succession directe. Le roi décrète qu'il épousera celle à qui appartient le cheveu d'or, déposé le matin même par un oiseau. Tristan se souvient d’Iseut et suggère une ambassade auprès du roi d’Irlande. À peine débarqué, surgit un terrible [[Dragon (créature fantastique)|dragon]] qu’il doit combattre et occire non sans avoir été blessé. Pour la seconde fois, il est soigné par la fille du roi. Iseut voit que l’épée du chevalier porte une marque qui correspond à un morceau de fer, retrouvé dans le crâne de Morholt ; elle comprend que c’est Tristan qui a tué son oncle, mais renonce à toute idée de vengeance. Il s’acquitte de sa mission et le père accepte que sa fille épouse le roi de Cornouaille, ce qui est une manière d'effacer les différends entre les deux royaumes. Iseut éprouve quelque ressentiment du peu d’intérêt que lui manifeste Tristan, mais s’embarque pour la [[Bretagne]].
Marc’h souhaite que son neveu lui succède à la tête de la Cornouailles, mais des seigneurs s’y opposent, préférant une succession directe. Le roi décrète qu’il épousera celle à qui appartient le cheveu d’or, déposé le matin même par deux [[Hirondelle|hirondelles]]. Tristan se souvient d’Iseut et suggère une ambassade auprès du roi d’Irlande. À peine débarqué, surgit un terrible [[dragon]] qu’il doit combattre et occire non sans avoir été blessé. Pour la seconde fois, il est soigné par la fille du roi. Iseut voit que l’épée du chevalier porte une marque qui correspond à un morceau de fer, retrouvé dans le crâne de Morholt ; elle comprend que c’est Tristan qui a tué son oncle, mais renonce à toute idée de vengeance. Il s’acquitte de sa mission et le père accepte que sa fille épouse le roi de Cornouailles Marc’h, ce qui est une manière de solder les différends entre les deux royaumes. Iseut éprouve quelque ressentiment du peu d’intérêt que lui manifeste Tristan, mais s’embarque pour la [[Grande-Bretagne]].


* La reine d’Irlande remet un philtre magique à Brangien, la servante d’Iseut qui est du voyage. Il est destiné aux nouveaux mariés le soir de leur nuit de noces. La puissance du philtre est telle qu’après absorption, les amants sont éternellement épris et heureux, et qu’une séparation leur serait insupportable, voire fatale. Durant la navigation entre l’île et le continent, croyant se désaltérer avec de l’eau, Tristan boit du breuvage magique et en offre à Iseut. L’effet est instantané. En dépit de ce nouvel amour indéfectible, la jeune fille épouse le roi [[Marc'h]], mais le soir des noces, c’est la servante Brangien qui prend place dans le lit du roi.
La reine d’Irlande remet un philtre magique à [[Liste de personnages du cycle arthurien#Brangien|Brangien]], la servante d’Iseut qui est du voyage. Il est destiné aux nouveaux mariés le soir de leur nuit de noces. La puissance du philtre est telle qu’après absorption, les amants sont épris et heureux pendant trois ans, et qu’une séparation leur sera insupportable, voire fatale. Par erreur, Brangien donne ce philtre à Tristan durant la navigation entre l’île et le continent, par une chaude soirée de la [[Fête de la Saint-Jean|Saint-Jean]]. Croyant se désaltérer avec du vin, Tristan boit du breuvage magique et en offre à Iseut. L’effet est instantané. En dépit de ce nouvel amour indéfectible, la jeune fille épouse le roi [[Marc'h (roi)|Marc’h]]. Mais, le soir des noces, c’est la servante Brangien (la servante irremplaçable, vraie magicienne) qui prend place dans le lit du roi car elle est toujours [[Virginité|vierge]]... Cela n’est pas le cas d’Iseut, qui reviendra se glisser dans les draps de son mari au petit matin après avoir passé la nuit dans les bras de Tristan.


* Les amants prennent la fuite et décident de vivre dans la forêt, fuyant toute âme qui vive. Au bout de trois ans, la magie du philtre finit par s’estomper. Après un long temps de recherche, le roi les surprend endormis dans la grotte qui les abrite, l’épée de Tristan plantée dans le sol entre eux deux. Le roi pense qu’il s'agit d’un signe de chasteté et respecte la pureté de leurs sentiments. Il remplace l’épée par la sienne, met son anneau au doigt d’Iseut et s'en va. Au réveil, ils comprennent que le roi les a épargnés. C’est la séparation, Iseut retourne près du roi Marc'h.
Après de multiples péripéties, les amants prennent la fuite et se réfugient dans la forêt sombre et impénétrable du Morrois (forêt de [[St Clement (Cornouailles)|Moresk]] près de [[Truro (Cornouailles)|Truro]]). Au bout de trois ans, comme l’avait décidé la reine d’Irlande, mère d’Iseut, la magie du philtre cesse le jour de la Saint-Jean. Après un long temps de recherche, le roi les surprend endormis dans la grotte qui les abrite, l’épée de Tristan plantée dans le sol entre eux deux. Le roi pense qu’il s’agit d’un signe de chasteté et respecte la pureté de leurs sentiments. Il remplace l’épée par la sienne, met son anneau au doigt d’Iseut et s’en va. Au réveil, ils comprennent que le roi les a épargnés et leur a pardonné. Le charme ayant cessé d’agir, ils conviennent à « grande douleur » de se séparer, et Iseut retourne près du roi Marc’h. Mais si après trois ans ils ne s’aiment plus de manière magique, ils continuent cependant à s’aimer de manière « humaine » et connaissent maintenant le venin de la [[jalousie]] qu’ils n’avaient pas connu avant.


* Tristan s'en va dans l’[[Grande-Bretagne|île de Bretagne]] où il finit par épouser [[Iseut aux mains blanches]], dont la beauté lui rappelle celle d’Iseut la blonde. Son occupation principale est la guerre et lors d’une expédition, il est gravement blessé. Une fois de plus, seule Iseut la Blonde peut le sauver. Il la fait réclamer en convenant que le bateau revienne avec une voile blanche si elle accepte de le secourir. Iseut arrive alors dans un vaisseau à la voile blanche, mais l’épouse de Tristan, de colère et de jalousie, lui dit que la voile est noire. Se croyant abandonné par celle qu’il aime, il se laisse mourir (ou se tue d’un coup d’épée). Iseut la blonde, arrivée près du corps de Tristan, meurt à son tour de chagrin. Le roi Marc'h prend la mer et ramène les corps des amants et les fait inhumer en Cornouaille, l’un près de l’autre. Une ronce y pousse et relie leurs tombes.
Le roi Marc'h reprend sa femme en grand honneur mais bannit néanmoins Tristan à cause de la jalousie de certains de ses barons. Après avoir longuement hésité Tristan part en [[Bretagne]] où il finit par épouser Iseut aux Blanches Mains, dont la beauté et le nom (qui a un caractère magique) lui rappellent celle d’Iseut la Blonde. Son occupation principale est de guerroyer et, lors d’une expédition, il est gravement blessé. Une fois de plus, seule Iseut la Blonde peut le sauver. Il la fait réclamer en convenant que le bateau reviendra avec une voile blanche si elle a accepté de venir le secourir. Le vaisseau arbore en effet une voile blanche, mais l’épouse de Tristan, Iseut aux Blanches Mains, qu’il n’a jamais « honorée », malheureuse de jalousie, lui annonce que la voile est noire. Se croyant abandonné par celle qu’il aime, il se laisse mourir. Iseut la Blonde, arrivée près du corps de Tristan, meurt à son tour de chagrin. Le roi Marc’h prend la mer, ramène les corps des amants et les fait inhumer en Cornouailles, l’un près de l’autre. Une ronce pousse et relie leurs tombes. D’autres disent que c’est un rosier qui fleurit sur la tombe d’Iseut et une vigne qui orna celle de Tristan, et tant ils sont liés l’un à l’autre que quiconque ne sut et ne saura les séparer, malgré les efforts du roi Marc'h.


