[A1] Vingt Mille Lieues Sous Les Mers - Jules Verne[OCR]
[A1] Vingt Mille Lieues Sous Les Mers - Jules Verne[OCR]
[A1] Vingt Mille Lieues Sous Les Mers - Jules Verne[OCR]
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700 mots
LECTURES CLE EN FRANÇAIS FACILE
CLE
INTERNATIONAL
J ules V ern e naît le 8 février
1828 à Nantes. Vingt, ans plus
tard, il s’installe à Paris pour
commencer ses études de droit et suivre la tradition
familiale : son père est en effet un célèbre avocat. Mais
Jules Verne n’a qu’une idée en tête : écrire.
Il commence par le théâtre et, grâce à sa rencontre
avec Alexandre Dumas, sa comédie Les Pailles rom
pues peut être jouée.
Tout en continuant à travailler pour le théâtre,
Jules Verne écrit ses premiers romans. En 1862, il
publie Cinq semaines en ballon. Cette œuvre
connaît immédiatement un grand succès.
Encouragé par ces résultats, Jules Verne ne cesse
alors de travailler. Les Aventures du capitaine
Hatteras (1864), Les Enfants du capitaine Grant
(1867-1868), Vingt mille lieues sous les mers
(1870), Le Tour du monde en quatre-vingts jours
(1873), Un capitaine de quinze ans (1878), Deux
ans de vaca^nces (1888) et bien d’autres romans sont
publiés pour la grande joie de ses lecteurs.
Il meurt à Amiens le 24 mars 1905.
- 3 -
Dans Vingt mille lieues sous les mers, Jules
Verne nous fait voyager dans le monde mystérieux et
fascinant des océans. Tout au long du roman, l’auteur
nous fait découvrir une faune1 et une flore23à la fois
extraordinaires et fantastiques.
Mais ce roman ne serait pas complet sans son per
sonnage mythique, le capitaine Nemo, inventeur
génial du sous-marin Le Nautilus, personnage que
Jules Verne nous permet de retrouver dans un autre
de ces romans : L ’î le mystérieuse.
L’image du capitaine Nemo, cet homme à la fois
humanitaire et misanthrope2, marque en effet chaque
page du roman ; c’est à travers lui que les secrets de la
mer nous sont dévoilés et, tout comme Aromiax, le
narrateur de l’histoire, nous avons souvent le senti
ment, au cours de notre lecture, d’être « prisonnier »
de Nemo et de son Nautilus.
-4 -
CHAPITRE I
PISTE I
Monsieur,
Si vous voulez vous joindre à l ’expédition de
/'Abraham Lincoln, nous serons heureux que la
France soit représentée dans cette entreprise. Le
commandant* Farragut a une cabine* à votre dis
position.
Très cordialement,
J.B. Hobson,
Secrétaire de la Marine *
J’accepte immédiatement l’offre du gouvernement
américain.
Je fais tout de suite mes bagages avec l’aide de
mon fidèle domestique, Conseil, un homme fort et
calme d’une trentaine d’années, dix ans plus jeune
que moi.
- 6 -
CHAPITRE II
PISTE 2
- 7 -
cétacé : harpons', flèches, balles explosives, etc. Tous
les moyens de destruction sont là. Mais il y a mieux
encore. Il y a Ned Land, le roi des harponneurs1
3.
2
Ned Land est un Canadien, du Québec, d’environ
quarante ans, grand, fort et qui est le meilleur dans
son métier.
Le commandant Farragut l’a engagé pour son
adresse et son sang-froid3. Il faut être une baleine
bien habile pour échapper à son coup de harpon.
Au bout de quelques jours, je peux dire que, Ned
et moi, sans doute parce que nous parlons tous les
deux le français, sommes devenus amis. J’ai beaucoup
de plaisir à écouter ses récits de pêche en mer.
Le 30 juin, c’est-à-dire trois semaines après notre
départ, le navire se trouve à la hauteur du cap Blanc.
Jusque-là, le voyage s’est fait sans aucun incident.
Nous rencontrons des bateaux de pêche américains
qui nous apprennent qu’il n’y a aucune nouvelle du
narval.
Nous poursuivons notre route. Le temps est favo
rable et le voyage se fait dans les meilleures condi
tions.
Le 20 juillet, le navire traverse le tropique du
Cancer et se dirige vers les mers de Chine. C’est là que
le cétacé est apparu pour la dernière fois !
- 8 -
Pour tout dire, on ne vit plus à bord ! Vingt fois par
jour, on examine la mer pour voir s'il apparaît. On croit
le voir mais en vain.
Cette recherche inutile se produit pendant des
mois. Le découragement1s’empare de tous.
Le 2 novembre, le commandant Farragut prend
une décision. Si dans trois jours le monstre n’est pas
apparu, le navire reprendra le chemin du retour.
Deux jours passent.
Demain, à midi, expire le délai fixé par le comman
dant.
La nuit approche. De gros nuages cachent la lune.
Je suis appuyé à l’avant sur le bastingage* de tribord*.
Conseil, posté près de moi, regarde devant lui.
- Que de temps perdu, lui dis-je, que d’émotions
inutiles !
-Vous avez raison, monsieur, mais...
Conseil ne peut finir sa phrase. Au milieu du silence
général, on entend la voix de Ned Land qui s’écrie :
- Le voilà ! Devant nous !
À ce cri, nous nous précipitons tous vers le har-
ponneur.
L’obscurité est profonde et je me demande com
ment Ned a pu le voir. Mais il ne s’est pas trompé et
tous, nous apercevons l’objet qu’il indique de la main.
