2018CLFAC015_ODOUNGA

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Etude de la fissuration des bois tropicaux par mesures

des champs
Bernard Odounga

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Bernard Odounga. Etude de la fissuration des bois tropicaux par mesures des champs. Génie civil.
Université Clermont Auvergne, 2018. Français. �NNT : 2018CLFAC015�. �tel-01922757�

HAL Id: tel-01922757


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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
UNIVERSITÉ CLERMONT AUVERGNE
ÉCOLE DOCTORALE
SCIENCES POUR L’INGÉNIEUR DE CLERMONT-FERRAND

THÈSE
Présentée par

Bernard ODOUNGA
pour obtenir le grade de

DOCTEUR D’UNIVERSITÉ
SPÉCIALITÉ : GÉNIE CIVIL

Titre de la thèse :

Étude de la fissuration des bois tropicaux par mesures


de champs

Soutenue publiquement le 09 juillet 2018 devant le jury :

Mme. X. Gong, Professeure, IUT de Tarbes Rapporteur


M. P. Doumalin, MCF HDR, Université de Poitiers Rapporteur
M. Z. Aboura, Professeur, Université de Technologie de Compiègne Président du jury
M. S. Ikogou, MA CAMES, USTM Examinateur
M. R. Moutou Pitti, MCF HDR, UCA Directeur
Mme. E. Toussaint, Professeure, UCA Co-Directrice
M. M. Grédiac, Professeur, UCA Co-Directeur
2
Dédicaces

A mon père et à ma mère


A toutes les personnes qui ont contribué à ma formation

“ Le bonheur n’est pas dans l’ignorance,


la paresse et l’illusion, mais dans l’effort quotidien,
l’œuvre accomplie, le désir de savoir sans cesse davantage,
le libre épanouissement de notre nature.”
- Paul Brulat -
4
Remerciements

Ce travail s’est déroulé au sein de l’axe Mécanique, Matériaux et Structures (MMS) à


l’Institut Pascal au sein de l’Université Clermont Auvergne à Clermont Ferrand.

Je souhaite tout d’abord exprimer ma profonde gratitude à mes directeurs de thèse, Ros-
tand Moutou Pitti, Evelyne Toussaint et Michel Grédiac pour leur encadrement de qualité
et pour avoir dirigé ce travail. Leurs précieux conseils, leur appui, leur disponibilité et aussi
leur patience m’ont été d’une grande utilité tout au long de ces trois années de thèse.

Je remercie Madame Xiaojing Gong, Professeure à l’Institut Universitaire de Technologie


de Tarbes et Monsieur Pascal Doumalin, Maître de conférences, HDR à l’Université de Poi-
tiers, pour m’avoir fait l’honneur d’accepter d’être rapporteurs de ce mémoire.

Mes sincères remerciements s’adressent également à Monsieur Zoheir Aboura, Professeur


à l’Université de Technologie de Compiègne et Monsieur Samuel Ikogou, Maître Assistant
CAMES, à l’Ecole Polytechnique de l’Université des Sciences et techniques de Masuku, pour
avoir accepté d’examiner ce travail.

Je voudrai aussi remercier tous les membres du laboratoire, merci au personnel d’atelier
pour leur disponibilité, merci à tout le corps enseignant du département génie civil de poly-
technique. Je tiens aussi à dédier une mention spéciale à tous mes compagnons de laboratoire
pour ces trois années passé ensembles, en particulier Augustin, Edouard, Basile, Bilal, César,

5
6

Claude, Elodie, Husam, Maitham, Mathilde et Taher.

Je souhaiterais exprimer ma gratitude à mes parents pour m’avoir inculqué les valeurs
qui sont les miennes, à ma fiancée Claudia pour sa patience et à mes frères et sœurs pour
leur soutien indéfectible.
Résumé

L’objectif du présent travail est d’étudier expérimentalement et numériquement la fissu-


ration des bois tropicaux issus de la forêt gabonaise, à savoir : le Milicia excelsa (iroko),
l’ Aucoumea klaineana pierre (okoumé) et Pterocarpus soyauxii (padouk). Cette étude est
axée sur le processus de croissance de la fissure en mode d’ouverture et en mode mixte des
trois essences à l’aide d’éprouvettes Compact Tension Shear (CTS) et Mixed Mode Crack
Growth (MMCG) modifiées. Les éprouvettes sont montées dans un système Arcan et placées
dans une machine d’essai électromécanique. La méthode de la grille est utilisée pour mesurer
les champs de déplacements et de déformations au voisinage de la fissure. Ces cartes ainsi ob-
tenues permettent d’obtenir l’ouverture et la longueur de la fissure tout au long de l’essai. Les
courbes force en fonction de l’ouverture de la fissure sont déduites des mesures. La méthode
de la complaisance à déplacement imposé est utilisée pour calculer le taux de restitution
d’énergie G en mode d’ouverture de fissure et en mode mixte. Les résultats ont montré un
effet de l’épaisseur sur la fissuration. Ces résultats ont aussi permis de mettre en évidence
une proportionnalité de la densité par rapport aux paramètres de rupture de ces essences.
En mode mixte les valeurs de l’évolution de G sont présentées en fonction de la longueur de
fissure après découplage des modes (séparation du mode 1 et du mode 2). On observe pour
l’okoumé par exemple, que les rapports des taux de restitution d’énergie des deux modes sont
constants, ce qui justifie le caractère intrinsèque des paramètres de fissuration obtenus. Des
comparaisons faites avec les résultats issus de de la littérature sur les essences tempérées de
même densité ont montré des similitudes.

7
8

Mots clés : fissuration des bois tropicaux, méthode de la grille, éprouvettes CTS et
MMCG modifiées.
Abstract

The objective of the present work is to study experimentally and numerically the cracking
behavior of tropical woods from the Gabonese forest, namely : Milicia excelsa (iroko), Au-
coumea klaineana pierre (okume) and Pterocarpus soyauxii (padouk). This study focuses
on the crack growth process in crack opening mode and mixed mode of these three species
using Modified Tension Shear (CTS) and Mixed Mode Crack Growth (MMCG) specimens.
The specimens are mounted in an Arcan system and placed in an electromechanical testing
machine. The grid method is used to measure the displacement and strains fields near the tip
crack. These maps make it possible to obtain the opening and the length of the crack during
the tests. The curves force showing the face as a function of the crack opening are deduced
from the measurements. The experimental critical energy release rate G is evaluated by the
compliance method in imposed displacement. The results show an effect of the thickness on
cracking. These results also made it possible to demonstrate a proportionality of the density
with the parameters of rupture of these species. In mixed mode, after decoupling the modes
(separation of mode 1 and mode 2), the values of G are presented as a function of to the crack
length. For Okume, for example, it was observed that the ratios of the energy release rates
of the two modes are constant, which justifies the intrinsic character of the cracking parame-
ters were obtained. Comparisons made with results from the literature review on temperate
species of the same density showed similarities.

Keywords : cracking of tropical woods, grid method, CTS specimen and modified MMCG
specimen.

9
10
Table des matières

Remerciements 7

Résumé 9

Abstract 10

Table des figures 15

Liste des tableaux 21

Introduction générale 22

1 Généralités sur le matériau bois et choix des essences 31


1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
1.2 Éléments constitutifs du matériau bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1.2.1 Le bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1.2.2 Les fonctions du bois de l’arbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
1.3 Structure macroscopique et microscopique du bois . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.3.1 Échelle macroscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
1.3.2 Échelle microscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
1.3.3 Composition chimique du bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
1.4 Propriétés physiques et mécaniques du bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
1.4.1 Élasticité et viscoélasticité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
1.4.2 Anisotropie et orthotropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

11
12

1.4.3 Influence de l’humidité sur les propriétés du bois . . . . . . . . . . . . 47


1.4.4 Influence de la densité sur le bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
1.4.5 L’hygroscopie ou équilibre hygroscopique du bois . . . . . . . . . . . 50
1.5 Essences tropicales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
1.5.1 Quelques travaux sur les essences tropicales . . . . . . . . . . . . . . 52
1.5.2 Les climats tempérés et tropicaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1.5.3 Aucoumea klaineana (okoumé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
1.5.4 Milicia excelsa (iroko) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
1.5.5 Pterocarpus soyauxii (padouk) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
1.5.6 Comparaisons des gradeurs physiques et mécaniques des trois essences
étudiées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
1.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

2 Éléments de mécanique de la rupture et méthode de la grille 65


2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
2.2 Géométrie d’éprouvettes utilisées en mécanique de la rupture . . . . . . . . . 66
2.3 Champs mécaniques en milieu orthotropes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
2.4 Méthode de la grille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
2.4.1 Intérêt des mesures de champs cinématiques . . . . . . . . . . . . . . 84
2.4.2 Principe général de la méthode de la grille . . . . . . . . . . . . . . . 86
2.4.3 Extraction des phases des images de grilles avec l’ALS . . . . . . . . 88
2.4.4 Estimation des erreurs de la méthode . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

3 Étude de la fissuration en mode 1 93


3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
3.2 Matériaux et méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.2.1 Éprouvettes bois CTS et MMCG modifiées . . . . . . . . . . . . . . . 94
3.2.2 Propriétés physiques et mécaniques des essences étudiées . . . . . . . 99
13

3.2.3 Fabrication du système Arcan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100

3.2.4 Mesure de déplacement et de déformation à l’aide de la méthode de grille102

3.2.5 Dispositif et protocole expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

3.2.6 Méthode de la complaisance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

3.3 Méthode de détection de l’ouverture de fissure et de l’emplacement de la pointe


de fissure dans le champ de déplacement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

3.3.1 Ouverture de fissure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

3.3.2 Emplacement de la pointe de fissure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108

3.4 Résultats et discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110

3.4.1 Cartes de déplacement et de déformation. . . . . . . . . . . . . . . . 110

3.4.2 Courbes force - ouverture de fissure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

3.4.3 Courbe force - longueur de fissure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

3.4.4 Taux de restitution d’énergie critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119

3.4.5 Discussion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

3.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

4 Étude expérimentale en mode mixte 129

4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

4.2 Matériaux et méthodes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129

4.2.1 Présentation et identification des éprouvettes . . . . . . . . . . . . . . 131

4.2.2 Images de quelques éprouvettes testées . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

4.3 Résultats des essais en mode mixte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134

4.3.1 Cartes de déplacements et de déformations . . . . . . . . . . . . . . . 135

4.3.2 Courbes force - ouverture de fissure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

4.3.3 Taux de restitution d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143

4.4 Comparaisons et analyses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

4.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158


14

5 Étude numérique et comparaison avec les résultats expérimentaux 159


5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
5.2 Caractéristique des matériaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
5.3 Modélisation par éléments finis (EF) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
5.3.1 Présentation de Cast3M . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
5.3.2 Géométrie et maillage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
5.4 Résolution du problème d’amorçage et de propagation de fissure . . . . . . . 165
5.4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
5.4.2 Méthodes énergétiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
5.4.3 Interprétation physique de l’intégrale M θ . . . . . . . . . . . . . . . . 169
5.4.4 Algorithme de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
5.4.5 Procédure d’obtention du champ θ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
5.4.6 Procédure M θ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
5.5 Résultats numériques et analyse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
5.5.1 Taux de restitution d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
5.5.2 Réduction de l’éprouvette MMCG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
5.5.3 Plage de propagation des éprouvettes CTS et MMCG . . . . . . . . . 177
5.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179

Conclusions générales et perspectives 184

Bibliographie 185

Annexe A. Difficultés rencontrées 198

Annexe B. Caractéristiques de l’acier du système Arcan 201

Annexe C. Résultats du chapitre 5 203


Table des figures

1.1 Les principales fonctions du bois de l’arbre [1]. . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

1.2 Orthotropie locale du bois : deux plans (RL et RT) de symétrie matériellle [2]. 37

1.3 Les différents types de bois dans un arbre [2]. . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

1.4 Schéma des trois plans anatomiques d’observation de la structure ligneuse chez
les angiospermes et les gymnospermes (modifié de Grosser [3]). . . . . . . . . 41

1.5 Elements de vaisseau dont les extrémités sont perforées. . . . . . . . . . . . . 42

1.6 Les trois principaux constituants d’une fibre de bois. . . . . . . . . . . . . . 43

1.7 Composition chimique du bois [1]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

1.8 Cernes de croissance bien visible des essences tempérées. . . . . . . . . . . . 55

1.9 Carte des différents climats du globe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

1.10 Image d’okoumé abattu et transformé en contreplaqués. . . . . . . . . . . . . 59

1.11 Photo d’iroko sur pied et abattu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60

1.12 Deux images montrant le padouk sur pied et abattu. . . . . . . . . . . . . . 62

2.1 Définition des modes de sollicitation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

2.2 Eprouvette SENT. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

2.3 Eprouvette CANTILEVER à inertie variable. . . . . . . . . . . . . . . . . . 68

2.4 Eprouvette DCB [4]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

2.5 Eprouvette DCB à inertie variable [5]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

2.6 Éprouvette CTS [6]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

2.7 Eprouvette bois [7]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

15
16

2.8 Eprouvette ws. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

2.9 Zones englobant la pointe de fissure [8]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

2.10 Définition des axes (x,y) et des coordonnées (r,θ) au voisinage de l’extrémité
d’une fissure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

2.11 Propagation de fissure sur une longueur ∆a [9]. . . . . . . . . . . . . . . . . 80

2.12 Propagation stable à force imposée ou à déplacement imposé [9]. . . . . . . . 82

2.13 Variation de la force lors d’une propagation de fissure à force imposée ou à


déplacement imposé [9]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

2.14 Représentation d’une grille croisée [10]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

3.1 De l’arbre aux éprouvettes bois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

3.2 Dimensions de l’éprouvette CTS (en mm). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

3.3 Exemples d’éprouvettes CTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

3.4 Dimensions de l’éprouvette MMCG modifiée (en mm). . . . . . . . . . . . . 97

3.5 Éprouvettes typiques MMCG des trois essences : Okoumé, Iroko et Padouk. . 97

3.6 Exemples typiques d’éprouvettes MMCG équipées de grilles. . . . . . . . . . 99

3.7 Dimensions du système de fixation Arcan (en mm). . . . . . . . . . . . . . . 101

3.8 Eprouvette MMCG dans le système de fixation Arcan. . . . . . . . . . . . . 101

3.9 Exemple de grilles transférées sur les éprouvettes CTS et MMCG [11]. . . . . 103

3.10 Balance et composants utilisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

3.11 Les deux étuves utilisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

3.12 Montage expérimental. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105

3.13 Courbe de forces critiques en fonction de l’ouverture de fissure. . . . . . . . . 106

3.14 Points A et B utilisés pour déterminer l’ouverture de fissure Uy . . . . . . . . 107

3.15 Abscisse de la pointe de fissure obtenue pour trois valeurs de seuil différentes
de εyy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

3.16 Emplacement de la pointe de fissure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109


17

3.17 Exemple de cartes de déplacement (a) et de cartes de déformation (b) pour les
essences d’okoumé (O) et de padouk (P) avec des éprouvettes CTS de deux
épaisseurs (12,5 et 20 mm). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.18 Exemple de cartes de déplacement (a) et de cartes de déformation (b) pour
les essences d’okoumé (O) et de padouk (P) avec des éprouvettes MMCG de
deux épaisseurs (15 et 20 mm). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3.19 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure montrant la différence entre
le déplacement de traverse et le déplacement obtenu avec la grille. . . . . . . 113
3.20 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes CTS. 114
3.21 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG d’okoumé et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm). . . . . . . . . . . . 115
3.22 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG d’Iroko et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm). . . . . . . . . . . . . 116
3.23 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG Padouk et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm). . . . . . . . . . . . . 116
3.24 Exemple de longueur de fissure en fonction de la force pour deux éprouvettes
CTS (épaisseur 20 mm). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.25 Exemple de courbe longueur de fissure en fonction de la force pour les trois
essences MMCG (épaisseur : 15 mm et 20 mm). . . . . . . . . . . . . . . . . 119
3.26 Taux de restitution d’énergie critique d’okoumé (O), de l’iroko (I) et du padouk
(P) (épaisseur 12,5 mm et 20 mm) pour les éprouvettes CTS. . . . . . . . . 120
3.27 Taux de restitution d’énergie critique Gc en fonction de la longueur de fissure
pour l’okoumé (O). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
3.28 Taux de restitution d’énergie critique Gc en fonction de la longueur de fissure
pour l’iroko (I). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
3.29 Taux de restitution d’énergie critique Gc en fonction de la longueur de fissure
pour le padouk (P). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

4.1 Blocs de bois dans lesquels ont été usinées les éprouvettes . . . . . . . . . . . 130
18

4.2 Montage expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

4.3 Projection de la force suivant les axes en mode mixte . . . . . . . . . . . . . 131

4.4 Exemples d’éprouvettes d’okoumé : face sans grille (a) et face avec grille (b) 133

4.5 Exemples d’éprouvettes d’iroko et du padouk : (a) épaisseur 12,5 mm à 450 et


(b) épaisseur 20 mm à 150 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134

4.6 Un exemple des cartes de déplacements et des déformations des trois essences
pour α = 150 : (a) b=15 mm et (b) b=20 mm. . . . . . . . . . . . . . . . . 136

4.7 Un exemple typique de cartes de déplacements et de déformations pour α =


300 : (a) okoumé (b=15 mm), (b) okoumé et padouk (b=15 mm) et (c) iroko
et okoumé (b=20 mm), obtenues avec une longueur de fissure initiale différente 137

4.8 Cartes de déplacements et de déformations pour α = 450 : (a) des trois essences
b=12,5 mm et (b) iroko et padouk b=20 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . 138

4.9 Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour α = 150 et
b=15 mm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

4.10 Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour α = 150 et
b=20 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139

4.11 Force en fonction de l’ouverture de fissure pour α =300 : okoumé et padouk


(b=15 mm) et iroko et okoumé (b=20 mm) obtenues pour différentes fissures
initiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140

4.12 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure de l’okoumé pour b = 15


mm et α = 300 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

4.13 Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour b = 12,5 mm
et α = 450 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

4.14 Force en fonction de l’ouverture de fissure pour l’iroko et le padouk pour b =


15 mm et pour α = 450 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142

4.15 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois


essences : part de GI (b=15 mm et α = 150 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
19

4.16 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois


essences : part de GII (b=15 mm et α = 150 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

4.17 Valeurs moyennes minimales de Gic (avec barres d’erreurs) des trois essences :
part du mode I et du mode II pour les éprouvettes b=15 mm et α = 150 . . 144

4.18 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois


essences : part de GI (pour b=20 mm et α = 150 ) . . . . . . . . . . . . . . . 146

4.19 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois


essences : part de GII (pour b=20 mm et α = 150 ) . . . . . . . . . . . . . . 147

4.20 Valeurs moyennes de Gic (avec écart type) des trois essences : part du mode 1
et du mode 2 (éprouvettes pour b= 20 mm et α = 150 . . . . . . . . . . . . 147

4.21 Courbes taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure


d’okoumé et du padouk : part de GI et part de GII pour 15 mm . . . . . . . 149

4.22 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure d’iroko et


d’okoumé : part de GI et part de GII pour 20 mm . . . . . . . . . . . . . . . 149

4.23 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure d’okoumé :


part de GI (pour b=15 mm et α=300 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150

4.24 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure de l’okoumé :


part de GII (pour b=15 mm et α=300 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

4.25 Evolution du rapport de GI / GII en fonction de la longueur de fissure de


l’okoumé (pour b=15 mm et α = 300 ) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

4.26 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois


essences : part de GI (pour b=12,5 mm et α=450 ) . . . . . . . . . . . . . . . 153

4.27 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois


essences : part de GII (pour b=12,5 mm et α=450 ) . . . . . . . . . . . . . . 154

4.28 Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure d’iroko et


de padouk : part de GI et part de GII (pour b=20 mm et α=450 ) . . . . . . 155

4.29 Valeurs moyennes GI − GII en fonction de l’angle de mixité des trois essences
(pour b= 20 mm) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
20

5.1 Eprouvettes maillées : (a) MMCG et (b) CTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . 164


5.2 Dispositif Arcan et éprouvette MMCG avec position des angles de chargement. 164
5.3 Définition des paramètres autour de la pointe de fissure (a) et définition du
champ θ (b). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
5.4 Visualisation des déplacements virtuels : (a) avec une éprouvette MMCG et
(b) éprouvette CTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
5.5 Algorithme de fissuration numérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
5.6 Illustration du champ θ en pointe de fissure : (a) éprouvette MMCG et (b)
éprouvette CTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
5.7 Comparaison des courbes expérimentales numériques des trois essences (mode
1 pour b=15 mm et α =150 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174
5.8 Comparaison des courbes expérimentales numériques des trois essences (mode
2 pour b=15 mm et α =150 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
5.9 Courbes de l’évolution du rapport GI /GII : valeurs expérimentales et numé-
riques des deux modes pour b=15 mm et α =300 . Avec Oi nom et numéro de
l’éprouvette (O=okoumé, i=3, 6 et 7 numéros des éprouvettes testées). . . . 175
5.10 Eprouvette MMCG : (a) éprouvette bois MMCG et (b) éprouvette bois MMCG
modifiée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
5.11 Plage de propagation en mode d’ouverture (α=00 ) des éprouvettes MMCG et
CTS pour les éprouvettes de b=20 mm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
12 Problèmes de cassures rencontrés au niveau des congés de raccordement . . . 199
13 Observation des cernes : (a) essences tempérées et (b) essences tropicales . . 200
Liste des tableaux

1.1 Les taux d’humidité à respecter dans la construction bois [12]. . . . . . . . . 52

1.2 Propriétés physiques et mécaniques, pour un taux d’humidité de 12% [13]. . 63

1.3 Caractéristiques diverses, pour un taux d’humidité de 12 % [13]. . . . . . . . 63

2.1 Principales méthodes de mesure de champs cinématiques classées en fonction


des grands domaines d’application. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84

