Voir la source de Philippe Pétain

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{{Infobox Personnalité politique
 | charte                  = Chef d'État
 | nom                     = Philippe Pétain
 | image                   = Pétain - Portrait photographique 1941.jpg
 | légende                 = Portrait officiel de Philippe Pétain ({{c.|1941}}).<br><small>(photographie de [[propagande]], imprimerie [[Draeger]])</small>
 | fonction1               = Chef de l'État français<br><small>([[Régime de Vichy]])</small>
 | à partir du fonction1   = {{date|11 juillet 1940}}
 | jusqu'au fonction1      = {{date|20 août 1944}}<br><small>({{durée|11|7|1940|20|8|1944}})</small>
 | nom responsable 1       = Vice-président du Conseil
 | responsable 1           = [[Pierre Laval]]<br>[[Pierre-Étienne Flandin]]<br>[[François Darlan]]
 | chef du gouvernement 1  = ''Lui-même''<br>[[Pierre Laval]]
 | prédécesseur 1          = [[Albert Lebrun]] <small>(président de la République)</small>
 | successeur 1            = [[Charles de Gaulle]] <small>(président du Gouvernement provisoire)</small>
 | fonction2               = [[président du Conseil (France)|Président du Conseil des ministres]]<ref group=alpha>Nominativement à partir du {{date-|11 juillet 1940}}, date à laquelle [[Pierre Laval]] devient vice-président du Conseil et forme un gouvernement.</ref>
 | à partir du fonction2   = {{date|16 juin 1940}}
 | jusqu'au fonction2      = {{date|18 avril 1942}}<br><small>({{durée|16|6|1940|18|4|1942}})</small>
 | président 2             = [[Albert Lebrun]] <small>(1940)</small>
 | chef de l'état 2        = ''Lui-même'' <small>(à partir de 1940)</small>
 | nom responsable 2       = Vice-président du Conseil
 | responsable 2           = [[Camille Chautemps]]<br>[[Pierre Laval]]<br>[[Pierre-Étienne Flandin]]<br>[[François Darlan]]
 | gouvernement 2          = [[Gouvernement Philippe Pétain|Pétain]]<br/>{{lnobr rom|Gouvernement Pierre Laval (5)|Laval V}}<br/>{{lnobr rom|Gouvernement Pierre-Étienne Flandin (2)|Flandin II}}<br/>[[Gouvernement François Darlan|Darlan]]
 | prédécesseur 2          = [[Paul Reynaud]]
 | successeur 2            = ''Lui-même'' <small>(chef de l'État français)</small><ref>[http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/suffrage_universel/suffrage-1940_loi-constitutionnelle.asp « Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940 »], sur le site de l’Assemblée nationale, assemblee-nationale.fr, consulté le 27 décembre 2008.</ref>{{,}}<ref name="cotillon-entourages">{{pdf}} Fonction cumulant les attributions de président de la République et de président du Conseil : {{cf.}} Jérôme Cotillon, [http://www.histoire-politique.fr/documents/08/dossier/pdf/HP8_Jerome_Cotillon_pdf.pdf « Les entourages de Philippe Pétain, chef de l’État français, 1940-1942 »], ''Histoire@Politique – Politique, culture, société'', {{numéro|8}}, mai-août 2009. {{commentaire biblio|Voir en particulier la note 42, {{p.}}16.}}.</ref><br>[[Pierre Laval]] <small>(chef du gouvernement)</small>
 | fonction3               = [[Président du Conseil (France)|Vice-président du Conseil des ministres]]
 | à partir du fonction3   = {{date|18|mai|1940-}}
 | jusqu'au fonction3      = {{date|16 juin 1940}}<br><small>({{durée|18|5|1940|16|6|1940}})</small>
 | président 3             = [[Albert Lebrun]]
 | président du conseil 3  = [[Paul Reynaud]]
 | gouvernement 3          = [[Gouvernement Paul Reynaud|Reynaud]]
 | prédécesseur 3          = [[Camille Chautemps]]
 | successeur 3            = [[Camille Chautemps]]
 | fonction4               = [[Ministre d'État (France)|Ministre d'État]]
 | à partir du fonction4   = {{date|1|juin-|1935-}}
 | jusqu'au fonction4      = {{date|4 juin 1935}}<br><small>({{durée|1|6|1935|4|6|1935}})</small>
 | président 4             = [[Albert Lebrun]]
 | président du conseil 4  = [[Fernand Bouisson]]
 | gouvernement 4          = [[Gouvernement Fernand Bouisson|Bouisson]]
 | fonction5               = [[Liste des ministres français de la Défense|Ministre de la Guerre]]
 | à partir du fonction5   = {{date|9|février|1934-}}
 | jusqu'au fonction5      = {{date|8 novembre 1934}}<br><small>({{durée|9|2|1934|8|11|1934}})</small>
 | président 5             = [[Albert Lebrun]]
 | président du conseil 5  = [[Gaston Doumergue]]
 | gouvernement 5          = [[Gouvernement Gaston Doumergue (2)|Doumergue II]]
 | prédécesseur 5          = [[Joseph Paul-Boncour]]
 | successeur 5            = [[Louis Maurin (homme politique, 1869-1956)|Louis Maurin]]
 | nom de naissance        = Henri Philippe Bénoni Omer Joseph Pétain
 | date de naissance       = {{date de naissance|24|avril|1856}}
 | lieu de naissance       = [[Cauchy-à-la-Tour]] ([[Second Empire|France]])
 | origine                 = Français
 | date de décès           = {{date de mort|23|juillet|1951|24|avril|1856}}
 | lieu de décès           = [[Port-Joinville]] ([[France]])
 | nature du décès         = 
 | sépulture               = [[Port-Joinville]] ([[île d'Yeu]])
 | nationalité             = [[France|Française]]
 | parti                   = 
 | surnom                  = Le héros de Verdun<br>Le vainqueur de Verdun<br>Maréchal Pétoche
 | père                    = Omer-Venant Pétain
 | mère                    = Clotilde Alexandrine Legrand
 | grand-père paternel     = Benoît Joseph Bénoni Pétain
 | grand-mère paternelle   = Hyacinthe Françoise Augustine Cossart
 | grand-père maternel     = Jean-Baptiste Legrand
 | grand-mère maternelle   = Anne Constantine Lefebvre
 | fratrie                 = 
 | conjoint                = [[Annie Pétain|Eugénie Hardon]]
 | enfants                 = 
 | entourage               = 
 | université              = [[École spéciale militaire de Saint-Cyr]]
 | profession              = [[Militaire]]
 | religion                = [[Catholicisme]]
 | résidence               = 
 | signature               = Signature Philippe Pétain.svg
 | emblème                 = Informal emblem of the French State (1940–1944).svg
 | liste                   = [[Liste des chefs d'État français|Chefs d'État français]]
 | depuis le fonction1     = 
 | syndicat                = 
}}

'''Philippe Pétain''', né le {{date de naissance|24 avril 1856}} à [[Cauchy-à-la-Tour]] ([[Pas-de-Calais]]) et mort en détention le {{date de décès|23 juillet 1951}} à [[Port-Joinville]] ([[Vendée (département)|Vendée]]), est un [[militaire]], [[diplomate]] et [[homme d'État]] [[France|français]]. Élevé à la dignité de [[maréchal de France]] en [[1918 en France|1918]], il est frappé d'[[indignité nationale]] et déchu de toutes ses distinctions militaires en [[1945 en France|1945]].

Militaire de carrière s'étant démarqué à l'[[École de guerre]] de la doctrine dominante de l'[[offensive à outrance]], il est sur le point de terminer sa carrière comme colonel lorsque la [[Première Guerre mondiale|Grande Guerre]] éclate, en 1914. Chef militaire à l'action importante, il est généralement présenté comme le vainqueur de la [[bataille de Verdun]] et, avec [[Georges Clemenceau]], comme l'artisan du redressement du moral des troupes après les [[mutineries de 1917]]. Remplaçant [[Robert Nivelle|Nivelle]] en {{date-|mai 1917}}, il reste commandant en chef des forces françaises jusqu'à la fin de la guerre, bien que placé sous les ordres de son rival [[Ferdinand Foch]] nommé généralissime des troupes alliées après la rupture du front le {{date-|28 mars 1918}}.

Auréolé d'un immense prestige au lendemain de la guerre, il est le chef de l'armée d'après-guerre. En 1925, il commande personnellement les forces françaises combattant aux côtés de l'[[Espagne]] dans la [[guerre du Rif]], remplaçant le [[Hubert Lyautey|maréchal Lyautey]]. Devenu [[Académie française|académicien]] en 1929, il occupe les fonctions de [[Liste des ministres français de la Défense|ministre de la Guerre]] de {{date|février 1934-}} à {{date|novembre 1934}}, puis est nommé ambassadeur en [[Espagne]] en 1939, alors que le pays est dirigé par le [[Francisco Franco|général Franco]].

Rappelé au gouvernement le {{date|17 mai 1940}}, après le début de l'[[Bataille de France|invasion allemande]], il s'oppose à la poursuite d'une guerre qu'il considère comme perdue et dont il impute bientôt la responsabilité au régime républicain. Il devient [[Président du Conseil (France)|président du Conseil]] en remplacement de [[Paul Reynaud]] le {{date|16 juin 1940-}} ; le lendemain, il appelle à cesser le combat. Selon la volonté d'[[Adolf Hitler]], il fait signer l’[[armistice du 22 juin 1940]] avec le [[Troisième Reich]], à [[Clairière de l'Armistice|Rethondes]]. [[Vote des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain|Investi des pleins pouvoirs constituants par l'Assemblée nationale]], le {{date|10 juillet 1940}}, il s'octroie illégalement le lendemain le titre de « chef de l'[[régime de Vichy|État français]] », à {{nb|84 ans}}. Il conserve cette fonction durant les quatre années de l'[[Occupation de la France par l'Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale|occupation de la France par l’Allemagne nazie]].

Installé en [[zone libre]] à [[Vichy]] à la tête d'un régime [[Autoritarisme|autoritaire]] sous la devise « ''Travail, Famille, Patrie'' », il abolit les institutions républicaines et les [[libertés fondamentales]], dissout les syndicats et les partis politiques, et instaure une législation [[Antisémitisme|antisémite]]{{note|groupe=alpha|texte=Pétain promulgue également une loi [[Antimaçonnisme|antimaçonnique]].}} dès août-{{date-|octobre 1940}}. Il engage le pays dans la [[révolution nationale]] et dans la [[Collaboration en France|collaboration]] avec l'Allemagne nazie. Le « [[régime de Vichy]] », qu'il dirige jusqu'en {{date-|juillet 1944}}, est déclaré {{Citation|illégitime, nul et non avenu}} par le [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] à la [[Libération de la France|Libération]].

Emmené contre son gré par les Allemands à [[Commission gouvernementale de Sigmaringen|Sigmaringen]] puis en [[Suisse]], où il [[Arrestation de Philippe Pétain|se rend aux autorités françaises]], Philippe Pétain est jugé pour [[intelligence avec l'ennemi]] et [[haute trahison]] par la [[Haute Cour (France)|Haute Cour de justice]] en {{date|juillet 1945}}. Il est frappé d'[[indignité nationale]], condamné à la confiscation de ses biens et à la [[peine de mort]]. Alors que la cour recommande la non-application de cette dernière en raison de son grand âge, sa peine est commuée en [[emprisonnement à perpétuité]] par le général de Gaulle. Il meurt à Port-Joinville sur l'[[île d'Yeu]], où il est inhumé.

{{Sommaire|niveau=3}}

== Biographie ==
=== Jeunesse et formation ===
Henri Philippe Bénoni Omer Joseph Pétain naît le {{date-|24|avril|1856}} à [[Cauchy-à-la-Tour]], dans une famille de cultivateurs raisonnablement aisée<ref>{{ouvrage|auteur=[[Philippe Collin (auteur)|Philippe Collin]]|titre=Le fantôme de Philippe Pétai|éditeur=Flammarion|date=2022|passage=19}}</ref>, installée dans la commune depuis le {{s-|XVIII}}<ref name="lottman_13-15">Herbert R. Lottman (trad. Béatrice Vierne), ''Pétain'', Éditions du Seuil, Paris, 1984, 732{{nb p.}} {{ISBN|978-2-02-006763-8|978-2020067638}}, {{p.|13-15}}.</ref>. Il est le fils d'Omer-Venant Pétain (1816-1888) et de Clotilde Legrand (1824-1857)<ref name="lottman_13-15"/>. Il a quatre sœurs, Marie-Françoise Clotilde (1852-1950), Adélaïde (1853-1919), Sara (1854-1940) et Joséphine (1857-1862)<ref name="lottman_13-15"/>. Sa mère [[Mort maternelle|meurt en couches]] en mettant au monde sa quatrième fille. Son père se remarie très vite avec Marie-Reine Vincent<ref>{{ouvrage|auteur=Philippe Collin|titre=Le fantôme de Philippe Pétain|éditeur=Flammarion|date=2022|passage=20}}</ref>. Trois autres enfants, demi-frère et sœurs, voient le jour : Élisabeth (1860-1952), Antoine (1861-1948)<ref group=alpha>Dont l'un des fils, Hermant ({{date-|21 avril 1887}}) sera tué devant Douaumont, le {{date-|23 mai 1916}}.</ref>{{,}}<ref>SGA Mémoire des Hommes 14-18.</ref> et Laure (1862-1945)<ref name="lottman_13-15"/>.

Bien que son acte de naissance porte les prénoms Henri, Philippe, Bénoni, Omer et Joseph<ref>{{lien web |titre=5 MIR 217/1 Cauchy-à-la-Tour an I-1886 |url=http://archivesenligne.pasdecalais.fr/ark:/64297/15b8865fc6b3e60e |site=pasdecalais.fr |consulté le=21 octobre 2020}}.</ref>, c'est Philippe qu'il choisit et, tout au long de sa vie, il prend soin de rectifier<ref name="lottman_13-15"/>.

Sa belle-mère néglige les enfants du premier lit de son mari et Philippe Pétain s'enferme dans le silence, ne parlant pas avant l'âge de trois ans<ref name="Rousso">[[Henry Rousso]], Paule Muxel et Bertrand de Solliers, documentaire « Philippe Pétain » sur Arte, 2010.</ref>. Il est élevé par ses grands-parents maternels ; sa grand-mère lui apprend à lire. En 1867, à l'âge de {{nobr|11 ans}}, il entre au collège Saint-Bertin situé à [[Saint-Omer (Pas-de-Calais)|Saint-Omer]], à trente kilomètres de Cauchy, et y montre des qualités en [[géométrie]], [[grec]], et [[anglais]]. La famille est marquée par le [[catholicisme]]. Philippe sert la [[messe]] quotidienne comme [[enfant de chœur]]<ref name="enfance mp">[http://www.marechal-petain.com/enfance.htm « L'enfance et l'adolescence »], marechal-petain.com.</ref>. Un membre de la famille est [[canonisé]] en 1881 par {{souverain2|Léon XIII}}, [[Benoît-Joseph Labre|Saint Benoît Joseph Labre]] ; un de ses oncles et deux de ses grands-oncles sont [[Abbé|abbés]]<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Henri Amouroux]] |titre=Pétain avant Vichy |sous-titre=la Guerre et l'amour |lieu=Paris |éditeur=éditions Fayard |année=1967 |pages totales=312 |passage=13-14}}.</ref>{{,}}{{sfn|Aron|1962|p=25-26|id=aron}}.

Cet environnement influence Philippe Pétain ; marqué à {{nobr|14 ans}} par la [[Guerre franco-allemande de 1870|défaite de 1870]], il décide d’être militaire<ref name="enfance mp" />{{,}}<ref group=alpha>Son grand-oncle lui écrit notamment : {{Citation|Mon cher neveu, je ne souhaite qu'une chose : c'est que toujours dans la famille il y ait des hommes qui portent la croix ou l'épée.}}</ref>. Son oncle paternel, l'abbé Legrand, le présente au châtelain du village de [[Bomy]], Édouard Moullart de Vilmarest, qui souhaitait financer les études d'un jeune villageois se destinant à une carrière militaire. Philippe Pétain prépare, au collège des [[Ordre des Prêcheurs|Dominicains]] d'[[Arcueil]] ([[1875]]), l'école de [[Saint-Cyr-l'École|Saint-Cyr]], où il entre en [[1876]].

[[Fichier:Philippe Pétain jeune officier.jpg|vignette|redresse|Philippe Pétain jeune officier.]]

À l’[[École spéciale militaire de Saint-Cyr]], il est de la promotion [[Siège de Plevna|Plewna]], avec le vicomte [[Charles de Foucauld]], futur [[Canonisation|saint catholique]], et [[Marquis de Morès|Antoine Manca de Vallombrosa]], futur aventurier.

Entré parmi les derniers ({{403e|sur}} 412), il sort en milieu de classement ({{229e|sur}} 336).

Cinq ans sous-lieutenant, sept ans lieutenant, dix ans capitaine (promu en 1890), il gravit lentement les échelons militaires<ref name="officier mp">[http://www.marechal-petain.com/officier.htm « L’officier d'état-major – L'École de guerre »], marechal-petain.com.</ref>.

En 1883, il est affecté à une compagnie du [[3e bataillon de chasseurs à pied|{{3e}} BCP]] au [[fort de Châtillon-le-Duc]] dont il assure le commandement de mi 1887 à fin 1888. 

Il est admis en 1888 à l'[[École supérieure de guerre]] et en sort breveté d'état-major deux ans plus tard au rang modeste de {{56e}}.

Plusieurs jeunes femmes de bonne famille (Antoinette Berthelin, Angéline Guillaume, [[Lucie Delarue-Mardrus|Lucie Delarue]], Marie-Louise Regad)<ref>[http://vbonhushist.11vm-serv.net/pages/petain.htm Biographie du Maréchal Philippe Pétain].</ref> refusent ses demandes en mariage, car il n'est encore qu'un officier subalterne.

Sa vie personnelle est celle d'un homme à femmes : célibataire endurci jusqu'à son mariage avec [[Annie Pétain|Eugénie Hardon]] à {{nobr|60 ans}} passés, il a de nombreuses maîtresses au cours de sa vie et fréquente souvent les [[Lupanar|maisons closes]]<ref name="Rousso" />{{,}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=Hervé Bentegeat |titre=« Et surtout pas un mot à la Maréchale ». Pétain et ses femmes |éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]] |année=2014 |pages totales=230 }}.</ref>.

=== Opinions personnelles avant la guerre ===
Élevé dans le catholicisme, mais ayant une vie personnelle « de garnison », confronté à une certaine morgue de ses supérieurs et des « bonnes familles », Pétain reste discret sur ses opinions, dans l'esprit de la « [[Forces armées françaises|grande muette]] ». Sa carrière est lente dans l'armée assez aristocratique des {{lnobr|années 1890}}. Lors de l’[[affaire Dreyfus]], le capitaine Pétain n'est pas antidreyfusard ; ultérieurement, il affirme à son chef de cabinet civil [[Henry du Moulin de Labarthète]]<ref>{{Ouvrage |prénom1=Simon |nom1=Epstein |titre=Les Dreyfusards sous l'Occupation |éditeur=Albin Michel |année=2001 |pages totales=358 |isbn=978-2-226-12225-4 |passage=197}}.</ref> : {{citation|J'ai toujours cru, pour ma part, à l'innocence de Dreyfus}}. Il juge cependant que Dreyfus s’était mal défendu{{sfn|Ferro|2009|p=789}} et que sa condamnation était logique : l'idée que [[Félix Gustave Saussier]] et [[Jean Casimir-Perier]] aient condamné Dreyfus en le sachant innocent l'aurait tourmenté{{note|groupe=alpha|texte=Pour Louis-Dominique Girard, qui fut l'un de ses proches collaborateurs.}}{{sfn|Epstein|2001|p=208}}, voire scandalisé d'après les deux ministres pétainistes, [[Henri Moysset]] et [[Lucien Romier]]. En tout cas, il ne participe pas à la souscription en vue du {{Citation|monument Henry}}<ref>[[Pierre Quillard]], ''Le monument Henry – Liste des souscripteurs classés méthodiquement et selon l'ordre alphabétique'', éd. [[Éditions Stock|Pierre-Victor Stock]], Paris, 1899, {{Chap.}}« [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k625571.image.r=monument+Henry.f15.langFR L'Armée] », {{pdf}} {{lire en ligne|lien=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k625571.pdf|texte=consultable en ligne sur le site gallica.bnf.fr|date=3 juillet 2009}} ; {{nobr|18 listes}} publiées par ''La Libre Parole'', entre le {{date-|14 décembre 1898}} et le {{date-|15 janvier 1899}}.</ref>, ouverte par le journal [[Antisémitisme|antisémite]] ''[[La Libre Parole]]'', d'[[Édouard Drumont]], pour la veuve du [[Hubert Henry|colonel Henry]], responsable par ses faux de la condamnation du [[Alfred Dreyfus|capitaine Dreyfus]]<ref>[[Henry du Moulin de Labarthète]], ''Le Temps des illusions – Souvenirs ({{date-|juillet 1940}}-{{date-|avril 1942}})'', éd. La diffusion du livre, 1947, {{p.|97}}.</ref>{{,}}{{sfn|Epstein|2001|p=209}}.

Philippe Pétain est promu dans la période de « républicanisation de l'armée » qui suit l'affaire Dreyfus : aide de camp de [[Joseph Brugère]], général républicain nommé [[gouverneur militaire de Paris]] par le gouvernement de défense républicaine de [[Pierre Waldeck-Rousseau]] pour réduire l'influence antidreyfusarde dans l'armée{{sfn|Epstein|2001|p=185}}, Pétain est également un proche du [[Alexandre Percin|général Percin]], officier républicain impliqué dans l'[[Affaire des fiches (France)|affaire des fiches]]{{sfn|Epstein|2001|p=189}}.

Le militaire Pétain s'occupe fort peu de la vie politique de l'époque, et reste très discret sur ses opinions personnelles. Au contraire de beaucoup de militaires, il ne s’engage à aucun moment, pas plus lors de l'[[Affaire des fiches (France)|affaire des fiches]] en 1904 que lors des débats sur la [[Loi de séparation des Églises et de l'État|séparation des Églises et de l'État en 1905]].

Cette image d'un militaire républicain d'aucun parti perdure dans l'[[entre-deux-guerres]]. Il ne semble pas avoir eu d'expression antisémite avant 1938 (en 1919, il signe une pétition demandant de {{Citation|venir au secours des masses juives opprimées en [[Europe de l'Est|Europe orientale]]}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Joël Hanhart|titre=Waldemar Mordekhaï Haffkine (1860-1930)|lieu=Paris|éditeur=Honoré Champion|année=2016|pages totales=692|passage=343|isbn=978-2-7453-3074-1|titre chapitre=Mutatis Mutandis, Versailles-Odessa, Nuances}}.</ref> et en 1938, une autre contre les persécutions en Allemagne).

=== Première carrière ===
Au début de sa carrière militaire, Philippe Pétain est affecté à différentes garnisons et ne participe à aucune des [[Second empire colonial français|campagnes coloniales]].

En 1900, [[chef de bataillon]], il est nommé instructeur à l’École normale de tir du camp de [[Châlons-en-Champagne|Châlons-sur-Marne]]<ref>[http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/philippe-petain Biographie de Philippé Pétain sur le site Chemins de mémoire du Gouvernement français], cheminsdememoire.gouv.fr.</ref>. Il s’oppose à la doctrine officielle de l'époque qui veut que l'intensité du tir prime la précision et qui privilégie les attaques à la [[Baïonnette (arme)|baïonnette]] pour l'infanterie et la poursuite à outrance pour la cavalerie<ref name="Aron31">{{Article |auteur=[[Robert Aron]] |titre=Pétain |sous-titre=sa carrière, son procès |périodique=Grands dossiers de l'histoire contemporaine |éditeur= Librairie Académique Perrin |lieu=Paris |année=1962-1964 |passage=31|id=aron}}. {{commentaire biblio|Aron indique : {{Citation|[…] le chef de bataillon Pétain est promu professeur à l'école de tir de Châlons.}}}}.</ref>. Il préconise au contraire l'utilisation des canons pour les préparations et les barrages d'artillerie, afin de permettre la progression de l'infanterie, laquelle doit pouvoir tirer précisément sur des cibles individuelles<ref name="Aron31"/>. Le directeur de l'école signale la {{Citation|puissance de dialectique […] et l'ardeur […]}}<ref name="Aron31" /> {{Citation|avec lesquelles il défend des thèses aussi aventurées}}<ref name="Aron31" />.

En 1901, il occupe un poste de professeur adjoint à l’[[Collège interarmées de Défense|École supérieure de guerre]], à Paris, où il se distingue par ses idées [[tactique]]s originales et sa clarté d'exposition<ref>Bénédicte Vergez-Chaignon, ''Les Secrets de Vichy'' Perrin 2015 {{p.|40}}</ref>. Il y est de nouveau de 1904 à 1907, puis de 1908 à 1911 reprenant sans ménagement le poste de titulaire de la chaire de tactique de l’infanterie à [[Adolphe Guillaumat]].

Il s’élève alors violemment contre le dogme de la défensive prescrit par l’instruction de [[1867]], {{Citation|l’offensive seule pouvant conduire à la victoire}}. Il critique aussi le code d’instruction militaire de 1901 prônant la charge en grandes unités, [[Baïonnette (arme)|baïonnette]] au canon, tactique en partie responsable des milliers de morts d’[[Première Guerre mondiale#Opérations militaires|août et {{date-|septembre 1914}}]]. Humiliés par la défaite de 1870, les [[État-major|états-majors]] se montrent volontiers bravaches et revanchards. À partir de 1911, l'État-major prône l'[[offensive à outrance]]<ref group="alpha">Jusqu'au limogeage en 1911 du chef d'État-major le [[Victor-Constant Michel|général Michel]] par le ministre de la guerre [[Adolphe Messimy| Messimy]], la doctrine française est défensive (sans être statique) avec pour objectif de tenir face à une attaque allemande en attendant l'intervention des russes et des anglais. Nommé à la tête de l'État-major, [[Joseph Joffre|le général Joffre]], n'ayant jamais mis les pieds à l'École Supérieure de Guerre, adopte la doctrine de l'offensive à outrance théorisée par [[Louis de Grandmaison|le colonel de Grandmaison]] qui est chef du {{3e|bureau}} (chargé des opérations) à l'état-major du ministère de la guerre entre 1908 et 1911 et n'a jamais enseigné à l'École Supérieure de Guerre. La mystique de l'offensive incarnée par [[Ferdinand Foch]] directeur de l'École Supérieure de Guerre de 1907 à 1911, est, en 1914, partagée par les armées des autres puissances européennes.</ref>. Pétain, lui, préconise la manœuvre, la puissance matérielle, le mouvement, l’initiative : {{Citation|le feu tue}}. Ainsi, il déclare à un élève officier : {{Citation|Accomplissez votre mission coûte que coûte. Faites-vous tuer s'il le faut, mais si vous pouvez remplir votre devoir tout en restant en vie, j'aime mieux cela.}} Parmi les officiers rangés sous ses ordres, il est le {{date-|20 octobre 1912}}, premier chef de corps de [[Charles de Gaulle]], alors [[sous-lieutenant]] au {{33e|régiment}} d'infanterie stationnée à Arras.

En {{date-|septembre 1913}}, devant commenter, devant les officiers réunis, un exercice conçu par le général [[Marie Alexandre Émile Hippolyte Gallet|Gallet]], qui, lors de manœuvres, a fait charger à la baïonnette des nids de mitrailleuses, qui naturellement tiraient à blanc, le colonel Pétain répond que le général commandant la [[1re division d'infanterie motorisée (France)|{{1re}} division d'infanterie]] vient de montrer, afin de frapper les esprits, toutes les erreurs qu'une armée moderne ne doit plus commettre. Après avoir détaillé la puissance de feu des armes allemandes, il conclut par : {{citation|C’est par le feu qu’il faut détruire l’objectif avant de s’en emparer. Messieurs n’oubliez jamais que le feu tue !}}<ref>Aubagnac Gilles, « Du corps à corps au corps franc », Corps, 2014/1 ({{Numéro avec majuscule|12}}), {{p.|103-107}}. DOI : 10.3917/corp1.012.0103. URL : https://www.cairn.info/revue-corps-2014-1-page-103.htm.</ref>{{,}}{{sfn|Pedroncini|1998|p=27}}.

[[Louis Franchet d'Espèrey|Franchet d'Esperey]] est nommé en {{date-|novembre 1913}} commandant du [[1er corps d'armée (France)|{{1er}} corps d'armée]] à [[Lille]] en remplacement du général anticlérical [[Henri Crémer]]. En {{date-|janvier 1914}}, Franchet d'Esperey nomme le colonel Pétain pour assurer la vacance du général de Préval commandant la {{3e|brigade}} d'infanterie ([[2e division d'infanterie (France)|{{2e|division}} d'infanterie]]) à Arras qui quitte l'armée d'active pour des problèmes de santé.

Le {{date-|28 mars 1914}}, par permutation avec le [[Henry Victor Deligny|général Deligny]]{{note|groupe=alpha|texte=Le général Deligny commandant la {{4e}} brigade qui s'ennuie à son PC de [[Saint-Omer (Pas-de-Calais)|Saint-Omer]] est nommé commandant de la {{3e}} brigade à Arras où il prend en outre le commandement par intérim de la {{2e|division}} d'infanterie en remplacement du général Charles Ferdinand Bizard dont Franchet d'Esperey obtient le départ le 20 mars 1914<ref>{{Lien_web|titre=le 1e corps d'armée en août et septembre 1914 - I de Lille à Dinant|site=revuedesdeuxmondes.fr|date=juillet 1939|auteur=Maréchal Franchet d'Esperey |url=https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/le-1er-corps-darmee-en-aout-et-septembre-1914/ }}</ref>.}} , Philippe Pétain est nommé au commandement de la {{4e|brigade}} de la {{2e|division}} d’infanterie, brigade composée de deux régiments, le [[8e régiment d'infanterie (France)|{{8e}} régiment d'infanterie]] en garnison à [[Saint-Omer (Pas-de-Calais)|Saint-Omer]], [[Calais]] et [[Boulogne-sur-Mer|Boulogne]] et le [[110e régiment d'infanterie (France)|{{110e}} régiment d'infanterie]] en garnison à [[Dunkerque]], [[Bergues]] et [[Gravelines]]<ref>{{Lien_web|url=http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/sites/default/files/SHDGR_REP_1K967_fonds%20P%C3%A9tain.pdf |titre=Fonds Philippe Pétain, p. 7|site=servicehistorique.sga.defense.gouv.fr|date= 2017}}.</ref>. Le commandement du {{33e|régiment}} d'infanterie est repris par le [[Jean Paul Ernest Stirn|lieutenant-colonel Stirn]].

Arrivé à Saint-Omer, Philippe Pétain, pourtant excellent cavalier, fait une mauvaise chute de cheval. Le docteur Louis Ménétrel (père de [[Bernard Ménétrel]]) interdit l'amputation et sauve la jambe gauche de Pétain<ref>{{Lien_web|titre=Vichy les procès de la collaboration|auteur=Roger Maudhuy|editeur=Ixelles éditions|date= 2011|site=books.google.fr |url=https://books.google.fr/books?isbn=287515379X}}.</ref>.

[[Adolphe Messimy]], qui est redevenu ministre de la Guerre le {{date-|12 juin}} et qui a pris pour chef de cabinet militaire le général Guillaumat, adresse le {{date-|24 juillet}} un refus au [[François Anthoine|général Anthoine]], venu solliciter la nomination de Pétain au grade de général.

Ses biographes identifient ce manque de reconnaissance comme un des éléments structurant la personnalité de Pétain. À {{nobr|58 ans}}, en {{date-|juillet 1914}}, le [[Colonel (France)|colonel]] Philippe Pétain s’apprête à prendre sa retraite après une carrière relativement modeste<ref group="alpha">De même, le futur [[Émile Fayolle|maréchal Fayolle]], qui a lui aussi fait évoluer l'enseignement de l'École supérieure de guerre, prend une modeste retraite de général de brigade le {{date-|14 mai 1914}}.</ref>.

=== Promotion du général de la guerre de 1914-1918 ===
{{Infobox Personnalité militaire
 | nom               = [[Fichier:Officier général francais 7 etoiles.svg|50px]] Philippe Pétain
 | image             = Pétain-Baschet-mai 1940-A.jpg
 | taille image      = 200
 | légende           = Portrait de Philippe Pétain en 1926 par [[Marcel Baschet]].
 | origine           = [[France|Française]]
 | allégeance        = {{France}}
 | grade             = [[Général de division]]<ref name=GDIV group=alpha>C’était alors le plus haut grade.</ref> (1914)
 | arme              = 
 | début de carrière = 1876
 | fin de carrière   = 1931
 | conflit           = [[Première Guerre mondiale]]<br>[[Guerre du Rif]]<br>[[Seconde Guerre mondiale]]
 | commandement      = 1907 : [[118e régiment d'infanterie (France)|{{118e|régiment}} d'infanterie]]<br>1911 : [[33e régiment d'infanterie (France)|{{33e|régiment}} d'infanterie]]<br>1914 : {{4e|brigade}} du [[1er corps d'armée (France)|{{1er|corps}} d'armée]]<br>[[6e division d'infanterie (France)|{{6e|division}} d'infanterie]]<br>[[33e corps d'armée (France)|{{33e|corps}} d'armée]]<br>1915 : [[2e armée (France)|{{2e|armée}}]]<br>1916 : Groupe d'armées du centre<br>1917 : [[chef d'État-Major des armées (France)|chef d’État-Major général]]<br>Général en chef des armées françaises<br>1920 : Vice-président du [[Conseil supérieur de la guerre]]<br>1931 : Inspecteur de la défense aérienne du territoire
 | faits d'armes     = 1914 : [[bataille de la Marne (1914)|bataille de la Marne]] ([[bataille des Deux Morins]])<br>1915 : premier jour de la [[bataille de l'Artois (mai-juin 1915)|bataille de l'Artois]]<br>1916 : [[Bataille de Verdun]]<br>1917 : [[bataille de la Malmaison]]<br>1918 : [[bataille de Champagne (1918)|bataille de Champagne]]
 | distinctions      = [[Ordre national de la Légion d'honneur|Grand-croix de la Légion d'honneur]] (1917)<br>[[Médaille militaire]] (1918)<br>[[Maréchal de France]] (1918)
 | hommages          = La {{127e|promotion}} de<br>l’[[École spéciale militaire de Saint-Cyr]] (1940-1942) porte son nom
 | autres fonctions  = 
 | famille           = 
 | signature         = 
 | emblème           = 
 | liste             = 
}}

Dès le début de la [[Première Guerre mondiale]], le {{date|3 août 1914|guerre mondiale}}, il se distingue à la tête de la {{4e|[[brigade]]}} d’[[infanterie]]<ref name="Aron 1962-1964 p.32"/> en couvrant la retraite du général [[Charles Lanrezac|Lanrezac]] en [[Belgique]]<ref>{{Lien_web|url=https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/le-1er-corps-darmee-en-aout-et-septembre-1914-ii/|site=revuedesdeuxmondes.fr|date=2nde quinzaine de juillet 1939|titre=Le 1e corps d'armée en août et septembre 1914 II de Charleroi à la Marne}}.</ref>. Il fait partie des officiers rapidement promus au début de la guerre pour remplacer ceux qui ont échoué : [[général de brigade]] le {{date-|31 août 1914}}<ref name="Aron 1962-1964 p.32">{{Harvsp|Aron|1962|p=32|id=aron}}. </ref> il commande la [[6e division d'infanterie (France)|{{6e|division}} d'infanterie]] à la tête de laquelle il participe à la [[bataille de la Marne (1914)|bataille de la Marne]] (durant laquelle il conseille l'usage de l'artillerie et de l'aviation).
[[Fichier:Philippe Pétain circa 1915.jpg|gauche|vignette|Philippe Pétain vers 1915.]]
Il devient [[général de division]] le {{date-|14 septembre}}<ref name="Aron 1962-1964 p.32"/>.

Investi le {{date|20 octobre 1914|guerre mondiale}} de la fonction de [[Général#France|général commandant de corps d'armée]], il prend le commandement du [[33e corps d'armée (France)|{{33e|corps}}]]<ref name="Aron 1962-1964 p.32"/>. Affecté au secteur du front où il a grandi, il réalise des actions d’éclat lors de l'[[Bataille de l'Artois (mai-juin 1915)|offensive en Artois]] effectuant la seule percée le ({{date|9 mai 1915|guerre mondiale}}) qu'il juge, à raison, inexploitable. En {{date|juin 1915|guerre mondiale}}, investi de la fonction de général d'armée, il commande la [[2e armée (France)|{{IIe|armée}}]]<ref name="Aron 1962-1964 p.32"/>. Ayant pourtant désapprouvé ouvertement l'offensive de [[Joseph Joffre|Joffre]] [[Bataille de Champagne (1915)|en Champagne]], il est au commandement d'une des deux armées engagées. Il obtient les meilleurs succès et fait stopper l'offensive quand les pertes deviennent importantes. Son souci d’épargner leurs vies le rend populaire parmi ses hommes.

