« Olivier Le Daim » : différence entre les versions
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| nom = Olivier Le Daim |
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| nom de naissance = Olivier de Neckere |
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| image = Scènes tirées de Notre-Dame de Paris, 767(02).jpg |
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| légende = [[Vue d'artiste]] d'Olivier Le Daim, inspirée par ''[[Notre-Dame de Paris (roman)|Notre-Dame de Paris]]''.<br> [[Tondo]] peint en 1833 par [[Auguste Couder]], [[Hauteville House (maison)|Hauteville House]]. |
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D'origine modeste, Olivier de Neckere est le fils du barbier gantois, Jean de Neckere, établi à [[Thielt]]. Comme en flamand ''nekker'' signifie [[nixe]], « le génie malfaisant des eaux » ou « le mauvais esprit », on lui donna le surnom d'« Olivier le Mauvais » (''de Duivel''). C'est sous ce nom qu'on le rencontre pour la première fois dans un registre de comptes en 1461<ref>{{harvsp|Boudet|1986|p=5-6|id=Boudet 1986 : ''Médiévales''|texte=Boudet 1986 : ''Médiévales''}}.</ref>. En {{date-|octobre 1474}}, {{souverain2|Louis XI}} anoblit son serviteur, lui accole le surnom de « le Daim » et interdit qu'on l'appelle « le Mauvais »<ref>{{harvsp|Picot|1877|p=486, {{n.}}1}}.</ref>. Il reçut parfois aussi le surnom de « le Diable ». |
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=== Au service du roi de France === |
=== Au service du roi de France === |
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En [[1457]], fuyant le royaume de France, le [[Dauphin (titre)|dauphin]] [[Louis XI|Louis]] fait un séjour dans la ville de [[Thielt]] en Flandre, où il loge dans l'hôtellerie voisine de la maison des De Neckere. Il s'attache alors le jeune homme et en fait son barbier et valet de chambre. Lorsqu'en [[1461]], Louis revient en France pour monter sur le trône, celui-ci l'accompagne. |
En [[1457]], fuyant le royaume de France, le [[Dauphin (titre)|dauphin]] [[Louis XI|Louis]] fait un séjour dans la ville de [[Thielt]] en Flandre, où il loge dans l'hôtellerie voisine de la maison des De Neckere. Il s'attache alors le jeune homme et en fait son barbier et valet de chambre. Lorsqu'en [[1461]], Louis revient en France pour monter sur le trône, celui-ci l'accompagne. Il est nommé premier barbier du roi en 1466, et l'année suivante, il épouse une riche veuve issue de la haute-bourgeoisie parisienne : au cours des années suivantes, il va progressivement jouer auprès du prince le rôle de [[Homme à tout faire|« factotum »]], d'homme de confiance et de [[créancier]]<ref name="Boudet JDS">Boudet, 1986, ''Journal des savants'', {{p.|220}}.</ref>. |
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Pour récompense des services rendus |
Pour récompense des services rendus, à partir de 1473-1474, {{souverain-|Louis XI}} par une même ordonnance change le nom de son valet en ''Le Daim''. Il accumule alors les missions et postes, qui ne sont pas en réalité de hautes fonctions mais qui lui permettent d'accumuler des richesses et du pouvoir sur l'ensemble du [[bassin parisien]] et de la vallée de la [[Seine]], région dont il verrouille les principaux points de passage et de taxation, et où le roi est rarement présent, lui qui réside en [[Touraine]]. Le Daim est ainsi nommé « grenetier » du [[grenier à sel]] de [[Neufchâtel-en-Bray]], capitaine du [[pont de Saint-Cloud]], concierge du [[bois de Vincennes]], [[gruyer]] de la garenne du [[bois de Boulogne|bois de Rouvray]], capitaine de [[Meulan-en-Yvelines|Meulan]], puis, en 1479, il administre le grenier à sel de Paris, est nommé capitaine de [[Corbeil-Essonnes|Corbeil]], et gruyer de la [[forêt de Sénart]]<ref name="Boudet JDS"/>. |
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En |
En 1476, il le nomme capitaine du [[château de Loches]] — qui sert de prison royale — et gouverneur de [[Saint-Quentin]]. |