À environ 500 mètres du navire, la mer semble être
- 9 -
illuminée par-dessous. C’est le monstre qui, immergé à
quelques mètres de la surface des eaux, projette cet
éclat intense mais inexplicable.
- Ce n’est qu’un groupe de molécules phosphores
centes1, s’écrie un membre de l’équipage*.
- Non, monsieur, dis-je. Cet éclat est électrique...
D’ailleurs, voyez, voyez ! Il se déplace ! Il bouge en
avant, en arrière ! Il s’élance sur nous !
- Machine en arrière ! s’écrie le commandant
Farragut.
Les ordres sont immédiatement exécutés et le navi
re décrit un demi-cercle et s’éloigne du point lumineux.
Mais je vois alors l’étrange animal se rapprocher de lui
à une grande vitesse.
Le navire continue de fuir mais n’attaque pas. Éton
né, j ’en fais la remarque au commandant.
- Monsieur Aronnax, me répond-il, je préfère
attendre le jour pour attaquer car nous sommes face à
un puissant ennemi.
- Vous n’avez pas de doute sur la nature de l’animal,
commandant ?
- Non, monsieur. C’est, un narval gigantesque mais
aussi un narval électrique.
Vers minuit, l’animal disparaît. Est-ce qu’il s’est
enfui ?
Cependant, personne ne pense à dormir et on
-10 -
attend tous le lever du jour en faisant les préparatifs du
combat.
À huit heures, il fait enfin jour. On examine l’horizon
mais on ne voit rien.
La journée se passe sans autre nouvelle.
Enfin, le soir venu, Ned s’écrie tout à coup :
- Il est là, à bâbord*, par derrière !
Nous regardons tous vers le point indiqué. Là, à
plusieurs mètres de nous, la clarté électrique de la
veille est de nouveau apparue et nous distinguons un
corps noir qui émerge' d’un mètre au-dessus de l’eau.
- Tout le monde est prêt ? demande le comman
dant. Alors, à l’attaque !
L’heure de la lutte a sonné.
Le navire se dirige sans bruit vers l’animal. On ne
respire plus à bord. Un silence profond règne sur le
pont. Ned Land, accroché d’une main au bastingage,
lève son terrible harpon de l’autre. Tout à coup, son
bras se détend et le harpon est lancé. J’entends le
choc sonore de l’arme qui vient de toucher un corps
dur.
La clarté électrique s’éteint alors et deux énormes
jets d’eau tombent violemment sur le pont du navire,
faisant tomber les hommes.
Un terrible choc se produit et, soudain, je suis pré
cipité dans la mer.
Je suis d’abord entraîné à une certaine profondeur1
- 1 1 -
mais, comme je suis assez bon nageur, je parviens à
remonter à la surface.
Je regarde autour de moi. La nuit est très obscure.
J’aperçois l'Abraham Lincoln qui s’éloigne. Je me
mets à crier :
- À moi ! À moi !
Mais en vain. Mes vêtements collent à mon corps et
paralysent mes mouvements. Je coule. Soudain, mes
vêtements sont saisis par une main forte et je me sens
ramené à la surface. J’entends une voix familière me
dire :
- Si monsieur veut bien s’appuyer sur mon épaule,
il nagera beaucoup plus facilement.
Je saisis d’une main le bras de mon fidèle Conseil.
- Toi ! dis-je, toi ! Le choc t’a précipité dans l’eau en
même temps que moi ?
- Non, monsieur, mais comme je suis à votre servi
ce, je vous ai suivi.
- Merci, mon ami et le navire ?
- Quand vous êtes tombé à la mer, le gouvernail* a
été brisé par les dents du monstre ; le bateau ne
répond plus.
- Alors, nous sommes perdus ! dis-je.
Nous continuons à nager. Comme nos vêtements
nous gênent, nous nous aidons à retirer le plus lourd
et nous reprenons notre nage.
Vers une heure du matin, je me sens épuisé.
Conseil doit me soutenir.
La lune se lève alors et j ’aperçois au loin le navire
- 1 2 -
mais aucune barque* à la mer.
Conseil crie de temps en temps :
- À nous ! À nous !
Tout à coup, j’ai l’impression qu’un cri répond à
celui de Conseil.
- As-tu entendu ? dis-je à Conseil.
- Oui ! Oui !
Et Conseil pousse à nouveau un cri désespéré.
Cette fois, pas d’erreur possible ! Une voix humai
ne répond à la nôtre.
Conseil s’appuie sur mon épaule et se dresse en
dehors de l’eau.
- Qu’as-tu vu ?
- J’ai vu... murmure-t-il... mais ne parlons pas, gar
dons toutes nos forces !...
Et nous nous remettons à nager.
Soudain, je heurte un corps dur et je m’évanouis.
Peu après, je reviens à moi.
- Conseil ! dis-je.
C’est alors que j ’aperçois un visage qui n’est pas
celui de Conseil mais que je reconnais aussitôt.
- Ned !
- En personne, monsieur.
- Vous avez aussi été précipité à la mer ?
- Oui, monsieur, mais j ’ai eu plus de chance que
vous, car j ’ai pu assez vite me réfugier sur un îlot flot
tant.
- Un îlot ?
- Oui, ou pour mieux dire, sur notre énorme nar-
-13 -
val. Et je sais pourquoi mon harpon n’a pas pu le bles
ser : c’est parce qu’il est en acier.
Je suis très surpris d’entendre ce que dit le
Canadien.
Je me souviens alors d’avoir heurté un corps dur
et je me rends enfin compte que je suis couché sur
ce corps dur. Je le touche et le doute n’est plus pos
sible. L’animal, le monstre a été fait par la main de
l’homme. Nous sommes sur le dos d’un bateau sous-
marin !
