NS0+Autoévaluation
NS0+Autoévaluation
NS0+Autoévaluation
LICENCE
3
L3PC
Code
de
l’UE
:
SPH5U15T
Nom
de
l’UE
:
Français
Enseignante
responsable
:
Anne
Rochelle
anne-‐gabrielle.rochelle@univ-‐amu.fr
ENVOI
1
Sommaire
Sujet
zéro
de
note
de
synthèse
.................................................................................................................
2
Travail
de
synthèse
fait
pas
à
pas
sur
la
note
de
synthèse
concernant
l’éthique
scientifique
(cf
méthodologie
donnée
en
PJ
sur
le
document
powerpoint).
........................
7
Etape
1
:
lecture
en
diagonale
.............................................................................................................
7
Etape
2
:
Analyse
des
documents
.......................................................................................................
7
Etape
3
:
Confrontation
des
documents
sous
forme
d’un
tableau
.......................................
8
Etape
4
:
le
plan
..........................................................................................................................................
9
Etape
5
:
l’introduction
...........................................................................................................................
9
Etape
6
:
le
développement
...............................................................................................................
10
Etape
7
:
la
conclusion
.........................................................................................................................
10
Grille
d’évaluation
d’une
synthèse
......................................................................................................
12
Exercice
d’auto-‐évaluation
.....................................................................................................................
14
Synthèse
à
commenter
en
auto-‐évaluation
................................................................................
15
Pistes
de
correction
pour
une
auto-‐évaluation
de
synthèse
...............................................
17
Corpus
de
documents
pour
la
synthèse
en
auto-‐évaluation
.........................................
22
1
Sujet
zéro
de
note
de
synthèse
Vous
rédigerez
une
introduction
et
un
plan
détaillé
pour
synthétiser
ce
corpus
de
documents
qui
porte
sur
la
question
de
l’éthique
scientifique.
Texte
1
En
1932,
Aldous
Huxley
publie
«
Le
Meilleur
des
mondes
»,
dans
lequel
il
imagine
ce
que
pourrait
être
une
société
fondée
sur
la
sélection
génétique.
La
portée
critique
de
ce
livre
de
science-‐fiction
est
virulente
:
il
dénonce
les
dérives
d’un
progrès
qui
ne
suffit
pas
à
rendre
les
hommes
heureux.
Au
début
du
roman
le
Directeur
de
l’Incubation
et
du
Conditionnement
fait
visiter
à
de
nouveaux
étudiants
son
laboratoire.
A
ce
moment,
l'œuf
primitif
avait
de
fortes
chances
de
se
transformer
en
un
nombre
quelconque
d'embryons
compris
entre
huit
et
quatre-‐vingt-‐seize,
«
ce
qui
est,
vous
en
conviendrez,
un
perfectionnement
prodigieux
par
rapport
à
la
nature.
Des
jumeaux
identiques,
mais
non
pas
en
maigres
groupes
de
deux
ou
trois,
comme
aux
jours
anciens
de
reproduction
vivipare,
alors
qu'un
œuf
se
divisait
parfois
accidentellement
;
mais
bien
par
douzaines,
par
vingtaines,
d'un
coup.
»
-‐
Par
vingtaines,
répéta
le
Directeur,
et
il
écarta
les
bras,
comme
s'il
faisait
des
libéralités
à
une
foule.
Par
vingtaines.
Mais
l'un
des
étudiants
fut
assez
sot
pour
demander
en
quoi
résidait
l'avantage.
-‐
Mon
bon
ami
!
le
Directeur
se
tourna
vivement
vers
lui,
vous
ne
voyez
donc
pas?
Vous
ne
voyez
pas
?
Il
leva
la
main
;
il
prit
une
expression
solennelle
:
Le
Procédé
Bokanovsky
est
l'un
des
instruments
majeurs
de
la
stabilité
sociale
!
Instruments
majeurs
de
la
stabilité
sociale.
Des
hommes
et
des
femmes
conformes
au
type
normal
;
en
groupes
uniformes.
Tout
le
personnel
d'une
petite
usine
constitué
par
les
produits
d'un
seul
œuf
bokanovskifié.
-‐
Quatre-‐vingt-‐seize
jumeaux
identiques
faisant
marcher
quatre-‐vingt-‐seize
machines
identiques
!
-‐
Sa
voix
était
presque
vibrante
d'enthousiasme.
-‐
On
sait
vraiment
où
l'on
va.
Pour
la
première
fois
dans
l'histoire.
Aldous
Huxley,
Le
Meilleur
des
mondes,
trad.J.Les
Castier,
1932.
Texte
2
Dans
Valeurs
Actuelles
du
6
septembre
2006,
le
Professeur
Bernard
Debré,
chef
de
service
d’urologie
à
l’hôpital
Cochin
à
Paris,
également
député,
prend
position
ici
sur
les
récentes
avancées
qu’ont
permis
les
progrès
en
génétique.
Bernard
Debré
:
Dans
l’imaginaire
collectif,
“eugénisme”
est
un
mot
épouvantable
qui
évoque
les
atrocités
commises
par
les
nazis
ou
bien
celles
réalisées
par
la
social-‐
démocratie
suédoise
qui,
dans
les
années
1970,
a
stérilisé
des
femmes
qui
présentaient
des
troubles
mentaux,
avaient
trop
d’enfants
ou
étaient
considérées
comme
asociales.
Aux
antipodes
de
ces
eugénismes
d’État,
il
existe
un
eugénisme
de
liberté,
que
je
défends.
À
ce
titre,
le
diagnostic
préimplantatoire,
qui
permet
de
sélectionner
les
embryons
non
porteurs
d’une
maladie
génétique.
La
liste
des
maladies
pour
lesquelles
2
on
pourra
y
recourir
ne
va
cesser
de
s’allonger,
car
on
sait
maintenant
lire
dans
le
livre
de
la
vie.
Récemment,
à
l’hôpital,
un
jeune
couple
a
demandé
un
tri
d’embryons
parce
que
chacun
avait
un
parent
atteint
d’un
Alzheimer
précoce.
Ils
souhaitaient
que
leur
enfant
à
venir
soit
préservé
de
cette
maladie.
Quoi
de
plus
légitime
?
Au
nom
de
quoi
leur
interdire
cette
possibilité
?
Le
clonage
thérapeutique
est
l’une
des
plus
grandes
inventions
du
XXe
siècle
!
Cette
technique
permettra
un
jour
à
chacun
de
réparer
ses
organes
défaillants.
Quel
principe
supérieur
nous
permettrait
d’interdire
l’autoréparation,
qui
pourrait
sauver
un
nombre
considérable
de
malades
?
Il
y
a
quelques
décennies,
il
se
trouvait
des
censeurs
pour
s’y
opposer.
D’ailleurs,
on
effectue
déjà
des
réparations
qui
sauvent
des
vies.
Cela
s’appelle
la
greffe
d’organes.
L’avantage
énorme,
avec
le
clonage
thérapeutique,
c’est
que
l’on
ne
sera
plus
confronté
au
risque
de
rejet.
Non
à
la
frilosité
!
Justement,
vous
pointez
du
doigt
la
frilosité
de
la
France,
sur
la
question
de
la
recherche
sur
les
embryons…
Les
barrières
législatives
érigées
contre
la
recherche
en
France
lui
ont
déjà
fait
perdre
au
moins
six
précieuses
années.
La
loi
bioéthique
autorise
l’étude
sur
les
embryons
congelés
surnuméraires,
mais
seulement
à
titre
exploratoire,
pour
une
durée
de
cinq
ans
et
dans
un
contexte
expérimental
encadré.
C’est
totalement
insuffisant
!
Nos
chercheurs
sont
obligés
de
s’exiler.
Et
la
Chine
est
en
passe
de
devenir
la
référence
mondiale
en
matière
de
clonage.