== Références ==
== Dans la culture ==
=== Littérature ===
<references />
[[Fichier:BUSSIERE Gaston - Yseult la blonde.jpg|vignette|''Yseult la blonde''.<br> [[Peinture à l'huile|Huile sur toile]] [[Symbolisme (art)|symboliste]] de [[Gaston Bussière (peintre)|Gaston Bussière]], [[musée des Ursulines de Mâcon]].]]
==== Versions en français moderne ====
* ''Le Roman de Tristan et Iseut'', Paris, [[Henri Piazza]] éditeur d'art, [[1900 en littérature|1900]], illustré de compositions de [[Robert Engels (illustrateur)|Robert Engels]] : cet ouvrage a été traduit en allemand en 1901 et en anglais en 1903 — <small>[[:s:Le Roman de Tristan et Iseut|Texte sur Wikisource]]</small>
*''Tristan et iseut'', Blaise Gautier, 1900<ref>{{Lien web |titre=Tristan et Iseut |url=https://www.babelio.com/livres/Gautier-Tristan-et-iseut/516296 |site=babelio.com}}.</ref>
* ''Le roman de Tristan par Thomas : poème du {{s-|XII}}'', 2 volumes, collection « Société des anciens textes français », Paris, Librairie de Firmin-Didot & Cie, 1902-1905 — <small>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5324h lire sur Gallica].</small>
* ''Tristan et Iseult'', Le livre de poche, renouvelé en français moderne d'après les textes des {{s2-|XII|XIII}} par [[René Louis]], [[1972 en littérature|1972]]{{ISBN|2253004367}}
* ''Le roman de Tristan et Iseut'', édition 10/18, collection bibliothèque médiévale. Préface de [[Gaston Paris]] et version de [[Joseph Bédier]] {{ISBN|2264003790}}
*''Tristan et Iseut'', [[André Mary]], 1941
*''Le roman de Tristan et Iseut'', Jean-Francis Reille (ou Jean-François Reille), 1963. L'ouvrage se base sur les œuvres de Béroul, Thomas d'Angleterre, Eilhart von Oberge, Frère Robert, Gottfried von Strassburg, le ''[[Tristan en prose]]'', les deux ''Folie Tristan'' et quelques textes anonymes<ref>{{Lien web |titre=Le roman de Tristan et Yseult, Reille Jean-Francis |url=https://www.abebooks.fr/servlet/BookDetailsPL?bi=30792656203&searchurl=kn%3Dle%2Broman%2Bde%2Btristan%2Bet%2Byseult%2Ble%2Broman%2Bde%2Btristan%2Bet%2Byseult%26sortby%3D17&cm_sp=snippet-_-srp1-_-title2 |site=abebooks.fr}}.</ref>.
*Deux œuvres de [[Pierre Champion (historien)|Pierre Champion]] :
**''Le roman de Tristan et d'Iseult'', 1965
**''Le Roman de Tristan''
*''Tristan et Iseut'', [[Pierre Dalle Nogare]], préfacée par [[Alain Bosquet]] et illustrée de dix gravures originales sur cuivre de Lars Bo, [[Gisèle Celan-Lestrange]], Gérard Diaz, Donatella, [[Gérard Trignac]] ''et alii'' (Paris, Club du livre, [[1985]])
*''Tristan et Iseut'', [[Michel Cazenave]], 1994
*''Tristan et Iseut'' de [[Béroul]]. Présentation, notes et traduction en français moderne de [[Philippe Walter]]. Dossier de [[Corina Stanesco]] ([[Baccalauréat en France|BAC]] [[2001 en littérature|2001]]), [[Le Livre de poche|Le livre de poche]],{{ISBN|9782253160724}}
* Deux romans de [[Jacques Cassabois]] :
**''Tristan et Iseut : Jamais l'un sans l'autre'', 2006<ref>{{Lien web |titre=Tristan et Iseut : Jamais l'un sans l'autre |url=babelio.com |site=babelio.com}}.</ref>
**''Le chevalier Tristan'', 2014<ref>{{Lien web |titre=Le chevalier Tristan |url=https://www.babelio.com/livres/Cassabois-Le-chevalier-Tristan/300964 |site=babelio.com}}.</ref>
* ''Tristan et Yseut'' de [[Béroul]]. Présentation et traduction de [[Daniel Poirion]]. Préface de [[Christiane Marchello-Nizia]]. [[Éditions Gallimard|Gallimard]], collection [[Folio (Gallimard)|Folio]] classique ([[Baccalauréat en France|BAC]] 2001), {{ISBN|9782070392568}}


==== Littérature inspirée de la légende depuis 1945 ====
== Compléments ==
[[Fichier:Edward Burne-Jones - King Mark and La Belle Iseult - Google Art Project.jpg|vignette|''Le roi Marc et la belle Iseult''.<br> Toile du peintre [[Préraphaélisme|préraphaélite]] [[Edward Burne-Jones]], [[Birmingham Museum and Art Gallery]], 1862.]]
* [[Pierre Garnier (poète)|Pierre Garnier]], ''Tristan et Iseult, poème [[Spatialisme (poésie)|spatial]]'' (préface d'[[Ilse Garnier]], suivi du ''Journal de composition de Tristan et Iseult''), [[André Silvaire]], [[1981 en littérature|1981]].
* ''Tristran'', poème de [[Gérard Cartier]] (Obsidiane, [[2010 en littérature|2010]]), restitue l’ambigüité que les altérations du temps donnent aux anciens manuscrits. L'auteur interprète librement la légende, transportée à la fin du dernier siècle, au milieu de la crise irlandaise qui secoue alors le Royaume-Uni : mais seul importe l’amour sauvage et désespéré unissant les amants, qui ne peut se résoudre que dans la mort : ''Ils veulent subir cette passion qui les blesse / Et que toute leur raison condamne…''
* [[Yann Brekilien]], dans son roman ''Iseult et Tristan'' (noter l’inversion des prénoms), replace l’histoire dans son contexte mythologique afin de montrer le mythe dans son sens primitif. Il redonne à Iseut la place qu’avait la femme celte dans la société, c’est-à-dire l’égale de l’homme (voir la reine [[Medb]] qui déclenche la ''[[Razzia des vaches de Cooley]]'', pour égaler en patrimoine son époux, le roi [[Ailill]]). Elle est l’initiatrice de la fuite avec son amant, affirmant son indépendance, ce qui était inconcevable pour les trouvères normands. [[Éditions du Rocher]], [[2001 en littérature|2001]]
* La « restitution » de [[René Louis]] (1972) : l'auteur a adopté un point de vue plus archaïque, moins courtois, moins [[Christianisme|chrétien]] aussi, en un mot plus celtique que celui de Joseph Bédier. Ceci apparaiî particulièrement dans le chapitre nommé ''Le serment ambigu'' - où c'est la ruse d'Iseut et plus encore celle de Brangien qui est à l'œuvre, et non Dieu comme dans Bédier avec le fer rouge - ainsi que dans l'épisode de « L'eau hardie » qui renvoie directement à la tradition irlandaise à travers le conte de Diarmaid et Grainne. N'oublions pas qu’Iseut est la fille du roi d'Irlande, que son frère le Morholt est un géant, et sa mère une magicienne experte en « boires herbés ». Or Iseut a appris la science de sa mère. Quant à la fin, Tristan blessé la requiert, c'est par amour, bien sûr, mais aussi parce qu'elle est la seule à pouvoir trouver le remède à la blessure empoisonnée (comme la Reine d'Irlande l'avait fait des années auparavant avec la blessure qu'il avait subie du Morholt). {{non neutre|Iseut est un exemple important de ces femmes que nous montre la tradition celtique}} : femmes libres qui choisissent leur destin, dût-il les mener à la mort, et n'hésitant pas pour cela à user ''d'artifices'' puisque par essence, chez les Celtes toutes les femmes sont fées. Très intéressants à ce sujet les notes et commentaires en fin d'ouvrage notamment à propos des rapports entre le [[philtre d'amour]] et la ''geis'' (parole aux vertus magiques) si prégnante dans la tradition irlandaise. Chez René Louis, Brangien la servante ne se trompe pas, elle sert le « vin herbé » en toute connaissance de cause (avec l'accord plein et entier d'Iseut) en prononçant bien haut « Reine Iseut, prenez ce breuvage qui a été préparé en Irlande pour le roi Marc ! » Or Tristan n'entend rien. Ce qui montre également que Brangien est bien autre chose qu'une simple servante. Elle nous renvoie aux innombrables « pucelles » du cycle arthurien, toutes qualifiées de sages, pieuses et avisées qui sont un avatar tardif des innombrables fées omniprésentes dans les mythes celtiques (voir Lunette dans ''[[Yvain]]'' de [[Chrétien de Troyes]]).
* [[Joseph Loth]] s'est intéressé à la toponymie et a cherché en [[Cornouailles]] les lieux où se déroule l'histoire, identifiant d'une manière plausible le Malpas au sud de Truro, Lancien/Lantyne entre {{Lien|lang=en|trad=Castle Dore|fr=Castle Dore|texte=Castle Dore}} et la [[Fowey (fleuve)|rivière Fowey]], Blanchelande, Constantine, le saut de Tristan dit aujourd'hui saut de la chapelle au sud de [[Mevagissey|Mévagissey]], la forêt de [[St Clement (Cornouailles)|Moresk]] ([[Truro (Royaume-Uni)|Truro]]), etc; tous ces lieux se trouvent en Cornouailles, voir la bibliographie.