3.1 Notations utilisées dans ce chapitre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

3.2 Caractéristiques mécaniques. MEL : module d’élasticité longitudinal, HI : te-


neur en humidité interne du matériau, CRC : contrainte de rupture en com-
pression, CRFS : contrainte de rupture en flexion statique, SD : écart-type. . 100

3.3 Valeur de la force à la rupture et ouverture de fissure correspondante pour les


éprouvettes CTS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114

3.4 Valeurs spécifiques des éprouvettes de l’okoumé : Gic est la valeur initiale du
taux de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur de taux de restitution
d’énergie maximal à la rupture, Moy est la moyenne. . . . . . . . . . . . . . 122

3.5 Valeurs spécifiques des éprouvettes de l’iroko : Gic est la valeur initiale du
taux de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur de taux de restitution
d’énergie maximal à la rupture, Moy est la moyenne. . . . . . . . . . . . . . 123

3.6 Valeurs spécifiques des éprouvettes de padouk : Gic est la valeur initiale du
taux de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur du taux de restitution
d’énergie maximal à la rupture, Moy est la moyenne. . . . . . . . . . . . . . 124

21
22

3.7 Comparaison des valeurs moyennes de Gmc pour les éprouvettes MMCG testées
d’épaisseur 15 mm (1) et 20 mm (2) avec la littérature et SD est l’écart type. 125

4.1 Notations utilisées dans ce chapitre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132


4.2 Comparaison des valeurs moyennes des trois essences (b=15 mm et α = 150 ). 145
4.3 Comparaison des valeurs moyennes des trois essences (pour b=20 mm et α =
150 ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
4.4 Comparaison des valeurs moyennes pour les sept éprouvettes de l’okoumé (pour
b=15 mm et α = 300 ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
4.5 Comparaison des valeurs moyennes des trois essences. . . . . . . . . . . . . . 154
4.6 Comparaison des valeurs moyennes des trois essences. . . . . . . . . . . . . . 156

5.1 Valeurs de quelques constantes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161


5.2 Caractéristiques mécaniques et élastiques des essences. . . . . . . . . . . . . 162
3 Composition chimique (%). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
4 Caractéristiques mécaniques à température ambiante au moment de la livraison.202
5 Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes CTS d’okoumé
et de padouk : valeurs expérimentales et numériques pour b = 20 mm et α = 00 .203
6 Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG d’iroko :
valeurs expérimentales et numériques obtenues en mode 1 et mode 2. . . . . 204
7 Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG d’okoumé :
valeurs expérimentales et numériques obtenues en mode 1 et mode 2. . . . . 205
8 Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG de pa-
douk : valeurs expérimentales et numériques obtenues en mode 1 et mode 2. 206
23
24

Nomenclature

a longueur de fissure totale


ai longueur de fissure initiale
b épaisseur de l’éprouvette bois
C1 , C2 complaisances reduites en mode 1 et mode 2
CRC contrainte de rupture en compression
CRF S contraint de rupture en flexion statique
CT S Compact Tension Shear
E élasticité
Fci force critique qui induit une propagation de fissure
G taux de restitution d’énergie
Gc taux de restitution d’énergie critique
Gic valeur minimale du taux de restitution d’énergie
Gmc valeur maximale du taux de restitution d’énergie (à la rupture)
GI part du mode 1 du taux restitution d’énergie après découplage
GII part du mode 2 du taux restitution d’énergie après découplage
Gic1 valeur minimale du taux de restitution d’énergie (part du mode 1)
Gic2 valeur minimale du taux de restitution d’énergie (part du mode 2)
Gmc1 valeur maximale du taux de restitution d’énergie (part du mode 1)
Gmc2 valeur maximale du taux de restitution d’énergie (part du mode 2)
HI teneur en humidité interne du matériau (bois)
HR humidité relative
J intégrale de Rice
KI et KII facteurs d’intensité de contrainte en mode 1 et 2
25

Mθ forme modélisable de l’intégrale M


M EL module d’élasticité longitudinal
M M CG Mixed Mode Crack Growth
sp11 , sp22 , sp12 , sp33 , composantes du tenseur de complaisance
T température
V domaine volumique
u, v champs de déplacements réel et virtuel de composante ui et vi
x1 , x2 axes géométriques
ρ densité relative
ρ0 densité
φ diamètre
α angle de mixité
∆a incrément la fissure
SD écart-type
ν coefficient de poisson
→ vecteur normal de composante nj
n

Γ1 et Γ2 contours surfaciques
→,→ vecteurs normaux respectifs aux contours Γ1 et Γ2
n 1 n 2

σiju , σijv composantes des champs de déplacements réel et virtuel


σij , εij composantes des tenseurs de contrainte et de déformation
∂V contour de la pointe de fissure
Ω domaine d’intégration
26
Introduction générale

Préambule

Le bois contribue à limiter durablement le réchauffement climatique en limitant les gaz à


effet de serre. En Afrique centrale et plus particulièrement dans les régions équatoriales, la
forêt joue un rôle clé dans cette régulation. Dans le cas du Gabon, avec une superficie de 267
667 km2 qui abrite diverses espèces, la forêt représente plus de 85% du territoire (soit plus
de 200 000 km2 ) [14], dont 13% représentent des parcs nationaux protégés. Depuis les années
cinquante cependant, la quasi-totalité de cette production forestière gabonaise est exportée
sous forme de grumes. Avant 1970 l’exploitation forestière a occupé jusqu’à un tiers des
emplois salariés au Gabon, et la loi prévoyait que 75% des grumes devaient être transformées
au Gabon, mais les analyses montrent que seules 25 à 35% sont transformées avant cette
date. A ce constat, il faut ajouter les considérations environnementales du moment. Ainsi, par
souci d’une bonne gestion de la forêt et de façon à contribuer significativement à la régulation
du changement climatique, le gouvernement gabonais a décidé d’interdire l’exportation des
grumes au 1er janvier 2010. Cette décision récente du gouvernement gabonais a ouvert ainsi
la voie à la transformation locale de cette richesse naturelle, et par voie de conséquence, à
la vulgarisation et à la généralisation de ce matériau dans les constructions locales et sous-
régionales. Cependant, le comportement mécanique de ces espèces, et plus particulièrement
leurs propriétés à la rupture, reste peu étudié dans la littérature, ce qui entrave la conception
fiable de telles structures. Cela peut conduire par exemple à la défaillance soudaine des
structures, ce qui n’est pas acceptable.

27
28

Objectifs et portée de la recherche

Cette thèse tient son originalité du fait que la fissuration est étudiée pour la première sur
les essences tropicales qui ont la particularité d’avoir une croissance continue. Le but visé
est la connaissance des paramètres mécaniques d’essences méconnues à ce jour. L’étude des
propriétés de rupture des bois tropicaux est cruciale pour guider les ingénieurs locaux dans le
choix des matériaux de construction, mais aussi pour conforter les populations locales dans
leur choix de matériaux de construction autres que le béton et l’acier. Elle s’inscrit aussi
dans une vision globale qui est l’implantation au sein de l’Ecole Polytechnique de Masuku
d’un pôle de recherche scientifique et technologique sur le matériau bois tropical. Ces objectifs
coïncident parfaitement avec le projet actuel de développement des capacités institutionnelles
de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku en matière de recherche et de formation
des formateurs.

L’objectif de ce travail de thèse est d’examiner le comportement d’essences produites


au Gabon telles que le Milicia excelsa (iroko), l’ Aucoumea klaineana Pierre (okoumé) et
le Pterocarpus soyauxii (padouk), pour lesquelles les études concernant la caractérisation des
propriétés mécaniques à la rupture font encore défaut à ce jour. Cette connaissance représen-
tera une étape importante pour l’utilisation optimale de ces essences à des fins d’applications
structurelles. En effet, le dimensionnement de telles structures nécessite une connaissance
fine du comportement mécanique du matériau constitutif, notamment vis-à-vis de la fissura-
tion. Ce phénomène précède en effet la ruine finale de la structure. A ce titre, il mérite une
attention toute particulière. Le travail proposé consiste principalement à conduire plusieurs
séries d’essais bien choisis, en effectuant des mesures fines réalisées par mesures de champs
cinématiques obtenues par la méthode dite de la grille [15]. Il consiste aussi à modéliser le
comportement observé, tant du point de vue de l’initiation que celui de la propagation de
fissure. Enfin, le travail permet d’identifier des grandeurs pilotant les modèles associés aux
phénomènes observés.
29

Contenu de la thèse

Ce manuscrit se structure autour de cinq chapitres :


• le chapitre 1.
Nous ferons ici une étude bibliographique sur le matériau bois dans sa généralité. Il
est question de rappeler les éléments qui peuvent influencer le comportement du bois
vis-à-vis de la rupture, notamment sur les éléments constitutifs du matériau bois sur
le plan macroscopique et microscopique. Les propriétés physiques et mécaniques du
bois sont aussi rappelées. Dans la dernière partie du chapitre nous parlerons des points
qui font la particularité des climats tempéré et tropical équatorial. Les trois essences
choisies sont aussi déscrites.
• le chapitre 2.
Dans cette partie sont rappelées quelques formules essentielles de la mécanique de la
rupture linéaire. Une courte bibliographie sur certaines éprouvettes utilisées est égale-
ment conduite pour étudier la fissuration des essences tempérées. C’est aussi l’occasion
de prendre en main la méthode de la grille. En effet, des avancées conduites à ce jour
ont montré que les performances de cette technique devraient permettre d’obtenir des
informations d’une très grande richesse sur les déplacements, la distribution des défor-
mations en front de fissures et sur l’ouverture de ces dernières. Ces données seront très
précieuses pour construire et valider des modèles de fissuration adaptés.
• le chapitre 3.
Dans ce chapitre, divers essais en mode 1 sont effectués sur des éprouvettes CTS [6] et
MMCG modifiée [11]. Nous utiliserons les mesures réalisées pour en déduire les diffé-
rentes longueurs et ouvertures de fissure, les taux de restitution d’énergie ainsi que les
facteurs d’intensité de contrainte (et leurs valeurs critiques) des trois essences. Nous
observerons aussi l’effet de l’épaisseur d’une part et de la densité d’autre part sur la
fissuration de ces essences. Une comparaison est réalisée entre les paramètres de la fis-
suration obtenus avec les essences tropicales et ceux issus de la bibliographie sur les
essences tempérées.
30

• le chapitre 4.
Pour les mêmes essences, la fissuration en mode mixte est étudiée pour trois angles
de mixité. En mode d’ouverture (chapitre 3), l’éprouvette est sollicitée en traction, la
fissure est censée se propager suivant la direction du fil du grain. Mais puisque nous
sommes en présence du bois, un matériau hétérogène, par conséquent il y a un risque
important de bifurcation de fissure lors de la propagation, donc de cisaillement. C’est
pour cette raison que les essais sont aussi effectués en mode de cisaillement, en mode
mixte. Il s’agit ici d’examiner la propagation de la fissuration, toujours avec cette même
technique de la grille, avec la seule éprouvette MMCG modifiée qui a la particularité
d’avoir une géométrie adaptée qui permet de contrôler la propagation de fissures dans
du bois.
• le chapitre 5.
Cette dernière partie permet de mener une étude numérique sur les éprouvettes CTS [6]
et MMCG modifiée [11]. Il s’agit ici de décrire les modèles proposés dans la bibliogra-
phie pour modéliser la propagation de fissures dans ce type de matériau et d’identifier
les paramètres pilotant ces modèles pour les essences testées. Les résultats obtenus
numériquement seront comparés aux résultats expérimentaux des chapitres 3 et 4.
Chapitre 1

Généralités sur le matériau bois et


choix des essences

1.1 Introduction

Dans ce chapitre, les propriétés mécaniques du bois sont rappelées du fait de son hé-
térogénéité et de son exposition à l’humidité. Il a été démontré que l’humidité du bois est
une caractéristique importante qui influe directement sur ses autres propriétés physiques et
sur ses propriétés mécaniques. Le comportement du matériau bois dépend fortement de la
teneur en humidité dans celui-ci, de la température ainsi que de l’histoire de sorption de
l’éprouvette ou de la structure considérée. La variation de l’humidité va donc entraîner, pour
le bois, les variations de dimensions, de forme, de volume, de densité et donc par conséquent
de résistance.
Les arbres, composantes dominantes de systèmes écologiques variés et complexes que sont les
forêts, constituent l’un des réservoirs vivants le plus important de monoxyde de carbone, ce
“gaz à effet de serre” qui contribue le plus au réchauffement de la terre et à l’évolution clima-
tique de la planète. Par le biais d’un processus chimique appelé photosynthèse, les arbres et
nombreuses autres plantes absorbent le gaz carbonique de l’air et le combine avec la lumière
du soleil pour obtenir l’énergie dont ils ont besoin pour vivre. Les arbres transforment le gaz

31
32

carbonique en élément solide, le stockent dans leurs troncs, branches et feuilles, et dégagent
de l’oxygène dans l’atmosphère. La capacité à absorber le gaz carbonique de l’atmosphère et
à produire de l’oxygène a donné aux forêts le nom de "poumons du monde.” Le gaz carbo-
nique est surtout émis par la combustion du pétrole, du charbon, du gaz naturel ou d’autres
combustibles “ fossiles ” à des fins industrielles, énergétiques et de transport. Comme maté-
riau, le bois est utilisé par les industries de première transformation qui le traite, le modifie
et lui confère de multiples formes. Il s’emploie soit directement comme matière première -
par exemple pour la fabrication d’éléments de menuiserie, de meubles, d’emballages - soit
pour la réalisation de matériaux dérivés tels que les panneaux de particules et contrepla-
qués. La grande variété des bois, de propriétés et d’aspects différents, permet de nombreuses
utilisations dans de multiples domaines de l’environnement humain. Notre étude est basée
sur des bois tropicaux, donc issus des arbres constitués principalement des feuillus (Angio-
spermes) qui présentent une structure des plus complexe que les Gymnospermes (résineux).
Par ailleurs, les feuillus peuvent être caractérisés par leur densités très variables. Parmi, les
essences feuillues que l’on trouve dans les régions tempérées et tropicales, nous trouvons un
nombre très important d’espèces qui peuvent être classées en cinq catégories :

– bois très légers et tendres (densité 0,4 à 0,45) comme le peuplier, le saule, le tilleul ;
– bois légers et tendres (densité 0,45 à 0,55) comme l’okoumé, l’aulne, le bouleau, tremble ;
– bois mi-lourds et mi-durs (densité 0,56 à 0,70) comme l’iroko, le châtaignier, le chêne
tendre, le pin ;
– bois lourds et durs (densité 0,70 à 0,85) comme le padouk, le movingui, le charme, le
chêne dur, l’érable, le frêne, le hêtre, le merisier, le noyer, l’orme, le platane, le poirier ;
– bois très lourds et très durs (densité 0,85 et plus) comme l’azobé, le buis, le chêne vert,
le cornouiller, le sorbier.

Dans ce chapitre il est question de définir le matériau bois, notamment avec ses aspects
physiques et ses propriétés mécaniques. Les aspects macroscopique et microscopique seront
rappelés. Il sera aussi question du choix opéré sur nos trois essences bois, à savoir l’okoumé,
l’iroko et le padouk. Les raisons et les motivations du choix des trois essences sont expliqués,
33

notamment sur leur utilisation dans l’industrie, la construction, leur présence dans les foyers
et leur importance dans le quotidien des populations.

1.2 Éléments constitutifs du matériau bois

1.2.1 Le bois

Issu des arbres, le bois est défini par la norme NF B 50-003 et d’après [16] comme un
"ensemble de tissus très résistants qui constituent le tronc, les branches et les racines des
plantes ligneuses, formés par des vaisseaux conduisant la sève brute, les fibres et le paren-
chyme (voir Figure 1.1). Issu du fonctionnement du cambium périphérique, le bois est situé
entre celui-ci et la moelle. Cette définition ne s’applique pas aux monocotylédones (bambous,
palmiers, rotins)". En effet, certaines plantes (palmiers, bambous. . . ) produisent des tissus
lignifiés mais non issus d’un cambium secondaire : il ne s’agit donc pas de bois.
Autrement dit, le bois est un ensemble de tissus composés des fibres ligneuses, trachéides, de
parenchymes et de vaisseaux. Dans les arbres, le bois assure trois principales fonctions : la
conduction de la sève brute de la racine vers les branches, le soutien mécanique de l’ensemble
de l’arbre contre son poids et les forces extérieures, et la réserve des substances nutritives
comme l’amidon (voir figure 1.1).
Il s’agit de l’un des matériaux les plus appréciés pour ses propriétés mécaniques, pour son
pouvoir calorifique et comme matière première pour de multiples branches industrielles. Il
a de nombreux usages dans le bâtiment et l’industrie (industries papetières, industries chi-
miques. . . ), et en tant que combustible.
Le bois est l’un des rares matériaux 100% naturel. Ses principaux composants chimiques
sont le carbone, l’oxygène et l’hydrogène. C’est également une matière organique princi-
palement constituée de cellulose et de lignine renfermant un faible pourcentage d’éléments
minéraux et une part d’humidité variable. Le bois est aussi écologique car son utilisation
permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre et, de ce fait, il permet de lutter effi-
cacement contre le changement climatique.
34

Pendant sa croissance, le jeune arbre absorbe du carbone, avec lequel il fabrique les cellules
du bois et rejette de l’oxygène dans l’atmosphère. Le bois est donc un véritable "puits de
carbone". A la maturité de l’arbre, le processus absorption et rejet est ralentit, d’où la né-
cessité de replanter de jeunes arbres pour conserver cet équilibre. Enfin, le bois valorisé sous
forme de meubles, parquets ou bâtiments est un stock de carbone. A la différence d’autres
produits comme le ciment, le plastique ou l’acier, le bois est un matériau qui nécessite très
peu d’énergie pour sa mise en œuvre (production et fabrication). Le bois est également 100%
recyclable et biodégradable, et sa durée de vie est supérieure à celle des autres matériaux.
Le bois a été l’un des premiers matériaux utilisés par l’homme. Au fil des siècles et d’une mul-
titude d’expérimentations, les êtres humains du monde entier ont pu utiliser le bois dans dif-
férents domaines. Nous pouvons, dans le cas du continent Européen, citer quelques exemples :
construction des arcs en if, les tonneaux en chêne, les manches d’outil en frêne, les billots de
boucher en charme, les moyeux de roue en orme, les crosses de fusil en noyer, les sculptures
en tilleul, les dents d’engrenage en cormier, etc. En Afrique, les exemples d’utilisation de
ce matériau sont nombreux et le bois a toujours été présent dans l’existence des peuples de
ce continent. Les exemples de son utilisation sont nombreux dans les traversées d’obstacles
(ponts), la construction des bâtiments, les outils ménagers, la sculpture, etc.

Figure 1.1 – Les principales fonctions du bois de l’arbre [1].


35

1.2.2 Les fonctions du bois de l’arbre

Une des trois fonctions principales assurée par le bois de l’arbre est une fonction mécanique
des solides [1]. Elle est associée à une fonction de mécanique des fluides :

– mécanique des structures par la construction et la gestion de la posture de l’arbre, sa


résistance aux efforts externes (accélération de la pesanteur, vent, charges transitoires,
. . . ) et l’adaptation de la construction aux aléas de l’histoire de l’arbre (déracinement
partiel, casse, . . . ) ;
– mécanique des fluides pour assurer la circulation de la sève brute (eau et sels minéraux)
depuis les racines jusqu’aux feuilles dans le xylème puis de la sève élaborée (chargée en
carbohydrates synthétisés par les feuilles) depuis la cime vers tous les compartiments
de l’arbre.

Le bois de l’arbre est moteur en mécanique des structures, il construit la structure et gère la
posture. Il n’est qu’acteur en mécanique des fluides, même si l’organisation géométrique du
réseau de capillaires connectés du xylème et du phloème et si les capacités de biosynthèse
des cellules à longue durée de vie du xylème et du phloème sont les clés de la réussite de la
circulation par « aspiration » (tension dans le fluide) de la sève brute ou de la circulation par
pression osmotique de la sève élaborée sur des dénivelés pouvant dépasser 100 m. Le couplage
mécanique « fluide/structure » joue quant à lui un rôle essentiel dans la résistance à l’embolie
dans un long circuit sous tension hydrostatique. Le bois participe aussi, bien entendu, à la
perception des signaux de l’environnement par l’ensemble de ses cellules vivantes.
Trois autres fonctions importantes doivent être soulignées :

– une fonction d’autoprotection du bois vis-à-vis de l’extérieur (par l’épiderme véritable


peau du bois) et par l’intérieur (duramen ou bois de cœur) ;
– une fonction de stockage de l’eau dans la masse du xylème et du phloème ;
– une fonction de biosynthèse de molécules actives, de stockage et de mobilisation de
nutriments divers (sucres, amidons, matières grasses. . . ) nécessaires à la vie ou à la
survie de l’arbre (ou à sa multiplication végétative par bouturage).
36

A chaque instant, les différentes parties du bois de l’arbre sont créées ou modifiées pour
bien répondre aux différentes fonctions, compte tenu de l’histoire passée et de l’environne-
ment présent. Cette réponse est toujours « cadrée » par un pilotage de nature génétique qui
définit des signatures propres à l’espèce (variations interspécifiques) et à l’individu (variations
intra-spécifiques).
Le bois, a deux caractéristiques essentielles et primordiales qui sont l’anisotropie et l’hétéro-
généité. L’anisotropie du bois est une conséquence directe de son hétérogénéité.

– il est hétérogène : il est constitué d’éléments de natures et de formes variées, ce sont


les cellules ;
– il est anisotrope : c’est la conséquence directe de son hétérogénéité. Le bois est aniso-
trope car ses éléments sont orientés dans plusieurs directions déterminées ; il en résulte
que ses propriétés mécaniques et physiques ne sont pas les mêmes dans tous les plans
ou les sens dans lesquels on l’observe ou on l’utilise. Le caractère anisotrope du bois
est lié également à ses particularités, notamment lié à la perturbation du fil du bois,
provoqué par la présence d’un nœud, par un fil un ondulé, la présence du bois juvénile
et de bois adulte, la présence de bois de compression et de bois de tension, la présence
de contrainte de croissance, la présence de défauts et d’altérations, etc.