L’embryon,
qui
n’est
rien
d’autre
qu’un
tas
de
cellules,
ne
doit
pas
être
déifié.
Pourquoi
ne
pourrait-‐on
pas
utiliser
des
embryons
destinés
à
être
détruits
?
Ce
sont
pourtant
des
milliers
de
vies
humaines
qui
pourraient
être
sauvées
dans
un
délai
très
bref.
Valeurs
Actuelles,
8
septembre
2006.
«
Non
à
la
frilosité
»,
propos
recueillis
par
Alix
Leduc.
Texte 3
En
2011,
les
lois
éthiques
font
l’objet
en
France
d’une
relecture
pouvant
conduire,
pour
certaines
d’entre
elles,
à
une
révision.
A
l’issue
des
décisions
législatives,
la
journaliste
du
Monde,
rend
compte
du
peu
de
changements
survenus.
Aucune
avancée
sur
la
levée
de
l’anonymat
des
donneurs
de
gamètes,
pas
la
moindre
ouverture
vers
la
légalisation
de
la
gestation
pour
autrui,
un
refus
résolu
de
l’homo-‐
parentalité,
beaucoup
de
frilosité
en
matière
de
recherche
sur
l’embryon
:
toutes
les
questions
qui
avaient
agité
pendant
des
mois
les
états
généraux
de
bioéthique
ont
finalement
abouti…
au
statu
quo.
Depuis
leur
première
version,
en
1994,
les
lois
de
bioéthique
tentent
d’encadrer
les
progrès
de
la
médecine
en
élaborant
peu
à
peu
une
«
morale
du
vivant
».
Quels
sont
les
critères
acceptables
en
matière
de
sélection
des
embryons
dans
l’assistance
médicale
à
la
procréation?
Faut-‐il
autoriser
la
recherche
sur
les
cellules
souches
embryonnaires?
3
Comment
réglementer
l’utilisation
des
tests
génétiques?
Voilà
autant
de
questions
auxquelles
les
lois
de
bioéthique
tentent
de
répondre
en
encadrant
les
pratiques
qui
apparaissent
au
fur
et
à
mesure
des
avancées
médicales
et
scientifiques.
Les
premières
lois
ont
inscrit
dans
le
code
civil
de
grands
principes:
Respect
de
la
dignité
de
la
personne
humaine,
inviolabilité
du
corps
humain
–
toute
atteinte
suppose
ainsi
le
consentement
de
la
personne
–,
non-‐patrimonialité
des
éléments
et
produits
du
corps
(sang,
sperme,
ovocytes,
organes…).
Ces
textes,
qui
ont
également
organisé
l’assistance
médicale
à
la
procréation,
réglementé
les
greffes
d’organes
et
encadré
les
empreintes
génétiques,
avaient
vocation
à
être
remis
régulièrement
sur
le
métier
:
en
2004,
une
nouvelle
version
des
lois
de
bioéthique
a
donc
été
adoptée.
En
2011,
pour
la
seconde
révision,
les
grandes
questions
ne
manquaient
pas:
fallait-‐il
autoriser
la
gestation
pour
autrui
(les
«mères
porteuses
»),
comme
l’ont
fait
la
Grande-‐
Bretagne,
les
Pays-‐Bas,
le
Canada
ou
certains
Etats
américains
?
Ouvrir
la
procréation
médicalement
assistée
aux
couples
de
femmes
ou
aux
célibataires,
comme
le
font
beaucoup
de
pays
du
nord
de
l’Europe
mais
aussi
la
Belgique
et
l’Espagne
?
Autoriser
la
recherche
sur
les
cellules
souches
embryonnaires,
qui
ne
sont
aujourd’hui
possibles
qu’à
titre
dérogatoire
?
Les
débats
ont
été
âpres
et
l’audace,
une
fois
n’est
pas
coutume,
est
venue
du
Sénat:
alors
que
les
députés
se
refusaient
à
toute
réforme,
les
sénateurs,
ont,
contre
toute
attente,
adopté
des
positions
résolument
réformatrices.
Lors
de
la
première
lecture,
ils
ont
ainsi
proposé
d’autoriser,
dans
le
cadre
d’un
«régime
de
responsabilité
assumée
et
encadrée»,
la
recherche
sur
l’embryon
et
les
cellules-‐
souches
embryonnaires
alors
que
les
députés
venaient
justement,
au
nom
d’un
«interdit
symbolique
fort»,
de
restreindre
–
encore
–
les
possibilités
offertes
aux
chercheurs.
En
matière
d’assistance
médicale
à
la
procréation,
les
sénateurs
ont
également
innové
:
lors
de
la
première
lecture,
ils
ont,
à
la
surprise
générale,
ouvert
cette
pratique
à
«tous
les
couples
»,
et
donc
aux
couples
de
femmes
homosexuelles.
Les
députés,
eux,
venaient
précisément
de
réserver
l’assistance
médicale
à
la
procréation
aux
couples
hétérosexuels
en
âge
de
procréer
victimes
d’une
infertilité
«médicale»:
«
Le
caractère
pathologique
de
l’infertilité
doit
être
médicalement
diagnostiqué
»,
avaient-‐ils
précisé.
Pas
question,
pour
l’Assemblée
nationale,
de
prendre
en
compte
l’«infertilité
sociale
»
des
couples
homosexuels
ou
des
célibataires.
Enfin,
le
Sénat
s’est
montré
nettement
plus
ouvert
sur
la
levée
de
l’anonymat
des
dons
de
gamètes,
qui
permet
aux
enfants
nés
d’un
don
de
sperme
ou
d’ovocytes
de
connaître
à
leur
majorité
l’identité
de
leur
donneur.
Au
nom
du
primat
du
social
sur
le
génétique,
l’Assemblée
nationale
s’est,
de
son
côté,
farouchement
opposée
à
cette
réforme.
Le
Sénat,
lui,
a
longuement
hésité
:
la
commission
des
affaires
sociales
y
était
favorable
–
ces
enfants
ne
sont
pas
«un
produit
de
la
science
mais
bien
un
être
issu
de
personnes
humaines»,
expliquait
le
rapporteur,
Alain
Milon
(Vaucluse,
UMP),
mais,
en
séance
cette
disposition
a
finalement
été
supprimée.
Au
terme
de
ce
marathon
législatif,
l’Assemblée
nationale
a
fini
par
faire
4
prévaloir
son
point
de
vue:
les
lois
de
bioéthique
resteront
donc
quasiment
inchangées.
Les
seules
modifications
introduites
par
la
révision
des
lois
de
bioéthiques
de
2011
concernent
l’encadrement
des
tests
proposés
aux
femmes
enceintes
pendant
la
grossesse,
l’autorisation
de
la
congélation
ultrarapide
des
ovocytes
et
la
réglementation
de
l’information
des
proches
en
cas
de
maladie
génétique.
Et
la
prochaine
révision
n’est
pas
pour
demain:
le
nouveau
texte
de
loi
précise
qu’elle
aura
lieu
dans
«un
délai
maximum
de
sept
ans».
Anne
Chemin,
«
Les
grands
débats
de
la
bioéthique
»,
Le
Monde,
29
juin
2011.
Document
4
Denis
Sergent,
«
Questions
autour
de
l’expérimentation
sur
l’embryon
humain
»,
La
Croix,
1er
février
2016.
Une
biologiste
britannique
a
été
autorisée
lundi
1er
février
à
faire
des
recherches
sur
l’expression
des
gènes
au
sein
de
l’embryon
humain
précoce
afin,
notamment,
de
«
comprendre
les
causes
de
certaines
maladies
génétiques
».
Quelle
est
la
portée
de
la
décision
prise
lundi
?