=== Écrits contemporains ===
=== Adaptations théâtrales ===
* [[1929 au théâtre|1929]] : ''Tristan et Iseut'', pièce en trois actes, un prologue et 8 tableaux de [[Joseph Bédier]] et [[Louis Artus]] ; ''La Petite Illustration'' ({{numéro|434}} - théâtre {{numéro|231}}), {{date-|15 juin 1929}}, 26pp (musique non notée) - ''Tristan et Iseut'' a été représenté à Paris pour la première fois le {{date-|19 mars 1929}}, sur la scène du [[théâtre Sarah-Bernhardt]], puis à Nice, le {{date-|30 janvier 1929}}, au [[Palais de la Méditerranée]], musique de scène de [[Paul Ladmirault]].
* [[2005 au théâtre|2005]] : ''Tristan et Yseult'' de Pierre-Yves Lemieux, [[Éditions Michel Brûlé|Lanctôt éditeur]] ([[Montréal]]) dans une mise en scène de [[Alice Ronfard]].
* [[2007 au théâtre|2007]] : ''Tristan et Yseut'' de [[Paul Emond]], Maelström éditions, création au Festival de Théâtre de [[Spa (ville)|Spa]], par les « Baladins du Miroir », dans une mise en scène de Nele Paxinou.
* [[2013 au théâtre|2013]] : ''Tristan et Yseult'', tragédie en vers de Jean Hautepierre ([[éditions Pardès]]).
* [[2014 au théâtre|2014]] : ''Tristan'' de [[Éric Vigner]]


=== Audiovisuel ===
[[Yann Brekilien]], dans son roman ''Iseult et Tristan'' (noter l’inversion des prénoms), replace l’histoire dans son contexte mythologique afin de montrer le mythe dans son sens primitif. Il redonne à Iseut la place qu’avait la femme celte dans la société, c’est-à-dire l’égale de l’homme (voir la reine [[Medb]] qui déclenche la ''[[Razzia des vaches de Cooley]]'', pour égaler en patrimoine son époux, le roi [[Ailill]]). Elle est l’initiatrice de la fuite avec son amant, affirmant son indépendance, ce qui était inconcevable pour les trouvères normands.
==== Filmographie ====
* [[1911 au cinéma|1911]] : ''[[Tristan et Yseult (film, 1911)|Tristan et Yseult]]'' d'[[Albert Capellani]] ;
* [[1911 au cinéma|1911]] : ''[[Tristan et Yseult (film italien, 1911)|Tristan et Yseult]]'' d'[[Ugo Falena]] ;
* [[1920 au cinéma|1920]] : ''[[Tristan et Yseult (film, 1920)|Tristan et Yseult]]'' de [[Maurice Mariaud]], scénario de [[Franz Toussaint]] en collaboration avec [[Jean-Louis Bouquet]] ;
* [[1943 au cinéma|1943]] : ''[[L'Éternel Retour]]'' de [[Jean Delannoy]], écrit par [[Jean Cocteau]], avec [[Jean Marais]] et [[Madeleine Sologne]] ;
* [[1972 au cinéma|1972]] : ''[[Tristan et Iseult (film, 1972)|Tristan et Iseult]]'' d’[[Yvan Lagrange]] (durée 1 heure) avec une musique du groupe [[Magma (groupe)|Magma]] ;
* [[1998 au cinéma|1998]] : ''[[Le Cœur et l'Épée]]'' de [[Fabrizio Costa]], non traduit ni diffusé en France ;
* [[2000 au cinéma|2000]] : ''Tristan et Iseult, la légende oubliée (Tristan and Isold, the lost legend)'', série d'animation produit par Arès Films sur une idée originale de [[Pierre Métais]], diffusé sur France Télévisions, Gulli, la Rai<ref>[http://www.aresfilms.com/media/pdf/tristan_iseult_fr.pdf www.aresfilms.com]</ref> ;
* [[2002 au cinéma|2002]] : ''[[Tristan et Iseut (film, 2002)|Tristan et Iseut]]'', film d'animation de [[Thierry Schiel]] ;
* [[2006 au cinéma|2006]] : ''[[Tristan et Yseult (film, 2006)|Tristan et Yseult]]'' de [[Kevin Reynolds]], avec [[James Franco]] et [[Sophia Myles]], produit par [[Ridley Scott]] et [[Tony Scott]].


=== Tristan et la musique ===
==== Séries télévisées ====
* Dans la série britannique ''[[Merlin (série télévisée)|Merlin]]'', Tristan (incarné par [[Ben Daniels]]) et Iseut (incarnée par [[Miranda Raison]]) apparaissent dans les [[Saison 4 de Merlin#Épisode 12 : L'épée dans la pierre, première partie|deux derniers épisodes de la saison 4]].


=== Musique ===
* À partir de cette légende, [[Richard Wagner]] a composé un opéra intitulé ''[[Tristan und Isolde]]'' (création en [[1865]]).
* [[Olivier Messiaen]] a composé une trilogie sur le thème de Tristan et Iseult, thème d'amour et de mort : la première partie de ce triptyque est le cycle de mélodies ''[[Harawi]], chant d'amour et de mort'' (1945), la partie centrale est la ''[[Turangalîla-Symphonie]]'' (1946–1948) et la troisième partie est ''[[Cinq Rechants]]'' (1948), pour chœur a cappella.
* D’autres compositeurs ont brodé autour de ce mythe, dont [[Karol Szymanowski]] dans l’une des pièces de ses ''[[Masques (Szymanowski)|Masques]]'', ''Tantris le bouffon'', où Tantris, inversion de Tristan, se déguise en bouffon afin d’essayer d’approcher Iseut ; ce morceau est inspiré par la pièce de théâtre d’[[Ernst Hardt]].
* [[Joel Cohen (musicien)|Joel Cohen]], ''Tristan et Iseult : une légende du Moyen Âge en musique et en poésie'', enregistré en [[1987 en musique|1987]] à [[Boston]], {{Lien|lang=en|trad=Church of the Covenant (Boston)|fr=Church of the Covenant (Boston)|texte=Church of the Covenant (Boston)}}, avec [[Andrea von Ramm]] ([[mezzo-soprano]]), [[Anne Azéma]] ([[soprano]]), [[Henri Ledroit]] ([[haute-contre]]), [[Ellen Hargis]] ([[soprano]]), [[Richard Morrison]] ([[Baryton (voix)|baryton]]), [[William Hite]] ([[ténor]]), édité par [[Warner Classics|Warner]] en [[1989 en musique|1989]].
* Ẁurdah Ïtah de [[Magma (groupe)|Magma]] (bande originale du film Tristan et Iseult) en 1974.
* [[Bruno Giner]] a composé en [[2003 en musique|2003]] une musique de scène pour ''La Chambre aux images'', spectacle pour [[conteur]], [[Flûte à bec|flûtes à bec]], [[viole de gambe]] et petites [[Instrument de percussion|percussions]], dont le [[Livret (musique)|livret]] de [[Clément Riot]] est inspiré par la légende médiévale.
* [[Frank Martin]] a également composé un opéra intitulé ''Le Vin herbé'', dont le livret est plus directement inspiré par la légende médiévale que le livret de Wagner.
* [[Jean-Louis Murat]] reprend l'histoire de Tristan et Iseut dans son album ''Tristan'', sorti en [[2008 en musique|2008]].
* [[Joel Cohen (musicien)|Joel Cohen]], ''Tristan et Iseult : une légende du Moyen-Age en musique et en poésie '', enregistré en 1987 à Boston, Church of the Covenant, avec Andrea von Ramm (mezzo-soprano), Anne Azéma (soprano), [[Henri Ledroit]] (haute-contre), Ellen Hargis (soprano), Richard Morrison (baryton), William Hite (ténor), édité par Warner en 1989.
* [[Gwennyn]] compose une chanson bilingue (français/breton) inspirée de la tragédie des deux amants, intitulée ''Tristan et Yseult'' dans son album ''B e o'', sorti en [[2013 en musique|2013]] ([[Coop Breizh]]).
* [[Bruno Giner]] composa en 2003 une musique de scène pour ''La Chambre aux images'', spectacle pour conteur, flûtes à bec, viole de gambe et petites percussions, dont livret de Clément Riot est également directement inspiré par la légende médiévale
* [[Jean-Yves Le Ven]] compose et enregistre l'[[oratorio]] pour chœur et instruments ''Izild a Vreizh'' (« Iseult de Bretagne ») en [[2014 en musique|2014]], sorti en CD par Coop Breizh.
* [[Jean-Louis Murat]] reprend l'histoire de Tristan et Iseut dans son album ''Tristan'', sorti en 2008.


=== Filmographie ===
==== Opéras ====
[[Fichier:Wagner - Tristan und Isolde - Isolde's Liebestod - Panel by Stassen - The Victrola book of the opera.jpg|vignette|droite|upright|Illustration de {{lien|lang=de|Franz Stassen}} pour l'opéra ''[[Tristan und Isolde]]'' de [[Richard Wagner]].]]
* [[Richard Wagner]] a composé un opéra intitulé ''[[Tristan und Isolde]]'' (création en [[1865 en musique classique|1865]]).
* [[Karol Szymanowski]] dans l’une des pièces de ses ''[[Masques (Szymanowski)|Masques]]'' ([[1915]]-[[1916]]), ''Tantris le bouffon'', où Tantris, inversion de Tristan, se déguise en [[bouffon]] afin d’essayer d’approcher Iseut ; ce morceau est inspiré par la pièce de théâtre d’{{lien|Ernst Hardt}}.
* [[Charles Tournemire]] a composé un opéra sur le texte de [[Albert Pauphilet]], ''La Légende de Tristan'', 1926
* [[Paul Ladmirault]] a composé une musique de scène pour la [[pièce de théâtre]] ''Tristan et Iseult'' de [[Joseph Bédier]] et [[Louis Artus]], Nantes, 1929.
* [[Frank Martin]] a composé un opéra intitulé ''Le Vin herbé'', dont le livret est constitué d'extraits du livre ''Le roman de Tristan et Iseut'', par Joseph Bédier (1938 et 1940-1941).
* ''[[Ẁurdah Ïtah]]'' de [[Magma (groupe)|Magma]] (bande originale du film ''Tristan et Iseult'') en [[1974 en musique|1974]].