De façon à faciliter les études sur les comportements physiques et mécaniques, on prend
comme référence trois types de section comme le montre la Figure 1.2 et définies de la
manière suivante :

– section transversale (T), perpendiculaire au fût de l’arbre (tronc). Lorsqu’on regarde


un arbre fraîchement abattu, on peut facilement se représenter une section transversale
avec, en bois de bout, les cernes d’accroissement annuels qui correspondent à la matière
ligneuse fabriquée par l’arbre au printemps ou en été suivant (un cerne complet est une
couche de printemps plus une couche d’été) ;
– section tangentielle (L), longitudinale, dans le sens du fil du bois, et perpendiculaire
aux rayons médullaires centrés sur le cœur de la grume. Lors du débit de la grume
en plots (débit courant), les dessins des faces des premiers plateaux obtenus en sont
37

caractéristiques. Les Rayons médullaires ce sont les lames parenchymateuses, dont les
plans passent par l’axe de la tige ou de la racine, séparant les faisceaux primaires (rayons
médullaires primaires) ou coupant le bois et le liber secondaires (rayons médullaires
secondaires) ;
– Section radiale (R), là aussi longitudinale, et dans le sens du fil du bois, mais parallèle
aux rayons. Cette section est visualisable sur les plateaux débités à proximité du cœur.

Figure 1.2 – Orthotropie locale du bois : deux plans (RL et RT) de symétrie matériellle [2].

1.3 Structure macroscopique et microscopique du bois

1.3.1 Échelle macroscopique

L’échelle macroscopique est définie comme l’échelle de l’arbre ou de la grume. La partie


directement visible à cette échelle est l’écorce externe assurant la protection de l’arbre, de
son environnement à son milieu biologique. La figure 1.3 montre les différents éléments qui
participent à la croissance d’un arbre.
38

Figure 1.3 – Les différents types de bois dans un arbre [2].

Les différentes parties constituant le bois sont décrites ci-dessous :

Moelle

C’est la partie la plus centrale de l’arbre, appelée aussi cœur, elle correspond à ce qui reste
du xylème primaire. Importante dans les jeunes pousses, elle disparaît souvent avec l’âge pour
ne laisser qu’un canal de faible section. La moelle est un ensemble de tissus spongieux qui
évoluent en vieillissant.

Bois

Le xylème secondaire lignifié, composé, en régions tempérées, présente de cernes visibles


(ce qui n’est pas toujours le cas en régions tropicales). On distingue deux zones :

– le duramen (ou bois parfait). Il forme la masse principale du tronc. Formé par les cernes
les plus anciens, il est composé de cellules mortes, lignifiées et imprégnées de tanin ou
de colorants selon les essences. Il se distingue en général de l’aubier par une couleur
plus foncée. Ses vaisseaux ne sont plus fonctionnels ;
– l’aubier. Il est constitué de couches concentriques de cellules non encore lignifiées for-
mant un bois encore "imparfait". Formé par les cernes les plus récents, il y circule les
matières nutritives. Les cernes se transforment en duramen après une période de 4 à
20 ans.
39

Écorce

C’est la partie externe, celle qui est directement visible et qui assure la protection de
l’arbre, de son environnement à son milieu biologique. La figure 1.3 montre l’emplacement
de l’écorce sur une coupe d’un arbre. Elle est composée de différentes parties :

– le cambium libéro-ligneux : zone de croissance ou méristème, c’est l’assise génératrice


(de quelques cellules d’épaisseur) qui donne naissance au bois du côté interne et au
liber (phloème secondaire) du côté extérieur. Le cambium libéro-ligneux produit plus
de bois que de liber ;
– le liber : partie interne et « vivante » de l’écorce. Le liber comporte un ensemble de
vaisseaux dans lesquels circule la sève élaborée. Les cellules du liber meurent lorsqu’elles
se différencient : l’écorce s’exfolie, et tombe ou se fend longitudinalement ;
– le suber (ou liège) : partie la plus externe ayant un rôle de protection. Celle-ci contient
une substance imperméable, la « subérine », qui protège les couches internes.

Entre le liber et le suber, il existe un second méristème : le cambium subéro-phellodermique


(ou phellogène), qui produit le phelloderme du côté interne et le suber du côté externe. Cepen-
dant, contrairement au cambium libéro-ligneux le cambium subéro-phellodermique produit
plus de suber (vers l’extérieur) que de phelloderme (vers l’intérieur). Il sert à compenser
l’expansion de la circonférence de l’arbre, et à limiter les fentes créées par cette expansion.
On observe également des structures allant du centre vers la périphérie : les rayons. En ob-
servant plus précisément les couches annuelles appelées « cernes », on peut voir qu’ils sont
eux-mêmes divisés en deux zones. Le bois de printemps est la première zone formée chaque
année ; c’est un bois tendre et riche en vaisseaux. La seconde zone est faite de bois d’été,
plus dense et résistant. La différence entre les deux types de bois est plus ou moins visible
selon les essences de bois : très visible chez le chêne dont le bois est hétérogène, elle l’est
moins pour les arbres dont le bois est homogène comme le hêtre. Ces cernes sont le résultat
d’une alternance des saisons, et sont absents chez les bois des arbres tropicaux qui croissent
de manière plus continue.
40

1.3.2 Échelle microscopique

Sur le plan microscopique, l’observation montre qu’il existe deux types de bois, composés
de différents types de tissus végétaux. Ces deux types sont décrits ci-dessous. Les Figures 1.4
et 1.5 présentent les constituants microscopiques de ces deux catégories de bois.

Bois résineux et feuillus

Les arbres sont classés en deux catégories : les résineux et les feuillus. La première est
composée des gymnospermes ("résineux"). Ces arbres présentent une organisation simple et
uniforme. Ils sont constitués de deux grands groupes de cellules : les trachéides et les cellules
parenchymes. L’observation de ces deux types de cellules fait apparaitre la configuration
suivante :
– des fibres trachéides, ayant à la fois les rôles de soutien et de conduction ;
– des rayons : fibres trachéides et parenchymes horizontaux ;
– des parenchymes verticaux qui assurent la répartition et l’emmagasinement des sub-
stances.
La seconde catégorie, regroupe les angiospermes ("feuillus"). Le bois des feuillus présente une
plus grande diversité que celle des résineux et possède un certain nombre de types de cellules
(vaisseaux, trachéides et cellules parenchymes). Les fonctions de soutien et de conduction
sont effectuées par des cellules différentes :
– fibres (librifomes et trachéides) : ce sont des faisceaux de cellules résistantes, disposées
dans le sens axial, ils assurent la rigidité et la résistance mécanique du bois. Il s’agit
d’un bio composite constitué de cellulose, d’hémicellulose et de lignine ;
– vaisseaux : formés d’éléments de vaisseaux, ce sont des cellules creuses qui servent à
conduire la sève brute depuis les racines jusqu’aux feuilles (voir Figures 1.3 et 1.4) ;
– parenchyme vertical : il est constitué de cellules parenchymateuses qui contribuent au
transport des nutriments. Ces parenchymes, associés aux vaisseaux, donnent des motifs
particuliers à chaque essence (particulièrement les essences tropicales) sur la coupe
transversale (perpendiculaire à l’axe du tronc) ;
41

Figure 1.4 – Schéma des trois plans anatomiques d’observation de la structure ligneuse chez
les angiospermes et les gymnospermes (modifié de Grosser [3]).

– rayons ligneux (ou médullaires) : il s’agit de parenchymes horizontaux constitués de


cellules de réserve à parois épaissies et lignifiées. Ils accompagnent le tissu vasculaire.
Ces cellules participent en outre à la fonction de soutien de l’arbre. Leur orientation
est transversale et rayonnante en partant de l’axe longitudinal de l’arbre. La Figure 1.4
montre quelques rayons ligneux qui partent du centre du tronc.

La disposition des tissus, la forme et la taille des cellules, est appelée plan ou rayon ligneux.
Celui-ci est caractéristique de chaque essence. Par exemple, il donne ce que l’on appelle «
la maillure », qui est l’aspect de la coupe radiale du bois (coupe longitudinale dans le sens
du rayon de l’arbre). Cette maillure est caractéristique chez le chêne, le hêtre, le platane, le
niangon et l’acajou. Les cellules et les fibres sont orientées dans le sens axial qui détermine
le « fil du bois ».
42

Figure 1.5 – Elements de vaisseau dont les extrémités sont perforées.

1.3.3 Composition chimique du bois

Le bois est un ensemble de cellules tubulaires de cellulose reliées entre elles par un pro-
duit chimique organique : la lignine. Ces cellules varient en taille et en forme, mais sont la
plupart du temps longues et minces. Elles suivent l’axe longitudinal principal du tronc ou des
branches de l’arbre. La structure de l’arbre est constituée de cellules (mortes ou vivantes) qui
assurent la circulation de la sève, le stockage de réserves nutritives et de défense contre les
agressions éventuelles. La composition chimique élémentaire du bois varie suivant les espèces.
D’une manière générale, le bois est constitué à 50% de carbone, 42% d’oxygène, 6% d’hy-
drogène, 1% d’azote et 1% de minéraux [17] (principalement Ca, K, Na, Mg, Fe, Mn). Nous
retiendrons comme principaux composants chimiques du bois : la cellulose, les hémicelluloses
et les lignines. Il existe d’autres composants appelés extractifs qui ne contribuent pas aux
propriétés mécaniques du bois, mais jouent plutôt le rôle de protection contre les attaques
des insectes et autres parasites. Le bois contient aussi une proportion variable d’humidité.
Sur la Figure 1.6 sont illustrés les principaux constituant chimiques d’une fibre de bois.
43

Figure 1.6 – Les trois principaux constituants d’une fibre de bois.

La cellulose

C’est le constituant dominant du bois (environ 50%). Il constitue la matière organique


la plus abondante sur la terre. C’est un homopolymère, dont la macromolécule est composée
d’une seule chaîne de D-glucose. Ses molécules sont liées latéralement par des ponts hydro-
gène. La structure de la cellulose est semicristalline (60% − 97%) et son degré de cristallinité
influe directement sur le comportement mécanique de la paroi.

Les hémicelluloses

La proportion des hémicelluloses dans le bois est estimée entre 15% et 25%. Ce sont des
polymères amorphes et ramifiés constitués d’unités de différents résidus du sucre dont on
peut citer les xyloglucanes, les xylanes, les glucomannanes et mannanes. Les hémicelluloses
jouent un rôle de pontage entre les fibres de cellulose.

La lignine

Sa quantité dans le bois représente 20% à 30%. C’est la composante non hydrocarburée
du bois, elle est constituée de polymères, réticulés, amorphes, tridimensionnels et complexes.
Elle est dure et cassante. Elle constitue à la fois le squelette et la matrice du bois, et confère
à celui-ci sa résistance mécanique.
Cette composition chimique peut être représentée sous forme d’un diagramme présenté sur
la figure 1.7.
44

Figure 1.7 – Composition chimique du bois [1].

1.4 Propriétés physiques et mécaniques du bois

Dans cette partie sont présentées les propriétés physiques et mécaniques du bois. Le bois
est un matériau particulier dont ses propriétés varient en fonction de différents facteurs. Les
arbres étant des êtres naturels, vivants et très diversifiés, les propriétés du bois varient selon
le type d’essence, les conditions de croissance et le taux d’humidité. Les propriétés physiques
du bois sont les caractéristiques quantitatives du bois et son comportement à des influences
extérieures autres que des forces appliquées. Le bois est considéré comme étant un matériau
anisotrope, c’est-à-dire que ses propriétés varient selon les différentes directions. L’aptitude
que possède le bois à absorber l’humidité (hygroscopicité) est une caractéristique majeure qui
vise ce matériau. Lorsqu’il varie, le taux d’humidité provoque des changements dimensionnels
du matériau (retrait et gonflement). L’humidité est également responsable de la pourriture du
bois quand elle est en présence de certaines autres conditions environnantes. Les propriétés
mécaniques du bois caractérisent la rigidité et la résistance du bois face aux sollicitations
qui tendent à le déformer. Parmi les caractéristiques importantes il y a l’orthotropie et la
viscosité. Les caractéristiques mécaniques du bois dépendent directement de ses propriétés
45

physiques.
Ces propriétés sont décrites brièvement ci-dessous :

1.4.1 Élasticité et viscoélasticité

L’élasticité est la propriété qu’ont certains matériaux comme le bois de reprendre leur
forme ou leurs dimensions initiales lorsque la charge causant la déformation est enlevée. Ceci
a lieu lorsque que l’on est en dessous de la limite proportionnelle ou élastique. Au-delà, une
partie de la déformation reste permanente, après enlèvement de la charge. La limite pro-
portionnelle est un paramètre indispensable pour distinguer le comportement élastique du
comportement plastique. C’est la présence de la cellulose qui apporte au bois un compor-
tement élastique linéaire puisque les réseaux cristallins tendent à revenir à leurs positions
initiales suite à une sollicitation mécanique faible. La courbe contrainte–déformation permet
de définir le module d’élasticité E (ou module d’Young). Celui-ci n’est valable que jusqu’à la
limite proportionnelle. Pour le cas du bois, les déformations ne sont pas les mêmes dans les
différents « sens ». En effet, d’un bois vert à un bois sec (anhydre), le retrait longitudinal,
dans l’axe du tronc et des fibres, est très faible (< 1%) par rapport aux deux autres, le retrait
radial, perpendiculaire au tronc (≈ 5%), et surtout par rapport au retrait dans le sens de
l’écorce (tangentiel), qui est souvent de l’ordre de 10% [18]. Les gonflements du bois ont le
même ordre de grandeur, et même si ces différentes déformations varient selon les essences,
on le constate toujours dans des proportions semblables.
La viscosité, d’après [18], est la propriété, pour un corps, de se situer dans un état in-
termédiaire entre les deux états solide et liquide. Lorsqu’il s’agit d’un solide, cette notion
de viscosité signifie que celui-ci possède un aspect liquide dans son comportement. Inverse-
ment, on dit qu’un liquide est visqueux lorsqu’il se rapproche du comportement d’un solide.
De par sa composition chimique et la réponse de ses constituants suite à des sollicitations
mécaniques, le comportement du bois peut être assimilé à un comportement viscoélastique
linéaire. Les réseaux amorphes des hémicelluloses, lignines, changent de géométrie sous un
chargement mécanique, donnant ainsi au bois un comportement viscoélastique.
46

1.4.2 Anisotropie et orthotropie

Anisotropie

L’observation au microscope d’un bois laisse apparaitre une série de tubes orientés dans
une même direction. La conséquence de cette disposition est la différence des propriétés
mécaniques et physiques suivant les directions préférentielles du bois (longitudinale L, radiale
R et tangentielle T) Put [19] (Figure 1.2). C’est ce que l’on appelle l’anisotropie du bois. Le
bois est anisotrope et peut être en première approximation assimilé à un composite constitué
de fibres de cellulose orientées dont le comportement mécanique est de type élastique. En
considérant un modèle de comportement unidimensionnel dans le sens des fibres, on peut
écrire :

σ = EL ∗ ε (1.1)

Avec la proportionnalité entre la contrainte σ et la déformation ε selon l’axe des fibres par
rapport au fil du bois, EL représente le « module d’élasticité longitudinal » qui doit en toute
rigueur être caractérisé pour chaque cas de charge en traction, compression, flexion etc. Ces
fibres sont elles-mêmes noyées dans une matrice de lignine, qui est un polymère complexe
constituée d’alcools phénoliques. Son comportement est de type viscoélastique linéaire de
Kelvin Voigt et s’écrit :
∂ε
σ(t) = E ∗ ε(t) + η (1.2)
∂t
Où : η est la viscosité et E module d’élasticité.

Orthotropie

Un matériau est orthotrope lorsqu’il existe, localement, deux plans de symétrie matérielle
orthogonaux. C’est approximativement le cas du bois, pour lequel le plan radial (RL) et
le plan transverse (RT) constituent des symétries matérielles locales. Ce qui implique un
troisième plan (LT) orthogonal aux deux premiers. Lorsqu’un matériau est orthotrope, son
élasticité se décrit simplement à condition de se placer dans le repère d’orthotropie, par
exemple (R, T, L), pour le bois.
47

1.4.3 Influence de l’humidité sur les propriétés du bois

L’humidité d’un matériau est le rapport de la masse d’eau qu’il contient à sa masse
anhydre (pourcentage minimal d’humidité). On peut mesurer le taux d’humidité d’une pièce
de bois massif de deux façons différentes : soit par pesée avec une méthode normalisée [20, 2]
dont on se sert notamment en laboratoire, ou dans l’industrie du séchage artificiel du bois,
soit à l’aide d’un humidimètre. Cette dernière méthode plus rapide mais moins précise. Les
deux procédures pour le calcul du taux d’humidité sont les suivantes :
– mesure par pesée : on détermine par pesée la diminution de masse d’un échantillon
ou d’un lot de bois (dans ce travail nous parlons d’éprouvette) entre état courant et
état sec : puis on calcule en pourcentage le rapport entre cette diminution de masse
constatée et la masse de l’éprouvette ou du lot d’éprouvettes anhydres (déshydratées).
Dans le cadre de ce travail, pour rendre les éprouvettes anhydres, on leur fait passer un
séjour prolongé d’environ une semaine dans une étuve ventilée spécifique. La pesée en
entrée et en sortie se fait alors avec une balance de précision d = 0, 01 (ou encore avec
une autre balance de précision d = 0, 0001) ;
– mesure électrique : c’est sur la même base de calcul que sont conçus les humidimètres.
Ces appareils étalonnés en pourcentage d’humidité du bois donnent la valeur de l’hu-
midité du bois instantanément. Il suffit de rentrer la densité de l’essence et de poser
l’appareil sur l’éprouvette bois, ensuite nous lisons directement la valeur du taux de
l’humidité.
Le taux d’humidité est quantifié par le rapport de la masse d’eau que contient un éprou-
vette de bois à sa masse anhydre. L’humidité HI de chaque éprouvette est alors exprimée en
pourcentage par la formule suivante :

MH − M0
HI(%) = ∗ 100 (1.3)
M0

où MH est la masse, en grammes, de l’éprouvette avant dessiccation. M0 est la masse, en


grammes, de l’éprouvette anhydre. La masse d’eau étant rapportée à la masse anhydre du
bois, et non à sa masse humide, l’humidité peut dépasser 100%. L’humidité existe sous trois
48

différentes formes dans le matériau bois :


– l’eau de constitution. Elle fait partie intégrante de la matière ligneuse. Elle ne peut être
libérée que par la dégradation thermique du matériau. Elle n’est pas prise en compte
dans la mesure de l’humidité ;
– l’eau libre, ou eau capillaire. Elle est située dans les vides cellulaires, sous forme liquide
pour des humidités très élevées du bois, puis sous forme vapeur en cours et après le
séchage ;
– l’eau de saturation. Elle imprègne les parois cellulaires. Dans celles-ci, les molécules
d’eau sont « liées » aux chaînes de cellulose et d’hémicellulose par des forces à caractère
électrique appelées « ponts hydrogènes ». Lorsqu’un bois à l’état vert sèche, en un point
donné de l’échantillon considéré, l’eau qui s’évapore la première est l’eau libre. Il arrive
un moment où, à cet endroit, toute l’eau libre est partie et où il reste encore toute l’eau
liée. Les parois cellulaires sont alors encore saturées d’humidité. Le bois atteint en cet
emplacement le point de saturation des fibres (PSF). Le point de saturation des fibres
peut varier suivant l’essence et suivant la température. Cependant, à 200 C le PSF
se situe toujours au voisinage de 30%. Au-dessous du PSF, les variations d’humidité
s’accompagnent de variations dimensionnelles, ce qui n’est pas le cas au-dessus de ce
point.
L’humidité et la température favorisent l’apparition des agents biologiques de dégradation
du bois tels que : les micro-organismes (bactéries, champignons), les insectes et les organismes
marins. C’est l’humidité qui affecte la stabilité dimensionnelle et cause la fissuration du bois.
Les attaques par les champignons ont lieu à l’intérieur (environ 30% des dégâts répertoriés)
comme à l’extérieur des habitations plutôt sur les bois de feuillus.

1.4.4 Influence de la densité sur le bois

La densité est le rapport de la masse volumique du bois à celle de l’eau. Le bois est un
matériau hygroscopique qui peut changer de poids et de volume en fonction des pertes et des
gains d’humidité. Il est donc important de préciser la teneur en humidité de l’échantillon au
49

moment de la mesure de la masse et du volume. La densité de référence est calculée avec un


pourcentage de 12% d’humidité.
La densité est un paramètre important comme le sont la teneur en humidité et la tempé-
rature. Toutes ces propriétés mécaniques ont déjà été l’objet d’études dans le passé. En son
temps Ylinen [21], cité par Moutee [22], puis Bodig et Jay [23], ont mis en évidence que les
modules de Young, les coefficients de Poisson et les modules de cisaillement (ou de Coulomb)
sont fortement dépendants de la densité du bois. Bodig et Jayne [23] ont mis en évidence une
formule qui lie les propriétés mécaniques de la loi de Hooke généralisée à la densité du bois
par la relation :

Y = a ∗ Db (1.4)

où Y représente les propriétés élastiques, D est la densité du bois, a et b sont deux constantes
données dans les abaques pour chaque espèce de bois.
La densité est exprimée par la formule suivante :

M asse du corps ρcorps


D= = (1.5)
M asse d0 un 0 0
egal volume d eau à 4 C ρeau à 40 C

La densité du bois varie largement d’une espèce à une autre et aussi à l’intérieur de la
même espèce. La densité est largement influencée par la structure du bois. Chez les conifères,
la densité augmente lorsque la proportion de bois final par rapport au bois initial augmente.
L’inverse est vrai lorsque la proportion de bois initial augmente. Donc, la densité augmente
lorsque la proportion de cellules étroites à paroi épaisses augmente (la quantité de plein sur
la quantité de vide augmente). Chez les feuillus, les fibres expliquent les différences de densité
entre les bois tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. La densité du bois dépend de
la proportion relative des fibres par rapport aux éléments cellulaires, notamment les éléments
de vaisseaux, ainsi que de l’épaisseur propre de la paroi des fibres. Une proportion de fibre
élevée va favoriser une densité élevée. De même, des fibres à lumens étroits et à parois épaisses
vont favoriser des bois denses. Par exemple chez le balsa, les vaisseaux sont larges et il y a
beaucoup de parenchyme (axial et radial). Les fibres sont donc en faible proportion et ont
en plus une paroi fine (1,5 µm, comparé à plus de 10 µm chez l’azobé), ce qui explique la
50

densité très faible de ce bois. A l’intérieur d’une même espèce, c’est-à-dire à qualité de fibres
relativement égale, le bois le plus dense sera celui qui contient proportionnellement le plus
de tissus fibreux.

