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« Pierre-François Palloy » : différence entre les versions

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1789 : Le démolisseur de la Bastille : détail : si il est né en janvier 1755, il n'avait pas 33 ans en juillet 1789 voyons , je retire donc la phrase (inutile de préciser son âge)
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[[Fichier:Carnavalet_-_Modèle_réduit_de_la_Bastille_01.jpg|320px|vignette|Un des modèles de Palloy.]]

'''Pierre-François Palloy''', né à [[Paris]] le {{date de naissance|22|janvier|1755}} et mort à [[Sceaux (Hauts-de-Seine)|Sceaux]] le {{date de décès|18 janvier 1835}}<ref>[https://archives.hauts-de-seine.fr/ark:/74903/vta6431fa105bec89f4/dao/0/1/idsearch:RECH_62306589b0f6d0f93c77293e8dafcef4?id=https%3A%2F%2Farchives.hauts-de-seine.fr%2Fark%3A%2F74903%2Fvta6431fa105bec89f4%2Fcanvas%2F0%2F3&vx=1685.96&vy=-1279.99&vr=0&vz=3.748 Acte de décès à Sceaux, n° 3, vue 3/14.]</ref>, dit « le Patriote », est un maître-[[maçon]] et entrepreneur de [[travaux publics]], célèbre pour s'être auto instauré et avoir obtenu le statut de véritable entrepreneur chargé de coordonner les travaux de démolition qui suivirent la prise de la [[La Bastille|forteresse de la Bastille]].
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'''Pierre-François Palloy''', né à [[Paris]], le {{date de naissance|22|janvier|1755}} et mort le {{date de décès|19 janvier 1835}}, dit « le Patriote », était un maître-[[maçon]] et entrepreneur de [[travaux publics]], célèbre pour s'être auto instauré et avoir obtenu le statut de véritable entrepreneur chargé de coordonner les travaux de démolition qui suivirent la prise de la [[La Bastille|forteresse de la Bastille]].


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Jeunesse et formation ===
[[Fichier:Les hommes de Palloy démontent la Bastille (juilllet 1789).jpg|250px|vignette|gauche|Les hommes de Palloy démontent la Bastille au lendemain de sa prise]]
[[Fichier : Les hommes de Palloy démontent la Bastille (juilllet 1789).jpg|250px|vignette|gauche|Les hommes de Palloy démontent la Bastille au lendemain de sa prise.]]
Pierre-François Palloy naquit à Paris, rue du Petit Reposoir, le {{date|22|janvier|1755}}. Fils d'un marchand de vin, il est élevé par son grand-père. Il fit ses études au [[collège d'Harcourt]] (futur [[lycée Saint-Louis]]) puis s'engagea dans l'infanterie où il finira comme sous-officier au [[1er régiment de dragons|régiment Royal-dragons]]. Ayant quitté l'armée après 6,5 années de service<ref name=":2">{{Lien web|langue=|auteur1=Héloïse Bocher|titre=Le patriote Palloy et la démolition de la Bastille Un succès par les réseaux ?|url=https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2011-1-page-247.htm|site=https://www.cairn.info/|date=O1/2011|consulté le=17/07/2017}}.</ref>, il démarra dans le commerce en 1775, avant d'entrer comme commis chez le maître-maçon Nobillot, architecte-entrepreneur, dont il épousa la fille le 1er février 1776 <ref name=":2" />et prit la succession.
Pierre-François Palloy naquit à Paris, rue du Petit Reposoir, le {{date|22|janvier|1755}}. Fils d'un marchand de vin, il est élevé par son grand-père. Il fit ses études au [[collège d'Harcourt]] (futur [[lycée Saint-Louis]]) puis s'engagea dans l'infanterie où il finira comme sous-officier au [[1er régiment de dragons|régiment Royal-dragons]]. Ayant quitté l'armée après 6 ans et demi de service<ref name=":2">{{Lien web|langue=|auteur1=Héloïse Bocher|titre=Le patriote Palloy et la démolition de la Bastille Un succès par les réseaux ?|url=https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2011-1-page-247.htm|site=cairn.info|date=O1/2011|consulté le=17/07/2017}}.</ref>, il démarra dans le commerce en 1775, avant d'entrer comme commis chez le maître-maçon Nobillot, architecte-entrepreneur, dont il épousa la fille le {{date-|1 février 1776}} <ref name=":2" /> et prit la succession.


