Devoir Durkheim
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Ce sujet comporte un document. THME DU PROGRAMME : Lien social et intgration, mile Durkheim DOCUMENT Nous avons distingu d'une part les socits inorganises [...] et de l'autre les tats proprement dits [...]. Puis l'analyse de ces deux types sociaux nous a fait dcouvrir deux formes trs diffrentes de solidarit sociale, l'une qui est due la similarit des consciences, la communaut des ides et des sentiments, l'autre qui est au contraire un produit de la diffrenciation des fonctions et de la division du travail. [...] Quoiqu' parler la rigueur, il soit peut-tre possible de dire que ces deux espces de solidarit n'ont jamais exist l'une sans l'autre, cependant nous avons trouv la solidarit mcanique l'tat de puret presque absolue dans ces socits primitives o les consciences et mme les organismes se ressemblent au point d'tre indiscernables, o l'individu est tout entier absorb par le groupe, o la tradition et la coutume rglent jusque dans le dtail les moindres dmarches individuelles. Au contraire, c'est dans les grandes socits modernes que nous avons pu le mieux observer cette solidarit suprieure, fille de la division du travail, qui laisse aux parties leur indpendance tout en renforant l'unit du tout. Cette constatation nous a permis de dterminer les conditions en fonction desquelles varient l'une et l'autre de ces solidarits. Nous avons vu en effet, que si l o les socits ont peu d'tendue, grce au contact plus intime de leurs membres, la communaut plus complte de la vie, l'identit presque absolue des objets de la pense, les ressemblances l'emportent sur les diffrences et par consquent le tout sur les parties ; au contraire, mesure que les lments du groupe deviennent plus nombreux sans cesser d'tre en relations suivies, sur ce champ de bataille agrandi o l'intensit de la lutte crot avec le nombre de combattants, les individus ne peuvent se maintenir que s'ils se diffrencient, si chacun choisit une tche et un genre de vie propre ; et la division du travail devient ainsi la condition primaire de l'quilibre social*. L'accroissement simultan du volume et de la densit des socits, voil en effet la grande nouveaut qui spare les nations actuelles de celles d'autrefois [...] ; voil, en tous cas, la cause qui explique les transformations par lesquelles a pass la solidarit sociale.
* synonyme de cohsion sociale Source : . DURKHEIM, Introduction la sociologie de la famille [premire dition : 1888], Textes : Fonctions sociales et institutions, Les ditions de Minuit, 1975
Questions 1) partir de vos connaissances et du document, vous prsenterez les deux formes de solidarit mises en vidence par Emile Durkheim. (10 points) 2) Expliquez le passage soulign. (6 points) 3) partir d'un exemple de votre choix, vous montrerez que la solidarit mcanique n'a pas disparu dans les socits contemporaines. (4 points)
1. Emile Durkheim est n Epinal, en 1858, dans une famille d'artisans du textile. Mais l'activit industrielle ne l'intresse gure : il prfre les lectures et le travail intellectuel. Une question traverse luvre de Durkheim, celle de la cohsion dune socit dans un monde o progresse lindividualisme. Comment des dindividus tous diffrents peuvent-ils constituer une socit, alors que pour les conomistes, ils sont diviss par la concurrence et par la recherche goste du plaisir, tandis que les psychologues se les reprsentent mus par des pulsions individuelles ? Le XVIIIme sicle a introduit une rupture fondamentale dans lhistoire des hommes et des socits. La rvolution industrielle et la rvolution franaise ont boulevers le paysage social. Au cours du XIXme sicle, de nombreux auteurs (parmi lesquels E. Durkheim) se sont penchs sur la nouvelle donne introduite par les changements de toute nature survenus dans la vie sociale la suite des bouleversements scientifiques, techniques, dmographiques, politiques et juridiques de cette fin du XVIII me. Durkheim compare alors les socits prindustrielles ou socits traditionnelles aux socits modernes pour mettre en vidence ce qui fonde la solidarit dans chacune dentre elles. Emile Durkheim parle de solidarit mcanique pour dcrire la solidarit qui unissait les des socits traditionnelles. Par cette expression il montre que les individus taient lis automatiquement par leur style de vie, ltat de leurs techniques, leurs croyances communes. Dans ce cadre, les individus se rassemblent et partagent les mmes sentiments, do leur facult sunir et cooprer. Ces socits ont plusieurs caractristiques : o Socits simples et peu diffrencies (forte unit de situations entre les membres qui les composent) ; o Socit de petite taille : le cadre de vie le plus rpandu est le village o Le poids des traditions y est trs fort ; o Le faible niveau de progrs technique ne favorise pas le spcialisation des individus dans des tches prcises. La division du travail y est donc trs rduite ; o Les sentiments communs sont trs forts. Ainsi, les individus partagent les mmes sentiments, obissent aux mmes croyances et aux mmes valeurs (religion, famille, fatalisme, etc.). o La conscience collective est donc trs forte : la pense et les conduites des individus sont dtermines par la volont de lensemble de la communaut. Tout manquement aux valeurs et aux normes de conduites partages par le groupe entrane une lourde sanction (expiation). Cest le prix payer pour assurer la prennit du groupe tout entier. o Dans ces socits rgne un droit rpressif. Il a donc explicitement pour but de mettre hors dtat de nuire tout membre de la communaut qui par ses carts de comportement mettrait le groupe en pril. Dans les socits modernes, une nouvelle forme du lien social apparat. Emile Durkheim parle de solidarit organique . Cest la division du travail qui va tre source de solidarit. En effet, elle est lorigine dun processus de diffrenciation au terme duquel les individus vont tre obligs de schanger des biens et des services, donc de nouer des relations sociales, chaque individu tant complmentaire des autres. Cette division du travail relie entre eux des individus trs diffrents et elle les constitue en un groupe unifi. Dans ce cadre, les individus se compltent parce quils sont diffrents, do leurs ncessaires liens dinterdpendance. Par consquent, la division sociale du travail est source de solidarit sociale Les socits modernes ou socits industrielles prsentent elles aussi un certain nombre de caractristiques : o Socits complexes dans lesquelles il existe une trs forte htrognit sociale o Lautonomie individuelle et la libert dagir et de penser sont des valeurs de rfrence. Rien ne doit entraver laction de lindividu et tout le systme juridique sera construit autour de cette ide. o Lindividu saffranchit donc des contraintes traditionnelles imposes par la parent ou encore
lappartenance un lieu. o Il y a un affaiblissement de la conscience collective o les changes y sont nombreux et la division du travail y est forte. De sorte quil se dveloppe une complmentarit entre les individus, nouvelle source de lien social. o Dans ces socits rgne un droit restitutif. Dans le cadre du droit restitutif, la violation des rgles juridiques entrane des mesures rparatrices visant remettre les choses dans lordre. Ainsi, chaque individu ayant un rle jouer important pour la socit, il ne peut tre chti ou expi lorsquil sest loign de la norme. Il subira seulement une sanction qui permette dobtenir rparation pour le dsordre occasionn
2. Dans les socits solidarits organiques, la division du travail assure le lien social. En effet , le passage des socits solidarit mcanique celui de solidarit organique sexplique par deux grands facteurs : premier facteur : laugmentation de la densit matrielle , cest--dire que : o le volume de la population saccrot : cest laugmentation du nombre dhabitants o donc la densit de population : cest laugmentation du nombre dhabitants sur une surface donne o augmentation du volume et de la densit de la population concurrence se fait plus grande entre les individus, surtout sils utilisent les mmes ressources naturelles lutte pour la vie est plus forte pour viter la lutte des plus forts sur les plus faibles division du travail : chacun a une tche prcise la concurrence diminue second facteur : la densit morale : quand la DTS sest dveloppe augmentation des changes de biens et des relations de sociabilit de la densit sociale probabilit de nouer des relations avec dautres augmente interdpendance des individus saccrot DT augmente
3. Dans ce texte, Durkheim affirme que la solidarit mcanique est caractristique des socits traditionnelles et que la solidarit organique lest dans les socits modernes. Mais alors quil prcise que dans les socits traditionnelles, nous avons trouv la solidarit mcanique l'tat de puret presque absolue , il ne le dit pas pour la solidarit organique. En effet, on peut trouver des exemples qui montrent que la solidarit mcanique na pas disparu dans les socits modernes : Becker va prendre lexemple des musiciens de jazz , qui est un groupe dviant : o Leur culture est une sous-culture : ils adoptent des normes et des valeurs non-conformistes, mais aussi une contre-culture : ils finissent par adopter des comportements en opposition avec les valeurs et les normes de la socit dominante o Cette culture simpose fortement aux individus : les musiciens de jazz ne doivent pas perdre leur intgrit artistique pour gagner plus dargent o Se cre un lien social bas sur un rseau de relations aidant trouver un emploi o Les musiciens de jazz vont alors recrer un lien social : cest une solidarit mcanique base sur une prgnance forte de la culture sur des individus semblables et peu nombreux Pour M.Maffesoli, les socits modernes sont caractrises par un retour au tribalisme, cest -dire des groupes de petite taille relis par une solidarit mcanique : des individus semblables partageant une mme culture. Les clubs de supporters de foot en sont un bon exemple : o Ce qui compte est le match ou le championnat o Lappartenance un club de supporter est souvent de courte dure
o Est mis en vidence tout ce rassemble (charpe, drapeau ) : les individus mettent en vidence des signes distinctifs o Pour mettre en vidence leur unit, ils utilisent des rituels symbolisant leur culture commune : chants , mascottes