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En 1477, après la mort de [[Charles le Téméraire]], le roi le charge d'une mission de pacification, plus diplomatique que militaire, en l'envoyant à [[Gand]] : au passage, Le Daim parvient à « s'emparer » de la ville de [[Tournai]] au profit du royaume de France<ref>Alexandre-Guillaume Chotin, ''Histoire de Tournai et du Tournésis, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours'', {{nobr rom|tome II}}, 1840, {{p.|54}}</ref>. En récompense, Louis XI l'anoblit — Le Daim devient alors [[Gentilhomme de la Chambre|gentilhomme de la chambre du roi]] — et le fait [[Liste des comtes de Meulan|comte de Meulan]]. Il est officiellement nommé [[chambellan]] et [[conseiller du roi]] et connaît alors l'apogée de sa carrière. En septembre 1480, il reçoit avec faste le [[Charles II de Bourbon|cardinal de Bourbon]] et le légat du pape, [[Jules II|Julien della Rovere]], en vue de préparer le [[Traité d'Arras (1482)|traité d'Arras]]. À partir de 1482, il devient le seul lien entre le [[Parlement de Paris]] et le roi, c'est à partir de ce moment-là que des factions, au sein même de l'assemblée, accumulent à son égard des remontrances, ancrées dans une forme de jalousie et d'étonnement, du fait même des origines sociales du conseiller et de tant de prérogatives accumulées<ref>Boudet, 1986, ''Journal des savants'', {{p.|221-222}}.</ref>. |
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Olivier le Daim devient bientôt puissant et ne tarde pas à se faire des ennemis. En [[1477]], il parvient à s'emparer de la ville de [[Tournai]] au profit du roi de France<ref>Alexandre-Guillaume Chotin, ''Histoire de Tournai et du Tournésis, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours'', {{nobr rom|tome II}}, 1840, {{p.|54}}</ref>. |
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Au cours de son ascension, il devient propriétaire du [[château de Vaux-sur-Seine]]. Il est également châtelain du [[château du Saussay|Saussay]] à [[Ballancourt-sur-Essonne]], seigneur de [[Château de Villiers (Cerny)|Villiers-le-Châtel]] à [[Cerny]] et de [[Vayres-sur-Essonne|Vayres]]<ref>{{Lien web|langue=|auteur1=|titre=Le bailliage de La Ferté-Alais au milieu du {{s-|XVI}} : Vayres-sur-Essonne, {{p.|6}}|url=https://books.openedition.org/psorbonne/2363?lang=fr|site=Paris et l'Ile-de-France au temps des paysans, par Jean Jacquart, Editions de la Sorbonne, 1990|périodique=|date=|consulté le=}}</ref>, et de [[Pont-Saint-Pierre]], [[Charleval (Eure)|Noyon-sur-Andelle]] et [[Radepont]] en Vexin normand. |
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Durant les dernières années du règne du roi, alors que celui-ci, entré en maladie, s'est réfugié au [[château de Plessis-lèz-Tours]], Le Daim élabore un [[groupe d'influence]], en constituant un réseau de serviteurs et lieutenants, véritables exécuteurs des basses œuvres, dont le plus connu est Daniel Baërt (ou Bart), originaire de Flandre, et qui finira, en même temps que son maître, jugé puis pendu au [[gibet de Montfaucon]]<ref>Boudet, 1986, ''Journal des savants'', {{p.|227}}.</ref>. |
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=== Condamnation et exécution === |
=== Condamnation et exécution === |
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À la mort du roi, en août [[1483]], sa fille, [[Anne de France|Anne de Beaujeu]], devient régente du royaume et ordonne la tenue des [[États généraux de 1484|états généraux]] qui ouvriront le 15 janvier 1484. Elle décide aussitôt d'écarter, pour mauvaise réputation et sans doute pour contenter certains partis<ref>{{harvsp|Boudet|1986|p=1}}</ref>, trois des favoris du roi : Le Daim, [[Jean de Doyat]] et [[Jacques Coitier]]. Ils furent arrêtés, au moment où ils s’apprêtaient à quitter Paris et conduits au [[For-l'Évêque]], puis, dans l'attente du procès instruit par le [[Parlement de Paris]] sous la direction du président [[Jean de La Vacquerie|Jehan de La Vacquerie]], à la [[Palais de la Cité|Conciergerie]]. De nombreuses plaintes sont alors enregistrées à l'encontre de Le Daim. Celle qui retint l'attention des juges, la plus grave, provient du témoignage de l'épouse d'un gentilhomme : celle-ci serait venue plaider la libération de son époux auprès du conseiller, mais