=== Bataille de Verdun ===
[[Fichier:French 87th Regiment Cote 34 Verdun 1916.jpg|vignette|gauche|redresse|Soldats français à la [[bataille de Verdun]].]]
Sous les ordres du futur maréchal Joffre et du général de Castelnau, il est l'un des {{nobr|8 commandants}} à la [[bataille de Verdun]], en poste du {{date-|25 février}} au {{date-|19 avril 1916}}. Son sens de l'organisation, soutenu par un réel charisme ne sont pas étrangers à l’issue victorieuse du combat, huit mois plus tard{{refsou}}, même si la ténacité de ses troupes, comme celle du [[Sylvain Eugène Raynal|commandant Raynal]] au [[fort de Vaux]], en a été le facteur décisif. Sa vision stratégique de la bataille lui fait comprendre que le meilleur soldat du monde, s’il n’est pas ravitaillé, évacué en cas de blessure ou relevé après de durs combats, est finalement vaincu.

Pétain met en place une rotation des combattants. Il envoie au repos les régiments épuisés qu'il fait remplacer par des troupes fraîches. Il organise des norias d’ambulances, de camions de munitions et de ravitaillement sur ce qui devient la « [[Voie sacrée (Verdun)|Voie sacrée]] » (terme de Maurice Barrès). Comprenant la valeur de l’[[aviation]] dans les combats, il crée en {{date|mars 1916|guerre mondiale}} la première division de chasse aérienne pour dégager le ciel au-dessus de Verdun. Il réaffirme cette vision dans une instruction de {{date-|décembre 1917}} : {{citation|L’aviation doit assurer une protection aérienne de la zone d’action des chars contre l’observation et les bombardements des avions ennemis […]}}<ref>Instructions du {{date-|29 décembre 1917}}.</ref>.

Il a tiré de cette période le titre de « vainqueur de Verdun », même si cette appellation a été surtout exploitée plus tard, sous le [[régime de Vichy]]. Ce célibataire reçoit plus de {{unité|4500 lettres}} d'admiratrices durant le premier conflit mondial<ref>Intervention de [[Marc Ferro]] dans le documentaire ''Philippe Pétain'', un film de Paule Muxel et Bertrand de Solliers, coécrit avec [[Henry Rousso]] en 2010.</ref>.

Toutefois, [[Joseph Joffre|Joffre]], [[Ferdinand Foch|Foch]] et [[Georges Clemenceau|Clemenceau]] attribuent la victoire de Verdun à Nivelle et à Mangin. Certains reprochent à Pétain son pessimisme{{sfn|Aron|1962|p=35-36|id=aron}}{{,}}<ref group="alpha">Georges Clemenceau écrit dans ses mémoires : {{citation|S'il m'est demandé de répondre à la question : {{Citation|Quel est le vainqueur de la bataille de Verdun ?}}, je dirai que celle-ci a été gagnée par le général Nivelle heureusement secondé par le général Mangin.}}</ref>. En fait, comme la réputation de Pétain s'affirme auprès des soldats après les erreurs de Nivelle (en 1917), il existe deux traditions de la victoire de Verdun, comme l'écrit [[Marc Ferro]], biographe de Pétain : {{Citation|celle des chefs militaires et politiques, qui la mettent au crédit de Nivelle, et celle des combattants, qui ne connaissent que Pétain}}{{sfn|Ferro|2009|p=678}}.

Le {{date-|25 décembre 1916}}, le [[Robert Nivelle|général Nivelle]], auréolé de la [[Reprise du fort de Vaux|reprise des forts de Vaux]] et de [[Fort de Douaumont|Douaumont]], prend la tête des armées françaises, alors que [[Joseph Joffre|Joffre]], nommé maréchal, est évincé du commandement. Le général Pétain est nommé chef d'état-major général, poste spécialement recréé pour lui. Il s’oppose à Nivelle, peu économe du sang de ses hommes, dont la stratégie d’[[offensive à outrance]] contraste avec le pragmatisme de Pétain.

[[Fichier:Clemenceau et Pétain au Conseil supérieur de guerre (Trianon, novembre 1917 - novembre 1918).jpg|vignette|gauche|[[Georges Clemenceau|Clemenceau]] et Pétain au [[Conseil supérieur de la guerre]] (Trianon, {{date-|novembre 1917}} - {{date-|novembre 1918}}).]]

Le commandement de Nivelle aboutit à la [[bataille du Chemin des Dames]], à la mi-{{date|avril 1917|guerre mondiale}} durant laquelle  {{unité|100000|hommes}} sont mis hors de combat du côté français en une semaine. Devant cet échec et le sentiment des soldats qu'ils sont menés à la mort pour rien, le mécontentement gronde, provoquant des [[mutineries de 1917|mutineries]] dans de nombreuses unités. Nivelle est renvoyé, et Pétain se trouve en situation de lui succéder, par sa réputation à Verdun et ses prises de position visant à limiter les pertes. 

=== Les mini-offensives de Pétain ===
Le {{date|15 mai 1917|guerre mondiale}}, Pétain est nommé commandant en chef des armées françaises<ref>[http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/philippe-petain Philippe Pétain (1856-1951)] sur cheminsdememoire.gouv.fr.</ref>. 

Après le massacre du Chemin des Dames et les mutineries, il décide d'opérer un changement de stratégie afin de redonner confiance aux soldats et améliorer leurs conditions de vie<ref name=":1">{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Miquel|lien auteur1=Pierre Miquel|titre=La Grande Guerre illustrée|éditeur=Tallandier|année=1998|pages totales=239|isbn= 978-2235021777|titre chapitre=Pétain lance les mini-offensives|page=160-161}}</ref>.

Son commandement est ainsi marqué par une augmentation du nombre de [[Permissionnaires français de la Première Guerre mondiale|permissions]] et la fin des offensives mal préparées. Dans le même temps, Pétain fait condamner les soldats qui se sont mutinés, dont seule une minorité de meneurs seront fusillés, malgré les exigences d'une partie des hommes politiques.

Sur le front, il lance des offensives limitées mais toutes victorieuses afin de ne pas gaspiller la vie des soldats. Lors de la [[bataille de Verdun (1917)|deuxième bataille de Verdun en {{date-|août 1917}}]], il reprend ainsi aux Allemands tout le terrain perdu en 1916, notamment le Mort-Homme. Lors de la [[bataille de la Malmaison]] en {{date|octobre 1917|guerre mondiale}}, il reprend par ailleurs la crête du [[Chemin des Dames]]<ref name=":1" />.

Durant toutes ces attaques, il emploie de gros moyens d'artillerie et fait appel aux premiers chars d'assaut, à peine sortis des usines Renault, afin d'accompagner l'infanterie<ref name=":1" />. 

Malgré ces victoires, il refuse cependant de mener des projets d'offensives plus ambitieux, préférant attendre de disposer de chars en plus grand nombre ainsi que l'arrivée en première ligne des troupes américaines. {{citation|J'attends les chars et les Américains.}} aurait déclaré Pétain<ref name=":1" />.

=== Remplacement par Foch ===
[[Fichier:Foch Pershing Petain and Haig.jpg|vignette|Le Général Pétain, le Maréchal [[Douglas Haig]], le [[Ferdinand Foch|Général Foch]] et le [[John Pershing|Général Pershing]], en 1918.]]
Le {{date|21 mars 1918|guerre mondiale}}, les Allemands rompent le front britannique en [[Picardie (ancienne région administrative)|Picardie]], menaçant [[Amiens]]. Pétain est un candidat possible au titre de [[généralissime]] des troupes alliées, mais, avec l'appui des Britanniques, Clemenceau, qui le juge trop porté à la défensive et trop pessimiste, lui préfère Foch, partisan de l'offensive{{sfn|Ferro|2009|p=25}}, lors de la conférence de [[Doullens]] du {{date|26 mars}}{{sfn|Ferro|2009|p=678}}. À cette conférence, [[Douglas Haig]], représentant les Britanniques et soutenu par le représentant américain, exige et obtient que Pétain soit exclu de l'état-major inter-allié{{refnec}}. Foch, à l’origine de la coordination des troupes alliées, en est désormais le chef suprême. Mais chaque commandant d'une armée nationale conserve le droit de faire appel de toute décision de Foch auprès de son gouvernement. Pétain conserve son rôle de général en chef des armées françaises, mais passe de fait sous les ordres de Foch.

Le {{date|27|mai|1918}}, les Allemands percent le front français au [[Bataille de l'Aisne (1918)|Chemin des Dames]], le [[Denis Auguste Duchêne|général Duchêne]], qui bénéficie de la protection de Foch, ayant refusé d'appliquer la doctrine défensive prescrite par Pétain consistant à transformer la première position défensive en ligne d’alerte et de désorganisation, afin de reporter la résistance ferme sur la deuxième position quelques kilomètres en arrière<ref>{{Lien_web|titre=Quand la désobéissance met la patrie en danger : Pétain et la défense en profondeur|auteur=Michel Goya|url=https://www.cairn.info/revue-inflexions-2013-3-page-163.htm}}.</ref>. L'armée française est contrainte de rétrograder sur la Marne. Pétain conseille la prudence, là où Foch choisit la contre-offensive, qui s'avèrera en juillet victorieuse. Foch, ne pouvant atteindre directement Pétain, fait limoger son major général, le [[François Anthoine|général Anthoine]]. Le {{date-|22 juin 1918}}, le [[Comité de guerre]] retire à Pétain, qui a refusé de sanctionner Anthoine, son droit d'en appeler au gouvernement en cas de désaccord avec [[Ferdinand Foch|Foch]]. Le {{date-|30 juin}}, la nomination du [[Edmond Buat|général Buat]] au poste de major général est imposée par Foch et Clemenceau à Buat et Pétain afin de rendre plus souples et plus efficaces les relations entre les états-majors de Foch et de Pétain, dans l'espoir que l'armée française obéisse directement à Foch<ref>{{Lien_web|titre=Journal 1914-1923|auteur=Edmond Buat |page=610-611|date= 2015|éditeur=Perrin |url=https://books.google.fr/books?id=ZQ_RCgAAQBAJ |site=books.google.fr}}.</ref>.
[[Fichier:The Hundred Days Offensive, August-november 1918 Q9250.jpg|vignette|Groupe d'officiers britanniques et français photographiés au QG de la [[4e armée (Royaume-Uni)|quatrième armée britannique]] à [[Flixecourt]] lors de la visite du roi [[George V]], le 12 août 1918. De gauche à droite, au premier rang - le général [[Henry Rawlinson (1er baron Rawlinson)|Henry Rawlinson]] ; inconnu ; le général [[Maxime Weygand]] (au deuxième rang) ; le maréchal [[Ferdinand Foch]] ; le roi George V ; le maréchal [[Douglas Haig]] ; le maréchal Philippe Pétain ; inconnu.]]
En {{date|août 1918|guerre mondiale}}, la médaille militaire est attribuée à Pétain : {{citation|Soldat dans l’âme, n’a cessé de donner des preuves éclatantes du plus pur esprit du devoir et de haute abnégation. Vient de s’acquérir des titres impérissables à la reconnaissance nationale en brisant la ruée allemande et en la refoulant victorieusement}}<ref>Décret du {{date-|6 août 1918}} attribuant la médaille militaire au général Pétain.</ref>.

En {{date|octobre 1918|guerre mondiale}}, il prépare une grande offensive en Lorraine qui aurait mené les troupes franco-américaines jusqu’en Allemagne. Cette grande offensive, prévue à partir du {{date|13 novembre}}, n’a pas lieu : contre son avis, Foch et Clemenceau ont accepté de [[Armistice du 11 novembre 1918|signer le {{date-|11 novembre}} l’armistice]] demandé par les Allemands{{sfn|Ferro|2009|p=25}}.

[[Fichier:Pétain reçoit son bâton de maréchal à Metz décembre 1918.jpg|vignette|gauche|En présence de [[Georges Clemenceau|Clemenceau]], le [[Président de la République française|président]] [[Raymond Poincaré|Poincaré]] remet le [[maréchal de France#La IIIe République|bâton de maréchal]] à Pétain (Metz, {{date-|8 décembre 1918}}).]]

À la demande des officiers du [[Grand Quartier général (1914-1919)|GQG]], le [[Ferdinand Foch|maréchal Foch]] fait, le {{date-|17|novembre|1918}}, une démarche auprès du [[président du Conseil (France)|président du conseil]] [[Georges Clemenceau]]. Le {{date-|19|novembre|1918}}, le général Pétain apprend à midi par téléphone qu'il va obtenir le bâton de maréchal puis, en début d'après-midi, assiste, impassible sur son cheval blanc suivi [[Edmond Buat|du général Buat]] et de vingt-cinq officiers du GQG, au défilé des troupes de la [[10e armée (France)|{{10e|armée}}]] [[Novembre 1918 en Alsace-Lorraine|entrant officiellement à Metz]] par la [[porte Serpenoise]] sous les vivats d'une foule en liesse<ref>{{Lien_web|titre=Journal 1914-1923|auteur=Edmond Buat|page=697-698|date= 2015|éditeur=Perrin |url=https://books.google.fr/books/about/Journal_du_g%C3%A9n%C3%A9ral_Buat.html?id=ZQ_RCgAAQBAJ&redir_esc=y |site=books.google.fr}}.</ref>.

Pétain est élevé à la dignité de [[maréchal de France]] par [[Décret en France|décret]] du {{date-|21 novembre 1918}} (publié au ''[[Journal officiel de la République française|Journal officiel]]'' le [[22 novembre|22]])<ref>{{Ouvrage|prénom1=Hervé|nom1=Pinoteau|lien auteur1=Hervé Pinoteau|titre=Le chaos français et ses signes|sous-titre=Étude sur la symbolique de l'État français depuis la Révolution de 1789|lieu=La Roche-Rigault|éditeur=Presses Sainte-Radegonde|année=1998|pages totales=514|passage=424|isbn=2-908571-17-X}}.</ref>. Il reçoit à [[Metz]] son [[maréchal de France#La IIIe République|bâton de maréchal]], le {{date|8 décembre 1918|guerre mondiale}}.

Il est l'un des très rares acteurs militaires de premier plan de la Grande Guerre à n'avoir jamais voulu publier ses [[mémoires]] de guerre. En 2014 est publié un manuscrit inédit de Philippe Pétain qui retrace le conflit tel que Pétain l'avait vécu<ref>[https://www.ladepeche.fr/article/2014/05/21/1885398-manuscrit-inedit-la-grande-guerre-vue-par-petain.html « Manuscrit inédit : la Grande Guerre vue par Pétain »], ''[[La Dépêche du Midi|La Dépêche]]'', {{date-|21 mai 2015}}.</ref>. Les différents témoignages à son sujet, {{Citation|au-delà des inévitables références au grand soldat soucieux de la vie de ses hommes, soulignent son caractère secret, son manque d'humour, sa froideur, son apparence ''[[wikt:marmoréen|marmoréenne]]'', terme qui revient souvent sous la plume des différents auteurs}}<ref>Lieutenant-colonel Rémy Porte, « Pétain (Philippe) », dans ''Dictionnaire de la Grande Guerre 1914-1918'', Bouquins, Robert Laffont, 2008, {{p.|814}}.</ref>. L'historien [[Jean-Louis Crémieux-Brilhac]] rappelle que {{Citation|Pétain était, dès 1914-1918, un chef d'un pessimisme que [[Georges Clemenceau|Clemenceau]] jugeait ''intolérable'', bien qu'il l'ait toujours couvert}}{{sfn|Crémieux-Brilhac|p=577}}.

=== Entre-deux-guerres ===
Populaire, couvert d'honneurs, (le {{date-|12 avril 1919}}, il est élu membre de l’[[Académie des sciences morales et politiques]]), marié (le {{date-|14 septembre 1920}}, à {{nobr|64 ans}}, avec [[Annie Pétain|Eugénie Hardon]], {{nobr|42 ans}}<ref group="alpha">Divorcée de François Deherain ; un fils, Pierre, était né de cette union. Pétain l'avait précédemment demandée en mariage en 1901.</ref>{{,}}{{sfn|Aron|1962|p=27|id=aron}}{{,}}<ref>[http://www.galileoauction.com/encheres/detail-lot/-1714183930.aspx « Vente du vendredi {{date-|7 novembre 2008}} - Autographes – Lot {{n°|426}} »], sur le site galileoauction.com, consulté le {{date-|5 juin 2009}}.</ref> sans descendance) Pétain devient progressivement la référence principale pour les anciens combattants pendant l'entre-deux-guerres, profitant de la mise à l'écart et des décès des autres maréchaux.

Il reste jusqu'en 1931 chef de l'armée (écartant Joffre puis Foch auquel il succède à [[Académie française|l'Académie française]]), quelle que soit la majorité politique en place (en 1924, au moment du [[cartel des gauches]] il se serait opposé à l'hypothèse d'un coup d'État militaire envisagée par [[Hubert Lyautey|Lyautey]] qu'il écarte du Maroc en acceptant d'intervenir personnellement lors de la [[guerre du Rif]][[Francisco Franco|).]] Il a une influence majeure sur la réorganisation de l'armée entouré d'un cabinet dont [[Charles de Gaulle|de Gaulle]] est l’une des plumes.

Toutefois à partir de 1929, son opposition à [[André Maginot|Maginot]] l'écarte de la tête des armées au profit de la génération des collaborateurs de Foch ([[Maxime Weygand|Weygand]]). Il s'appuie sur sa popularité auprès des [[Ligue d'extrême droite|ligues]] pour obtenir, après le [[Crise du 6 février 1934|{{date-|6 février 1934}}]], le ministère de la Guerre, auquel il ne peut revenir en 1935 ni pendant le [[Front populaire (France)|Front populaire]]. Le cabinet [[Gouvernement Camille Chautemps (4)|Chautemps]] le choisit comme ambassadeur auprès de Franco après la fin de la [[guerre d'Espagne]] jusqu'en {{date-|mai 1940}}.

==== Général en chef de l'armée française et opposant à la ligne Maginot ====
[[Fichier:111-SC-38216 - NARA - 55235586 (pétain chaumont).jpg|vignette|gauche|redresse|Philippe Pétain en 1918.]]
[[Fichier:Pétain sortant du Conseil supérieur de la guerre, février 1922.jpg|vignette|Pétain photographié à la sortie du [[Conseil supérieur de la guerre]], en {{date-|février 1922}}.]]
Général en chef de l’armée française (il le reste jusqu’au {{date-|9 février 1931}}), il estime en 1919 à {{unité|6875}} le nombre de chars nécessaires à la défense du territoire ({{unité|3075 chars}} en régiment de première ligne, {{unité|3000 chars}} en réserve à la disposition du commandant en chef et {{nobr|800 chars}} pour le remplacement des unités endommagées).

Il écrit : {{citation|C’est lourd, mais l’avenir est au maximum d’hommes sous la cuirasse}}<ref>Guy Pedroncini, ''Pétain, le soldat, 1914-1940'', 1998, {{p.|339}}. Voir aussi : [http://www.institut-strategie.fr/strat_050_PEDRONCINI.html Guy Pedroncini, « Remarques sur les grandes décisions stratégiques françaises de 1914 à 1940 », en ligne depuis 2005].</ref>.

De 1919 à 1929, avec la présence d'un ami au poste de chef d'état-major des armées ([[Edmond Buat|le général Buat]] jusqu'en 1923, puis après sa mort [[Marie-Eugène Debeney|le général Debeney]]), il s'oppose à la construction de fortifications défensives, préconisant au contraire la constitution d'un puissant corps de bataille mécanisé capable de porter le combat le plus loin possible sur le territoire ennemi dès les premiers jours de la guerre. Il parvient à rester l'instigateur principal de la stratégie, obtenant, en {{date-|juin 1922}}, la démission du maréchal [[Joseph Joffre|Joffre]] de la présidence de la Commission d'étude de l'organisation de la défense du territoire créée quinze jours plus tôt, et s'opposant, lors de la séance du [[Conseil supérieur de la guerre]] du {{date-|15 décembre 1925}}, à la construction d’une ligne défensive continue. Il y prône des môles défensifs sur les voies d’invasion.

Lors de la séance du {{date-|19 mars 1926}}, et contre l’avis de [[Ferdinand Foch|Foch]], qui estime que Pétain donne à tort aux chars une importance capitale, il préconise et obtient l’étude de trois prototypes de chars (léger, moyen et lourd).

Il doit, cependant, finir par s'incliner et accepter la construction de la [[ligne Maginot]], lorsque [[André Maginot]], alors ministre de la Guerre, déclare, lors du débat parlementaire du {{date-|28 décembre 1929}} : {{Citation|ce n'est pas Pétain qui commande, mais le ministre de la Guerre}}.

==== Guerre du Rif ====
{{Article connexe|Guerre du Rif}}
[[Fichier:Guerre du Rif - maréchaux Lyautey et Pétain.jpg|vignette|Durant la [[guerre du Rif]], le maréchal [[Hubert Lyautey|Lyautey]] accueille au Maroc le maréchal Pétain à sa descente d'avion<br> (photographie [[Agence de presse Meurisse|agence Meurisse]], {{date-|17 juillet 1925}}).]]
En 1925 et 1926, Pétain combat la révolte des forces d’[[Abdelkrim el-Khattabi|Abd el-Krim]], chef de la très jeune [[république du Rif]], au [[Maroc]], contre leurs voisins espagnols. Pétain remplace avec peu d'égards le maréchal Lyautey, et commande les troupes françaises en campagne avec l'armée espagnole ({{unité|450000|hommes}} au total), dans laquelle se trouve [[Francisco Franco|Franco]]. La [[Guerre du Rif|campagne]] est victorieuse, en partie grâce à l'emploi par les Espagnols d'[[arme chimique|armes chimiques]] sur les populations civiles<ref>{{es}} [http://www.elmundo.es/2001/04/18/sociedad/983737.html Javier Espinoza, {{Citation étrangère|Gas mostaza sobre el Rif|lang=es}}], ''[[El Mundo (Espagne)|El Mundo]]'', {{date-|18 avril 2001}}.</ref>{{,}}<ref>L’historien britannique [[Sebastian Balfour]] dans ''Étreinte mortelle'', Éditions Península, ainsi que [[Rolf-Dieter Müller]] dans son livre ''Giftgas Gegen Abd El Krim: Deutschland, Spanien und der Gaskrieg in Spanisch-marokko, 1922-1927''.</ref>. Abd el-Krim se plaignit à la [[Société des Nations]] de l'utilisation par l'aviation française de [[gaz moutarde]] sur les [[Douar|douars]] et les villages<ref>Omar Mezoug, {{Citation|Chronique du livre de Courcelle-Labrousse et Marmié}}, « La guerre du Rif, Maroc 1921-1926 », dans ''La Quinzaine littéraire'' {{numéro|973}}, {{date-|16 juillet 2008}}, {{p.|26}}.</ref>.

==== Relations avec de Gaulle ====
[[Fichier:Charles de Gaulle vers 1922-1924.jpg|vignette|gauche|redresse|Le capitaine [[Charles de Gaulle]] à l'[[École supérieure de guerre]], {{44e|promotion}} (1922-1924).]]
À partir de l’affectation de [[Charles de Gaulle]] au [[33e régiment d'infanterie (France)|{{33e|régiment}} d’infanterie]] commandé par Philippe Pétain, alors colonel, le destin des deux hommes s'est régulièrement croisé. Charles de Gaulle est affecté à ce régiment le {{date-|9 octobre 1912}} à sa sortie de Saint-Cyr avec un grade de sous-lieutenant. En 1924, à l'occasion d'une visite à l'École de guerre, Pétain s'étonne de la faiblesse des notes attribuées à de Gaulle. Ses professeurs appréciaient peu l'indépendance de celui-ci, trait de caractère qu'il partageait avec Pétain. L'intervention de Pétain a probablement conduit à une rectification à la hausse desdites notes<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Philippe de Gaulle]] |auteur2=Michel Tauriac |titre=De Gaulle, mon père |tome={{I}} |éditeur=[[Plon|éditions Plon]] |année=2003 |passage=378 |isbn=2-266-14330-1}}.</ref>.

En 1925, Charles de Gaulle est détaché à l'[[état-major]] de Philippe Pétain, vice-président du Conseil supérieur de la Guerre. Pétain briguait l'[[Académie française]] et avait pu apprécier la qualité de la plume de De Gaulle en lisant ''La discorde chez l'ennemi'', publié en 1924. Il lui demande de préparer la rédaction d'un ouvrage sur l'histoire du soldat pour l'aider à soutenir sa candidature. De Gaulle prépare le livre, ''Le Soldat à travers les âges'', qui est quasiment fini à la fin de l'année 1927 lorsque de Gaulle tient à l'École de guerre trois conférences remarquées, respectivement intitulées : « L'action de guerre et le chef », « Du caractère » et « Du prestige » en présence du Maréchal. Mais son opinion envers Pétain change en raison de l'attitude du Maréchal vis-à-vis de [[Hubert Lyautey|Lyautey]] au moment de son éviction. Lorsqu'en {{date-|janvier 1928}} Pétain veut faire retoucher le livre par un autre de ses collaborateurs, de Gaulle proteste énergiquement<ref>Max Gallo, ''L'appel du destin'', Paris, Pocket, 1998, {{cf.}} « Lettre de de Gaulle à Pétain » {{p.|244}}.</ref>. En 1929, Pétain succède à [[Ferdinand Foch|Foch]] à l'Académie française sans avoir eu besoin du livre. Pétain demande à de Gaulle d'écrire l'éloge de son prédécesseur sous la coupole, mais n'utilise pas le texte proposé.

En 1931, au retour du [[Liban]], de Gaulle qui souhaitait une chaire d'enseignement à l'École de guerre est affecté contre son vœu au [[Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale|Secrétariat général de la Défense nationale]] (SGDN) à [[Paris]]. Sollicité, Pétain répond à de Gaulle : {{Citation|vous y serez employé à des travaux qui pourront certainement vous aider à faire mûrir vos idées}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Philippe de Gaulle]] |auteur2=Michel Tauriac |titre=De Gaulle, mon père |sous-titre=entretiens avec Michel Tauriac |tome={{I}} |lieu=Paris |éditeur=[[Plon|éditions Plon]] |année=2003 |pages totales=827 |passage=38 |isbn=2-266-14330-1}}.</ref>. De Gaulle est en décalage stratégique et en conflit littéraire avec son supérieur ; Pétain, lui, considère qu'il a aidé au mieux son subalterne qui fait montre d'un peu trop d'orgueil. En 1932, de Gaulle dédie au maréchal Pétain son ouvrage ''[[Le Fil de l'épée]]'' : {{Citation|Car rien ne montre mieux que votre gloire, quelle vertu l'action peut tirer des lumières de la pensée}}. En 1938, de Gaulle réemploie le texte du ''Soldat à travers les âges'' pour rédiger son livre ''[[La France et son armée]]''. Pétain s'oppose à la publication de l'ouvrage, puis finit par y consentir après une explication de vive voix avec son ancien porte-plume, qui corrige toutefois la dédicace proposée par le maréchal. Celui-ci en garde une rancune tenace contre de Gaulle qu'il tient pour {{citation|orgueilleux, ingrat et aigri<ref>{{harvsp|Ferro|1987|p=54-56}}.</ref>.}}

==== Élection à l'Académie française ====
[[Fichier:Philippe Pétain (en civil, autour de 1930).jpg|vignette|redresse|Philippe Pétain vers 1930.]]
Le {{date-|20 juin 1929}}, il est élu à l’unanimité membre de l’[[Académie française]], au [[Liste des membres de l'Académie française#Fauteuil 18|{{18e|fauteuil}}]], où il succède au maréchal Foch.

Le {{date-|22 janvier 1931}}, il est reçu à l'Académie française par [[Paul Valéry]], dont le discours de réception, qui retrace sa [[biographie]], rappelle et développe une phrase sur laquelle insistait Pétain, « le feu tue » et comporte des considérations sur la façon dont « la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre » et les règles de la [[stratégie]]. Le discours rappelle aussi les désaccords, dans le respect mutuel, entre Pétain et Joffre. Le discours de réception du maréchal Pétain est un hommage au maréchal Foch auquel il succède<ref>[http://www.academie-francaise.fr/Immortels/discours_reception/petain.html Site de l'Académie française, discours de réception du maréchal Pétain.].</ref>.

Selon [[Jacques Madaule]], Philippe Pétain s'opposa à l'élection à l'Académie française de [[Charles Maurras]], qui sera un de ses plus grands défenseurs, et il félicita [[François Mauriac]] d'avoir fait campagne contre lui<ref>Centre de documentation juive contemporaine, ''La France et la question juive. 1940-1944'', Paris, Sylvie Messinger, 1981, {{p.|129-130}}.</ref>.

Philippe Pétain n'était pas ouvertement antisémite avant d'accéder au pouvoir : ainsi, il critiqua fermement [[Louis Bertrand (écrivain)|Louis Bertrand]], qui avait protesté contre l'élection d'[[André Maurois]], un [[Juifs|Juif]], à l'Académie française, Maurois lui en fut reconnaissant{{sfn|Epstein|2001|p=199|id=}}. Néanmoins, dans ses échanges de correspondance privée avec le couple Pardee, voisin américain de sa maison du [[Var (département)|Var]], Philippe Pétain se plaignait des Juifs<ref name="Rousso"/>.

==== Inspecteur général de la défense aérienne ====
Le {{date-|9 février 1931}}, il est remplacé par le [[Maxime Weygand|général Weygand]] au poste de vice-président du [[Conseil supérieur de la guerre]] (correspondant à la fonction de commandant suprême de l’armée), et nommé inspecteur général de la défense aérienne du territoire.

À ce titre, il écrit le {{date-|2 décembre 1931}} à [[Pierre Laval]], alors [[Président du Conseil (France)|président du Conseil]], pour lui demander la création d’une force aérienne puissante de défense et d’attaque, indépendante de l’armée de terre et de la marine. Il préconise pour cela de prélever {{nobr|250 millions}} de [[Franc français|francs]] sur les crédits alloués à la construction de la ligne Maginot.

Il reste influent dans le monde militaire et politique, et actif dans le mouvement antiparlementaire le [[Redressement français]], qui souhaite un [[Pouvoir exécutif|exécutif fort]]<ref name="Rousso"/>.

==== Ministre de la Guerre ====
[[Fichier:Crise ministérielle-1934.jpg|vignette|De gauche à droite, [[Pierre-Étienne Flandin]], Pétain et [[Adrien Marquet]] {{nobr|en 1934}}.]]
Après la crise du [[Crise du 6 février 1934|{{date-|6 février 1934}}]], le {{date-|9 février 1934}}, Philippe Pétain est nommé [[Liste des ministres français de la Défense|ministre de la Guerre]] dans le [[gouvernement Gaston Doumergue (2)|gouvernement Doumergue]] de tendance [[Parti radical (France)|radicale]], fonction qu’il occupe jusqu’au renversement du cabinet le {{date-|8 novembre 1934}}.

Sa présence, populaire parmi les anciens combattants qui avaient défilé, contribue à l'image d'union nationale voulue par Doumergue. Elle est symbolique de la fin du second [[cartel des gauches]] : les gouvernements des deux années 1934/36 sont, le plus souvent une alliance des radicaux et des partis de centre-droit. Ils conduisent des politiques sensiblement déflationnistes, visant à réduire les déficits en diminuant les dépenses.

Puis, l'arrivée au pouvoir de Hitler conduit la France à abandonner progressivement sa politique de désarmement, même si simultanément les choix budgétaires contribuent à maintenir une pression à la baisse sur les crédits militaires. Les choix stratégiques défensifs absorbent en outre une forte partie des crédits. La polémique des années 1940 sur les responsables du retard du réarmement français (que Pétain attribuera lors du [[procès de Riom]] à [[Édouard Daladier]] et [[Léon Blum]], ce dernier dénonçant en réplique que les dépenses militaires ont augmenté sous le [[Front populaire (France)|Front populaire]] sans avoir jamais été aussi importantes sous les gouvernements précédents, et que dans le gouvernement Doumergue qui incluait Pétain comme ministre de la guerre, Pétain avait réduit de 20% les crédits militaires quand Hitler affichait ses ambitions guerrières<ref>''[https://lcp.fr/presse/communiques-de-presse/blum-petain-un-duel-sous-l-occupation-debatdoc-lundi-25-septembre-a Blum-Pétain, duel sous l'Occupation]'', documentaire de Julia Bracher Hugo Hayat.{{commentaire biblio SRL|{{voir en ligne|lien=https://invidious.fdn.fr/watch?v=cVoolNiYuaU|texte=voir le documentaire}}.}}</ref>), et celle sur les choix stratégiques qui conduisirent à la défaite, expliquent la diversité des points de vue de l'historiographie évaluant le passage de Pétain au gouvernement.

[[Fichier:Philippe Pétain, Victor Denain, 1934.jpg|vignette|gauche|Pétain et [[Victor Denain]] {{nobr|en 1934}}.]]

La date du changement de politique budgétaire militaire est présentée avec des nuances : ainsi pour François Paulhac, entre 1934 et 1935, sous les gouvernements de centre droit, les dépenses d'armement sont réduites de 32 %, tandis que les crédits militaires n'augmentent qu'à partir de 1936, votés sans grande opposition, mis à part celle d'une partie de la droite<ref>{{cf.|maj}} François Paulhac, ''Les accords de Munich : et les origines de la guerre de 1939'', éd. J. Vrin, 1988, {{p.|81}}, [https://books.google.be/books?id=Cqhy3PDyK6UC&pg=PA81 extrait en ligne].</ref>. Pour [[Robert Frank (historien)|Robert Frank]], elles connaissent {{Incise|après celui de 1924-1930/31}} un {{Citation|second envol […] pendant la période de réarmement proprement dit, dès 1935, et surtout de 1936-1937 jusqu'à la guerre}}<ref name="Frank">[[Robert Frank (historien)|Robert Frank]], [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1980_num_31_4_408550 « Intervention étatique et réarmement en France 1935-1939 », ''La Revue économique'', {{4e|numéro}} de l'année 1980, {{p.|745}} : {{Citation|Après un dégonflement prévisible entre 1918 et 1924, [les dépenses de Défense nationale] reprennent leur ascension jusqu'en 1930-1931 […]. Puis {{Incise|troisième phase}} elles furent l'objet de la double dépression pacifiste et surtout déflationniste des années 1932-1934, pour enfin prendre un second envol, pendant la période de réarmement proprement dit, dès 1935, et surtout de 1936-1937 jusqu'à la guerre}}.</ref>. [[Jean-Luc Marret]] estime pour sa part que les réductions budgétaires ont cessé en 1934, sans qu'il y ait pour autant cette année-là d'importante augmentation de l'effort de défense. Le gouvernement de Gaston Doumergue {{Incise|où Pétain est ministre de la Guerre}} fait ainsi voter des crédits militaires de trois milliards de francs<ref>[https://books.google.fr/books?id=K5qtflA76D0C&pg=PA132&lpg=PA133#v=onepage&q&f=false ''La France et le désarmement''], Jean-Luc Marret, Éditions L'Harmattan, 1998, {{nobr|page 133}} : {{citation|Les décisions prises en 1934, bien que le gouvernement Doumergue ait été engagé dans une lutte déflationniste, de faire voter des crédits militaires pour 3 milliards de francs […] montrèrent que s'il n'y avait pas encore augmentation importante de l'effort de défense, il n'y avait plus de réductions budgétaires}}.</ref>.