1.4.5 L’hygroscopie ou équilibre hygroscopique du bois

D’après le Larousse [24], le retrait est défini comme étant le fait qu’un matériau subit
une diminution de volume sous un effet extérieur à la variation d’humidité. C’est le cas du
matériau bois qui présente une diminution de ses dimensions lorsque son taux d’humidité
décroît.
Le gonflement est en principe le phénomène inverse du retrait. Pour ce qui est du bois,
et plus particulièrement des tropicaux car soumis à de fortes pluviométries, le gonflement,
surtout en présence des températures élevées, d’humidité relative importante de l’air ou du
contact avec l’eau est la principale cause de leur altérabilité. Lorsque le bois absorbe de
l’eau, sa teneur en humidité augmente et le bois a tendance à augmenter de volume. Tout
comme le retrait, le gonflement est proportionnel au gain d’humidité jusqu’au PSF. En-
dessous du PSF, l’eau contenue dans les parois des cellules s’évapore et provoque un retrait
du bois proportionnellement à la perte d’humidité. Le bois rétrécit très faiblement dans le
sens longitudinal des fils (de l’ordre de 0,1 à 0,2%). C’est-à-dire que dans le sens longitudinal
(axial) de l’arbre le retrait est pratiquement négligeable. Dans le sens radial, il est beaucoup
plus important, atteignant jusqu’à 5 à 6% de la largeur des planches ou plateaux par exemples.
Le retrait tangentiel, c’est-à-dire celui qui se produit dans le sens des cernes de croissance,
est le plus important. Il peut atteindre trois fois la valeur du retrait radial.
Le plus souvent au lieu de parler de retrait, on préfère utiliser le terme de "mesure de la
rétractabilité". On peut distinguer la rétractabilité totale qui correspond à la variation de
volume depuis le point de saturation jusqu’à l’état anhydre. Nous pouvons établir le coefficient
de rétractabilité volumétrique c’est-à-dire la variation de volume établie en pourcentage du
volume initial, pour une variation de 1% du taux d’humidité. On peut aussi considérer un
coefficient de rétractabilité linéaire qui exprime en pourcentage de la dimension considérée le
51

retrait pour une variation de 1% du taux d’humidité. La formule donnant la valeur du retrait
est donnée par la relation :
CL ∗ d
r= (1.6)
100

avec :
C le coefficient de rétractabilité linéaire, L la dimension considérée c’est-à-dire la largeur du
plateau et d la différence de titre hygrométrique (différence du pourcentage de l’humidité).
La plupart des feuillus tropicaux font partis des essences à faibles retrait. La rétractabilité
conditionne la stabilité en ambiance extérieure d’une essence.

Il faut signaler que le coefficient de rétractabilité est souvent donné dans le sens radial et
tangentiel, il est spécifique à chaque essence. Par exemple, d’après [25], pour l’okoumé : dans
le sens radial il est de 0, 096 et dans le sens tangentiel il est de 0, 187.

Le bois est un matériau hygroscopique qui a la possibilité, soit d’absorber une partie de
l’humidité de l’air qui l’environne, soit de rejeter une partie de l’eau qu’il contient. Ce phé-
nomène de rejet ou d’absorption se manifeste jusqu’au moment où l’humidité du bois atteint
une valeur dite « humidité d’équilibre hygroscopique » qui est, elle-même, fonction de la tem-
pérature et de l’humidité de l’air ambiant. Toutes les variations de ces conditions climatiques
aboutissent à une modification de la valeur d’équilibre, et par la suite à une variation de l’hu-
midité du bois. Si l’état hygrométrique du milieu ambiant vient à être modifié, l’humidité du
bois se stabilise alors à une valeur donnée. Cette propriété montre, si besoin, que le bois est
un matériau « vivant » qui s’adapte aux conditions climatiques de son environnement. Ainsi
un échantillon de bois placé dans une ambiance où la température est de 300 C et l’humidité
relative de l’air est de 60%, se stabilise à une humidité de 11% environ. Selon les conditions
d’utilisation, l’humidité moyenne des bois, selon les normes d’utilisation en France, spécifiées
par les DTU 31-1 « Charpente et escaliers en bois » et DTU 31-2 « Construction de maisons
et bâtiments à ossature en bois » [12]. Pour la charpente, par exemple, ce taux ne doit pas
dépasser 22% en moyenne. Concernant la construction de maisons et bâtiments à ossature
bois, l’humidité à la mise en œuvre doit être inférieure à 18%. Les valeurs en pourcentage,
52

selon l’état du bois, du taux d’humidité sont données à titre indicatifs dans le tableau 1.1.

Emploi Taux d’humidité

charpente traditionnelle et fermettes 15% ≤ H% ≤ 22%

bois de construction (M.O.B) H% ≤ 18%

menuiserie extérieure 15% ≤ H% ≤ 18%

charpente lamellée collée H% ≤ 13%

charpente apparente en intérieure 10% ≤ H% ≤ 13%

menuiserie intérieure et parquet 8% ≤ H% ≤ 12%

Table 1.1 – Les taux d’humidité à respecter dans la construction bois [12].

En ce qui concerne les pays tropicaux chauds et secs où la température et l’humidité de


l’air avoisinent respectivement 300 C et 30%, l’humidité d’équilibre du bois est d’environ 7%.
En clair cela signifie que, comme une éponge, le bois est capable de perdre ou de reprendre
de l’humidité en fonction de l’air ambiant. Il est donc directement dépendant de son envi-
ronnement climatique et du lieu où il se trouve. Cela est vrai que le bois soit transformé
ou non. L’hygroscopie du bois influe directement sur sa densité, sa durabilité, sa résistance
mécanique, sa conductivité électrique, phonique, thermique, et sur ses dimensions.

1.5 Essences tropicales

1.5.1 Quelques travaux sur les essences tropicales

Les travaux ont déjà été menées sur les essences tropicales par plusieurs auteurs, notam-
ment [26, 27, 28, 29, 30, 31]. Ces études sur les bois tropicaux concernaient divers domaines
tels que la mesure des paramètres technologiques du bois d’œuvre ou d’autres caractéristiques
telles que les propriétés physiques des contreplaqués d’okoumé par exemple.
Les aspects tels que les propriétés des essences tropicales sont décrits dans plusieurs ouvrages.
Les travaux de Savard [32] ont été consacrés à la recherche du dosage de la lignine et des po-
53

lysaccharides. Parameswaran [33] s’est penché sur la recherche de la détermination de l’index


de cristallinité de la cellulose du bois et de l’écorce de l’okoumé et du douka. Vitiello [34] s’est
intéressé quant à lui à l’étude des produits de pyrolyse du bois et des extractibles de l’okoumé,
du distemonanthus benthamianus baill (movingui), du Pterocapus soyauxii (padouk) et du
monopetalanthus coriaceus morel (andong) du Gabon. Les travaux sur la composition chi-
mique de la résine de l’okoumé sont décrits dans les travaux de Guang [35]. La formulation du
composite bois/polymère par polymérisation radicalaire de l’acrylamide en milieu sulfurique
dans des plaquettes d’okoumé est traitée dans [36]. Les travaux de Safou [37] sur les arbres
issus de la forêt gabonaise visaient à étudier la structure morphologique, la composition chi-
mique et la réactivité des sciures et des plaquettes des bois d’izombé, de béli, d’okoumé et
de douka face à l’anhydride succinique et au 3-Oct-2-ényl-dihydro-furan-2,5- dione de nom
usuel 2-Octen-1-yl d’anhydride succinique en vue de l’utilisation potentielle des déchets de
ces essences dans la formulation de matériaux composites tels que les panneaux de particules
ou les composites bois/polymères. En tenant compte des protocoles décrits dans la littéra-
ture par [38], Safou a pu extraire le taux de la cellulose et, par soustraction, déterminer le
pourcentage des hémicelluloses. Le terme holocellulose désigne l’association de la cellulose et
des hémicelluloses.

D’autres études ont été menées durant la première partie des années 90 sur différentes
espèces tropicales dans le cadre de l’analyse architecturale. Cela a permis à un certain nombre
d’auteurs [39, 40, 41] de mettre en évidence l’existence d’un gradient d’intensité des traces
morphologiques du rythme de croissance des essences tropicales. C’est un gradient qui va de
la présence d’écailles, d’entrenœuds courts, de feuilles plus petites, jusqu’à l’absence totale de
marqueurs externes. Puisque la croissance de l’arbre est un phénomène très complexe, nous
nous limiterons juste à parler de l’étude de l’allongement des tiges (croissance primaire). En
effet, afin de pouvoir s’agrandir et maintenir sa forme, l’arbre a besoin de consolider ses axes.
C’est par la présence des saisons bien marquées dans les saisons tempérées que les arbres
poussent de manière rythmique ce qui induit des cernes dans le bois. Détienne [42] a pu
montrer que les structures rythmiques dans le bois des essences tropicales existent et sont
54

connues depuis longtemps grâce à Coster [43]. Elles sont mêmes fréquentes. C’est ainsi que
dans le bassin amazonien, Alvim [44], cité par Fahn [45], signale que 35% des espèces montrent
clairement des cernes et que 22% ont des cernes beaucoup plus difficiles à déterminer mais
sont quand même présents. Ce qui reste constitue tout de même un pourcentage énorme des
essences sans cernes visibles. Les cernes peuvent être bien visibles ou peu marqués, mais leur
périodicité n’est pas toujours facile à établir et à identifier. En plus, il y a des cas où il n’a pas
été possible de mettre en évidence l’existence de structures périodiques dans le bois comme
le précise Détienne [46], ce qui n’exclut pas, a priori, un quelconque rythme de production
cambiale.

Il est largement reconnu que les arbres dans les régions tropicales, contrairement aux
régions dites tempérées, poussent de manière continue tout au long de l’année du fait de
l’absence de saisons très marquées. Ce phénomène est amplifié, dans les régions tropicales
traversées par l’équateur, par la forte pluviométrie qui caractérise ces régions du globe. La
datation des structures végétales de façon générale, et plus particulièrement en zone équato-
riale, se heurte de ce fait à un problème majeur : celui de trouver des marqueurs temporels
univoques.

On présente dans les parties suivantes les essences qui ont été choisies pour cette étude.
Il s’agit de trois essences représentatives des nombreuses essences qui existent dans une forêt
équatoriale. Ce choix dépend aussi d’autres considérations telles que le coût du matériau, le
transport, le souci de canaliser le travail, etc. Le choix tient aussi compte des interdictions
d’exportations des grumes existantes, avec des restrictions qui se sont récemment accrues au
Gabon. Deux essences avec des caractéristiques très différentes et une essence intermédiaire
entre les deux en termes de densité ont été choisies pour ce travail. Le choix des essences
tient compte d’un certain nombre de critères :

– leur densité ;
– la dureté des espèces ;
– leur résistance à la compression et à la traction ;
– leur disponibilité dans la nature ;
55

– leur utilisation dans notre quotidien ;


– leurs propriétés physiques et caractéristiques mécaniques.

Avant que d’évoquer les raisons du choix des essences, nous tenons à rappeler ci-dessous
les types de climats qui existent dans les zones tempérés et tropicales.

1.5.2 Les climats tempérés et tropicaux

Il est très difficile d’étudier les essences tropicales sans dire un mot sur la particularité
des conditions climatiques de ces zones. En effet, les conditions climatiques sont sans aucun
doute l’une des raisons à l’origine de la différence qui existe entre ces essences issues de climat
tropical équatorial et des zones tempérées. La Figure 1.8 présente les cernes de croissance
annuels facilement identifiables chez les essences tempérées.

Figure 1.8 – Cernes de croissance bien visible des essences tempérées.

Les bois des climats tropicaux, comme leurs noms l’indiquent, poussent sous les tropiques
et sont donc assujettis à ce climat. C’est un climat qui se caractérise par deux saisons : la
saison sèche et la saison humide dont la durée et la période varient selon les régions du monde.
Il y fait une chaleur assez constante toute l’année et le taux d’humidité dû à la pluviosité
détermine donc les saisons précitées. La mousson peut être l’une des caractéristiques du
56

climat tropical. Il existe trois grands types de climat tropical, le climat tropical humide ou
sec, le climat tropical équatorial, le climat tropical désertique que nous détaillons ci-dessous :
• le climat tropical humide ou sec : il est caractérisé par des précipitations abondantes
sur plusieurs mois consécutifs. Durant cette saison des pluies, les différences de tempé-
ratures diurnes sont faibles. La saison plus sèche s’installe ensuite plus ou moins selon
les zones, et les températures se font aussi un peu plus froides. Les alizés influencent le
climat tropical humide. Une grande partie de l’Amérique du Sud et le cœur du conti-
nent africain subissent ce climat.
• le climat tropical équatorial : il est présent dans les régions situées de part et d’autre
de l’équateur. La pluviosité est très importante et il n’y a pas de saison sèche en tant
que telle. Les forêts absorbent et rejettent des quantités importantes d’humidité pro-
voquant ainsi des précipitations constantes. C’est le cas de pays ou de régions comme
l’Amazonie, la Colombie, le Brésil, le bassin du Congo, les Philippines, et quelques îles
des caraïbes.
• le climat tropical désertique : c’est le climat tropical désertique est le climat des zones
arides, qu’elles soient équatoriales ou aux latitudes plus élevées. Les précipitations sont
le plus souvent très faibles, voire nulles comme en Patagonie. Le sol ne peut absorber
les pluies torrentielles comme dans certaines régions du Sahara ou d’Australie. L’am-
plitude thermique est très importante. Les journées sont très chaudes et les nuits assez
froides du fait de l’absence de nuages.

Les bois (essences) qui font l’objet de notre étude ici viennent du Gabon (voir la situation
sur la carte de la Figure 1.9). Ils poussent dans la zone du climat tropical équatorial.

La répartition des saisons dans cette partie du monde pourra peut-être expliquer la com-
plexité de la croissance ou non de ces essences. En effet, la répartition annuelle des pluies est
l’élément caractéristique définissant les saisons dans la zone intertropicale.
C’est durant le mois de septembre que le flux de mousson pénètre au Gabon par le nord, où
les précipitations sont maximales en octobre (250 à plus de 600 mm). Cette même mousson
atteint le sud avec les précipitations observées avec moins d’intensité en novembre (200 à
57

Figure 1.9 – Carte des différents climats du globe.

400 mm). Cette séquence constitue ce que l’on appelle la grande saison des pluies. La petite
saison sèche intervient quant à elle entre janvier et février. C’est durant cette période qu’il
y a diminution des précipitations allant de 50 à 200 mm par mois du nord au sud. Vers fin
février à mai, la zone active du flux de mousson traverse le pays, renforcée très souvent par
la pénétration par l’est des masses d’air humides de l’océan indien. C’est ce que l’on désigne
par seconde saison de pluies, qui entraîne avec elle de précipitations qui avoisinent 200 mm
par mois sur toute l’étendue du territoire. Les précipitations (ou pluviométrie) moyennes
annuelles dans cette zone équatoriale sont très importantes, de l’ordre de 1 500 à 1 800 mm,
voir 2 000 mm d’après [47].
Le temps des deux saisons sèches est tellement négligeable qu’il ne permet pas au sol d’absor-
ber totalement les quantités d’eau tombées durant les saisons de pluies. Ce qui nous amène à
dire que les arbres ont, tout le long de l’année, l’eau nécessaire pour assurer en continu leur
croissance. C’est certainement l’explication la plus plausible pour expliquer cette différence
entre rythmes de croissance entre bois tropicaux et bois des zones plus tempérées, et donc
58

l’absence des cernes comme le montre l’annexe A2 .


Le choix s’est porté sur les trois essences de bois décrites dans les paragraphes suivants.

1.5.3 Aucoumea klaineana (okoumé)

De son nom scientifique Aucoumea klaineana et de nom français okoumé, il fait partie
de la famille des Burseraceae. L’abondance de l’okoumé est décrite dans la littérature par
la très forte dominance de cette espèce : elle représente au moins 60% des effectifs et 80%
de la surface terrière des peuplements âgés de 20 à 60 ans. Déjà dès 5 − 10 ans, d’après le
Cirad et Fuhr [48], les peuplements jeunes montrent un différentiel de croissance par rapport
à l’ensemble des autres espèces en faveur de l’okoumé, tant en hauteur (accroissement > 1
m/an) qu’en diamètre (accroissement > 1,5 cm/an). La croissance en diamètre des okoumés
dominants est maximale entre 5 et 15 ans (> 1,5 cm/an) et reste soutenue au moins jusqu’à
60 ans (0,7 cm/an). Son diamètre est compris entre 60 à 200 cm, il fait plus de 50 m de
hauteur et l’épaisseur de son aubier est de 2 à 5 cm. D’une couleur de référence rouge clair, il
peut être aussi de couleur blanche rosâtre plus ou moins sombre voire brun rouge. La couleur
fonce avec l’âge. Le fil peut être légèrement ondulé. Son grain est fin. Sa densité est comprise
entre 0, 4 − 0, 5. L’okoumé est un arbre africain qui intègre à lui seul les 3 dimensions du
développement durable :
– économique : il est extrêmement apprécié pour ses propriétés dans l’ameublement et la
construction ;
– sociale : son écorce sert de décoction médicinale ;
– environnementale : sa sève sert de filtre naturel pour rendre potable l’eau de pluie et
des rivières, mais aussi pour fabriquer des torches indigènes.
Dans l’industrie, ce bois est particulièrement apprécié et utilisé en intérieur de contre-
plaqué, placage tranché, coffrage, face ou contre face de contreplaqué. Les noyaux sains sont
utilisés pour les intérieurs des panneaux lattés. L’okoumé est aussi employé pour la menui-
serie légère et la menuiserie intérieure de meubles courants ou éléments pour les moulures,
pour les tablettes de meubles, les lambris, l’emballage-caisserie. Il est aussi utilisé pour la fa-
59

brication des portes intérieures des habitations. La Figure 1.10 présente un okoumé abattu et
les placages déroulés d’okoumé. Les populations s’intéressent à l’okoumé aussi pour d’autres
raisons, à savoir :
– son abondance dans la nature fait qu’il est facile à obtenir ;
– son coût très bas et bon marché par rapport à d’autres essences ;
– ce bois se traite avec aisance en menuiserie ;
– sa flottabilité lui permet d’être largement employé dans la fabrication des pirogues.

Figure 1.10 – Image d’okoumé abattu et transformé en contreplaqués.

1.5.4 Milicia excelsa (iroko)

Il a pour nom scientifique Milicia excelsa et pour nom français iroko, il est de la famille
des Moracee. Sa couleur de référence est brun jaune. Ce bois est aussi brun jaune orangé et
légèrement cireux au toucher. Jaune à l’état frais, il fonce rapidement à la lumière. Son aubier
est d’un blanc distinct, assez large (5 à 6 cm). C’est un bois qui possède plusieurs caracté-
ristiques. En effet, malgré une sensibilité marquée aux chocs, sa durabilité le rend adapté
aux usages du quotidien. Son fil est irrégulier et présente un léger contre-fil avec un grainage
grossier. Disons qu’il est d’un grain plus ou moins grossier, possède un fil assez enchevêtré et
parfois moiré ou rubané. C’est un bois mi-dur et mi-lourd (de densité comprise 0, 55 − 0, 75)
et d’une structure homogène avec des zones de croissance peu distinctes. Les vaisseaux sont
gros et visibles à l’œil nu. Ces vaisseaux sont rares, obstrués par des thylles (Vésicule qui, à
l’automne, obstrue le pétiole des feuilles des arbres et provoque leur mort). Le parenchyme
60

clair, visible à l’œil nu en coupe transversale, entoure les vaisseaux et comporte des cristaux
visibles au microscope. Ce bois possède des rayons étroits visibles à la loupe. Des rayons multi
séries forment une fine maillure en coupe radiale. Il est utilisé pour divers usages, notamment
parce qu’il présente une bonne résistance aux attaques des champignons, des lyctus et des
termites. C’est un bois très convoité, du négoce jusqu’à l’ameublement. C’est la raison pour
laquelle il fait partie des espèces menacées.
Il est très utile pour l’industrie, il est présent dans la menuiserie intérieure et extérieure, la
fabrication de parquets, éléments bordés (ensemble des planches constituant le revêtement
extérieur de la coque d’un navire) pour construction navale, l’ébénisterie (meubles courants
ou éléments), la tonnellerie-cuverie, les escaliers intérieurs, les faces ou contre faces et inté-
rieurs de contreplaqués, les ponts pour les parties non en contact avec le sol ou l’eau, les
lambris, les articles tournés, les charpentes légères, le lamellé-collé, les fond de véhicules ou
de conteneurs. La Figure 1.11 montre la photo d’un iroko sur pied, une photo présentant une
planche de cette essence et une bille d’iroko. Il est vendu dans le monde entier, en particulier
en Europe comme bois exotique. Il stocke le C02 sous forme de cristaux d’oxalate de calcium
et quand il se décompose les cristaux se dégradent en calcium. Il est d’un prix sur le marché
relativement moyen.

Figure 1.11 – Photo d’iroko sur pied et abattu.