ce dernier lui aurait, en échange, proposé de devenir sa maîtresse ; acceptant le marché, elle vit que Le Daim s'attacha à elle et qu'en conséquence, il fit disparaître son mari, dont le corps fut retrouvé dans la Seine par des témoins. Cet accusation d'assassinat confirma la conviction des juges, qu'ils avaient en face d'eux un mauvais sujet, capable de trafic d'influence, d'abus de pouvoir et d'escroqueries, ce qui valut à Le Daim la [[pendaison]], sentence exécutée au [[gibet de Montfaucon]] le {{date|21|mai|1484}}. Quinze jours plus tard, son second, Daniel Bart est à son tour jugé et condamné à la pendaison le {{date|4|juin}}. S'ensuivirent enfin la condamnation de tous les sergents au service de Le Daim, ainsi que l'examen des autres conseillers royaux, dont la plupart furent relaxés. Seul Doyat fut condamné à l'[[essorillement (supplice)|essorillement]], et Coitier, lui, dut rembourser à la régente une importante somme d'argent<ref>[[Jean-Aimar Piganiol de La Force|J. A. Piganiol de la Force]], ''Description historique de la ville de Paris'', {{t.|{{IV}}}}, {{p.|87}}, Les Libraires associés, [[Paris]], 1765.</ref>{{,}}<ref>Jean Deseillac, [https://www.paperblog.fr/5252223/olivier-le-daim-ou-un-flamand-ministre-du-roi-de-france-louis-xi/ « Olivier Le Daim ou un Flamand ministre du roi de France Louis XI »], sur ''Paperblog''.</ref>{{,}}<ref>Picot, 1877, {{pp.|516-518}}.</ref>. |
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À la mort du roi, en août [[1483]], ses adversaires le font incarcérer à la [[Palais de la Cité|Conciergerie]] avec un autre favori, [[Jean de Doyat]], qui ne sera condamné qu'à l'[[essorillement (supplice)|essorillement]]<ref>[[Jean-Aimar Piganiol de La Force|J. A. Piganiol de la Force]], ''Description historique de la ville de Paris'', {{t.|{{IV}}}}, {{p.|87}}, Les Libraires associés, [[Paris]], 1765.</ref>. Le Daim est aussitôt mis en accusation dans plusieurs affaires : vols, meurtres, emprisonnements arbitraires, etc. Condamné à mort, il est pendu au [[gibet de Montfaucon]] le {{date|21|mai|1484}}. Dans l'œuvre de [[Victor Hugo]], le roi {{souverain2|Charles VIII (roi de France)}} lui accorde, deux jours après sa mort, la grâce d'être enterré à Saint-Laurent au lieu de la cave de Montfaucon où sont habituellement entassées les dépouilles des pendus<ref>''[[Notre-Dame de Paris (roman)|Notre-Dame de Paris]]'' - Livre onzième - {{nobr rom|Chapitre V}}</ref>. |
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Le but de ce procès fut en réalité de donner en pâture au Parlement et à l'aristocratie, la tête du principal conseiller du roi, et la tête d'un réseau influent, et non son ensemble. Une grande partie des autres conseillers du défunt roi furent en effet maintenus dans leurs fonctions. Les biens de Le Daim, confisqués, servent à indemniser les victimes, le solde, considérable, étant récupéré par [[Louis XII|Louis II, duc d'Orléans]], manœuvre rendue possible grâce à la régente, qui put ainsi faire du duc, non pas un ennemi, mais un allié<ref>Boudet, 1986, ''Journal des savants'', {{p.|255}}.</ref>. |
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== Postérité == |
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Les [[Archives nationales de France]] conservent une grande partie des minutes du procès de 1483-1484, elles ont été publiées en 1877 par [[Georges Picot]]. |
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=== Selon les témoignages de ses contemporains === |
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* {{pdf}} [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52339b ''Les mémoires de messire Philippe de Commines''] (édition de 1552) <small>sur [[Gallica]]</small> ; |
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* [[Robert Gaguin]], ''Compendium de origine et gestis Francorum'' (Paris, 1586) |
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[[Fichier:Auguste Hadamard - Les célébrités françaises - Louis XI et Olivier le Daim.jpg|vignette|{{souverain-|Louis XI}} et Olivier le Daim, gravure d'[[Auguste Hadamard]], 1862.]] |