- Mais alors, dis-je à Ned, cet appareil doit avoir un
mécanisme pour se déplacer et des hommes pour le
manœuvrer.
- C’est évident, répond Ned. Pourtant, voilà trois
heures que je suis ici et il ne s’est, rien passé.
- Ce bateau n’a pas marché ?
- Non, monsieur Àronnax. 11ne bouge pas.
C’est alors qu’on entend un bruit venant du bateau
et il se met en mouvement. Nous avons juste le temps
de nous accrocher à sa partie supérieure qui sort légè
rement de l’eau.
- Tant qu’il navigue horizontalement, dit Ned, tout
va bien. Mais s’il plonge, alors...
Je comprends qu’il devient urgent de nous mettre
en contact avec les hommes de cette machine. Je
cherche un panneau1, une ouverture pour pouvoir
entrer. Mais en vain. D’autre part, la lune vient de dis-
-14-
paraître et nous sommes plongés dans une profonde
obscurité.
Il est maintenant impossible d’être sauvés par le
commandant de YAbraham Lincoln. Il nous faut
attendre la possibilité de nous mettre en contact avec
les hommes de l’étrange machine.
Vers quatre heures du matin, l’appareil se met à
avancer plus vite. Nous nous accrochons encore plus
fortement pour ne pas tomber dans l’eau.
Enfin, cette longue nuit se termine. Le jour paraît.
Je commence à examiner l’appareil quand je sens
qu’il commence à s’enfoncer dans l’eau.
Ned se met à frapper dessus en appelant au
secours.
Soudain, un bruit se fait entendre, un panneau se
soulève et un homme apparaît. En nous voyant, il
pousse un cri et rentre dans la machine.
Quelques instants plus tard, huit hommes appa
raissent à leur tour et nous font entrer dans le formi
dable appareil.
- 1 6 -
CHAPITRE III
PISTE 3
-1 7 -
- Que monsieur raconte notre histoire, me dit
Conseil, ils comprendront peut-être quelque chose.
Je me présente et présente mes compagnons puis
je me mets à raconter nos aventures.
L’homme qui semble être le chef m’écoute tran
quillement mais ne prononce pas une parole. Quand
j ’ai fini mon récit, les deux hommes sortent de la cabi
ne et ferment à nouveau les verrous.
La colère de Ned est encore plus forte.
- Ces hommes-là ont un étrange comportement.
Ce sont sûrement des coquins1...
- Bon ! dis-je et de quel pays ?
- Je l’ignore. Mais j ’ai l’impression qu’ils ont un lan
gage à eux pour qu’on ne les comprenne pas mais
qu’eux, par contre, nous comprennent parfaitement.
Et puis, j ’ai faim, vont-ils nous servir à manger ?
Comme il dit ces mots, la porte s’ouvre et un
homme vient mettre des couverts en argent sur la
table.
Peu après, on nous sert un excellent repas, com
posé surtout de poissons.
Le service de table est très élégant et d’un goût
parfait. Chaque ustensile de table porte la devise sui
vante :
MOBILIS IN MOBILE
N
Mobile dans l ’élément mobile ! Cette devise s’ap-
- 18 -
plique à l’appareil, sans aucun doute, mais la lettre N
reste une énigme.
Ned et Conseil ne se posent pas autant de ques
tions que moi. Affamés, ils mangent tout ce qu’on nous
sert.
Après le repas, on débarrasse la table et on nous
enferme.
Ned et Conseil décident alors de dormir ; ils s’al
longent sur le tapis qui couvre le sol de la cabine et
s’endorment aussitôt.
En ce qui me concerne, j ’ai plus de mal à m’endor
mir mais la fatigue me gagne bientôt et je tombe dans
un profond sommeil.
Je dois dormir longtemps car, quand je me réveille,
je me sens parfaitement reposé. Mes compagnons dor
ment toujours.
Rien n’a changé pendant mon sommeil. Je reste un
moment allongé à réfléchir.
Conseil et Ned se réveillent presque en môme
temps.
- Monsieur a bien dormi ? me demande Conseil.
- Très bien, merci.
- Il doit être l’heure de dîner, dit Ned.
- Ou, mieux dit, de déjeuner, dis-je, car nous avons
dormi au moins vingt-quatre heures, il me semble.
C’est alors qu’on entend le bruit des verrous qu’on
ouvre. Le commandant entre avec un autre homme.
- Messieurs, dit-il en français d’une voix très
calme.
-19 -
En voyant notre air étonné en l’entendant parler
français, il ajoute :
- Eh oui, je parle le français, l’anglais, l’allemand et
le latin. J’aurais pu vous parler français hier, mais je
voulais d’abord vous entendre puis réfléchir. Je sais
maintenant qui vous êtes tous les trois. J’ai mis long
temps à venir vous trouver car je voulais prendre une
décision à votre sujet. J’ai longtemps hésité. Je ne
savais pas si je devais vous garder ou si je devais me
séparer de vous. J’ai décidé de vous garder. Vous serez
libres d’aller, de venir, de voir et d’observer tout ce qui
se passe ici, mais vous ne pourrez plus sortir d’ici.
- Mais, cela signifie que nous sommes vos prison
niers !
- En quelque sorte. Vous connaissez maintenant le
secret de mon existence et personne ne doit le
connaître. Je me suis coupé du monde pour des rai
sons qui ne concernent que moi et je ne veux pas que
l’on sache où je vis et comment je vis.
- Ainsi, vous nous donnez à choisir entre la vie ici
ou la mort, dis-je.
- Tout simplement.
- Parfait. Il n’y a pas grand chose à répondre à ça.
Mais sachez que rien ne nous unit à vous.
- Bien.