Pour [[Guy Antonetti]], la reprise des dépenses {{Incise|qu'il situe en 1935}} est consécutive à l'inflexion de la politique étrangère, plus offensive, d'alliances renouées, entamée sous le gouvernement de [[Gaston Doumergue]] (1934) et son ministre des Affaires étrangères [[Louis Barthou]] puis sous le gouvernement de [[Pierre Laval]] (1935)<ref>[[Guy Antonetti]], Histoire contemporaine, politique et sociale, PUF, 2003, {{p.|451-452}}, {{Citation|Abandonnant les illusions de la sécurité collective briandiste, Barthou renoue avec la politique des alliances, avec la Tchécoslovaquie, la Roumanie, la Yougoslavie. En avril 1934, il déclare : {{citation|la France assurera seule sa défense}}, seule, c'est-à-dire hors de la SDN. Il est assassiné en octobre à Marseille avec le roi de Yougoslavie, qu'il est allé accueillir en France. Son successeur, Pierre Laval, conclut le 2 mai 1935 le pacte franco-soviétique d'assistance mutuelle, résurrection de l'alliance franco-russe de 1891-1892. Cette nouvelle politique étrangère conduit normalement à augmenter les dépenses de défense et d'armement. D'où la contradiction : au moment où on cherche d'un côté à comprimer les défenses (pour lutter contre la crise économique), on provoque de l'autre leur augmentation (pour conjurer le péril militaire allemand)}}. {{nobr|Page 457}}, il est précisé : {{Citation|Laval poursuit avec obstination sa politique de déflation : à coups de décrets-lois, il impose la diminution des dépenses publiques de 10 % […]. Rançon du réarmement, le déficit budgétaire au lieu de se résorber s'étendit}}.</ref>. Un article de Philippe Garraud en 2005 consacré à la question du réarmement<ref name="Garraud 2005">{{Article|prénom1=Philippe|nom1=Garraud|titre=La politique française de réarmement de 1936 à 1940|sous-titre=priorités et contraintes|périodique=Guerres mondiales et conflits contemporains|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|numéro=219|année=2005|pages=87-102|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2005-3-page-87.htm}}.</ref>, estime que d'une manière générale, {{Citation|le bilan de la politique d'armement de 1919 à 1935 est extrêmement limité et, durant toute cette période, les effectifs et le fonctionnement absorbent la plus grande part de budgets réduits}} et que {{Citation|le réarmement commence réellement en 1936 avec la mise en œuvre du programme partiel de 1935 et le plan des 14 milliards}}, tout en précisant qu'{{Citation|au terme de cette période transitoire, l’année 1935 paraît néanmoins particulièrement importante, et même charnière : d’une part elle marque le début du réarmement français, même si la hausse du budget est encore limitée ; d’autre part, elle voit la mise au point de nombreux prototypes, qui commenceront à faire l’objet de commandes importantes l’année suivante}}<ref name="Garraud 2005" />. Concernant le réarmement, Jean-Luc Marret en situe les « premiers indices » à l'occasion de la réorientation de la politique étrangère française par [[Louis Barthou]] (en 1934) et par [[Pierre Laval]] (en 1935)<ref>[https://books.google.fr/books?id=K5qtflA76D0C&pg=PA132&lpg=PA133#v=onepage&q&f=false ''La France et le désarmement''], Jean-Luc Marret, Éditions L'Harmattan, 1998, {{p.|133}}.</ref>.

Pétain limite les travaux de la ligne Maginot, en estimant que les [[Massif ardennais|Ardennes]] sont une barrière naturelle difficilement franchissable par les Allemands. Le {{date-|15 juin 1934}}, il obtient le vote d’un crédit supplémentaire de {{nobr|1,275 milliard}} de francs pour la modernisation de l’armement<ref name="Militaires">Jean Perrier-Cornet, « Le maréchal Pétain, ministre de la Guerre ({{date-|9 février}}-{{date-|8 novembre 1934}}) », dans [https://books.google.fr/books?id=v6hPti6cS4gC&pg=PA251&lpg=PA251#v=onepage&q&f=false ''Militaires en République 1870-1962. Les officiers, le pouvoir et la vie''], [[Olivier Forcade]], Éric Duhamel et Philippe Vial (dir.), Publications de la Sorbonne, 1999, {{p.|251}}.</ref>{{,}}<ref>[https://books.google.fr/books?id=nUYgT1QDSDwC&pg=PA29#v=onepage&q&f=false ''L'énigme de notre manque de divisions blindées''], Général Alfred Conquet, Nouvelles éditions latines.</ref>.

Partisan des chars de combat, il décide avant {{date-||avril|1934}} de l’adoption du [[B1 (char)|char B1]] dont il avait fait faire les prototypes pendant son commandement. La même année, il décide aussi de l’adoption du [[D2 (char)|char D2]] et de l’étude d’un char léger<ref name="Militaires"/>. Soucieux de la formation des officiers supérieurs, il ordonne que tous les postulants à l’[[École de guerre|École supérieure de guerre]] effectuent des stages préalables dans des unités de chars et d’aviation<ref>''[[Journal officiel de la République française|Journal officiel]]'' du {{date-|4 mars 1934}}.</ref>{{,}}<ref name="Militaires"/>.

Le {{date-|31 mai 1934}}, convoqué devant la [[Commission des Finances (Sénat)|Commission des finances]], il exprime ses vues sur la fortification et renouvelle ses réserves sur l’efficacité de la [[ligne Maginot]]. Il explique ce qu’est pour lui la fortification : le béton est un moyen pour économiser les effectifs, l’essentiel consistant dans une armée puissante, sans laquelle elle n’est qu’une fausse sécurité. Le but de la fortification est de permettre le regroupement des troupes pour l’offensive ou la contre-offensive. Il aura cette phrase : {{citation|la ligne Maginot ne met pas à l’abri d’une pénétration de l’ennemi, si l’armée n’est pas dotée de réserves motorisées aptes à intervenir rapidement}}. Il soutient pourtant le principe de cette ligne. Selon [[Robert Aron]], les conceptions stratégiques qu'il défend à cette époque sont conformes à son expérience de la Grande Guerre, ainsi :
{{citation bloc|[…] Entre les deux guerres, les conceptions stratégiques qu’il va défendre et imposer à l’Armée française sont encore strictement conformes à son expérience du début de l’autre conflit : il ne croit pas au rôle offensif des tanks ni aux divisions blindées. Il préconise l’édification de la ligne Maginot, derrière laquelle nos combattants de 1939 vont se croire à l’abri et attendront paisiblement l’offensive allemande, qui se déclenchera ailleurs{{sfn|Aron|1962|p=36|id=aron}}.}}

Le {{date-|27 octobre 1934}}, il convainc [[Louis Germain-Martin]], ministre des Finances, de signer le « plan Pétain pour 1935 » d'un montant de {{nombre|3.415|milliards}} de francs, qui prévoit notamment la construction de {{nombre|1260 chars}}<ref name="Militaires"/>. La chute du Gouvernement, et le remplacement du maréchal Pétain par le [[Louis Maurin (homme politique, 1869-1956)|général Maurin]], partisan de chars lourds et lents, retarderont la mise en œuvre de ce plan de plusieurs mois.

Après son expérience ministérielle, Pétain jouit d’une très grande popularité, à droite comme à gauche. En témoigne en 1935, la célèbre campagne lancée par [[Gustave Hervé]] intitulée {{Citation|C’est Pétain qu’il nous faut}}. Le fait de vouloir faire appel en cas de péril au maréchal Pétain n'est pas une spécificité de la droite ; le radical-socialiste [[Pierre Cot]] déclara dès 1934{{sfn|Epstein|2001|p=200}} : {{Citation|Monsieur le Maréchal, en cas de péril national, la France compte sur vous}}.

==== Membre du Conseil supérieur de la guerre ====
Il participe par la suite au [[Conseil supérieur de la guerre]]<ref group=alpha>Les maréchaux de France (Pétain et Franchet d'Espèrey) sont membres par principe du Conseil supérieur de la guerre.</ref>, où il soutient la politique de guerre offensive promue par le [[Charles de Gaulle|colonel de Gaulle]], qui fut un temps son « porte-plume », préconisant la concentration de [[char d'assaut|chars]] dans des divisions blindées.

Il écrit dans la ''[[Revue des Deux Mondes]]'' du {{date-|15 février 1935}} : {{citation|Il est indispensable que la France possède une couverture rapide, puissante, à base d’avions et de chars […]}}. Et lors d'une conférence à l’[[École militaire (France)|École de Guerre]] en {{date-|avril 1935}} : {{citation|Les unités mécanisées sont capables de donner aux opérations un rythme et une amplitude inconnus jusqu’ici […] L’avion, en portant la destruction jusqu’aux centres vitaux les plus éloignés fait éclater le cadre de la bataille […] On peut se demander si l’avion ne dictera pas sa loi dans les conflits de l’avenir […]}}<ref>Conférence du {{date-|6 avril 1935}} à l’École de Guerre.</ref>. Ainsi que dans la préface d'un ouvrage du [[Władysław Sikorski|général Sikorsky]] : {{Citation|Les possibilités des chars sont tellement vastes qu’on peut dire que le char sera peut-être demain l’arme principale}}<ref>Préface du livre du général [[Władysław Sikorski]], ''La Guerre moderne''.</ref>.

Le {{date-|6 avril 1935}}, il dit, devant le président [[Albert Lebrun|Lebrun]], dans un discours à l’École supérieure de Guerre : {{citation|Il est nécessaire de tenir le plus grand compte des perspectives ouvertes par l’engin blindé et par l’aviation. L’automobile, grâce à la chenille et à la cuirasse, met la vitesse au service de la puissance […] La victoire appartiendra à celui qui saura le premier exploiter au maximum les propriétés des engins modernes et combiner leur action}}. En 1938, il préface le livre du général [[Louis Chauvineau]] ''Une invasion est-elle encore possible'', qui prônait l'utilisation de l'infanterie et des fortifications comme moyens de défense, face au « front continu ». Dans cette préface, Pétain considérait que l'utilisation des chars et des avions ne modifiaient pas les données de la guerre<ref>[http://lignechauvineau.free.fr/Preface.htm Préface de Pétain] au livre ''Une invasion est-elle encore possible ?'', du général Chauvineau (1938).</ref> : {{citation|Cela tient à ce qu'il s'est appuyé sur la base solide et inattaquable de données positives fournies par la technique : le front continu est une réalité qu'il y a péril à méconnaître (…) On perçoit encore certaines tendances à reprendre la doctrine de la guerre de mouvement dès le début des opérations, suivant les idées en honneur avant 1914. L'expérience de la guerre a été payée trop cher pour qu'on puisse revenir impunément aux anciens errements}}. 

Pétain est recruté à l'[[École libre des sciences politiques]] en 1938 pour diriger un cycle d'études sur la défense nationale et les affaires militaires<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Rain|titre=L'École Libre Des Sciences Politiques|éditeur=Fondation nationale des sciences politiques|date=1963|isbn=978-2-7246-0033-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=-_IPAQAAIAAJ&newbks=0&hl=en|consulté le=2024-03-07}}</ref>. Il y donne un cours d'histoire militaire, où il promeut les cuirassés et sa doctrine militaire sur la base de récits de la Première Guerre mondiale<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Servent|titre=Pétain/De Gaulle|éditeur=Place des éditeurs|date=2020-06-11|isbn=978-2-262-08533-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ulPmDwAAQBAJ&newbks=0&hl=en|consulté le=2023-06-23}}</ref>.

À l’instigation des grands chefs militaires ([[Ferdinand Foch|Foch]], [[Joseph Joffre|Joffre]]), les gouvernements de la fin des {{lnobr|années 1920}} vont affecter d’importants efforts budgétaires à la construction de lignes de défense. Cette stratégie est symbolisée par la coûteuse, et de surcroît incomplète [[ligne Maginot]] car interrompue à la frontière [[Belgique|belge]]. 

[[Winston Churchill]], dans son ouvrage sur la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref name="wchurchillT2-78-79">Winston Churchill, ''The Second World War'', Plon, 1948-1954 ; rééd. ''La Seconde Guerre mondiale'', Le Cercle du Bibliophile, 12 {{vol.}}, 1965-1966, {{t.|deuxième}}, « L'orage approche – La « Drôle de guerre », 1939-1940 », {{chap.|V}}, {{p.|78-79}}.</ref>, émet l'avis que la ligne Maginot aurait pu être d'une très grande utilité si elle avait été correctement exploitée. Elle lui paraissait justifiée compte tenu, en particulier, du rapport numérique entre les populations de la France et de l'Allemagne<ref name="wchurchillT2-78-79"/>. [[Winston Churchill]] juge {{Citation|extraordinaire qu'elle n'ait été prolongée au moins le long de la [[Meuse (fleuve)|Meuse]]}}<ref name="wchurchillT2-78-79" /> et indique : {{Citation|[…] Mais le maréchal Pétain s'était opposé à cette extension […]. Il soutenait avec force que l'on devait exclure l'hypothèse d'une invasion par les Ardennes en raison de la nature du terrain. En conséquence, on écarta cette éventualité}}<ref name="wchurchillT2-78-79" />.

Après le succès de la guerre-éclair menée par les Allemands via les Ardennes, Pétain ne pouvait plus ignorer que la [[Bataille de France|débâcle de 1940]] était aussi due aux « grands chefs militaires », dont les autorités gouvernementales n’avaient fait que suivre les orientations stratégiques. Il [[procès de Riom|fit pourtant juger]] les hommes politiques en charge avant 1940 comme « responsables » exclusifs de la défaite.

==== Ambassadeur en Espagne ====
[[Fichier:José Moscardó, Francisco Franco, Ramón Serrano Súñer (1938).jpg|vignette|gauche|redresse|Le général [[Francisco Franco|Franco]], entouré par [[José Moscardó]] et [[Ramón Serrano Súñer]], en 1938.]]
[[Fichier:Pétain et le baron de las Torres à Burgos.jpg|vignette|redresse|L'ambassadeur Philippe Pétain et le baron de las Torres, interprète de Franco, sortant d'une entrevue avec le [[Caudillo]] à [[Burgos]] en {{date-|mars 1939}}.]]
La France reconnaît officiellement le nouveau [[Espagne franquiste|gouvernement franquiste]] le {{date-|27 février 1939}}<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=30}}.</ref>. Le {{date-|2 mars 1939}}, Pétain est nommé [[Ambassade de France en Espagne|ambassadeur de France en Espagne]]. Hostile aux [[nationalistes espagnols]], la gauche française proteste au nom de la réputation {{citation|républicaine}} du maréchal. Ainsi, ''[[L'Humanité]]'' honore ce dernier en regard du {{citation|général félon}} [[Francisco Franco|Franco]] tandis que dans ''[[Le Populaire]]'' du {{date-|3 mars 1939}}, [[Léon Blum]] décrit alors Pétain comme {{Citation|le plus noble, le plus humain de nos chefs militaires}}, formule dont les partisans de la réhabilitation de l'ancien « chef de l'[[Régime de Vichy|État français]] » sauront tirer largement parti après la [[Seconde Guerre mondiale]]<ref>{{harvsp|Vergez-Chaignon|2014|p=322-323}}.</ref>. Pour l'heure, la nomination de Pétain {{incise|qui jouit d'un grand prestige en Espagne}} vise à améliorer l'image de la République française en atténuant le souvenir du soutien hexagonal aux [[républicains espagnols]] pendant la [[Guerre d'Espagne|guerre civile]]<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=30-31}}.</ref>.

Le {{date-|24 mars 1939}}, le maréchal présente ses [[lettres de créance]] au ministre de l'Intérieur, [[Ramón Serrano Súñer|Serrano Súñer]], qui le reçoit très froidement<ref name="Catala p.32">{{harvsp|Catala|1997|p=32}}.</ref>. Selon l'historien Michel Catala, il gardera le souvenir de ce mauvais accueil et ses liens vis-à-vis de Franco resteront très critiques, malgré la propagande ultérieure dépeignant des rapports privilégiés entre le [[régime de Vichy]] et la dictature du [[Caudillo]]<ref name="Catala p.32"/>. Dans l'immédiat, Pétain a pour mission d'assurer la neutralité de l'Espagne en vue du prochain conflit européen<ref name="Catala p.32"/>. Au nom du rapprochement diplomatique de la France avec l’Espagne, il lui incombe de superviser, dans le cadre des [[accords Bérard-Jordana]], le rapatriement à [[Madrid]] des réserves d'[[or]] de la [[Banque d'Espagne|Banque d’Espagne]], de l'armement républicain<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=31}}.</ref> ainsi que des œuvres d'art<ref>{{Ouvrage |langue=es |auteur1=Arturo Colorado Castellary |titre=Éxodo y exilio del arte |sous-titre=la odisea del Museo del Prado durante la Guerra Civil |éditeur=[[Cátedra]] |année=2008 |pages totales=400 |passage=390 |isbn=978-84-376-2441-9}}.</ref> que l’[[Seconde République (Espagne)|ancienne République espagnole]] avait transférés à l'abri en France durant la [[Guerre d'Espagne|guerre civile]]. L'ambassadeur de France sait s'entourer d'une équipe de qualité mêlant personnel diplomatique chevronné et officiers militaires dévoués<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=32-33}}.</ref>. En quelques mois, le maréchal se réconcilie avec l'élite espagnole. Sa présence active dans le pays a pour conséquence un renforcement de l'image de la France, en dépit d'une presse espagnole très francophobe<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=33}}.</ref>.

[[Fichier:Pétain ambassadeur en Espagne - Excelsior 26 juillet 1939.jpg|vignette|redresse|Philippe Pétain, ambassadeur de France à Burgos, est accueilli par une délégation d'[[Ancien combattant|anciens combattants]] à son arrivée au [[Le Perthus|Perthus]].<br> [[Une (journalisme)|Une]] du journal ''[[Excelsior (journal)|Excelsior]]'', {{date-|26 juillet 1939}}.]]
Malgré de nombreuses réticences du côté français, notamment en raison de tensions militaires franco-espagnoles au Maroc en mars-{{date-|avril 1939}}, Pétain engage son autorité auprès du [[Président du Conseil (France)|président du Conseil]] [[Édouard Daladier|Daladier]] afin de réaliser les accords Bérard-Jordana, condition ''[[sine qua non]]'' exigée par les autorités franquistes<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=34-36}}.</ref>. La France finit par céder, sans obtenir de contreparties significatives. La déclaration officielle de neutralité de l'Espagne le {{date-|4 septembre 1939}} semble couronner les efforts français, mais résulte davantage du réalisme de [[Francisco Franco|Franco]] tenant compte des faibles capacités militaires espagnoles consécutives à la guerre civile. La {{citation|détente de façade de l'été 1939}} masque l'échec de la politique de conciliation française visant à obtenir des relations de bon voisinage et un accord militaire entre les deux pays. Si le Caudillo incline prudemment vers une neutralité de fait, il ne desserre pas pour autant ses liens avec le [[Troisième Reich]] et l'[[Histoire de l'Italie fasciste|Italie fasciste]]<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=37-38}}.</ref>.

Conscient de la fragilité de la neutralité espagnole, Pétain affirme que celle-ci {{citation|dépendra beaucoup}} de l'attitude de la France. Son {{citation|objectif stratégique principal}} demeure la réconciliation {{citation|à n'importe quel prix avec l'Italie et l'Espagne afin de concentrer tous les efforts de la France contre l'Allemagne}}, souligne Michel Catala. Du reste, le maréchal exprime depuis {{date-|août 1939}} son souhait d'abandonner sa mission plénipotentiaire<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=38}}.</ref>. Le rétablissement partiel des rapports commerciaux et culturels franco-espagnols dans les derniers mois de 1939 et les premiers mois de 1940 ne modifie pas l'ambiguïté de la position franquiste vis-à-vis de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] et de la France<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=39-40}}.</ref>. Tout au plus Pétain peut-il être crédité d'une amorce de normalisation {{incise|{{citation|superficielle et éminemment provisoire}}}} des relations franco-espagnoles<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=39 ; 41}}.</ref>.

En dépit de l'insuccès de sa stratégie vis-à-vis de Franco, {{Citation|la réussite personnelle de Pétain est indéniable}} puisqu'il confirme son autorité sur les militaires français et établit son aptitude à imposer ses vues au [[Liste des gouvernements de la France|gouvernement]], en sus d'acquérir une réputation de fin diplomate. Or Michel Catala doute que le maréchal ait réalisé le fiasco de sa mission d'ambassadeur, eu égard à sa future [[Collaboration en France|politique allemande à Vichy]] où il fera {{citation|preuve de la même obstination et du même aveuglement à poursuivre une politique de concessions afin d'obtenir des améliorations des conditions d'[[Armistice du 22 juin 1940|armistice]]}}<ref>{{harvsp|Catala|1997|p=41-42}}.</ref>.

=== Homme du recours à l'armistice ===
==== Pendant la drôle de Guerre : un recours possible ====
[[Fichier:Pétain vers 1940.jpg|vignette|gauche|redresse|Philippe Pétain vers 1940.]]
À la déclaration de guerre, en {{date-|septembre 1939}}, le maréchal Pétain, depuis Madrid, refuse une proposition du président du Conseil [[Édouard Daladier]] d'entrer au gouvernement, et il se tient prudemment à l'écart des sollicitations officielles. Cette proposition avait été inspirée par le président de la [[Chambre des députés (Troisième République)|Chambre des députés]], le radical-socialiste [[Édouard Herriot]], comme condition à son acceptation éventuelle du ministère des Affaires étrangères<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Henri |nom1=Amouroux|lien auteur1=Henri Amouroux |titre=Le Peuple du désastre |sous-titre=1939-1940 |lieu=Paris |éditeur=Robert Laffont |année=1976 |pages totales=537 |isbn=2-7242-8021-0 |passage=360}}.</ref>.

Cependant, Pétain ne fait nullement mystère de son hostilité personnelle à la guerre contre Hitler. {{Citation|Autant il est certain qu'il n'a eu aucune part dans les intrigues tramées en vue d'une paix de compromis, autant il est manifeste qu'il a, depuis le début, son rôle dans les calculs de Laval et de certains membres du complot de la paix}}, souligne l'historien [[Jean-Louis Crémieux-Brilhac]]{{sfn|Crémieux-Brilhac|p=579}}.

Chef de file des parlementaires « défaitistes », [[Pierre Laval]] songe ainsi précocement à un gouvernement Pétain dont il serait le chef réel, et expose fin {{date-|octobre 1939}} à l'un de ses interlocuteurs : {{Citation|Je n'ai pas, comme on dit, partie liée avec Pétain, mais je sais son prestige. […] Qu'est-ce qu'on lui demandera ? D'être un dessus de cheminée, une statue sur un socle. Son nom ! Son prestige ! Pas davantage}}{{sfn|Crémieux-Brilhac|p=580}}.

Le {{date-|3 novembre 1939}}, un rapport de l'ambassadeur d'Italie note que {{Citation|le maréchal Pétain fait figure de représentant de la politique de paix en France […] Pétain croit que, même en cas de victoire, la France n'en recueillerait pas les fruits. Si la question de la paix devenait aiguë en France, Pétain y jouerait un rôle}}{{sfn|Crémieux-Brilhac|p=580}}.

Arrivé au pouvoir le {{date-|21 mars 1940}}, la situation militaire se dégradant, le président du Conseil [[Paul Reynaud]] songe également à utiliser le prestige du maréchal Pétain auprès des Français et lui propose en vain, début mai, d'entrer au gouvernement{{sfn|Amouroux|1976|p=360|id=}}. Jugeant la situation favorable pour lui, Pétain accepte de revenir à Paris et d'intégrer le gouvernement note l'historien Gérard Boulanger{{refsou}}.

Au moment de retourner aux responsabilités, le maréchal {{Citation|partage le mépris de la droite [[Antiparlementarisme|antiparlementaire]] pour le régime qui l'a couvert d'honneurs. […] La France selon son cœur est la France paysanne dont il est issu, respectueuse des hiérarchies et de l'ordre établi, telle qu'il souhaitera la faire revivre à Vichy. Ses vues politiques sont courtes : il ne supporte pas les bavardages politiciens ; il reproche aux instituteurs socialistes d'avoir favorisé l'[[antipatriotisme]], comme au [[Front populaire (France)|Front populaire]] d'avoir favorisé le désordre. Son bon sens proverbial va de pair avec une grande ignorance et des vues simplistes en matière de politique étrangère. […] Il ne voit rien de plus en [[Adolf Hitler|Hitler]] qu'un {{souverain2|Guillaume II (empereur allemand)}} [[plèbe|plébéien]] ; il ne doute pas qu'on puisse s'accommoder avec lui moyennant quelques sacrifices}}, analyse Jean-Louis Crémieux-Brilhac{{sfn|Crémieux-Brilhac|p=577}}. De surcroît, l'action de Pétain est marquée par une [[anglophobie]] et un [[défaitisme]] déjà sensibles en 1914-1918{{sfn|Crémieux-Brilhac|p=577}}.

==== Vice-président du Conseil pendant l'invasion de 1940 ====
[[Fichier:Pétain-mai 1940-A.jpg|gauche|vignette|Pétain, vice-président du Conseil, dans son bureau en {{date-|mai 1940}}.]]
[[Fichier:Reynaud-Pétain-Weygand-mai1940.jpg|vignette|redresse|De gauche à droite : [[Maxime Weygand]], [[Paul Baudouin]], [[Paul Reynaud]] et Philippe Pétain ({{date-|mai 1940}}).]]
Le {{date-|17 |mai|1940}}, une semaine après l'offensive allemande, Pétain, alors âgé de {{nobr|84 ans}}, est nommé vice-président du Conseil dans le [[gouvernement Paul Reynaud|gouvernement de Paul Reynaud]]. Franco lui avait conseillé de ne pas accepter d’apporter sa caution à ce gouvernement. Pour [[Paul Reynaud|Reynaud]], il s'agit de remonter le moral des Français, de resserrer les rangs et de renforcer sa propre image au parlement{{sfn|Ferro|2009|p=7-11}}. Cette nomination est bien accueillie dans le pays, au Parlement et dans la presse, quoiqu'elle reçoive moins de publicité que celle de [[Maxime Weygand|Weygand]] comme généralissime, ou que celle de [[Georges Mandel]], partisan de la résistance à tout prix, comme ministre de l'Intérieur{{sfn|Amouroux|1976|p=357}}.

Comme la plupart de ses ministres ou des parlementaires, Paul Reynaud sous-estime le vieil homme initialement taciturne et passif qu’est Pétain, et il n’imagine pas qu’il puisse jouer plus qu’un rôle purement symbolique{{sfn|Amouroux|1976|p=360-361|id=}}.

Cependant, dès le {{date|26 mai}}, dans une note à Paul Reynaud, Pétain refuse de considérer les chefs militaires comme responsables de la défaite, et rejette la responsabilité du désastre sur {{Citation|les fautes que [le pays] a et que nous avons tous commises, ce goût de la vie tranquille, cet abandon de l'effort qui nous ont amenés là où nous sommes}}{{sfn|Crémieux-Brilhac|p=572}}. Cette interprétation moraliste de la défaite n'est pas sans annoncer les appels à la contrition nationale et la politique d'[[ordre moral]] qui caractériseront le régime de Vichy.

Le {{date|4 juin}}, il fait preuve d’[[anglophobie]] et de pessimisme devant l’ambassadeur américain [[William C. Bullitt|Bullit]]. Accusant l'[[Angleterre]] de ne pas fournir une aide suffisante à la France en péril, il lui explique qu'en cas de défaite {{Citation|le gouvernement français doit faire tout son possible pour venir à composition avec les Allemands, sans se préoccuper du sort de l’Angleterre}}{{sfn|Amouroux|1976|p=357|id=}}. Le [[6 juin|6]], il ne réagit pas lorsque le général [[Edward Spears|Spears]], représentant de [[Winston Churchill|Churchill]] auprès du gouvernement français, l'avertit que si la France s'entendait avec l'Allemagne, {{Citation|elle ne perdrait pas seulement son honneur, mais, physiquement, elle ne s’en relèverait pas. Elle serait liée à une Allemagne sur la gorge de laquelle nos poings ne tarderont pas à se refermer}}{{sfn|Amouroux|1976|p=372}}.

À partir du {{date|13 juin}}, alors que la bataille de France est perdue et le gouvernement replié en [[Touraine]], Pétain se fait ouvertement l'un des avocats les plus constants de l’armistice au sein du gouvernement. Ce jour-là, il lit au Conseil des ministres une note dans laquelle il déclare qu’il n’est aucunement question pour lui de quitter la France pour poursuivre la lutte{{sfn|Ferro|2009|p=75-103}}.

Le {{date-|14 juin 1940}}, [[Paris]] est occupé par l’[[Wehrmacht|armée allemande]]. Le Gouvernement, le [[Président de la République française|président de la République]] et les Assemblées sont alors réfugiés à [[Bordeaux]]. Pétain s'y confirme comme le chef de file des partisans de l’armistice, et met sa démission dans la balance.

Pétain s'oppose au [[Union franco-britannique|projet de fusion]] entre les gouvernements britannique et français.

=== Président du Conseil et armistice ===
Le {{date-|16 juin 1940}}, se croyant en minorité au sein du Conseil des ministres, à tort semble-t-il{{sfn|Amouroux|1976|p=748}}{{,}}{{sfn|Amouroux|1976|p=485-486}}, [[Paul Reynaud]] présente la démission du Gouvernement et suggère, suivi en cela par les présidents du [[Sénat (France)|Sénat]] et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le président de la République [[Albert Lebrun]] (voir [[gouvernement Philippe Pétain]]){{sfn|Ferro|2009|p=75-103}}. Il semble avoir espéré qu'un échec de Pétain à obtenir l’armistice lui permette de revenir très vite au pouvoir.

Le {{date-|17 juin 1940}}, suivant le conseil énoncé le {{date|12 juin}} par le général [[Maxime Weygand]], chef d’état-major des armées, Pétain fait demander aux Allemands, par l'intermédiaire du gouvernement espagnol, les conditions d'un armistice{{sfn|Ferro|2009|p=75-103}}.

[[Fichier:Pétain lisant un discours radiodiffusé.jpg|vignette|gauche|Pétain lisant un discours radiodiffusé, vers 1940-1944.]]
[[Fichier:Pétain - La Petite Gironde - 18 juin 1940.png|vignette|Une de ''[[La Petite Gironde]]'' rapportant le discours de Pétain du {{date-|17 juin 1940}}.]]

Depuis le micro de la [[Émetteur de Lafayette|radio Lafayette]] du [[lycée Montesquieu (Bordeaux)|lycée Longchamps]] de Bordeaux<ref>{{lien web |titre=De Gaulle et Pétain réfugiés |url=https://www.sudouest.fr/2010/06/10/de-gaulle-et-petain-refugies-112996-4626.php |site=SudOuest.fr |consulté le=06 juin 2020}}.</ref>, il enregistre un discours radiodiffusé où il déclare, alors qu'il n'a fait que demander les conditions d'un armistice et que les négociations n'ont pas commencé : {{citation|C’est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu’il faut cesser le combat}}{{sfn|Paxton|1999|p=51}}{{,}}<ref>[https://www.youtube.com/watch?v=s87CKB5E3SQ Discours radiodiffusé du maréchal Pétain du {{date-|17 juin 1940}} sur Radio Bordeaux-Lafayette PTT], sur youtube.com.</ref>{{,}}<ref>[http://pages.livresdeguerre.net/pages/sujet.php?id=docddp&su=48, Le discours de Pétain du {{date-|17 juin 1940}} et l'allocution rectificative de Baudouin diffusée le même jour].</ref>. Le discours a un effet désastreux sur le moral des troupes et précipite de fait l’effondrement des armées françaises. Du {{date-|17 juin}} à l’entrée en vigueur de l’armistice le [[25 juin|25]], les Allemands font ainsi plus de prisonniers que depuis le début de l’offensive le {{date|10 mai}}<ref>Cf. Yves Durand, Henri Michel, J.P. Azéma.</ref>.

Dans le même discours, Pétain anticipe la création de son propre régime en déclarant qu’il fait {{Citation|don de sa personne à la France}}{{sfn|Ferro|2009|p=75-103}}. Le {{date-|20 juin 1940}}, dans un nouveau discours<ref>[http://pages.livresdeguerre.net/pages/sujet.php?id=docddp&su=48&np=96 Texte du discours de Pétain du {{date-|20 juin 1940}}].</ref> rédigé, tout comme le premier, par l'intellectuel de [[Judaïsme|religion juive]] [[Emmanuel Berl]], il annonce les tractations en vue de l'armistice. Il en détaille les motifs, ainsi que les leçons que, selon lui, il faudra en tirer. Il y fustige {{Citation|l'esprit de jouissance}} : {{Citation|[…] Depuis la victoire [de 1918], l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu'on n'a servi. On a voulu épargner l'effort ; on rencontre aujourd'hui le malheur}}.

L’[[Armistice du 22 juin 1940|armistice]] est finalement signé le {{date-|22 juin 1940}} dans la [[Clairière de l'Armistice|clairière de Compiègne]], après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la République{{sfn|Ferro|2009|p=75-103}}.

Le {{date-|25 juin 1940}}, Pétain annonce les conditions « sévères » de l'armistice et décrit les territoires qui seront sous contrôle allemand. La démobilisation fait partie de ces conditions. Il annonce : {{Citation|C'est vers l'avenir que désormais nous devons tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence […]}}. Les causes de la défaite sont à rechercher selon lui dans l'esprit de relâchement : {{Citation|Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié […]}}<ref>[http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=160&pChapitreId=24028&pSousChapitreId=24030 {{date-|25 juin 1940}} : Pétain annonce aux Français les conditions de l'armistice].</ref>{{,}}<ref>[http://pages.livresdeguerre.net/pages/sujet.php?id=docddp&su=47 Les conditions d'armistice], sur ''livresdeguerre.net''&nbsp;.</ref>{{,}}<ref>Texte du traité d'armistice sur le site de [http://mjp.univ-perp.fr/france/1940armistice.htm l'université de Perpignan] et sur [[s:Convention d’armistice du 22 juin 1940|Wikisource]].</ref>.

Le {{date-|29 juin 1940}}, le Gouvernement s’installe dans la région de [[Clermont-Ferrand]] puis, en raison des capacités d’hébergement limitées, déménage à nouveau le {{date-|1er juillet 1940-}} pour [[Vichy]], en zone non occupée par l’armée allemande<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Robert Aron]] |auteur2=[[Georgette Elgey]] |titre=Histoire de Vichy |sous-titre=1940-1944 |lieu=Paris |éditeur=Fayard |collection=Les grandes études contemporaines |année=1954 |pages totales=766 |passage=95-99}}.</ref>. Cette ville présentait les avantages d’un réseau téléphonique extrêmement performant et de la présence d’une multitude d’hôtels qui furent réquisitionnés pour abriter les différents ministères et les ambassades.

=== Chef du régime de Vichy ===
{{Article détaillé|Régime de Vichy|Collaboration en France}}

==== Vote des pleins pouvoirs ====
[[Fichier:Pierre Laval - Grand Casino de Vichy - 10 juillet 1940.jpg|vignette|gauche|[[Pierre Laval]] devant l'[[Opéra de Vichy|opéra du Grand Casino de Vichy]] le jour du [[Vote des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain|vote]] de la [[loi constitutionnelle du 10 juillet 1940]].]]
[[Fichier:Second cabinet of Philippe Pétain, 1940.jpg|vignette|Le chef de l'État français et le [[Gouvernement Pierre Laval (5)|premier gouvernement]] du [[régime de Vichy]] en {{date-|juillet 1940}}. De gauche à droite : [[Pierre Caziot]], [[François Darlan]], [[Paul Baudouin]], [[Raphaël Alibert]], [[Pierre Laval]], [[Adrien Marquet]], [[Yves Bouthillier]], Philippe Pétain, [[Émile Mireaux]], [[Maxime Weygand]], [[Jean Ybarnégaray]], [[Henry Lémery]], [[François Piétri]], [[Louis Colson]].]]
Le {{date-|10 juillet 1940}}, [[Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940|une loi, dite « constitutionnelle »]]<ref>[[s:Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940|Loi constitutionnelle du {{date-|10 juillet 1940}}]], sur Wikisource.</ref>{{,}}<ref>[http://pages.livresdeguerre.net/pages/sujet.php?id=docddp&su=227&np=781 Loi constitutionnelle du {{date-|10 juillet 1940}} et l'exposé des motifs], sur ''livresdeguerre.net''.</ref>, [[Vote des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain|votée par les deux Chambres]] ({{nobr|569 voix}} pour, {{nobr|80 voix}} contre<ref>http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/1940-1944-la-seconde-guerre-mondiale/l-appel-du-18-juin/reperes/les-80-parlementaires-n-ayant-pas-vote-les-pleins-pouvoirs-le-10-juillet-1940.php.</ref>, {{nobr|20 abstentions}}, {{nobr|176 absents}} et {{nobr|1 ne prenant pas part au vote}}) réunies en [[Assemblée nationale (Troisième République)|Assemblée nationale]] au casino de Vichy {{Citation|donne tous pouvoirs au gouvernement de la République, sous l'autorité et la signature du maréchal Pétain}}, sans contrôle de l’Assemblée, avec pour mission la promulgation d’une nouvelle Constitution. Celle-ci ne verra jamais le jour<ref>[[s:Projet de constitution du 30 janvier 1944|Projet de constitution du {{date-|30 janvier 1944}}]].</ref>.

L'« [[Régime de Vichy|État français]] » (nouveau nom officiel de la France, remplaçant la dénomination « République française ») allait donc demeurer un État provisoire.

La constitutionnalité de cette réforme fut contestée pour plusieurs motifs, dont le fait que la Constitution ne peut pas être modifiée sous la menace directe d'un ennemi. Surtout, la confusion de tous les pouvoirs (constituant, législatif, exécutif et judiciaire) entre les mêmes mains était contraire aux fondements même des [[lois constitutionnelles de 1875]], fondées sur une séparation des pouvoirs. Il en résulta un régime anti-démocratique, sans constitution et sans contrôle parlementaire.

