RECAP TD 4
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Notion. – L’instantanéité de la rencontre des volontés (rencontre qui forme le contrat) peut,
dans certains cas, ne pas être souhaitée par les parties. Selon la nature du contrat ou son
importance économique, les parties peuvent en effet vouloir se rapprocher pour discuter et
échanger afin d’organiser leur relation contractuelle future : c’est le stade de la négociation/des
pourparlers (c’est une phase extracontractuelle, car les parties ne se sont pas encore engagées :
elles ne font qu’échanger pour envisager la conclusion d’un contrat futur).
Ces pourparlers répondent cependant tout de même à un certaine régime, encadré par les articles
1112 à 1112-2 du Code civil.
En cas de faute commise dans les négociations, la réparation du préjudice qui en résulte ne peut
avoir pour objet de compenser ni la perte des avantages attendus du contrat non conclu, ni la
perte de chance d’obtenir ces avantages ».
Remarques. – (I) Cet article encadre le régime de la phase des négociations/pourparlers (al. 1)
:
1. Les négociations sont placées sous l’égide de la liberté contractuelle (première phrase de
l’al. 1 : « l’initiative, le déroulement et la rupture des négociations précontractuelles sont
libres ») ;
2. Or, elles sont aussi régies par le principe de bonne foi (seconde phrase de l’al. 1 : « Ils doivent
impérativement satisfaire aux exigences de la bonne foi »).
Ex : en principe, la rupture des pourparlers est libre ; en revanche, cette rupture ne doit pas
dégénérer en abus (elle ne doit donc pas être faite de mauvaise foi) : une partie qui maintiendrait
l’autre dans l’espoir que les négociations allaient aboutir alors qu’elle était déjà convaincue
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qu’elle ne les maintiendrait pas commet ainsi une faute de nature à engager sa responsabilité
extracontractuelle.
(II) L’al. 2 de cet article encadre le préjudice indemnisable en cas de faute commise dans les
négociations : « […] la réparation du préjudice qui en résulte ne peut avoir pour objet de
compenser ni la perte des avantages attendus du contrat non conclu, ni la perte de chance
d’obtenir ces avantages ». En cas de faute commise dans les négociations, le préjudice réparable
sera donc limité aux frais engendrés par les négociations (étude de marché…). Cette
limitation du préjudice indemnisable avait déjà été posée dans un important arrêt de la chambre
commerciale, rendu le 26 novembre 2003 (arrêt « Manoukian » - doc. n°22).
Article 1112-1 : « Celle des parties qui connaît une information dont l’importance est
déterminante pour le consentement de l’autre doit l’en informer dès lors que, légitimement,
cette dernière ignore cette information ou fait confiance à son cocontractant.
Ont une importance déterminante les informations qui ont un lien direct et nécessaire avec le
contenu du contrat ou la qualité des parties.
Il incombe à celui qui prétend qu’une information lui était due de prouver que l’autre partie la
lui devait, à charge pour cette autre partie de prouver qu’elle l’a fournie.
Outre la responsabilité de celui qui en était tenu, le manquement à ce devoir d’information peut
entraîner l’annulation du contrat dans les conditions prévues aux articles 1130 et suivants ».
Article 1112-2 : « Celui qui utilise ou divulgue sans autorisation une information confidentielle
obtenue à l’occasion des négociations engage sa responsabilité dans les conditions du droit
commun ».
Remarques. – En principe, les parties sont libres de mener des négociations parallèles et
concurrentes avec d’autres personnes : elles devront en revanche prendre garde aux
informations qu’elles communiquent. En effet, la réforme de 2016 a intégré dans le Code civil
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Si la terminologie est trompeuse, l’avant-contrat est un contrat comme un autre (il se forme
par une rencontre de volontés et répond aux conditions de validité du droit commun). Ce terme
d’ « avant-contrat » fait en réalité référence à la phase dans laquelle se situe ce contrat : il a en
effet pour objet d’organiser la conclusion d’un contrat définitif, donc se place forcément en
amont de celui-ci.
1. Le pacte de préférence
Article 1123 : « Le pacte de préférence est le contrat par lequel une partie s’engage à proposer
prioritairement à son bénéficiaire de traiter avec lui pour le cas où elle déciderait de contracter.
Lorsqu’un contrat est conclu avec un tiers en violation d’un pacte de préférence, le bénéficiaire
peut obtenir la réparation du préjudice subi. Lorsque le tiers connaissait l’existence du pacte et
l’intention du bénéficiaire de s’en prévaloir, ce dernier peut également agir en nullité ou
demander au juge de le substituer au tiers dans le contrat conclu.