61

1.5.5 Pterocarpus soyauxii (padouk)

Le Pterocarpus soyauxii Taub (ou Pterocarpus osun) ou plus communément appelé padouk
d’Afrique est une espèce botanique provenant d’Afrique centrale et occidentale. Il est issu de
la famille des Fabaceae. Cet arbre ne se développe correctement que s’il est exposé au rayon
du soleil (héliophile). Solitaire, il croît principalement dans les forêts tropicales humides et ne
perd jamais l’ensemble de ses feuilles. Comme pour beaucoup de végétaux, le vent permet de
disperser ses semences ailées. La régénération se fait naturellement et relativement facilement.
La croissance optimale du Padouk a lieu dans des pays comme le Cameroun ou le Gabon.
Les arbres atteignent près de 50 mètres de hauteur avec un branchage regroupé à partir des
30 m en partant de la base du tronc. Il possède un aubier bien distinct et l’épaisseur de
celui-ci peut varier de 6 à 10 cm. Il est d’un grain grossier et son diamètre peut atteindre
60 à 100 cm. C’est un bois d’une densité mi-lourd et lourd (comprise entre 0, 70 − 0, 88).
Il est de couleur de référence rouge et peut devenir brun violacé ou noircir très vite à la
lumière. Le duramen du padouk d’Afrique est reconnu comme étant très durable (classe de
durabilité naturelle I). En revanche, l’aubier l’est moins (classe de durabilité naturelle V).
Le grain est moyen. Le bois présente parfois un contrefil. Mais il montre généralement une
structure assez uniforme. L’aubier est donc, par sa différence de couleur, bien distinct. Le fil
est droit et le contre-fil reste léger. C’est un bois qui peut présenter des roulures, du cœur
mou ou encore de cadranures (Fentes partant du centre du bois et rayonnant vers l’extérieur).
Il est important de procéder au séchage avec précaution pour éviter toute apparition des
fentes, toutefois il ne présente pas de risques majeurs de déformation. C’est un bois que
l’on appelle "bois dur" et ses principaux usages sont nombreux. C’est un bois qui est utilisé
pour les constructions hydrauliques lourdes, les parquets, les contreplaqués, en ébénisterie,
les traverses pour rails, les fonds de camions ou wagons, la charpente, la construction navale
(membrure), les menuiseries intérieures et extérieures, l’ameublement, les ponts, les escaliers
et la sculpture. Il est utilisé dans les menages comme manches de pioches, de râteaux et de
haches. Il est d’un prix relativement élevé. La Figure 1.12 présente deux photos, une d’un
padouk sur pied et l’autre du padouk abattu.
62

Figure 1.12 – Deux images montrant le padouk sur pied et abattu.

1.5.6 Comparaisons des gradeurs physiques et mécaniques des trois

essences étudiées

Dans les tableaux 1.2 et 1.3 sont donnés quelques caractéristiques physiques et mécaniques
des trois essences étudiées [13].

Le tableau 1.2 donne les valeurs caractéristiques mécaniques et le tableau 1.3 indique les
valeurs ou la capacité des trois essences à résister aux champignons. Dans le premier tableau
à part les valeurs des différents retraits, toutes les autres valeurs sont proportionnelles à la
densité. Comme nous pouvons aussi le constater dans le second tableau, plus l’essence est
dense, meilleure est son aptitude à résister aux attaques des champignons et aux termites par
exemple. La stabilité est aussi liée à la densité des trois essences, plus c’est dense, meilleure
est sa stabilité dimensionnelle (elle est évaluée par le retrait ou le gonflement du bois en
fonction de l’humidité).
63

Désignation okoumé iroko padouk

Densité 0,4 à 0,5 (Très léger) 0,6 à 0,7 (Léger et Mi-lourd) 0,8 (Mi-lourd et lourd)

Dureté Monnin Très tendre-tendre Mi-dur Dur

Coefficient de 0,30 à 0,40 0,40 à 0,50 0,40 à 0,50

Retrait Volumique (%) (Faible-Moyen) (Moyen) (Moyen)

Retrait tangentiel total (%) Faible-Moyen Faible Faible

Retrait radial total (%) Moyen Faible Faible

Contrainte de rupture 30 à 40 50 à 60 60 à 70

en compression (MPa) (Faible) (Moyenne) (Moyenne)

Contrainte de rupture 50 à 75 75 à 100 100 à 125

en flexion statique (MPa) (Faible) (Moyenne) (Moyenne-forte)

Module 10 000 10 000 à 15 000 14 000 à 18 000

d’élasticité (MPa) (Faible) (Faible-Moyen) (Moyen)

Table 1.2 – Propriétés physiques et mécaniques, pour un taux d’humidité de 12% [13].

Désignation okoumé iroko padouk

Résistance aux champignons Faiblement durable Durable / Très durable Très durable

Résistance aux insectes de bois sec Durable Durable Durable

Résistance aux thermites Sensible Durable Durable

Peu Non Moyennement


Imprégnabilité
Imprégnable Imprégnable Imprégnable

Peu Stable - Moyennement


Stabilité dimensionnelle Stable
Moyennement Stable Stable

Point de Saturation des fibres Élevé Faible Faible

Table 1.3 – Caractéristiques diverses, pour un taux d’humidité de 12 % [13].


64

1.6 Conclusion

Le présent chapitre a été consacré essentiellement au matériau bois, à sa définition, ses


différentes fonctions, à la description des éléments qui le constituent sur les plans micro-
scopique et macroscopique. Les propriétés physiques et mécaniques ont été rappelées. Il a
été aussi l’occasion d’énumérer les paramètres susceptibles de modifier et d’influencer les
caractéristiques physiques d’un bois. Une comparaison de certaines propriétés physiques et
mécaniques des trois essences a été faite. Un rappel sur les caractéristiques des climats tem-
pérés et tropicaux a été fait et a montré une grande différence. Une bibliographie spécifique
sur les essences tropicales a été menée. En tenant compte de certaines spécificités liées à la
densité et à la place que ces essences occupent dans le quotidien des populations trois essences
ont été choisies pour cette étude. Le chapitre qui suit va présenter les outils de mécanique
de la rupture pour l’étude de la fissuration ainsi que la technique de mesure expérimentale
utilisée.
Chapitre 2

Éléments de mécanique de la rupture


et méthode de la grille

2.1 Introduction

L’utilisation et l’emploi de plus en plus fréquent des métaux à haute résistance a nécessité
la mise au point d’un moyen de calcul pour prévenir les ruptures fragiles que pouvaient subir
ces métaux. Le seul critère de ténacité obtenu par essai de Charpy ne suffisait pas à caracté-
riser leur fragilité par une valeur intrinsèque au matériau. C’est ainsi, que la mécanique de
la rupture est née il y a environ une centaine d’années pour résoudre ce problème. Dès le
début, le développement de la mécanique supposait un milieu homogène, isotrope, élastique
linéaire. Le comportement à la rupture ainsi modélisé se trouvait très bien vérifié pour les
métaux à faible déformation plastique. L’extension de cette modélisation aux métaux duc-
tiles a nécessité divers développements basés sur des approches énergétiques. L’objectif de
la mécanique appliquée de la rupture est de caractériser le comportement à la fissuration
des structures à l’aide des paramètres quantifiables au sens de l’ingénieur, notamment la
contrainte, la taille de la fissure et la résistance à la fissuration du matériau. La mécanique
linéaire de la rupture, par exemple, est basée sur une procédure analytique qui relie le champ
de contraintes au voisinage de la fissure à la contrainte nominale appliquée au loin, à la taille

65
66

de la fissure et son orientation et, finalement aux caractéristiques mécaniques du matériau.


La mécanique de la rupture a été introduite par Griffith [49]. Dans les années 1920/1921,
Griffith montre que la rupture d’un milieu élastique-fragile peut être caractérisée par une
variable globale, qui sera appelée plus tard le taux de restitution d’énergie. Les premiers dé-
veloppements théoriques d’analyse des champs de déplacements, déformations et contraintes
au voisinage d’une fissure ont été entrepris par Westergaard [50]. L’extension de la discipline
a été amorcée par Irwin [51]. En particulier, en 1956, Irwin introduit la notion de facteur d’in-
tensité des contraintes, à partir de l’étude des singularités du champ de contrainte. Les années
1960 − 1980 sont celles de l’essor puis de la maturité de la mécanique de la rupture, avec
en particulier les développements numériques et le traitement des problèmes non-linéaires.
Depuis cette date le développement de la mécanique de la rupture s’étend aux problèmes de
bifurcation des fissures en mode mixte et plus récemment à la propagation des fissures sous
charges dynamiques, à la rupture des laminés et composites, aux techniques numériques de
résolution permettant de ce fait le dimensionnement de structures complexes.
Dans ce chapitre, un regard est porté sur la mécanique de la rupture avec des applications
au matériau bois. Quelques notions essentielles permettant de comprendre la mécanique de
la rupture linéaire sont rappelées ici. On se focalisera d’abord sur des éprouvettes issues de
la bibliographie pour les études similaires puis sur les champs mécaniques en milieux ortho-
trope [52]. En effet, un certain nombre d’éprouvettes ont déjà été testées pour les études de la
fissuration sur les bois tempérés. La seconde partie du chapitre est consacrée à l’explication
de la méthode de la grille. Le fonctionnement et l’utilisation de cette méthode sont précisés.

2.2 Géométrie d’éprouvettes utilisées en mécanique de

la rupture

Le chargement qui fait intervenir un champ de contrainte "lointain" comportant une seule
composante normale à la direction de la fissure, est appelé mode d’ouverture, ou mode 1. C’est
celui qui est physiquement le plus important, puisqu’une fissure en mode 1 se propage dans
67

son propre plan sans bifurcation par raison de symétrie, l’ouverture de la fissure conduisant
facilement à la rupture. Dans le cas du mode 2, le champ lointain de sollicitation extérieure
est un cisaillement perpendiculaire au front de fissure, et dans le cas du mode 3, le cisaille-
ment est parallèle au front de fissure, Figure 2.1. Pour réaliser les essais dans les différents
modes, des études ont été menées par le passé sur un certain nombre d’éprouvettes visant
différents objectifs. Dans la bibliographie [6, 53, 54, 55, 7, 56, 57], plusieurs de ces éprouvettes
sont utilisées pour étudier la fissuration dans les matériaux composites mais aussi dans les
matériaux orthotropes comme le bois. L’objectif était de connaître les paramètres permettant
d’utiliser les formules de la mécanique de la rupture (taux de restitution d’énergie critique et
intensité des contraintes). On rappelle ici quelques-unes de ces éprouvettes.

Figure 2.1 – Définition des modes de sollicitation.

Éprouvette SENT

L’éprouvette Single Edge Notch Tensil (SENT), voir Figure 2.2, a été utilisée par un
certain nombre d’auteurs, notamment par Valentin [6]. Pour cette éprouvette, les valeurs de
progression de la fissure, très petites, montrent qu’il n’est pas facile de quantifier la rupture
car dans ce cas, la plage de propagation n’est pas observable. De plus, de par sa forme,
c’est une éprouvette avec une géométrie qui favorise une augmentation du facteur d’intensité
de contraintes pendant la propagation de fissure. Néanmoins Valentin, a observé quelques
millimètres de progression de fissure avec cette éprouvette.
68

Figure 2.2 – Eprouvette SENT.

Éprouvette CANTILEVER

Cette éprouvette est appelée éprouvette Cantilever à inertie variable (cf Figure 2.3).
Contrairement à l’éprouvette SENT, elle a la particularité de présenter une bonne plage
de propagation stable. Elle est adaptée aux essais de fissuration en mode mixte, comme cité
dans [4].

Figure 2.3 – Eprouvette CANTILEVER à inertie variable.

Éprouvette DCB

Cette éprouvette Double Cantilever Beam (DCB) a été mise au point par Chow [53] pour
la réalisation d’essais en mode d’ouverture des fissures (mode 1). Elle permet la détermination
69

de la ténacité et du taux de restitution d’énergie critique en mode 1. Sa conception permet


d’obtenir un facteur d’intensité des contraintes qui décroît lorsqu’il y a propagation de fissure
(zone sans défaut) [58, 59, 60, 61]. C’est cette forme qui justifie les risques d’instabilité
dans le cas de mesures sur des matériaux isotropes. Par contre, ces risques d’instabilité
disparaissent dans le cas du bois tempéré car la propagation est guidée par le fil longitudinal.
Ces éprouvettes sont donc intéressantes car elles présentent une plage assez importante de
propagation des fissures. Enfin, la simplicité de cette géométrie permet de faire des calculs
analytiques en employant la méthode de la variation de la complaisance expliquée plus loin
en considérant deux poutres consoles dont la longueur libre est assimilée aux lèvres de la
fissure. Le schéma de cette éprouvette est présenté sur la Figure 2.4.

Figure 2.4 – Eprouvette DCB [4].

Éprouvette DCB à Inertie variable

L’éprouvette Double Cantilever Beam (DCB) permet de constater, dès le début de l’amor-
çage de la fissure, qu’il y a une instabilité de la fissure, qui conduit à une rupture instantanée.
Ce constat a lieu lors du pilotage des essais en force uniquement. C’est ce constat qui a amené
Dubois [54] à proposer une éprouvette DCB à inertie variable présentant une stabilité de fis-
sure. L’éprouvette était sollicitée au voisinage de l’effort critique, ce qui a permis de résoudre
le problème de l’amorçage de fissure. Mais d’après Valentin [62], cette éprouvette présente
tout de même un inconvénient, car sa géométrie n’est pas adaptée à l’étude du mode de
cisaillement. L’illustration de cette éprouvette est donnée par la Figure 2.5.
70

Figure 2.5 – Eprouvette DCB à inertie variable [5].

Éprouvette CTS

L’éprouvette Compact Tension Shear (CTS) a été conçue pour la première fois par Ri-
chard [55]. Elle est présentée sur la Figure 2.6. Ensuite Luo [63] l’a utilisée pour déterminer
l’évolution du front de fissure en mode mixte dans les polymères. Travaillant sur les maté-
riaux métalliques et ductiles, Zhang et al. [64] ont repris cette géométrie d’éprouvette pour
faire du mode mixte. Reprenant toujours la géométrie de cette éprouvette, Caumes [65] ainsi
que Valentin et al. [6] l’ont utilisée sur les matériaux à symétrie orthogonale comme le bois.
Ils ont effectué un certain nombre de travaux avec cette éprouvette, en réalisant notamment
les sollicitations en mode d’ouverture de fissure, en mode de cisaillement ou en mode mixte.
Cette éprouvette est fixée entre deux bras en acier munis de trous de sollicitation où s’ap-
pliquent des forces symétriques opposées P. La fissure est orientée dans le plan (R, L) et le
taux de mixité est engendré par l’angle β.

Figure 2.6 – Éprouvette CTS [6].


71

Éprouvette MMCG

En prenant en compte les configurations des géométries précédentes Moutou Pitti [7, 66]
a réalisé une éprouvette appelée Mixed Mode Crack Growth (MMCG) (Figure 2.7). Il a
modifié plus particulièrement l’éprouvette DCB initiale en ajoutant à cette dernière un talon
inférieur. La particularité de cette éprouvette est de garantir la stabilité de la fissure et de
reproduire l’ensemble des modes de sollicitations. Elle garantit une stabilité de la fissure
durant sa propagation. En effet, elle permet pour une plage de propagation donnée, en mode
1, en mode 2 et en mode mixte, une stabilité voir une diminution considérable du taux de
restitution d’énergie.

Figure 2.7 – Eprouvette bois [7].

Éprouvette WS

L’éprouvette Wedge Splitting (WS) a été utilisée pour conduire des essais dans les maté-
riaux comme le béton par Tschegg [56]. Elle a été mise au point pour étudier les propriétés
de rupture pendant la propagation stable de la fissure. Par la suite, un certain nombre de
personnes l’ont utilisée et étendue au matériau bois, comme Stanzl-Tschegg [67]. La forme de
l’éprouvette WS peut être cubique ou cylindrique. Le système de montage est assez simple
et la conception facile à mettre en œuvre. Elle induit une parfaite symétrie en mode 1. Le
schéma de cette éprouvette est représenté sur la Figure 2.8.
72

Figure 2.8 – Eprouvette ws.

Éprouvette WS modifiée

S’inspirant des configurations et des formes des éprouvettes SENT et de l’éprouvette WS,
Meite et al.[57] ont modifié la géométrie précédente dans sa partie située juste avant la fissure
initiale. Cette éprouvette a été conçue et utilisée pour réaliser les essais en mode d’ouverture
de fissure (mode 1) et en mode mixte.
D’autres éprouvettes existent dans la litérature telles que la Single Edge Notched Bending
(SENB) [68, 69], l’éprouvette à entaille centrale, l’éprouvette Double Edge Crack (DEC) [70].

Quelques études issues de la bibliographie sur ces éprouvettes

L’objectif de cette partie est de rappeler quelques études issues de la bibliographie sur
certaines de ces éprouvettes sur les essences tempérées. En effet, si les aspects de la mécanique
de la rupture n’ont jamais été discutés pour les essences tropicales, ils l’ont déjà été sur les es-
sences tempérées. Les auteurs ont étudiés la fissuration en mode 1 (le plus étudié) et en mode
mixte, sur les essences tempérés en utilisant les éprouvettes énumérées plus haut dans cette
partie. Parmi eux, Valentin [71] a utilisé l’éprouvette Compact Tension Shear (CTS) conçue
par Richard (1983) pour les matériaux isotropes et a montré que cette éprouvette pouvait
s’étendre aux matériaux à symétrie orthogonale comme le bois. Il a pu numériquement et
73

expérimentalement réaliser les essais en mode 1 et mode mixte. De son côté Oliveira [72] a
numériquement réalisé sur du Pin maritime et avec des éprouvettes Double Cantilever Beam
(DCB), les éprouvettes Single Edge Notched Tensile (SENT) et les éprouvettes Wedge Splint-
ting (WS), des essais en configuration mode mixte dans le système de propagation des fissures
RL. Il a de ce fait utilisé un concept de fissure équivalente lié à la zone de fracturation et a
fourni des valeurs précises des taux de restitution d’énergie en mode 1 et 2. C’est une analyse
tridimensionnelle des éléments finis, incluant un modèle de dommages cohésifs. Cette façon
de faire ne nécessite pas de mesures de fissures pendant la propagation. Moutou et al. [73]
ont utilisé l’éprouvette MMCG qui est un compromis entre l’éprouvette Double Cantilever
Beam modifiée (DCB modifiée) et Compact Tension Shear (CTS) pour étudier les effets du
fluage sur la fissuration en mode mixte. Les auteurs ont testé différents paramètres géomé-
triques afin d’obtenir une forme finale optimisée en utilisant la méthode de l’intégrale M
implémenté dans un logiciel d’éléments finis. L’objectif visé était de rechercher la stabilité de
la propagation des fissures pour différents rapports de modes mixtes. Yoshihara [74], a quant
à lui effectué des essais en mode mixte sur des poutres en porte-à-faux et à flexion parallèle
sur des éprouvettes DCB en Epicéa. Le mode mixte sur le matériau bois a été aussi étudié
par [75, 76].

Choix des éprouvettes

Pour ce travail, le choix est porté sur les éprouvettes CTS et MMCG pour les essais en
mode d’ouverture de fissure et MMCG uniquement pour les essais en mode mixte. En effet,
l’utilisation de l’éprouvette CTS permet d’obtenir une rupture instantanée de l’éprouvette.
L’éprouvettes CTS se caractérise généralement par une propagation immédiate de la fissure
après l’apparition, ce qui rend le phénomène instable. L’éprouvette MMCG permet d’observer
une propagation de fissure. L’avantage de l’éprouvette MMCG est également d’obtenir une
diminution du taux de restitution d’énergie lors de la croissance des fissures. Dans ce cas,
si le matériau est viscoélastique, on peut facilement séparer les effets dépendant du temps
et les paramètres de rupture afin de connaître l’impact réel du temps sur la fissuration du
74

matériau. Pour des raisons pratiques, les configurations de ces éprouvettes seront modifiées
et les détails seront donnés au chapitre 3.

2.3 Champs mécaniques en milieu orthotropes

Dans les prochains chapitres, les calculs des paramètres de rupture des essences présentées
au chapitre 1 seront menés. Pour ce faire, certaines formules et expressions utilisées sont
rappelées ici. On rappelle ici les modes de sollicitation et les zones observables lors d’une
fissuration (on détermine la distribution des champs de contrainte au voisinage du front de
la fissure pour des matériaux isotropes ainsi que pour des matériaux à symétrie orthotrope).
Deux approches différentes du problème de la propagation de fissure sont considérées :

– l’approche locale, qui caractérise la distribution des contraintes au fond de la fissure


avec le facteur d’intensité de contrainte K (on dit surtout qu’il exprime l’intensification
des contraintes et des déformations dans la zone perturbée par la fissure ou le défaut) ;
– l’approche globale, qui résulte d’un bilan énergétique relatif à la création de deux nou-
velles surfaces de rupture, caractérisée par le taux de restitution d’énergie G.

La mécanique de la rupture étudie l’interaction entre la discontinuité géométrique (fissure)


et le milieu continu avoisinant ainsi que l’évolution de cette discontinuité. D’un point de
vue mécanique, on peut distinguer, schématiquement, trois zones successives dans un milieu
fissuré (cf. Figure 2.9) :

– la zone 1 (zone d’élaboration) : elle se trouve à la pointe de la fissure et dans le sillage


laissé par la fissure au cours de sa propagation. L’étude de cette zone est très complexe
à cause de contraintes importantes qui ont fortement endommagé le matériau. Celui-ci
devenant discontinu, la taille de cette zone est en général très faible. Elle est ponctuelle
d’un point de vue mécanique ;

– la zone 2 (zone singulière) : dans cette zone, les champs de déplacements, de déforma-
tions et de contraintes sont continus et possèdent une formulation indépendante de la
75

géométrie lointaine de la structure. On démontre que dans cette zone [77], les compo-
santes du champ de contraintes sont infinies au voisinage du front de fissure (r → 0).
Plus exactement, la singularité est en r−1/2 en milieu élastique linéaire. Le matériau
ayant une limite élastique, il existe un rayon (rp ) autour de la pointe de fissure déter-
minant la forme de la zone plastique. C’est en fonction de la taille de la zone plastique
que l’on dira que la rupture est fragile ou ductile ;

– la zone 3 : c’est une zone extérieure comprenant les champs lointains se raccordant
d’une part à la zone singulière, et d’autre part aux conditions aux limites en charges
et en déplacements. Dans cette zone, les champs de déplacements, de déformations et
contraintes varient peu, et peuvent être approchés par des polynômes communément
utilisés dans les différentes méthodes de résolution.