Ce régime sera qualifié de {{Citation|dictature pluraliste}} par [[Stanley Hoffmann]], qui démontre, entre autres, les aspects dictatoriaux dans une publication parue en 1956<ref name="hoffmann_pluralist">{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Stanley Hoffmann |titre=Essais sur la France |sous-titre=déclin ou renouveau? |année=1974 |pages totales=556 |lire en ligne=https://books.google.co.uk/books?id=6IcOAQAAMAAJ&q=%22la+dictature+pluraliste%22+ |consulté le=03 septembre 2020}}.</ref>. D'autres auteurs, comme [[Robert Aron]], [[Robert Paxton]] et [[Marc Ferro]], évoquent, au sujet de Pétain, des dictateurs<ref>Collectif : Patrick Boman, Bruno Fuligni, Stéphane Mahieu et Pascal Varejka, ''Le Guide suprême – Petit dictionnaire des dictateurs'', [[Ginkgo éditeur]], 2008, {{nobr|232 p.}} {{ISBN|978-2-84679-061-1}}, {{p.|168-172}} {{présentation en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=z4-nxfwvO54C&pg=PT43|texte=présentation en ligne sur books.google.fr|date=29 janvier 2010}}.</ref> tels que [[António de Oliveira Salazar|Salazar]]{{sfn|Ferro|2009|p=215-217}}{{,}}{{sfn|Paxton|1999|p=283}}{{,}}{{sfn|Aron|1962|p=38|id=aron}} et son régime{{sfn|Ferro|2009|p=215-217}}, [[Francisco Franco|Franco]]{{sfn|Paxton|1999|p=283}}{{,}}{{sfn|Robert Aron|1962-1964|p=38}}, voire [[Benito Mussolini|Mussolini]]{{sfn|Aron|1962|p=38|id=aron}}. Pour Aron : {{citation|La première [période du pouvoir de Vichy], qui va de l'armistice au {{date-|13 décembre 1940}}, est celle où Pétain peut encore avoir l'illusion d'être un chef d'État autoritaire, qui ne doit rien à personne et dont le pouvoir en France est presque l'équivalent de celui des dictateurs Salazar au Portugal, Franco en Espagne, ou Mussolini en Italie}}{{sfn|Aron|1962|p=38|id=aron}}.

Selon Paxton, {{Citation|Pétain lui-même se trouvait plus de points communs avec Franco et Salazar qu'avec Hitler}}{{sfn|Paxton|1999|p=283}}, tandis que pour Ferro c'est l'exemple de Salazar qui inspire le programme du maréchal, ainsi : {{Citation|le régime [qu'il] institue évoque effectivement plutôt le salazarisme […]}}{{sfn|Ferro|2009|p=215-217}} et : {{Citation|Les régimes de [[Mustafa Kemal Atatürk|Kemal]], [[Miklós Horthy|Horthy]], Franco, avaient ses préférences par rapport à celui de Mussolini du fait de la dualité Mussolini-{{souverain2|Victor-Emmanuel III}} et selon l'idée qu'il se fait de son pouvoir : « le Maréchal n'a de compte à rendre qu'à sa conscience », mais de loin il préférait celui de Salazar […]}}{{sfn|Ferro|2009|p=137}}.

==== Installation du régime ====
===== Pouvoir personnel =====
{{double image|droite|Acte constitutionnel numéro 2 1 - Archives Nationales - A-1847.jpg|150|Acte constitutionnel numéro 2 2 - Archives Nationales - A-1847.jpg|160|Acte constitutionnel numéro 2 fixant les pouvoirs du chef de l'État français, signé par Pétain le {{date-|11 juillet 1940}}, Archives nationales de France.}}

Dès le {{date-|11 juillet 1940}}, par trois « [[Actes constitutionnels du régime de Vichy|actes constitutionnels]] », Pétain se proclame chef de l'[[Régime de Vichy|État français]] et s'arroge tous les pouvoirs<ref name="mjp1">{{lien web|url=http://mjp.univ-perp.fr/france/co1940.htm#1|auteur=Jean-Pierre Maury|titre=Acte constitutionnel {{n°|1}} du {{date-|11 juillet 1940}}|site=mjp.univ-perp.fr|éditeur=[[université de Perpignan]]|consulté le=8 janvier 2017}}.</ref>{{,}}<ref name="mjp2">{{lien web|url=http://mjp.univ-perp.fr/france/co1940.htm#2|auteur=Jean-Pierre Maury|titre=Acte constitutionnel {{n°|2}} du {{date-|11 juillet 1940}}, fixant les pouvoirs du chef de l'État français|site=mjp.univ-perp.fr|éditeur=[[université de Perpignan]]|consulté le=25 juin 2009}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://mjp.univ-perp.fr/france/co1940.htm#3|auteur=Jean-Pierre Maury|titre=Acte constitutionnel {{n°|3}} du {{date-|11 juillet 1940}}, prorogeant et ajournant les chambres|site=mjp.univ-perp.fr|éditeur=[[université de Perpignan]]|consulté le=13 janvier 2017}}.</ref>.

Par son acte constitutionnel {{n°|1}} du {{date-|11 juillet 1940}}<ref name="mjp1"/>, il abroge l'{{nobr|article 2}} de la [[Lois constitutionnelles de 1875|loi constitutionnelle du {{date-|25 février 1875}}]], ce qui consiste à détruire le fondement même de la République, sachant que cet [[Lois constitutionnelles de 1875#La « fondation de la République »|article de loi]] {{incise|[[Lois constitutionnelles de 1875#Conséquences ultérieures|non modifiable]] depuis la [[Lois constitutionnelles de 1875#14 août 1884 : révision majeure|révision du {{date-|14 août 1884}}]]<ref>Marcel Morabito, ''Histoire constitutionnelle de la France (1789-1958)'', Paris, éd. Montchrestien, {{8e|édition}}, 2004, {{p.|323.}}</ref>}} est celui qui établissait le régime républicain en France.

[[Pierre Laval]] lui dit un jour : {{Citation|Connaissez-vous, Monsieur le Maréchal, l'étendue de vos pouvoirs ? […] Ils sont plus grands que ceux de {{souverain2|Louis XIV}}, parce que {{souverain-|Louis XIV}} devait remettre ses édits au Parlement, tandis que vous n'avez pas besoin de soumettre vos actes constitutionnels au Parlement, parce qu'il n'est plus là}}{{sfn|Aron|1962|p=38|id=aron}}, Pétain répondit : {{Citation|C'est vrai}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Herbert R. Lottman |titre=Pétain |année=1984 |pages totales=727 |isbn=978-2-02-006763-8 |lire en ligne=https://books.google.co.uk/books?id=K4OuAAAAIAAJ&q=%22Laval+soutint+aussi%2C+dans+sa+%22}}.</ref>.

Aux traditionnels attributs régaliens (droit de grâce, nominations et révocations des ministres et des hauts fonctionnaires), Pétain ajoute en effet des droits tout à fait inédits, même du temps de la monarchie absolue. Il peut ainsi rédiger et promulguer seul une nouvelle Constitution, il peut désigner son successeur (qui est le vice-président du Conseil), il {{Citation|a la plénitude du pouvoir gouvernemental, il nomme et révoque les ministres et secrétaires d'État, qui ne sont responsables que devant lui}}<ref name="mjp2"/> et il {{Citation|exerce le pouvoir législatif, en conseil des ministres […]}}<ref name="mjp2" />. Les lois, adoptées de sa seule autorité, sont promulguées sur la formule : {{Citation|Nous, maréchal de France, le Conseil des ministres entendu, décidons…}}. Par prudence, par contre, Pétain évite de s’attribuer le droit de déclarer la guerre seul : il doit pour cela consulter les éventuelles assemblées.

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Fichier:Flag of France (1794–1815, 1830–1958).svg|Drapeau français durant le régime de Vichy<ref>Le drapeau de l'[[Régime de Vichy|« État français » de Vichy]] est le [[drapeau de la France|drapeau tricolore de la France]], sans marque distinctive particulière de ce régime : [http://www.ina.fr/video/AFE85000615/ {{Citation|Voyages du maréchal Pétain}}], ''[[Les Actualités mondiales]]'', {{date-|18 juillet 1941}} Archives de l’INA, sur le site ina.fr, consulté le {{date-|16 janvier 2009}}.</ref>{{,}}<ref>[http://www.ina.fr/video/AFE86002735/ {{Citation|Le maréchal Pétain revient à Vichy}}], ''France Actualités'', {{date-|9 juin 1944}}, Archives de l'INA, sur le site ina.fr, consulté le {{date-|17 janvier 2009}}.</ref>.
Fichier:Informal emblem of the French State (1940–1944).svg|La [[ordre de la Francisque|francisque]], emblème personnel de Philippe Pétain, utilisée comme symbole officieux du régime de Vichy<ref>[http://www.ac-rennes.fr/pedagogie/hist_geo/ResPeda/prefets/details/cachet1943.htm « Cachet de la sous-préfecture de Dinan, {{date-|6 décembre 1943}}, État français (Régime de Vichy) »], [[Académie de Rennes]].</ref>.
Fichier:Flag of Philippe Pétain, Chief of State of Vichy France.svg|Marque de commandement de Philippe Pétain, chef de l’[[Régime de Vichy|État français]], ornée de la francisque et de ses sept étoiles de maréchal de France.
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[[Fichier:Pierre Laval 1940.jpg|vignette|[[Pierre Laval]].]]

Jusqu’en {{date-|avril 1942}}, Pétain reste à la fois chef de l’État et chef du gouvernement en titre, [[Pierre Laval]], [[Pierre-Étienne Flandin]] et l'amiral [[François Darlan]] n’étant que vice-présidents du Conseil. Il gouverne de manière autoritaire.

Ainsi, le {{date-|13 décembre 1940}}, il évince brusquement Pierre Laval du pouvoir, non par désaveu de la politique de collaboration avec l’Allemagne nazie menée par ce dernier, mais par irritation devant sa manière trop indépendante de la conduire. Il est remplacé par Flandin. Parallèlement, Pétain signe la révocation de nombreux maires, préfets et hauts fonctionnaires républicains, dont le préfet d'[[Eure-et-Loir]], [[Jean Moulin]], et le président de la [[Cour des comptes (France)|Cour des comptes]] [[Émile Labeyrie]]<ref>Le {{date-|24 août 1940}}, Émile Labeyrie fut en même temps révoqué de la présidence de la [[Cour des comptes (France)|Cour des comptes]] et de sa fonction de maire d'[[Aire-sur-l'Adour]], payant ainsi ses responsabilités à l'époque du Front populaire, cf. [http://www.histoiresocialedeslandes.org/p4_mesure_espoir.asp Histoire sociale des Landes].</ref>.

Le Maréchal supprime précocement tous les contre-pouvoirs institutionnels à son autorité, et tout ce qui rappelle trop le régime républicain, désormais honni. Le mot même de ''République'' disparaît. Les libertés publiques sont suspendues, tout comme les partis politiques, à l’exception de ceux des [[collaboration (pays occupé)|collaborationnistes]] parisiens, qui subsistent en [[zone nord]]. Les centrales syndicales sont dissoutes, les unions départementales subsistantes unifiées dans une organisation corporatiste du travail. La [[franc-maçonnerie]] est mise hors-la-loi.

Toutes les assemblées élues sont mises en sommeil ou supprimées, les Chambres aussi bien que les [[conseil départemental|conseils généraux]]. Des milliers de municipalités, dont les maires qui n'ont pas voulu signer un serment d'allégeance (non pas à l'État, mais à Pétain lui-même) sont destituées, et remplacées par des « délégations spéciales », nommées par décret du pouvoir central, et dont la présidence revient à des personnalités présentant les garanties exigées du maréchal. Des juridictions d’exception sont mises en place.

[[Fichier:Le châtiment des responsables - Cour de Riom.jpg|vignette|redresse|Par ordre de Pétain, les journaux reçoivent la consigne d'annoncer, en gros caractères et sur {{nobr|5 colonnes}}, {{citation|[[Procès de Riom|le châtiment]] des responsables}} présumés de la [[Bataille de France|défaite]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Christian|nom1=Delporte|lien auteur1=Christian Delporte|prénom2=Claire|nom2=Blandin|prénom3=François|nom3=Robinet|titre=Histoire de la presse en France, {{sp-|XX|-|XXI}}s|lieu=Paris|éditeur=[[Armand Colin]]|collection=U. Histoire|année=2016|pages totales=350|isbn=978-2-200-61332-7}}.</ref> ({{date-|octobre 1940}}).]]

Le {{date-|30 juillet 1940}}, Pétain promulgue la création de la Cour suprême de justice (dite {{citation|[[Procès de Riom|cour de Riom]]}}), juridiction d'exception chargée de conduire le procès des hommes politiques et du général [[Maurice Gamelin]] que le maréchal estime responsables de l'impréparation et de la [[Bataille de France|défaite]] militaires du pays. [[Léon Blum]], [[Édouard Daladier]] et le général Gamelin sont ainsi arrêtés. De surcroît, Pétain envisage de faire condamner [[Paul Reynaud]] et [[Georges Mandel]] mais ceux-ci, également incarcérés, ne peuvent pas être inclus dans la procédure de Riom<ref>{{harvsp|Vergez-Chaignon|2014|p=650-652}}.</ref>. Censé servir la propagande vichyste en jugeant les ministres du [[Front populaire (France)|Front populaire]] et, au-delà, les institutions démocratiques de la [[Troisième République (France)|Troisième République]] comme seuls comptables de la débâcle, le [[procès de Riom]] tourne à la confusion des accusateurs, devenus à leur tour accusés. Blum et Daladier bousculent les juges par leur connaissance des dossiers relatifs à la défense nationale, rappelant notamment la responsabilité du [[Gouvernement Gaston Doumergue (2)|gouvernement Doumergue]], dont Pétain faisait partie en tant que ministre de la Guerre, dans la réduction des crédits militaires en 1934<ref>{{Ouvrage|prénom1=Serge|nom1=Berstein|lien auteur1=Serge Berstein|titre=Léon Blum|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2006|pages totales=835|passage=643-660|isbn=2-213-63042-9}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur=[[Élisabeth du Réau]]|titre=Édouard Daladier|sous-titre=1884-1970|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|collection=Pour une histoire du {{s-|XX}}|année=1993|pages totales=581|passage=438-443|isbn=2-213-02726-9}}.</ref>. Somme toute, le {{date-|11 avril 1942}}, Pétain reporte le procès ''sine die'' par un {{citation|décret laconique}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Serge|nom1=Berstein|lien auteur1=Serge Berstein|titre=Léon Blum|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2006|pages totales=835|passage=660|isbn=2-213-63042-9}}.</ref>. Les accusés, toujours en instance de jugement, demeurent internés. Fin {{date-|mars 1943}}, le régime de Vichy cède devant les exigences des autorités allemandes qui, sous prétexte d'empêcher une tentative de libération américaine, transfèrent les prisonniers sur le territoire du [[Troisième Reich|Reich]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Serge|nom1=Berstein|lien auteur1=Serge Berstein|titre=Léon Blum|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2006|pages totales=835|passage=687|isbn=2-213-63042-9}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=[[Élisabeth du Réau]]|titre=Édouard Daladier|sous-titre=1884-1970|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|collection=Pour une histoire du {{s-|XX}}|année=1993|pages totales=581|passage=444|isbn=2-213-02726-9}}.</ref>.

Par ailleurs, dès le {{date-|2 août 1940}}, Vichy fait condamner à mort par [[contumace]] [[Charles de Gaulle]] (même si Pétain prétend qu'il veillera à ce que la sentence ne soit pas appliquée<ref>Il déclare  à [[Henry du Moulin de Labarthète]], son directeur de cabinet civil : ''Une condamnation de principe, et ce sera tout !'', {{ouvrage|auteur=Henry du Moulin de Labarthète|titre=Le Temps des illusions|sous-titre=souvenirs ({{date-|juillet 1940}}-{{date-|avril 1942}})|lieu=Genève|éditeur=Constant Bourquin, à l’enseigne du cheval ailé|année=1946|pages totales=416}} </ref>{{,}}<ref>Christian Ferrier, Extrait de la revue ''Grandeur'' {{numéro}}101, {{date-|juin 2006}}, charlesdegaulle.be, {{lire en ligne|lien=http://www.charlesdegaulle.be/ExtraitRevue.html}}.</ref>{{,}}<ref>[[André Kaspi]], Ralph Schor, Nicole Piétri, ''La Seconde Guerre mondiale - Chronologie commentée'', « 1940, fondation du mouvement de libération nationale », Éditions Complexe {{ISBN|978-2-87027-591-7}}, {{p.|127}}, books.google.fr {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=YLWf4Lh4AgQC&pg=PA127&lpg=PA127&dq=Charles+de+Gaulle+%2Bcondamne+par+contumace+%C3%A0+la+peine+de+mort+&source=web&ots=SW3_m6OvxM&sig=xG8rQ9cLpQJxWHjGW3mTZWgGMoI&hl=fr}}, Éditions Perrin, 1990 {{ISBN|978-2-262-00726-3}}.</ref>) puis ses compagnons, qui sont déchus de la nationalité française avec ceux qui les rejoignent. Des procès iniques sont intentés à diverses personnalités républicaines, ainsi à [[Pierre Mendès France]], condamné en {{date-|juin 1941}} à Clermont-Ferrand pour une prétendue « désertion » (l'affaire du ''[[Massilia (paquebot)|Massilia]]'', bateau-piège), avec [[Jean Zay]] et quelques autres.

À l’automne 1941, grâce à des lois ouvertement antidatées, Vichy envoie à la [[guillotine]] plusieurs prisonniers [[Communisme|communistes]], dont le député [[Jean Catelas]], en représailles à des attentats anti-allemands<ref>{{Chapitre|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Dournel|titre chapitre=De Gaulle et la Résistance dans les manuels scolaires|titre ouvrage=De Gaulle, Vendroux, la Résistance dans le Nord de la France|éditeur=Artois Presses Université|date=2013|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.4000/books.apu.625|consulté le=2022-06-20|passage=39–51}}.</ref>.

===== Culte du chef et popularité =====
[[Fichier:Imagerie de la Révolution nationale.jpg|gauche|vignette|redresse|Imagerie de propagande : sous la devise « [[Travail, Famille, Patrie]] », le portrait de Pétain en médaillon soutenu par une [[Ordre de la Francisque|francisque]] au-dessus d'une scène représentant la France rurale et industrielle, 1942.]]
[[Fichier:Mère de famille et enfants - portrait Pétain.jpg|vignette|redresse|Une mère de famille avec des enfants tenant le portrait de Pétain.]]
Jouant le plus possible sur la réputation du « vainqueur de Verdun », le régime exploite le prestige du maréchal et diffuse un [[culte de la personnalité]] omniprésent : les photos du maréchal figurent dans les vitrines de tous les magasins, sur les murs des cités, dans toutes les administrations, ainsi qu’aux murs des classes dans tous les locaux scolaires et dans ceux des organisations de jeunesse. On le retrouve jusque sur les calendriers des [[Postes, télégraphes et téléphones (France)|PTT]]. Le rôle de [[Bernard Ménétrel]], médecin et secrétaire particulier du maréchal est prédominant dans cette action de communication et de propagande.

Le visage du chef de l’État apparaît aussi sur les [[Philippe Pétain (timbre)|timbres]]<ref>[http://timbreposte.free.fr/mag-timbre/inscriptions-timbres-france.html {{Citation|Historique des inscriptions sur les timbres-poste de France}}], sur le site timbreposte.free.fr, consulté le {{date-|2 février 2009}}.</ref> et les pièces de monnaie, tandis que les bustes de [[Marianne]] sont retirés des mairies. La Saint-Philippe, chaque {{date|3 mai}}, est célébrée à l’instar d’une fête nationale. Un hymne à sa gloire, le célèbre ''[[Maréchal, nous voilà !]]''<ref>[http://www.ina.fr/video/AFE86002697/ {{Citation|Le maréchal Pétain quitte Vichy}}], ''France Actualités'', {{date-|12 mai 1944}}, Archives de l'INA, sur le site ina.fr, consulté le {{date-|17 janvier 2009}}.</ref>, est interprété dans de nombreuses cérémonies en lieu et place de ''[[la Marseillaise]]''. En-dehors des nombreuses rues débaptisées car promouvant des hommes ou des valeurs honnies par le régime, de 750 à 1000 rues et places sont renommées en l’honneur du maréchal<ref>{{article|auteur=Richard Vassakos |url=https://www.persee.fr/doc/onoma_0755-7752_2019_num_61_1_1915|titre= Une revanche symbolique dans le Royaume du maréchal. La toponymie urbaine sous Vichy : premiers bilans d’une recherche|périodique=Nouvelle revue d’onomastique|année= 2019|numéro=61|passage=263}}.</ref>, jamais de façon imposée mais jamais non plus de façon spontanée{{sfn|Vassakos|2019|p=262}}.

À qui douterait, des affiches de propagande proclament : {{citation|Êtes-vous plus Français que lui ?}} ou encore {{citation|Connaissez-vous mieux que lui les problèmes de l’heure ?}}.

Pétain exige aussi un serment de fidélité des fonctionnaires d'État à sa propre personne. L'acte constitutionnel {{numéro|7}} du {{date-|27 janvier 1941}} oblige déjà les secrétaires d'État, les hauts dignitaires, et les hauts fonctionnaires à jurer fidélité au chef de l'État<ref>[http://mjp.univ-perp.fr/france/co1940.htm Le texte des actes constitutionnels sur le site de l'Université de Perpignan].</ref>.[[Fichier:Bon point.jpg|vignette|Bon point à l'effigie du Maréchal Pétain distribué par la [[Légion française des combattants]] (1940-1944). ]]Après son discours du {{date-|12 août 1941}} (discours dit du {{Citation|vent mauvais}}<ref>Voir un extrait du discours sur [http://clioweb.free.fr/textes/28mauv.htm clioweb].</ref>{{,}}<ref>[http://pages.livresdeguerre.net/pages/sujet.php?id=docddp&su=48&np=99 L'intégralité du discours de Pétain du {{date-|12 août 1941}}, dit « Du vent mauvais ».]</ref>, où il déplore les contestations croissantes de son autorité et de son gouvernement), Pétain étend le nombre de fonctionnaires devant lui prêter serment. Les actes constitutionnels {{numéro|8}} et {{numéro|9}} du {{date-|14 août 1941}} concernent respectivement les militaires et les magistrats. Le serment est prêté par tous les juges à l’exception d’un seul, [[Paul Didier]], aussitôt révoqué et interné au [[camp de Choisel|camp de Châteaubriant]]. Puis c'est l’ensemble des fonctionnaires qui doit jurer fidélité au chef de l'État par l’acte constitutionnel {{numéro|10}} du {{date-|4 octobre 1941}}. Il concernera donc les instituteurs jusqu'aux postiers. Néanmoins, en zone occupée, où l'autorité de Vichy est moins assurée, de hauts fonctionnaires nommés avant 1940, éviteront discrètement de prêter serment à Pétain et, après la guerre, pourront ainsi conserver leur poste.
[[Fichier:Affiche de recrutement de l'Armée de Vichy - 30ème bataillon de chasseurs à pied, La Fierté d'être chasseurs et de servir la France et Le Maréchal.jpg|gauche|vignette|Affiche de recrutement de l'Armée de Vichy - {{30e}} bataillon de chasseurs à pied, entre 1940 et 1942. ]]
Toute une littérature, relayée par la presse sous contrôle et par maints discours officiels ou particuliers, trouve des accents quasi-idolâtres pour exalter le maréchal comme un sauveur messianique, pour célébrer son « sacrifice », pour le comparer à [[Jeanne d'Arc]] ou à [[Vercingétorix]], pour vanter l’allant et la robustesse physique du vieillard, ou encore la beauté de ses célèbres yeux bleus. Un chêne pluri-centenaire reçoit son nom en [[forêt de Tronçais]]. De nombreuses rues sont débaptisées et prennent son nom sur ordre.

Le serment prêté par les titulaires de la [[ordre de la Francisque|Francisque]] prévoit : {{Citation|Je fais don de ma personne au maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France.}} Henri [[Henri Pourrat|Pourrat]], salué par le [[prix Goncourt]] en 1941 pour son livre ''Vent de Mars'', devient le chantre officiel du nouveau régime et se fait l'hagiographe du chef de l'État français avec la sortie de son livre ''Le Chef français'' publié par [[Robert Laffont]] en 1942<ref>Christian Faure, ''Le Projet culturel de Vichy, Folklore et révolution nationale, 1940-1944'', Presses Universitaires de Lyon et Éditions du CNRS, 1989, {{nb p.|336}}.</ref>.
[[Fichier:Affiche vichyste - Le don à la patrie juin 1940.jpg|vignette|Affiche vichyste - Le don à la patrie juin 1940.]]
La popularité du maréchal ne repose cependant nullement sur le seul appareil de propagande. L’intéressé sait l’entretenir par de nombreux voyages à travers toute la [[zone sud]], surtout en 1940-1942, où des foules considérables viennent l’acclamer. Il reçoit de nombreux présents de partout ainsi qu'un abondant courrier quotidien, dont des milliers de lettres et de dessins des enfants des écoles. Pétain entretient aussi le contact avec la population par un certain nombre de réceptions à [[Vichy]], ou surtout par ses fréquents discours à la radio. Il sait employer dans ses propos une rhétorique sobre et claire, ainsi qu’une série de formules percutantes, pour faire mieux accepter son autorité absolue et ses idées réactionnaires : {{Citation|La terre, elle, ne ment pas}}, {{Citation|Je hais ces mensonges qui vous ont fait tant de mal}} ({{date-|août 1940}}), {{Citation|Je vous ai parlé jusqu’ici le langage d’un père, je vous parle à présent le langage d’un chef. Suivez-moi, gardez confiance en la France éternelle}} ({{date-|novembre 1940}}).

[[Fichier:Revolution Nationale poster.png|gauche|vignette|{{Citation|Revolution nationale}} : affiche de 1940]]

Par ailleurs, de nombreux évêques et hommes d’Église mettent leur autorité morale au service d’un culte ardent du maréchal, salué comme l’homme providentiel. Le {{date-|19 novembre 1940}}, le [[primat des Gaules]], le [[Pierre Gerlier|cardinal Gerlier]], proclame ainsi, à la [[primatiale Saint-Jean de Lyon]], en présence du maréchal : {{Citation|Car Pétain, c'est la France et la France, aujourd'hui, c'est Pétain !}}<ref>Jean-Louis Clément, ''Les évêques au temps de Vichy – Loyalisme sans inféodation– Les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944'', Éditions Beauchesne, 1999, {{nobr|279 p.}} {{ISBN|978-2-7010-1355-8}}, {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=GF-EYAnYnWwC}}, {{p.|37-38}}.</ref>. L’[[Assemblée des cardinaux et archevêques de France]], en 1941, assure le chef de l’État de sa « vénération », dans une résolution sans équivalent au {{s-|XX}}. Mais de nombreux Français de tous bords et de toutes croyances communient pareillement dans la confiance au Maréchal. En particulier, le vieux chef [[Monarchisme|monarchiste]] [[Charles Maurras]] salue son arrivée comme une {{Citation|divine surprise}}<ref>Dans le journal ''[[Le Petit Marseillais (journal)|Le Petit Marseillais]]'' du {{date-|9 février 1941}}, voir : Maurice Weyembergh, ''Charles Maurras et la Révolution française'', éd. Vrin, 1992, {{nobr|146 p.}} {{ISBN|978-2-7116-4275-5}} {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=1aYk-sFRM0kC}}, {{p.|116}}.</ref>.

[[Fichier:La-terre-elle-ne-ment-pas-marechal-petain.jpg|vignette|« La terre, elle, ne ment pas. »<br>[[Imagerie]] de [[propagande]] du régime de Vichy.]]Basés à Paris<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=François|nom1=Broche|lien auteur1=François Broche|prénom2=Jean-François|nom2=Muracciole|lien auteur2=Jean-François Muracciole|titre=Histoire de la Collaboration, 1940-1945|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Tallandier]]|année=2017|pages totales=619|isbn=979-10-210-2264-5}}.</ref>, les « ultras de la [[Collaboration en France|Collaboration]]<ref>{{harvsp|Rousso|1984|p=202}}.</ref> » se montrent généralement hostiles à Vichy et à la [[révolution nationale]], qu’ils jugent trop réactionnaires et pas engagés assez loin dans l’appui à l’Allemagne nazie. Cependant, à la suite de [[Philippe Burrin]] et [[Jean-Pierre Azéma]], l’historiographie récente insiste davantage sur les passerelles qui existent entre les hommes de Vichy et ceux de Paris.

Un ultra-collaborationniste comme le futur chef de la [[Milice française]], [[Joseph Darnand]], est ainsi pendant toute l’Occupation un inconditionnel fervent du Maréchal. Le chef fasciste français [[Jacques Doriot]] proclame quant à lui jusqu’à fin 1941 qu’il est « un homme du Maréchal ». Son rival [[Marcel Déat]] a essayé en 1940 de convertir Pétain à son projet de parti unique et de régime totalitaire, s’attirant de ce dernier une fin de non-recevoir ({{Citation|un parti ne peut pas être unique}}) ; déçu, Déat quitte définitivement Vichy et agonit désormais Pétain d'attaques dans son journal ''[[L'Œuvre (journal)|L’Œuvre]]'', à tel point que le maréchal, en 1944, se débrouille pour ne jamais contresigner sa nomination comme ministre. D'autres entourent Pétain de leur vénération sans bornes, tels [[Gaston Bruneton]], chargé de l’action sociale auprès des travailleurs français en Allemagne (volontaires et forcés) en étroite collaboration avec le DAF ([[Deutsche Arbeitsfront|Front allemand du travail]]), ou encore se voient confier des fonctions importantes par Vichy.

==== Programme de révolution nationale ====
===== Choix prioritaire du maréchal Pétain =====
[[Fichier:Revolution Nationale propaganda poster.jpg|vignette|Projet d'affiche conçu pour promouvoir la révolution nationale et stigmatiser la [[Troisième République (France)|Troisième République]] prétendument en proie au capitalisme, au communisme, à l'affairisme, aux juifs et aux francs-maçons. Illustration de R. Vachet, Centre de propagande de la révolution nationale d'Avignon.]]
Instaurant un régime contre-révolutionnaire et autoritaire, le régime de Vichy veut réaliser une « [[révolution nationale]] », à fortes consonances [[antisémitisme|antisémites]], qui rompt avec la tradition républicaine et instaure un ordre nouveau fondé sur l’[[autorité]], la [[hiérarchie]], le [[corporatisme]], l’inégalité entre les [[citoyenneté|citoyens]]. Sa devise « [[Travail, Famille, Patrie]] », empruntée aux « [[Croix-de-Feu]] », remplace le triptyque « [[Liberté, Égalité, Fraternité]] ». Dès l’{{nobr|été 1940}}, un discours du maréchal Pétain prévient que le nouveau régime 
[[Fichier:HYMNES et PAVILLONS DʼINDOCHINE 1941 Leaders flags hymns of French Indochina WW2 Vichy France 07 FRANCE Philippe Petain Marechal Chef de l'etat Francais - IDEO. Hanoi Unidentified author designer No know copyright restrictions 07.jpg|gauche|vignette|Page de ''Hymnes & pavillons dʼIndochine'', une brochure illustrée sur les dirigeants, les [[Drapeau|drapeaux]] et les [[hymnes nationaux]] de la France de Vichy (État français) et de ses colonies en [[Indochine française]], publiée par Les Presses de Imprimerie d'Extrême Orient (IDEO) à [[Hanoï]] dans l'actuel [[Viêt Nam]], pendant la [[Seconde Guerre mondiale]] en décembre 1941. Figure une citation de Pétain sous son portrait : {{Citation|Je vous sais dévoués à la France — Aimez la... Aimez aussi votre petite Patrie parce que cela vous aidera à mieux comprendre et mieux aimer la grande}} .]]
{{citation|sera une hiérarchie sociale. Il ne reposera plus sur l'idée fausse de l'égalité naturelle des hommes, mais sur l'idée nécessaire de l'égalité des « chances » données à tous les Français de prouver leur aptitude à « servir ».}}<ref>{{lien web|titre=Discours du 11 octobre 1940 : l’ordre nouveau|url=http://www.encyclopedie.bseditions.fr/article.php?pArticleId=160&pChapitreId=24028&pSousChapitreId=24031&pArticleLib=Discours+du+11+octobre+1940%A0%3A+l%92ordre+nouveau+%5BR%E9gime+de+Vichy%3A+textes+officiels-%3ELe+proc%E8s+de+P%E9tain%5D|consulté le=11 novembre 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Laborie|lien auteur1=Pierre Laborie|titre=Les Français sous Vichy et l'Occupation|lieu=Toulouse|éditeur=Milan|collection=Les archives de l'histoire|année=2012|pages totales=71|passage=24|isbn=978-2-7459-5461-9}}.</ref>{{,}}<ref>{{Chapitre |prénom1=Jean-Pierre |nom1=Azéma|lien auteur1= Jean-Pierre Azéma|titre chapitre=Vichy face au modèle républicain|auteurs ouvrage=[[Serge Berstein]] et [[Odile Rudelle]] (dir.)|titre ouvrage=Le modèle républicain|lieu=Paris |éditeur=Presses universitaires de France |collection= Politique d'aujourd'hui |année= 1992|pages totales=431|isbn=2-13-044166-1|passage=337-356}}.</ref>.
La révolution nationale est la priorité de Pétain, dont il fait son affaire personnelle, et qu'il encourage par ses discours et ses interventions en Conseil des ministres. Cependant, dès {{date-|août 1941}}, il avoue à la radio {{Citation|la faiblesse des échos qu’ont rencontré}} ses projets, parmi la masse de la population. À partir du retour au pouvoir de Laval en {{date-|avril 1942}}, la révolution nationale n’est plus à l’ordre du jour.[[Fichier:Pétain - portrait photographique.jpg|vignette|Philippe Pétain. Photographie officielle couleur titrée sur papier, imprimerie [[Draeger]], vers 1941.]]L’historiographie récente, depuis les travaux d'[[Henri Michel (historien)|Henri Michel]], [[Robert Paxton]] ou [[Jean-Pierre Azéma]], tend à montrer que le désir de pouvoir enfin « redresser » la France à sa façon a poussé largement Pétain, en {{date-|juin 1940}}, à retirer la France de la guerre par l’armistice. Cette thèse est également développée par [[Henri Guillemin]], pour qui Pétain poursuivait dès 1934 des objectifs de politique intérieure. C’est également lui qui le pousse à accepter l’entente avec le vainqueur : la révolution nationale ne peut prospérer que dans une France défaite, car c'est la défaite qui rend caduques les institutions républicaines qui l'ont provoquée et justifie la nécessité d'une telle révolution. Pour les pétainistes, une victoire alliée signifierait de plus le retour des Juifs, des francs-maçons, des républicains et des communistes.

Selon ces historiens, Pétain néglige aussi le péril et la contradiction qu’il y a à entreprendre ses réformes sous le regard de l’occupant. Cette illusion est d’ailleurs dénoncée dès l’époque par la [[France libre]] du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]], mais également par nombre de [[Résistance intérieure française|résistants]], dont certains avaient pu au départ être tentés par le programme de Pétain, mais qui estiment dangereux de se tromper sur les priorités et vain d'entreprendre des réformes, tant que les Allemands ne sont pas chassés du pays.

En {{date-|août 1943}}, [[François Valentin (homme politique)|François Valentin]], le chef de la [[Légion française des combattants]], nommé à ce poste par Pétain lui-même, rejoint [[Londres]], enregistre et fait diffuser à la [[BBC]] un message retentissant dans lequel il fait son autocritique et dénonce la faute grave du maréchal et de ses fidèles : {{Citation|On ne reconstruit pas sa maison pendant qu’elle flambe !}}<ref>[http://www.lalande2.com/articles.php?lng=fr&pg=551#four Le texte de l'appel de Valentin].</ref>

Mais, si les historiens ont déterminé les intentions de Pétain, ce n'était pas toujours le cas des personnes vivant à l'époque, et, si Pétain conduisit par exemple une politique antisémite, ceux qui l'admiraient n'avaient pas forcément de telles idées. Enfin, les « vichysto-résistants »<ref name="vichysto">Expression utilisée par [[Jean-Pierre Azéma]] et [[Olivier Wieviorka]], en 1997, dans ''Vichy, 1940-1944'', éd. Perrin, Paris, 1997 ; rééd. Perrin, coll. « Tempus », 2000 et 2004, {{nobr|374 p.}} {{ISBN|978-2-262-02229-7}}, {{p.|355-357}}. Depuis, l'expression a été assez souvent reprise par Azéma et [[Denis Peschanski]], « Les vichysto-résistants », communication au colloque « Guerre, collaboration, résistance : un demi-siècle d’historiographie française », Tel-Aviv, du 17 au {{date-|19 mai 2005}}, par Robert Belot, ''La Résistance sans de Gaulle'', Fayard, 2006, 668{{nb p.}} {{ISBN|978-2-213-62954-4}} et par [[Henry Rousso]], ''L'Express'' {{numéro|2871}} du {{date-|13 juillet 2006}}.</ref>, souvent séduits par la révolution nationale mais hostiles à la collaboration et à l'occupant, furent nombreux.