L’Autorité
britannique
de
la
fertilisation
humaine
et
de
l’embryologie
(HFEA),
équivalent
de
l’Agence
de
la
biomédecine
en
France,
vient
pour
la
première
fois
au
Royaume-‐Uni
d’autoriser
à
faire
des
expériences
sur
des
embryons
humains
à
des
fins
de
recherche.
«
Nous
avons
approuvé
la
demande
du
docteur
Kathy
Niakan,
de
l’Institut
Francis
Crick
de
Londres,
d’ajouter
la
possibilité
de
manipuler
des
embryons
humains
à
son
autorisation
de
recherche
»,
a
annoncé
la
HFEA.
La
demande
avait
été
déposée
en
septembre
2015,
afin
d’étudier
les
gènes
mis
en
jeu
lors
du
développement
précoce
de
l’embryon,
avant
qu’il
ne
s’implante.
«
Comprendre
le
développement
de
l’embryon
pourrait
nous
aider
à
comprendre
les
causes
de
l’infertilité,
des
fausses
couches
et
de
certaines
maladies
génétiques
»,
selon
Alastair
Kent,
directeur
de
Genetic
Alliance
UK.
«
Cela
permettra
aussi
d’analyser
le
rôle
de
gènes
spécifiques
à
travers
l’utilisation
de
la
méthode
Crispr-‐Cas9
»,
a
ajouté
le
professeur
Robin
Lovell-‐Badge,
du
Francis
Crick
Institute.
Qu’est-‐ce
que
cette
technique
du
«
Crispr-‐Cas9
»
?
Dérivée
d’un
mécanisme
de
défense
bactérien,
la
méthode
Crispr-‐Cas9
est
une
boîte
à
outils,
sorte
de
«
couteau
suisse
»
du
génie
génétique,
permettant
de
supprimer
et
d’insérer
des
gènes
(ADN)
à
un
endroit
précis,
au
sein
du
génome
de
n’importe
quelle
cellule.
En
d’autres
termes,
cette
technique
peut
permettre,
chez
une
personne
souffrant
d’une
maladie
génétique
simple,
de
faire
de
la
thérapie
génique
en
remplaçant
le
gène
défectueux
par
un
gène
sain.
La
technique
peut
aussi
s’appliquer
à
l’embryon
précoce.
À
titre
expérimental,
une
équipe
universitaire
de
Canton
(Chine)
l’a
testée
en
avril
2015
avec
des
embryons
porteurs
d’une
maladie
du
sang
potentiellement
mortelle
–
la
bêta-‐
thalassémie
–
avant
de
les
détruire.
Les
biologistes
chinois
ont
indiqué
avoir
eu
«
de
grandes
difficultés
»,
avec
l’apparition
d’effets
secondaires,
et
affirmé
que
leurs
travaux
«
montraient
la
nécessité
urgente
d’améliorer
cette
technique
pour
des
applications
médicales
».
En
d’autres
termes,
la
technique
n’était
pas
encore
maîtrisée
pour
de
telles
applications.
5
Quelles
questions
éthiques
soulève
cette
expérimentation
?
Au
Royaume-‐Uni,
la
modification
génétique
d’embryons
humains
est
autorisée
depuis
2009
dans
la
recherche,
à
condition
entre
autres
que
les
embryons
soient
détruits
après
deux
semaines
maximum.
En
France,
la
recherche
sur
les
embryons
humains
est
autorisée
par
la
loi
de
bioéthique
de
2013.
Elle
est
en
revanche
interdite
à
des
fins
de
traitement
médical.
Or
la
technique
Crispr-‐Cas9
pourrait
être
utilisée
pour
modifier
le
génome
d’un
embryon
et
remplacer
un
gène
de
maladie
génétique
grave
ou
incurable
par
un
gène
sain.
Ce
que
certains
considèrent
comme
de
l’eugénisme.
Plus
grave
éthiquement
serait
la
modification
du
génome
des
cellules
sexuelles,
qui
se
transmettrait
alors
à
la
descendance
et
pourrait
modifier
l’évolution
de
l’espèce
humaine.
Pour
cette
raison,
des
opposants
à
la
décision
prise
lundi
redoutent
déjà
l’ouverture
d’une
boîte
de
Pandore.
6
Travail
de
synthèse
fait
pas
à
pas
sur
la
note
de
synthèse
concernant
l’éthique
scientifique
(cf
méthodologie
donnée
en
PJ
sur
le
document
powerpoint).
7
§ Résultats
en
Chine
et
limites
de
la
technique
§ Problèmes
éthiques
§ Différents
positionnements
des
pays
§ Crainte
des
dérives
éventuelles
(«
boîte
de
Pandore
»)
4.
Document
1
(traité
en
dernier
car
il
se
démarque
des
autres
documents).
§ Expérience
en
cours
commentée
par
le
directeur
:
ð visée
critique
§ Satire
du
directeur
§ Critique
de
la
technique
de
reproduction
Rq
:
Mélange
des
voix
(narrateur/Directeur)
à
ne
pas
confondre
(l’utilisation
de
l’italique
marque
le
discours
intérieur
du
narrateur).
Etape
3
:
Confrontation
des
documents
sous
forme
d’un
tableau
Document
2
Document
3
Document
4
Document
1
Idées
(interview
(article)
(texte
fiction,
Debré)
roman
d’anticipation,
contre-‐utopie)
Différence
Crainte
des
Crainte
d’une
Peurs
liées
à
la
eugénisme
de
dérives
société
recherche
liberté
et
éventuelles
(boîte
uniformisée
eugénisme
de
Pandore)
d’Etat
Avantages
de
Promesses
Espoirs
sur
les
l’eugénisme
de
scientifiques
du
avancées
liberté
Crispr-‐Cas
9
scientifiques
et
leurs
apports
Défense
du
Questions
Technique
du
Mise
en
scène
différents
clonage
éthiques
Crispr-‐Cas
9
d’une
nouvelle
débats,
thérapeutique
d’actualité
technique
de
découvertes
reproduction
liés
à
la
bioéthique
Retard
de
la
Difficulté
de
Autorisation
Différences
science
en
faire
avancer
britannique
d’avancée
France
les
lois
de
d’expérimentation
entre
les
pays
bioéthique
sur
l’embryon
humain
;
résultats
en
Chine
Sénat
plus
Causes
du
ouvert
que
retard
de
la
l’Assemblée
France
(explications)
Rappel
des
Principes
grands
bioéthiques
principes
fondamentaux
acquis
8
Nouveaux
Avancées
en
acquis
France,
conséquences
sociales
Dérives
en
Chine
Dérives
et
problèmes
possibles
de
la
recherche
Etape
4
:
le
plan
Plan
A
I. Les
peurs
liées
au
progrès
scientifique
a. Les
questions
éthiques
que
soulève
le
progrès
scientifique
b. La
peur
de
l’eugénisme
d’État
c. La
peur
de
la
modification
de
l’espèce
humaine
II.
Les
barrières
législatives
de
la
bioéthique
en
France
a. Les
recherches
scientifiques
freinées
par
les
lois
b. Les
tentatives
d’évolution
de
la
loi
c. Le
retard
de
la
France
Plan
B
I.
Les
réticences
face
aux
progrès
de
la
science
A. Les
deux
sortes
d’eugénismes
B. La
crainte
d’un
univers
«
normalisé
»
C. Des
avancées
trop
rapides
non
maîtrisées
(effets
secondaires)
II.
La
mise
en
place
de
barrières
éthiques
protectrices
A. Les
hésitations
du
législatif
en
France
B. Les
différences
d’autorisation
selon
les
pays
(GB,
France,
Chine)
C. Les
conséquences
sur
la
recherche
en
France
III.
Les
avancées
possibles
si
les
barrières
législatives
étaient
levées
A. Des
techniques
prometteuses
en
médecine
:
clonage
thérapeutique,
Crispr-‐Cas9
B. Des
avancées
sociales
débattues
:
levée
anonymat
pour
le
don
de
gamètes,
procréation
médicalement
assistée,
mères
porteuses
;
avancées
obtenues
en
2011.