Figure 2.9 – Zones englobant la pointe de fissure [8].

La forme générale du champ des contraintes au voisinage de l’extrémité d’une fissure


dans un matériau dont le comportement est élastique et linéaire s’exprime à l’aide des formes
singulières de Sih [52] :

!
K X m (m)
σij = √ fij (θ) + αm r 2 gij (θ) (2.1)
2πr m=0

Les coordonnées (r, θ) sont repérées par rapport à l’extrémité de la fissure (Figure 2.10).
Les fonctions addimentionnelles fij et gij dépendent du mode de sollicitation. gij dépend
76

aussi de l’état de contrainte et de la géométrie du corps fissuré.

Figure 2.10 – Définition des axes (x,y) et des coordonnées (r,θ) au voisinage de l’extrémité
d’une fissure
.

Au voisinage immédiat de l’extrémité de la fissure, les contraintes présentent une singula-



rité en 1/ r, c’est-à-dire que lorsque r → 0 elles tendent vers l’infini. Les termes de degré en
r plus élevé de la relation 2.1 sont alors négligeables. La zone la plus critique est donc située
au voisinage immédiat de l’extrémité de la fissure et on ne considère alors que les termes en

1/ r, autrement dit que les champs de contraintes asymptotiques qui sont de la forme :
K
σij = √ fij (θ) (2.2)
2πr
Ces champs asymptotiques peuvent être décrits à l’aide de l’approche de Westergaard.
Nous avons vu qu’il existe trois façons (appelées modes présentés à la Figure 2.1) d’appliquer
une force, à une éprouvette, pour permettre à une fissure de se propager.
Les modes sont définis et exprimés de la manière suivante et sont illustrés sur la figure 2.1 :
– le mode 1 : c’est celui que l’on appelle mode d’ouverture des fissures, pour lequel les
déplacements aux lèvres de la fissure sont perpendiculaires à la direction de propagation.
On parle de charge normale perpendiculaire au front de fissure. Dans une approche
locale, les champs mécaniques dans la zone singulière (approche 2D), sont définis de la
manière suivante [52, 78] :

!
KI θ θ 3θ
σ11 = √ × cos × 1 − sin × sin (2.3)
2πr 2 2 2

!
KI θ θ 3θ
σ22 = √ × cos × 1 + sin × sin (2.4)
2πr 2 2 2
77

KI θ θ 3θ
σ12 = √ × cos × sin × cos (2.5)
2πr 2 2 2

De même, les champs de déplacement pour ce mode de sollicitation s’écrivent de la


manière suivante [52] :

s " #
KI r θ 3θ
U1 = × × (2χ − 1) × sin − sin (2.6)
4µ 2µ 2 2

s " #
KI r θ 3θ
U2 = × × (2χ + 1) × sin − sin (2.7)
4µ 2µ 2 2

avec :
• KI : facteur d’intensité de contrainte en mode 1 ;
λ
•ν= 2(λ+µ)
: coefficient de Poisson ;
E
•µ= 2(1+ν)
: coefficient de cisaillement de Lame ;
µ(3λ+2µ)
•E= λ+µ
: module de Young ;
νE
•λ= (1−2ν)(1+ν)
: coefficient de Lame.
Le terme χ représente une constante définie, selon que le calcul est effectué en défor-
mations planes ou en contraintes planes, de la façon suivante :
• χ = 3 − 4ν pour les déformations planes ;
3−ν
•χ= 1−ν
pour les contraintes planes.
– le mode 2 : appelé encore mode de cisaillement. Les déplacements aux lèvres de la fissure
sont parallèles à la direction de propagation. On parle de cisaillement perpendiculaire
au front de fissure. Pour ce mode de sollicitation les champs mécaniques dans la zone
singulière (approche 2D) sont exprimés, de la façon qui suit [52, 78] :

!
KII θ θ 3θ
σ11 =− √ × sin × 2 + cos × cos (2.8)
2πr 2 2 2

KII θ θ 3θ
σ22 = √ × sin × cos × cos (2.9)
2πr 2 2 2
78

!
KII θ θ 3θ
σ12 = √ × cos × 1 − sin × sin (2.10)
2 ∗ πr 2 2 2
Les champs de déplacement pour le mode 2 de sollicitation s’écrivent, comme exprimés
dans [52], de la manière suivante :

s " #
KII r θ 3θ
U1 = − × × (2χ + 3) × sin + sin (2.11)
4µ 2µ 2 2

s " #
KII r θ 3θ
U2 = × × (2χ + 3) × sin + sin (2.12)
4µ 2µ 2 2
avec : KII : facteur d’intensité de contrainte en mode 2.

– le mode 3 : celui que l’on désigne par mode hors-plan, pour lequel les déplacements aux
lèvres sont parallèles au front de fissure. Les contraintes données par [52], s’expriment
de la manière suivante :
KIII θ
σ13 = − √ × sin (2.13)
2πr 2

KIII θ
σ23 = √ × cos (2.14)
2πr 2
Le champ de déplacement pour le mode 3 de sollicitation s’écrit dans [52] de la manière
suivante :
s
2KIII r θ
U3 = − × × sin (2.15)
µ 2µ 2
avec : KIII : facteur d’intensité de contrainte en mode 3.

Critère de fissuration

Dans cette partie nous donnons et définissons les différents termes de la formule de la
complaisance à déplacement imposé. Cette formule qui sera utilisée dans les prochains cha-
pitres permet de calculer le taux de restitution d’énergie critique. L’énergie de Griffith notée
G (qu’on appelle le taux de restitution d’énergie) est définie par la variation d’énergie par
79

unité de surface fissurée, associée à la propagation d’une fissure dans un matériau linéaire
élastique. La propagation de fissure va se produire lorsque l’énergie de Griffith G atteindra
une valeur critique notée Gc. Cette valeur Gc est une mesure de la ténacité du matériau.
Dans cette partie nous rappelons les expressions donnant le taux de restitution d’énergie.
Considérons un matériau contenant une fissure de longueur a (Figure 2.11). Une extension
∆a de cette fissure va s’accompagner des variations d’énergies suivantes :

∆Wext = ∆Welast. + ∆U (2.16)

avec :
• ∆Wext la variation d’énergie appliquée (due aux forces extérieures) ;
• ∆Welast. la variation d’énergie élastique (emmagasinée) ;
• ∆U l’énergie dépensée lors de la propagation de la fissure sur la longueur ∆a.
Dans la théorie initiale de Griffith qui s’applique à une rupture fragile, l’énergie ∆U
correspond à l’énergie nécessaire pour créer de nouvelles surfaces dans le matériau (∆U =
∆Wsép avec ∆Wsép l’énergie de séparation des surfaces). L’énergie de Griffith G est rapportée
à l’unité de surface. Elle est définie à partir de ∆U par :

∆U ∂U
G = lim = (2.17)
∆A→0 ∆A ∂A
où ∆A = b∆a est la surface fissurée lors de la propagation de la fissure sur la longueur ∆a
dans une éprouvette d’épaisseur b. On considère généralement une épaisseur unité (b = 1).
L’énergie de Griffith G, rapportée à l’unité d’épaisseur est alors donnée par l’expression
suivante :

∆U ∂U
G = lim = (2.18)
∆a→0 ∆a ∂a
Si l’on note γs l’énergie spécifique de création de surface, on a :

∆U
G= = 2γs (2.19)
∆A
80

L’expression donnant l’énergie de Griffith (G) est donnée par unité de surface fissurée de la
manière suivante :

π(σR )2 a
G= (2.20)
E
La contrainte à la rupture σR est alors donnée d’après les relations (2.19) et (2.20) par :

s s
GE 2Eγs
σR = = (2.21)
πa πa
Si l’on pose : s
2
α=
π
on trouve une expression que l’on appelle contrainte de rupture par clivage notée :

s
Eγs
σR = α
a
.

Figure 2.11 – Propagation de fissure sur une longueur ∆a [9].

Pour bien comprendre la signification de l’énergie de Griffith G ou du taux de restitution


d’énergie, on va envisager à partir d’une configuration initiale, la propagation (dans une
éprouvette d’épaisseur unité) dans les deux cas classiques suivants (Figure 2.12) :
– propagation à déplacement d imposé (Figure 2.12 (c)) ;
– propagation à force F imposée (Figure 2.12 (b)).
81

La méthode qui sera utilisée pour trouver les paramètres de calculs nous donnera l’ouver-
ture et l’avancée de fissure. C’est pour cette raison que seule la propagation à déplacement
imposé sera utilisée lors des calculs dans les prochains chapitres. Nous n’aborderons donc pas
le cas de la propagation à force imposée.
Dans le cas d’une propagation de fissure à déplacement imposé d ; si ∆x = 0, la variation
d’énergie externe sera nulle ( ⇒ ∆Wext = 0), on en déduit alors l’énergie élastique Wélast =
1
2
Fx
soit en introduisant la complaisance (c’est à dire l’inverse de la rigidité) par la relation :

x
C=
F
x2
On en deduit Wélast = 12 CF 2 = 2C
     2
 
∂Welast. ∂Welast. ∂C x ∂C
soit ∆Welast. = ∂a
∆a = ∂C ∂a
∆a = − 2C 2 ∂a
∆a
Ainsi, l’énergie élastique emmagasinée décroit.
Enfin, puisque

∆Wext = 0 = ∆U + ∆Welast ⇒ ∆U = −∆Welast

On en déduit :

!
x2 ∂C
∆U = ∆a
2C 2 ∂a
et comme !
∆U
G = lim
∆a→0 ∆a
il vient : ! !
x2 ∂C F2 ∂C
G= = (2.22)
2C 2 ∂a 2 ∂a d

Dans la relation de l’équation 2.22, à déplacement imposé, l’énergie de Griffith G est une
expression qui provient d’une diminution d’énergie élastique qui a servi à faire propager la
fissure, matérialisée par l’aire hachurée de la Figure 2.13 (a).
La relation de l’équation 2.22 est rapportée à l’unité d’épaisseur. Dans le cas où l’épaisseur
b n’est pas égale à l’unité, il convient de modifier cette relation comme suit :
82

Figure 2.12 – Propagation stable à force imposée ou à déplacement imposé [9].

!
(Fci )2 ∂C
GC = × (2.23)
2b ∂a d

où Fci (i = 1, 2, 3, ...) est la force dite critique qui indique une augmentation ∆a de la longueur
de la fissure a. De façon générale, la complaisance est définie par ∆C = Ui /Fci , où Ui est
l’ouverture de fissure induite par chaque force critique Fci . Dans l’équation 2.23, ∆C est
l’augmentation de la complaisance correspondant à l’augmentation observée de la longueur
de fissure d’une quantité ∆a. L’indice d signifie que le test est effectué avec un déplacement
imposé. C’est cette formule qui sera utilisée pour la suite dans les prochains chapitres.

Figure 2.13 – Variation de la force lors d’une propagation de fissure à force imposée ou à
déplacement imposé [9].

D’une manière concrète, la valeur de G définit un paramètre énergétique global qui rend
compte du changement d’énergie potentielle qui accompagne la propagation d’une fissure
83

dans une structure.


La plupart des éprouvettes de caractérisation des propriétés de rupture sollicitent les
fissures en mode 1. Les méthodes de mesure et de calcul font intervenir le lien entre KI et
G, ce qui conditionne le lien entre KIC et GIC . Cette relation est exprimée de la manière
suivante :
– en contraintes planes :

Kic2
Gic =
E
– en déformations planes :

(1 − ν 2 )Kic2
Gic =
E
Dans les matériaux orthotropes comme le bois, on préfère G à K car lorsque G atteint une
valeur critique Gc, la rupture se produit. C’est ce critère qui a l’avantage de ne pas nécessiter
la connaissance de la répartition des contraintes en fond de fissure.

Nous avons vu les éprouvettes utilisées et rappelé la formule qui nous permet de quantifier
et d’étudier la fissuration des essences choisies au chapitre 1. En plus, parmi les paramètres
permettant d’appliquer cette formule, il y a l’ouverture et la longueur de fissure. Pour ce
faire, nous optons pour l’une des méthodes de mesure de champs, en l’occurrence celle de la
grille qui fait l’objet du paragraphe ci-dessous.

2.4 Méthode de la grille

Pour étudier la fissuration des essences choisies dans tout ce manuscrit, nous avons besoin
de l’ouverture et de l’avancée de fissure. Parmi les méthodes de champs sans contact qui
existent, nous avons opté pour la méthode de la grille. Dans cette partie après avoir rappelé
les principales méthodes de champs qui existent, est rappelé le principe de cette méthode. Il
est aussi expliqué l’origine, disons la provenance éventuelle des erreurs de la méthode.
84

2.4.1 Intérêt des mesures de champs cinématiques

Les techniques de mesure de champs ont connu un essor formidable pendant ces deux
dernières décennies [79], ce qui est dû aux performances toujours croissantes des caméras et
des systèmes de traitement d’images associés, ceci à un coût désormais abordable. L’intérêt
principal de ces techniques est de pouvoir visualiser des champs entiers de déplacements et
de déformations, contrairement aux jauges de déformation électriques qui fournissent des
mesures ponctuelles. Ces mesures de champs entiers permettent ainsi de révéler les hétérogé-
néités qui apparaissent souvent lors de la déformation d’éprouvettes testées sous sollicitations
mécaniques.

Il existe plusieurs techniques de mesures de champs cinématiques sans contact. Les prin-
cipales sont rassemblées dans le Tableau 2.1.

Designation M esures

- suivi des marqueurs

Mesure des déplacements - corrélation d’images

surfaciques - grille

- granularité laser

Mesure des déformations - suivi des marqueurs

surfaciques - corrélation d’images

- grille

Mesure des déplacements - moiré d’ombre

hors-plan - moiré de projection

- interférométrie

Mesure des déplacements et - corrélation d’images 3D

déformations tridimensionnelles

Table 2.1 – Principales méthodes de mesure de champs cinématiques classées en fonction


des grands domaines d’application.
85

Parmi toutes ces techniques, celles qui sont basées sur l’analyse d’images numériques
sont les plus faciles à mettre en œuvre. En effet, une caméra numérique, (ou un appareil
photographique numérique) relié à un ordinateur ainsi qu’un éclairage spécifique constituent
l’équipement de base pour réaliser des mesures. La méthode de corrélation d’images numé-
rique (CIN) est la technique la plus simple à mettre en œuvre et la plus utilisée en mécanique
expérimentale. Elle consiste à suivre un marquage aléatoire de la surface et à déduire des
images correspondantes des champs de déplacements, puis de déformations par lissage et diffé-
rentiation des déplacements. Après les articles fondateurs dédiés à cette technique [80, 81, 82],
de très nombreux articles ont suivi décrivant son utilisation dans divers contextes [83]. On
relève plus particulièrement :

– l’observation de diverses hétérogénéités dans les champs de déformation, par exemple


dues à l’endommagement localisé ou à la plastification de certaines zones d’éprouvettes
testées. Le cas ultime est celui de la fissuration, considérée comme la présence d’une
discontinuité dans un champ de déplacement [83, 84] ;
– au-delà de l’observation d’hétérogénéités, l’identification de paramètres pilotant des lois
de comportement de divers degrés de complexité (élasticité, élasto-plasticité, fissuration,
etc...), ce qui nécessite la mise en place de stratégies d’identification adaptées aux gros
volumes de données à traiter [83, 84].

Les mesures de champs, principalement la CIN, sont aussi utilisées dans l’enseignement des
sciences de l’ingénieur, par exemple pour :

– visualiser des mouvements de corps rigides afin de comprendre la cinématique associée


et construire des centres instantanés de rotation [83, 84] ;
– visualiser les déformations dans des poutres afin de comprendre les hypothèses de la
théorie sous-jacentes et de mieux cerner leur domaine de validité [83, 84].

Une technique voisine de la précédente (au sens où elle est basée sur un suivi d’images du
marquage des surfaces à analyser) est la méthode dite de la grille. Elle consiste à traiter des
images d’un motif périodique (appelé grille) déposé sur la surface à analyser. On considère
que le déplacement induit par la déformation de l’éprouvette entraîne une modulation de la
86

phase de ce signal périodique. Ceci explique que les méthodes d’analyse des images diffèrent
de celles utilisées en CIN puisqu’on emploie dans le cas présent des techniques basées sur
l’analyse de Fourier. On montre que le compromis entre le niveau de bruit dans les cartes
et finesse des détails dans ces cartes est globalement meilleur avec la méthode de la grille
qu’avec la CIN [85]. C’est principalement pour cette raison que la méthode de la grille a été
choisie comme outil de mesure de champs dans ce travail de thèse. En particulier, le calcul
des déplacements et des déformations en chaque pixel permet a priori une caractérisation
fine des fissures en termes d’ouverture et de position de l’extrémité de celle-ci [86], ce qui
est recherché ici. Un autre avantage réside dans le temps de traitement, qui est également
beaucoup plus court avec des images de grilles grâce à l’efficacité des algorithmes basés sur
la transformée de Fourier rapide. En pratique, la détermination du déplacement en quelques
centaines de milliers de points ne requiert que quelques secondes avec un ordinateur récent.
Cette caractéristique est intéressante dans la perspective du traitement de longues séquences
d’images acquises pendant des essais de fissuration. L’inconvénient de cette méthode, par
rapport à la CIN, est le fait qu’il soit plus délicat de marquer les surfaces, la phase de
dépôt de grilles étant notamment plus longue que celle qui consiste à déposer des marquages
aléatoires avec un spray de peinture par exemple. La méthode de la grille est décrite en détails
dans [15]. On en rappelle les principales caractéristiques dans les sections suivantes.

2.4.2 Principe général de la méthode de la grille

La première étape consiste à transférer une grille sur la surface à analyser. La procédure
utilisée ici, proposée initialement dans [87], est expliquée plus en détails au chapitre 3 de
ce manuscrit pour mieux intégrer les spécificités des éprouvettes utilisées. Les grilles ainsi
transférées suivent fidèlement les déplacements et les déformations de la surface à analyser. La
Figure 2.14 montre un détail d’une grille. Il s’agit de deux réseaux de traits perpendiculaires,
chacun ayant un pas de 0,2 mm. Ces réseaux peuvent être considérés comme des porteuses
spatiales dont la phase est modulée par la déformation de la surface sur laquelle ils sont
collés. Pour comprendre le traitement d’une image de grille, on peut considérer que l’intensité
87

lumineuse est modélisée par la fonction suivante s [88] :

A
s(x, y) = (2 + γ.f rng(2πf x + φx (x, y)) + γ.f rng(2πf y + φy (x, y)) (2.24)
2
où :
– A est l’intensité globale moyenne ;
– γ représente le contraste du signal modulé de valeur comprise entre 0 et 1 ;
– f rng est une fonction 2π-périodique qui décrit le profil du trait de grille, d’amplitude
1 et de valeur moyenne 0 ;
– f est la fréquence de la porteuse, définie comme l’inverse du pas p de la grille qui est
la distance inter-ligne ;
– φx (x, y) et φy (x, y) représentent les modulations des phases des porteuses suivant les
axes x et y, respectivement. Ces modulations sont provoquées par le déplacement des
points physiques à cause de la déformation. Dans les vraies grilles, ces modulations
sont également dues à des défauts de grilles. L’effet de ces défauts est en grande partie
éliminé lorsque l’on soustrait les cartes de phases courante et de référence [88, 15],
comme expliqué ci-dessous.

Figure 2.14 – Représentation d’une grille croisée [10].

Les paramètres A et γ sont supposés être constants ici, mais en pratique ils peuvent légè-
rement varier dans les images réelles. Il convient également de mentionner que dans les vraies
88

grilles, l’intensité de l’éclairage le long des lignes sombres est presque constante. La pixelli-
sation entraîne cependant le fait que les points situés aux croisements entre les lignes soient
plus sombres que les points des lignes situées à l’écart de ceux-ci. Avec la formule 2.24, un
léger mouvement de la grille peut être interprété comme un changement des phases Φx et Φy .
On montre que les composantes planes du déplacement sont directement proportionnelles à
ces changements de phases [15]. Une étape importante de la méthode consiste donc à extraire
la phase des images courante et de référence de la grille. Diverses méthodes ont été propo-
sées dans la littérature. On utilise ici la plus simple et la plus efficace d’entre elles nommée
l’Analyse Localisée du Spectre (Localized Spectrum Analysis) dans [15]. Cette méthode est
notée ALS dans la suite du chapitre.

2.4.3 Extraction des phases des images de grilles avec l’ALS

L’ALS consiste d’abord à calculer la transformée de Fourier fenêtrée des images de grilles
de référence et courante. Pour chacune de ces images notée s, cette transformée s’écrit :
Z +∞ Z +∞
scg (x, y, θ) = s(η, ξ)g(x − η, y − ξ)e−2iπf (ηcosθ+ξsinθ )dηdξ (2.25)
−∞ −∞

où g est une fenêtre centrée en chaque pixel de coordonnées x, y, là où scg (x, y, θ) est calculé.
En toute rigueur, la transformée de Fourier fenêtrée est définie comme une fonction de la
position (x, y) des points, mais aussi des fréquences selon x et y. On choisit cependant de ne
conserver ici que la fréquence nominale de la grille dans ce calcul, ce qui accélère considérable-
ment les calculs sans dégrader les performances métrologiques. Concernant la définition de g,
une gaussienne permet d’obtenir le meilleur compromis entre diverses contraintes pratiques,
comme démontré récemment dans [89]. La fonction définissant cette gaussienne est donnée
par l’équation suivante :

x2 + y 2
!