De maître-maçon, il devint « entrepreneur de bâtiments », preuve de l'évolution de son statut social. Il installa son atelier au 20, rue des Fossés-Saint-Bernard<ref name=":2" />.
De maître-maçon, il devint « entrepreneur de bâtiments », preuve de l'évolution de son statut social. Il installa son atelier au 20, rue des Fossés-Saint-Bernard<ref name=":2" />.


== 1789 : Le démolisseur de la Bastille ==
=== 1789 : Le démolisseur de la Bastille ===
Bien qu'il n'eut reçu aucun mandat par l'[[Assemblée électorale de Paris|assemblée des électeurs de Paris]] de démolir [[la Bastille]] après sa prise le {{date|14|juillet|1789}}<ref>Son courrier de demande d'autorisation ne date que du 16 juillet.</ref>, il chercha à prendre le contrôle des opérations immédiates de démolition qui suivent la prise de la Bastille en coordonnant les opérations<ref name=":0">{{Lien web|langue=|titre=La démolition de la Bastille|url=http://www.histoire-en-questions.fr/revolution-1789/1789-prise-bastille-demolition.html|site=histoire-en-questions.fr|date=|consulté le=10/09/2016|brisé le = 2023-11-28}}.</ref>. En effet, il démarra le {{date-|14 juillet}}, de sa seule initiative, le chantier de démolition de la Bastille avec la venue de 400 ouvriers qui arrivent sur le site dans la nuit du 14 au {{date-|15 juillet}}. Bénéficiant de son statut social et économique, Palloy, homme du métier possédait de plus un argument de poids : la solidité financière de son entreprise était en mesure de régler les salaires des ouvriers<ref name=":2" />. En effet, les dépenses hebdomadaires sont d'environ 10 000 livres pour une moyenne de 700 ouvriers<ref name=":2" />.


Le {{date-|16 juillet}}, il est désigné démolisseur officiel de l'ouvrage<ref name=":1">{{Article|langue=|auteur1=Xavier de Fournoux|titre=Ou sont passées les pierres de la Bastille|périodique=Science & Vie Junior|date=Juillet 1998 numéro 106|issn=|lire en ligne=|pages=46-47}}.</ref> par l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée constituante]]. Le chantier, sur lequel œuvrèrent {{nombre|1200}} ouvriers, dont 400 permanents, fut à peu près achevé à la fin de novembre<ref>{{Article|auteur=Héloïse Bocher|titre=Le patriote Palloy et la démolition de la Bastille. Un succès par les réseaux ?|périodique=Hypothèses|date=2011|volume=14|numéro=1|pages=247-257|url texte=https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2011-1-page-247.htm}}.</ref> et totalement terminé en {{date-|juillet 1790}}. Les pierres — des blocs de 1 m de long sur 60&nbsp;cm de large — furent stockées dans un de ses entrepôts parisiens<ref name=":1" />.
Bien qu'il n'eut reçu aucun mandat par l'assemblée des électeurs de Paris de démolir [[la Bastille]] après sa prise le {{date|14|juillet|1789}}<ref>Son courrier de demande d'autorisation ne date que du 16 juillet.</ref>, il chercha à prendre le contrôle des opérations immédiates de démolition qui suivent la prise de la Bastille en coordonnant les opérations<ref name=":0">{{Lien web|langue=|titre=La démolition de la Bastille|url=http://www.histoire-en-questions.fr/revolution-1789/1789-prise-bastille-demolition.html|site=www.histoire-en-questions.f|date=|consulté le=10/09/2016}}.</ref>. En effet, il démarra le 14 juillet, de sa seule initiative, le chantier de démolition de la Bastille avec la venue de 400 ouvriers qui arrivent sur le site dans la nuit du 14 au 15 juillet. Bénéficiant de son statut social et économique, Palloy, homme du métier possèdait de plus un argument de poids : la solidité financière de son entreprise était en mesure de régler les salaires des ouvriers<ref name=":2" />. En effet, les dépenses hebdomadaires sont de 10 000 livres pour une moyenne de 700 ouvriers<ref name=":2" />.