Puis le commandant ajoute d’une voix plus douce :
- Je vous connais, monsieur Aronnax, et je sais que
vous serez heureux d’être ici. Vous trouverez, parmi
les livres que j ’utilise pour mes études, votre livre sur
- 2 0 -
les fonds marins, que j ’ai souvent lu. 11 est très inté
ressant mais vous ne savez pas tout, vous n’avez pas
tout vu. En restant à mon bord, professeur, vous
découvrirez des choses incroyables. Vous allez voya
ger dans le pays des merveilles.
J’avoue que les paroles du commandant font beau
coup d’effet sur moi. Je me sens à la fois fâché par sa
manière de nous traiter et fasciné par ce qu’il nous
raconte.
- Monsieur, nous restons donc à votre bord puis
qu’il n’y a pas d’autre possibilité et j’espère que notre
rencontre nous apportera à tous de grandes choses.
Une dernière question, si vous me permettez.
- Parlez, monsieur le professeur.
- Comment dois-je vous appeler ?
- Je suis le capitaine* Nemo et vous voyagez avec
moi dans le Nautilus.
Le capitaine Nemo appelle un marin. Il lui parle
dans cette langue que je ne comprends pas. Puis il dit
à Conseil et Ned :
- Un repas vous attend dans votre cabine. Suivez
cet homme, je vous prie.
Puis il me dit :
- Et maintenant, monsieur Aronnax, notre déjeu
ner est prêt, accompagnez-moi, s’il vous plaît.
- À vos ordres, capitaine.
Je suis le capitaine Nemo. Nous entrons dans une
salle à manger. Au centre de la pièce, il y a une table
richement servie.
- 2 1 -
Le capitaine Nemo me montre ma place et me dit :
- Asseyez-vous, je vous prie, et mangez comme un
homme qui doit mourir de faim.
Tous les plats qui composent le déjeuner sont
excellents et très lins.
- Tous ces aliments viennent de la mer ? dis-je au
capitaine Nemo.
- Oui, monsieur le professeur. La mer fournit à
tous mes besoins1. Elle me permet de me nourrir d’une
façon très saine mais aussi de m’habiller. Tout ici est
fait avec des produits de la mer.
- Vous aimez la mer, capitaine.
- Oui, je l’aime ! La mer est tout pour moi !
Le repas terminé, le capitaine me dit :
Maintenant, monsieur le professeur, je vais vous
faire visiter le Nautilus.
Le capitaine se lève. Je le suis. J’entre dans une
bibliothèque. Elle est pleine de livres. Je commence à
les regarder.
- Capitaine Nemo, dis-je, cette bibliothèque est
merveilleuse. Vous possédez au moins six ou sept
mille livres.
- Douze mille, professeur. Ces livres sont à votre
disposition pour poursuivre vos études, si vous le dési
rez.
- Merci, capitaine. Je vois que vous avez plusieurs
livres de sciences fort intéressants.
-22 -
k-\v,
Cette bibliothèque n’a pas seulement des livres
extrordinaires mais aussi des tableaux merveilleux et
un orgue1. Il me semble incroyable de trouver tout cela
dans un bateau qui navigue sur les océans.
J’observe tout et je dois dire que je suis totalement
fasciné.
Le capitaine Nemo a également un petit musée
composé de pièces qui proviennent de la mer :
plantes, coquillages*... des objets extraordinaires.
- Vous examinez mes coquillages, monsieur le pro
fesseur, ils sont intéressants, n’est-ce pas ?
- En effet, capitaine. Aucun muséum d’Europe ne
possède une si belle collection de produits de l’océan.
Je vous remercie de me faire découvrir tout cela et de
me permettre de les étudier.
Après être resté un long moment dans la biblio
thèque, nous visitons le reste du Nautilus puis le
capitaine Nemo me conduit dans ma cabine qui se
trouve à côté de la sienne. C’est une cabine élégante
et très confortable.
Je remercie le capitaine Nemo et je commence à
m’installer dans cet étrange bateau.
- 2 4 -
CHAPITRE IV
PISTE 4
1. Croquis : dessins.
2. Plate-form e : surface plate sur le dos du sous-marin.
- 2 5 -
Cinq jours se passent ainsi. Chaque matin, je
monte sur la plate-forme puis je me remets à étudier.
Je ne rencontre jamais le capitaine Nemo.
Le 16 novembre, alors que je rentre dans ma cabi
ne avec Conseil et Ned, je trouve une lettre sur ma
table.
Je l’ouvre aussitôt. Voilà ce qu’elle dit :
Monsieur le professeur Aronnax,
16 novembre
- 2 7 -
En passant devant la cabine de Ned et de Conseil, je
les appelle pour qu’ils nous suivent.
Nous arrivons dans une cabine. Là, une douzaine
de scaphandres1nous attend. En les voyant, Ned fait
une grimace.
- Eh oui, mon bon Ned, dis-je, la promenade est
sous-marine.
Deux marins nous aident à mettre nos scaphandres
puis nous donnent un fusil à chacun.
On nous conduit ensuite dans une autre cabine. On
referme alors la porte et une profonde obscurité nous
envahit.
Depuis la veille, le Nautïlus est de nouveau dans le
fond de la mer.
Tout à coup, on ouvre une porte percée dans le
mur du sous-marin et un instant après, nous marchons
sur le fond de la mer.
Le capitaine Nemo marche devant avec un autre
marin. Ned, Conseil et moi nous marchons derrière.
Le scaphandre, que j’ai trouvé très lourd quand je
l’ai mis, ne pèse plus du tout dans l’eau.
Nous marchons sur un sable fin.
Tout ce que je vois autour de moi -les poissons, les
algues- me semble merveilleux.
Nous marchons depuis une heure environ.