==== Spectacles musicaux ====
* [[1911 au cinéma|1911]] : ''Tristan et Yseult'' d'[[Albert Capellani]],
* [[1920 au cinéma|1920]] : ''Tristan et Yseult'' de [[Maurice Mariaud]], scénario de [[Franz Toussaint]] en collaboration avec Jean-Louis Bouquet,
* [[2001 au théâtre|2001]] : ''Tristan et Yseult, légende musicale'' de [[Pierre Cardin]].
* [[2014 en musique|2014]] : ''Tristan & Yseult, le Ballet Symphonique Celtique'' d'[[Alan Simon]]
* [[1943 au cinéma|1943]] : ''[[L'Éternel Retour]]'' de [[Jean Delannoy]], écrit par [[Jean Cocteau]], avec [[Jean Marais]] et [[Madeleine Sologne]],
[[Fichier:The Tristan Stone by A3082 Fowey - geograph.org.uk - 800074.jpg|gauche|vignette|redresse|La {{"|{{Lien|lang=de|trad=Tristan-Stein|fr=Pierre de Tristan|texte=pierre de Tristan}}}} en [[Cornouailles]], vestige daté de {{c.|550}} d'un règne trans [[Manche (mer)|Manche]], mentionnait aussi la reine Iseult et a pu inspirer, à six siècles d'écart, la légende.]]
* [[1972 au cinéma|1972]] : ''Tristan et Iseult'' d’Yvan Lagrange (durée 1 heure) avec une musique du groupe [[Magma (groupe)|Magma]],
* [[1998 au cinéma|1998]] : ''[[Le Cœur et l'Épée]]'' de [[Fabrizio Costa]], non traduit ni diffusé en France,
* [[2002 au cinéma|2002]] : ''Tristan et Iseut'', film d'animation de [[Thierry Schiel]],
* [[2006 au cinéma|2006]] : ''[[Tristan & Yseult (film)|Tristan & Yseult]]'' de [[Kevin Reynolds]], avec [[James Franco]] et [[Sophia Myles]], produit par [[Ridley Scott]] et [[Tony Scott]]


=== Bibliographie ===
=== Arts visuels ===
[[File:Vase Tristan et Yseult.jpg|thumb|upright|''[[Vase Tristan et Yseult]]'', [[manufacture Daum]] en collaboration avec [[Jacques Grüber]], 1897, [[musée des Beaux-Arts de Nancy]].]]
{{Bibliographie de la mythologie celtique}}
[[Fichier:Tristan Quilt, V&A 04.jpg|vignette|droite|upright|''Courtepointe de Guicciardini ou le bouclier de Tristan'' (''Tristan Quilt'', {{s-|XIV}}), portant trois [[corne (musique)|cornes de chasse]], fragment du [[Victoria and Albert Museum]].]]


==== Textiles ====
* Emmanuèle Baumgartner, ''Tristan et Iseut, De la légende aux récits en vers'', Paris, P.U.F, 1993
* {{lien|trad=Tristan Quilt|lang=en|texte=Courtepointe de Guicciardini ou Tristan Quilt}}. [[Boutis]] de la fin du {{s-|XIV}}. Conservé en plusieurs parties : Londres, [[Victoria and Albert Museum]] ; Florence, [[musée national du Bargello]] ; Florence, collection privée.
* Jean-Charles Huchet, ''Tristan et le sang de l'écriture'', Paris, P.U.F, 1990
* Jacques Ribard, Le ''Tristan'' de Béroul, un monde de l'illusion ?'', in ''Du mythique au mystique. La littérature médiévale et ses symboles'', Paris, Champion, 1995
* Rougemont, ''L'amour et l'occident''
* Michel Zink, ''Introduction à la littérature française du Moyen Âge'', Paris, Le livre de poche, 1993


==== Peinture ====
;Romans/récits
* Fresques ({{s-|XIV}}) du donjon du château de [[Saint-Floret]] ([[Puy-de-Dôme]]).
* Yann Brekilien, ''Iseult et Tristan'', Éditions du Rocher, Monaco, 2001, {{ISBN|2-268-04007-0}}
* [[Giovanni del Ponte]], panneau représentant [[Pâris]] et [[Hélène (mythologie)|Hélène]] et Tristan et Yseut (début du {{s-|XV}}). [[Cracovie]], [[musée Czartoryski]].
* Joseph Bédier, ''Tristan et Iseut'', Éditions Beauchemin, coll. « Parcours d'une œuvre », Montréal, 2001 {{ISBN|2-7616-1228-0}}

* [[Jacques Chocheyras]], ''Le Roman de Tristan et Iseut la Blonde'', Cristel, Saint-Malo, 2002, {{ISBN|2844210260}}
==== Arts décoratifs ====
* ''[[Vase Tristan et Yseult]]'', [[manufacture Daum]] en collaboration avec [[Jacques Grüber]], 1897.

==== Sculpture ====
* La {{Lien|lang=de|trad=Tristan-Stein|fr=Pierre de Tristan|texte=pierre de Tristan}}, menhir situé à [[Fowey]] ([[Cornouailles]]) en [[Angleterre]].
{{clr}}

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=alpha}}

=== Références ===
{{références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* [[Denis de Rougemont]], ''[[L'Amour et l'Occident]]'' (1939, édition définitive 1972).
* [[Michel Clouscard]], ''Traité de l'Amour Fou, Scanéditions'', éditions Sociales, Paris, 1993. Réédition: éd. [[Éditions Kontre Kulture|Kontre Kulture]], 2014
* Jean-Charles Huchet, ''Tristan et le sang de l'écriture'', Paris, PUF, 1990.
* [[Emmanuèle Baumgartner]], ''Tristan et Iseut, De la légende aux récits en vers'', Paris, PUF, 1993, 128{{nb p.}}, {{ISBN|978-2-13039-847-9}}.
* [[Michel Zink]], ''Introduction à la littérature française du Moyen Âge'', Paris, Le livre de poche, 1993, 189{{nb p.}}, {{ISBN|9782253064220}}.
* Jacques Ribard, « Le ''Tristan'' de Béroul, un monde de l'illusion ? », ''Du mythique au mystique. La littérature médiévale et ses symboles'', Paris, Honoré Champion, 1995, 418{{nb p.}}, {{ISBN|978-2-85203-726-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Walter|lien auteur1=Philippe Walter|titre=Tristan et Yseut. Le porcher et la truie|lieu=Paris|éditeur=Imago|année=2006|isbn=}}.
* Shahla Nosrat, ''Tristan et Iseut et Wïs et Râmî , Origines indo-européennes de deux romans médiévaux'', préface de Philippe Walter, L'Harmattan, 2014
* [[Joseph Loth]], Contributions à l'étude des romans de la Table Ronde, 1912
* {{Ouvrage |langue=de |auteur=Ute Nanz |titre=Die Isolde-Weisshand-Gestalten im Wandel des Tristanstoffs : Figurenzeichnung zwischen Vorlagenbezug und Werkkonzeption | lieu=Heidelberg | éditeur=2010 | pages totales=339 }} – Recension par : [[Philippe Walter]], « Ute Nanz, Die Isolde-Weisshand-Gestalten im Wandel des Tristanstoffs. Figurenzeichnung zwischen Vorlagenbezug und Werkkonzeption », ''Cahiers de civilisation médiévale'', {{Numéro|240}}, 2017, {{p.|428-429}} {{Lire en ligne|lien=https://journals.openedition.org/ccm/5708?lang=en}}. – Première version de l'ouvrage : Münster, Westfälische Wilhelms-Universität, 2008.
* Valérie Lackovic, ''Etude sur Le roman de Tristan et Iseut'', Ellipses, 1999 : « Chapitre 15 – Iseut aux blanches mains », {{p.|69}} et suivantes ; « Iseut aux blanches mains », {{p.|83}} ; « La vengeance d'Iseut aux blanches mains », {{p.|113}} {{ISBN|2729868860| 9782729868864}}.
* [[Georges Duby]], ''Dames du {{S-|XII}}'' : tome 1 : ''Héloïse, Aliénor, Iseut et quelques autres'', Gallimard, 1995, chapitre 4.
* Bernard Belin, ''La véritable histoire de Tristan et Yseut,'' Paris, Editions du Cygne, 2017.