===== Réformes, contrôles et exclusions =====
{{Article connexe|Lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy}}
[[Fichier:Statut des Juifs - page 1.jpg|vignette|gauche|redresse|Texte du [[Lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy|statut des Juifs]], annoté de la main de Pétain ({{nobr|page 1}}). ''Archives Mémorial de la Shoah.'']]
[[Fichier:'Entreprise juive' affichage obligatoire, Le Matin, 19-10-1940.jpg|vignette|Marque obligatoire bilingue allemand-français à afficher sur la devanture des entreprises juives, France, {{date-|octobre 1940}}.]]
Les premières mesures sont prises par la loi du {{date-|13 août 1940}} qui dissout les sociétés secrètes et interdit la franc maçonnerie en France et dans toutes les colonies et territoires sous mandat français.

Par décret pris quelques jours après la loi, les sièges des obédiences sont occupés par la police et les lieux d'exercice (temples maçonniques) sont fermés. En {{date-|septembre 1940}}, le gouvernement oblige tous les agents publics à faire une déclaration, afin de servir le nouveau régime, certifiant qu'ils ne sont pas francs maçons ; s'ils le sont, ils se retrouvent exclus de la fonction publique ou de l'armée.

Les secondes mesures sont notamment dirigées contre les Juifs dès la loi du {{date-|3 octobre 1940}}, bien que le maréchal semble avoir été imperméable à l'antisémitisme avant la guerre : il soutint la candidature d'André Maurois à l'Académie française, fut représenté à l'enterrement d'[[Edmond de Rothschild]] en 1934, fut témoin au mariage de l'économiste israélite [[Jacques Rueff]] en 1937 et le parrain de sa fille en 1938{{sfn|Epstein|2001|p=199}}.

[[Fichier:Le statut des Juifs est promulgué - Le Matin.jpg|vignette|Une du journal ''[[Le Matin (France)|Le Matin]]'' du {{date-|19|octobre|1940}}, annonçant la promulgation du [[Loi portant statut des Juifs|statut des Juifs]] ainsi que la révocation du [[Franc-maçonnerie en France|franc-maçon]] Louis Doignon.]]

Dès la troisième semaine de {{date-|juillet 1940}}, ainsi, des mesures sont prises pour écarter des fonctionnaires juifs, et une commission est fondée pour réviser et annuler des milliers de [[naturalisation]]s accordées depuis 1927. En {{date-|octobre 1940}}, sans aucune demande particulière de la part des Allemands, des lois d’exclusion adoptées à la hâte contre les [[Juifs]] sont promulguées<ref>[http://www.amgot.org/statut.htm amgot.org, « Loi portant statut des Juifs »], Lois sur le statut des Juifs, textes repris du ''Journal officiel''.</ref> (voir l’article : [[régime de Vichy]]).

Selon le témoignage du ministre des Affaires étrangères [[Paul Baudouin]]<ref>Paul Baudouin, ''Neuf mois au gouvernement, avril à {{date-|décembre 1940}}'', Éditions La Table Ronde, 1948.</ref>, Pétain a personnellement participé à la rédaction du [[Lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy|statut des Juifs]] et insisté pour qu’ils soient par exemple davantage exclus du milieu médical et de l'enseignement. Le brouillon originel de ce texte, qui est redécouvert en {{date|octobre 2010}}, annoté de la main du maréchal, prouvant ainsi son implication personnelle<ref name="Libération2010">{{Article |titre=Comment Pétain a durci le statut des Juifs d'octobre 1940 |périodique=[[Libération (journal)|Libération]] |date=3 octobre 2010|url=http://www.liberation.fr/politiques/01012293934-comment-petain-a-durci-le-statut-des-juifs-d-octobre-1940 }}.</ref>, confirme bien que Pétain a durci la version première et fait étendre l'exclusion à la totalité des Juifs de France, alors qu'elle ne devait concerner d'abord que les Juifs ou descendants de Juifs naturalisés après [[1860]]<ref>{{Article |titre=Découverte du texte original établissant un statut pour les juifs sous Vichy |périodique=[[Le Monde]] |date=3 octobre 2010|url=https://www.lemonde.fr/societe/article/2010/10/03/decouverte-du-texte-original-etablissant-un-statut-pour-les-juifs-en-1940_1419641_3224.html#ens_id=1419662 }}.</ref>.

Les textes discriminatoires du {{date-|3 octobre 1940}} sont durcis le {{date-|2 juin 1941}} : ils excluent ainsi les Français de « race juive » (déterminée par la religion des grands-parents) de la plupart des fonctions et activités publiques. Des quotas sont fixés pour l’admission des Juifs au [[barreau]], dans le monde universitaire ou médical. Lors du statut du {{date-|2 juin 1941-}}, la liste des métiers interdits s’allonge démesurément.

Dans le même temps par une loi du {{date-|29 mars 1941}}, promulguée par le maréchal, est créé un {{Citation|[[Commissariat général aux questions juives]]}}<ref>[http://pages.livresdeguerre.net/pages/sujet.php?id=docddp&su=103&np=321 Loi du {{date-|29 mars 1941}} créant un Commissariat général aux questions juives, publiée au Journal officiel du {{date-|31 mars 1941}}].</ref>.

Auprès du maréchal se pressent des hommes de tous bords, mêlant de façon baroque, au sein de sa {{Citation|dictature pluraliste}}<ref name="hoffmann_pluralist"/>, des technocrates modernistes et des révolutionnaires déçus du marxisme aussi bien que des maurrassiens et des réactionnaires. Pétain cependant manifeste personnellement des orientations proches de ''[[L'Action française (quotidien)|L’Action française]]'' ({{refnec|seul journal qu’il lise quotidiennement}}) et cite surtout en exemple à ses proches les régimes conservateurs et cléricaux de [[António de Oliveira Salazar|Salazar]] et de [[Francisco Franco|Franco]], qu’il connaît personnellement depuis 1939.

Parallèlement au développement d’un pouvoir centralisé, le maréchal se consacre au « relèvement de la France » : rapatriement des réfugiés, démobilisation, ravitaillement, maintien de l’ordre. Mais loin de se limiter à gérer les [[affaires courantes]] et à assurer la survie matérielle des populations, son régime est le seul en [[Europe]] à développer un programme de réformes intérieures, indépendant des demandes allemandes.

Certaines mesures prises à cette époque ont survécu, comme la création d’un ministère de la Reconstruction, l’unification du permis de construire, la transformation du service géographique des armées en [[Institut national de l'information géographique et forestière|IGN]] en {{date-|juillet 1940}}, l’étatisation des polices municipales par une loi en {{date-|avril 1941}} en vue de faciliter le contrôle des populations, ou encore une politique familiale, déjà amorcée par la {{IIIe|République}} finissante et prolongée sous la [[Quatrième République (France)|{{IVe|République}}]]. D’autres dispositions sont adoptées : campagne contre l’alcoolisme, interdiction de fumer dans les salles de spectacle, inscription de la [[fête des Mères]] au calendrier. D’autres encore portent la marque des projets réactionnaires du chef de l’État, comme la pénalisation des [[homosexualité|relations homosexuelles]] avec des personnes mineures. De nombreux étrangers supposés {{Citation|en surnombre dans l’économie française}} sont incorporés de force dans des [[Groupement de travailleurs étrangers|Groupes de travailleurs étrangers]] (GTE). Les Écoles normales, bastion de l’enseignement laïc et républicain, sont supprimées à la fin de l'année 1940 et le baccalauréat devient alors obligatoire pour pouvoir enseigner dans l'enseignement primaire, le futur instituteur se formant alors « sur le tas » en étant en stages pendant plus d'une année, dans les écoles maternelles ou élémentaires. Les lois des [[11 octobre|11]] et {{date-|27 octobre 1940}} contre l’emploi des femmes en renvoient des milliers au foyer de gré ou de force. Le [[divorce]] est rendu nettement plus difficile, et le nombre de poursuites judiciaires et de condamnations pour avortement explose littéralement par rapport à l’entre-deux-guerres<ref>Voir [[Chronologie du droit relatif à la contraception et de l'avortement en France]].</ref>. En {{date-|septembre 1941}}, apparaît le premier statut général des fonctionnaires civils. Rompant avec l'usage existant depuis près de cinquante ans qui accordait la [[grâce présidentielle]] aux femmes condamnées à mort, il la refuse à [[Élisabeth Lamouly]] qui est guillotinée en {{Date-||janvier|1941}}, quatre autres femmes seront ainsi châtiées dont l'avorteuse, [[Affaire Marie-Louise Giraud|Marie-Louise Giraud]], qui sera guillotinée en {{Date-||juillet|1943}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Yves |nom1=Le Naour |titre=Histoire de l'abolition de la peine de mort |éditeur=Éditions Perrin |date=2011 |isbn=978-2-262-03689-8 |doi=10.3917/perri.naour.2011.01 |lire en ligne=http://www.cairn.info/histoire-de-l-abolition-de-la-peine-de-mort--9782262036898.htm |consulté le=2023-04-07 |titre chapitre=Se laver de la guerre (1914-1962) |passage=247-288}}</ref>. Autre rupture avec la {{IIIe|République}}, les rapports étroits noués avec les Églises : Pétain, personnellement peu croyant, voit comme [[Charles Maurras|Maurras]] en la religion un facteur d’ordre, et ne manque pas d’assister à chaque messe dominicale à l’[[église Saint-Louis de Vichy]].

[[Fichier:Chantiers de la jeunesse BNF.jpg|vignette|gauche|redresse|Affiche des [[Chantiers de la jeunesse française]], 1941.]]

Dans l’optique de la « restauration » de la France, le régime de Vichy crée très tôt, sous la direction de [[Joseph de La Porte du Theil]], un fidèle très proche du maréchal Pétain, des camps de formation qui durent six mois et qui deviendront plus tard les [[Chantiers de la jeunesse française]]. L’idée est de réunir toute une classe d’âge (en remplacement du service militaire interdit par les Allemands), et, à travers une vie au grand air, par des méthodes proches du [[scoutisme]], leur inculquer les valeurs morales du nouveau régime (culte de la hiérarchie, rejet de la ville industrielle corruptrice), ainsi que la vénération à l’égard du chef de l’État.

D’autres moyens de contrôle sont également mis en place dans le domaine économique, comme les Comités professionnels d’organisation et de répartition, ayant un pouvoir de juridiction sur leurs membres ou un pouvoir de répartition des matières premières, pouvoir capital en ces temps de restrictions généralisées.

[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-H26364, Paris, Anwerbung französischer Arbeiter.jpg|vignette|À [[Paris]], l'armée d'[[occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation allemande]] sélectionne les futurs travailleurs du [[Service du travail obligatoire (France)|Service du travail obligatoire]].]]

À destination des ouvriers, Pétain prononce le {{date-|1er mai 1941}} un important discours à [[Saint-Étienne]], où il expose sa volonté de mettre fin à la lutte des classes en prohibant à la fois le [[capitalisme]] [[Libéralisme|libéral]] et la révolution [[Marxisme|marxiste]]. Il énonce les principes de la future [[Charte du travail du 4 octobre 1941|Charte du travail]], promulguée en {{date-|octobre 1941}}. Celle-ci interdit à la fois les grèves et le ''[[lock-out]]'', instaure le système du syndicat unique et le [[corporatisme]], mais met aussi en place des comités sociaux (préfiguration des [[Comité d'entreprise|comités d'entreprise]]) et prévoit la notion de salaire minimum. La Charte séduit de nombreux syndicalistes et théoriciens de tous bords ([[René Belin]], [[Hubert Lagardelle]]). Mais elle peine à entrer en application, et ne tarde pas à se briser sur l’hostilité de la classe ouvrière au régime et à ces idées, l’aggravation des pénuries, l’instauration du [[Service du travail obligatoire (France)|Service du travail obligatoire]] (STO) en {{date-|septembre 1942}}, et enfin sur la lutte menée contre elle par les syndicats clandestins de la [[Résistance intérieure française]].

Véritables enfants chéris de Vichy, les paysans passent cependant longtemps pour les vrais bénéficiaires du régime de Pétain. Lui-même propriétaire terrien en sa résidence de [[Villeneuve-Loubet]], un vaste domaine agricole qu'il gère lui-même<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97934521/f13.image ''Échos, par Deck''], L'Automobile sur la Côte d'azur, {{date-|septembre 1937}}, {{p.|11}}.</ref>, le maréchal affirme que {{Citation|la terre, elle, ne ment pas}}, et encourage le retour à la terre — politique soldée sur un échec, moins de {{unité|1500|personnes}} en quatre ans tentant de suivre ses conseils. La [[Corporation paysanne]] est fondée par une loi du {{date-|2 décembre 1940}}<ref>sciences-sociales.ens.fr, Julien Kurtz, Matthieu Pujuguet, Jacques-Benoit Rauscher, ''Les politiques agricoles de 1939 à 1958 : D’une agriculture protégée à une agriculture dirigée'', Ens Cachan {{lire en ligne|lien=http://www.sciences-sociales.ens.fr/forma/agreg/hss2003/monde-agricole/chronologie/c1939-1958.html}}.</ref>{{,}}<ref name="Corpopaysanne">''La lettre de la fondation de la Résistance'', {{numéro}}43, {{date-|décembre 2005}} [http://www.fmd.asso.fr/updir/70/concours_partie_2.pdf ''La Corporation paysanne'', sur fmd.asso.fr].</ref>{{,}}<ref>[http://www.pressesdesciencespo.fr/livre/?GCOI=27246100449960 pressesdesciencespo.fr, Isabel Boussard-Decaris, ''Vichy et la Corporation paysanne''.].</ref>. Une partie des membres se détache du régime fin 1943 et lui font aussi servir de base à la création d'un syndicalisme paysan clandestin fin 1943, la [[Confédération générale de l'agriculture]] (CGA)<ref name="Corpopaysanne"/> qui voit le jour officiellement le {{date-|12 octobre 1944}}, lors de la dissolution de la Corporation paysanne par les autorités et qui se prolongera sous la forme de la [[Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles|FNSEA]] en 1946<ref>sciences-sociales.ens.fr, Julien Kurtz, Matthieu Pujuguet, Jacques-Benoit Rauscher, ''Les politiques agricoles de 1939 à 1958 : D’une agriculture protégée à une agriculture dirigée'', Ens Cachan {{lire en ligne|lien=http://www.sciences-sociales.ens.fr/forma/agreg/hss2003/monde-agricole/chronologie/c1939-1958.html}}
{{commentaire biblio|« […] [En mars 1945] La CGA est une confédération composée de 7 branches dont la FNSEA, qui majoritaire, ne peut cependant pas imposer sa loi et seule la CGA est reconnue par les pouvoirs publics comme représentative du monde paysan […] ».

« 1946 janvier-février. L’épreuve de vérité pour la CGA a lieu en 1946 quand les paysans sont appelés à élire librement les représentants à la FNSEA. Dans la plupart des régions ces élections sont interprétées comme un référendum sur les nouvelles institutions agricoles. Deux tendances se dessinent alors dans le monde agricole : la FNSEA plus droite d’un côté et de l’autre la CGA. Ce sont deux visions de l’agriculture qui s’affrontent […] »}}</ref>.

Développant fréquemment et complaisamment la vision doloriste d’une France « décadente » qui expie maintenant ses « fautes » antérieures, Pétain entretient les Français dans une mentalité de vaincu : {{Citation|Je ne cesse de me rappeler tous les jours que nous avons été vaincus}} (à une délégation, {{date-|mai 1942}}), et manifeste un souci particulier pour les soldats prisonniers, images mêmes de la défaite et de la souffrance : {{Citation|Je pense à eux parce qu’ils souffrent […]}}, ([[Noël]] 1941). Selon son chef de cabinet, [[Henry du Moulin de Labarthète]], le tiers du temps de travail quotidien du maréchal était consacré aux prisonniers. De ces derniers, Vichy rêvait de faire les propagateurs de la révolution nationale à leur retour.

===== De la Légion à la Milice =====
[[Fichier:Joseph Darnand c1940.jpg|vignette|redresse|[[Joseph Darnand]], secrétaire général de la [[Milice française|Milice]].]]
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1989-107-24, Frankreich, Einsatz gegen die Resistance.jpg|vignette|gauche|Arrestation de [[Résistance intérieure française|résistants]] par la [[Milice française|Milice]], {{date-|juillet 1944}}.]]
La période consécutive à l’armistice voit aussi la création de la « [[Légion française des combattants]] » (LFC), à laquelle sont ensuite agrégés les « Amis de la Légion » et les « Cadets de la Légion ». Fondée par le très antisémite [[Xavier Vallat]] le {{date-|29 août 1940}}, elle est présidée par le maréchal Pétain en personne. Pour Vichy, elle doit servir de fer de lance de la révolution nationale et du régime. À côté des parades, des cérémonies et de la propagande, les Légionnaires actifs doivent surveiller la population, et dénoncer les déviants et les fautifs de « mauvais esprit ».

Au sein de cette légion se constitue un Service d’ordre légionnaire (SOL) qui s’engage immédiatement dans la voie du [[Collaboration en France|collaborationnisme]]. Cet organisme est commandé par [[Joseph Darnand]], héros de la Première Guerre mondiale et de la campagne de 1940, et fervent partisan de Pétain (sollicité en 1941 de joindre la Résistance, il refuse, selon le témoignage de [[Claude Bourdet]], parce que « le Maréchal » ne comprendrait pas). Ce même organisme devient en {{date-|janvier 1943}} la « [[Milice française]] ». À la fin de la guerre, alors que Vichy est devenu un régime fantoche aux ordres des Allemands, la Milice qui compte au maximum {{unité|30000|hommes}}, dont beaucoup d’aventuriers et de droit-communs, participe activement à la lutte contre la Résistance, avec les encouragements publics du maréchal Pétain comme de [[Pierre Laval]], son président officiel. Haïe de la population, la Milice perpètre régulièrement délations, tortures, rafles, exécutions sommaires, qui se mêlent à d’innombrables vols, viols, voies de faits sur la voie publique ou contre des fonctionnaires.

Pétain attend le {{date-|6 août 1944}} pour les désavouer dans une note à Darnand, trop tardivement pour que ce dernier soit dupe. {{Citation|Pendant quatre ans}}, rappellera Darnand dans sa réponse caustique au maréchal, {{Citation|vous m’avez encouragé au nom du bien de la France, et maintenant que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de l’[[Histoire de France]]. On aurait pu s’y prendre avant !}}.

==== Collaboration d’État ====
[[Fichier:Arthur Szyk - Le maréchal Pétain écoutant la voix de son maître.jpg|vignette|Le maréchal Pétain écoutant la voix de son maître.<br> Parodiant un célèbre [[La Voix de son maître|logo canin]], la caricature est signée [[Arthur Szyk]], New York, 1941<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Joseph P.|nom1=Ansell|titre=Arthur Szyk|sous-titre=Artist, Jew, Pole|lieu=Liverpool|éditeur=Liverpool University Press|collection=The Littman Library of Jewish Civilization|année=2004|pages totales={{XVI}}-332|isbn=978-1-874774-94-5|passage=139|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=-m1vEAAAQBAJ&newbks=1&newbks_redir=0&lpg=PA139&dq=Szyk%20p%C3%A9tain&hl=fr&pg=PA139#v=onepage&q&f=false}}.</ref>.]]
Sur le plan de la politique extérieure, Pétain a retiré d’emblée le pays du conflit mondial en cours, et affecte de croire que ce dernier ne concerne plus du tout la France. S’il refuse jusqu’au bout toute rentrée dans la guerre aux côtés d’un des deux camps, il ne refuse pourtant pas le combat contre les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] chaque fois qu'il en a l'occasion et annonce dès {{date-|octobre 1940}}, son intention de reprendre par la force les territoires sous autorité de la [[France libre]]<ref name="clioonline">[http://www.europa.clio-online.de/site/lang__en/ItemID__7/mid__11373/40208215/default.aspx « Pétain, Philippe : Message du {{date-|30 octobre 1940}} »], ''Themenportal Europäische Geschichte'', sur le site ''europa.clio-online.de'', consulté le {{date-|26 mai 2009}}.</ref>. Il pratique donc une « neutralité dissymétrique » qui profite aux Allemands. Il choisit en effet de s’entendre avec le vainqueur et imagine que la France, avec son empire colonial, sa flotte et sa bonne volonté à coopérer, peut obtenir une bonne place dans une Europe durablement allemande. Ceci peut être perçu comme une certaine naïveté de la part de Pétain : dans l’idéologie nazie, la France était en effet l’ennemie irréductible de l’Allemagne, elle devait être écrasée et ne pouvait en aucun cas bénéficier d’une quelconque place privilégiée à ses côtés.

Il est bien établi, depuis les travaux d'[[Eberhard Jäckel]]<ref>[[Eberhard Jäckel]], ''Frankreich in Hitlers Europa – Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg'', Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, Stuttgart, 1966 ; traduction : ''La France dans l'Europe de Hitler'' (préface de [[Alfred Grosser]], traduction de Denise Meunier), éd. Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1968, {{nobr|554 p.}} ; cité par [[Stanley Hoffmann]] dans sa préface à ''La France de Vichy'', {{harvsp|Paxton|1999|p=41}}.</ref> et surtout de [[Robert Paxton]], que Pétain a activement recherché et poursuivi cette [[Collaboration en France|collaboration]] avec l’Allemagne nazie. Elle ne lui a pas été imposée. Moins intéressé par la politique extérieure que par la [[révolution nationale]], sa vraie priorité, Pétain laisse Darlan et Laval mettre en œuvre les volets concrets de la collaboration d’État. Mais l’une est en réalité le revers de l’autre, selon les constats concordants de l’historiographie contemporaine : les réformes vichystes n’ont pu se mettre en place qu’en profitant du retrait de la France de la guerre, et elles ne sauraient survivre à une victoire alliée. Par ailleurs, le « mythe Pétain »{{sfn|Ferro|2009|p=??}} est indispensable pour faire accepter à bien des Français la collaboration. Le prestige du vainqueur de Verdun, son pouvoir légal sinon légitime, brouillent en effet dans les consciences en désarroi la perception des devoirs et des priorités.

===== Rencontre de Montoire =====
[[Fichier:Bundesarchiv Bild 183-H25217, Henry Philippe Petain und Adolf Hitler.jpg|vignette|gauche|Pétain et Hitler à [[Entrevue de Montoire|Montoire]], le {{date-|24|10|1940}}.]]
{{début d'illustration|droite|largeur=250}}
{{fin d'illustration |
|Situation de la France sous le gouvernement de Philippe Pétain :
* en juillet 1940, selon les accords de Montoire, le pays est coupé en quatre : zone occupée, zone libre (séparées par une ligne de démarcation), [[Alsace-Moselle]] annexée ''de facto'' par le [[Troisième Reich|Reich]], et deux départements du Nord sous l'administration militaire allemande de Bruxelles ;
* en novembre 1942 la zone occupée allemande s'étend : à la zone initiale (dite « zone Nord ») s'ajoute la majeure partie de la zone libre (dite « zone Sud » à partir de {{date-|novembre 1942}}) ; simultanément l'Italie occupe la plupart des territoires à l'est du [[Rhône]] et la [[Corse]] ; Philippe Pétain choisit cependant de rester en France et de poursuivre la Collaboration avec l'aide de Pierre Laval, tandis que l'amiral Darlan, alors à Alger, prend le parti des Alliés (mais meurt assassiné peu après) ;
* en octobre 1943 les Italiens se retirent, la zone occupée allemande s'étend à tout le pays, mais simultanément la Corse se libère ; la Collaboration s'intensifie ;
* durant l'été 1944, à partir du 6 juin, la plus grande partie du territoire est libérée par les forces [[Alliés|Alliées]] et celles de la [[Résistance française|Résistance]] : Philippe Pétain et son gouvernement sont alors transportés par les Allemands à [[Sigmaringen]].
}}

Après avoir affecté pendant trois mois de rester neutre dans le conflit en cours entre l’Axe et le [[Royaume-Uni]], Pétain engage personnellement et officiellement, par son discours radiodiffusé du {{date-|30 octobre 1940}}, le régime de Vichy dans la [[Collaboration en France|collaboration]]<ref>Il déclare notamment : {{citation|C’est dans l’honneur et pour maintenir l’unité française, une unité de dix siècles, dans le cadre d’une activité constructive du nouvel ordre européen, que j’entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration […] Cette collaboration doit être sincère […]}}.</ref>{{,}}<ref name="clioonline"/>, à la suite de l’[[entrevue de Montoire]] du {{date-|24 octobre 1940}}, durant laquelle il rencontra [[Adolf Hitler|Hitler]]<ref>Cette entrevue ne fit l'objet d'aucun compte rendu officiel, mais on sait que seul le principe de la collaboration fut établi sans qu'aucun engagement ne soit pris d'aucune part. Il est d'ailleurs important de souligner que cette entrevue intervint en même temps que les débats de la commission d'armistice entre la France et l'Allemagne, tout en étant totalement distincte. {{Cf.|maj}} : Marc Ferro, ''Questions sur la Seconde Guerre mondiale'', Éditions Complexe, 2007, {{p.|38}}.</ref>. Cette « [[poignée de main]] de Montoire », sera par la suite largement diffusée aux actualités cinématographiques, et exploitée par la propagande allemande.

Certes, l’armistice avait permis, en un premier temps, de limiter l’occupation allemande à la [[zone occupée|moitié nord et ouest]] du territoire. Mais l’autonomie de la [[zone libre|zone sud]] est toute relative, car Pétain, avec ou sans discussion préliminaire, plie le plus souvent devant les exigences des autorités allemandes, quand son gouvernement ne va pas spontanément au-devant de celles-ci.

Cette collaboration d’État entraîne plusieurs conséquences. Le maréchal, alors que son prestige reste immense, s’interdit de protester, au moins publiquement, contre les exactions de l’occupant et de ses auxiliaires français ou contre l’annexion de fait, contraire à la convention d’armistice, de l’[[Alsace]] et de la [[Moselle (département)|Moselle]]. Aux parlementaires des trois départements, qu’il reçoit le {{date-|4 septembre 1942}} alors que commence l’incorporation massive et illégale des Français d'Alsace et de Lorraine, dits les [[malgré-nous]] dans la [[Wehrmacht]], il ne conseille que la résignation. La veille, il avait fait remettre par Laval une protestation officielle, qui restera sans suite.

En 1941, le régime de Pétain est ''[[de facto]]'' [[cobelligérance|allié]] avec les forces militaires allemandes lors de la [[Campagne de Syrie (1941)|guerre de Syrie contre les Alliés]].
[[Fichier:Göring mit Petain und Darlan 1941.jpg|gauche|vignette|le [[Reichsmarschall]] [[Hermann Göring|Göring]] s'entretient à [[Saint-Florentin (Yonne)|Saint-Florentin]]-[[Vergigny]] en France avec le chef du gouvernement français, le maréchal Pétain, à gauche l'amiral [[François Darlan]].]]
Le [[Maxime Weygand|général Weygand]], connu pour son hostilité à la collaboration, ayant été limogé en {{date-|novembre 1941}}, Pétain obtient [[Entrevue de Saint-Florentin|une entrevue avec Göring]] à [[Saint-Florentin (Yonne)|Saint-Florentin]] le {{date-|1er décembre 1941-}}<ref>André Kaspi, Ralph Schor, « La Seconde Guerre mondiale : chronologie commentée », Éditions Complexe, 1995 {{isbn|2870275919}}, {{p.|252}}.</ref>. Mais c'est un échec, les Allemands refusant de céder à ses demandes : extension de la souveraineté de Vichy à toute la France sauf l'[[Alsace-Lorraine]], réduction des frais d'occupation et du nombre de prisonniers de guerre et renforcement des moyens militaires de l'Empire<ref>André Béziat, ''Franklin Roosevelt et la France (1939-1945)'', L'Harmattan, 1997 {{isbn|2738460704}}, {{p.|160-161}}.</ref>.

En {{date-|avril 1942}}, sous la pression allemande, mais aussi parce qu’il est déçu des maigres résultats de Darlan, Pétain accepte le retour au pouvoir de [[Pierre Laval]], désormais doté du titre de « chef du gouvernement ».

Il n’y a pas de différence en politique extérieure entre un « Vichy de Pétain » et un « Vichy de Laval », comme l’ont suggéré [[André Siegfried]], [[Robert Aron]]{{référence souhaitée}} ou [[Jacques Isorni]]. S’il n’a aucune affection personnelle pour Laval, Pétain couvre sa politique de son autorité et de son charisme, approuve ses orientations en Conseil des ministres, et même parfois les mots de ses discours. Ainsi celui du {{date-|22 juin 1942}} où Laval prononce ces mots retentissants : {{Citation|''Je souhaite la victoire de l’Allemagne'' parce que, sans elle, le [[bolcheviks|bolchevisme]], demain, s'installerait partout}} : [[Charles Rochat]] a témoigné par écrit pour la Haute Cour de justice que Pétain les avait avalisés, en faisant même changer un « Je crois » initial en un « Je souhaite » encore plus critique<ref>[https://criminocorpus.org/fr/ref/114/106975/ Procès du maréchal Pétain devant la Haute Cour de justice], 1945 (Musée Criminocorpus, {{p.|336}}).</ref>.

En {{date-|juin 1942}}, devant une délégation de visiteurs à [[Vichy]], Pétain assure qu’il agit {{Citation|main dans la main}} avec Laval, que les ordres de ce dernier sont {{Citation|comme les [siens]}} et que tous lui doivent obéissance {{Citation|comme à [lui-même]}}. Lors du procès de Pétain, Laval déclarera sans ambiguïté qu’il n’agissait qu’après en avoir déféré à l'avis du maréchal : tous ses actes avaient été approuvés préalablement par le chef de l’État.

==== Rafle du billet vert par la police française en 1941 ====
{{Article connexe|Rafle du billet vert}}
Sur la base des recensements effectués, {{nombre|6694 Juifs}} étrangers, des Polonais pour la plupart, des hommes de 18 à {{nobr|60 ans}} habitant en région parisienne, reçoivent une convocation pour « examen de situation » (le billet vert), les sommant de se rendre, accompagnés d'un proche, dans divers lieux de rassemblement le {{date-|14 mai 1941}}. Plus de la moitié ({{formatnum:3747}}) obéissent et sont aussitôt arrêtés pendant que la personne qui les accompagne est invitée à aller leur chercher des affaires et des vivres. Ils sont transférés en autobus à la [[gare de Paris-Austerlitz|gare d'Austerlitz]] et déportés le jour même par quatre trains spéciaux vers les camps d'internement du Loiret (à peu près {{formatnum:1700}} à [[Pithiviers]] et {{formatnum:2000}} à [[Beaune-la-Rolande]])

Dans leur très grande majorité, les victimes de cette opération sont déportées lors des premiers [[Convois de la déportation des Juifs de France|convois]] de juin et {{date-|juillet 1942}} et assassinées à [[Auschwitz|Auschwitz-Birkenau]].

En {{date-|octobre 1941}}, les Allemands exécutent {{nobr|48 otages}} en [[représailles après la mort de Karl Hotz]], ''Feldkommandant'' des troupes d'occupation du département de Loire-Inférieure. À la suite de ces représailles qui soulèvent l’indignation générale, Pétain a des velléités secrètes de se constituer lui-même comme otage à la [[Ligne de démarcation (France)|ligne de démarcation]], mais son ministre [[Pierre Pucheu]] l’en dissuade vite au nom de la politique de collaboration, et le maréchal ne fait finalement de discours que pour blâmer les auteurs d’attentats et appeler les Français à les dénoncer.

'''Rafle du Vel' d'Hiv''''
{{Article connexe|Rafle du Vélodrome d'Hiver}}

Lorsque fin {{date-|juin 1942}}, Laval informe le Conseil des ministres de la prochaine mise en œuvre de la [[rafle du Vélodrome d'Hiver]], le procès-verbal témoigne que Pétain agrée comme « juste » la livraison de milliers de Juifs aux nazis. Puis le {{date-|26 août 1942}}, la zone sud devint le seul territoire de toute l’Europe d’où des Juifs, souvent internés par Vichy depuis 1940 dans les très durs camps de [[camp de Gurs|Gurs]], [[Noé (Haute-Garonne)#Histoire|Noé]], [[Rivesaltes#Histoire|Rivesaltes]], furent envoyés à la mort alors même qu’aucun soldat allemand n’était présent.
[[Fichier:Notre Mère L'Europe.jpg|vignette|Carte postale illustrée d'une poule blanche ("Notre Mère L'Europe") avec des poussins portant différents drapeaux européens. Plusieurs poussins sont indécis et un poussin britannique en colère se dirige vers un piège portant un drapeau américain et une [[étoile de David]]. La légende indique "Pâques 42".]]
Maintenant [[antisémitisme|antisémite]], Pétain s’est opposé en {{date-|mai 1942}} à l'introduction en zone sud du port obligatoire de l’[[étoile jaune]], mais il n’a pas protesté contre son introduction en zone nord, et en zone sud son gouvernement fait apposer le tampon « Juif » sur les papiers d’identité à partir de fin 1942. En {{date-|août 1943}}, comme les Allemands pressent Vichy de retirer en bloc la nationalité française aux Juifs, ce qui aurait favorisé leur déportation, le [[Valerio Valeri|nonce]] le fait prévenir discrètement que {{Citation|le pape s’inquiète pour l’âme du Maréchal}}, ce qui impressionne le vieil homme et contribue à l’échec du projet<ref>Jacques Duquesne, ''Les Catholiques sous l’Occupation'', Points-Seuil, 1996.</ref>. En tout, {{unité|76000 Juifs}} parmi lesquels {{unité|11000 enfants}}, non réclamés au départ par les Allemands, ont été déportés de France sous l’Occupation, dont 80 % ont été arrêtés par la police française. Un tiers avait la nationalité française. Seuls 3 % survivront aux déportations dans les camps de concentration.

À ce sujet, l'historien [[André Kaspi]] écrit : {{Citation|Tant que la zone libre n'est pas occupée, on y respire mieux [pour les Juifs] que dans la zone Nord. Qui le nierait ? Surtout pas ceux qui ont vécu cette triste période. De là cette conclusion : Vichy a sacrifié les Juifs étrangers pour mieux protéger les Juifs français, mais sans Pétain, les Juifs de France auraient subi le même sort que ceux de [[Belgique]], des [[Pays-Bas]] ou de [[Pologne]]. Pendant deux ans, ils ont d'une certaine manière bénéficié de l'existence de l'État français}}<ref>''[[L'Histoire]]'', {{numéro|148}}, {{date-|octobre 1991}}, {{p.|52}}.</ref>. Pour l'avocat [[Serge Klarsfeld]] cet {{Citation|argument tombe}} lorsque l'on constate l'implication personnelle de Pétain dans la politique antisémite dès {{date-|octobre 1940}}<ref name="Libération2010"/>.

En {{date-|août 1942}}, un télégramme signé Pétain félicite Hitler d’avoir fait échec à la [[Raid de Dieppe|tentative de débarquement allié à Dieppe]].

Le {{date-|4 septembre 1942}}, Pétain promulgue la première loi fondant le [[Service du travail obligatoire (France)|Service du travail obligatoire]], complétée par celle du {{date-|16 février 1943}}. Le [[Service du travail obligatoire (France)|STO]] organise en une dizaine de mois le départ forcé de plus de {{unité|600000|travailleurs}} français, qui vont renforcer malgré eux l'[[Allemagne]] nazie.

===== Après le tournant de {{date-|novembre 1942}} =====

Lorsque les Alliés [[Opération Torch|débarquent en Afrique du Nord]] le {{date-|8 novembre 1942}}, au [[Maroc]], à [[Oran]] et dans le port d'[[Alger]], Pétain donne officiellement l’ordre de les combattre, en déclarant : {{Citation|La France et son honneur sont en jeu. Nous sommes attaqués. Nous nous défendons. C'est l'ordre que je donne.}} L'existence même de Vichy est alors en cause : si les forces de Vichy ne résistent pas à l'invasion alliée, les Allemands envahiront inéluctablement la France non occupée et le reste de l'[[Afrique du Nord]]<ref>Robert Paxton, « De l'Occupation à la Libération », dans ''La France des années noires'', {{t.|2}}, Éd. du Seuil, 1993, {{p.|16-23}}.</ref>. Pendant quelques jours, les Alliés doivent donc faire face à une authentique résistance de la part de l'[[Armée de Vichy]], obéissant aux ordres de ses chefs{{sfn|Paxton|2004|p=372}}.