En ce moment, nous descendons une pente puis
2 8 -
[( A / / l ' ■
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\ \V V .!i ( Â ÿ j T l \ t ^ 'V 'c'
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V V sk A '• ■' v M > ( J * t*r ^„ /P' iPJffA '. i 53 r^/A \S \/V/
^ '-\ ' v<-S.
V vV
U4 • v N il* ! . • ** . * ‘n* \ , l ' ' N A ^ V
-
nous arrivons à l’entrée d’une forêt de plantes
marines.
Nous marchons pendant un moment au milieu de
ces plantes extraordinaires.
A une heure, le capitaine ordorme de se reposer et
nous nous étendons sur le sable, entre ces arbres
magiques.
Ce repos me paraît délicieux.
Au bout d’un moment, mes yeux se ferment et je
dors un peu. Combien de temps, je l’ignore mais,
quand j ’ouvre les yeux, le capitaine s’est déjà relevé.
Je commence à m’étirer quand une apparition inat
tendue m’oblige à me lever rapidement.
À quelques mètres de moi, une monstrueuse arai
gnée de mer*, haute de un mètre, me regarde, prête à
se jeter sur moi.
Conseil et le marin du Nautilus se réveillent à ce
moment-là. Le capitaine Nemo montre l’horrible bête
à son compagnon qui la tue aussitôt d’un coup donné
avec la crosse1de son fusil.
Cette apparition me fait penser qu’il peut y avoir
d’autres monstres dans ces fonds marins et je décide
de faire plus attention quand nous reprendrons notre
route.
Au bout d’un moment, le capitaine Nemo nous
indique qu’il est temps de rentrer.
1. Crosse d’un fusil : partie du fusil que l’on pose sur l’épaule pour
tirer.
30-
Nous repartons par une autre route plus courte
niais aussi plus pénible.
Nous avançons au milieu de poissons de toutes les
espèces, que le compagnon du capitaine chasse de
temps en temps pour les rapporter au sous-marin.
Soudain, je vois le capitaine préparer son fusil et
tirer. Un animal tombe sur le sable à quelques pas de
nous.
-31-
C’est une magnifique loutre de mer*. Le compa
gnon du capitaine la charge sur son épaule et nous
nous remettons en route.
Nous marchons pendant un bon moment. Nous
devons être près du Nautilus.
Tout à coup, le capitaine Nemo se précipite sur moi
et m’oblige à me coucher par terre. Son compagnon
fait de même avec Ned et Conseil. Je suis un peu sur
pris mais je me rassure en voyant le capitaine se cou
cher près de moi puis me montrer quelque chose au-
dessus de nous. Je vois alors passer deux énormes
masses1. C’est un couple de tintoréas, des requins*
terribles, à la queue énorme.
Heureusement, ces animaux voraces2 voient mal.
Ils passent sans nous apercevoir.
Une fois le danger passé, nous reprenons notre
route. Une demi-heure plus tard, nous arrivons au
Nautilus.
Là, nous retirons nos habits et, après un bon dîner,
nous allons nous coucher, épuisés mais émerveillés de
cette surprenante excursion au fond de la mer.
-32-
CHAPITRE V
PISTE 5
-33-
capitaine, vient de toucher un écueil1et il reste immo
bile.
Quand je me relève, j ’aperçois sur la plate-forme le
capitaine Nemo et l’un de ses marins qui sont en train
d’examiner la situation.
- Un accident ? dis-je au capitaine.
- Non, un incident, me répond-il. Nous allons vite
réparer cela. Dans 5 jours, nous repartirons.
Sur ce, le capitaine et son aide retournent à l’inté
rieur du sous-marin.
- Eh bien ! monsieur ? me dit Ned.
- Eh bien, mon ami, dans cinq jours, apparemment,
nous repartons.
- Il y a une île, là-bas, je vois les arbres. Il y a aussi
sûrement des animaux. J’ai bien envie de faire une
petite partie de chasse mais, cette fois, sur terre.
- L’idée de Ned me plaît, dit Conseil. Monsieur,
pourquoi vous ne demandez pas au capitaine Nemo de
nous transporter à terre ?
- Je peux le lui demander, dis-je, mais je crois qu’il
va refuser.
À ma grande surprise, le capitaine accepte ma pro
position sans aucun problème. Il faut dire aussi qu’il
n’y a aucun, danger de s’échapper.
Le lendemain, on met un canot* à notre disposition
et, armés de haches et de fusils, nous nous dirigeons
vers llle.
-34-
Mes amis et moi, nous sommes très impressionnés
de toucher la terre. Il n’y a que deux mois que nous
sommes les « prisonniers » du capitaine Nemo et,
pourtant, j’ai l’impression de vivre dans le Nautilus
depuis très longtemps.
Nous commençons notre excursion sur lHe.
Nous trouvons bientôt des noix de coco que nous
cassons aussitôt pour en boire le lait.
- Excellent ! dit Ned.
- Exquis ! ajoute Conseil.
- Je ne crois pas que le capitaine dira quelque
chose si nous rapportons quelques noix de coco à
bord, dit le Canadien.
- Non, dis-je, mais il n’en mangera pas.
- Tant pis pour lui ! dit Conseil.
- Continuons notre excursion, dis-je en riant.
Cherchons plus de fruits pour ramener à bord.
C’est ce que nous faisons et bientôt nous avons une
grande provision de bananes, de mangues et d’ananas.
- Parfait, dis-je. Voilà de quoi être satisfait.
- Pas tout à fait, monsieur, dit Ned, il manque la
viande...
- Bien, alors cherchons quelques animaux.
Et nous reprenons notre route. Nous traversons
une plaine1 couverte de buissons2. Je vois alors des
oiseaux magnifiques s’élever dans le ciel.