==== Romans/récits ====
* [[Robert Bossuat]], ''Tristan et Iseut - Conte du {{s-|XII|e}}'', [[Hatier]], 1951 (mention : ''reconstitué par Robert Bossuat'')
* [[René Louis]], ''Tristan et Iseult'', LGF - Livre de Poche, Paris, 1972, {{ISBN|978-2253004363}}
* [[Yann Brekilien]], ''Iseult et Tristan'', Éditions du Rocher, Monaco, 2001, {{ISBN|978-2-26804-007-3}}
* [[Joseph Bédier]], ''Tristan et Iseut'', Éditions Beauchemin, coll. « Parcours d'une œuvre », Montréal, 2001 {{ISBN|978-2-76161-228-9}}
* [[Jacques Chocheyras]], ''Le Roman de Tristan et Iseut la Blonde'', Cristel, Saint-Malo, 2002, {{ISBN|978-2-84421-026-5}}
* [[Thierry Jigourel]], ''Merlin, Tristan, Is et autres contes brittoniques'', Jean Picoullec, Paris, 2005, {{ISBN|2-86477-213-2}}
* [[Thierry Jigourel]], ''Merlin, Tristan, Is et autres contes brittoniques'', Jean Picoullec, Paris, 2005, {{ISBN|2-86477-213-2}}
* [[Gottfried de Strasbourg]], ''Tristan'', traduit du moyen haut allemand pour la première fois en vers assonancés par Louis Gravigny, Göppingen, Kümmerle Verlag, 2008, {{ISBN|978-3-86758-000-7}}
* René Louis, ''Tristan et Iseult'', LGF - Livre de Poche, Paris, 1972, {{ISBN|978-2253004363}}
* [[Bernard Belin]], ''La véritable histoire de'' ''Tristan et Yseut,'' Paris, Éditions du Cygne, 2017. {{ISBN|978-2-84924-484-5}}
* Gottfried de Strasbourg, ''Tristan'', traduit du moyen haut allemand pour la première fois en vers assonancés par Louis Gravigny, Göppingen, Kümmerle Verlag, 2008, {{ISBN|978-3-86758-00-7}}


;Bande dessinée
==== Bande dessinée ====
* ''[[Camelot 3000]]'', série de [[Comic book|comics]] créée par [[Mike W. Barr]] (scénario) et [[Brian Bolland]] (dessin), publiée entre [[1982 en bande dessinée|1982]] et [[1985 en bande dessinée|1985]]. [[Camelot 3000#Tristan|Tristan]] et [[Camelot 3000#Yseult|Yseult]] y font leur apparition en l'an 3000.
* Xavier Josset, Frédéric Bihel, ''La quête de la fille aux cheveux d'or'', Éditions du Lombard, coll. « Histoires et légendes », Bruxelles, 1991 {{ISBN|2-8036-0908-8}}
* Chauvel, Lereculey, Simon, ''[[Arthur (bande dessinée)|Arthur une épopée celtique]]'', Tome 5 : ''Drystan et Esyllt'', Éditions Delcourt, coll. « Conquistador », Paris, 2002 {{ISBN|2-84055-806-8}}
*Xavier Josset, Frédéric Bihel, ''La Quête de la fille aux cheveux d'or'', Éditions du Lombard, coll. « Histoires et légendes », Bruxelles, 1991 {{ISBN|2-8036-0908-8}}.
* Chauvel, Lereculey, Simon, ''[[Arthur (bande dessinée)|Arthur une épopée celtique]]'', {{t.|5}}, ''Drystan et Esyllt'', Éditions Delcourt, coll. « Conquistador », Paris, 2002 {{ISBN|2-84055-806-8}}.


=== Wikisource ===
==== Gallica ====
* https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000110d.r=.langFR.swf
{{wikisourcetexte|Tristan et Iseut|Tristan et Iseut}}
* https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6000417b.r=.langFR.swf
* [[s:Tristan (Béroul)|Béroul : Le Roman de Tristan]]
* [[s:Tristan (Thomas d'Angleterre)|Thomas d'Angleterre : Tristan]]


== Liens externes ==
=== Liens externes ===
{{Autres projets | commons= Category:Tristan and Iseult | wikisource = Tristan et Iseut | wikisource titre = Tristan et Iseut}}
* [http://www.litteratureaudio.com/index.php/2008/08/15/tristan-et-iseult/ Tristan et Iseult, version audio] [[Image:Speaker Icon.svg|20px]]
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* [https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:B%C3%A9roul_-_Le_Roman_de_Tristan,_par_Ernest_Muret,_1922.djvu Béroul : ''Le Roman de Tristan'' sur Wikisource]
* [http://www.litteratureaudio.com/index.php/2008/08/15/tristan-et-iseult/ Tristan et Iseult, version audio] [[Fichier:Speaker Icon.svg|20px]]
* [http://micmap.org/dicfro/introduction/glossaire-roman-de-tristan Glossaire du Roman de Tristan par Béroul], en ligne, Ernest Muret, 1903
* [http://micmap.org/dicfro/introduction/glossaire-roman-de-tristan Glossaire du Roman de Tristan par Béroul], en ligne, Ernest Muret, 1903
* [http://matieredefrance.blogspot.fr/search/label/Tristan%20et%20Iseut Tristan et Iseult, version audio] [[Fichier:Speaker Icon.svg|20px]]
* [https://lib.ugent.be/en/catalog/rug01:000791342?i=0&q=hs-0006 Histoire de Tristan] Manuscrit en ligne. Université de Gand.
*Liste (en anglais) de textes et images sur Tristan et Iseut : https://d.lib.rochester.edu/camelot/theme/tristanisolt



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[[sr:Тристан и Изолда]]
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[[tr:Tristan ve İsolde]]

Dernière version du 6 octobre 2024 à 08:39

Tristan et Iseut jouent aux échecs et boivent le philtre d'amour à bord d'un navire.
Enluminure du Tristan de Léonois, 1470, BnF, département des manuscrits, ms. Français 112, fo 239 ro.

Tristan et Iseut est un mythe littéraire[1] médiéval dont les poètes normands, auteurs des premières versions écrites conservées de cette légende, ont situé l'action en Cornouailles, en Irlande et en Bretagne[2].

À l'origine, l'histoire est une tragédie centrée sur l'amour adultère entre le chevalier Tristan (ou Tristram) et la princesse Iseut (ou Iseult, Yseut, Yseult, Isolde, Ysolde). Elle précède la légende arthurienne de Lancelot du Lac et de Guenièvre, qui en est probablement inspirée, et a influencé durablement l'art occidental (peinture, littérature, etc.) depuis qu'elle est apparue au XIIe siècle. Même si l'histoire a été adaptée et modernisée à plusieurs reprises, la relation et les conflits qui en découlent sont régulièrement repris.

Le roi Marc de Cornouaille envoie son neveu Tristan chercher Iseut la Blonde pour lui demander sa main. Mais sur le chemin du retour Tristan et Iseut boivent un philtre d'amour consacré au marié. Tristan et Iseut tombent donc éperdument amoureux mais Iseut doit se marier avec Marc. Un jour, Marc apprend que Tristan et Iseut sont amants et les condamne au bûcher. Mais par un miracle ils en réchappent. Un autre jour, Marc les découvre séparés par une épée et ils font la paix. Tristan accepte de restituer Iseut à Marc et de quitter le pays. Il se marie avec une autre Iseut. Iseut aux Blanches Mains est jalouse de l'amour que son mari porte à Iseut la Blonde. Lorsque Tristan, blessé à mort, appelle Iseut la Blonde à son secours, car elle est la seule capable de le guérir, il convient que le bateau reviendra avec une voile blanche si elle accepte de le secourir. Iseut arrive alors dans un vaisseau à la voile blanche, mais l’épouse de Tristan, de colère et de jalousie, lui dit que la voile est noire. Se croyant abandonné par celle qu’il aime, il se laisse mourir. Iseut la Blonde, apprenant la mort de Tristan, se laisse mourir dans ses bras.

Origine du mythe

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Origine indo-européenne

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Une origine indo-européenne relativement large est suggérée par des chercheurs après l'étude de Vis et Ramin, un roman poétique persan du XIe siècle qui présente des similarités importantes avec le récit de Tristan et Iseut et qui est un ouvrage central de la littérature persane[3]. Plus qu'une copie ou qu'une inspiration commune, il s'agirait plutôt d'une origine commune qui aurait donné à ces deux ouvrages des caractéristiques similaires[3]. Des liens avec des récits pouvant se trouver chez les Alains, un peuple iranien ayant migré vers l'Occident, sont aussi étudiés[3].

