Voir la source de Philippe Leclerc de Hauteclocque

==== Affaire des Waffen-SS français ====
Le 6 mai au matin, Leclerc prend ses quartiers dans le village de [[Bad Reichenhall]] ([[District de Haute-Bavière|Haute-Bavière]]), non loin de Berchtesgaden. Le même jour, douze [[Waffen-SS]] français, issus pour la plupart de la [[33e Waffen-Grenadier-Division de la SS Charlemagne (französische Nr. 1)|division Charlemagne]], ont été capturés par les Américains. Ils sont remis à la [[2e division blindée (France)|{{2e|DB}}]]. Quelques clichés photographiques ont été pris lors de cette rencontre entre Français<ref>{{lien web|url=http://2db.free.fr/dossiers_badreichenhall_doc.html|titre=Dossier sur le site sur la {{2e|DB}}}}.</ref>. Leclerc a un bref échange avec les prisonniers, demandant à l'un d'eux : {{citation|N'avez-vous pas honte de servir sous cet uniforme ?}} Le SS français aurait alors répondu que Leclerc portait lui-même un uniforme américain.

Selon les témoignages existants, Leclerc aurait ensuite quitté les lieux, en déclarant sur le ton de l'agacement : {{citation|Débarrassez-moi de ces gens-là !}}{{sfn|Notin|2005|p=330-333}} Le [[Gouvernement provisoire de la République française|GPRF]], informé de l'existence des prisonniers, ne reçoit plus ensuite aucune nouvelle et s'en inquiète par télégramme le {{date|18 mai}}. Les autorités de Paris ignorent alors que les douze SS français ont été fusillés, le 7 ou le 8 mai, dans une clairière, au lieu-dit Kugelbach, par des soldats du [[régiment de marche du Tchad]] (des républicains espagnols de la ''{{langue|es|Nueve}}''). Exécutés par groupe de quatre, ils ont été assistés religieusement par le père Maxime Gaume, aumônier de la division. L'exécution des prisonniers ne s'est accompagnée d'aucun jugement, le tribunal militaire de la {{2e|DB}} ne s'étant pas réuni pour l'occasion.

Plusieurs décennies après les faits, la responsabilité de cet acte, qui s'inscrit dans le cadre plus large de la répression de la collaboration avec l'Allemagne nazie<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pierre Montagnon|titre=La Grande histoire de la Seconde guerre mondiale : Du procès Laval au jugement de Nuremberg, septembre 1945-octobre 1946|éditeur=[[Pygmalion (maison d'édition)|Pygmalion]]|année=1996|pages totales=322|passage=33|isbn=}}.</ref>, n'a pas pu être déterminée. Le père Gaume, désigné pour assister les fusillés, aurait déclaré que la décision d'exécuter les prisonniers avait été prise {{Citation|à l'état-major}} de la division<ref>{{article|auteur=X. R.|titre=Fusillés sans jugement|périodique=Historia|numéro=32 : « L'internationale SS »|année=1973}}.</ref>. Le {{date|2 août 1948}}, le même père Gaume déclare aux gendarmes du Dahomey que l'ordre de fusiller les prisonniers avait été donné par {{Citation|le commandant français}}, sans plus de précisions<ref>Document conservé aux archives du Loir-et-Cher publié par {{Ouvrage|auteur1=Eric Lefèvre|auteur2=Olivier Pigoreau|titre=Bad Reichenhall. 8 mai 1945. Un épisode tragique|éditeur=Éditions Granche|année=2010|passage=271|isbn=}}.</ref>.

Au moment de l'exécution, le lieutenant Morvan, qui commandait l'un des pelotons, aurait évoqué {{citation|le haut état-major de la division}}. [[Jean-Christophe Notin]], biographe de Leclerc, estime impossible de déterminer ce que recouvre exactement ce terme de {{citation|haut état-major}} et s'abstient dès lors, de conclure si l'ordre d'exécution a été donné par Leclerc lui-même, {{citation|travaillé par les horreurs de Dachau, révolté par l'arrogance des prisonniers}}, qui aurait alors cédé à un accès de colère, ou par un autre officier supérieur, qui aurait interprété le {{citation|Débarrassez-moi de ces gens-là !}} de Leclerc comme un ordre de les fusiller. Jean-Christophe Notin estime que {{citation|l'affaire est grave, puisqu'elle mêle l'icône de la Libération à l'exécution de douze prisonniers}}. En l'absence de toute conclusion définitive, il replace cependant cet épisode dans le contexte {{citation|des horribles visages de la guerre, qui n'en a que très peu de beaux{{sfn|Notin|2005|p=330-333}}}}.