Le 16 juillet, il est désigné démolisseur officiel de l'ouvrage<ref name=":1">{{Article|langue=|auteur1=Xavier de Fournoux|titre=Ou sont passées les pierres de la Bastille|périodique=Science & Vie Junior|date=Juillet 1998 numéro 106|issn=|lire en ligne=|pages=46-47}}.</ref> par l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée constituante]]. Le chantier, sur lequel œuvrèrent {{nombre|1200}} ouvriers, dont 400 permanents, fut à peu près achevé à la fin de novembre<ref>{{Article|auteur=Héloïse Bocher|titre=Le patriote Palloy et la démolition de la Bastille. Un succès par les réseaux ?|périodique=Hypothèses|date=2011|volume=14|numéro=1|pages=247-257|url texte=https://www.cairn.info/revue-hypotheses-2011-1-page-247.htm}}.</ref> et totalement terminé en juillet 1790. Les pierres — des blocs de 1 m de long sur 60 cm de large — furent stockées dans un de ses entrepôts parisiens<ref name=":1" />.


Le chantier de démolition de la Bastille fut un véritable tremplin pour l'entrepreneur, soucieux d'ascension sociale<ref name=":2" />.
Le chantier de démolition de la Bastille fut un véritable tremplin pour l'entrepreneur, soucieux d'ascension sociale<ref name=":2" />.


== 1790 - 1792 : « Palloy Patriote » ==
=== 1790 - 1792 : « Palloy Patriote » ===
Avide d'une stature et d'une reconnaissance nationale à la hauteur de son acte, il devient le promoteur avisé des souvenirs de la Bastille<ref name=":0" />. Palloy décida à partir des pierres issues de la destruction même de la forteresse, de faire fabriquer des [[Modèles réduits de la Bastille|modèles réduits en pierre]] de la Bastille<ref name=":1" />, puis par la suite, en plâtre mêlé de mortier de la Bastille. Il y fit également sculpter sur d'autres pièces la ''[[Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789|Déclaration des droits de l'homme et du citoyen]]'' et des harangues patriotiques<ref name=":1" />.


Ces pièces furent envoyées auprès des instances représentatives de l'époque : les députés, les clubs politiques, la ville de Paris, la commune de [[New York]] <ref name=":1" /> et dans les chefs-lieux des nouveaux [[départements français]] à partir de {{date-|février 1790}}<ref name=":1" />. Ces envois étaient soutenus grâce aux « Apôtres de Palloy », un réseau d'hommes qui assurait la promotion de ses projets.
Avide d'une stature et d'une reconnaissance nationale à la hauteur de son acte, il devient le promoteur avisé des souvenirs de la Bastille<ref name=":0" />. Palloy décida à partir des pierres issues de la destruction même de la forteresse, de faire fabriquer des [[Modèles réduits de la Bastille|modèles réduits en pierre]] de la Bastille<ref name=":1" />, puis par la suite, en plâtre mêlé de mortier de la Bastille. Il y fit également sculpter sur d'autres pièces la ''[[Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789|Déclaration des droits de l'homme et du citoyen]]'' et des harangues patriotiques<ref name=":1" />.
Chaque création est munie de la mention : « ''Palloy Patriote'' »<ref name=":1" />.


À titre d'exemple, on peut d'ailleurs voir à [[Saint-Julien-du-Sault]] ([[Yonne (département)|Yonne]]) une de ces pierres incrustée dans une des portes de la ville avec l'inscription « ''je certifie que cette pièce vient de la Bastille'' » signée « ''Palloy patriote'' ».
Ces pièces furent envoyées auprès des instances représentatives de l'époque : les députés, les clubs politiques, la ville de Paris, la commune de [[New York]] <ref name=":1" /> et dans les chefs-lieux des nouveaux [[départements français]] à partir de février 1790<ref name=":1" />. Ces envois étaient soutenus grâce aux « Apôtres de Palloy », un réseau d'hommes qui assurait la promotion de ses projets.
Chaque création est munie de la mention : « ''Palloy Patriote'' »<ref name=":1" />.