Origine celtique

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L’origine de l'histoire est incertaine, mais la légende serait pour une bonne partie due aux apports de différents peuples celtes (dont les Gallois, les Cornouaillais, les Bretons armoricains) de l’aire culturelle brittonique. Certains critiques comme Bédier, Wolfgang Golther ou Gertrude Schoepperle situent le texte initial de la légende dans la première moitié du XIIe siècle. D’autres comme Carney le font remonter au VIIIe siècle. Cependant, l’existence même d’un premier récit unique et complet à la base de ceux qui nous ont été conservés est sujette à caution. La légende ne s'est probablement pas constituée en une seule fois. Elle se serait développée progressivement de manière orale et transmise de génération en génération, puis au fil des réécritures, des réinterprétations et d’enrichissements ou déformations culturels ou géographiques. En se fondant notamment sur les éléments les plus archaïques de la légende, on peut cependant supposer que les bardes gallois, à l'origine des premiers écrits connus sur Tristan (les triades), se sont eux-mêmes inspirés d'une légende de la littérature celtique. Celle-ci a pour protagonistes les amoureux Diarmuid et Grainne. Nombre de motifs présents dans cette légende se retrouvent dans les récits de Tristan. On a aussi pu donner comme autre source du mythe la légende de Deirdre et de Noise.

Parmi les origines possibles de la légende, Philippe Walter, citant un récit gallois, l'Ystoria Trystan, évoque une lecture saisonnière du mythe tristanien où « Yseut appartient à Marc durant les mois sombres de l'année et elle appartient à Tristan durant la saison claire[4] ».

« Alors Arthur lui fit faire la paix avec March ap Meirchion. Il s'entretint avec eux deux tour à tour, mais aucun d'eux ne voulait se passer d'Essylld. Alors Arthur décida que l'un l'aurait pendant qu'il y a des feuilles sur les arbres ; l'autre quand il n'y en a pas : au mari de choisir. March choisit l'époque où les arbres n'ont pas de feuilles parce qu'alors les nuits sont plus longues[5]… »

Influence des romans antiques

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Même si les motifs de Tristan sont directement liés à ceux de mythes celtiques, il n'est pas difficile d’établir des relations entre les romans antiques et les romans de Tristan, notamment celui de Thomas. En effet, les caractéristiques les plus originales de ce dernier par rapport à la version commune, comme la multiplication des monologues et des commentaires au détriment du récit pur, semblent empruntées au roman antique. Elles sont la base d’une réflexion sur l’amour au sein même du roman qui se rapproche des préoccupations de certains romans antiques. Surtout, et ici de façon plus générale, les romans de Tristan, même si aucun n'est complet, retracent le parcours du héros de sa naissance jusqu’à sa mort. Ils se caractérisent par ce que Emmanuèle Baumgartner appelle dans son étude Tristan et Iseut : de la légende aux récits en vers une « structure biographique » qui calque « le temps du récit sur le modèle du temps humain ». Cette structure est héritée en droite ligne des romans antiques. Selon Goulven Peron, les romans antiques (surtout ceux de Stace, Virgile et Ovide) formeraient même la source principale des schémas narratifs du roman de Tristan et Iseut[6].

Les romans de Tristan et la tradition courtoise

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Tristan & Isolde, toile de John Duncan, 1912.

La présence du terme de fin'amor dans le manuscrit de Béroul comme celle d’un véritable discours sur l’amour chez Thomas peuvent induire en erreur et amener à rapprocher trop rapidement les romans de Tristan du genre du roman courtois. La différence majeure tient à ce que dans la tradition courtoise, le désir est unilatéral (de l’homme vers la femme objet de désir) et est absolument maîtrisé et canalisé dans le but de produire le discours amoureux qui constitue la matière même de l'œuvre. Or ce qui fonde les romans de Tristan et au-delà la légende même de Tristan et Iseut, c'est l’incapacité des deux amants à maîtriser leur désir. Quand le désir dans la tradition courtoise est fécond parce qu’il n'est jamais réalisé et permet au poète de chanter son amour, le désir dans les romans de Tristan, en raison du philtre, est toujours déjà réalisé, et constitue une source d’angoisse plus qu’un sujet d’exaltation. Au culte du désir de la tradition courtoise les romans de Tristan substituent l’image d'un désir destructeur, qui constitue même un contre-modèle dont on doit détourner les jeunes générations. Le récit de cette passion funeste doit chez Thomas prévenir les nouveaux amants.

« Encuntre tuiz engins d'amur! »

« Contre tous les pièges de l'amour ! »

Cependant, une interprétation purement négative du désir dans les romans de Tristan serait biaisée ; on peut également voir dans la mort des amants la réalisation suprême d’un amour qui dépassait nécessairement les bornes du monde des hommes. Il reste que le désir dans les romans de Tristan est, contrairement à sa position dans les romans courtois, à la fois réciproque et impossible à maîtriser.

Tristan et Iseut à la fontaine, épiés par le roi Marc.
Détail d'un panneau de coffret, ivoire, Paris, musée du Louvre, vers 1340-1350.
Iseut embrasse Tristan sur son lit de mort.
Enluminure d'Évrard d'Espinques ornant le Roman du Chevalier Tristan et de la reine Yseult écrit par Gassien de Poitiers, Chantilly, musée Condé, ms. 647, fo 262 ro XVe siècle.

Le texte apparaît dans la tradition orale de Bretagne dans l'ancienne Gwerz de Bran (« bran » signifiant corbeau en français). Il s'agit d'un chant attesté du IXe siècle et publié par Théodore Hersart de La Villemarqué dans le Barzaz Breiz plusieurs siècles plus tard sous le titre Le Prisonnier de guerre.

Au XIIe siècle, il est traduit en français par un trouvère et fait ainsi son entrée dans la littérature écrite. Plusieurs textes différents voient ensuite le jour, dont les célèbres versions de Béroul et de Thomas d'Angleterre, certains ont été perdus, comme celui de Chrétien de Troyes ; aucun de ceux qui nous sont parvenus n'est intégral. Entre 1900 et 1905, Joseph Bédier a reconstitué une version « complète » de la légende à partir de Béroul, Thomas d'Angleterre, Eilhart von Oberge et de fragments anonymes. Son ouvrage, qui a fait redécouvrir l'histoire, est devenu la version de référence pour le lecteur non spécialiste moderne.

  • Le Roman de Tristan est l'œuvre du Normand Béroul. Les critiques diffèrent sur la date de sa rédaction. La version communément admise est que la première partie (jusqu'au réveil dans le Morrois) date de 1170, et que la deuxième partie a été rédigée plus tardivement. Incomplet, le manuscrit conservé est une copie de la fin du XIIIe siècle. Il constitue ce qu'on appelle généralement la « version commune » de la légende de Tristan.
  • Le Tristan de Thomas d'Angleterre date de 1175. On l’a baptisé « version courtoise », en raison de la profondeur du développement de la psychologie des personnages. Cependant, la matière même du mythe de Tristan fait que cette version s’inscrit en opposition avec nombre de codes de la tradition courtoise.
  • Deux manuscrits racontent un épisode où Tristan s’est déguisé en fou pour revoir Iseut ; ils s’appellent tous deux Folie Tristan. La Folie Tristan d’Oxford est généralement rattachée au roman de Thomas et la Folie Tristan de Berne à la version dite commune de Béroul.
  • Marie de France traite aussi cette histoire dans le Lai du Chèvrefeuille. Il a sans doute été composé entre 1160 et 1189.
  • Le poète allemand Eilhart von Oberge compose entre 1170 et 1190, en grande partie d'après Béroul, la première version de l'histoire en moyen haut allemand, Tristrant. Le texte est divisé en deux parties, la première conte les amours des parents de Tristan, Rivalin et Blantzeflur (Blanchefleur), la seconde se consacrant à Tristan et Iseut. On retrouve cette structure dans le roman de Chrétien de Troyes intitulé Cligès, écrit vers 1176, dans lequel il est plusieurs fois fait allusion à Tristan et Iseut[7].
  • Lanzelet de Ulrich von Zatzikhoven, écrit vers l'an 1200, où Tristan est un chevalier de la cour d'Arthur.
  • Dans Le Bel Inconnu de Renaud de Beaujeu, écrit également vers 1200, Tristan organise, avec le Roux de Montescler, le tournoi de Valedon, où s'illustrent de nombreux chevaliers, dont Tristan lui-même, Gauvain et surtout Guinglain, le fils de Gauvain.
  • Le poète allemand Gottfried von Strassburg a composé un Tristan und Isold (de) vers 1210, sans doute inspiré de la version de Thomas d’Angleterre.
  • La Saga de Tristan et Iseut (no), écrite en 1226 par Frère Robert (no) à l'intention du roi Håkon IV de Norvège. C'est un récit complet, reprenant de nombreux éléments du Tristan de Thomas d'Angleterre et du Roman de Tristan de Béroul, auxquels ont été ajoutées quelques traces de mythologie scandinave.
  • Le Roman de Jaufré (anonyme, début du XIIIe siècle), fait évoluer le personnage de Tristan pour en faire un chevalier de la Table Ronde, à la cour du roi Arthur.
  • Dans le Tristan en prose (attribué à Luce del Gat et Hélie de Boron, deux chevaliers-écrivains, XIIIe siècle) et le cycle Post-Vulgate qui le reprend en partie, Tristan participe à la Quête du Graal.
  • Sir Tristrem (en), écrit au XIIIe siècle en moyen anglais, basé sur la version de Thomas d'Angleterre
  • Tristan fait une brève apparition dans la Divine Comédie de Dante (début XIVe siècle), où il séjourne en Enfer pour luxure.
  • Ysaÿe le Triste (fils de Tristan et Iseult, naît peu avant la mort tragique de ses parents décrite dans Tristan et Iseult de Thomas d’Angleterre, écrite vers 1170), écrit en picard, Anonyme, première moitié du XIVe siècle
  • Version anglaise de Thomas Malory, dans The Book of Sir Tristram de Lyones (publié dans Le Morte D'Arthur, XVe siècle).
  • Tristan und Isolde (Tristan et Iseult), inachevé, Carl Leberecht Immermann, 1840.
  • Le poète Algernon Swinburne écrivit en 1882 un long poème épique, Tristram of Lyonesse (en). Lyonesse (en) (aussi nommé Léoneis, Léonois ou Loönois) est un royaume légendaire qui se situerait entre le Land's End et les Îles Scilly. Ce serait la terre natale de Tristan.