1 2`2
g(x, y) = e (2.26)
2π`2
où ` est l’écart-type de la gaussienne, que l’on peut considérer comme une longueur caracté-
ristique de la méthode.
89

Dans l’Equation 2.25, l’angle θ est égal à 0 ou π/2 selon que l’on analyse le réseau de traits
verticaux pour trouver la phase selon x, ou le réseau de traits horizontaux pour trouver la
phase selon y. On récupère donc au bilan en chaque pixel de coordonnées (x, y) deux nombres
complexes scg (x, y, 0) et scg (x, y, π/2). On admet généralement que les phases selon x et y sont
simplement égales aux arguments de ces deux nombres complexes, respectivement. Ces angles
sont déterminés modulo 2π, ce qui induit des sauts de phases au sein même des cartes de
phases dès que l’amplitude du déplacement dépasse une fois la valeur du pas de la grille. Une
étape dite de dépliement des phases est alors nécessaire pour qu’elles présentent une évolution
qui soit effectivement continue [15]. Le déplacement est finalement déduit des cartes de phases
avec l’équation suivante :

p  cur 
u(x) = − φ (x + u(x)) − φref (x) (2.27)

où φdef est la distribution de phase de l’image de grille déformée et φref la distribution de


phase de référence. On note que les cartes de phases de l’image déformée sont données en des
points physiques différents des points physiques des cartes de phase de l’image de référence.
Le vecteur déplacement recherché u apparaît donc à gauche et à droite de cette égalité. u est
donc la solution d’une équation implicite. La détermination de u s’effectue avec un simple
algorithme du point fixe. On l’initialise en estimant u avec l’Equation 2.27 dans laquelle la
carte de phase déformée est considérée connue aux mêmes points physiques que la carte de
phase de référence. On obtient ainsi une première estimation de u qui est réinjectée dans
la partie droite de l’Equation 2.27. Il s’en suit une estimation itérative de u. En pratique,
l’algorithme converge en une itération seulement. La raison est que la vitesse de convergence
est d’autant plus importante que la dérivée de la fonction inconnue est petite. Comme il
s’agit ici de la dérivée u et que l’on mesure des petites déformations, cette convergence est
quasiment instantanée.
90

2.4.4 Estimation des erreurs de la méthode

On peut donner rapidement quelques informations sur les erreurs de mesure associées à
la méthode de la grille. Ces informations sont extraites de [15], où les performances métrolo-
giques de la méthode de la grille sont discutées en détails. Il convient ainsi de distinguer les
erreurs systématiques et les erreurs aléatoires.
Les sources d’erreurs systématiques sont multiples et certaines sont communes à la mé-
thode de la grille et à la CIN 2D. On peut citer par exemple l’effet du mouvement hors-plan
ou un mauvais parallélisme entre capteur de la caméra et plan observé sur l’éprouvette. L’er-
reur systématique due au traitement des images de grilles est discutée en détails dans [15].
On montre notamment que la distribution de déplacement réelle est "amortie", avec une perte
d’amplitude qui augmente à mesure que la fréquence de la distribution des déplacements aug-
mente. En première approximation, ce phénomène peut être modélisé par une convolution du
champ de déplacement réel par la fenêtre g utilisée dans la transformée de Fourier fenêtrée
définie par l’Equation 2.25, [90]. On a ainsi

ui = uei ? g + ηui , i ∈ (x, y) (2.28)

où le symbole ? représente l’opérateur de convolution entre deux fonctions. ηui est quant à lui
un bruit spatialement corrélé discuté brièvement dans le paragraphe suivant. On trouve un
résultat analogue pour les composantes de déformation planes, comme démontré rigoureuse-
ment dans [90]. Ainsi, pour une carte de déformation comportant n’importe quelle signature
en termes de fréquence et considérant le spectre d’amplitude de sa transformée de Fourier,
cela signifie que l’amortissement est d’autant plus élevé que la fréquence activée dans le
spectre d’amplitude est élevée. Ce phénomène se manifeste par un flou dans les cartes de
déformation. En effet, l’influence des fréquences les plus hautes est presque annulée dans le
spectre d’amplitude. Ce spectre est donc affecté de façon hétérogène par ce phénomène, les
basses fréquences étant les moins touchées. Une conséquence est que l’erreur systématique
change à travers toute carte de déformation hétérogène. Cela signifie également que l’erreur
systématique dépend du signal lui-même. Il faut souligner que le même phénomène se produit
91

avec la CIN, mais le filtre correspondant à cette technique est le filtre de Savitzky-Golay [91].
De plus, d’autres sources d’erreurs systématiques telles que le biais d’interpolation se pro-
duisent avec la CIN et pas avec la méthode de grille. Discuter ces questions est toutefois hors
de la portée de la présente étude. Le lecteur est renvoyé à la Réf. [85] pour plus d’informations
sur l’erreur systématique.
L’erreur aléatoire dans les cartes de déplacement et de déformation est principalement due à
la propagation du bruit du capteur. Le bruit qui en résulte dans les cartes est spatialement
corrélé, ce qui explique que des tâches soient visibles dans les cartes de déformation. Le bruit
dans ces cartes n’est donc pas indépendant d’un pixel à l’autre. La matrice de covariance
de ce bruit spatialement corrélé a été entièrement caractérisée dans [90]. L’écart-type de ce
bruit, qui est la racine carrée des termes diagonaux de cette matrice de covariance, a été
étudié expérimentalement dans [92]. On y démontre que les formule prédictives théoriques
données dans [90] sont bien vérifiées expérimentalement. Dans [92], l’écart type mesuré pour
le bruit dans les cartes de déplacement (ux ou uy ) dû à la propagation du bruit du capteur
est inférieur à un micromètre. L’écart-type pour les composantes de déformation εxx et εyy
se situe généralement entre 3 et 4×10−4 , suivant les conditions d’éclairage. Cet écart-type est

2 fois plus petit que pour εxy . Il faut souligner que comme pour la CIN avec la taille du
subset, le niveau de bruit dans ces cartes diminue avec la méthode de la grille à mesure que
la taille de la fenêtre g utilisé dans l’Equation 2.25 augmente. Des formules analytiques mo-
délisant cette infuence sont disponibles dans [15, 92]. Les valeurs chiffrées données ici doivent
donc être considérées comme des ordres de grandeurs seulement, estimés pour une taille de
fenêtre couramment utilisée avec cette méthode mesure, à savoir lorsque l’écart-type ` de la
gaussienne définie par l’Equation 2.26 est égal à la valeur du pas p de la grille. Ces valeurs de
l’écart-type diminuent naturellement lorsque ` augmente, et cette évolution doit être prédite
de façon fiable par diverses formules établies dans [90, 92].
92

2.5 Conclusion

Le présent chapitre avait pour but de rappeler les origines de la mécanique de la rupture,
et les éprouvettes utilisées par le passé pour l’observation de la progression de fissure. Les
formules de base de la mécanique linéaire de la rupture, notamment celles donnant les facteurs
d’intensités de contraintes et le taux de restitution d’énergie ont été développées. Différentes
méthodes de mesures de champs ont été brièvement rappelées. Une de ces méthodes, celle
qui sera utilisée dans cette étude, la méthode de la grille, a été présentée. La procédure
d’obtention de déplacements et de déformations a été rappelée. La méthodologie du transfert
de la grille et les résultats de l’étude expérimentale en mode 1 seront présentés dans le chapitre
3.
Chapitre 3

Étude de la fissuration en mode 1

3.1 Introduction

Nou avons vu au chapitre 2 que les études dédiées à la fissuration sur les essences tropicales
étaient quasiment inexistantes. Seules les études sur la fissuration des essences tempérées
existent. Elles ont été rappelées au chapitre 2. Dans le présent chapitre, les comportements
de rupture en mode d’ouverture de l’okoumé, de l’iroko et du padouk sont étudiés avec la
méthode de la grille. Les géométries d’éprouvettes CTS et MMCG modifiées sont considérées.
Les détails sur les matériaux et les méthodes utilisés sont donnés dans la partie suivante, qui
décrit le dispositif Arcan, les dispositifs expérimentaux, la méthode de grille et le protocole
expérimental appliqué. La façon dont l’emplacement de la pointe de fissure est déduit des
cartes de déplacement est décrite. Les résultats sont présentés et discutés dans la dernière
partie du chapitre. En particulier, des cartes typiques de déformations et de déplacements
sont représentées. De plus, des courbes typiques force-déplacement sont données. Enfin, on
compare les valeurs des taux de restitution d’énergie critiques obtenues avec la méthode de
la complaisance dans le déplacement imposé pour chaque espèce et on discute de l’influence
de l’épaisseur de l’éprouvette sur les résultats obtenus.

93
94

3.2 Matériaux et méthodes

Cette partie a pour objectif de présenter les matériaux et méthodes utilisés pour la suite de
ce travail. Les trois essences avec lesquelles les éprouvettes bois sont usinées ont été présentées
au chapitre 1.

3.2.1 Éprouvettes bois CTS et MMCG modifiées

Les morceaux de tronc de toutes les essences testées ici ont été préalablement coupés
au Gabon et conservés sous atmosphère équatoriale pendant 1 mois (cf. Figure 3.1). Ils
ont ensuite été expédiés à Aubière, France. Ces pièces ont été conservées à température
ambiante en laboratoire, dans l’environnement qui sera décrit par la suite dans ce manuscrit.
Les éprouvettes ont donc été débitées dans les conditions environnementales du laboratoire.
Dans ce cas, aucun séchage des éprouvettes n’a été observé lors des essais. La teneur en
humidité interne de toutes les essences est donnée dans le Tableau 3.2 a été mesurée juste
avant l’essai.

Figure 3.1 – De l’arbre aux éprouvettes bois.

Les éprouvettes utilisées dans cette partie sont des éprouvettes de forme CTS (Figures 3.2
95

et 3.3) et MMCG (Figures 3.4 et 3.5). Pour la conception de deux éprouvettes bois (CTS et
MMCG modifiée), nous nous sommes inspirés des configurations des éprouvettes issues de la
bibliographie vue au chapitre 2. Les modifications des dimensions opérées pour la conception
de ces deux éprouvettes CTS et MMCG modifiée permettent d’utiliser un même système
de sollicitation Arcan. Les éprouvettes bois ont été conçues avec les trois essences que sont
l’okoumé, l’iroko et le padouk. Les critères de choix ont été exposés au chapitre 1.

Éprouvettes bois CTS

Les dimensions des éprouvettes CTS sont données dans la Figure 3.2. Deux valeurs d’épais-
seur ont été considérées, 12,5 mm et 20 mm, pour voir si ce paramètre influe sur les paramètres
de fissuration. Pour toutes les éprouvettes CTS, une entaille de longueur ai = 25 mm a été
usinée le long de la direction de la fibre (RL) avec une scie à ruban. L’entaille a ensuite été
étendue sur 3 mm environ avec une lame de cutter pour amorcer la fissure. La Figure 3.3
présente un exemple d’éprouvette de bois CTS pour les trois essences étudiées.
Les dimensions de l’éprouvette CTS sont : 105 mm de longueur et 105 mm de largeur.
La fissure initiale se trouve au milieu, de l’un des côtés. De façon à utiliser le même système
Arcan pour les deux éprouvettes (CTS et MMCG), les trous de fixation ont été choisis à
une distance de 85 cm dans le sens de la fissure initiale. Dans le sens perpendiculaire à cette
fissure initiale ces trous de fixation sont distants de 54,5 mm. Les trous de fixation ont un
diamètre de φ = 10 mm.

Éprouvette MMCG modifiée

La première version de l’éprouvette MMCG a été mise au point par Moutou Pitti [66].
Par rapport à la version initiale de l’éprouvette MMCG, la taille des éprouvettes testées
ici est légèrement plus petite. La principale raison est que le même dispositif d’ancrage est
utilisé pour les éprouvettes CTS et MMCG, ce qui limite la taille des éprouvettes MMCG
(Figure 3.4). Deux épaisseurs ont été considérées dans ce chapitre b= 15 mm et 20 mm.
D’une inertie très variable, les caractéristiques de l’éprouvette MMCG sont présentées sur
96

Figure 3.2 – Dimensions de l’éprouvette CTS (en mm).

(a) Okoumé (b) Iroko (c) Padouk

Figure 3.3 – Exemples d’éprouvettes CTS.

les Figures 3.4 à 3.6 Le talon supérieur a une base de 70 mm et de largeur 20 mm. Il est
légèrement incliné vers la partie inférieure d’un angle de rayon égale 2,50 qui mène jusqu’au
congé de raccordement. Le talon inférieur a quant à lui une section de 70x20 mm2 . Cette
éprouvette a été munie d’une fissure initiale notée ai de longueur ai = 22 mm. La longueur de
fissure totale est égale à : a = ai + ∆a pour les spécimens MMCG quelle que soit l’épaisseur.
Les dimensions de cette éprouvette sont données à la figure 3.4.

L’avantage de l’éprouvette MMCG est que la fissure se propage de manière stable après
son apparition. Au contraire, les éprouvettes CTS sont généralement caractérisées par la pro-
pagation instantanée de la fissure après l’apparition de la fissure, ce qui rend le phénomène
instable. Une stabilité apparente de la fissure est cependant observée si l’épaisseur de l’éprou-
97

vette CTS devient significative. L’avantage de l’éprouvette MMCG est également d’obtenir
une diminution du taux de restitution d’énergie lors de la croissance des fissures. Dans ce cas,
si le matériau est viscoélastique, on peut facilement séparer les effets dépendant du temps
et les paramètres de fissuration afin de connaître l’impact réel du temps sur la rupture du
matériau.

Figure 3.4 – Dimensions de l’éprouvette MMCG modifiée (en mm).

(a) Okoumé (b) Iroko (c) Padouk

Figure 3.5 – Éprouvettes typiques MMCG des trois essences : Okoumé, Iroko et Padouk.

Le tableau 3.1 indique les notations associées et le nom des éprouvettes testées dans ce
chapitre.
Plusieurs essais ont été effectués mais ils n’ont pas tous été exploitables. Six éprouvettes
CTS ont été testées. Pour les éprouvettes MMCG, nous ne rapportons ici que les essais pour
lesquels la propagation des fissures a pu être observée et quantifiée, ce qui explique que le
98

Eprouvettes bois Aucoumea klaineana Milicia excelsa Pterocarpus soyauxii

(Okoumé) (Iroko) (Padouk)

O12,5 I12,5 P12,5


Éprouvettes CTS testées
O20 I20 P20

O1M15 I1M15 P1M15

O2M15 I2M15 P2M15

Éprouvettes MMCG testées O1M20 I3M15 P3M15

O2M20 I4M15 P1M20

O3M20 I1M20 P2M20

Avec : O = Okume ; I = Iroko ; P = Padouk ;

1,2,3,..= Numéro d’essai pour l’éprouvette MMCG ; M = MMCG ; 12,5, 15 et 20 = Épaisseurs des éprouvettes

Table 3.1 – Notations utilisées dans ce chapitre.

pourcentage des éprouvettes présentant une épaisseur de 15 mm et 20 mm varie d’une espèce


à l’autre (cf. Fissure 3.1).

La Figure 3.6 montre des exemples typiques d’éprouvettes testées. Des rondelles en alu-
minium ont été collées au niveau des trous de fixation pour renforcer ces zones, limitant ainsi
le risque de rupture précoce des éprouvettes dans la zone de connexion. La partie supérieure
des éprouvettes a été renforcée par de petites plaques en aluminium pour la même raison.
Un adhésif époxy a été utilisé pour coller les rondelles et les petites plaques. Afin de détermi-
ner les champs de déplacement et de déformation, une grille a été transférée à la surface de
chaque éprouvette. Selon l’espèce et l’éprouvette, l’orientation des fibres est très peu visible
à l’œil nu. On peut observer une certaine inclinaison par rapport à l’orientation théorique de
la fibre dont le fil devrait être droit quand tous les éléments sont parallèles et orientés suivant
l’axe de l’arbre.
99

Figure 3.6 – Exemples typiques d’éprouvettes MMCG équipées de grilles.

3.2.2 Propriétés physiques et mécaniques des essences étudiées

Les principales propriétés mécaniques de ces trois essences sont rassemblées dans le Ta-
bleau 3.1. Ces valeurs sont extraites de la base des données du CIRAD [13] et sont obtenues
pour une teneur en humidité relative de HR = 12%.

L’humidité interne (HI) de chaque essence est obtenue en utilisant la formule suivante :

mS − m0
HI(%) = × 100% (3.1)
m0

où mS est la masse originale de l’éprouvette et m0 le poids séché au four. Les éprouvettes


ont donc d’abord été pesées pour obtenir la masse sèche notée mS (ou masse anhydre). Ces
valeurs ont été obtenues à température ambiante, T = 210 C ± 20 C, et un taux d’humidité
relative (HR) = 42% ± 2%. Les autres propriétés mécaniques sont issues de [13]. Elles ont
été obtenues pour une température de T = 220 C et une humidité relative HR = 12%
(Table 3.1). Les éprouvettes ont été ensuite placées dans un four à une température de
100

1100 C pour déterminer la masse sèche. La température normalisée est de 1030 C [93], mais
une température entre 1000 C et 1300 C est souvent utilisée dans la pratique. La température
que nous avons utilisée ici se situe dans cette fourchette. Les éprouvettes sont restées dans
le four jusqu’à ce que la masse soit complètement stabilisée soit au bout de 4 jours. Les
éprouvettes ont été pesées, trois fois par jour pour vérifier si leur masse était bien stabilisée.
Les valeurs ont également été mesurées avec un humidimètre et les résultats obtenus avec ce
dispositif sont similaires à ceux obtenus avec l’équation 3.1.

Eprouvette Aucoumea klaineana Milicia excelsa Pterocarpus soyauxii

bois ou Okoumé (SD) ou Iroko (SD) ou Padouk (SD)

Densité relative moyenne 0,44 (0,06) 0,64 (0,06) 0,79 (0,09)

MEL (MPa) 9690 (1231) 12840 (2496) 15870 (1885)

HI (%) 9,12 7,94 7,29

CRC (MPa) 36 (5) 54 (6) 65 (8)

CRFS (MPa) 62 (11) 87 (15) 116 (24)

Table 3.2 – Caractéristiques mécaniques. MEL : module d’élasticité longitudinal, HI : teneur


en humidité interne du matériau, CRC : contrainte de rupture en compression, CRFS :
contrainte de rupture en flexion statique, SD : écart-type.

Dans le tableau 3.1, on peut observer que l’humidité interne des éprouvettes diminue à
mesure que la densité augmente, ce qui semble logique.

3.2.3 Fabrication du système Arcan

Pour réaliser les essais, un système Arcan en acier a été conçu, les caractéristiques et la
géométrie sont présentées figures 3.7. Sa forme laisse entrevoir un vide au milieu de sorte que
la grille collée sur les éprouvettes soit visible et adaptée à tous les modes de sollicitations, y
compris le mode mixte avec ses différents angles de sollicitations voir Figure 3.7. Ce dispositif
a été conçu de façon à être utilisé pour réaliser les essais sur des éprouvettes CTS, en mode
101

d’ouverture (mode 1) et des éprouvettes MMCG, en mode 1 et en mode mixte.

Figure 3.7 – Dimensions du système de fixation Arcan (en mm).

Figure 3.8 – Eprouvette MMCG dans le système de fixation Arcan.

Les figures 3.7 et 3.8 montrent le dispositif d’essai Arcan conçu et usiné spécifiquement
pour cette étude. Il est fait en acier à haute résistance à la traction (HLE), dont les principales
caractéristiques sont données dans [94]. Les trous de fixation pour les éprouvettes en bois ont
102

un diamètre φ = 4 mm, et les trous d’introduction du chargement (voir Figure 3.8) un dia-
mètre φ = 7 mm. Ces trous de fixation ont été percés afin de pouvoir charger l’éprouvette avec
différentes valeurs angulaires de l’angle α (avec α = 00 , 150 , 300 , 450 , 600 , 750 et 900 ) par
rapport à la direction verticale afin d’activer des modes de rupture. Pour plus d’informations
sur l’acier utilisé voir l’annexe B.

3.2.4 Mesure de déplacement et de déformation à l’aide de la mé-


thode de grille

Le procédé de grille est utilisé ici pour mesurer le champ de déplacement dans le plan sur la
face avant de l’éprouvette afin de détecter et de suivre la longueur de fissure et son ouverture
pendant les essais. Cette technique consiste à traiter les images d’une grille transférée sur
l’éprouvette avant l’essai afin de déterminer les cartes de déplacement et de déformation [15].
Une grille bidirectionnelle ayant un pas de 0,2 mm est imprimée avec une imprimante haute
résolution (50 800 points par pouce) sur une mince feuille polymère. Cette feuille est ensuite
collée sur l’éprouvette à l’aide d’une fine couche adhésive blanche (référence : Epotecny E504).
Après polymérisation de la couche adhésive, la feuille polymère est décollée et seule l’encre
reste collée sur la couche adhésive blanche. L’épaisseur finale de cette couche est typiquement
égale à quelques dixièmes de mm. On peut donc raisonnablement supposer que la grille reflète
parfaitement la déformation de la surface de l’éprouvette sans influencer les composantes
réelles de déplacement et de déformation qui se produisent dans l’éprouvette lui-même. Des
détails complets sur la procédure de transfert de la grille sont donnés dans [87]. Les images
des grilles transférées sont ensuite prises avec une caméra pendant le test. La caméra PCO
2000 utilisée dans cette étude possède un capteur CCD 14 bits / 2048 × 2048 -pixel (CCD =
Charged Coupled Device). Il est équipé d’un objectif de 105 mm. Le grossissement (et donc la
distance d entre le plan focal de la caméra et les éprouvettes) a été ajusté de telle sorte que la
période de grille a été échantillonnée avec 5 pixels. Cela conduit à d = 67 cm. Avec ce réglage,
la fissure et une partie de l’éprouvette qui contient la fissure à l’étude, étaient dans tous les cas
dans le champ de vision de la caméra. La caméra a enregistré environ 1, 83 images / seconde
103

pendant les essais. On a vérifié qu’avec cette configuration et avec la vitesse de déplacement
prescrite égale à 0,033 mm/s, une moyenne de 8 images prises à la suite pourrait être traitée
sans induire un flou des images de grille. Cette procédure de moyenne peut être réalisée à
des fins de réduction du bruit, comme étudié dans [95]. Certains événements dynamiques
tels que la propagation soudaine des fissures apparaissent au cours des essais et la meilleure
résolution temporelle possible est nécessaire pour capturer de tels événements entre deux
images consécutives. Finalement toutes ces images de grille ont été traitées après l’essai en
utilisant un programme développé au laboratoire. Des détails complets sur cette technique de
traitement d’image de grille sont donnés dans [15], et des versions récentes des programmes
correspondants sont disponibles en ligne [96]. La figure 3.9 présente un exemple de la grille,
mais aussi deux éprouvettes CTS et MMCG sur lesquelles est transférée une grille.