Etape
5
:
l’introduction
Différentes
problématiques
possibles
¡ En
quoi
les
progrès
de
la
recherche
scientifique
induisent-‐ils
un
questionnement
éthique
?
¡ Dans
quelle
mesure
est-‐il
nécessaire
d’encadrer
la
recherche
scientifique
par
des
réflexions
éthiques?
¡ Comment
les
réflexions
éthiques
peuvent-‐elles
être
à
la
fois
positives
et
négatives
vis
à
vis
de
la
recherche
scientifique
?
¡ Comment
concilier
liberté
de
la
recherche
scientifique
et
protection
de
la
personne
humaine
?
Exemple
d’introduction
rédigée
9
L’avancée
des
progrès
scientifiques
en
termes
de
manipulation
génétique
ouvre
de
nouvelles
possibilités
dignes
de
la
science-‐fiction.
Suppression
des
maladies
chez
l’embryon,
clonage
et
nouvelles
technologies
médicales,
même
si
les
recherches
sur
l’ADN
sont
aujourd’hui
au
service
de
l’humain,
ces
avancées
font
peur
et
soulèvent
de
nombreuses
questions
éthiques.
Comment
concilier
liberté
de
la
recherche
scientifique
et
protection
de
la
personne
humaine
?
Quatre
documents
nous
sont
proposés
sur
ce
sujet
:
un
extrait
du
roman
de
A.
Huxley,
Le
Meilleur
des
mondes
(1932),
deux
articles
plus
récents
tirés
des
quotidiens
Le
Monde
(2006)
et
La
Croix
(2016)
et
une
interview
du
spécialiste
Bernard
Debré
dans
Valeurs
actuelles
(2011).
Les
réticences
devant
certains
progrès
de
la
science
poussent
les
états
à
mettre
en
place
des
barrières
éthiques
protectrices
;
mais
cela
ne
va
pas
sans
ralentir
les
avancées
scientifiques.
10
potentiels
de
certaines
recherches.
Science
et
philosophie
doivent
aller
de
pair
dans
cette
réflexion
nécessaire.
Au
vu
des
difficultés
rencontrées
pour
faire
évoluer
la
loi
au
sein
d’un
même
pays,
est-‐il
utopique
de
penser
pouvoir
s’accorder
un
jour
au
niveau
mondial
sur
la
législation
à
adopter
en
bioéthique
?
11
Grille
d’évaluation
d’une
synthèse
OUI
NON
COMPREHENSION
DES
TEXTES
SOURCES
a.
Repérage
du
thème
commun
b.
Formulation
d’une
problématique
en
rapport
avec
le
plan
c.
Relations
entre
les
textes
(convergence/
Complémentarité/
Opposition
/
inclusion)
d.
Fidélité
dans
la
reformulation
des
idées
(pas
d’interprétation,
d’extrapolation
ni
de
point
de
vue
personnel)
ORGANISATION
DU
TEXTE
DE
SYNTHESE
a.
Introduction
complète
(présentation
du
thème
+
présentation
du
dossier
+
problème
à
résoudre
+
annonce
du
plan)
b.
Plan
hiérarchisé
et
cohérent
par
rapport
au
problème
posé
• Présence
d’au
moins
2
parties,
si
possible
3,
comprenant
des
§
• Présence
d’au
moins
2
auteurs
dans
chaque
partie
c.
Mouvement
explicatif
et/ou
argumentatif
• De
l’ensemble
du
développement
(connexion
entre
les
parties,
phrases
de
transition
ou
d’annonce)
• Dans
chaque
paragraphe
(cohésion
de
la
pensée
assurée
par
l’enchaînement
sémantique
et
logique,
et
soulignée
par
des
connecteurs
logiques
qui
marquent
les
relations
entre
les
idées)
d.
Référence
aux
auteurs
Le
lecteur
peut
identifier
les
sources
des
propos.
Il
comprend
les
positions
respectives
de
chacun
des
auteurs.
e.
Conclusion
(réponse
au
problème
posé
en
introduction
+
proposition
d’une
ouverture).
COMMUNICATION
a.
Lisibilité
• Texte
autonome
:
le
lecteur
n’a
pas
besoin
d’avoir
recours
aux
textes-‐sources
et
le
scripteur
s’adresse
à
un
lecteur
virtuel
qui
ne
connaîtrait
pas
le
dossier.
• Disposition
typographique
:
2
lignes
avant
le
développement
et
avant
la
conclusion
;
1
ligne
entre
les
parties
;
alinéa
à
chaque
paragraphe
;
1
seul
paragraphe
pour
l’introduction
et
la
conclusion.
• Calligraphie
:
écriture
lisible
• Usage
du
soulignement
correct
:
souligner
les
titres
de
livres,
de
journaux
ou
de
revues
uniquement
(les
titres
d’articles
sont
placés
entre
guillemets).
b.
Maîtrise
de
la
langue
• Syntaxe
correcte
• Orthographe
correcte
• Ponctuation
correcte
• Vocabulaire
adéquat
(bonne
utilisation
des
synonymes,
de
la
12
reformulation,
absence
de
citations
sauf
pour
des
mots-‐clés
pour
lesquels
il
n’y
a
pas
de
synonyme).
• Bon
enchaînement
logique
et
syntaxique
(attention
par
exemple
au
mauvais
usage
de
«
celui-‐ci
»
ou
de
«
cet
»
qui
renvoient
généralement
au
dernier
terme
du
même
genre
et
nombre
de
la
phrase
qui
précède).
c.
Style
Elégance
du
style
notamment
:
• dans
l’annonce
du
plan
(éviter
les
expressions
comme
«
dans
une
première
partie
»,
ou
tout
autre
terme
scolaire,
comme
«
on
étudiera
»).
• dans
l’annonce
des
thèses
de
chaque
partie
:
celles-‐ci
doivent
se
comprendre
sans
que
les
titres
des
parties
soient
marquées
sous
forme
de
plan.
Tout
doit
être
rédigé.
• dans
l’enchaînement
des
idées
(choisir
les
bons
connecteurs
logiques)
• dans
la
référence
aux
auteurs
(varier
les
verbes
introducteurs)
• tout
au
long
de
la
synthèse
(éviter
les
phrases
longues
et
emberlificotées).
ð Cette
grille
vous
permettra
désormais
de
juger
vous-‐même
la
qualité
du
travail
réalisé
et
de
procéder
à
des
auto-‐évaluations.
Pour
cela
trois
phases
sont
nécessaires
:
1. Phase
de
prise
de
recul
:
c’est
faire
un
pas
en
arrière
pour
observer
votre
texte,
qui
correspond
à
ce
qui
se
passe
au
cours
de
la
relecture,
celle-‐ci
suscitant
essentiellement
des
corrections
de
surface.
2. Phase
de
distanciation
:
c’est
pouvoir
se
regarder
faire
pour
ajuster
sa
conduite
en
fonction
de
ce
qu’elle
a
produit
et
du
cadre
d’organisation
explicité.
3. Phase
de
décentration
:
c’est
sortir
de
soi,
de
ses
propres
idées
pour
regarder
avec
le
regard
d’autrui.
Cette
phase
intervient
la
plupart
du
temps
lorsque
vous
aurez
soumis
des
devoirs
à
un
correcteur
:
ses
conceptions
pourront
alors
modifier
votre
propre
regard
sur
vos
productions.
Mais
cette
phase
peut
également
intervenir
si
vous
laisser
reposer
votre
devoir
un
jour
ou
deux
avant
de
le
retravailler
pour
l’envoyer
finalement
au
correcteur
:
cette
attente
vous
permettra
de
vous
relire
avec
un
regard
neuf.