La légende (dans la version de Joseph Bédier)

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Tristan pourfendant le dragon.
Enluminure conservée à la British Library (fin XIIIe siècle - début XIVe siècle).
Iseut comprend que Tristan a tué Morholt en examinant l'épée du chevalier.
Enluminure conservée à la British Library (fin XIIIe siècle - début XIVe siècle).
Tristan et Iseult se rendant en Cornouailles en bateau. Enluminure du XVe siècle, musée Condé.
Enluminure figurant deux scènes du Tristan und Isold (de) de Gottfried von Strassburg (XIIIe siècle).
Dans la partie supérieure, Tristan et Iseut s'enfuient de la cour du roi Marc'h.
Dans la partie inférieure, le roi Marc'h surprend Tristan et Iseut endormis, l'épée de Tristan séparant chastement les deux amants.
La mort de Tristan et d'Yseut.
Enluminure du XVe siècle, BnF, département des manuscrits, ms. Français 116, fo 676 vo.

Ce résumé n’est qu’une courte synthèse tant la légende connaît de versions et de développements différents, parfois contradictoires.

Rivalen, roi de Loonois en Petite-Bretagne a épousé Bleunwenn (nom breton signifiant « Blanche-Fleur »), la sœur de Marc'h, roi de Cornouailles (dans le sud-ouest de l'Angleterre)[a]. Il confie sa femme à son maréchal Rouhalt. Plus tard, Rivalen est tué par son ennemi, Morgan, lors d'un guet-apens, avant la naissance de Tristan[b]. Blanchefleur, la mère de Tristan, meurt peu après l'accouchement.

Tristan est alors recueilli par Rohalt, le maréchal de Rivalen. Rohalt l'élève pendant sept ans, puis le confie à Gorvenal (écuyer). Plus tard, il est recueilli par son oncle, le roi Marc’h, en Cornouailles. Ce dernier devait s’acquitter du paiement d’un tribut auprès du roi d’Irlande. Quelques années plus tard, Tristan décide d’en finir avec cette coutume et quand il arrive dans l’île, il doit combattre le géant Morholt, le beau-frère du roi. Tristan reçoit un coup d’épée empoisonnée, mais il blesse mortellement le géant qui, dans un dernier souffle, lui indique qu’Iseut, la fille du roi, a le pouvoir de neutraliser le poison. La jeune fille guérit Tristan de ses maux sans qu’elle sache qu’il a tué son oncle Morholt. Une fois rétabli, il reprend la mer et retourne près de son oncle.

Marc’h souhaite que son neveu lui succède à la tête de la Cornouailles, mais des seigneurs s’y opposent, préférant une succession directe. Le roi décrète qu’il épousera celle à qui appartient le cheveu d’or, déposé le matin même par deux hirondelles. Tristan se souvient d’Iseut et suggère une ambassade auprès du roi d’Irlande. À peine débarqué, surgit un terrible dragon qu’il doit combattre et occire non sans avoir été blessé. Pour la seconde fois, il est soigné par la fille du roi. Iseut voit que l’épée du chevalier porte une marque qui correspond à un morceau de fer, retrouvé dans le crâne de Morholt ; elle comprend que c’est Tristan qui a tué son oncle, mais renonce à toute idée de vengeance. Il s’acquitte de sa mission et le père accepte que sa fille épouse le roi de Cornouailles Marc’h, ce qui est une manière de solder les différends entre les deux royaumes. Iseut éprouve quelque ressentiment du peu d’intérêt que lui manifeste Tristan, mais s’embarque pour la Grande-Bretagne.

La reine d’Irlande remet un philtre magique à Brangien, la servante d’Iseut qui est du voyage. Il est destiné aux nouveaux mariés le soir de leur nuit de noces. La puissance du philtre est telle qu’après absorption, les amants sont épris et heureux pendant trois ans, et qu’une séparation leur sera insupportable, voire fatale. Par erreur, Brangien donne ce philtre à Tristan durant la navigation entre l’île et le continent, par une chaude soirée de la Saint-Jean. Croyant se désaltérer avec du vin, Tristan boit du breuvage magique et en offre à Iseut. L’effet est instantané. En dépit de ce nouvel amour indéfectible, la jeune fille épouse le roi Marc’h. Mais, le soir des noces, c’est la servante Brangien (la servante irremplaçable, vraie magicienne) qui prend place dans le lit du roi car elle est toujours vierge... Cela n’est pas le cas d’Iseut, qui reviendra se glisser dans les draps de son mari au petit matin après avoir passé la nuit dans les bras de Tristan.

Après de multiples péripéties, les amants prennent la fuite et se réfugient dans la forêt sombre et impénétrable du Morrois (forêt de Moresk près de Truro). Au bout de trois ans, comme l’avait décidé la reine d’Irlande, mère d’Iseut, la magie du philtre cesse le jour de la Saint-Jean. Après un long temps de recherche, le roi les surprend endormis dans la grotte qui les abrite, l’épée de Tristan plantée dans le sol entre eux deux. Le roi pense qu’il s’agit d’un signe de chasteté et respecte la pureté de leurs sentiments. Il remplace l’épée par la sienne, met son anneau au doigt d’Iseut et s’en va. Au réveil, ils comprennent que le roi les a épargnés et leur a pardonné. Le charme ayant cessé d’agir, ils conviennent à « grande douleur » de se séparer, et Iseut retourne près du roi Marc’h. Mais si après trois ans ils ne s’aiment plus de manière magique, ils continuent cependant à s’aimer de manière « humaine » et connaissent maintenant le venin de la jalousie qu’ils n’avaient pas connu avant.

Le roi Marc'h reprend sa femme en grand honneur mais bannit néanmoins Tristan à cause de la jalousie de certains de ses barons. Après avoir longuement hésité Tristan part en Bretagne où il finit par épouser Iseut aux Blanches Mains, dont la beauté et le nom (qui a un caractère magique) lui rappellent celle d’Iseut la Blonde. Son occupation principale est de guerroyer et, lors d’une expédition, il est gravement blessé. Une fois de plus, seule Iseut la Blonde peut le sauver. Il la fait réclamer en convenant que le bateau reviendra avec une voile blanche si elle a accepté de venir le secourir. Le vaisseau arbore en effet une voile blanche, mais l’épouse de Tristan, Iseut aux Blanches Mains, qu’il n’a jamais « honorée », malheureuse de jalousie, lui annonce que la voile est noire. Se croyant abandonné par celle qu’il aime, il se laisse mourir. Iseut la Blonde, arrivée près du corps de Tristan, meurt à son tour de chagrin. Le roi Marc’h prend la mer, ramène les corps des amants et les fait inhumer en Cornouailles, l’un près de l’autre. Une ronce pousse et relie leurs tombes. D’autres disent que c’est un rosier qui fleurit sur la tombe d’Iseut et une vigne qui orna celle de Tristan, et tant ils sont liés l’un à l’autre que quiconque ne sut et ne saura les séparer, malgré les efforts du roi Marc'h.

Dans la culture

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Littérature

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Yseult la blonde.
Huile sur toile symboliste de Gaston Bussière, musée des Ursulines de Mâcon.