Il fit également forger des clefs à partir des chaînes en fer du pont-levis, des barreaux des verrous de la forteresse, et fabriquer de nombreux objets de pacotille (bijoux, tabatières, cartes à jouer) et frapper des médailles commémoratives des grands événements de la Révolution, à commencer par celle de la prise de la Bastille, nommée aussi « médaille Palloy »<ref>[[Franck Ferrand]], « Que fête-t-on le 14 juillet ? », émission ''L'Ombre d'un doute'' sur [[France 3]], 11 juillet 2012.</ref>. Ces médailles, d'un style fruste, sont couvertes d'inscriptions rédigées dans un français [[wikt:amphigourique|amphigourique]] et émaillées de fautes d'orthographes. Elles sont constituées le plus souvent de deux plaques de fer ou d'étain réunies et assemblées par un cerclage de laiton. Pour autant, il ne s'agit pas de « médailles populaires », car les tirages n'ont jamais dépassé {{nombre|1200|exemplaires}}.
À titre d'exemple, on peut d'ailleurs voir à [[Saint-Julien-du-Sault]] (Yonne) une de ces pierres incrustée dans une des portes de la ville avec l'inscription « ''je certifie que cette pièce vient de la Bastille'' » signée « ''Palloy patriote'' ».


Grâce aux matériaux de la Bastille, Palloy se fit également construire deux résidences à titre personnel, l'une en face de l'Assemblée Nationale et la seconde à Sceaux, au 37 de la [[rue des Imbergères]], encore visible de nos jours<ref>{{Lien web|langue=|titre=Rue des Imbergères|url=https://www.lavoixdessceens.com/patrimoine-scéen/rue-des-imbergères/|site=lavoixdessceens.com|date=2012|consulté le=17/07/2017}}.</ref>. Le reste des pierres non employées furent vendues pour la construction de nombreuses maisons de Paris, dont la localisation est aujourd'hui perdue pour la plupart<ref name=":1" /> et également pour le [[pont de la Concorde]], terminé en 1791.
Il fit également forger des clefs à partir des chaînes en fer du pont-levis, des barreaux des verrous de la forteresse, et fabriquer de nombreux objets de pacotille (bijoux, tabatières, cartes à jouer) et frapper des médailles commémoratives des grands événements de la Révolution, à commencer par celle de la prise de la Bastille, nommée aussi « médaille Palloy »<ref>[[Franck Ferrand]], « Que fête-t-on le 14 juillet ? », émission ''L'Ombre d'un doute'' sur France 3, 11 juillet 2012.</ref>. Ces médailles, d'un style fruste, sont couvertes d'inscriptions rédigées dans un français [[wikt:amphigourique|amphigourique]] et émaillées de fautes d'orthographes. Elles sont constituées le plus souvent de deux plaques de fer ou d'étain réunies et assemblées par un cerclage de laiton. Pour autant, il ne s'agit pas de « médailles populaires », car les tirages n'ont jamais dépassé {{nombre|1200}} exemplaires.


En {{date-|juin 1791}}, Il est promu « Héros de la Révolution » pour sa participation à la prise de la Bastille, honneur qu'il dut partager avec 953 citoyens<ref name=":1" />.
Grâce aux matériaux de la Bastille, Palloy se fit également construire deux résidences à titre personnel, l'une en face de l'Assemblée Nationale et la seconde à Sceaux, au 37 de la rue des Imbergères, encore visible de nos jours<ref>{{Lien web|langue=|titre=Rue des Imbergères|url=https://www.lavoixdessceens.com/patrimoine-scéen/rue-des-imbergères/|site=https://www.lavoixdessceens.com/|date=2012|consulté le=17/07/2017}}.</ref>. Le reste des pierres non employées furent vendues pour la construction de nombreuses maisons de Paris, dont la localisation est aujourd'hui perdue pour la plupart<ref name=":1" /> et également pour le [[pont de la Concorde]], terminé en 1791.