13
Exercice
d’auto-‐évaluation
Je
vous
propose
ici
de
prendre
la
posture
du
lecteur
devant
une
note
de
synthèse
que
vous
auriez
à
relire
:
pour
cela
rappelez-‐vous
que
vous
devez
:
ð Vérifier
que
la
note
de
synthèse
doit
pouvoir
être
comprise
sans
connaissance
préalable
du
dossier
ð Vérifier
que
comprendre
la
note
de
synthèse,
c’est
avant
tout
être
capable
de
reconstruire
le
plan
sous-‐jacent
ð Vérifier
enfin
que
la
note
de
synthèse
respecte
les
critères
d’évaluation
du
tableau.
Nous
allons
procéder
en
2
temps
:
1. Relisez
tout
d’abord
la
note
de
synthèse
proposée
ci-‐dessous
dans
le
but
de
:
• vérifier
le
degré
d’autonomie
des
textes
:
est-‐il
compréhensible
sans
recours
au
corpus
de
textes
des
auteurs
?
• reconstruire
le
plan
sous-‐jacent.
• faire
des
remarques
critiques
en
fonction
de
la
grille
d’évaluation.
2. Seulement
après,
lisez
les
documents
proposés
pour
vérifier
qu’aucune
idée
importante
n’a
été
laissée
de
côté.
14
Synthèse
à
commenter
en
auto-‐évaluation
Les quatre documents abordent la question de l’utilisation des compétences de
chacun dans notre société. Dans le premier document, datant de 1974, extrait de
L’Echec Scolaire, Lucien Sève remet en cause les préjugés qui pèsent sur notre
conception de l’intelligence. Robert Debré, dans le second document qui est un article
datant de 1978, paru dans Le Figaro, rappelle combien la mère joue un rôle
important dans les premiers instants de vie de l’enfant, en stimulant son intelligence.
Dans le troisième document, extrait de On ne change pas la société par décret, Michel
Crozier s’interroge sur le fonctionnement des élites dans notre société. Enfin, le
sociologue Bourdieu, dans un extrait de La Distinction, critique sociale du jugement,
paru en 1979, regrette le fait que l’enseignement fasse miroiter aux étudiants une
réussite sociale qu’il est loin de garantir.
Ces dysfonctionnements semblent prendre leur source dans diverses valeurs que
chaque auteur considère comme essentielles. Ainsi Debré fait reposer l’éveil et la
15
réussite de l’enfant sur la famille dont le rôle est primordial – avant même
l’intervention de l’école : elle seule peut favoriser le développement des qualités
innées de l’enfant, celles-ci ne se développant que par l’affection qui lui est donnée.
Sève fonde son analyse sur la notion d’ « intelligence » qu’il refuse de
considérer comme une « faculté en soi », préjugé trop souvent répandu. Il perçoit
l’intelligence comme une capacité, également distribuée, à réaliser quelque chose. Cette
capacité permet d’évaluer l’interaction de l’individu dans le monde qui l’entoure.
Les deux derniers textes peuvent être rapprochés de cette thèse dans la mesure où
ils supposent tous deux une égalité devant le savoir et devant le diplôme, égalité
subvertie pour Crozier par l’aristocratie des nouvelles castes intellectuelles qui
monopolisent les postes de la haute administration ; égalité trompeuse pour Bourdieu,
car elle est démentie par la loi du travail.
Les positions respectives des auteurs pourraient reposer, en définitive, sur des
choix idéologiques. Les sociologues Crozier et Bourdieu imputent la faute à la société :
le premier, se plaçant au-dessus des clivages partisans, montre que nos élites étroites
nous condamnent à l’immobilisme ; le second prouve que l’imposture du discours
égalitariste concernant l’école est à la source d’un important désarroi social et,
parfois, ontologique des classes populaires.
Mais pour Lucien Sève, l’impasse devant laquelle nous nous trouvons doit
permettre à l’école et à la société de changer afin de réhabiliter les exclus du système
scolaire. Ce n’est qu’en s’adaptant à son public, à ses conditions de vie, que l’école
saura remplir ce rôle.
La position de Robert Debré semble plus mitigée. En effet, les différences
d’intelligence sont dues à deux facteurs : le patrimoine génétique et les différences
d’éducation. C’est pourquoi il conseille aux adultes d’aider leur enfant à modeler ses
qualités innées, afin de développer les aspects positifs et de refouler les aspects
négatifs de sa personnalité.
16
Pistes
de
correction
pour
une
auto-‐évaluation
de
synthèse
1. Le
texte
se
lit
aisément
sans
recours
au
dossier.
Néanmoins
l’introduction
renvoie
au
dossier
comme
si
le
lecteur
le
connaissait
déjà
:
«
Les
quatre
documents…
».
Il
vaudrait
mieux
formuler
ainsi
«
Quatre
documents
»,
sans
l’article
défini
qui
suppose
que
les
documents
sont
déjà
connus.
2. Le
plan
se
reconstitue
avec
plus
ou
moins
de
facilité
dans
la
mesure
où
la
mise
en
page
le
souligne
agréablement
pour
l’œil
(cependant,
il
est
inutile
de
sauter
une
ligne
à
l’intérieur
de
l’introduction,
le
lecteur
se
demandant
alors
si
la
première
partie
commence
ou
si
c’est
l’introduction
qui
se
finit.).
En
s’appuyant
sur
l’annonce
de
plan,
on
peut
déduire
cependant
le
plan
suivant
:
I. Le
difficile
épanouissement
de
l’intelligence
a. Les
carences
de
l’affection
agissent
sur
le
développement
intellectuel
(Debré)
b. L’enfant
trop
critiqué
pour
ses
échecs
(Sève)
c. L’échec
social
malgré
la
réussite
scolaire
(Bourdieu)
II. La
raison
des
dysfonctionnements
a. L’intelligence
innée
développée
ou
non
par
l’acquis
(Debré)
b. La
mauvaise
compréhension
de
la
notion
d’intelligence
(Sève)
c. L’égalité
devant
le
savoir
remise
en
question
(Bourdieu
et
Crozier)
III. Quelles
solutions
?
a. L’imposture
de
la
société
ne
permet
pas
de
solution
(Crozier
et
Bourdieu).
b. L’inégalité
des
chances
peut-‐être
rattrapée
par
l’éducation
(Debré)
c. L’école
doit
s’adapter
à
l’individu
et
non
l’inverse
(Sève)
3. Dans
l’introduction,
la
présentation
des
documents
est
un
peu
longue
:
il
faudrait
les
présenter
de
manière
plus
synthétique.
Ex.
de
présentation
de
corpus
plus
synthétique
:
Trois extraits d’ouvrages parus entre 1974 et 1979, de Lucien Sève et des
sociologues Bourdieu et Michel Crozier, examinent le fonctionnement de notre
société dans sa manière de gérer l’intelligence. Le pédiatre Robert Debré, dans
un article paru en 1978, s’interroge quant à lui plus spécifiquement sur le rôle
important de l’entourage qui stimule l’intelligence du nourrisson.
4. Le
plan
est
certes
énoncé
élégamment
(pas
de
«
dans
une
première
partie
»,
«
dans
un
premier
temps
»…
),
mais
sa
formulation
sous
forme
de
questions
n’est
pas
habile,
car
le
lecteur
se
demande
si
la
première
question
est
l’équivalent
de
la
problématique
ou
l’annonce
de
la
première
partie.
Cette
confusion
est
d’autant
plus
troublante
que
la
problématique
est
absente
:
les
trois
questions
qui
17
s’enchaînent
correspondent
bien
aux
3
parties
du
plan.
Il
aurait
été
donc
préférable
de
réserver
une
question
au
style
direct
pour
la
problématique
et
d’annoncer
le
plan
sous
forme
de
phrase(s)
déclarative(s).