[[Fichier:Auguste Hadamard - Les célébrités françaises - Louis XI et Olivier le Daim.jpg|vignette|{{souverain-|Louis XI}} et Olivier le Daim, gravure d'[[Auguste Hadamard]], 1862.]] |
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Des récits littéraires, qui émergent au début du {{s-|XIX}}, font de lui l'âme damnée du roi, notamment dans les œuvres suivantes : |
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*''[[Notre-Dame de Paris (roman)|Notre-Dame de Paris]]'', de [[Victor Hugo]] |
*''[[Notre-Dame de Paris (roman)|Notre-Dame de Paris]]'', de [[Victor Hugo]] |
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Dans cette œuvre, le roi {{souverain2|Charles VIII (roi de France)}}, qui allait entrer dans sa quatorzième année, lui accorde, deux jours après sa mort, la grâce d'être enterré à Saint-Laurent au lieu de la cave de Montfaucon où sont habituellement entassées les dépouilles des pendus<ref>''[[Notre-Dame de Paris (roman)|Notre-Dame de Paris]]'' - Livre onzième - {{nobr rom|Chapitre V}}</ref> ; |
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*''[[Gringoire (pièce de théâtre)|Gringoire]]'', de [[Théodore de Banville]] |
*''[[Gringoire (pièce de théâtre)|Gringoire]]'', de [[Théodore de Banville]] ; |
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*''Der Teufel (Le Diable)'', d'[[Alfred Neumann]] (1926). |
*''Der Teufel (Le Diable)'', d'[[Alfred Neumann]] (1926). |
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=== Lieux de mémoire === |
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* Statue en bronze, situé à [[Tielt]], exécutée par [[Jef Claerhout]] |
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== Notes et références == |
== Notes et références == |
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* {{article|id=Boudet 1986 : ''Journal des savants''|prénom1=Jean-Patrice |nom1=Boudet|lien auteur1= |titre= Faveur, pouvoirs et solidarités sous le règne de {{souverain-|Louis XI}} |sous-titre= Olivier Le Daim et son entourage|périodique=[[Journal des savants]]|numéro=4 |mois=octobre-décembre|année=1986 |passage=219-257 |lire en ligne=http://www.persee.fr/doc/jds_0021-8103_1986_num_4_1_1498}}. |
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Dernière version du 13 novembre 2023 à 17:27
Tondo peint en 1833 par Auguste Couder, Hauteville House.
Gentilhomme de la chambre du roi capitaine du château de Loches gouverneur de Saint-Quentin |
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Comte |
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Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Olivier de Neckere |
Surnom |
Olivier le Mauvais |
Activité |
Barbier |
Propriétaire de |
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Olivier Le Daim, né vers 1428 et mort en 1484, est un des principaux conseillers du roi de France Louis XI.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origine
[modifier | modifier le code]D'origine modeste, Olivier de Neckere est le fils du barbier gantois, Jean de Neckere, établi à Thielt. Comme en flamand nekker signifie nixe, « le génie malfaisant des eaux » ou « le mauvais esprit », on lui donna le surnom d'« Olivier le Mauvais » (de Duivel). C'est sous ce nom qu'on le rencontre pour la première fois dans un registre de comptes en 1461[1]. En , Louis XI anoblit son serviteur, lui accole le surnom de « le Daim » et interdit qu'on l'appelle « le Mauvais »[2]. Il reçut parfois aussi le surnom de « le Diable ».
Au service du roi de France
[modifier | modifier le code]En 1457, fuyant le royaume de France, le dauphin Louis fait un séjour dans la ville de Thielt en Flandre, où il loge dans l'hôtellerie voisine de la maison des De Neckere. Il s'attache alors le jeune homme et en fait son barbier et valet de chambre. Lorsqu'en 1461, Louis revient en France pour monter sur le trône, celui-ci l'accompagne. Il est nommé premier barbier du roi en 1466, et l'année suivante, il épouse une riche veuve issue de la haute-bourgeoisie parisienne : au cours des années suivantes, il va progressivement jouer auprès du prince le rôle de « factotum », d'homme de confiance et de créancier[3].