Palloy fut chargé, le {{date|11|août|1792}}, de travaux d'aménagement à la [[tour du Temple]] pour y emprisonner [[Louis XVI]] et sa famille.
En juin 1791, Il est promu « Héros de la Révolution » pour sa participation à la prise de la Bastille, honneur qu'il dut partager avec 953 citoyens<ref name=":1" />.


=== 1793 : La chute et l'oubli ===
Palloy fut chargé, le {{date|11|août|1792}}, de travaux d'aménagement au donjon du [[Temple]] pour y emprisonner [[Louis XVI]] et sa famille.
En 1793, les autorités estiment après enquête qu'il a détourné une partie des fonds remis pour la destruction de la forteresse. En effet, payé pendant 30 mois, le chantier a été assuré en 12 mois<ref name=":1" />. En outre, les autorités reprochent à Palloy d'avoir encaissé les bénéfices directs et indirects de la démolition<ref name=":0" />. Le coût total de la destruction de la forteresse est évalué à 1 million de [[Livre tournois|livres]]<ref>{{Lien web|langue=|titre=Démolir la bastille l'édification d'un lieu de memoire|url=demolir-la-bastille-l-edification-d-un-lieu-de-memoire.html|site=clio-cr.clionautes.org|date=vendredi 15 juin 2012|consulté le=10/09/2016}}.</ref>, quand le salaire d'un journalier est de 3 francs<ref>[https://histoireetculture.wordpress.com/la-vie-des-francais-sous-la-restauration-et-la-monarchie-de-juillet1ere-partie/ « La vie des français sous la Restauration et La Monarchie de Juillet »], lire l'introduction.</ref>. À titre d'exemple de [[prévarication]], Palloy qui, bien que gravant les pièces gratuitement, demande la participation des communes pour l'envoi des ouvrages<ref name=":1" />.


Palloy est emprisonné du {{date-|28 décembre 1793}} au {{date-|17 mars 1794}}. À l'issue de son incarcération, il se retire dans sa résidence de [[Sceaux (Hauts-de-Seine)|Sceaux]] où il emploie ses ressources à donner de grandes réceptions. Financièrement affaibli, il sollicite par la suite des autorités une rente pour services rendus à la Nation<ref name=":1" />.
== 1793 : La chute et l'oubli ==


Alors qu'il fête avec d'autres l'[[exécution de Louis XVI]], tous les [[21 janvier]], jusqu'à la [[Première Restauration|Restauration]], par un banquet avec au menu une tête de cochon farcie (qui est plus tard remplacée par une [[tête de veau]]), il reçoit en 1814 la décoration de l'[[Ordre du Lys]] fondée par le futur [[Charles X de France|Charles X]].
En 1793, les autorités estimèrent après enquête qu'il avait détourné une partie des fonds remis pour la destruction de la forteresse. En effet, payé pendant 30 mois, le chantier avait été assuré en 12 mois<ref name=":1" />. En outre, les autorités reprochaient à Palloy d'avoir encaissé les bénéfices directs et indirects de la démolition<ref name=":0" />. Le coût total de la destruction de la forteresse fut évalué à 1 million de [[Livre tournois|livres]] de l'époque<ref>{{Lien web|langue=|titre=Démolir la bastille l'édification d'un lieu de memoire|url=demolir-la-bastille-l-edification-d-un-lieu-de-memoire.html|site=https://clio-cr.clionautes.org|date=vendredi 15 juin 2012|consulté le=10/09/2016}}.</ref>, quand le salaire d'un journalier était de 3 francs<ref>[https://histoireetculture.wordpress.com/la-vie-des-francais-sous-la-restauration-et-la-monarchie-de-juillet1ere-partie/ « La vie des français sous la Restauration et La Monarchie de Juillet »], lire l'introduction.</ref>. À titre d'exemple de [[prévarication]], Palloy, qui bien que gravant les pièces gratuitement, demandait la participation des communes pour l'envoi des ouvrages<ref name=":1" />.