En réaction à ce débarquement, le {{date|11 novembre}}, violant la convention d’armistice, les Allemands envahissent la [[zone libre|zone sud]]. Pétain refuse l'idée de gagner l'Afrique du Nord, d'ordonner à la flotte de [[Toulon]] d’appareiller, de replacer la France dans le camp des Alliés. Pour justifier sa décision, il va en privé jusqu'à invoquer que son médecin lui a déconseillé de prendre l’avion… Il veut surtout pouvoir continuer à {{Citation|servir d'écran entre le peuple de France et l'occupant}}. Il proteste contre cette invasion par une déclaration plusieurs fois diffusée sur les ondes. En fait, soulignent Robert Paxton et R. Franck, il reste fidèle à son choix de 1940, associant étroitement retrait de la guerre, collaboration et révolution nationale{{référence souhaitée}}.

Sa décision déçoit d'innombrables Français qui croyaient encore en un hypothétique « double jeu » secret du maréchal et s'imaginaient qu'il souhaitait en secret préparer la reprise de la lutte et la revanche contre l'ennemi. Nombre d’entre eux se détachent du régime de Vichy tout en conservant généralement leur respect pour la personne du maréchal Pétain et vont parfois gonfler les rangs clandestins des {{Citation|vichysto-résistants}}<ref name="vichysto"/> inspirés notamment par les généraux [[Henri Giraud (militaire)|Giraud]] et [[Jean de Lattre de Tassigny|de Lattre de Tassigny]]. Le surnom de {{Citation|Maréchal Pétoche}}<ref>[[Louis Aragon]] popularisera l’expression en la reprenant dans son poème ''J’écris dans un pays dévasté par la peste'' lorsqu’il décrit {{Citation|Mis en coupe réglée au nom du Roi Pétoche/Un pays de frayeur en proie aux loups-garous.}}</ref>{{,}}<ref>http://www.cndp.fr/poetes-en-resistance/poetes/louis-aragon/jecris-dans-un-pays-devaste-par-la-peste/pistes-pedagogiques.html.</ref>, dont certains l’avaient affublé, se répand.

La dissidence de la plus grande partie de l'Empire, la fin de la « zone libre », le [[sabordage de la flotte française à Toulon]], le {{date-|27 novembre 1942}}, la dissolution de l’armée d'armistice font perdre à Vichy ses derniers atouts face aux Allemands. En maintenant sa politique de collaboration, Pétain perd beaucoup de la popularité dont il jouissait depuis 1940, et la [[résistance (politique)|Résistance]] s’intensifie malgré le durcissement de la répression.

[[Fichier:Marshal Petain and Pierre Laval c1942.jpg|vignette|gauche|Pétain et [[Pierre Laval]] dans le parc du [[pavillon Sévigné]] à Vichy, vers 1942.]]

Pétain fait officiellement déchoir de la nationalité française et condamner à mort ses anciens fidèles [[François Darlan]] et [[Henri Giraud (militaire)|Henri Giraud]], qui sont passés au camp allié en Afrique du Nord. Il ne proteste à aucun moment lorsque fin 1942, puis à nouveau à l’automne 1943, une vague d'arrestations frappe son propre entourage et écarte de lui un nombre important de conseillers et de fidèles dont [[Maxime Weygand]], [[Lucien Romier]] ou [[Joseph de La Porte du Theil]], interné en Allemagne. Il consent des délégations croissantes de pouvoirs à [[Pierre Laval]], redevenu son dauphin, qui place ses fidèles à tous les postes-clés et qui obtient de lui, à partir du {{date-|26 novembre 1942}}, de signer seuls les lois et les décrets.

Fin 1943, voyant le sort de l’Axe scellé, Pétain tente de jouer en France le rôle du maréchal [[Pietro Badoglio|Badoglio]] en Italie, lequel en {{date-|septembre 1943}}, après avoir longtemps servi le fascisme, a fait passer le pays du côté allié. Pétain espère ainsi qu’un nouveau gouvernement moins compromis aux yeux des Américains, doté d’une nouvelle constitution pourra, au « jour J », écarter le général [[Charles de Gaulle|de Gaulle]] du jeu et négocier avec les libérateurs l’impunité de Vichy et la ratification de ses actes{{référence souhaitée}}.

Le {{date-|12 novembre 1943}}, alors que Pétain s'apprête à prononcer le lendemain un discours radiodiffusé par lequel il annoncerait à la nation une révision constitutionnelle selon laquelle il reviendrait à l'Assemblée nationale de désigner son successeur, ce qui aurait remis en cause le statut officiel de dauphin de Laval, les Allemands, par l'intermédiaire du consul général [[Roland Krug von Nidda|Krug von Nidda]], bloquent ce projet{{sfn|Aron|Elgey|1954|p=636-642}}{{,}}<ref>Afin d'en référer à son gouvernement, le consul général allemand [[Roland Krug von Nidda|Krug von Nidda]], mis au courant, bloque le projet. Il aurait été averti par le ministre des Affaires étrangères [[Joachim von Ribbentrop|Ribbentrop]] qu'un délai était nécessaire pour étudier le texte. La nouvelle du refus définitif fut ensuite apportée à l'[[hôtel du Parc (Vichy)|hôtel du Parc]] par le représentant allemand à Vichy.</ref>{{,}}<ref>Pierre Nicolle, ''Cinquante mois d'armistice'', Éditions André Bonne, {{p.|288}}.</ref>.
[[Fichier:Les FTPF font don de leur p.jpg|vignette|''Les FTPF font don de leur p...''. Un membre des Francs-tireurs et partisans expédie Pétain, à coup de pied dans le derrière, vers l'autre rive du Rhin. Un milicien minuscule s'agrippe à la canne du maréchal. Carte postale éditée par les Francs-tireurs et partisans français, vers 1944.]]
Après six semaines de « grève du pouvoir », Pétain se soumet. Le projet de constitution républicaine est finalisé et approuvé par Pétain le {{date-|30 janvier 1944}} ([[:wikisource:fr:Projet de constitution du 30 janvier 1944|Projet de constitution du {{date-|30 janvier 1944}}]]) mais il ne fut jamais promulgué. Pétain accroît encore les pouvoirs de Laval tout en acceptant la fascisation progressive de son régime par l’entrée au gouvernement de [[Joseph Darnand]], [[Philippe Henriot]] et [[Marcel Déat]] ({{date-|1er janvier 1944-}}, {{date-|6 janvier 1944-}} et {{date-|16 mars 1944}}).

Dans les derniers mois de l’Occupation, Pétain affecte désormais d’être un simple « prisonnier » des Allemands, tout en continuant à couvrir en fait de son autorité et de son silence la collaboration qui se poursuit jusqu’au bout, ainsi que les atrocités de l’ennemi et de la Milice française. Au {{nobr|printemps 1944}} encore, Pétain ne condamne jamais les déportations, les rafles et les massacres quasi-quotidiens, se taisant par exemple sur le [[massacre d'Ascq]], où {{nobr|86 civils}} sont massacrés par les [[Waffen-SS|Waffen SS]] dans le [[Nord (département français)|Nord]], près de [[Lille]]{{refnec}}.

Par contre, il ne manque pas de dénoncer « les crimes terroristes » de la [[Résistance intérieure française|Résistance]] ou les bombardements alliés sur les objectifs civils. Il encourage les membres de la [[Légion des volontaires français contre le bolchevisme|Légion des volontaires français]] (LVF) qui combattent en [[Union des républiques socialistes soviétiques|URSS]] sous uniforme [[Allemands|allemand]], leur garantissant dans un message public qu’ils détiennent {{Citation|une part de notre honneur militaire}}.

Le {{date-|6 juin 1944}}, il est informé du [[Débarquement de Normandie|débarquement en Normandie]] alors qu'il est à [[Saint-Étienne]] en tournée de réconfort suite aux [[Bombardement du 26 mai 1944|bombardements dans le Sud-Est et le Centre-Est de la France]]. Il prononce un discours radiodiffusé qui a été enregistré le {{date-|17 mars 1944}} à la demande des Allemands, donnant à ses compatriotes des consignes de neutralité<ref>{{ouvrage|auteur=[[François Delpla]]|titre=Ils ont libéré la France|éditeur=Archipoche|date=2014|passage=67}}</ref>. En {{date-|août 1944}}, il tente de déléguer l’amiral [[Gabriel Auphan|Auphan]] auprès de [[Charles de Gaulle|De Gaulle]] pour lui transmettre régulièrement le pouvoir sous réserve que le nouveau gouvernement reconnaisse la légitimité de Vichy et de sauvegarder « le principe de légitimité que j’incarne »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Robert Paxton|titre=La France de Vichy|passage=382|éditeur=Le Seuil|date=1997 (1972)}}.</ref>. {{Citation|Aucune réponse ne fut donnée à ce monument de candeur}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Raymond|nom1=Cartier|lien auteur1=Raymond Cartier|titre=La Seconde Guerre mondiale|tome={{II}}|titre volume=1942-1945|lieu=Paris|éditeur=Larousse et Paris-Match|année=1966|passage=241}}.</ref>.

==== Sigmaringen ====
[[Fichier:95, Schloß Sigmaringen - panoramio.jpg|vignette|Vue extérieure du [[château de Sigmaringen]].|gauche]]
Le {{date-|17 août 1944}}, les Allemands, en la personne de [[Cecil von Renthe-Fink]], « délégué spécial diplomatique du [[Führer]] auprès du chef de l'État français », demandent à Pétain de se laisser transférer en [[zone nord]]{{sfn|Aron|1962|p=41-42|id=aron}}. Celui-ci refuse et demande une formulation écrite de cette demande{{sfn|Aron|1962|p=41-42|id=aron}}. Von Renthe-Fink renouvelle sa requête par deux fois le 18, puis revient le 19, à {{nobr|11 h 30}}, accompagné du général von Neubroon qui lui indique qu'il a des {{Citation|ordres formels de [[Berlin]]}}{{sfn|Aron|1962|p=41-42|id=aron}}. Le texte écrit est soumis à Pétain : {{Citation|Le gouvernement du Reich donne instruction d’opérer le transfert du chef de l’État, même contre sa volonté}}{{sfn|Aron|1962|p=41-42|id=aron}}. Devant le refus renouvelé du maréchal, les Allemands menacent de faire intervenir la Wehrmacht pour bombarder Vichy{{sfn|Aron|1962|p=41-42|id=aron}}. Après avoir pris à témoin l'ambassadeur de Suisse, [[Walter Stucki]], du chantage dont il est l’objet, Pétain se soumet, et {{Citation|[…] lorsqu'à {{nobr|19 h 30}} Renthe-Fink entre dans le bureau du Maréchal, à l'[[hôtel du Parc (Vichy)|hôtel du Parc]], avec le général von Neubronn, le chef de l’État est en train de surveiller la confection de ses valises et de ranger ses papiers}}{{sfn|Aron|1962|p=41-42|id=aron}}. Le lendemain, {{date-|20 août 1944}}, il est emmené contre son gré par l’armée allemande à [[Belfort]] puis, le {{date|8 septembre}}, à [[Sigmaringen]] dans le sud-ouest de l'Allemagne{{sfn|Aron|1962|p=41-45|id=aron}}, où s’étaient réfugiés les dignitaires de son régime notamment [[Fernand de Brinon]], ou [[Jean Filiol]] qui rejoint Joseph Darnand et installe son QG à Kraunchenwies tout près de Sigmaringen<ref>https://www.historia.fr/histoire-de-france/xxeme-siecle-a-aujourdhui/collabos-le-grand-recyclage-de-lapres-guerre-2064010</ref>. 

À Sigmaringen, Pétain refuse d’exercer encore ses fonctions et de participer aux activités de la [[Commission gouvernementale de Sigmaringen|Commission gouvernementale]] présidée par [[Fernand de Brinon]]. Il se cloître dans ses appartements, tout en préparant sa défense après avoir appris que la [[Haute Cour (France)#Haute Cour de justice (Gouvernement provisoire de la République française)|Haute Cour de justice française]] se dispose à le mettre en accusation par contumace<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jacques Le Groignec|titre=Pétain et De Gaulle|éditeur=[[Nouvelles Éditions latines]]|année=1998|passage=329}}.</ref>.

==== Arrestation et retour en France ====
{{article détaillé|Arrestation de Philippe Pétain}}
Le {{date-|23 avril 1945}}, après avoir obtenu des Allemands qu'ils le conduisent en [[Suisse]], et des Suisses qu'ils l'acceptent sur leur territoire, Pétain demande à regagner la France. Par l'intermédiaire du diplomate [[Carl Jacob Burckhardt|Carl Burckhardt]], le gouvernement suisse transmet cette requête au général de Gaulle. Le [[Gouvernement provisoire de la République française|gouvernement provisoire de la République]] décide de ne pas s'y opposer. Le {{date|24 avril}}, les autorités suisses lui font rejoindre la frontière puis il est remis aux autorités françaises le {{date|26 avril}}. Le général [[Pierre Kœnig|Kœnig]] est chargé de le prendre en charge à [[Vallorbe]]. Le maréchal est ensuite interné au [[fort de Montrouge]]<ref>Charles de Gaulle, ''Mémoires de guerre, Le salut : 1944-1946'', Éd. Plon, 1959 {{ISBN|978-2-266-16750-5}} ; nouvelle édition : Pocket, Paris, chapitre : « L'ordre », {{p.|137}}.</ref>.

=== Procès et condamnation ===
[[Fichier:Procès Pétain.jpg|gauche|vignette|Philippe Pétain durant son procès, {{date-|30 juillet 1945}}.]]
[[Fichier:Pétain au poteau.jpg|vignette|« Pétain au poteau ! »,<br> tract de l'[[Mouvement jeunes communistes de France|Union de la jeunesse républicaine de France]], vers 1945.]]
Le [[procès]] du maréchal Pétain<ref>''Le procès du maréchal Pétain'', texte intégral du ''Journal officiel'', trois volumes, Éditions du Trident.</ref>{{,}}<ref>[[Léon Werth]], ''Impression d'audience : Le procès Pétain'', Viviane Hamy, 2011.</ref> débute le {{date-|23 juillet 1945}} devant la [[Haute Cour (France)|Haute Cour de justice]] créée le {{date-|18 novembre 1944}}. Après que six autres magistrats se sont récusés, le tribunal est présidé par [[Paul Mongibeaux]]<ref group="alpha">Appelé Pierre Mongibeaux dans certaines sources.</ref><!--WD=Q63168312-->, promu à cette occasion par le gouvernement provisoire du général de Gaulle, premier président de la [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]], assisté du président de la [[Chambre criminelle de la Cour de cassation française|chambre criminelle à la Cour de cassation]] Donat-Guigne, et Picard, premier président de la [[Cour d'appel de Paris|Cour d'appel]]. Tous trois avaient prêté [[Actes constitutionnels du régime de Vichy|serment de fidélité au maréchal]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Yves-Frédéric Jaffré|titre=Les tribunaux d'exception, 1940-1962|éditeur=[[Nouvelles Éditions latines]]|année=1962|passage=106}}.</ref>. Le [[Ministère public (France)|ministère public]] est représenté par le procureur général [[André Mornet]], président honoraire de la [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]]. L’instruction est assurée par [[Pierre Bouchardon]], président de la commission de la Haute Cour, choisi personnellement par de Gaulle. Le jury de vingt-quatre personnes est constitué de douze parlementaires (et quatre suppléants) et de douze non-parlementaires issus de la Résistance (et quatre suppléants)<ref name="Aron 1962-1964 p.52">{{Harvsp|Aron|1962|p=52|id=aron}}. </ref>. Ce jury est choisi dans deux listes, la première étant celle de cinquante parlementaires n'ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain, la deuxième étant composée de personnalités de la Résistance ou proches d'elle<ref>''Quid'' 2006, {{p.|876}}.</ref>. La défense use de son droit de récusation pour quelques noms sortant du tirage au sort<ref name="Aron 1962-1964 p.52"/>, notamment [[Robert Pimienta]] et [[Lucie Aubrac]]<ref>{{Ouvrage|prénom1=Robert|nom1=Aron|lien auteur1=Robert Aron|titre=Histoire de l'épuration|volume=2|titre volume=Des prisons clandestines aux tribunaux d'exception, septembre 1944-juin 1949|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|collection=Les grandes études contemporaines|numéro dans collection=33|année=1969|passage=470 et 575}}.</ref>.

Après récusations de la défense, les jurés sont<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Raymond|nom1=Ruffin|lien auteur1=Raymond Ruffin|titre=La vie des Français au jour le jour|sous-titre=De la Libération à la victoire, 1944-1945|lieu=Coudray-Macouard|éditeur=Cheminements|collection=Une mémoire|année=2004|pages totales=331|passage=254|isbn=2-84478-288-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=IYFaIWOiQ40C&printsec=frontcover}}.</ref> :
* pour les parlementaires : [[Gabriel Delattre]], [[Émile Bender]], [[Georges Lévy-Alphandéry]], [[Michel Tony-Révillon]], [[Émile Bèche]], [[Adrien Mabrut]], [[Louis Prot]], [[René Renoult]], [[Jean Pierre-Bloch]], [[Pétrus Faure]], [[Paul Sion]], [[Léandre Dupré]], [[Camille Catalan]] (suppléant), [[Jammy Schmidt]] (suppléant), [[Joseph Rous]] (suppléant) et [[Eugène Chassaing]] (suppléant) ;
* pour les non-parlementaires : Henri Seignon, [[Jacques Lecompte-Boinet]], Lorignet, Roger Lescuyer, [[Roger Gervolino]], Maurice Guérin, Jean Guy, Ernest Perney, [[Pierre Meunier]], [[Pierre Stibbe]], {{Dr|Porcher}}, Marcel Bergeron, Georges Poupon (suppléant), Jean Worms dit Germinal (suppléant), Marcel Levêque (suppléant), Gilbert Destouches (suppléant).

Défendu par [[Jacques Isorni]], [[Jean Lemaire (avocat)|Jean Lemaire]] et le [[bâtonnier (France)|bâtonnier]] Fernand Payen{{sfn|Aron|1962|p=53|id=aron}}, Philippe Pétain déclare le premier jour qu’il avait toujours été un allié caché du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]] et qu’il n’était responsable que devant la France et les Français qui l’avaient désigné et non devant la Haute Cour de justice. Dans ces conditions, il ne répondra pas aux questions qui lui seront posées. Viennent déposer de nombreuses personnalités en tant que témoins soit à charge : [[Édouard Daladier]], [[Paul Reynaud]], [[Léon Blum]], [[Pierre Laval]], soit à décharge : le [[Maxime Weygand|général Weygand]], le pasteur [[Marc Boegner]], ou encore l’aumônier des prisonniers de guerre [[Jean Rodhain]], seul homme d'Église à témoigner à décharge<ref name="vie chari">[http://www.lavie.fr/archives/1995/07/13/leur-foi-guidait-leur-combat-mgr-rodhain-l-evangile-par-la-charite,1808703.php « Leur foi guidait leur combat »], ''La Vie'', {{numéro|2602}}, {{date-|13/7/1995}}.</ref>.

Le procès s’achève le {{date-|15 août 1945}} à quatre heures et demie du matin. Suivant les réquisitions du procureur général [[André Mornet]]<ref>Procès du maréchal Pétain devant la Haute Cour de justice, [https://criminocorpus.org/fr/ref/114/106958/ Réquisitoire du procureur général], 1945 (Musée Criminocorpus, {{p.|319}}).</ref>, la cour déclare Philippe Pétain coupable d’intelligence avec l’ennemi et de [[haute trahison]]. Elle le [[peine de mort|condamne à mort]], à l'[[indignité nationale]], et à la confiscation de ses biens, assortissant toutefois ces condamnations du vœu de non-exécution de la sentence de mort, en raison de son grand âge{{sfn|Aron|1962|p|id=aron}}.

Le verdict de la Haute Cour de justice<ref>[http://www.guerre-mondiale.org/Documents/condamnation.htm guerre-mondiale.org, ''La Seconde Guerre mondiale'', « La condamnation du maréchal Pétain ».].</ref> reconnaît Philippe Pétain coupable d'[[indignité nationale]] et le condamne à la dégradation nationale{{sfn|Aron|1962|p=62|id=aron}} ; cette décision emporte « la destitution de toutes fonctions, emplois, offices publics et corps constitués / la perte de tous grades dans l'armée »<ref>Journal officiel du [https://www.legifrance.gouv.fr/download/securePrint?token=CKM3B@pttCt6gmFQ$@6p {{date-|28 août 1944}}], {{p.|768}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=La Fabrique de l’Histoire |titre=Épisode 4/38 : Pétain et la Grande Guerre |sous-titre=Invités : Bruno Cabanes (historien, professeur à la Ohio State University), Henry Rousso (historien, universitaire). |description=10’35’’ |url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-fabrique-de-l-histoire/petain-et-la-grande-guerre-1704163 |format=Audio |site=France Culture |date=9 novembre 2018 |consulté le=21 août 2022}}</ref>. À la fin du procès, il se dépouille de son uniforme<ref>[http://www.histoire-en questions.fr/proces%20et%20affaire/proces%20petain%20verdict.html histoire-en-questions.fr, ''Un moment d'Histoire'', « Le verdict »].</ref> avant d'être incarcéré, mais c’est avec ce même uniforme qu’il fut inhumé en 1951.

Accomplissant le vœu de la Haute Cour de justice, le [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]], chef du [[Gouvernement provisoire de la République française|Gouvernement provisoire de la République]], commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité le {{date-|17 août 1945}}{{sfn|Aron|1962|p=62|id=aron}}. Compte tenu de la peine de [[Indignité nationale#Peine encourue|dégradation nationale]] (article 21 de l'[[ordonnances du Gouvernement provisoire de la République française relatives à l'épuration|ordonnance du {{date-|26 décembre 1944}}]]), Philippe Pétain est exclu automatiquement de l'[[Académie française]]<ref name="nracine">Collectif - Fondation Charles de Gaulle, ''De Gaulle et la Libération'', Éditions Complexes, Paris, 2004, {{nobr|221 p.}} {{ISBN|978-2-8048-0016-1}} {{présentation en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=vTcWd7fJ16sC}}, chapitre : {{Citation|De Gaulle et la République des lettres}}, par Nicole Racine : {{p.|184-186}} : {{Citation|[…] L'ordonnance du 26 décembre 1944 entraînait automatiquement la destitution et l'exclusion de toutes fonctions, offices publics et corps constitués de quiconque était déclaré coupable d'indignité nationale. […]}}
{{commentaire biblio|Ont participé à cet ouvrage : [[Claire Andrieu]], [[Serge Berstein]], [[Michèle Cointet|Michèle]] et [[Jean-Paul Cointet]], [[Laurent Douzou]], René Hostache, Chantal Morelle, Nicole Racine, Odile Rudelle, [[Maurice Vaïsse]], Dominique Veillon, [[Olivier Wieviorka]]. Textes tirés des actes du colloque des 6, 7 et 8 octobre 1994 organisé par la [[Fondation Charles-de-Gaulle]], la [[Fondation nationale des sciences politiques]], l'[[Association française de droit constitutionnel]] et la participation de l'université de Caen ; publié en version intégrale : ''Le rétablissement de la légalité républicaine, 1944'', Éditions Complexes, 1996.}}</ref>{{,}}<ref name="academiepetain">[http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/philippe-petain?fauteuil=18&election=20-06-1929 Site de l'Académie française, Philippe Pétain (1856-1951)] : {{Citation|[…] Condamné à l’indignité nationale, le maréchal Pétain fut exclu de l’Académie française ; son siège ne devait pas être pourvu de son vivant.}}.</ref>{{,}}<ref>Le ''Larousse'' 2008 {{ISBN|978-2-03-582503-2}}, « PÉTAIN (Philippe) », {{p.|1592}} emploie le mot « radié » : [Acad. fr., 1929 ; radié en 1945] ; ce terme est employé par ce dictionnaire de manière constante, il figure par exemple sur l'édition de 1952, {{p.|1607}}.</ref> (l'ordonnance prévoit l'exclusion de l'[[Institut de France|Institut]]). Toutefois, celle-ci s’abstint d’élire un remplaçant de son vivant au {{18e|fauteuil}}<ref name="nracine"/>{{,}}<ref name="academiepetain"/>, égard dont bénéficia également [[Charles Maurras]]<ref name="nracine"/> (tandis qu’[[Abel Bonnard]] et [[Abel Hermant]] sont remplacés dès 1946<ref name="nracine"/>).

=== Emprisonnement ===
Philippe Pétain est emprisonné au [[fort du Portalet|fort de montagne du Portalet]], dans les [[Pyrénées-Atlantiques]] (alors : département des Basses-Pyrénées), du {{date-|15 août}} au {{date-|16 novembre 1945}}. L'unique photo de Pétain enfermé dans ce lieu a été prise clandestinement par Michel Larre, chargé de l'entretien du fort à cette époque<ref>Joseph Simon ''Pétain, mon prisonnier'', éditions [[Plon]], 1978.</ref>. Pendant le régime de Vichy, ce fort avait servi de lieu de détention de plusieurs personnalités politiques. Il est transféré au [[fort de Pierre-Levée]] à l'[[île d'Yeu]], au large de la [[Vendée (département)|Vendée]]. Il est, hormis ses gardiens, le seul occupant du fort. Son épouse, installée à son tour dans l’île, bénéficie d’un droit de visite quotidien.

Au cours de ces années, les avocats de Philippe Pétain et plusieurs dignitaires étrangers, parmi lesquels l'ancien roi {{souverain2|Édouard VIII}} et la reine [[Mary de Teck|Mary]], réclament sa libération auprès des gouvernements successifs. Ceux-ci, emmêlés dans l'instabilité politique de la [[Quatrième République (France)|Quatrième République]], préfèrent ne pas se risquer dans une démarche sensible pour l'opinion publique. Début {{Date-|juin 1946}}, le président américain [[Harry S. Truman|Harry Truman]] réclame, sans succès, sa libération, proposant de lui accorder l'asile politique aux [[États-Unis]]{{sfn|Williams|2005|p=520}}.

La santé mentale de Philippe Pétain décline à partir de la fin des {{lnobr|années 1940}}<ref name="docu">Documentaire ''On a volé le maréchal'' (réalisateur : Cédric Condom, auteur : [[Jean-Yves Le Naour]]), 2012, 52'.</ref>, les moments de lucidité devenant de plus en plus rares. Après avoir pris position en ce sens dès 1949<ref>{{Citation|Aujourd’hui […] il y a un vieillard dans un fort ; un vieillard dont moi et beaucoup d’autres reconnaissons qu’il a rendu jadis de grands services à la France. Nous ne l’oublions pas et nous ne devons pas l’oublier. Je l’ai dit à Verdun même. Pourquoi ce vieillard mourrait-il sans qu’il ait pu revoir un arbre ou une pelouse ? Je ne crois pas que ce soit une très grande chose que de l’y condamner. Voilà ma conviction. Je crois que le moment est venu de faire le nécessaire. Il faut laisser mourir entouré d’une certaine dignité un homme qui a porté à certains moments la gloire de la France et qui, pour s’être terriblement trompé, n’en est pas moins à l’heure qu’il est un vieillard inoffensif.}} Conférence de presse du général de Gaulle du {{date-|29 mars 1949}}, ''Le Monde'', {{date-|31 mars 1949}}, citée par [[Bénédicte Vergez-Chaignon]], ''Pétain'', Perrin, 2014.</ref>, le général de Gaulle déclare le {{date-|26 mai 1951}} à [[Oran]], dans un discours prononcé place d'Armes devant une foule d'environ huit mille personnes, qu'{{Citation|il est lamentable pour la France, au nom du passé et de la réconciliation nationale indispensable, qu'on laisse mourir en prison le dernier Maréchal}}<ref>''L'Écho d'Oran'' (quotidien), {{date-|27 mai 1951}}.</ref>{{,}}<ref>Philippe Héduy, ''Algérie française, 1942-1962'', Société de production littéraire, 1980, {{p.|64}}.</ref>. Eu égard à cette situation, après un examen médical réalisé par le professeur [[René Piedelièvre]]<ref>René Piedelièvre, ''Souvenirs d'un médecin légiste'', Flammarion (Paris), 1966, {{p.|157-165}}.</ref>, le [[Conseil supérieur de la magistrature (France)|Conseil supérieur de la magistrature]], présidé par [[Vincent Auriol]], président de la République, en vue d’adoucir une fin prévisible, autorise le {{date-|8 juin 1951}} « l’élargissement » du prisonnier et son assignation à résidence {{Citation|dans un établissement hospitalier ou tout autre lieu pouvant avoir ce caractère}}. Le {{date-|29 juin 1951}}, il est transféré dans la maison privée de l'ancien conseiller général de l'île d'Yeu Paul Luco (au 27 rue Gabriel-Guist'Hau de [[Port-Joinville]], décrétée pour l'occasion annexe de l'hôpital militaire de Nantes)<ref>{{ouvrage|auteur=Guy Deloeuvre|titre=Philippe Pétain. Portrait|éditeur=Laurent Poret|date=2018|passage=130}}</ref>.

=== Mort, inhumation et tombe ===
{{Article connexe|Vol du cercueil de Philippe Pétain}}
[[Fichier:Tombe de Philippe Pétain à l'Île-d'Yeu.jpg|vignette|redresse=1.5|Tombe de Philippe Pétain sur l'[[île d'Yeu]]. Entourée de thuyas et de cyprès, la simple dalle en granit blanc surmontée d'une croix en bois est devant le mur ouest du cimetière, tournée le dos à la mer dans le sens inverse des {{formatnum:1700}} autres tombes, positionnement lié au fait qu'il était condamné de l'[[indignité nationale]]<ref>{{Lien web|url=https://www.francetvinfo.fr/societe/guerre-de-14-18/11-novembre/il-y-en-a-meme-qui-viennent-defequer-dessus-sur-l-ile-d-yeu-l-encombrante-tombe-du-marechal-petain_3431283.html|titre="Il y en a même qui viennent déféquer dessus" : sur l'île d'Yeu, "l'encombrante" tombe du maréchal Pétain|auteur=Raphaël Godet|date=8 mai 2019|site=francetvinfo.fr}}</ref>, sanction qui ne l'empêche pas d'être inhumé en petite tenue militaire et que la mention de la dignité de maréchal de France soit gravée en lettres majuscules noires<ref>{{ouvrage|auteur=[[Bénédicte Vergez-Chaignon]]|titre=Pétain|éditeur=Perrin|date=2018|passage=1124-1125}}</ref>.]]
Le {{date-|23 juillet 1951}}, Philippe Pétain meurt à [[Port-Joinville]], à l'âge de {{nobr|95 ans}}. Veillé par [[Jean Rodhain]], il est inhumé le surlendemain dans le cimetière de la même commune<ref name="vie chari"/>.

La translation de la dépouille du maréchal Pétain à la [[Ossuaire de Douaumont|nécropole de Douaumont]] à côté de Verdun est réclamée à plusieurs reprises par l'[[Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain]] (ADMP) à partir de 1951, au nom de la « réconciliation nationale ». Cette demande procède du souhait de Pétain, écrit dans son [[testament (droit)|testament]] de 1938, celui de reposer auprès des centaines de milliers de soldats français qui sont tombés pendant la [[bataille de Verdun]]. L'association organise notamment une pétition en ce sens en {{date-|mai 1954}}, soutenue par de très nombreuses associations d'anciens combattants de 1914-1918, qui recueille près de {{unité|70000 signatures}}. Les gouvernements français successifs s'opposent à cette demande. Elle vise, selon l'analyse d'[[Henry Rousso]], {{Citation|d'oublier le maréchal de 1940 au profit du général de 1916, d'utiliser la mémoire des anciens combattants de la Grande Guerre, pour qui Pétain reste l'homme du « On les aura ! », au profit d'une idéologie}}{{sfn|Rousso|1990|p=61-62}}.

Dans la nuit du {{date-|19 février 1973}}, le cercueil du maréchal Pétain est enlevé par des membres de l’extrême droite, à l'instigation de [[Jean-Louis Tixier-Vignancour]], ancien de l’[[Organisation de l'armée secrète|OAS]], afin de transférer sa dépouille à Douaumont. Malgré les précautions prises, l'enlèvement est découvert quelques heures plus tard ; il fait rapidement la une des médias français et mobilise les autorités. Le commando abandonne alors sa route vers Verdun, trop risquée, et rejoint Paris. Le cercueil est dissimulé dans un garage de [[Saint-Ouen-sur-Seine|Saint-Ouen]] tandis que Tixier-Vignancour tente de négocier le transfert de la dépouille aux [[Hôtel des Invalides|Invalides]]. [[Hubert Massol]], chef du commando, se rend finalement le {{date-|21 février}}, après l'arrestation de ses complices et donne la cache du cercueil. Celui-ci est ramené à l'île d'Yeu le lendemain et ré-inhumé après une brève cérémonie. La tombe est cette fois bétonnée<ref>[[Jean-Yves Le Naour]], « Pétain bouge encore », ''L’Histoire'', {{n°}}381, {{date-|novembre 2012}}, {{p.|30-31}}.</ref>.

La tombe de Philippe Pétain est fleurie au nom de la présidence de la République le {{date-|10 novembre 1968}} (sous le [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]], à l'occasion du {{50e|anniversaire}} de l'armistice de 1918){{sfn|Rousso|1990|p=385}}{{,}}{{sfn|Conan|Rousso|1996|p=??}}{{,}}<ref name="crdp">[http://www.crdp-reims.fr/ressources/dossiers/memoire/enseigner/memoire_vichy/08reconnaissance1.htm crdp-reims.fr, CRDP Champagne-Ardenne, « La reconnaissance progressive de la responsabilité de l'État Français »].</ref>, le {{date-|22 février 1973}} (sous [[Georges Pompidou]], à la suite de la ré-inhumation suivant le vol du cercueil)<ref name="crdp"/> et en 1978 (sous [[Valéry Giscard d'Estaing]], {{60e|commémoration}} de la victoire de 1918)<ref name="crdp"/>. Pendant la présidence de [[François Mitterrand]], elle est fleurie le {{date-|22 septembre 1984}} (jour de la rencontre avec le chancelier [[Helmut Kohl]] à Verdun{{sfn|Rousso|1990|p=389}}), puis le {{date-|15 juin 1986}} ({{70e|anniversaire}} de la bataille de Verdun), puis le {{date|11 novembre}} entre 1987 et 1992. Cette pratique ne cesse qu’après de nombreuses protestations dont celles de la communauté juive<ref name="crdp"/>{{,}}<ref>[http://www.vie-publique.fr/cdp/927012700.html Extraits de l'entretien de François Mitterrand, accordée à Radio J le {{date-|13 novembre 1992}} (diffusée le 22), sur la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv de 1942 et la polémique autour du dépôt d'une gerbe sur la tombe du maréchal Pétain].</ref>.

Sa tombe est vandalisée une à deux fois par an<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/centenaire-14-18/article/2018/11/13/11-novembre-la-tombe-du-marechal-petain-vandalisee-a-l-ile-d-yeu_5382860_3448834.html|titre=La tombe du maréchal Pétain vandalisée à l’île d’Yeu|date=13 novembre 2018|site=lemonde.fr}}</ref>, ce qui donne lieu à des dépôts de plainte<ref>[http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20070920.OBS5734/la-tombe-du-marechal-petain-a-ete-vandalisee.html « La tombe du maréchal Pétain a été vandalisée »], tempsreel.nouvelobs.com, {{date-|20 septembre 2007}}.</ref>{{,}}<ref>[http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/07/22/97001-20170722FILWWW00056-la-tombe-du-marechal-petain-vandalisee.php « La tombe du maréchal Pétain vandalisée »], lefigaro.fr, {{date-|22 juillet 2017}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|auteur=Raphaël Godet|titre={{Citation|Il y en a même qui viennent déféquer dessus}} : sur l'île d'Yeu, {{Citation|l'encombrante}} tombe du maréchal Pétain|jour=08|mois=mai|année=2019|url=https://www.francetvinfo.fr/societe/guerre-de-14-18/11-novembre/il-y-en-a-meme-qui-viennent-defequer-dessus-sur-l-ile-d-yeu-l-encombrante-tombe-du-marechal-petain_3431283.html|site=[[France Info (offre globale)|France Info]]|consulté le=22 novembre 2019}}.</ref>.