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Le tiers peut demander par écrit au bénéficiaire de confirmer dans un délai qu’il fixe et qui doit
être raisonnable, l’existence d’un pacte de préférence et s’il entend s’en prévaloir.
L’écrit mentionne qu’à défaut de réponse dans ce délai, le bénéficiaire du pacte ne pourra plus
solliciter sa substitution au contrat conclu avec le tiers ou la nullité du contrat ».
Remarques. – Cet article définit le pacte de préférence (al. 1), encadre les conséquences de la
violation du pacte de préférence (al. 2), et organise une action interrogatoire qui est aux mains
du tiers de bonne foi (al. 3 et 4). L’auteur d’un pacte de préférence = le promettant ; la personne
qui en bénéficie = le bénéficiaire.
I. Notes sur l’al. 1. – C’est la définition du pacte de préférence : c’est un avant-contrat qui
confère un droit de priorité à son bénéficiaire = l’auteur du pacte de préférence s’engage par
ce contrat à proposer prioritairement au bénéficiaire de ce pacte de traiter avec lui dans le cas
où il souhaiterait contracter.
Ex : un pacte de préférence est conclu entre deux personnes, disons deux voisins
(promettant/bénéficiaire du pacte), et a pour objet la vente d’une maison appartenant au
promettant. Si jamais le promettant souhaite ventre sa maison qui est visée par cet avant-contrat,
alors il sera obligé de proposer cette vente en priorité au bénéficiaire avant de la proposer à
d’autres personnes, tiers au pacte.
/!\ Sur l’objet de l’obligation du promettant : le promettant n’est tenu que de proposer au
bénéficiaire de traiter avec lui (les négociations peuvent ne pas aboutir) ; De plus, il n’est tenu
de cela que s’il souhaite conclure un contrat qui porte sur l’objet et les droits visés par le pacte
de préférence (l’auteur du pacte de préférence n’est pas obligé de conclure mais, s’il le souhaite,
il devra respecter le droit de priorité du bénéficiaire).
II. Notes sur l’al. 2. – Cet alinéa encadre les conséquences de la violation du pacte de
préférence. Cette violation du pacte consiste en la conclusion d’un contrat avec un tiers qui
porte sur le même bien et les mêmes droits objets du pacte de préférence, sans que le promettant
n’ait respecté le droit de priorité du bénéficiaire.
Ex : le pacte de préférence porte sur la vente d’un bien immobilier. Si le promettant vend ce
même bien à un tiers au pacte sans proposer prioritairement cette vente au bénéficiaire, le pacte
de préférence est violé ; En revanche, le promettant pourrait très bien louer ce même bien à un
tiers, par ex.
Si le pacte de préférence est violé, il faudra distinguer si le tiers est de bonne ou de mauvaise
foi pour connaître les actions que pourrait exercer le bénéficiaire du pacte violé :
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1. Le tiers est de bonne foi. – Le tiers est de bonne foi lorsqu’il ne connaissait ni l’existence du
pacte de préférence, ni l’intention du bénéficiaire de s’en prévaloir : dans cette hypothèse, le
bénéficiaire du pacte de préférence qui a été violé ne pourra solliciter que le seul versement de
dommages-intérêts par le promettant.
2. Le tiers est de mauvaise foi. – Le tiers est de mauvaise foi lorsqu’il connaissait l’existence
du pacte de préférence ET l’intention du bénéficiaire de s’en prévaloir : à condition de rapporter
cette double preuve – ce qui peut être très difficile en pratique –, le bénéficiaire pourra agir en
nullité du contrat conclu en violation du pacte de préférence ou demander au juge de le
substituer au tiers dans ce contrat.
Ex : un pacte de préférence est conclu entre deux voisins et il a pour objet la vente d’une maison
appartenant au promettant. Le promettant a cependant vendu cette maison à un tiers, sans avoir
proposé au préalable cette vente au bénéficiaire du pacte : le pacte de préférence a donc été
violé, car le droit de priorité du bénéficiaire n’a pas été respecté. Si le bénéficiaire rapporte la
double preuve que le tiers connaissait l’existence du pacte et son intention de s’en prévaloir
(tiers de MF), il pourra alors agir en nullité du contrat conclu en violation du pacte ou demander
au juge d’être substitué au tiers dans ce contrat ; à défaut de rapporter cette double preuve, le
bénéficiaire pourra seulement obtenir la réparation du préjudice subi auprès du promettant qui
a violé le pacte (première phrase de l’al. 2).