Il meurt, définitivement ruiné en 1835. Sur sa tombe, disparue de nos jours, figuraient les mots suivants :
Palloy fut emprisonné du 28 décembre 1793 au 17 mars 1794. À l'issue de son incarcération, il se retira dans sa résidence de Sceaux où il employait ses ressources à donner de grandes réceptions. Financièrement affaibli, il sollicita par la suite des autorités une rente pour services rendus à la Nation<ref name=":1" />.

Alors qu'il fêtait avec d'autres l'exécution de [[Louis XVI]], tous les [[21 janvier]], jusqu'à la [[Première Restauration|Restauration]], par un banquet avec au menu une tête de cochon farcie (qui fut plus tard remplacée par une [[tête de veau]]), il reçut en 1814 la décoration de l'[[Ordre du Lys]] fondée par le futur [[Charles X de France|Charles X]].

Il décède définitivement ruiné en 1835. Sur sa tombe, disparue de nos jours, figuraient les mots suivants :


:« ''Ci-gît Palloy, qui jeune encore l'assiégea, la démolit et dispersa les membres de ce monstre infernal sur la surface du Globe'' »<ref name=":1" />
:« ''Ci-gît Palloy, qui jeune encore l'assiégea, la démolit et dispersa les membres de ce monstre infernal sur la surface du Globe'' »<ref name=":1" />
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Une importante collection de médailles et insignes réalisés à l'initiative du « patriote Palloy » est conservée au [[musée Carnavalet]]. Par ailleurs, une pierre de la Bastille provenant du patriote Palloy et supportant un plan de cette forteresse est exposée au [[musée de la Révolution française]].
Une importante collection de médailles et insignes réalisés à l'initiative du « patriote Palloy » est conservée au [[musée Carnavalet]]. Par ailleurs, une pierre de la Bastille provenant du patriote Palloy et supportant un plan de cette forteresse est exposée au [[musée de la Révolution française]].


== Notes et références ==
== Références ==
{{Références}}
<references />


== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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* Héloïse Bocher, ''Démolir la Bastille, L'édification d'un lieu de mémoire,'' Vendémiaire, Paris, 2012
* Héloïse Bocher, ''Démolir la Bastille, L'édification d'un lieu de mémoire,'' Vendémiaire, Paris, 2012
* Henri Lemoine, ''Le démolisseur de la Bastille'', Paris, 1930.
* Henri Lemoine, ''Le démolisseur de la Bastille'', Paris, 1930.
* ''Livre de raison du patriote Palloy, démolisseur de la Bastille'', présenté et commenté par [[Romi (écrivain)|Romi]], Éditions de Paris, 1956.
* ''Livre de raison du patriote Palloy, démolisseur de la Bastille'', présenté et commenté par [[Romi (écrivain)|Romi]], Éditions de Paris, 1956
* Alain Weill, ''Histoire et numismatique du patriote Palloy, démolisseur de la Bastille'', Paris-Lyon, 1976.


=== Articles connexes ===
=== Article connexe ===
* [[Modèles réduits de la Bastille]]
* [[Modèles réduits de la Bastille]]


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{autorité}}
{{liens}}

{{Portail Révolution française}}


{{Portail|Révolution française}}
{{DEFAULTSORT:Palloy, Pierre-Francois}}
{{DEFAULTSORT:Palloy, Pierre-Francois}}
[[Catégorie:Architecte français du XVIIIe siècle]]
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Version du 17 juillet 2024 à 00:24

Pierre-François Palloy
Pierre-François Palloy, dit le Patriote, par A. Donchery (vers 1789, musée Carnavalet).
Biographie
Naissance
Décès
(à 79 ans)
Sceaux
Surnom
Le Patriote
Pseudonyme
Le PatrioteVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
française
Activité
entrepreneur de travaux publics, architecte
Œuvres principales
Un des modèles de Palloy.

Pierre-François Palloy, né à Paris le et mort à Sceaux le [1], dit « le Patriote », est un maître-maçon et entrepreneur de travaux publics, célèbre pour s'être auto instauré et avoir obtenu le statut de véritable entrepreneur chargé de coordonner les travaux de démolition qui suivirent la prise de la forteresse de la Bastille.

Biographie

Jeunesse et formation

Les hommes de Palloy démontent la Bastille au lendemain de sa prise.