Ex
de
formulation
pour
la
problématique
et
le
plan
:
Comment expliquer l’échec de la société à exploiter les forces
intellectuelles qu’elle a pourtant à sa disposition ? (= problématique) Si
l’on ne peut remettre en question les difficultés que rencontre l’intelligence de
chacun pour s’épanouir à sa juste valeur dans la société (= I), c’est en mettant
en évidence les différentes sources d’inégalité devant l’exploitation de
l’intelligence (= II) que l’on pourra expliquer l’impasse actuelle dans laquelle
nous nous trouvons (= III).
5. Les
phrases
d’encadrement
de
la
pensée
ne
sont
pas
toujours
présentes.
Il
n’y
a
aucune
transition,
et
les
annonces
de
thèses
sont
parfois
trop
focalisées
sur
les
auteurs.
C’est
pourquoi
le
lecteur
a
parfois
du
mal
à
comprendre
l’argument
développé
dans
les
sous-‐parties.
Exemple
de
transition
à
rajouter
entre
le
I
et
le
II
:
Michel Crozier confirme le rôle important joué par la société puisqu’il
rappelle les différents blocages sociaux – effets d’ « accaparement » ou de
« restriction » – qui limitent l’accès aux postes à responsabilité et d’expertise.
Crozier prépare, par certains côtés, Bourdieu qui s’attache à souligner la
distance qui sépare les espoirs des étudiants issus de la démocratisation scolaire
et les possibilités de les voir accéder aux postes prestigieux qui récompensaient
leurs aînés sortis de la bourgeoisie. Mais comment, expliquer alors cette
impossibilité pour l’intelligence d’émerger et de se développer aisément dans
notre société ?
18
Exemple
d’annonce
de
thèse
trop
focalisée
sur
les
auteurs
au
début
de
la
3e
partie
:
« Les positions respectives des auteurs pourraient reposer, en définitive,
sur des choix idéologiques. » => l’idée de la 3e partie n’est pas
rappelée.
Il
vaut
donc
mieux
thématiser
chaque
partie
avec
une
idée
plutôt
qu’avec
une
référence
à
un
ou
plusieurs
auteurs.
Exemple
d’annonce
de
thèse
claire
:
Devant cette situation en apparence désespérée, chaque élément
responsable du système peut-il être à l’origine d’une solution ? Les sociologues
Crozier et Bourdieu imputent la faute à la société : le premier, se plaçant au-
dessus des clivages partisans, montre que nos élites étroites nous condamnent à
l’immobilisme ; le second prouve que l’imposture du discours égalitariste
concernant l’école est à la source d’un important désarroi social et, parfois,
ontologique des classes populaires.
6. Néanmoins
les
positions
respectives
des
auteurs
sont
clairement
marquées.
Tout d’abord pour Robert Debré, la
faible réalisation de l’enfant tient aux
carences affectives qui renforcent ses
éventuelles insuffisances intellectuelles.
A l’opposé, Lucien Sève récuse tout Sève
et
Debré
s’opposent
sur
ce
point.
déterminisme héréditaire et, rejetant la
notion de « don », il souligne la
responsabilité de la société qui s’avère
incapable de valoriser les aptitudes variées
des individus. Il déculpabilise ainsi
l’enfant, qui ne serait pas responsable de ses
échecs.
Michel Crozier confirme le rôle Crozier
et
Sève
sont
d’accord
sur
ce
point.
important joué par la société puisqu’il
rappelle les différents blocages sociaux –
effets d’ « accaparement » ou de
19
« restriction » – qui limitent l’accès aux
postes à responsabilité et d’expertise.
Crozier prépare, par certains côtés,
Bourdieu qui s’attache à souligner la
Bourdieu
est
dans
le
distance qui sépare les espoirs des étudiants prolongement
de
Crozier.
issus de la démocratisation scolaire et les
possibilités de les voir accéder aux postes
prestigieux qui récompensaient leurs aînés
sortis de la bourgeoisie.
7. Les
enchaînements
logiques
doivent
être
le
plus
explicite
possible
pour
favoriser
la
lecture.
Exemple
de
lien
logique
manquant
(X
)
entre
les
2
paragraphes
ou
entre
2
idées.
Ainsi Debré fait reposer l’éveil et la réussite de l’enfant sur la famille
dont le rôle est primordial – avant même l’intervention de l’école : elle seule peut
favoriser le développement des qualités innées de l’enfant, celles-ci ne se
développant que par l’affection qui lui est donnée.
X Sève fonde son analyse sur la notion d’ « intelligence » qu’il
refuse de considérer comme une « faculté en soi », préjugé trop souvent répandu.
X Il perçoit l’intelligence comme une capacité, également distribuée, à réaliser
quelque chose. Cette capacité permet d’évaluer l’interaction de l’individu dans le
monde qui l’entoure.
Voici
les
liens
logiques
explicites
que
l’on
pourrait
rajouter.
Ainsi Debré fait reposer l’éveil et la réussite de l’enfant sur la famille
dont le rôle est primordial – avant même l’intervention de l’école : elle seule
peut favoriser le développement des qualités innées de l’enfant, celles-ci ne se
développant que par l’affection qui lui est donnée.
Pourtant, Sève fonde son analyse sur la notion d’ « intelligence » qu’il
refuse de considérer comme une « faculté en soi », préjugé trop souvent répandu.
Au contraire il perçoit l’intelligence comme une capacité, également distribuée, à
réaliser quelque chose. Cette capacité permet d’évaluer l’interaction de
20
l’individu dans le monde qui l’entoure.
Pourtant:
marque
l’opposition
entre
les
idées
de
Debré
et
de
Sève
Au
contraire:
marque
l’opposition
entre
la
position
de
Sève
sur
l’intelligence
et
les
préjugés
trop
souvent
répandus
à
ce
sujet.
8. La
conclusion
ne
présente
pas
de
réponse
claire
à
la
problématique
(elle-‐même
absente).
Bon
à
savoir
:
le
correcteur
lit
souvent
la
NS
dans
le
désordre
pour
vérifier
sa
cohérence
:
à
savoir
l’introduction,
la
conclusion,
puis
après
seulement
le
développement.
Cela
permet
de
vérifier
que
le
plan
choisi
par
le
candidat
répond
bien
à
la
problématique.
Exemple
de
conclusion
répondant
à
la
problématique
suivante
:
«
Comment
expliquer
l’échec
de
la
société
à
exploiter
les
forces
intellectuelles
qu’elle
a
pourtant
à
sa
disposition
?
»
En définitive, le constat est plutôt pessimiste : la société, pour diverses
raisons – sociales, éducatives, intellectuelles – est incapable de permettre à
chacun de donner le meilleur de soi-même, ce qui peut avoir d’importantes
conséquences sur l’estime que l’on se porte et même détruire certains individus ;
les quelques solutions avancées semblent bien minces.
La
conclusion
ne
présente
pas
non
plus
d’opinion
personnelle/ouverture
:
on
pourrait
proposer
l’ouverture
suivante
sur
le
monde
du
travail
:
Pour notre société qui traverse actuellement une grave crise dans le monde du
travail, cette incapacité à utiliser réellement ses forces vives peut conduire à
l’effondrement du modèle économique européen. Pourtant si le monde du travail
arrivait à assouplir les règles qui le régissent, cela permettrait de mieux profiter
des compétences professionnelles et des talents de chacun.
Voici
maintenant
les
textes
du
dossier
:
21
Corpus
de
documents
pour
la
synthèse
en
auto-‐évaluation
Texte
n°
1
Pour
prévenir
autant
qu'il
est
possible
les
malentendus,
toujours
à
redouter
lorsque
le
débat
porte
sur
quelque
chose
d'aussi
flou
et
mouvant
qu'une
croyance,
précisons
le
contenu
de
cette
croyance
aux
«
dons
»
intellectuels.