III. Notes sur l’al. 3. – Cet al. 3 instaure une action interrogatoire qui vise à protéger le tiers de
bonne foi qui voudrait contracter avec le promettant, mais qui soupçonnerait l’existence d’un
pacte de préférence. Comment peut-on protéger ce tiers de bonne foi qui voudrait traiter avec
le promettant, mais qui soupçonne l’existence d’un pacte de préférence ? le tiers pourrait en
effet craindre que le contrat qu’il s’apprête à conclure avec le promettant soit finalement annulé
ou que le bénéficiaire lui soit substitué dans l’acte conclu. La réforme de 2016 a donc organisé
un mécanisme très protecteur de ce tiers de bonne foi, qui est l’action interrogatoire (al. 3) : ce
tiers peut demander par écrit au bénéficiaire du pacte de préférence de lui confirmer dans un
certain délai – qui doit être raisonnable – s’il est bel et bien bénéficiaire d’un pacte de
préférence, et s’il entend oui ou non s’en prévaloir.
IV. Notes sur l’al. 4. – Cet al. 4 encadre les conséquences du défaut de réponse du bénéficiaire
à la suite de l’action interrogatoire : à défaut de réponse du bénéficiaire dans le délai prévu –
qui doit être mentionné dans l’écrit –, ce dernier ne pourra plus solliciter ni sa substitution au
contrat conclu avec le tiers, ni sa nullité.
Article 1124 : « La promesse unilatérale est le contrat par lequel une partie, le promettant,
accorde à l’autre, le bénéficiaire, le droit d’opter pour la conclusion d’un contrat dont les
éléments essentiels sont déterminés, et pour la formation duquel ne manque que le
consentement du bénéficiaire.
La révocation de la promesse pendant le temps laissé au bénéficiaire pour opter n’empêche pas
la formation du contrat promis.
Remarques. – Cet article définit la promesse unilatérale de contrat (al. 1). Il encadre également
les conséquences de la révocation fautive de la promesse par le promettant (al. 2), et de la
violation de la promesse (al. 3). L’auteur d’une promesse unilatérale de contrat = le promettant ;
la personne qui en bénéficie = le bénéficiaire.
I. Notes sur l’al. 1. – L’al. 1 pose une définition de la promesse unilatérale de contrat : c’est un
contrat par lequel le promettant va accorder à un bénéficiaire le droit d’opter pour la conclusion
d’un contrat définitif dont les éléments essentiels sont déjà déterminés, mais pour la formation
duquel ne manque que le consentement du bénéficiaire.
1. Premièrement, la promesse unilatérale de contrat peut porter sur des contrats très variés : elle
peut envisager la conclusion future d’un contrat de bail, d’un contrat de vente (la promesse
unilatérale de vente est extrêmement courante en pratique), d’un contrat de prêt…
2. La promesse unilatérale de contrat est un contrat unilatéral : en effet, seul le promettant est
engagé par ce contrat. L’objet de son obligation est d’accorder un droit à l’exclusivité au
bénéficiaire, pendant un certain délai (c’est le délai d’option, pendant lequel le bénéficiaire peut
décider de conclure ou non le contrat définitif). Au stade de la promesse unilatérale, le
promettant est donc déjà engagé à conclure le contrat définitif envisagé : seul le consentement
du bénéficiaire manque pour la conclusion de ce contrat (il pourra décider de conclure en levant
l’option).
3. S’il est vrai que la promesse unilatérale est un contrat unilatéral, le bénéficiaire peut parfois
être tenu de verser une certaine somme, une « indemnité d’immobilisation » : cette indemnité
d’immobilisation est en réalité le prix de l’exclusivité.
b. Si le bénéficiaire ne lève pas l’option, alors l’indemnité sera conservée par le promettant
(il aurait en effet dans ce cas immobilisé son bien « pour rien »).
L’indemnité d’immobilisation doit donc être distinguée de la clause pénale (clause par laquelle
les parties fixent une somme forfaitaire qui devra être versée en cas de manquement à une
obligation contractuelle : elle a vocation à sanctionner le non-respect d’une obligation
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contractuelle), car elle n’a pas vocation à sanctionner le bénéficiaire qui n’aurait pas levé
l’option (seul le promettant est engagé à conclure le contrat définitif. L’indemnité
d’immobilisation sera donc due sans que le bénéficiaire n’ait commis aucune faute).
Ex : une personne souhaite acquérir un bien immobilier mais n’a pas assez de fonds propres
pour en faire l’acquisition ; il sait cependant qu’il peut se tourner vers un établissement bancaire
pour solliciter l’obtention d’un prêt destiné à financer son acquisition. Les parties pourront donc
très bien conclure une promesse unilatérale de vente, sous condition suspensive d’obtention
d’un prêt : le promettant sera alors engagé à conclure la vente définitive dès la conclusion de
cette promesse, le bénéficiaire disposera de l’exclusivité de ce bien, et l’option sera levée (et
donc la vente sera conclue) au moment où il obtiendra son prêt.