Pour récompense des services rendus, à partir de 1473-1474, Louis XI par une même ordonnance change le nom de son valet en Le Daim. Il accumule alors les missions et postes, qui ne sont pas en réalité de hautes fonctions mais qui lui permettent d'accumuler des richesses et du pouvoir sur l'ensemble du bassin parisien et de la vallée de la Seine, région dont il verrouille les principaux points de passage et de taxation, et où le roi est rarement présent, lui qui réside en Touraine. Le Daim est ainsi nommé « grenetier » du grenier à sel de Neufchâtel-en-Bray, capitaine du pont de Saint-Cloud, concierge du bois de Vincennes, gruyer de la garenne du bois de Rouvray, capitaine de Meulan, puis, en 1479, il administre le grenier à sel de Paris, est nommé capitaine de Corbeil, et gruyer de la forêt de Sénart[3].
En 1476, il le nomme capitaine du château de Loches — qui sert de prison royale — et gouverneur de Saint-Quentin.
En 1477, après la mort de Charles le Téméraire, le roi le charge d'une mission de pacification, plus diplomatique que militaire, en l'envoyant à Gand : au passage, Le Daim parvient à « s'emparer » de la ville de Tournai au profit du royaume de France[4]. En récompense, Louis XI l'anoblit — Le Daim devient alors gentilhomme de la chambre du roi — et le fait comte de Meulan. Il est officiellement nommé chambellan et conseiller du roi et connaît alors l'apogée de sa carrière. En septembre 1480, il reçoit avec faste le cardinal de Bourbon et le légat du pape, Julien della Rovere, en vue de préparer le traité d'Arras. À partir de 1482, il devient le seul lien entre le Parlement de Paris et le roi, c'est à partir de ce moment-là que des factions, au sein même de l'assemblée, accumulent à son égard des remontrances, ancrées dans une forme de jalousie et d'étonnement, du fait même des origines sociales du conseiller et de tant de prérogatives accumulées[5].
Au cours de son ascension, il devient propriétaire du château de Vaux-sur-Seine. Il est également châtelain du Saussay à Ballancourt-sur-Essonne, seigneur de Villiers-le-Châtel à Cerny et de Vayres[6], et de Pont-Saint-Pierre, Noyon-sur-Andelle et Radepont en Vexin normand.
Durant les dernières années du règne du roi, alors que celui-ci, entré en maladie, s'est réfugié au château de Plessis-lèz-Tours, Le Daim élabore un groupe d'influence, en constituant un réseau de serviteurs et lieutenants, véritables exécuteurs des basses œuvres, dont le plus connu est Daniel Baërt (ou Bart), originaire de Flandre, et qui finira, en même temps que son maître, jugé puis pendu au gibet de Montfaucon[7].
Condamnation et exécution
[modifier | modifier le code]À la mort du roi, en août 1483, sa fille, Anne de Beaujeu, devient régente du royaume et ordonne la tenue des états généraux qui ouvriront le 15 janvier 1484. Elle décide aussitôt d'écarter, pour mauvaise réputation et sans doute pour contenter certains partis[8], trois des favoris du roi : Le Daim, Jean de Doyat et Jacques Coitier. Ils furent arrêtés, au moment où ils s’apprêtaient à quitter Paris et conduits au For-l'Évêque, puis, dans l'attente du procès instruit par le Parlement de Paris sous la direction du président Jehan de La Vacquerie, à la Conciergerie. De nombreuses plaintes sont alors enregistrées à l'encontre de Le Daim. Celle qui retint l'attention des juges, la plus grave, provient du témoignage de l'épouse d'un gentilhomme : celle-ci serait venue plaider la libération de son époux auprès du conseiller, mais ce dernier lui aurait, en échange, proposé de devenir sa maîtresse ; acceptant le marché, elle vit que Le Daim s'attacha à elle et qu'en conséquence, il fit disparaître son mari, dont le corps fut retrouvé dans la Seine par des témoins. Cet accusation d'assassinat confirma la conviction des juges, qu'ils avaient en face d'eux un mauvais sujet, capable de trafic d'influence, d'abus de pouvoir et d'escroqueries, ce qui valut à Le Daim la pendaison, sentence exécutée au gibet de Montfaucon le . Quinze jours plus tard, son second, Daniel Bart est à son tour jugé et condamné à la pendaison le . S'ensuivirent enfin la condamnation de tous les sergents au service de Le Daim, ainsi que l'examen des autres conseillers royaux, dont la plupart furent relaxés. Seul Doyat fut condamné à l'essorillement, et Coitier, lui, dut rembourser à la régente une importante somme d'argent[9],[10],[11].