- 35 -
- Des oiseaux du paradis ! dis-je. Ned, pourriez-
vous en prendre un pour moi ?
- Nous essaierons, me répond le Canadien.
Soudain, je vois Conseil s’approcher avec l’un de
ces oiseaux dans la main.
- Bravo, Conseil, mais comment as-tu fait ?
- Ce n’était pas très compliqué, répond Conseil.
Cet oiseau est ivre' de muscade1
2 qu’il dévorait quand
je l’ai pris.
- Merci, mon ami.
Mais le temps passe et il faut poursuivre la chasse
car nous devons rentrer sur le Nautilus.
Ned trouve enfin les animaux qu’il rêvait de rap
porter au sous-marin : des pigeons, un cochon des bois
et même une petite troupe de kangourous.
Nous sommes très satisfaits de notre chasse et
nous retournons heureux sur le Nautilus où Ned se
charge de préparer tous ces animaux pour les conser
ver et pouvoir les consommer peu à peu.
Comme prévu, le Nautilus reprend son voyage le
9 janvier.
- 36 -
CHAPITRE VI
PISTE 6
- 37 -
- Je suis prêt.
- Alors, suivez-moi.
- Et mes compagnons, capitaine ?
- Ils sont prévenus et nous attendent, me répond
le capitaine.
- Nous allons revêtir nos scaphandres ?
- Pas encore. Nous irons en canot jusqu’à l’endroit
où nous allons plonger et là, nous mettrons nos vête
ments pour l’expédition sous-marine.
Nous allons sur la plate-forme où mes amis et cinq
marins nous attendent.
Nous montons dans le canot qui se dirige vers le
sud. Le capitaine Nemo fait bientôt signe de jeter
l’ancre*.
- Nous voici arrivés, professeur, me dit-il. Revêtons
nos scaphandres et commençons notre promenade.
Nous nous habillons et nous entrons dans l’eau
avec l’aide des marins.
Puis nous commençons à marcher sur le sable fin
en suivant le capitame.
Nous trouvons ensuite des rochers couverts de
toutes sortes de mollusques* que j ’observe avec beau
coup d’intérêt. Puis nous atteignons enfin l’endroit où
les huîtres* perlières se reproduisent par millions.
Pendant que j ’examine ces huîtres, Ned en profite
pour en mettre le plus possible dans un filet qu’il a
apporté.
Mais nous devons poursuivre notre route.
Le capitaine nous conduit devant l’entrée d’une
-38-
immense grotte. Il y entre et nous le suivons. Mes
yeux s’habituent vite à l’obscurité.
Nous descendons une pente1. Là, le capitaine
Nemo s’arrête et nous montre un objet de la main.
Je m’approche et je découvre quelque chose de
merveilleux : il s’agit d’une huître de dimension extra
ordinaire dont la largeur dépasse deux mètres.
Le capitaine connaissait son existence, de toute
évidence.
Les deux valves2 du mollusque sont entrouvertes3.
Le capitaine s’approche et introduit son poignard
entre les coquilles pour les empêcher de se refermer.
C’est alors que je découvre une perle d’une grosseur
égale à une noix de coco. Elle est superbe ! C’est un
bijou d'une valeur incalculable. Emporté par la curio
sité, j’étends la main pour la saisir mais le capitaine
m’arrête et me fait un signe négatif. Il retire son poi
gnard et les deux valves se referment rapidement.
La visite est terminée. Nous quittons la grotte et
remontons la pente.
Nous marchons séparément, chacun admirant et
observant différents éléments.
Dix minutes plus tard, le capitaine Nemo s’arrête
et nous fait signe d’aller nous réfugier derrière des
rochers.
À cinq mètres de moi, une ombre apparaît. Je
- 40-
pense tout de suite à un requin mais je me trompe. Il
s’agit d’un homme, un Indien, un pêcheur qui vient,
faire sa récolte de mollusques. J’aperçois le fond de
son canot au-dessus de nous. Il plonge, remplit un sac
de mollusques et remonte à la surface. Une pierre qu’il
serre du pied tandis qu’une corde la rattache à son
bateau lui permet de descendre plus rapidement au
fond de la mer.
Il ne nous voit pas. L’ombre du rocher nous cache
à ses yeux.
Je l’observe avec une grande attention quand tout
à coup, alors qu’il est à genoux sur le sable en train de
pêcher, je le vois changer d’expression. Il a l’air
effrayé. Il se relève et prend son élan1pour remonter
à la surface de l’eau.
Je comprends sa frayeur. Une ombre gigantesque
apparaît au-dessus de lui. C’est un requin de grande
taille qui s’avance en diagonale, l’œil en feu, les
mâchoires ouvertes.
Je suis muet d’horreur. Incapable de faire un mou
vement.
Le requin s’élance vers l’Indien qui l’évite de jus
tesse en se jetant de côté.
Cette scène dure à peine quelques secondes. Le
requin revient et, se retournant sur le dos, il se prépa
re à couper le pauvre homme en deux. C’est alors que
1. Prendre son élan : faire un m ouvem ent rapide vers l'avant pour
sauter, aller plus vite.
-41
je sens le capitaine Nemo, qui est près de moi, se lever
rapidement. Puis, son poignard à la main, il se précipi
te sur le monstre, prêt à lutter corps à corps avec lui.
Le requin, au moment où il va mordre l’Indien,
aperçoit son nouvel adversaire et, se replaçant sur le
ventre, il se dirige rapidement vers lui.
Le capitaine Nemo attend tranquillement l’énorme
animal. Lorsque ce dernier se précipite sur lui, il évite
le choc et lui plante son poignard dans le ventre. Mais
tout n’est pas fini. Un terrible combat commence.