II. Notes sur l’al. 2. – Cet al. 2 organise les conséquences de la révocation fautive de la
promesse par le promettant. La révocation de la promesse est fautive lorsqu’elle intervient
avant l’expiration du délai qui est laissé au bénéficiaire pour opter (décider de conclure ou non
le contrat définitif). Depuis la réforme de 2016, cette révocation fautive n’empêche plus la
formation du contrat définitif : sa conclusion pourra être forcée.
Cette solution est une véritable innovation de la réforme de 2016 : la jurisprudence classique
décidait en effet, depuis une décision dite « Consorts Cruz » (3e civ., 15 déc. 1993, n° 92-
12.324), que la rétractation du promettant pendant le délai laissé au bénéficiaire d’une promesse
unilatérale de vente pour opter exclut toute rencontre des volontés et empêche donc la
réalisation/conclusion forcée du contrat de vente définitif.
Voy. doc. n°26 pour davantage de développements sur les conséquences de cette
révocation fautive de la promesse + voy. la nvlle JP sur cette question (Civ. 3e, 23 juin
2021, n° 20-17554 ; Com., 15 mars 2023, n° 21-20.399 = ces décisions interprètent le
droit ancien à la lumière du nouveau pour revirer leur jurisprudence : elles jugent que la
révocation de la promesse unilatérale avant l’expiration du délai d’option n’empêche
plus la réalisation forcée du contrat définitif).
III. Notes sur l’al. 3. – Cet al. 3 encadre les conséquences de la violation de la promesse
unilatérale par le promettant : il y a violation de la promesse lorsque le promettant conclut le
contrat envisagé par la promesse avec un tiers.
Si le tiers avait connaissance de l’existence de la promesse unilatérale (il est donc de mauvaise
foi), alors le bénéficiaire pourra agir en nullité du contrat conclu en violation de la promesse.
Article 1589, al. 1 : « La promesse de vente vaut vente, lorsqu’il y a consentement réciproque
des deux parties sur la chose et sur le prix ».
Remarques. – La promesse synallagmatique de contrat se différencie de la promesse unilatérale
de contrat : elle engage en effet les deux parties à conclure le contrat définitif. Certaines
promesses synallagmatiques s’identifient purement et simplement au contrat définitif envisagé
(c’est le cas de la promesse synallagmatique de vente, qui vaut vente) ; d’autres, à l’inverse,
s’en distinguent (lorsqu’une condition essentielle du contrat définitif n’a pas encore été remplie.
Une promesse synallagmatique de vente peut par ex être conclue sous condition suspensive de
l’obtention d’un prêt, ou de réitération de la vente devant notaire).
Articles de Art. 1124 C. civ. Art. 1589 C. civ. Art. 1123 C. civ.
référence
Notions et Une seule partie est Les deux parties ont Le promettant
caractéristiques engagée : c’est le manifesté leur s’engage à proposer
promettant. Le bénéficiaire volonté l’une de prioritairement au
ne s’est donc pas encore vendre, l’autre bénéficiaire du pacte
engagé à acheter : il d’acheter = elles de préférence de lui
bénéficie d’un délai pendant sont toutes deux vendre le bien objet
lequel il peut se décider à engagées dès la de ce pacte, dans le
lever ou non l’option qui lui conclusion de cet cas où il souhaiterait
est offerte pour réaliser le avant-contrat. le vendre.
contrat de vente définitif
(c’est le droit d’option, qui Le pacte de
est encadré dans un certain préférence confère
délai). un droit de priorité
à son bénéficiaire.
La promesse unilatérale de
vente confère à son
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bénéficiaire un droit à
l’exclusivité pour la
conclusion du contrat
définitif envisagé : il peut
donc être tenu de verser une
indemnité d’immobilisation
au promettant, qui
correspond au prix de
l’exclusivité.
1. Le promettant gardera
cette somme dans le cas où le
bénéficiaire ne lèverait pas
l’option (le promettant aurait
en effet immobilisé son bien
« pour rien », puisque le
contrat de vente définitif
n’aurait finalement pas été
conclu).
2. Si le bénéficiaire lève
l’option, cette indemnité sera
déduite du prix de vente.
/!\ L’indemnité
d’immobilisation se
distingue de la clause
pénale :
2. L’indemnité
d’immobilisation est
seulement le prix de
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