Je
le
résume
ainsi
:
il
est
écrit
héréditairement
dans
le
cerveau
d'un
enfant
qu’il
sera
bête
ou
intelligent,
apte
ou
inapte
à
telle
activité
intellectuelle
ou
à
telle
autre.
Pour
rappeler
des
exemples
classiques,
c'est
la
croyance
à
la
«
bosse
des
maths
»
ou
au
«
don
des
langues
»,
voire,
plus
familièrement
encore,
la
croyance
aux
«
grosses
têtes
»
et
aux
«
cervelles
d'oiseau
»
[...].
Le
terreau
sur
lequel
pousse
et
repousse
sans
cesse
largement
la
croyance
aux
«
dons
»,
c'est
l'expérience
massive
des
échecs
de
l'éducation
d'où
se
dégage
avec
force
l'illusion
que
chacun
posséderait,
héréditairement
et
irrévocablement,
une
quantité
et
une
qualité
définies
d'intelligence.
Or,
il
ne
suffit
pas
encore
de
montrer
que
le
constat
d'échec,
fût-‐il
exprimé
dans
le
langage
numérique
des
résultats
d'un
test,
n'est
rien
d'autre
qu'un
constat,
et
ne
nous
donne
par
lui-‐même
ni
la
possibilité
de
déterminer
les
causes
réelles
de
l'échec
ni
le
droit
d'affirmer
qu'il
est
définitif
—
il
faut
aussi
se
demander,
plus
profondément,
jusqu'à
quel
point
nous
sommes
en
présence
d'une
«
inintelligence
»
—
autrement
dit,
et
c'est
primordial,
ce
que
peut
bien
signifier
en
fin
de
compte
le
mot
«
inintelligence
».
Or,
de
quelque
façon
qu'on
retourne
la
question,
on
sera
obligé
de
convenir
que
l'intelligence
est
une
certaine
manière
de
faire
quelque
chose,
d'effectuer
certaines
tâches,
de
résoudre
certains
problèmes.
En
d'autres
termes,
qu'on
y
songe,
cela
n'a
absolument
aucun
sens
de
la
concevoir
comme
une
«
faculté
»
en
soi,
qui
existerait
quelque
part
dans
l'individu
en
quantité
et
qualité
déterminées,
indépendamment
des
actes
dans
lesquels
elle
se
manifeste.
L'intelligence,
c'est
un
aspect
de
l'activité
de
l'homme,
de
sorte
qu'elle
ne
peut
être
conçue
comme
une
chose,
une
substance,
une
faculté,
mais
comme
un
rapport
—
un
rapport
entre
l'individu
et
son
monde
social
[...].
Mais
s'il
en
est
ainsi,
on
s'aperçoit
aussitôt
que
tout
échec
d'un
enfant
au
cours
de
son
éducation,
bien
loin
d'être
une
indication
sur
lui
seul
—
il
«
manque
de
don
»
—
est
du
même
coup
une
indication
sur
la
tâche
proposée,
ou
imposée,
sur
le
système
éducatif
qui
définit
cette
tâche,
sur
le
monde
social
qui
sous-‐tend
ce
système
éducatif.
L'échec
est
une
indication
sur
le
rapport
entre
l'individu
et
la
société,
et
l'on
ne
voit
pas
pourquoi
il
devrait,
avant
le
moindre
examen,
être
considéré
comme
l'échec
de
l'individu
plutôt
que
comme
l'échec
de
la
société.
Ainsi
par
exemple
on
entend
souvent
dire
d'un
élève
qu'il
n'est
absolument
pas
«
doué
»
parce
qu'il
se
révèle
inapte
aux
études
secondaires.
Mais,
sans
même
soulever
pour
le
moment
la
question
de
savoir
dans
quelles
conditions
sociales
il
a
—
ou
n'a
pas
—
été
préparé
à
ce
genre
de
travail,
ne
faudrait-‐il
pas
se
demander
aussi
pourquoi
les
études
secondaires
telles
qu'elles
vont
—
telles
qu'elles
ne
vont
pas
—
dans
la
France
d'aujourd'hui
sont
inaptes
à
développer
l'intelligence
de
cet
individu
?
Pourquoi
l'échec
scolaire
devrait-‐il
être
considéré
comme
l'échec
de
l'élève
et
non
comme
l'échec
de
l'école,
c'est-‐à-‐dire
de
la
société
et
de
la
politique
qui
font
de
l'école
française
ce
qu'elle
est
aujourd'hui
?
Lucien
Sève,
L'Échec
scolaire,
Groupe
français
d'Éducation
nouvelle,
©
Éditions
sociales,
1974.
22
Texte
n°
2
Chez
l'enfant,
nous
le
constatons
chaque
jour,
il
faut
assurer
de
bonnes
conditions
d'hygiène
et
d'alimentation
pour
qu'il
grandisse
comme
il
convient
;
il
faut
stimuler
son
intelligence
pour
qu'elle
se
développe.
L'enfant
a
besoin
du
contact
parental,
et
notamment
maternel,
pour
que
simultanément
ses
sentiments
d'affection,
l'affectivité
de
son
intelligence
se
développent
au
moment
voulu
et
atteignent
le
plus
haut
degré
que
lui
permet
son
hérédité.
Nous
savons
bien
qu'une
stimulation
constante
est
indispensable.
Les
gestes
de
la
mère,
ses
caresses,
ses
paroles
et
ses
chants,
son
regard,
stimulent
tout
à
la
fois
la
tendresse
et
l'intelligence
du
nourrisson;
s'il
est
abandonné,
il
deviendra
triste,
peu
actif,
et
aucune
de
ces
activités
intellectuelles
ne
prendra
l'élan
nécessaire
;
l'effet
nocif
de
cet
abandon
devient
au
bout
d'un
certain
temps
définitif.
Ce
qui
n'a
pas
été
réalisé
à
un
certain
âge
ne
le
sera
plus
jamais.
C'est
que,
en
effet,
l'exécution
du
programme
génétique
exige
la
stimulation
de
l'environnement
;
faute
d'un
perpétuel
exercice,
les
centres
nerveux
mûrissent
mal,
et
par
la
suite
leur
fonctionnement
reste
imparfait.
Chaque
jour
nous
démontre
l'intimité
du
lien
qui
unit
l'inné
et
l'acquis.
On
peut
par
la
façon
dont
on
élèvera
l'enfant
favoriser
les
tendances
innées
ou,
au
contraire,
briser
leur
élan.
Le
rôle
de
la
famille
dès
le
début
de
la
vie
et
tout
au
long
est
donc
indispensable.
Qu'on
cherche
très
tôt
à
connaître
son
enfant,
à
favoriser
ses
bons
instincts
et
à
limiter
les
effets
fâcheux
de
ceux
qui
sont
moins
favorables,
comme
l'agressivité
par
exemple.
Cette
tâche
est
nécessaire,
elle
doit
être
accomplie
tous
les
jours
et
à
tous
moments,
avant
l'école
et
pendant
la
vie
scolaire.
Elle
justifie
la
nécessité
de
la
vie
familiale.
Robert
Debré,
«
L'Enfant
:
comment
lui
donner
toutes
ses
chances
»
©
Le
Figaro,
28
avril
1978.
Texte
n°
3
Toute
société
sécrète
des
élites,
c'est-‐à-‐dire
des
milieux
de
responsables
unis
par
un
réseau
de
rapports
de
coopération
et
de
rivalité,
et
capables
d'écarter
ou
au
moins
de
restreindre
la
compétition
grâce
à
un
ensemble
de
protections
et
de
complicités.
Les
libéraux
peuvent
bien
rêver
d'un
marché
parfaitement
transparent
des
talents,
et
les
autogestionnaires
de
la
suppression
de
toute
hiérarchie
:
aucune
société
n'a
jamais
réussi
encore
à
vivre
sans
élite.