L’homme et l’animal luttent corps à corps. Le coura
geux capitaine cherche à frapper son ennemi en plein
coeur mais il n’y parvient pas.
Je veux courir au secours du capitaine mais je suis
cloué par l’horreur et je ne peux pas bouger.
Le capitaine Nemo tombe soudain au sol, renversé
par le monstre qui se précipite aussitôt sur lui, les
mâchoires ouvertes. C’est alors que Ned lance son
harpon et atteint l’animal en plein cœur.
Les eaux deviennent rouges. Quelques instants
plus tard, l’animal est mort.
Ned aide le capitaine à se relever. Celui-ci se pré
cipite vers l’Indien qui a perdu connaissance, coupe
rapidement la corde qui le retient à sa pierre, le prend
dans ses bras et le remonte à la surface.
Nous le suivons et arrivons près du canot du
pêcheur. L’homme revient peu à peu à la vie. Il ouvre
enfin les yeux. Sa surprise est grande quand il nous
voit penchés sur lui.
-42-
I
-43-
Le capitaine Nemo sort alors de la poche de son
vêtement un sac plein de perles, qu’il donne au
pêcheur, puis il nous fait un signe et nous replongeons
dans l’eau et regagnons notre canot.
Une fois débarrassés de nos scaphandres, la pre
mière parole du capitaine Nemo est pour Ned :
- Merci, maître Land. Et maintenant, au Nautüus !
À huit heures, nous sommes de retour à bord du
sous-marin.
Là, je me remets à penser aux incidents de la jour
née, au courage et à la bonté du capitaine Nemo envers
le pauvre pêcheur. Cet homme étrange et si froid a
donc encore des sentiments. Je lui en fais la remarque
et il me répond d’un ton un peu ému :
- Cet Indien, monsieur le professeur, est un habitant
du pays des opprimés et je suis et serai toujours de ce
pays-là.
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CHAPITRE VII
PISTE 7
-45-
- De simples calmars*, des monstres ! fait Conseü.
- Ici, les poulpes sont de grande dimension, dis-je.
J’ai entendu dire qu’ils peuvent entraîner des bateaux
dans le fond de la mer... mais les herbes ne bougent
plus, il n’y a rien, apparemment.
Nous continuons à parler ainsi des monstres
marins tout en jetant de temps en temps un coup d’œil
par les vitres.
Soudain, Ned s’écrie :
- L’épouvantable bête !
Je regarde à mon tour et mes yeux s’agrandissent
d’horreur. Devant nous s’agite un calmar d’au moins
huit mètres de long. Il marche à reculons très rapide
ment en direction du Nautilus. Parfois les ventouses1
de ses tentacules s’appliquent sur les vitres de la salle
à manger. Sa bouche s’ouvre et se referme verticale
ment.
L’animal semble irrité car sa couleur change rapi
dement, passant du gris au brun. Son irritation est
sans doute causée par la présence du Nautilus sur
lequel ses tentacules n’ont aucun pouvoir.
Je surmonte mon horreur et je profite de l’occasion
pour examiner cet étrange animal. Je prends même
une feuille et un crayon et je commence à le dessiner.
Bientôt, d’autres poulpes apparaissent. J’en comp
te sept.
Je continue mon travail. Ces monstres suivent le
-46-
Nautilus qui avance assez lentement.
Tout à coup, il s’arrête. Un choc se fait sentir et le
sous-marin reste immobile.
Le capitaine Nerno entre alors dans la salle à man
ger. Sans nous dire un mot, il va observer les poulpes.
- Curieuse collection de poulpes, lui dis-je.
- En effet, monsieur le professeur, et nous allons
les combattre corps à corps.
- Corps à corps ?
- Oui, monsieur. L’hélice* est arrêtée. Je crois que
l’un de ces monstres l’a bloquée avec ses tentacules.
- Et qu’allez-vous faire ?
- Remonter à la surface et les tuer à la hache.
- Et au harpon, monsieur, dit le Canadien, si vous
acceptez mon aide.
- Je l’accepte, maître I-and.
- Nous vous accompagnons, dis-je.
Nous nous dirigeons vers l’escalier central. Là, une
dizaine d’hommes, armés de haches, se tiennent prêts
à combattre.
Conseil et moi, nous prenons une hache. Ned son
harpon.
Le Nautilus est à la surface de l’eau. Un marin
ouvre le panneau qui donne sur la plate-forme.
Aussitôt un long tentacule glisse comme un ser
pent dans l’ouverture. D’un coup de hache, le capitai
ne le coupe.
Deux autres tentacules entrent alors, saisissent un
des marins et l’enlèvent.
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Nemo pousse un cri et se précipite dehors. Nous le
suivons tous.
Le malheureux marin crie à l’aide. Le capitaine
Nemo se précipite sur le poulpe et lui coupe un autre
tentacule. Nous nous mettons tous à nous battre féro
cement à coups de hache contre les monstres. Ned
enfonce son harpon dans les yeux de ces animaux.
C’est horrible ! Mais le malheureux marin ne parvient
pas à se dégager. Le capitaine continue à attaquer le
monstre. L’animal lance alors une colonne d’un liquide
noir. Nous ne pouvons plus voir. Quand l’eau redevient
normale, nous constatons que le poulpe a disparu,
emportant le marin.
Soudain, je hurle de peur. Un poulpe ouvre son
énorme bouche et va saisir Ned. Heureusement, le
capitaine Nemo lui donne un coup de hache et Ned lui
plante son harpon dans le cœur.
- C’était à mon tour de vous sauver la vie, dit le
capitaine à Ned.
Ned s’incline sans lui répondre.