Pierre-François Palloy naquit à Paris, rue du Petit Reposoir, le . Fils d'un marchand de vin, il est élevé par son grand-père. Il fit ses études au collège d'Harcourt (futur lycée Saint-Louis) puis s'engagea dans l'infanterie où il finira comme sous-officier au régiment Royal-dragons. Ayant quitté l'armée après 6 ans et demi de service[2], il démarra dans le commerce en 1775, avant d'entrer comme commis chez le maître-maçon Nobillot, architecte-entrepreneur, dont il épousa la fille le [2] et prit la succession.

De maître-maçon, il devint « entrepreneur de bâtiments », preuve de l'évolution de son statut social. Il installa son atelier au 20, rue des Fossés-Saint-Bernard[2].

1789 : Le démolisseur de la Bastille

Bien qu'il n'eut reçu aucun mandat par l'assemblée des électeurs de Paris de démolir la Bastille après sa prise le [3], il chercha à prendre le contrôle des opérations immédiates de démolition qui suivent la prise de la Bastille en coordonnant les opérations[4]. En effet, il démarra le , de sa seule initiative, le chantier de démolition de la Bastille avec la venue de 400 ouvriers qui arrivent sur le site dans la nuit du 14 au . Bénéficiant de son statut social et économique, Palloy, homme du métier possédait de plus un argument de poids : la solidité financière de son entreprise était en mesure de régler les salaires des ouvriers[2]. En effet, les dépenses hebdomadaires sont d'environ 10 000 livres pour une moyenne de 700 ouvriers[2].

Le , il est désigné démolisseur officiel de l'ouvrage[5] par l'Assemblée constituante. Le chantier, sur lequel œuvrèrent 1 200 ouvriers, dont 400 permanents, fut à peu près achevé à la fin de novembre[6] et totalement terminé en . Les pierres — des blocs de 1 m de long sur 60 cm de large — furent stockées dans un de ses entrepôts parisiens[5].

Le chantier de démolition de la Bastille fut un véritable tremplin pour l'entrepreneur, soucieux d'ascension sociale[2].

1790 - 1792 : « Palloy Patriote »

Avide d'une stature et d'une reconnaissance nationale à la hauteur de son acte, il devient le promoteur avisé des souvenirs de la Bastille[4]. Palloy décida à partir des pierres issues de la destruction même de la forteresse, de faire fabriquer des modèles réduits en pierre de la Bastille[5], puis par la suite, en plâtre mêlé de mortier de la Bastille. Il y fit également sculpter sur d'autres pièces la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et des harangues patriotiques[5].

Ces pièces furent envoyées auprès des instances représentatives de l'époque : les députés, les clubs politiques, la ville de Paris, la commune de New York [5] et dans les chefs-lieux des nouveaux départements français à partir de [5]. Ces envois étaient soutenus grâce aux « Apôtres de Palloy », un réseau d'hommes qui assurait la promotion de ses projets. Chaque création est munie de la mention : « Palloy Patriote »[5].

À titre d'exemple, on peut d'ailleurs voir à Saint-Julien-du-Sault (Yonne) une de ces pierres incrustée dans une des portes de la ville avec l'inscription « je certifie que cette pièce vient de la Bastille » signée « Palloy patriote ».

Il fit également forger des clefs à partir des chaînes en fer du pont-levis, des barreaux des verrous de la forteresse, et fabriquer de nombreux objets de pacotille (bijoux, tabatières, cartes à jouer) et frapper des médailles commémoratives des grands événements de la Révolution, à commencer par celle de la prise de la Bastille, nommée aussi « médaille Palloy »[7]. Ces médailles, d'un style fruste, sont couvertes d'inscriptions rédigées dans un français amphigourique et émaillées de fautes d'orthographes. Elles sont constituées le plus souvent de deux plaques de fer ou d'étain réunies et assemblées par un cerclage de laiton. Pour autant, il ne s'agit pas de « médailles populaires », car les tirages n'ont jamais dépassé 1 200 exemplaires.