Comme
dans
tant
d'autres
domaines
de
l'organisation
sociale,
il
n'y
a
pas
de
solution
idéale.
Aucun
système
humain
complexe
ne
peut
renoncer
à
la
spécialisation
des
rôles
d'experts
et
de
dirigeants.
Certains
de
ceux
qui
occupent
ces
rôles
peuvent
parfois
trouver
intérêt,
en
tant
qu'individus,
à
maintenir
une
compétition
ouverte.
Mais,
si
un
groupe
suffisamment
cohérent
se
constitue,
la
tendance
à
l'accaparement
et
à
la
restriction
de
l'accès
deviendra
irrésistible.
Dans
nos
sociétés,
les
barrières
de
castes
sociales
ont
en
grande
partie
cédé,
mais
le
contrôle
de
l'accès
par
les
diplômes
et
les
concours
a
pris
leur
place
;
il
est
devenu
pour
les
groupes
élitaires
un
moyen
de
se
protéger
contre
la
concurrence
et,
pour
la
société,
un
obstacle
à
l'évolution.
Cependant,
si
23
l'existence
d'une
élite
semble
constante
à
travers
les
systèmes
sociaux,
il
n'en
reste
pas
moins
une
grande
différence
entre
une
société
fondée
sur
l'existence
d'élites
très
étroites,
même
recrutées
de
façon
égalitaire,
et
une
société
dans
laquelle
des
élites
plus
nombreuses
et
plus
ouvertes
sont
capables
d'accueillir
assez
largement
les
talents
nouveaux.
En
France
aujourd'hui,
dans
le
monde
administratif
et
dans
de
très
larges
domaines
d'activité
qui
lui
sont
directement
liés,
nous
connaissons
malgré
certaines
apparences,
une
situation
extrêmement
restrictive.
Tous
les
postes
sont
d'une
certaine
façon
ouverts
aux
talents,
de
façon
égalitaire.
L'honnêteté
des
concours
est
très
largement
reconnue.
Pourtant
les
phénomènes
d'accaparement
qu'on
pourrait
croire
éliminés
se
retrouvent,
au
moins
aussi
forts,
sous
une
autre
forme
:
par
la
constitution
de
très
petits
groupes
disposant,
du
fait
de
l'organisation
de
la
sélection,
d'un
quasi-‐
monopole
sur
un
certain
nombre
de
postes.
Certes,
il
ne
s'agit
plus
ici
de
castes
sociales,
mais
ces
groupes
artificiels
constitués
par
la
procédure
de
sélection
elle-‐même
—
corps
de
l'Inspection
des
Finances,
corps
des
Mines,
par
exemple
—
se
comportent
de
la
même
façon
restrictive.
L'administration
française
se
caractérise
par
le
fait
que
la
plupart
de
ses
postes
de
direction
sont
pratiquement
réservés
aux
anciens
élèves
de
deux
grandes
écoles
:
Polytechnique
et
l'E.N.A.
Mais
la
sortie
a
permis
d'entrer
dans
un
corps
administratif
ou
technique
prestigieux
:
une
hiérarchie
à
peine
informelle
distingue
les
membres
des
grands
corps
de
ceux
de
corps
moins
prestigieux.
Les
compétences
spécialisées
de
chaque
corps,
mais
aussi
leur
histoire
et
leur
organisation,
introduisent
une
répartition
des
postes
qui
restreint
encore
la
concurrence.
Michel
Crozier,
On
ne
change
pas
la
société
par
décret,
©
Grasset,
1979.
Texte
n°4
Une
génération
abusée
Le
décalage
entre
les
aspirations
que
le
système
d’enseignement
produit
et
les
chances
qu’il
offre
réellement
est,
dans
une
phase
d’inflation
des
titres,
un
fait
de
structure
qui
affecte,
à
des
degrés
différents
selon
la
rareté
de
leurs
titres
et
selon
leur
origine
sociale,
l’ensemble
des
membres
d’une
génération
scolaire.
Les
classes
nouvellement
venues
à
l’enseignement
secondaire
sont
portées
à
attendre,
par
le
seul
fait
d’y
avoir
accès,
ce
qu’il
procurait
au
temps
où
elles
en
étaient
pratiquement
exclues.
Ces
aspirations
qui,
en
un
autre
temps
et
pour
un
autre
public,
étaient
parfaitement
réalistes,
puisqu’elles
correspondaient
à
des
chances
objectives,
sont
souvent
démenties,
plus
ou
moins
rapidement,
par
les
verdicts
du
marché
scolaire
ou
du
marché
du
travail.
Le
moindre
paradoxe
de
ce
que
l’on
appelle
la
«
démocratisation
scolaire
»
n’est
pas
qu’il
aura
fallu
que
les
classes
populaires,
qui
jusque-‐là
n’en
pensaient
pas
grand-‐chose
ou
acceptaient
sans
trop
savoir
l’idéologie
de
l’
«
école
libératrice
»,
passent
par
l’enseignement
secondaire
pour
découvrir,
à
travers
la
relégation
et
l’élimination,
l’école
conservatrice.
La
désillusion
collective
qui
résulte
du
décalage
structural
entre
les
aspirations
et
les
chances,
entre
l’identité
sociale
que
le
système
d’enseignement
semble
promettre
ou
celle
qu’il
propose
à
titre
provisoire
et
l’identité
sociale
qu’offre
24
réellement,
au
sortir
de
l’école,
le
marché
du
travail,
est
au
principe
de
la
désaffection
à
l’égard
à
l’égard
du
travail
et
des
manifestations
du
refus
de
la
finitude
sociale,
qui
est
à
la
racine
de
toutes
les
fuites
et
de
tous
les
refus
constitutifs
de
la
«
contre-‐culture
»
adolescente.
Sans
doute
cette
discordance
–
et
le
désenchantement
qui
s’y
engendre
–
revêt-‐elle
des
formes
objectivement
et
subjectivement
différentes
selon
les
classes
sociales.
C’est
ainsi
que,
pour
les
enfants
de
la
classe
ouvrière,
le
passage
par
l’enseignement
secondaire
et
par
le
statut
ambigu
d’
«
étudiant
»
provisoirement
affranchi
des
nécessités
du
monde
du
travail
a
pour
effet
d’introduire
des
ratés
dans
la
dialectique
des
aspirations
et
des
chances
qui
portait
à
accepter,
parfois
avec
empressement
(tels
ces
fils
de
mineurs
qui
identifiaient
leur
entrée
dans
le
statut
d’homme
adulte
avec
la
descente
à
la
mine),
presque
toujours
comme
allant
de
soi,
le
destin
social.
Le
malaise
dans
le
travail
que
ressentent
et
expriment
de
manière
particulièrement
vive
les
victimes
les
plus
évidentes
du
déclassement,
comme
ces
bacheliers
condamnés
à
un
rôle
d’OS
ou
de
facteur,
est,
d’une
certaine
façon,
commun
à
toute
une
génération
;
et
s’il
s’exprime
dans
des
formes
de
lutte,
de
revendication
ou
d’évasion
insolites,
souvent
mal
comprises
par
les
organisations
traditionnelles
de
lutte
syndicales
ou
politique,
c’est
qu’il
a
pour
enjeu
plus
et
autre
chose
que
le
poste
de
travail,
la
«
situation
»
comme
on
disait
autrefois.
Profondément
mis
en
question,
dans
leur
identité
sociale,
dans
leur
image
d’eux-‐mêmes,
par
un
système
scolaire
et
un
système
social
qui
les
ont
payés
en
monnaie
de
singe,
ils
ne
peuvent
restaurer
leur
intégrité
personnelle
et
sociale
qu’en
opposant
à
ces
verdicts
un
refus
global.
Bourdieu,
La
Distinction,
critique
sociale
du
jugement,
éditions
de
Minuit,
1979,
p.
159-‐161.
25