== Position de l'opinion publique à son égard ==
=== De la Grande Guerre à 1940 ===
Militaire à la réussite tardive, Pétain doit son premier prestige moins à son rôle à Verdun qu’à sa gestion de la crise du moral en 1917. En arrêtant les offensives inutilement meurtrières, et en libéralisant le régime des permissions, il gagne et conserve auprès des hommes et jusque dans certains cercles pacifistes la réputation d’un chef compréhensif et soucieux d’épargner le sang des soldats. Même si certains<ref>C'est ce que montre par exemple le jugement de [[Simone de Beauvoir]] : « Pétain : le responsable de la répression de Verdun, l’ambassadeur qui avait couru féliciter Franco de sa victoire, un intime ami des Cagoulards », dans ''La Force de l’âge'', Gallimard, 1960, {{p.|510}}.</ref> rappellent (pour l’exalter ou pour le dénoncer) son rôle de « fusilleur » des [[Mutineries de 1917|mutins de 1917]], c’est cette réputation qui se maintient pendant l’[[entre-deux-guerres]].

Il fut reconnu tout au long de l'entre-deux-guerres : fait [[Maréchal de France|maréchal]] en 1918, il est, avec [[Louis Franchet d'Espèrey]], le dernier titulaire de cette [[Maréchal de France|dignité]] après 1934 ; membre de l’[[Académie française]], [[Inspection générale des armées|inspecteur général de l’Armée]], il est un éphémère ministre de la Guerre en 1934 puis [[Ambassade de France en Espagne|ambassadeur de France en Espagne]] en 1939.

Pendant ces années, il évite de prendre des partis trop tranchés, ce qui lui ménage même dans les milieux républicains voire de gauche la réputation d’un militaire modéré et politiquement fiable. Peu clérical au contraire d’un [[Ferdinand Foch|Foch]] ou d’un [[Édouard de Castelnau|Castelnau]], il ne se mêle pas de la crise de 1924, où ce dernier prend la tête d’un mouvement de masse contre l’anticléricalisme du gouvernement [[Édouard Herriot|Herriot]] ; il évite de dénoncer en public le [[Front populaire (France)|Front populaire]] et l’[[Front populaire (Espagne)|Espagne républicaine]] ; il est informé du complot de la « [[Cagoule (Osarn)|Cagoule]] » visant à renverser la République et à porter un militaire prestigieux (lui-même ou [[Louis Franchet d'Espèrey|Franchet d’Esperey]]) à la tête de l’État, mais se garde de s’y compromettre (1937). En 1939, lorsqu’il est nommé ambassadeur auprès de Franco, [[Léon Blum]] proteste dans ''Le Populaire'' qu’on envoie au dictateur espagnol {{Citation|ce que nous avons de meilleur}}. Seul le colonel [[Charles de Gaulle|de Gaulle]] soupçonne qu’il prend goût au pouvoir, et confie : {{Citation|Il acceptera n’importe quoi, tant le gagne l’ambition sénile}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Collectif|titre=Chronique du {{s-|XX}}|éditeur=[[Éditions Chronique]]|année=2013|pages totales=1438|passage=1930|isbn=978-2-36602-013-7|lire en ligne={{Google Livres|XTWGAQAAQBAJ|page=RA27-PA1930|surligne=ambition%20s%C3%A9nile}}|consulté le=1 décembre 2016}}.</ref>.

En {{date-|mai 1940}}, [[Paul Reynaud]] ne se méfie pas davantage de Pétain quand il l’appelle à la vice-présidence du Conseil. Or, après s’être d’abord longuement tu, Pétain prend la tête des partisans de l’armistice.

=== Maréchalistes, pétainistes et opinion pendant l’Occupation ===
Il est hors de doute qu’une majorité de Français, sonnés par la déroute d’une armée qu’ils croyaient invincible, ont accueilli l’[[Armistice du 22 juin 1940|armistice]] comme un soulagement, de même que le maintien d’un gouvernement français dirigé par un sauveur providentiel et susceptible à leurs yeux de faire écran entre eux et l’occupant. Très peu ont perçu sur le coup que le retrait de la guerre condamnait le pays à une longue occupation nécessitant l’entente avec le vainqueur. Par ailleurs, souligne [[Olivier Wieviorka]], ni l’essentiel des Français ni la majorité des parlementaires à lui [[vote des pleins pouvoirs constituants à Philippe Pétain|voter les pleins pouvoirs]] ne voulaient lui donner ainsi mandat pour exclure les Juifs, briser l’unité nationale ou atteler la France au char allemand<ref>{{Lien web |auteur=Olivier Wieviorka |titre=Une défaite inévitable ? Les causes de la défaite de 1940 (conférence) |url=https://www.chrd.lyon.fr/chrd/agenda-musee/une-defaite-inevitable-les-causes-de-la-defaite-de-1940 |site=chrd.lyon.fr |date=21 janvier 2021 |consulté le=5 août 2021 |extrait=le vote du 10 juillet est un vote d’adhésion. Mais, dirait Robert Paxton, adhésion à quoi ? […] des attentes extrêmement diverses et souvent contradictoires convergent vers Pétain (52’05’’).}}.</ref>.

Contrairement à une légende encore tenace, il n’y a pas eu non plus en 1940 « quarante millions de pétainistes »<ref>Titre du tome 2 de 'La grande histoire des Français sous l'Occupation' (juin 1940-juin 1941) par Henri Amouroux.</ref> qui seraient devenus en 1944 quarante millions de gaullistes<ref>Jean-Marie Flonneau, « L'évolution de l'opinion publique de 1940 à 1944 » dans [[Jean-Pierre Azéma]] et [[François Bédarida]] (dir.), ''Le Régime de Vichy et les Français'', Paris, Fayard, 1992, {{p.|506-522}}.</ref>.

La distinction de [[Stanley Hoffmann]] entre « maréchalistes » et « pétainistes » s’est imposée en effet à l’historiographie contemporaine. Les « maréchalistes » font confiance à Pétain comme bouclier des Français. Beaucoup plus minoritaires, les « pétainistes » approuvent en plus son idéologie réactionnaire et sa politique intérieure, voire la [[Collaboration en France|collaboration d’État]]. [[Charles Maurras|Maurras]] lui-même diagnostique publiquement sans fard dès {{date-|décembre 1942}} le décalage entre le soutien de l’opinion publique à la personne du Maréchal et la méfiance ou l’opposition face à l’œuvre de [[révolution nationale]]<ref>{{Article |titre=Étapes douloureuses |périodique=Candide |date=23 décembre 1942|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4689207t/f1.item.zoom |pages=1 |champ libre=Ce décalage entre l’appui à la personne du Maréchal Pétain et l’opposition ou la méfiance envers la politique menée par Vichy est diagnostiquée sans fard par Maurras en décembre 1942. }}.</ref> : {{citation|Un très net et très fort courant d’affection nationale s’était déchaîné. Il allait croissant. Seulement il allait à l’homme, il s’arrêtait devant l’œuvre}}.

Nombre de résistants de la première heure furent ainsi un temps maréchalistes par erreur, croyant que Pétain jouait double-jeu et qu’en préparant la revanche, ils répondaient à ses vœux secrets. [[Henri Frenay]] ou le journal clandestin ''[[Défense de la France]]'' citent ainsi élogieusement Pétain en 1941-1942, avant de revenir de leurs illusions et de dénoncer son rôle comme équivoque et néfaste{{refnec}}.

D’autres encore, les {{Citation|vichysto-résistants}}<ref name="vichysto"/>, ont participé au [[régime de Vichy]] et à la mise en œuvre de sa politique avant de se détourner de lui surtout après {{date|novembre 1942|guerre mondiale}}, tout en gardant leur respect pour Pétain et pour tout ou partie de ses idées. Souvent, ils n’ont pas d’objection de fond à faire à celles-ci, mais considèrent que le moment choisi pour les appliquer est inapproprié, tant que l’Allemand occupe encore le territoire<ref>{{Article|prénom1=Johanna|nom1=Barasz|titre=De Vichy à la Résistance : les vichysto-résistants 1940-1944|périodique=Guerres mondiales et conflits contemporains|volume=n° 242|numéro=2|pages=28-29|date=2011-09-02|issn=0984-2292|doi=10.3917/gmcc.242.0027|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3917/gmcc.242.0027|consulté le=2024-05-16}}</ref>.

Des déçus de la {{IIIe|République}} ont cru aussi que le régime de Pétain pouvait leur servir à mettre en place leurs propres projets, et se sont ralliés à tout ou partie de sa [[révolution nationale]]. Ainsi, [[Emmanuel Mounier]], qui obtient la reparution d’''[[Esprit (revue)|Esprit]]'' en {{date-|novembre 1940}} et dont le premier numéro de la revue paraît plutôt favorable à la révolution nationale<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Véronique Auzépy-Chavagnac|titre=Jean de Fabrègues et la jeune droite catholique|passage=325-356 (Chapitre XI. L’engagement dans la Révolution nationale)|lire en ligne=https://books.openedition.org/septentrion/53794}}.</ref>, rompt avec Pétain dès {{date-|mai 1941}} par rejet radical de l'[[antisémitisme]] et passe à la Résistance. Sa revue cesse de paraître après {{date-|juillet 1941}}<ref name=":0" />. [[François Mitterrand]], prisonnier évadé travaillant aux bureaux officiels de Vichy, [[François Mitterrand pendant la Seconde Guerre mondiale|est reçu par le maréchal Pétain]] en {{date-|septembre 1942}} et en octobre 1942, mais n’en rejoint pas moins la Résistance quelques mois plus tard{{refnec}}, décoré de [[Ordre de la Francisque|Francisque]] en 1943 et faisant fleurir annuellement la tombe de Pétain, de 1981 à 1992<ref>https://www.lemonde.fr/archives/article/1993/11/09/renoncant-a-une-pratique-reguliere-depuis-1987-francois-mitterrand-aurait-decide-de-ne-plus-fleurir-la-tombe-de-philippe-petain_3941240_1819218.html</ref>.

Si beaucoup de « [[Collaboration (pays occupé)|collaborationnistes]] parisiens » méprisent Vichy et son chef qu’ils jugent trop réactionnaires et toujours trop peu engagés aux côtés du [[Troisième Reich]], nombre des ultras de la collaboration sont de très fervents fidèles de Pétain, dont ils estiment relayer les appels publics à collaborer avec l’occupant : ainsi [[Joseph Darnand]] ou encore [[Jacques Doriot]] qui se dit « un homme du Maréchal » jusqu’à fin 1941. Un groupuscule clairement pro-nazi de zone nord se baptise même les « Jeunes du Maréchal ». De nombreux ultras sont d’ailleurs plus ou moins précocement nommés membres du gouvernement Pétain à Vichy : ainsi [[Gaston Bruneton]], [[Abel Bonnard]], [[Jean Bichelonne]], [[Fernand de Brinon]], et plus tard [[Philippe Henriot]] ou [[Marcel Déat]].{{refnec}}

Selon le {{Pr|Jean}} Quellien, {{Citation|Pétain a été responsable de l’engagement de bien des hommes dans la [[Collaboration en France|collaboration]]}} : 19 % des collaborationnistes du [[Calvados (département)|Calvados]] interrogés après la guerre confient s’être inscrits à des partis « collabos » d’abord parce qu’ils pensaient suivre ainsi les volontés du maréchal<ref>{{Pr|Jean}} Quellien, ''Opinion et comportements dans le Calvados sous l’Occupation'', 1995.</ref>.

Les travaux pionniers de [[Pierre Laborie]] et de nombreux historiens permettent aujourd’hui de mieux cerner l’évolution de l’opinion publique sous Vichy. Généralement, la [[révolution nationale]], souci premier de Pétain, intéresse peu les Français, et « patine » dès 1941. La [[Collaboration en France|collaboration]] est très largement rejetée, mais beaucoup croient à tort que le maréchal est de bonne foi et veut protéger les Français, voire qu’il est forcé par les Allemands à collaborer ou même prisonnier d’un entourage « collabo ». Reprenant le thème ancestral du bon monarque trompé par ses mauvais ministres, la masse des Français distingue entre le maréchal et ses ministres, à commencer par le très impopulaire [[Pierre Laval]], unanimement haï, et chargé seul de toutes les turpitudes et de tous les échecs du régime.{{refnec}}

Nombre de Français ne font toutefois pas la différence, qu’ils soient résistants ou non. Dans bien des écoles, l’instituteur néglige d’apprendre aux élèves le ''[[Maréchal, nous voilà !]]''. Globalement, le prestige de Pétain est nettement plus faible chez les ouvriers que chez les paysans ou dans la bourgeoisie, et encore faut-il apporter de nombreuses nuances. Les prisonniers de guerre, coupés depuis 1940 de la réalité française et choyés par la propagande du régime, sont en général restés maréchalistes ou pétainistes plus longtemps que les autres Français. Si la grande majorité de l’épiscopat français est restée très maréchaliste voire pétainiste jusqu’en 1944, les catholiques ont été, avec les communistes, une des catégories les plus engagées dans la [[Résistance intérieure française|Résistance]]. Enfin, la [[Zone libre|zone sud]], {{Citation|royaume du Maréchal}}<ref>{{Cf.|maj}} J.R. Tournoux.</ref> est beaucoup plus marquée par la présence de Pétain et de son régime que la [[Zone occupée|zone nord]], où le chef de l’État, Vichy et la [[révolution nationale]] sont des réalités bien plus lointaines. Dans son [[Nord-Pas-de-Calais]] natal, coupé de l’Hexagone et dirigé depuis [[Bruxelles]], Pétain ne jouit avec son régime d’aucune considération : l’Occupation y est d’emblée trop brutale, pire que celle déjà subie entre 1914 et 1918, l’anglophilie traditionnelle trop forte, pour laisser la moindre place aux thèmes de la collaboration et du « redressement » intérieur{{refnec}}.

Après les [[Rafle du Vélodrome d'Hiver|rafles de Juifs de l’{{nobr|été 1942}}]], l’[[Opération Anton|invasion de la zone sud]] en {{date-|novembre 1942}}, puis l’instauration du [[Service du travail obligatoire (France)|STO]], le discrédit de Vichy est massif. Il épargne majoritairement la figure tutélaire du maréchal. Celui-ci devient de plus en plus lointain aux yeux des Français.{{refnec}}

Le {{date-|26 avril 1944}}, lorsque Pétain vient pour la première fois à Paris en quatre ans, une foule nombreuse l'acclame et chante ''La Marseillaise''<ref>{{Lien web|url=https://www.lefigaro.fr/programmes-tele/2010/11/15/03012-20101115ARTFIG00537-petain-avant-petain.php|titre=Pétain avant Pétain |date=15 novembre 2010|auteur=Muriel Frat|consulté le=15 avril 2020|site=[[Le Figaro]]}}.</ref>{{,}}<ref>Jean-Pierre Bertin-Maghit, [https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1991_num_32_1_2460 « "Les voyages du maréchal" : trois historiens en quête d'images »], ''Vingtième Siècle. Revue d'histoire'' {{n°|32}}, 1991, {{p.|85-92}}.</ref>.

Les sondages d’opinion effectués à l’automne 1944 ne montrent pas une nette majorité de Français favorables à la condamnation du « traître » Pétain, cependant, la proportion exigeant la peine capitale ne cesse d'augmenter au fil des mois. À la question posée de savoir s'il faut infliger une peine au maréchal, les réponses sont les suivantes<ref>[[Jacques Le Groignec]], ''Réplique aux diffamateurs de la France 1940-1945'', édit. Nouvelles éditions latines, 2006 {{ISBN|978-2-7233-2063-4}}.</ref> :
* en {{date-|septembre 1944}}, un sondage de l'[[Institut français d'opinion publique|IFOP]] recueille 58 % de réponses négatives, 32 % de positives et 10 % sans opinion{{refnec}} ;
* en {{date-|avril 1945}}, un nouveau sondage chiffre à 28 % la population des Français favorables à la peine de mort, tandis que les opposants à toute peine ne sont plus que 22 %{{refnec}} ;
* en {{date-|juillet 1945}}, à l'ouverture du procès, un sondage recueille 76 % d'opinions favorables à la condamnation dont 37 % à la peine de mort. Le taux des opposants à toute peine est tombé à 15 %.{{refnec}}

Le [[Parti communiste français|PCF]] mena quant à lui une virulente campagne contre « Pétain-[[François Achille Bazaine|Bazaine]] », assimilant ainsi le chef de Vichy au fameux traître de la [[Guerre franco-allemande de 1870|guerre de 1870]]. La condamnation de Pétain au châtiment suprême, puis sa grâce, furent majoritairement approuvées<ref>J.-P. Rioux, ''La France de la {{IVe|République}}'', Points-Seuil.</ref>.

Cependant, une ordonnance du {{date-|9 août 1944}} nie la légalité du régime de Vichy et réaffirme la légalité républicaine à compter du {{date-|18 juin 1940}}. La nullité de la législation de Vichy est précisée à l’article 2 du texte : « Sont, en conséquence, nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels, législatifs ou réglementaires, ainsi que les arrêtés pris pour leur exécution, sous quelque dénomination que ce soit, promulgués sur le territoire continental postérieurement au {{date-|16 juin 1940}} et jusqu’au rétablissement du gouvernement provisoire de la République française »<ref>{{Lien web |titre=Ordonnance du 9 août 1944 relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental |url=https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000006071212/ |site=Légifrance}}</ref>.

Entre janvier 1944 et août 1945, Monique Guyot (1906 -2001), directrice de la pension Sainte-Marie, un établissement pour enfants situé à [[Villard-de-Lans]] ([[Isère (département)|Isère]]), est l'auteure d'un journal intime dénommé ''[[Journal d'une pétainiste]]''. Celui-ci présente, avec le prisme de sa propre opinion (anti allemande et anti résistance car pétainiste), les faits survenus dans le village et le [[ Massif du Vercors]] durant cette période. Il est publié aux Presses Universitaires de Grenoble avec des annotations de l'historien Philippe Laborie et reste un témoignage « in situ » de l'admiration de certains français pour le maréchal Pétain durant cette période<ref>[https://www.babelio.com/livres/Guyot-Journal-dune-petainiste/1296789 Site babelio.com, page sur le livre "Journal d'une pétainiste"].</ref>{{,}}<ref>[https://www.pug.fr/produit/1876/9782706147173/journal-d-une-petainiste-vercors-janvier-1944-mai-1945 Site pug.fr, présentation du livre "Journal d'une pétainiste"].</ref>.

=== Après la Seconde Guerre mondiale ===
Au procès Pétain, l’avocat [[Jacques Isorni]] avec ses confrères [[Jean Lemaire (avocat)|Jean Lemaire]] et le [[bâtonnier (France)|bâtonnier]] Fernand Payen lance la légende du « détournement de vieillard » : Pétain aurait été abusé par [[Pierre Laval]] qui aurait profité de son grand âge. Sous la {{IVe|République}}, le [[Rassemblement du peuple français|RPF]] gaulliste emploie la fameuse phrase de [[Charles de Gaulle]] dans ses mémoires : {{Citation|[[la vieillesse est un naufrage]]}}, {{Citation|la tragédie est que le Maréchal est mort en 1925 et que personne ne s’en est aperçu}}. L’historien [[Éric Roussel]], entre autres, a montré que ce jugement gaullien n’explique en rien les choix du chef de l’État français, et qu’il n’a en réalité qu’une finalité électorale : pour rallier le plus possible de voix contre le « régime des partis » honni, les gaullistes doivent rallier les ex-pétainistes sans se déjuger de leur action dans la Résistance, d’où cette excuse commode de Pétain par l’âge de l’intéressé.

En réalité, comme le montrent [[Marc Ferro]], [[Jean-Pierre Azéma]] ou [[François Bédarida]], les choix de Pétain étaient parfaitement cohérents et bénéficiaient d’appuis dans les milieux les plus divers de la société. [[Yves Durand (historien)|Yves Durand]] souligne qu’il bâtissait son régime comme s’il avait du temps devant lui, sans se soucier de la possibilité de sa disparition prochaine<ref>Yves Durand, ''Vichy 1940-1944'', Bordas, 1972.</ref>. Quant aux fameuses « absences du Maréchal » rapportées par [[Jean-Raymond Tournoux]], [[Marc Ferro]] ou [[Jean-Paul Brunet]] (il se mettait à disserter soudain sur le menu du jour ou le temps dehors face à des visiteurs), il s’agissait surtout d’une tactique pour éluder les questions gênantes en jouant du respect qu’inspirait sa qualité d’octogénaire. Au reste, à la fin de son régime, tant les observateurs<ref>{{Article |responsabilité1=Nonce Apostolique |champ libre=« demandons à la divine providence de vous conserver dans cette vigueur de corps et d’esprit dont donnez à tous un si magnifiques exemple » |titre=Allocution de Monseigneur Valerio Valeri |périodique=L’action française |date=3 janvier 1944|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7688691/f1.item.zoom |pages=1 }}.</ref> que les [[Collaboration en France|ultras de la collaboration]]<ref>{{Article |auteur1=Cousteau |titre=Sans équivoque… |périodique=Je suis partout |date=5 mai 1944|lire en ligne=https://www.retronews.fr/journal/je-suis-partout/05-may-1944/719/2125975/1 |pages=1 }}.</ref> louaient encore publiquement sa santé et sa clarté d’esprit.

Pour [[Robert Paxton]], le journaliste [[Robert Aron]] aurait contribué à lancer la légende parallèle de « [[Thèse du bouclier et de l'épée|l’épée et du bouclier]] » : Pétain aurait tenté de résister pied à pied aux demandes allemandes, et secrètement cherché à aider les Alliés, pendant que de Gaulle préparait la revanche ; d’autre part, il y aurait un « Vichy de Pétain » opposé au « Vichy de Laval ». Ces deux thèses sont les chevaux de bataille des apologistes de la mémoire de Pétain, mais ces distinctions ont volé en éclats à partir de la parution de son livre ''La France de Vichy'' en 1973{{sfn|Paxton|1999|p=??}}. Archives allemandes puis françaises à l’appui, les historiens actuels démontrent, à sa suite, que la [[collaboration en France|collaboration]] a été recherchée par Pétain, alors qu'[[Adolf Hitler]] n’y croyait pas et n’a jamais voulu traiter la France en partenaire. Si la collaboration n’est pas allée aussi loin qu’elle aurait pu, c’est bien en raison des réticences de Hitler, et non grâce à une quelconque résistance de Pétain aux demandes de l’occupant. Ainsi, la collaboration répondait aux choix fondamentaux et intangibles de Pétain comme de Laval, que le maréchal a nommé et laissé agir en aidant son gouvernement de son charisme. Quant au fameux « double jeu » du maréchal, il n’a jamais existé. Les quelques sondages informels qu’il a autorisés avec Londres, fin 1940, n’ont eu aucune suite<ref>Winston Churchill, ''The Second World War'', Plon, 1948-1954 ; rééd. ''La Seconde Guerre mondiale'', Le Cercle du Bibliophile, {{nb vol.|12}}, 1965-1966, {{t.|{{IV}}}}, « L'heure tragique, l'Angleterre seule, 1940 », {{chap.|XI}}, {{p.|203-227}}.</ref>{{,}}<ref>Jean Lacouture, ''Charles de Gaulle'', ''{{I}}. Le rebelle 1890-1944'', édit. Le Seuil, 1984 {{ISBN|978-2-02-006969-4}}, {{chap.|23}} « L'ombre de Vichy », {{p.|449-462}}.</ref>, et ne pèsent rien au regard de son maintien constant de la collaboration d’État jusqu’à la fin de son régime, à l’{{nobr|été 1944}}.

Loin d’avoir protégé les Français, selon les historiens{{sfn|Paxton|1999|p=??}}{{,}}<ref>Janine Bourdin, Critique du livre de Paxton dans : ''Revue française de science politique'', persee.fr {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/showPage.do;jsessionid=66288F86127BA0D9FCD064F9FB7F42B8.vesta?urn=rfsp_0035-2950_1973_num_23_3_393482_t1_0630_0000_001}}.</ref>, Pétain a accru leurs souffrances en permettant aux Allemands de réaliser à moindres frais leurs objectifs : livraisons de Juifs dans le cadre de la [[Shoah]]<ref>[http://www.ac-reims.fr/datice/bul_acad/hist-geo/archives/bul06/campsnazis.htm ac-reims.fr « 1945 : La libération des camps nazis et la révélation du génocide », ''Bulletin de Liaison des Professeurs d'Histoire-Géographie de l'Académie de Reims'', {{n°}}6, 1993.].</ref>{{,}}<ref>[http://appli-etna.ac-nantes.fr:8080/ia53/resistance2008/raphist.html appli-etna.ac-nantes.fr, « Quelques rappels sur la déportation 1933-1945 »].</ref>, répression de la [[Résistance intérieure française|Résistance]], envoi forcé de main-d’œuvre au [[Service du travail obligatoire (France)|STO]], pillage alimentaire et économique. Avec son peu de troupes, de fonctionnaires et de policiers, jamais l’occupant n’aurait vu ses projets aboutir sans le concours indispensable des autorités de Vichy, et sans le prestige de Pétain, qui maintenait les Français dans le doute ou dans la conviction qu’ils faisaient leur devoir en collaborant. 80 % des {{unité|76000 Juifs}} de France déportés et exterminés par les nazis dans les [[Camps d'extermination nazis|camps de la mort]] ont ainsi été arrêtés par la police française<ref>[http://www.crdp-reims.fr/memoire/BAC/2gm/connaissances/05deportation.htm crdp-reims.fr, Centre de recherche et de documentation pédagogique, « La déportation et le système concentrationnaire nazi »].</ref>.

De plus, en excluant de sa propre initiative des catégories entières de la communauté nationale (Juifs, communistes, républicains, francs-maçons, et bien sûr résistants), Pétain les a rendues plus vulnérables à la répression allemande, et a écarté d’emblée ces catégories de son hypothétique protection, tout comme les [[Malgré-nous|Alsaciens-Mosellans]], abandonnés et  pour nombre d'entre eux morts ou blessés à vie à cause d'Hitler, dans les mains d'un pouvoir ennemi. Aussi Pétain apparaît-il aujourd’hui aux historiens, selon le mot de [[Jean-Pierre Azéma]], comme « un bouclier percé ».

Depuis 1945, huit demandes en révision du procès Pétain ont été rejetées, ainsi que la demande répétée du transfert de sa dépouille à [[Ossuaire de Douaumont|Douaumont]]. Dans une note à [[Alexandre Sanguinetti]], le {{date-|4 mai 1966}}, le [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]], alors président de la République, signifia ainsi sa position sur cette question :
{{Citation bloc|Les signataires de la « pétition » relative au « transfert » des restes de Pétain à Douaumont n'ont aucunement été mandatés par les {{unité|800000|anciens}} combattants pour s'emparer de cette question politique. Ils ne sont mandatés que pour faire valoir les intérêts spécifiques de leurs associations. Le leur dire<ref>Cité par [[Marcel Jullian]], ''De Gaulle, Pensées, répliques et anecdotes'', éd. Le cherche midi, 1994 {{ISBN|978-2-7242-8462-1}} ; rééd. France Loisirs, Paris, 1995, {{p.|99}}.</ref>}}

Dans la foulée de l'[[Épuration à la Libération en France|épuration]], la plupart des {{page h'|Rue du Maréchal-Pétain|voies nommées en hommage à Pétain}} en France sont renommées, quelques-unes subsistant, la dernière jusque 2013<ref>{{lien web|url=https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/04/04/97001-20130404FILWWW00616-plus-aucune-rue-au-nom-de-petain.php|titre=Plus aucune rue au nom de Pétain|site=lefigaro.fr|date=4 avril 2013|auteur=Agence France-Presse|consulté le=20 juin 2020}}.</ref>.

En 1995, le président [[Jacques Chirac]] reconnut officiellement la responsabilité de l’État dans la [[rafle du Vélodrome d'Hiver]] et, en [[2006]], pour les {{nobr|90 ans}} de la [[bataille de Verdun (1917)|bataille de Verdun]], son discours mentionna à la fois le rôle de Pétain dans la bataille et ses choix désastreux de la Seconde Guerre mondiale<ref>{{lien web |titre=Discours de Jacques Chirac du 25 juin 2006 - Verdun-Meuse.fr<!-- Vérifiez ce titre --> |url=http://verdun-meuse.fr/index.php?qs=fr/ressources/discours-du-mois---fevrier-2011---discours-de |site=verdun-meuse.fr |consulté le=05-04-2023}}.</ref>.

Une longue bataille judiciaire a eu lieu d'{{date-|octobre 1984}} à {{date-|septembre 1998}} au sujet de la mémoire du maréchal Pétain. [[Jacques Isorni]] et [[François Lehideux]] avaient fait paraître le {{date-|13 juillet 1984}} dans le quotidien ''[[Le Monde]]'' un encart publicitaire intitulé « Français, vous avez la mémoire courte »<ref group=alpha>Le titre de l'encart fait référence à une phrase, restée célèbre, de l'allocution du maréchal Pétain le {{date-|17 juin 1941}}.</ref>, dans lequel, au nom de l'[[Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain]] et l'Association nationale Pétain-Verdun, ils prenaient sa défense.

À la suite d'une plainte déposée par l'[[Association nationale des anciens combattants de la Résistance]] pour apologie de crimes ou délits de collaboration avec l'ennemi, le [[Procureur de la République (France)|procureur de la République]] prit un réquisitoire définitif de non-lieu le {{date-|29 mai 1985}}, mais le juge d'instruction renvoya, une semaine plus tard, les parties devant le tribunal correctionnel de Paris, qui relaxa les prévenus le {{date-|27 juin 1986}} — jugement confirmé par la [[Cour d'appel de Paris]] le {{date-|8 juillet 1987}}. L'arrêt de la Cour d'appel fut cassé par la [[Cour de cassation (France)|Cour de cassation]] le {{date-|20 décembre 1988}}. La Cour d'appel de Paris se déjugea le {{date-|26 janvier 1990}} en déclarant les constitutions de parties civiles recevables ; elle infirma le jugement de relaxe, et condamna les prévenus à un franc de dommages et intérêts et à la publication de l'arrêt dans ''Le Monde''. Le pourvoi en cassation déposé par les prévenus fut rejeté par la Cour le {{date-|16 novembre 1993}}.
Enfin, le {{date-|23 septembre 1998}} (par l'arrêt Lehideux et Isorni contre France) la [[Cour européenne des droits de l'homme|Cour européenne des droits de l'Homme]] décida par quinze voix contre six qu'il y avait eu violation de l'article 10 de la [[Convention européenne des droits de l'homme|Convention européenne des droits de l'Homme]] — portant sur la liberté d'expression : l'opinion majoritaire chez les juges fut qu'il devait être possible de présenter un personnage, quel qu'il soit, sous un jour favorable et de promouvoir sa réhabilitation {{Incise|au besoin en passant sous silence les faits qui peuvent lui être reprochés}} et que la condamnation pénale subie en France par les requérants était disproportionnée<ref>[http://www.credho.org/cedh/session05/session05-07.htm credho.org, Credho Paris Sud, « CEHD, Liberté d'expression et apologie de la collaboration, affaire Lehideux et Isorni ({{date-|23 septembre 1998}}) », par Patrice Rolland, professeur à l'université de {{nobr rom|Paris XII}}].</ref>.

=== Point de vue de Charles de Gaulle ===
{{Citation bloc|Toute la carrière de cet homme d’exception avait été un long effort de refoulement. Trop fier pour l’intrigue, trop fort pour la médiocrité, trop ambitieux pour être arriviste, il nourrissait en sa solitude une passion de dominer, longuement durcie par la conscience de sa propre valeur, les traverses rencontrées, le mépris qu’il avait des autres. La gloire militaire lui avait, jadis, prodigué ses caresses amères. Mais elle ne l’avait pas comblé, faute de l’avoir aimé seul. Et voici que, tout à coup, dans l’extrême hiver de sa vie, les événements offraient à ses dons et à son orgueil l’occasion tant attendue de s’épanouir sans limites, à une condition, toutefois, c’est qu’il acceptât le désastre comme pavois de son élévation et le décorât de sa gloire […] Malgré tout, je suis convaincu qu’en d’autres temps, le maréchal Pétain n’aurait pas consenti à revêtir la pourpre dans l’abandon national. Je suis sûr, en tout cas, qu’aussi longtemps qu’il fut lui-même, il eût repris la route de la guerre dès qu’il put voir qu’il s’était trompé, que la victoire demeurait possible, que la France y aurait sa part. Mais, hélas ! Les années, par-dessous l’enveloppe, avaient rongé son caractère. L’âge le livrait aux manœuvres de gens habiles à se couvrir de sa majestueuse lassitude. [[La vieillesse est un naufrage]]. Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait s’identifier avec le naufrage de la France<ref>Charles de Gaulle, ''Mémoires de guerre – L'appel : 1940-1942'' ({{t.|I}}), éd. Plon, Paris, 1954 ; rééd. Pocket, 1999 (nouvelle édition 2007) {{nobr|440 p.}} (texte intégral) {{ISBN|978-2-266-09526-6|978-2-266-09526-6}}, {{p.|78-79}}.</ref>.|Charles de Gaulle|[[Mémoires de guerre]], l’Appel, 1940-1942.}}

== Synthèse de son parcours ==
=== Carrière militaire ===
* 1878-1883 : [[sous-lieutenant]] – {{1re|affectation}} au [[24e bataillon de chasseurs alpins|{{24e|bataillon}} de chasseurs à pied]] de [[Villefranche-sur-Mer|Villefranche]].
* {{date-|12 décembre 1883}} – 1890 : [[lieutenant (grade militaire)|lieutenant]] – {{1re|affectation}} au [[3e bataillon de chasseurs à pied|{{3e|bataillon}} de chasseurs]] de [[Besançon]].
* {{date-|novembre 1888}} : entrée à l’École de guerre {{14e|promotion}}.
* 1890 : [[capitaine (France)|capitaine]] à la sortie de l’école – affecté à l’état-major du [[15e corps d'armée (France)|{{15e|corps}} d'armée]] à [[Marseille]].
* 1892 : affecté au {{29e|bataillon}} de chasseurs à pied à [[Vincennes]].
* 1893 : état-major du [[gouverneur militaire de Paris]].
* {{date-|12 juillet 1900}} : [[Commandant (grade français)|commandant]] – affecté à l’École de tir de [[Châlons-en-Champagne|Châlons-sur-Marne]].
* début 1901 : affecté au [[5e régiment d'infanterie (France)|{{5e|régiment}} d'infanterie]] à la caserne de La Tour-Maubourg à Paris.
* Été 1901 : professeur-adjoint à l’[[Collège interarmées de Défense|École supérieure de guerre]].
* Été 1903 : chef de bataillon au [[104e régiment d'infanterie (France)|{{104e|régiment}} d'infanterie]].
* Été 1904-1907 : professeur à l’École de guerre.
* Été 1907 : [[lieutenant-colonel (France)|lieutenant-colonel]] commandant le [[118e régiment d'infanterie (France)|{{118e|régiment}} d'infanterie]] à [[Quimper]].
* 1908 – {{date-|26 juin 1911}} : titulaire de la chaire de tactique de l’infanterie à l’École de guerre.
* {{date-|31 décembre 1910}} : [[colonel (France)|colonel]].
* {{date-|26 juin 1911}} : commandant le [[33e régiment d'infanterie (France)|{{33e|régiment}} d'infanterie]] à [[Arras]].
* 1912 : professeur de tactique générale à l’[[École de cavalerie de Saumur|École de cavalerie]] de [[Saumur]].
* 1914 : commandant par intérim de la {{4e|brigade}} à [[Saint-Omer (Pas-de-Calais)|Saint-Omer]].
* {{date-|24 juillet 1914}} : annonce de sa retraite.
* {{date-|août 1914}} : commandant la {{4e|brigade}} du [[1er corps d'armée (France)|{{1er|corps}} d'armée]] .
* {{date-|31 août 1914}} : [[général de brigade]].
* {{date-|2 septembre 1914}} : commandant la [[6e division d'infanterie (France)|{{6e|division}} d'infanterie]].
* {{date-|14 septembre 1914}} : [[général de division]].
* {{date-|20 octobre 1914}} : commandant le [[33e corps d'armée (France)|{{33e|corps}} d'armée]].
* {{date-|10 mai 1915}} : commandeur de la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'honneur]].
* {{date-|21 juin 1915}} : commandant de la [[2e armée (France)|{{2e|armée}}]].
* {{date-|25 février 1916}} : la {{2e|armée}} est envoyée à [[Verdun]].
* {{date-|2 mai 1916}} : commandant du groupe d’armées centre à [[Bar-le-Duc]].
* {{date-|27 avril 1917}} : [[chef d'État-Major des armées (France)|chef d’État-Major général]].
* {{date-|15 mai 1917}} : général en chef des armées françaises.
* {{date-|24 août 1917}} : grand-croix de la [[Ordre national de la Légion d'honneur|Légion d'honneur]].
* {{date-|6 août 1918}} : [[médaille militaire]] (chef de l'État français, il porte seulement cette décoration).
* {{date-|21 novembre 1918}} : [[maréchal de France]].
* {{date-|23 janvier 1920}} : vice-président du [[Conseil supérieur de la guerre]].
* {{date-|9 février 1931}} : inspecteur de la défense aérienne du territoire.