Ce combat dure un quart d’heure. Les monstres,
vaincus, blessés, disparaissent dans l’eau.
Le capitaine Nemo, rouge de sang, reste un long
moment sur la plate-forme à regarder la mer qui a tué
l’un de ses compagnons. De grosses larmes coulent
sur ses joues.
Aucun de nous n’oubliera jamais cette terrible
scène du 20 avril.
Le lendemain, je la raconte dans mon livre. Je la lis
-48-
à Conseil et à Necl. Ils la trouvent intéressante mais ils
pensent qu’elle manque de force. Il faut être un grand
écrivain pour pouvoir la décrire.
Je ne vois pas le capitaine pendant quelques jours.
La mort de son compagnon l’a, de toute évidence,
empli de tristesse.
Le Nautüus a cependant repris sa route.
-50-
CHAPITRE VIII
PISTE 8
N
chose.
près des côtes d’Europe. Depuis quelques
jours, le Naulilus est immobile, à la surface
de l’eau. On a l’impression qu’on attend quelque
- 51 -
- Comment ? dis-je, ils tirent sur nous !
On entend une autre détonation.
Le capitaine apparaît sur la plate-forme. Il a l’air
féroce.
À ce moment, un boulet' frappe le Nautilus. Le
capitaine redescend dans le sous-marin et revient
bientôt avec un drapeau noir qu’il place à l’avant du
Nautilus.
- Descendez, me dit-il, vous et vos compagnons.
- Monsieur, vous n’allez pas attaquer ce navire ?
- Non, je vais le couler. Descendez, je vous prie.
- Mais, capitaine, pourquoi faites-vous cela ?
Alors, d’une voix pleine de haine, le capitaine
Nemo s’écrie :
- C’est à cause de lui que j ’ai perdu tout ce que
j ’aimais : femme, enfants, père, mère, patrie. Tout ce
que je déteste est là. Taisez-vous et descendez !
Nous descendons sans rien dire.
Le soir vient. Il ne se passe rien. Je ne peux pas
dormir de toute la nuit.
À cinq heures, j ’entends de nouveau des détona
tions, de plus en plus proches.
C’est alors que je sens que le Nautilus s’immerge
sous l’eau.
Quelques instants plus tard, je pousse un cri. Un
choc terrible vient de se produire et je sens que la1
-52-
r
vitesse du sous-marin augmente. J’entends des cra
quements horribles.
Fou d’angoisse, je cours dans la salle à manger voir
ce qui se passe.
Le capitaine Nemo est là. Muet, sombre, il regarde
par la vitre.
Une masse énorme entre dans l’eau. Le Nautilus
vient de percer la coque* du navire qui est en train de
couler. Je vois alors les malheureux marins chercher
à remonter à la surface, chercher à se sauver.
C’est un spectacle horrible, effrayant.
Paralysé d’angoisse, je ne peux détacher mes yeux
de la vitre et je regarde horrifié cette scène mons
trueuse.
L’énorme navire s’enfonce lentement. Le Nautilus
observe tous ses mouvements.
Tout à coup, on entend une explosion. C’est fini !
Je me retourne vers le capitaine Nemo, cet homme
si dur qui regarde froidement l’horreur qu’il vient de
provoquer.
Il sort de la pièce et se dirige vers sa chambre. Il
ouvre la porte et entre. Je le suis et regarde.
Sur le mur du fond, je vois le portrait d’une jeune
femme et de deux petits enfants. Le capitaine Nemo
les regarde pendant quelques instants, leur tend les
bras puis il tombe à genoux et se met à pleurer.
- 54 -
CHAPITRE IX
PISTE 9
-56-
Ma tête vient frapper contre le bord du canot et je
perds connaissance.
Quand je reviens à moi, je suis couché dans une
cabane de pêcheurs, en Noivège. Mes deux compa
gnons sont sains et saufs et se trouvent près de moi.
Nous nous embrassons.
Nous allons attendre maintenant un bateau pour
regagner la France.
J’ai mes notes avec moi et je vais pouvoir publier
mon livre et poursuivre mes recherches. Mc croira-t-
on ? Je l’ignore et pourtant tout ce que je dis est vrai.
Mais qu’est devenu le Nautilus ? A-t-il résisté au
tourbillon ?
Je l’espère. Et si le Nautilus poursuit sa route et si
le capitaine Nemo habite toujours dans les océans,
j ’espère que la haine va s’apaiser dans son cœur. Que
la contemplation de tant de merveilles qui peuplent
les mers puisse à jamais éteindre en lui son esprit de
vengeance !
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VOCABULAIRE
La navigation
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Marine : ensemble des navires (de commerce et de
guerre), flotte d’un pays.
Navire : grand bateau construit pour transporter des
hommes et des marchandises.
Pont : plancher qui recouvre la coque d’un bateau.
Tribord : côté droit d’un bateau quand on regarde vers
l’avant.
La faune marine
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Narval : grand mammifère des mers arctiques qui
porte une longue défense.
Poulpe : animal marin qui a huit tentacules avec des
ventouses.
Requin : très grand poisson puissant et dangereux.
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ACTIVITÉS
a) leniabe
b) turhie
c) polupe
d ) querni
e ) quelolmus
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2) Morceau de tissu fixé sur un bâton qui porte les
couleurs du pays qu’il représente.
3) Instrument qui sert à couper les arbres.
4) Être particulièrement effrayant.
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Le capitaine Nemo joue :
□ de l’orgue
□ du violon
□ du piano
É d ition : B F M
C ou vertu re : Fern an do San M a rtin
C ouverture, créd it photo : S w issada / Fotolia
Illu stra tio n s : Conrado G iu sti
p. 3 : Coll. A rchives Larbor