Grâce aux matériaux de la Bastille, Palloy se fit également construire deux résidences à titre personnel, l'une en face de l'Assemblée Nationale et la seconde à Sceaux, au 37 de la rue des Imbergères, encore visible de nos jours[8]. Le reste des pierres non employées furent vendues pour la construction de nombreuses maisons de Paris, dont la localisation est aujourd'hui perdue pour la plupart[5] et également pour le pont de la Concorde, terminé en 1791.

En , Il est promu « Héros de la Révolution » pour sa participation à la prise de la Bastille, honneur qu'il dut partager avec 953 citoyens[5].

Palloy fut chargé, le , de travaux d'aménagement à la tour du Temple pour y emprisonner Louis XVI et sa famille.

1793 : La chute et l'oubli

En 1793, les autorités estiment après enquête qu'il a détourné une partie des fonds remis pour la destruction de la forteresse. En effet, payé pendant 30 mois, le chantier a été assuré en 12 mois[5]. En outre, les autorités reprochent à Palloy d'avoir encaissé les bénéfices directs et indirects de la démolition[4]. Le coût total de la destruction de la forteresse est évalué à 1 million de livres[9], quand le salaire d'un journalier est de 3 francs[10]. À titre d'exemple de prévarication, Palloy qui, bien que gravant les pièces gratuitement, demande la participation des communes pour l'envoi des ouvrages[5].

Palloy est emprisonné du au . À l'issue de son incarcération, il se retire dans sa résidence de Sceaux où il emploie ses ressources à donner de grandes réceptions. Financièrement affaibli, il sollicite par la suite des autorités une rente pour services rendus à la Nation[5].

Alors qu'il fête avec d'autres l'exécution de Louis XVI, tous les 21 janvier, jusqu'à la Restauration, par un banquet avec au menu une tête de cochon farcie (qui est plus tard remplacée par une tête de veau), il reçoit en 1814 la décoration de l'Ordre du Lys fondée par le futur Charles X.

Il meurt, définitivement ruiné en 1835. Sur sa tombe, disparue de nos jours, figuraient les mots suivants :

« Ci-gît Palloy, qui jeune encore l'assiégea, la démolit et dispersa les membres de ce monstre infernal sur la surface du Globe »[5]

Conservation des souvenirs édités par Palloy

Une importante collection de médailles et insignes réalisés à l'initiative du « patriote Palloy » est conservée au musée Carnavalet. Par ailleurs, une pierre de la Bastille provenant du patriote Palloy et supportant un plan de cette forteresse est exposée au musée de la Révolution française.

Références

  1. Acte de décès à Sceaux, n° 3, vue 3/14.
  2. a b c d e et f Héloïse Bocher, « Le patriote Palloy et la démolition de la Bastille Un succès par les réseaux ? », sur cairn.info, o1/2011 (consulté le ).
  3. Son courrier de demande d'autorisation ne date que du 16 juillet.
  4. a b et c « La démolition de la Bastille »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur histoire-en-questions.fr (consulté le ).
  5. a b c d e f g h i j k l et m Xavier de Fournoux, « Ou sont passées les pierres de la Bastille », Science & Vie Junior,‎ juillet 1998 numéro 106, p. 46-47.
  6. Héloïse Bocher, « Le patriote Palloy et la démolition de la Bastille. Un succès par les réseaux ? », Hypothèses, vol. 14, no 1,‎ , p. 247-257 (lire en ligne).
  7. Franck Ferrand, « Que fête-t-on le 14 juillet ? », émission L'Ombre d'un doute sur France 3, 11 juillet 2012.
  8. « Rue des Imbergères », sur lavoixdessceens.com, (consulté le ).
  9. « Démolir la bastille l'édification d'un lieu de memoire », sur clio-cr.clionautes.org, (consulté le ).
  10. « La vie des français sous la Restauration et La Monarchie de Juillet », lire l'introduction.

Voir aussi

Bibliographie

  • Héloïse Bocher, Démolir la Bastille, L'édification d'un lieu de mémoire, Vendémiaire, Paris, 2012
  • Henri Lemoine, Le démolisseur de la Bastille, Paris, 1930.
  • Livre de raison du patriote Palloy, démolisseur de la Bastille, présenté et commenté par Romi, Éditions de Paris, 1956

Article connexe

Liens externes