Le but de ce procès fut en réalité de donner en pâture au Parlement et à l'aristocratie, la tête du principal conseiller du roi, et la tête d'un réseau influent, et non son ensemble. Une grande partie des autres conseillers du défunt roi furent en effet maintenus dans leurs fonctions. Les biens de Le Daim, confisqués, servent à indemniser les victimes, le solde, considérable, étant récupéré par Louis II, duc d'Orléans, manœuvre rendue possible grâce à la régente, qui put ainsi faire du duc, non pas un ennemi, mais un allié[12].
Postérité
[modifier | modifier le code]Les Archives nationales de France conservent une grande partie des minutes du procès de 1483-1484, elles ont été publiées en 1877 par Georges Picot.
Selon les témoignages de ses contemporains
[modifier | modifier le code]- [PDF] Les mémoires de messire Philippe de Commines (édition de 1552) sur Gallica ;
- Robert Gaguin, Compendium de origine et gestis Francorum (Paris, 1586)
En littérature
[modifier | modifier le code]Des récits littéraires, qui émergent au début du XIXe siècle, font de lui l'âme damnée du roi, notamment dans les œuvres suivantes :
Dans cette œuvre, le roi Charles VIII, qui allait entrer dans sa quatorzième année, lui accorde, deux jours après sa mort, la grâce d'être enterré à Saint-Laurent au lieu de la cave de Montfaucon où sont habituellement entassées les dépouilles des pendus[13] ;
- Gringoire, de Théodore de Banville ;
- Der Teufel (Le Diable), d'Alfred Neumann (1926).
Lieux de mémoire
[modifier | modifier le code]- Maison dite d'Olivier Le Daim
- Statue en bronze, situé à Tielt, exécutée par Jef Claerhout
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Boudet 1986 : Médiévales, p. 5-6.
- Picot 1877, p. 486, n. 1.
- Boudet, 1986, Journal des savants, p. 220.
- Alexandre-Guillaume Chotin, Histoire de Tournai et du Tournésis, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, tome II, 1840, p. 54
- Boudet, 1986, Journal des savants, p. 221-222.
- « Le bailliage de La Ferté-Alais au milieu du XVIe siècle : Vayres-sur-Essonne, p. 6 », sur Paris et l'Ile-de-France au temps des paysans, par Jean Jacquart, Editions de la Sorbonne, 1990
- Boudet, 1986, Journal des savants, p. 227.
- Boudet 1986, p. 1
- J. A. Piganiol de la Force, Description historique de la ville de Paris, t. IV, p. 87, Les Libraires associés, Paris, 1765.
- Jean Deseillac, « Olivier Le Daim ou un Flamand ministre du roi de France Louis XI », sur Paperblog.
- Picot, 1877, pp. 516-518.
- Boudet, 1986, Journal des savants, p. 255.
- Notre-Dame de Paris - Livre onzième - Chapitre V
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Patrice Boudet, « Genèse et efficacité du mythe d'Olivier le Daim », Médiévales, no 10 « Moyen Âge et histoire politique », , p. 5-16 (lire en ligne).
- Jean-Patrice Boudet, « Faveur, pouvoirs et solidarités sous le règne de Louis XI : Olivier Le Daim et son entourage », Journal des savants, no 4, , p. 219-257 (lire en ligne).
- Paul Murray Kendall (trad. Éric Diacon), Louis XI : « l'universelle araigne » [« Louis XI : The Universal Spider »], Paris, Fayard, , XXVIII-584 p. (ISBN 2-213-00038-7, présentation en ligne). Réédition : Paul Murray Kendall (trad. de l'anglais par Éric Diacon), Louis XI : l'universelle araigne [« Louis XI: The Universal Spider »], Paris, Pluriel, coll. « Pluriel », , 702 p., poche (ISBN 978-2-8185-0428-4).
- Georges Picot, « Procès d'Olivier le Dain », Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques (Institut de France), Paris, Alphonse Picard, t. 108, , p. 485-537 (lire en ligne).
Liens externes
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