=== Fonctions politiques ===
* {{date-|8 février 1934}} – {{date-|8 novembre 1934}} : [[Liste des ministres français de la Défense#Troisième République|ministre de la Guerre]].
* {{date-|6 juin 1936}} – {{date-|1er mars 1939}} : membre du Comité permanent de la Défense nationale (CPDN).
* {{date-|2 mars 1939}} – {{date-|16 mai 1940}} : [[Ambassade de France en Espagne|ambassadeur à Madrid]].
* {{date-|17 mai 1940}} : vice-président du Conseil des ministres.
* {{date-|16 juin 1940}} : [[Président du Conseil (France)|président du Conseil des ministres]].
* {{date-|11 juillet 1940}} – {{date-|20 août 1944}} : chef de l’[[Régime de Vichy|État français]].

== Publications ==
* ''Cours d'Infanterie enseigné à l'École supérieure de Guerre (1911)'', présentation par le général (CR) [[Jean Delmas (historien)|Jean Delmas]], éditions du Cosmogone, 2010, {{XIV}}-{{nobr|210 pages}}.
* ''La Bataille de Verdun'', Paris, Payot, 1929, {{nobr|157 pages}}.
* ''La Crise morale et militaire de 1917'', note préliminaire par [[Alfred Conquet]], Nouvelles éditions latines / NEL, 1966, {{nobr|160 pages}}.
* ''[[La Guerre mondiale 1914-1918]]'', avant-propos et bibliographie de [[Marc Ferro]], présentation (« Chronique d'un manuscrit oublié ») par [[Jean Jacques Dumur]], Toulouse, éditions Privat, 2014, {{nb p.|373}}, {{ISBN|978-2-7089-6961-2}}
* ''Paroles aux Français : messages et écrits 1934-1941'', éditions Déterna, 2010, {{nobr|262 pages}}.
* ''La France nouvelle : principes de la communauté'', suivis des ''Appels et messages {{date-|17 juin 1940}}-{{date-|17 juin 1941}}'', Paris, Fasquelle, Éditeurs, 1941, {{nobr|172 pages}}.

== Iconographie ==
[[Fichier:Buste de P. Pétain.jpg|vignette|Buste de Philippe Pétain, exposé au [[mémorial de Caen]].]]
* Vers 1918 : portrait de Philippe Pétain, par [[Marcel Baschet]].
* 1921 : buste du Maréchal Pétain, par [[Victor Ségoffin]].
* Vers 1940 : buste en pied de Philippe Pétain, par [[François Cogné]].

== Dans la culture populaire ==
=== Musique ===
{{div col||30em}}
* ''[[Maréchal, nous voilà !]]'' par [[André Dassary]], éloge, devenue hymne du [[Régime de Vichy]]
* ''Les fils de Pétain'' par [[Pierre Dac]] (1943), critique du régime de Vichy, évoque aussi [[Paul Marion]], [[Joseph Darnand]], [[Jacques Doriot]], [[Pierre Laval]] et [[Philippe Henriot]]
* ''Les Deux Oncles'' par [[Georges Brassens]] (1964)
* ''Maréchal'' par [[Juliette Gréco]]
* ''Eldorado'' par Hugo TSR (2011)
* ''Le Bruit des bottes'' par VII et 1984 (2013)
* ''Rap Francophone'' par Sizif (2015)
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=== Cinéma ===
{{div col||30em}}
* 1928 : ''[[Verdun, visions d'histoire]]'', Philippe Pétain joue son propre personnage.
* 1975 : ''[[Section spéciale (film, 1975)|Section spéciale]]'', acteur non crédité.
* 1944 : ''[[L'Imposteur (film, 1944)|L'imposteur]]'', joué par {{lien|lang=de|Arthur Stenning}}.
* 1984 : ''{{Lien|trad=Katastrofa w Gibraltarze (film)|lang=pl|fr=Katastrofa w Gibraltarze (film)|texte=Katastrofa w Gibraltarze}}'', joué par {{Lien|trad=Juliusz Lubicz-Lisowski|lang=pl|fr=Juliusz Lubicz-Lisowski|texte=Juliusz Lubicz-Lisowski}}.
* 1993 : ''[[Pétain (film)|Pétain]]'', joué par [[Jacques Dufilho]].
* 2010 : ''[[La Rafle (film, 2010)|La Rafle]]'', joué par [[Roland Copé]].
* 2020 : ''[[De Gaulle (film)|De Gaulle]]'', joué par [[Philippe Laudenbach]].
{{div col end}}

=== Télévision ===
{{div col||30em}}
* 1977 : ''[[Les samedis de l'histoire]]'', Foch pour vaincre, joué par Jean Davy.
* 1979 : ''[[Les Dossiers de l'écran|Les dossiers de l'écran]]'', Le procès de Riom, joué par Maurice Jacquemont.
* 1981 : ''[[Au bon beurre]]'', joué par [[Maurice Jacquemont]].
* 1990 : ''[[Moi, général de Gaulle]]'', joué par [[Yves Brainville]].
* 1992 : ''[[Les Aventures du jeune Indiana Jones|Les aventures du jeune Indiana Jones]]'', joué par [[Jean Rougerie]].
* 1997 : ''[[Le Dernier Été (téléfilm)|Le Dernier Été]]'', joué par [[Jean Davy]].
* 2000 : ''{{lien|Monsignor Renard}}'', joué par [[Warren Mitchell]].
* 2005 : ''[[Un coin d'Azur]]'', joué par [[Jean-Marc Scoccimaro]].
* 2006 : ''[[Die Hölle von Verdun]]'', joué par [[Marian Kolon]].
* 2008 : ''[[Mitterrand à Vichy]]'', joué par [[Maurice Mons]].
* 2010 : ''[[Ce jour-là, tout a changé]]'', joué par [[Alain Mottet]].
* 2012 : ''On a volé le Maréchal !'' de Cédric Condom, écrit par [[Jean-Yves Le Naour]] (documentaire).
* 2012 : ''Clemenceau'', joué par [[Daniel Martin (acteur)|Daniel Martin]].
* 2013 : ''[https://invidious.fdn.fr/watch?v=cVoolNiYuaU Blum-Pétain, duel sous l'Occupation]'', documentaire de Julia Bracher et Hugo Hayat
* 2021 : ''[[Laval, le collaborateur]]'', joué par [[Georges Claisse]]
{{div col end}}

=== Roman graphique ===
''Juger Pétain'', textes de [[Sébastien Vassant]] et Philippe Saada, dessins de Sébastien Vassant, éditions [[Glénat]], coll. 1000 Feuilles, {{nobr|133 pages}}, 2015.

=== Divers ===
Le nom de « Maréchal Pétain » a été donné à un [[paquebot]] des [[Messageries maritimes|Messageries Maritimes]] lancé le 8 juin 1944. Il est rebaptisé ''[[MS La Marseillaise|La Marseillaise]]'' en 1945 avant d'être mis en service en 1949<ref>[http://www.messageries-maritimes.org/marsaise.htm ''La Marseillaise''].</ref>.

Le village de [[Beni Amrane]] en [[Algérie]] porta le nom de « Maréchal Pétain » entre 1942 et 1943<ref>{{Article |auteur1=[[Raphaëlle Branche]] |titre=Le récit historique et les intentions des acteurs. Réponse à François Buton |périodique=[[Le Mouvement social]] |volume=1 |numéro=238 |date=2012 |pages=87-93 |issn= |lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-le-mouvement-social-2012-1-page-87.htm |consulté le=20 novembre 2017 |id= }}. Via [[Cairn.info]].</ref>.

Le [[Dictature|dictateur]] [[État national-légionnaire|fasciste roumain]] [[Histoire de la Roumanie pendant la Seconde Guerre mondiale|pendant la guerre]], le [[Ion Antonescu|maréchal Antonescu]], s'auto-proclamait « Pétain roumain » (''Petainul român'') et « Guide de la nation » (''Conducatorul neamului'')<ref>Mihai Pelin, ''Antonescu, le Pétain roumain et ses guerres'', Ed. Iosif Constantin Drăgan, Venise 1988.</ref>.

Un chêne remarquable de la [[forêt de Tronçais]], située non loin de Vichy, reçut son nom durant la période de l'États français. Après la libération, l'arbre fut rebaptisé « [[Chêne de la Résistance]] ».

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=alpha}}

=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=25}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets
|commons=Category:Philippe Pétain
|wikisource=Auteur:Philippe_Pétain
}}

=== Sources primaires ===
==== Mémoires et témoignages ====
* ''Le Procès du maréchal Pétain - Compte-rendu sténographique'', Albin Michel ({{nobr|2 tomes}}), coll. « des grands procès contemporains », 1945, [https://criminocorpus.org/fr/bibliotheque/doc/1869/ {{vol.|1}}], [https://criminocorpus.org/fr/bibliotheque/doc/1870/ {{vol.|2}}].
* ''Le Procès du maréchal Pétain'', texte intégral du ''Journal Officiel'', Éditions du Trident, Paris, {{nobr|3 volumes}}, {{nobr|1450 pages}}.
* [[Maurice Garçon]], ''Le Procès du maréchal Pétain'', éditions Variétés, 1949.
* [[Frédéric Pottecher]], ''Le Procès Pétain : {{nobr|20 journées}} d'audiences'', 1981, {{nb p.|542}}, éditions Lattès.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Henry Du Moulin de Labarthète|titre=Le temps des illusions|sous-titre=souvenirs, juillet 1940-avril 1942|lieu=Paris|éditeur=Déterna|collection=Documents pour l'histoire|année=2012|année première édition=1946|pages totales=436|isbn=978-2-36006-050-4|oclc=820122084}}.
* Jean-Henri Jauneaud, ''J'accuse le Maréchal Pétain'', éditions Pygmalion, 1949.
* [[Paul Racine]], ''J'ai servi Pétain. Le dernier témoin'', Paris, Le Cherche-midi, 2014.
* [[Colonel Rémy|Gilbert Renault]] (colonel Rémy, [[compagnon de la Libération]]), ''Dans l'ombre du maréchal'', Presses de la cité, 1971.
* Jean Tracou, ''Le Maréchal aux liens'', Éd. André Bonne, 1949.
* M.A Combaluzier, ''J'ai vu mourir Philippe Pétain'', Flammarion, 1966.
* Actes et écrits de Philippe Pétain, présentés par Jacques Isorni, Flammarion, 1974.
* Général [[Émile Laure]], ''Pétain'', Éd. Berger-Levrault, 1942.
* Albert Massonie, ''J'ai soigné Pétain'', Tallandier, 2017.
* [[Léon Zeller]], annoté par Claude Franc, ''Souvenirs sur les maréchaux Foch et Pétain'', Economica, 2018.

=== Bibliographie ===
==== Sur Pétain ====
* {{Chapitre|langue=fr |prénom1=Serge |nom1=Bernstein |lien auteur1=Serge Bernstein |titre chapitre=Le gouvernement Pétain du 16 juin au 10 juillet 1940 |auteurs ouvrage=[[Pierre Allorant]], [[Noëlline Castagnez]] et [[Antoine Prost]] (dir.)|titre ouvrage=Le moment 1940 |sous-titre ouvrage= effondrement national et réalités locales | lieu=Paris |éditeur=[[Éditions L'Harmattan]] / Éditions Pepper |collection=Cliopolis |année=2012 |pages totales=288 |isbn=978-2-296-96634-5 |passage=77-90}}.
* {{Article|langue=fr |prénom1=Michel|nom1=Catala|titre=L'ambassade espagnole de Pétain (mars 1939-mai 1940)|périodique=[[20 et 21 : Revue d'histoire|Vingtième Siècle : Revue d'histoire]]|numéro=55|mois=juillet-septembre |année=1997 |pages=29-42 |issn=0294-1759|e-issn=1950-6678|lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1997_num_55_1_3661}}.
* {{Article|langue=fr |prénom1=Violaine|nom1=Challéat|prénom2=Emmanuel|nom2=Pénicaut|titre=Philippe Pétain en taille-douce|sous-titre=portrait d'un homme par ses correspondants (1914-1921)|périodique=[[20 et 21 : Revue d'histoire|Vingtième Siècle : Revue d'histoire]]|numéro=90|mois=avril-juin |année=2006 |pages=187-196 |issn=0294-1759|e-issn=1950-6678|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2006-2-page-187.htm}}.
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Marc |nom1=Ferro |lien auteur1=Marc Ferro |titre=Pétain |lieu=Paris |éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]] |année=1987 |pages totales=789 |isbn=2-213-01833-2 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1989_num_36_2_1499_t1_0349_0000_2}}, {{lire en ligne|lien=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1987_num_16_1_1944_t1_0130_0000_3|texte=présentation en ligne}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Marc|nom1=Ferro|lien auteur1=Marc Ferro|titre=Pétain|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|collection=Pluriel|année=2009|année première édition=1987, Fayard|pages totales=789|format livre=poche|isbn=978-2-01-270518-0}}.}}
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Marc|nom1=Ferro|champ libre=avec la participation de Serge de Sampigny |titre=Pétain en vérité |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallandier]] |année=2013 |pages totales=302 |isbn=979-10-210-0130-5 |présentation en ligne=http://www.tallandier.com/livre-9791021001305.htm}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage |auteur1=Marc Ferro |champ libre=avec la participation de Serge de Sampigny |titre=Pétain |sous-titre=les leçons de l'histoire |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Tallandier]] |collection=Texto : le goût de l'histoire |année=2016 |pages totales=319 |format=poche |isbn=979-10-210-1739-9}}.}}
* {{Ouvrage|langue=fr |langue originale=en |prénom1=Julian T. |nom1=Jackson |lien auteur1=Julian T. Jackson |traducteur=Marie-Anne de Béru |titre=Le procès Pétain |sous-titre=Vichy face à ses juges |titre original=France on Trial  : The Case of Marshal Pétain |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil]] |année=2024 |pages totales=464 |isbn=978-2-02-146265-4 |présentation en ligne=https://www.lemonde.fr/livres/article/2024/01/28/le-proces-petain-les-illeres-de-julian-jackson_6213529_3260.html}}, {{lire en ligne|lien=https://www.lefigaro.fr/livres/le-proces-petain-vichy-face-a-ses-juges-de-julian-jackson-l-heure-du-jugement-20240118|texte=présentation en ligne}}.
* {{Chapitre|langue=fr |prénom1=Bernard|nom1=Laguerre|titre chapitre=Les biographies de Pétain|auteurs ouvrage=[[Jean-Pierre Azéma]] et [[François Bédarida]] (dir.)|titre ouvrage=Le régime de Vichy et les Français|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|collection=Pour une histoire du {{s-|XX}}|année=1992|pages totales=788|isbn=2-213-02683-1|passage=45-56}}.
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Jean-Yves |nom1=Le Naour|lien auteur1=Jean-Yves Le Naour |titre=On a volé le Maréchal !|lieu=Paris |éditeur=Larousse |collection=L'Histoire comme un roman |année=2009 |pages totales=206 |isbn=978-2-03-584838-3}}.
* {{Article|langue=fr |prénom1=Jean-Yves |nom1=Le Naour|lien auteur1=Jean-Yves Le Naour|titre=Pétain, l'imposteur de Verdun|périodique=[[Historia (revue)|Historia]]|numéro=830|mois=février|année=2016|pages=|lire en ligne=https://www.historia.fr/p%C3%A9tain-limposteur-de-verdun}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |prénom1=Herbert R.|nom1=Lottman |lien auteur1=Herbert R. Lottman |traducteur=Béatrice Vierne |titre=Pétain |lieu=Paris |éditeur=Éditions du Seuil |année=1984 |pages totales=727 |isbn=2-02-006763-3 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1984_num_3_1_1798_t1_0162_0000_2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Louis |nom1=Neute |titre=Monsieur le Maréchal |sous-titre=le parcours militaire de Philippe Pétain, 1878-1939 |lieu=Paris |éditeur=Éditions de l'École de guerre |collection=Champs de bataille |année=2020 |pages totales=191 |isbn=978-2-35673-065-7 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2021-6-page-151.htm}}.
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Guy |nom1=Pedroncini |lien auteur1=Guy Pedroncini |titre=Pétain, général en chef, 1917-1918 |lieu=Paris |éditeur=[[Presses universitaires de France]] |collection=Publications de la Sorbonne. N.S. Recherches |numéro dans collection=8 |année=1974 |pages totales=463 |commentaire=Texte remanié de la thèse de lettres soutenue en 1971 à {{lnobr rom|Université Panthéon-Sorbonne|Paris I}} : ''Le Haut Commandement français et la conduite de la guerre, mai 1917-novembre 1918''.}}
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Guy |nom1=Pedroncini |lien auteur1=Guy Pedroncini |titre=Pétain |volume=1 |titre volume=Le soldat et la gloire, 1856-1918 |lieu=Paris |éditeur=Perrin |année=1989 |pages totales=438 |isbn=2-262-00628-8 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1990_num_26_1_2982_t1_0149_0000_2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Guy |nom1=Pedroncini |lien auteur1=Guy Pedroncini |titre=Pétain |volume=2 |titre volume=La victoire perdue, 1919-1940 |lieu=Paris |éditeur=Perrin |année=1995 |pages totales=287 |isbn=2-262-01083-8}}.
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Guy |nom1=Pedroncini |lien auteur1=Guy Pedroncini |titre=Pétain |sous-titre=le soldat, 1856-1940 |lieu=Paris |éditeur=Perrin |année=1998 |pages totales=527 |isbn=2-262-01386-1 |commentaire=Réédition des deux volumes ''Pétain, le soldat et la gloire'' et ''Pétain, la victoire perdue''.}}
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Guy |nom1=Penaud |lien auteur1=Guy Penaud |titre=De Gaulle-Pétain |sous-titre=l'affrontement du printemps 1940 |lieu=Paris |éditeur=Éditions L'Harmattan |collection=Historiques. Série Travaux |année=2012 |pages totales=338 |isbn=978-2-296-56829-7}}.
* {{Chapitre|langue=fr |prénom1=Jean |nom1=Perrier-Cornet |titre chapitre=Le maréchal Pétain, ministre de la Guerre ({{date-|9 février}}-{{date-|8 novembre 1934}})|auteurs ouvrage=[[Olivier Forcade]], Eric Duhamel et Philippe Vial (dir.)|titre ouvrage=Militaires en République (1870-1962)|sous-titre ouvrage=Les officiers, le pouvoir et la vie publique en France|éditeur=Publications de la Sorbonne|collection=Histoire de la France {{sp-|XIX|-|XX}}s|numéro dans collection=47|année=1999|pages totales=734|isbn=2-85944-362-2|lire en ligne=https://books.openedition.org/psorbonne/61817?lang=fr|passage=245-254}}.
* {{Ouvrage|langue=fr |prénom1=Bénédicte |nom1=Vergez-Chaignon |lien auteur1=Bénédicte Vergez-Chaignon |titre=Pétain |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Perrin]] |année=2014 |pages totales=1039 |isbn=978-2-262-03885-4 |présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-historique-2015-2-page-413.htm#pa184}}.
* {{Article |langue=fr|prénom1=Bénédicte |nom1=Vergez-Chaignon |lien auteur1=Bénédicte Vergez-Chaignon|titre=Le maréchal Pétain et la « question juive » |périodique=[[Revue d'histoire de la Shoah]]|numéro=212|mois=octobre|année=2020|issn=2111-885X|doi=10.3917/rhsho.212.0105|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-de-la-shoah-2020-2-page-105.htm|pages=105-119}}.

==== Sur le régime de Vichy et la collaboration ====
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Azéma|lien auteur1=Jean-Pierre Azéma|directeur1=oui|prénom2=François|nom2=Bédarida|lien auteur2=François Bédarida|directeur2=oui|titre=La France des années noires|volume=1|titre volume=De la défaite à Vichy.|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Points|série=histoire|année=2000|pages totales=580|isbn=978-2-02-018306-2|oclc=773008198}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Azéma|lien auteur1=Jean-Pierre Azéma|directeur1=oui|prénom2=François|nom2=Bédarida|lien auteur2=François Bédarida|directeur2=oui|titre=La France des années noires|volume=2|titre volume=De l'occupation à la libération|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Points|série=histoire|année=2000|pages totales=632|isbn=978-2-02-018307-9|oclc=773008199}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Azéma|lien auteur1=Jean-Pierre Azéma|directeur1=oui|auteur2=François Bédarida|directeur2=oui|titre=Le régime de Vichy et les Français|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|collection=Pour une histoire du {{s-|XX}}|année=1992|pages totales=788|isbn=2-213-02683-1}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Azéma|lien auteur1=Jean-Pierre Azéma|titre=Nouvelle histoire de la France contemporaine|volume=14|titre volume=De Munich à la Libération, 1938-1944|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Points. Histoire|numéro dans collection=114|année=1979|pages totales=412|isbn=2-02-005215-6|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1979_num_48_2_2199_t1_0248_0000_3}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Azéma|lien auteur1=Jean-Pierre Azéma|auteur2=[[Olivier Wieviorka]]|titre=Vichy 1940-1944|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin]]|collection=Tempus|numéro dans collection=68|année=2000|pages totales=374|isbn=978-2-262-02229-7|oclc=699322813}}.
* {{Article|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Bertin-Maghit|titre=« Les voyages du maréchal »|sous-titre=trois historiens en quête d'images|périodique=[[20 et 21 : Revue d'histoire|Vingtième Siècle : Revue d'histoire]]|numéro=32|mois=octobre-décembre |année=1991 |pages=85-92 |issn=0294-1759|e-issn=1950-6678|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1991_num_32_1_2460}}.
* {{Ouvrage |auteur1=[[Éric Conan]] |auteur2=[[Henry Rousso]] |titre=Vichy, un passé qui ne passe pas |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |collection=Folio histoire |année=1996 |année première édition=1994 - Fayard |pages totales=513 |isbn=978-2-07-032900-7}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Jean-Louis Crémieux-Brilhac]] |titre=Les Français de l'an 40 |tome={{I}} |titre volume=La guerre, oui ou non ? |lieu=Paris |éditeur=[[éditions Gallimard]] |année=1990 |pages totales=640 |isbn=2-07-071897-2 |id=Crémieux-Brilhac}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Michèle|nom1=Cointet|lien auteur1=Michèle Cointet|titre=Nouvelle histoire de Vichy|sous-titre=1940-1945|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2011|pages totales=797|isbn=978-2-213-63553-8|présentation en ligne=https://www.histoire-politique.fr/documents/comptesRendus/pdf/CR1_2012_SergeBersteinsurMicheleCointet_def.pdf}}.
* {{Ouvrage|prénom1=François|nom1=Delpla|lien auteur1=François Delpla|préface=Philippe Masson|titre=Montoire, les premiers jours de la collaboration|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Albin Michel]]|année=1996|pages totales=504|isbn=978-2-226-08488-0|oclc=36556555}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Laurent|nom1=Joly|lien auteur1=Laurent Joly|titre=L'État contre les juifs|sous-titre=Vichy, les nazis et la persécution antisémite|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Grasset]]|année=2018|pages totales=368|isbn=978-2-246-86299-4|présentation en ligne=https://www.lemonde.fr/livres/article/2018/10/04/vichy-coupable_5364318_3260.html}}.
* [[Jean-François Muracciole]], ''La France pendant la Seconde Guerre mondiale'', Le Livre de poche références, 2002.
* {{Ouvrage|prénom1=Robert|nom1=Paxton|lien auteur1=Robert Paxton|traducteur=Claude Bertrand|préface=[[Stanley Hoffmann]]|titre=[[La France de Vichy|La France de Vichy 1940-1944]]|titre original=Vichy France : Old Guard and New Order, {{nobr|1940-1944}}|traduction titre=La France de Vichy : vieille Garde et Ordre Nouveau, 1940-1944|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=L'Univers historique|année=1973|pages totales=375|isbn=|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/rfsp_0035-2950_1973_num_23_3_393482_t1_0630_0000_001}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage|prénom1=Robert|nom1=Paxton|lien auteur1=Robert Paxton|traducteur=Claude Bertrand|préface=[[Stanley Hoffmann]]|titre=[[La France de Vichy|La France de Vichy 1940-1944]]|titre original=Vichy France : Old Guard and New Order, {{nobr|1940-1944}}|traduction titre=La France de Vichy : Vieille Garde et Ordre Nouveau, 1940-1944|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil]]|collection=Points Histoire|année=1997|mois=novembre|année première édition=1973|réimpression=1999|pages totales=475|isbn=978-2-02-039210-5|présentation en ligne=https://www.lemonde.fr/livres/article/2008/08/08/la-france-de-vichy-par-thomas-wieder_1081586_3260.html}}.}}
* {{Ouvrage |prénom1=Robert |nom1=Paxton |lien auteur1=Robert Paxton |traducteur=Pierre de Longuemar |postface=[[Claude d'Abzac-Epezy]] |titre=L'armée de Vichy |sous-titre=le corps des officiers français 1940-1944 |titre original=Parades and Politics at Vichy : the French Officer Corps under Marshall Pétain |éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallandier]] |année=2003 |pages totales=586 |isbn=2-84734-139-0}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |prénom1=Robert |nom1=Paxton |lien auteur1=Robert Paxton |traducteur=Pierre de Longuemar |postface=[[Claude d'Abzac-Epezy]] |titre=L'armée de Vichy |sous-titre=le corps des officiers français 1940-1944 |titre original=Parades and Politics at Vichy : the French Officer Corps under Marshall Pétain |lieu=Paris |éditeur=[[éditions du Seuil]] |collection=Points. Histoire |numéro dans collection=352 |année=2005 |pages totales=586 |isbn=2-02-067988-4}}.}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Henry |nom1=Rousso |lien auteur1=Henry Rousso |titre=Pétain et la fin de la collaboration |sous-titre=Sigmaringen, 1944-1945 |lieu=Bruxelles |éditeur=[[Éditions Complexe]] |collection=Historiques |numéro dans collection=13 |année=1984 |pages totales=441 |isbn=2-87027-138-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=nCE_2I4vyZkC&printsec=frontcover}}. {{commentaire biblio|Réédition avec une préface inédite : {{Ouvrage |prénom1=Henry |nom1=Rousso |lien auteur1=Henry Rousso |titre=Un château en Allemagne |sous-titre=Sigmaringen, 1944-1945 |lieu=Paris |éditeur=Pluriel |collection=Pluriel |année=2012 |pages totales=667 |isbn=978-2-8185-0230-3}}.}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Henry|nom1=Rousso|lien auteur1=Henry Rousso|titre=Le Syndrome de Vichy, 1944-198…|lieu=Paris|éditeur=Éditions du Seuil|année=1987|pages totales=383|isbn=2-02-009772-9|présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1988_num_53_3_3805_t1_0784_0000_2}}.

=== Articles connexes ===
* [[Régime de Vichy]]
* [[Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940]], donnant les pleins pouvoirs constituants à Pétain qui crée dès le lendemain l’[[Régime de Vichy|État français]] et organise provisoirement le régime par les [[Actes constitutionnels du régime de Vichy|Actes constitutionnels]] ({{date-|10 juillet 1940}})
* [[Lois sur le statut des Juifs du régime de Vichy]]
* {{page h'|Rue du Maréchal-Pétain}} | {{page h'|Avenue du Maréchal-Pétain}} | {{page h'|Place du Maréchal-Pétain}}
* [[Mont Pétain]], sommet canadien nommé en hommage au maréchal Pétain
* [[Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain]]
* [[Musée historial de l'Île-d'Yeu]]
* ''[[La Guerre mondiale 1914-1918]]'', ouvrage de Pétain, retrouvé en 2006 et publié en 2014

=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Bases}}
* Des papiers personnels de Philippe Pétain sont conservés aux [[Archives nationales (France) | Archives nationales]], site de Pierrefitte-sur-Seine, sous la cote 415AP : [https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_004950 Inventaire du fonds].

{{Succession/Début}}
{{Succession/Ligne|couleur1=#BFC5F9|couleur2=white|couleur3=#F9C8BF|icone=Flag of France.svg<!--Le drapeau de l'[[Régime de Vichy|État français]] durant le régime de Vichy est le [[drapeau de la France|drapeau tricolore de la France]], sans marque distinctive particulière de ce régime et sans changement par rapport à celui de la [[Troisième République (France)|Troisième République]].-->
  |nom=[[Régime de Vichy|Chef de l'État français]]
  |avant=[[Albert Lebrun]]<br><small>[[Président de la République française]]</small>
  |après=[[Charles de Gaulle]]<br><small>[[Gouvernement provisoire de la République française|Chef du Gouvernement provisoire de la République française]]</small>
  |période=11 juillet 1940 - 20 août 1944
}}
{{Succession/Ligne|couleur1=#BFC5F9|couleur2=white|couleur3=#F9C8BF|icone=Coat of arms of Andorra.svg
  |nom=[[Cosuzeraineté d'Andorre|Coprince d'Andorre]]<br>avec Ricardo Fornesa i Puigdemasa
  |avant=[[Albert Lebrun]]
  |après=[[Charles de Gaulle]]
  |période=1940-1944}}
{{Succession/Fin}}
{{Palette
 |{{Palette Succession/Académie française|Numéro=18|Période=1929-1945|avant=[[Ferdinand Foch]]|après=[[André François-Poncet]]
 }}
 |{{Palette Composition Académie française
|jour=election
|date=20 juin 1929
|précédent=Ferdinand Foch#deces
|suivant=Georges Clemenceau#deces
|fauteuil1=Émile Picard
|fauteuil2=Émile Mâle
|fauteuil3=Georges Clemenceau
|fauteuil4=Louis Bertrand (écrivain)|nom_fauteuil4=Louis Bertrand
|fauteuil5=Louis Madelin
|fauteuil6=Georges de Porto-Riche
|fauteuil7=Henri Bergson
|fauteuil8=Alfred Baudrillart
|fauteuil9=Marcel Prévost
|fauteuil10=Camille Jullian
|fauteuil11=Georges Goyau
|fauteuil13=Albert Besnard
|fauteuil14=Hubert Lyautey
|fauteuil15=Henri Lavedan
|fauteuil16=Henri-Robert
|fauteuil17=Georges Lecomte
|fauteuil18=Philippe Pétain
|fauteuil19=Maurice Paléologue
|fauteuil20=Henry Bordeaux
|fauteuil21=André Chevrillon
|fauteuil22=Eugène Brieux
|fauteuil23=Abel Hermant
|fauteuil24=Édouard Estaunié
|fauteuil25=Maurice Donnay
|fauteuil26=René Doumic
|fauteuil27=Auguste de La Force
|fauteuil28=Louis Barthou
|fauteuil29=Gabriel Hanotaux
|fauteuil30=René Bazin
|fauteuil31=Joseph Bédier
|fauteuil32=Pierre de Nolhac
|fauteuil33=Paul Bourget
|fauteuil34=Raymond Poincaré
|fauteuil35=Joseph Joffre
|fauteuil36=Henri Bremond
|fauteuil37=Pierre de La Gorce
|fauteuil38=Paul Valéry
|fauteuil39=Henri de Régnier
|fauteuil40=Jules Cambon
|date1=1894|membre1=Paul Bourget
|date2=1897|membre2=Gabriel Hanotaux
|date3=1898|membre3=Henri Lavedan
|date4=1903|membre4=René Bazin
|date5=1907|membre5=Maurice Donnay
|date6=1909|membre6=Raymond Poincaré
|date7=1909|membre7=Eugène Brieux
|date8=1909|membre8=René Doumic
|date9=1909|membre9=Marcel Prévost
|date10=1911|membre10=Henri de Régnier
|date11=1912|membre11=Hubert Lyautey
|date12=1914|membre12=Pierre de La Gorce
|date13=1914|membre13=Henri Bergson
|date14=1918|membre14=Joseph Joffre
|date15=1918|membre15=Louis Barthou
|date16=1918|membre16=Alfred Baudrillart
|date17=1918|membre17=Jules Cambon
|date18=1918|membre18=Georges Clemenceau
|date19=1919|membre19=Henry Bordeaux
|date20=1920|membre20=Joseph Bédier
|date21=1920|membre21=André Chevrillon
|date22=1922|membre22=Pierre de Nolhac
|date23=1922|membre23=Georges Goyau
|date24=1923|membre24=Henri Bremond
|date25=1923|membre25=Georges de Porto-Riche
|date26=1923|membre26=Édouard Estaunié
|date27=1923|membre27=Henri-Robert
|date28=1924|membre28=Camille Jullian
|date29=1924|membre29=Georges Lecomte
|date30=1924|membre30=Émile Picard
|date31=1924|membre31=Albert Besnard
|date32=1925|membre32=Louis Bertrand (écrivain)|nom_membre32=Louis Bertrand
|date33=1925|membre33=Auguste de La Force
|date34=1925|membre34=Paul Valéry
|date35=1927|membre35=Abel Hermant
|date36=1927|membre36=Émile Mâle
|date37=1927|membre37=Louis Madelin
|date38=1928|membre38=Maurice Paléologue
|date39=1929|membre39=Philippe Pétain
 }}
 |{{Palette Composition Académie française
|jour=radiation
|date=15 août 1945
|précédent=Paul Valéry#deces
|suivant=Abel Hermant#radiation
|fauteuil1=Louis de Broglie
|fauteuil2=Émile Mâle
|fauteuil3=André Chaumeix
|fauteuil5=Louis Madelin
|fauteuil6=Pierre Benoit
|fauteuil7=Édouard Le Roy
|fauteuil9=Émile Henriot (écrivain)|nom_fauteuil9=Émile Henriot
|fauteuil10=Léon Bérard (homme politique)|nom_fauteuil10=Léon Bérard
|fauteuil17=Georges Lecomte
|fauteuil18=Philippe Pétain
|fauteuil20=Henry Bordeaux
|fauteuil21=André Chevrillon
|fauteuil22=François Mauriac
|fauteuil23=Abel Hermant
|fauteuil24=Louis Pasteur Vallery-Radot|nom_fauteuil24=L. Pasteur Vallery-Radot
|fauteuil26=André Maurois
|fauteuil27=Auguste de La Force
|fauteuil28=Claude Farrère
|fauteuil29=André Siegfried
|fauteuil30=Georges Duhamel
|fauteuil31=Jérôme Tharaud
|fauteuil32=Georges Grente
|fauteuil33=Edmond Jaloux
|fauteuil34=Joseph de Pesquidoux
|fauteuil35=Maxime Weygand
|fauteuil37=Maurice de Broglie (physicien)|nom_fauteuil37=Maurice de Broglie
|fauteuil39=Jacques de Lacretelle
|fauteuil40=Lucien Lacaze
|date1=1919|membre1=Henry Bordeaux
|date2=1920|membre2=André Chevrillon
|date3=1924|membre3=Georges Lecomte
|date4=1925|membre4=Auguste de La Force
|date5=1927|membre5=Abel Hermant
|date6=1927|membre6=Émile Mâle
|date7=1927|membre7=Louis Madelin
|date8=1929|membre8=Philippe Pétain
|date9=1930|membre9=André Chaumeix
|date10=1931|membre10=Pierre Benoit
|date11=1931|membre11=Maxime Weygand
|date12=1933|membre12=François Mauriac
|date13=1934|membre13=Maurice de Broglie (physicien)|nom_membre13=Maurice de Broglie
|date14=1934|membre14=Léon Bérard (homme politique)|nom_membre14=Léon Bérard
|date15=1935|membre15=Claude Farrère
|date16=1935|membre16=Georges Duhamel
|date17=1936|membre17=Edmond Jaloux
|date18=1936|membre18=Joseph de Pesquidoux
|date19=1936|membre19=Lucien Lacaze
|date20=1936|membre20=Georges Grente
|date21=1936|membre21=Jacques de Lacretelle
|date22=1938|membre22=André Maurois
|date23=1938|membre23=Jérôme Tharaud
|date24=1944|membre24=Louis de Broglie
|date25=1944|membre25=André Siegfried
|date26=1944|membre26=Louis Pasteur Vallery-Radot
|date27=1945|membre27=Édouard Le Roy
|date28=1945|membre28=Émile Henriot (écrivain)|nom_membre28=Émile Henriot
|note=Condamné à la [[indignité nationale|dégradation nationale]] le 15 août 1945, son fauteuil est déclaré vacant, mais son successeur n’est élu qu’après sa mort.
 }}
 |Chef d'état-major de l'Armée de terre (France)|Présidents du conseil des ministres de la Troisième République française|Gouvernement Laval VI|Gouvernement Darlan|Gouvernement Flandin II|Gouvernement Laval V|Gouvernement Pétain|Gouvernement Reynaud|Gouvernement Bouisson|Gouvernement Doumergue II
|Régime de Vichy}}

{{Portail|Première Guerre mondiale|Seconde Guerre mondiale|Nord-Pas-de-Calais|Académie française|politique française|Armée française|Nationalisme|Conservatisme|Shoah}}

{{CLEDETRI:Petain, Philippe}}
[[Catégorie:Philippe Pétain|*]]
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