Versions en français moderne

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Littérature inspirée de la légende depuis 1945

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Le roi Marc et la belle Iseult.
Toile du peintre préraphaélite Edward Burne-Jones, Birmingham Museum and Art Gallery, 1862.
  • Pierre Garnier, Tristan et Iseult, poème spatial (préface d'Ilse Garnier, suivi du Journal de composition de Tristan et Iseult), André Silvaire, 1981.
  • Tristran, poème de Gérard Cartier (Obsidiane, 2010), restitue l’ambigüité que les altérations du temps donnent aux anciens manuscrits. L'auteur interprète librement la légende, transportée à la fin du dernier siècle, au milieu de la crise irlandaise qui secoue alors le Royaume-Uni : mais seul importe l’amour sauvage et désespéré unissant les amants, qui ne peut se résoudre que dans la mort : Ils veulent subir cette passion qui les blesse / Et que toute leur raison condamne…
  • Yann Brekilien, dans son roman Iseult et Tristan (noter l’inversion des prénoms), replace l’histoire dans son contexte mythologique afin de montrer le mythe dans son sens primitif. Il redonne à Iseut la place qu’avait la femme celte dans la société, c’est-à-dire l’égale de l’homme (voir la reine Medb qui déclenche la Razzia des vaches de Cooley, pour égaler en patrimoine son époux, le roi Ailill). Elle est l’initiatrice de la fuite avec son amant, affirmant son indépendance, ce qui était inconcevable pour les trouvères normands. Éditions du Rocher, 2001
  • La « restitution » de René Louis (1972) : l'auteur a adopté un point de vue plus archaïque, moins courtois, moins chrétien aussi, en un mot plus celtique que celui de Joseph Bédier. Ceci apparaiî particulièrement dans le chapitre nommé Le serment ambigu - où c'est la ruse d'Iseut et plus encore celle de Brangien qui est à l'œuvre, et non Dieu comme dans Bédier avec le fer rouge - ainsi que dans l'épisode de « L'eau hardie » qui renvoie directement à la tradition irlandaise à travers le conte de Diarmaid et Grainne. N'oublions pas qu’Iseut est la fille du roi d'Irlande, que son frère le Morholt est un géant, et sa mère une magicienne experte en « boires herbés ». Or Iseut a appris la science de sa mère. Quant à la fin, Tristan blessé la requiert, c'est par amour, bien sûr, mais aussi parce qu'elle est la seule à pouvoir trouver le remède à la blessure empoisonnée (comme la Reine d'Irlande l'avait fait des années auparavant avec la blessure qu'il avait subie du Morholt). Iseut est un exemple important de ces femmes que nous montre la tradition celtique[non neutre] : femmes libres qui choisissent leur destin, dût-il les mener à la mort, et n'hésitant pas pour cela à user d'artifices puisque par essence, chez les Celtes toutes les femmes sont fées. Très intéressants à ce sujet les notes et commentaires en fin d'ouvrage notamment à propos des rapports entre le philtre d'amour et la geis (parole aux vertus magiques) si prégnante dans la tradition irlandaise. Chez René Louis, Brangien la servante ne se trompe pas, elle sert le « vin herbé » en toute connaissance de cause (avec l'accord plein et entier d'Iseut) en prononçant bien haut « Reine Iseut, prenez ce breuvage qui a été préparé en Irlande pour le roi Marc ! » Or Tristan n'entend rien. Ce qui montre également que Brangien est bien autre chose qu'une simple servante. Elle nous renvoie aux innombrables « pucelles » du cycle arthurien, toutes qualifiées de sages, pieuses et avisées qui sont un avatar tardif des innombrables fées omniprésentes dans les mythes celtiques (voir Lunette dans Yvain de Chrétien de Troyes).
  • Joseph Loth s'est intéressé à la toponymie et a cherché en Cornouailles les lieux où se déroule l'histoire, identifiant d'une manière plausible le Malpas au sud de Truro, Lancien/Lantyne entre Castle Dore (en) et la rivière Fowey, Blanchelande, Constantine, le saut de Tristan dit aujourd'hui saut de la chapelle au sud de Mévagissey, la forêt de Moresk (Truro), etc; tous ces lieux se trouvent en Cornouailles, voir la bibliographie.

Adaptations théâtrales

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Audiovisuel

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Filmographie

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Séries télévisées

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Illustration de Franz Stassen (de) pour l'opéra Tristan und Isolde de Richard Wagner.

Spectacles musicaux

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La « pierre de Tristan (de) » en Cornouailles, vestige daté de c. 550 d'un règne trans Manche, mentionnait aussi la reine Iseult et a pu inspirer, à six siècles d'écart, la légende.

Arts visuels

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Vase Tristan et Yseult, manufacture Daum en collaboration avec Jacques Grüber, 1897, musée des Beaux-Arts de Nancy.
Courtepointe de Guicciardini ou le bouclier de Tristan (Tristan Quilt, XIVe siècle), portant trois cornes de chasse, fragment du Victoria and Albert Museum.

Arts décoratifs

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Notes et références

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  1. "Le noble roi Marc était l'unique maître et souverain de tous les gens d'Angleterre et de Cornouailles. Le roi Marc se tenait dans la capitale qui s'appelle Tintagel [en Cornouailles, comté dans le Sud de l'Angleterre], Tristan et Iseut, éd. Daniel Lacroix et Philippe Walter, collection "Lettres Gothiques", Librairie Générale française, 1989, p.510. Voir dans cet ouvrage les deux cartes géographiques, pages 496 et 508, qui situent clairement la Cornouailles, royaume du roi Marc, dans le Sud-Ouest de l'Angleterre.
  2. Le héros a laissé son nom à l’île Tristan, au large de Douarnenez. Voir Gwenc’hlan Le Scouëzec, Le Guide de la Bretagne, page 203, Coop Breizh, Spézet, 1997, (ISBN 2-84346-026-3).

Références

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  1. Jacques Chocheyras et Philippe Walter, Tristan et Iseut : Genèse d’un mythe littéraire, Paris, Honoré Champion, , 266 p.
  2. « D’origine bretonne, l’histoire de Tristan et Iseult se répandit en Cornouailles, en Irlande et en Grande-Bretagne », Arthur Cotterell, Mythologie Celtique, Celiv, Paris, 1997, (ISBN 2-86535-336-2) ; Dictionnaire d’histoire de Bretagne, p. 737, article « Tristan », Skol Vreizh, Morlaix, 2008, (ISBN 978-2-915623-45-1)
  3. a b et c Shahla Nosrat, Tristan et Iseut et Wîs et Râmîn: origines indo-européennes de deux romans médiévaux, L'Harmattan, (ISBN 978-2-343-03880-3, lire en ligne)
  4. Walter 2006, p. 88.
  5. Walter 2006, p. 26.
  6. Goulven Peron, « L'origine du roman de Tristan », Bulletin de la Société Archéologique du Finistère,‎ , p. 351-370 (lire en ligne)
  7. Mireille Demaules, Tristan et Yseut : Les Premières Versions européennes, Gallimard, coll. « Pléiade », , 1730 p. (ISBN 978-0-300-13370-7, lire en ligne), « Répertoire », p. 1682.
  8. « Tristan et Iseut », sur babelio.com.
  9. « Le roman de Tristan et Yseult, Reille Jean-Francis », sur abebooks.fr.
  10. « Tristan et Iseut : Jamais l'un sans l'autre », sur babelio.com.
  11. « Le chevalier Tristan », sur babelio.com.
  12. www.aresfilms.com

Bibliographie

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  • Denis de Rougemont, L'Amour et l'Occident (1939, édition définitive 1972).
  • Michel Clouscard, Traité de l'Amour Fou, Scanéditions, éditions Sociales, Paris, 1993. Réédition: éd. Kontre Kulture, 2014
  • Jean-Charles Huchet, Tristan et le sang de l'écriture, Paris, PUF, 1990.
  • Emmanuèle Baumgartner, Tristan et Iseut, De la légende aux récits en vers, Paris, PUF, 1993, 128 p., (ISBN 978-2-13039-847-9).
  • Michel Zink, Introduction à la littérature française du Moyen Âge, Paris, Le livre de poche, 1993, 189 p., (ISBN 9782253064220).
  • Jacques Ribard, « Le Tristan de Béroul, un monde de l'illusion ? », Du mythique au mystique. La littérature médiévale et ses symboles, Paris, Honoré Champion, 1995, 418 p., (ISBN 978-2-85203-726-7).
  • Philippe Walter, Tristan et Yseut. Le porcher et la truie, Paris, Imago, .
  • Shahla Nosrat, Tristan et Iseut et Wïs et Râmî , Origines indo-européennes de deux romans médiévaux, préface de Philippe Walter, L'Harmattan, 2014
  • Joseph Loth, Contributions à l'étude des romans de la Table Ronde, 1912
  • (de) Ute Nanz, Die Isolde-Weisshand-Gestalten im Wandel des Tristanstoffs : Figurenzeichnung zwischen Vorlagenbezug und Werkkonzeption, Heidelberg, 2010, 339 p. – Recension par : Philippe Walter, « Ute Nanz, Die Isolde-Weisshand-Gestalten im Wandel des Tristanstoffs. Figurenzeichnung zwischen Vorlagenbezug und Werkkonzeption », Cahiers de civilisation médiévale, no 240, 2017, p. 428-429 [lire en ligne]. – Première version de l'ouvrage : Münster, Westfälische Wilhelms-Universität, 2008.
  • Valérie Lackovic, Etude sur Le roman de Tristan et Iseut, Ellipses, 1999 : « Chapitre 15 – Iseut aux blanches mains », p. 69 et suivantes ; « Iseut aux blanches mains », p. 83 ; « La vengeance d'Iseut aux blanches mains », p. 113 (ISBN 2729868860 et 9782729868864).
  • Georges Duby, Dames du XIIe siècle : tome 1 : Héloïse, Aliénor, Iseut et quelques autres, Gallimard, 1995, chapitre 4.
  • Bernard Belin, La véritable histoire de Tristan et Yseut, Paris, Editions du Cygne, 2017.

Romans/récits

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Bande dessinée

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Liens externes

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