Figure 3.9 – Exemple de grilles transférées sur les éprouvettes CTS et MMCG [11].

Matériel utilisé pour le collage de grille

Il est nécessaire avant toute procédure de transfert d’avoir le matériel suivant : des ciseaux,
un rouleau de scotch, une tige en bois ou un coton tige, un pot pour mélanger et homogénéiser
les colles, la grille et les deux composants de colles : un composant A (résine de couleur
blanche), un composant B (durcisseur de couleur jaune), voir Figure 3.10.
104

Figure 3.10 – Balance et composants utilisés


.

Procédure de collage

Une fois les grilles découpées la phase de transfert peut commencer. Après avoir ôté
toute trace de poussière en surface de l’éprouvette, la grille est transférée sur l’éprouvette
en chassant l’air qui risque d’empêcher son bon transfert. Cette opération terminée, il est
procédé à la polymérisation de la colle dans une étuve chauffée à 380 C pendant 48 heures. A
la sortie de cette enceinte thermique, et de façon à permettre la séparation des deux parties de
la grille, les éprouvettes sont introduites dans une autre enceinte thermique à 800 C pendant
20 minutes, voir Figure 3.11. Ce n’est qu’après ces 20 minutes que nous pouvons enlever le
film transparent qui servait de support à l’encre de la grille.

Figure 3.11 – Les deux étuves utilisées


.
105

3.2.5 Dispositif et protocole expérimental

Une machine de traction compression Zwick / Roel, de capacité 200 kN , représentée dans
la Figure 3.12 a été utilisée pour effectuer les tests. La caméra et le dispositif Arcan décrits
ci-dessus sont clairement visibles sur cette figure. La caméra a été fixée sur un trépied afin
de photographier des images de grille stabilisées pendant les essais. Le dispositif miniature
en acier Arcan utilisé pour charger les éprouvettes est également visible. Le mors mobile de
la machine d’essai, est contrôlé en déplacements imposés. Il est équipé d’un capteur de force.
L’information combinée avec le déplacement vertical Uy obtenu par la méthode de grille a
donné les courbes force-ouverture de la fissure pour chaque essai.

Figure 3.12 – Montage expérimental.

3.2.6 Méthode de la complaisance

Dans cette étude, la valeur du taux de restitution d’énergie critique des trois espèces a été
calculée en utilisant la méthode de la complaisance. La formule donnant ce taux est donnée
par la relation :
!
(F ci )2 ∆C
GC = × (3.2)
2b ∆a d

Les différents termes de l’équation 3.2 ont déjà été définis au chapitre 2. Pour les éprouvettes
MMCG, la propagation de la fissure est progressive. Nous traitons les incréments ∆C et ∆a
106

entre deux configurations stables de la fissure. La figure 3.13 montre une courbe typique de
force en fonction de l’ouverture de fissure dans laquelle des chutes de force soudaines sont
clairement visibles. Les pics et baisses brusques de force ne sont cependant pas vraiment
observables en pratique à l’œil nu, ils sont détectés automatiquement par un programme
développé dans le laboratoire. La force critique est cette force qui apparait juste avant la
chute brutale de l’effort. L’augmentation de la longueur de fissure correspondante est déduite
des cartes de déplacement.

Figure 3.13 – Courbe de forces critiques en fonction de l’ouverture de fissure.

3.3 Méthode de détection de l’ouverture de fissure et

de l’emplacement de la pointe de fissure dans le

champ de déplacement

3.3.1 Ouverture de fissure

L’ouverture de fissure U que l’on retrouve dans l’équation 3.2 est déduite des cartes de
déplacement en utilisant la procédure suivante. Deux points A et B situés de part et d’autre
107

des lèvres de la fissure sont choisis (Figure 3.14). Ces points sont suffisamment éloignés de
la fissure elle-même pour être certain que la détermination du déplacement de ces points
ne soit pas altérée par la présence de la singularité dans le champ de déplacement due à la
fissure. Ces points doivent cependant être suffisamment proches de la fissure, de sorte que
la différence entre le déplacement vertical mesuré en ces points peut être considérée comme
correspondant à l’ouverture de fissure le long de la ligne verticale définie par ces points. En
pratique, une distance supérieure à la moitié de la largeur de la fenêtre de la transformée de
Fourier fenêtre utilisée dans l’équation 3.2 est suffisante. Cette fenêtre utilisée dans le logiciel
interne qui permet de déterminer les champs de déplacement et de déformation étant une
Gaussienne avec un écart type égal à 5 pixels, cela signifie que selon la règle dite des 3σ [97],
la valeur 5 × 3 = 15 Pixels est la distance minimale entre chaque point de la fissure qui doit
être utilisée. La fissure est située entre ces deux points, mais son emplacement peut fluctuer
d’une éprouvette à l’autre. Par conséquent, la distance entre A et B a été choisie égale à
90 pixels pour avoir une marge de sécurité suffisante. L’objectif de ce choix est de prévoir une
éventuelle bifurcation de fissure. Ensuite, l’ouverture de fissure est obtenue par la relation
|Uy (A) − Uy (B)|.

Figure 3.14 – Points A et B utilisés pour déterminer l’ouverture de fissure Uy .


108

3.3.2 Emplacement de la pointe de fissure

L’emplacement de la pointe de fissure doit être précisément estimé, la propagation de


la fissure étant impliquée dans l’équation 3.2 ci-dessus. Il est important de mentionner que
l’emplacement précis de la pointe de fissure ne peut pas être directement estimé en étudiant
le champ de déplacement à l’œil nu. La raison principale est que le champ de déplacement
renvoyé par le programme de traitement des images de grille est légèrement flou. En effet, il
est démontré dans [90] que le déplacement mesuré est égal au déplacement réel convolué par
la fenêtre de la transformée de Fourrier fenêtrée. La convolution induit un léger flou des cartes
de déplacement, et la pointe de fissure n’est donc pas clairement visible. Dans ce contexte,
l’emplacement de la pointe de fissure a été déterminé en utilisant la même procédure pour
toutes les cartes de déplacement. Ses principales étapes sont les suivantes :

– une zone rectangulaire censée contenir la pointe de fissure est d’abord définie à la main ;
– le gradient du champ de déplacement le long de la direction verticale y, autrement dit
la valeur apparente pour εyy , est estimée par différenciation numérique du champ de
déplacement dans cette zone ;
– la valeur apparente pour εyy devrait tendre vers l’infini pour les points des cartes ap-
partenant à la fissure, mais la valeur apparente retournée par la différenciation d’image
de la carte de déplacement est finie, avec une valeur qui diminue à l’approche de la
pointe de fissure. Une valeur de seuil pour la valeur apparente de εyy est donc fixée et
les coordonnées de la pointe de fissure sont définies par les coordonnées du point situé
le plus près possible (la fissure se propage de gauche à droite) et pour laquelle cette
valeur de seuil est atteinte.

La valeur de seuil pour εyy a été choisie égale à 0, 10. Une valeur pour laquelle l’avancée
de fissure est presque identifiable sur toutes les images. Ce choix pourrait affecter le résultat,
aussi d’autres valeurs proches de 0, 10 ont également été testées pour voir si les coordonnées
de la pointe de fissure sont vraiment sensibles à ce paramètre. La figure 3.15 montre la
coordonnée de la pointe de fissure obtenue pour trois valeurs de ce seuil, soit 0, 08, 0, 10 et
0, 12. Une éprouvette de padouk (P 32M 20) est utilisée à cette fin.
109

Figure 3.15 – Abscisse de la pointe de fissure obtenue pour trois valeurs de seuil différentes
de εyy .

On peut conclure que le fait de changer cette valeur autour de 0, 10 n’influence pas les
résultats, ce qui signifie que ce choix pour le seuil peut être considéré comme fiable. La Fi-
gure 3.16 montre un nuage de points montrant l’emplacement de la pointe de fissure pour
un ensemble d’images prises lors d’un essai sur une éprouvette du padouk. Ces coordonnées
sont obtenues avec la méthode de détection décrite ci-dessus. Il est clair que sur cette figure,

Figure 3.16 – Emplacement de la pointe de fissure.

la fissure se propage pas à pas, puisque certains «vides» sont visibles le long de la direction
x entre l’abscisse de deux emplacements consécutifs de la pointe de fissure, voir par exemple
entre x = 500 et x = 530 pixels. ∆a dans l’équation 3.2 est obtenue en soustrayant directe-
ment l’abscisse de deux points consécutifs en cas de chute de force, entrainant la propagation
de fissure, la variation de position selon la verticale étant négligeable.
110

3.4 Résultats et discussion

Dans cette partie, nous présentons et analysons les cartes de déplacements et de déforma-
tions obtenues avec la méthode de la grille. Ensuite, la courbe force en fonction de l’ouverture
de fissure est présentée. Les évolutions des courbes de la longueur de fissure le long de l’axe
des x sont obtenues en fonction de la charge. Enfin, les taux de restitution d’énergie pour les
éprouvettes CTS et MMCG sont calculés et analysés pour les trois espèces de bois.

3.4.1 Cartes de déplacement et de déformation.

Un déplacement vertical typique (Uy ) et les cartes de déformations (εyy ) obtenus avec
la méthode de grille pour les éprouvettes CTS et MMCG sont reportés sur les Figures 3.17
et 3.18. Les cartes de déplacement sont utilisées pour déterminer l’ouverture des fissures
pendant le test et les cartes de déformations permettent de localiser au mieux la position de
la pointe de fissure. La méthodologie a été présentée dans la section précédente.

Pour le cas de fissuration statique CTS : les cartes de déplacements et de déformations


sont présentées. Un exemple est donné dans la Figure 3.17 avec deux essences, l’okoumé et le
padouk, testées avec des épaisseurs de 12,5 mm et 20 mm. Nous pouvons voir l’évolution de la
fissure sur ces différentes cartes, voir la figure 3.17 (b). Le but est ici d’utiliser ces cartes pour
déterminer l’ouverture et la longueur de la fissure pour chaque image tout le long de l’essai
quelle que soit la configuration : fissures instantanées (cas d’éprouvettes d’une épaisseur de
12,5 mm) ou avec propagation de fissures (cas d’éprouvettes d’épaisseur 20 mm).

Pour les éprouvettes MMCG avec propagation de fissures, les cartes de déplacements et
de déformations sont présentées dans la figure 3.18. Ces cartes de déplacements et de défor-
mations montrent l’évolution de la fissure pour différents éprouvettes. Nous avons remarqué
au cours des essais que les fissures tendent à se propager selon l’orientation et l’inclinaison
des fibres. Dans la figure 3.18 (a) pour l’éprouvette P 1M 15, nous avons noté une petite in-
clinaison d’environ 5 degrés des fibres. Cela explique certainement l’orientation de la fissure
que nous voyons. Les éprouvettes ont été testées suivant le plan RL. Dans la pratique, le
111

Figure 3.17 – Exemple de cartes de déplacement (a) et de cartes de déformation (b) pour
les essences d’okoumé (O) et de padouk (P) avec des éprouvettes CTS de deux épaisseurs
(12,5 et 20 mm).

chemin de la fissure n’est pas rectiligne. Le chemin suivi par la fissure pour les systèmes RL
et TL reste cependant toujours parallèle au grain [98].

Les fissures sont clairement visibles sur les Figures 3.17 (a) et 3.18 (a) car elles corres-
pondent à des discontinuités dans les cartes de déplacement vertical. La valeur du déplace-
ment est négative car la mâchoire supérieure se déplace dans la direction opposée de l’axe
des y qui est descendant. Les valeurs des déformations présentées dans les Figures 3.17 (b)
et 3.18 (b) sont globalement nulles ou proches de zéro, sauf dans le voisinage de la fissure,
pour lesquelles des valeurs élevées en valeur absolue sont observées. Il faut rappeler dans
ce cas de fort gradient, que ces valeurs mesurées sont les valeurs réelles convoluées par la
fenêtre de la transformée de Fourier fenêtrée. Par conséquent ces valeurs représentent des
valeurs moyennées spacialement avec un poids qui est la fenêtre gaussienne. Les cartes ty-
piques montrées dans les Figures 3.17 (b) et 3.18 (b) permettent de mettre en évidence une
caractéristique intéressante : pour les éprouvettes CTS (O12, 5) et MMCG (O1M 15) par
112

exemple, la propagation des fissures est entraînée par la tension transversale à l’avant de la
pointe de fissure, où la concentration de déformation se produit. Ce résultat est également
visible pour les spécimens CTS P 12, 5 et P 20 sur les cartes de déformations correspondantes
montrant la pointe de fissure.

Figure 3.18 – Exemple de cartes de déplacement (a) et de cartes de déformation (b) pour
les essences d’okoumé (O) et de padouk (P) avec des éprouvettes MMCG de deux épaisseurs
(15 et 20 mm).

3.4.2 Courbes force - ouverture de fissure.

Les courbes globales d’ouverture de fissure sont présentées sur la Figure 3.20 pour les
éprouvettes CTS, et sur les Figures 3.21 à 3.23 pour les éprouvettes MMCG. L’ouverture
de fissure (déplacement des deux lèvres de la fissure) est directement obtenue à partir des
cartes de déplacement, suivant la méthodologie présentée dans la section 3.3. Le déplacement
des mâchoires mobiles n’est pas utilisé ici parce qu’il est plus élevé que celui obtenu avec la
machine en raison des jeux au niveau des mors. La Figure 3.19 montre la différence entre
113

le déplacement de traverse et le déplacement obtenu avec la grille (exemple de l’éprouvette


I1 M 15).

Figure 3.19 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure montrant la différence


entre le déplacement de traverse et le déplacement obtenu avec la grille.

Le Tableau 3.3 présente les forces de chargement au moment de la rupture ainsi que l’ou-
verture de fissure maximale correspondante pour ces deux épaisseurs et pour les trois espèces
de bois. L’influence de l’épaisseur sur la valeur de chargement à la rupture est clairement
visible. En effet, la valeur de chargement à la rupture est plus petite pour les éprouvettes
fines (b = 12, 5 mm) que pour les plus épaisses (b = 20 mm). L’ouverture maximale de
fissure dépend également de l’épaisseur de l’éprouvette, mais son influence est moins sensible
comparée à celle obtenue avec le chargement à la rupture. Pour les éprouvettes P 20 et O20,
l’ouverture des fissures évolue progressivement, et plusieurs forces critiques Fc sont directe-
ment obtenues à partir des courbes force - ouverture de la fissure. Ce constat traduit l’effet
de l’épaisseur sur le comportement à la fissuration de ces essences.
Le tableau 3.3 montre les différentes les forces à la rupture et les ouvertures de fissures
correspondantes des éprouvettes CTS. Malgré la forte hétérogénéité des essences, les valeurs
de forces à la rupture ici sont proportionnelles à la densité ou encore à l’épaisseur. Nous
pouvons voir que les forces sont plus élevées pour les deux essences les plus denses. Pour le
114

Figure 3.20 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes CTS.

Epaisseur : 12,5 mm Epaisseur : 20 mm

Force à la rupture Ouverture de fissure Force à la rupture Ouverture de fissure

(N ) Maximale (µm) (N ) Maximale (µm)

okoumé 141 30 1520 90

iroko 375 19 1991 19

padouk 568 20 1950 280

Table 3.3 – Valeur de la force à la rupture et ouverture de fissure correspondante pour les
éprouvettes CTS.

passage de l’épaisseur 12,5 mm à 20 mm nous constatons une augmentation de ces forces


à la rupture. Le Tableau 3.3 montre que les valeurs à la rupture sont plus élevées pour le
padouk que l’iroko et davantage que l’okoumé, sauf pour l’épaisseur de 20 mm pour laquelle
les forces à la rupture d’iroko et du padouk sont quasi identiques.

Les Figures 3.21 à 3.23 présentent les différentes courbes de force en fonction de l’ouverture
des trois essences respectivement pour l’okoumé, l’iroko et le padouk. Ici les valeurs maximales
115

des forces varient fortement d’une éprouvette à l’autre pour la même espèce et pour la même
épaisseur. Cependant, les charges à la rupture des éprouvettes d’épaisseur 20 mm semblent
plus élevées qu’avec les éprouvettes d’épaisseur 15 mm, à deux exceptions près.

Figure 3.21 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG d’okoumé et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm).
116

Figure 3.22 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG d’Iroko et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm).

Figure 3.23 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG Padouk et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm).
117

3.4.3 Courbe force - longueur de fissure

Eprouvette CTS

La Figure 3.24 présente les courbes de longueur de fissure en fonction de la force de


l’okoumé et du padouk. Pour les éprouvettes CTS de 12,5 mm d’épaisseur, une rupture
soudaine correspondant à une chute soudaine de la charge est observée. Aucune propagation
de fissure n’est observée avant la rupture de l’éprouvette. En revanche, il y a une évolution de
la fissure après la rupture. Ce résultat est dû au pontage des fibres et les valeurs obtenues sont
sans intérêt donc ne peuvent pas être considérées pour le calcul de Gc . En effet, le pontage
des fibres a lieu après la rupture des éprouvettes.

Figure 3.24 – Exemple de longueur de fissure en fonction de la force pour deux éprouvettes
CTS (épaisseur 20 mm).

Le schéma de propagation des fissures est différent pour l’éprouvette CTS de 20 mm


d’épaisseur, plus particulièrement pour les éprouvettes d’okoumé et du padouk. La Figure 3.24,
présente l’évolution de la longueur de fissure en fonction de la force de deux éprouvettes. La
118

longueur de fissure augmente légèrement jusqu’à une valeur de charge de 1520 N et 1950 N
pour les éprouvettes d’okoumé et du padouk, respectivement. Ensuite, la longueur de fissure
augmente soudainement, ce qui entraîne la rupture de l’éprouvette. Aucune propagation de la
fissure n’est observée pour l’éprouvette CTS de 20 mm d’épaisseur concernant l’éprouvette
d’iroko. La fissure s’est développée hors de la grille, dans la zone de liaison et les trous à
travers lesquels la charge a été appliquée. Cela est certainement dû à la fragilité de cette
essence. L’annexe A1 montre les éprouvettes cassées au niveau de congés de raccordements.

Éprouvette MMCG

La figure 3.25 montre un exemple de l’évolution de la force en fonction de la longueur de


fissure pour les trois essences pour les éprouvettes MMCG et les deux épaisseurs 15 et 20 mm.
∆a est l’incrément de longueur de fissure. La longueur de fissure augmente graduellement
et continuellement contrairement à ce qui se passe avec les éprouvettes CTS, pour lesquelles
la fissure de l’éprouvette se propage soudainement et entraîne la rupture brutale, du moins
pour les éprouvettes CTS à faible épaisseur. Pour les autres, les éprouvettes CTS à forte
épaisseur et les éprouvettes MMCG, l’évolution de fissure est constatée et significative avant
la rupture. En effet, pour les CTS à 20 mm, l’augmentation d’épaisseur est la raison de la
propagation de fissure. En ce qui concerne les éprouvettes MMCG c’est la conception de
sa forme qui permet la propagation stable de la fissure. En effet, avec cette éprouvette les
fissures progressent lentement jusqu’à la rupture qui intervient lorsque la force est maximale
sur l’axe des x. Cette augmentation de longueur de fissure va d’ailleurs au-delà de la rupture.
Si nous prenons par exemple l’éprouvette O1 M 15, nous constatons que la rupture intervient
pour une valeur de la force égale à 383 N pour une longueur équivalente de 18 mm. Nous
pouvons aussi voir qu’au-delà de cette valeur à la rupture la force va commencer à décroitre
et la longueur de fissure va continuer à augmenter jusqu’à atteindre une valeur d’environ 53
mm.
119

Figure 3.25 – Exemple de courbe longueur de fissure en fonction de la force pour les trois
essences MMCG (épaisseur : 15 mm et 20 mm).

3.4.4 Taux de restitution d’énergie critique

Dans cette section, la valeur du taux de restitution d’énergie critique Gc obtenu à la fois
avec les éprouvettes CTS et MMCG est calculée et l’influence de l’épaisseur des éprouvettes
est mise en évidence.

La figure 3.26 présente Gc en fonction de la longueur de fissure a calculée avec la mé-


thode (de la complaisance) pour les éprouvettes CTS, pour les trois essences bois et les deux
épaisseurs. Pour les éprouvettes de 12,5 mm d’épaisseur, une seule valeur de Gc est calculée
car aucune propagation de fissure n’a été observée. Il s’agit ici de la valeur à la rupture.
Les valeurs obtenues sont égales à 5 J/m2 , 10 J/m2 et 18 J/m2 pour les essences d’okoumé,
d’iroko et du padouk, respectivement. Il convient de souligner que la valeur Gc est directe-
ment liée à la densité moyenne donnée dans le Tableau 3.1. En effet, Gc augmente quasiment
proportionnellement à la densité de l’espèce.
120

Figure 3.26 – Taux de restitution d’énergie critique d’okoumé (O), de l’iroko (I) et du
padouk (P) (épaisseur 12,5 mm et 20 mm) pour les éprouvettes CTS.

Pour les éprouvettes d’épaisseurs 20 mm présentant une propagation de fissures (pour


les éprouvettes O20 et P 20), le taux initial de restitution d’énergie critique Gic induisant le
début de la propagation de fissure est égal à 3 J/m2 pour l’okoumé et 282 J/m2 pour le
padouk. D’une façon globale, Gc est beaucoup plus élevé pour le padouk que pour l’okoumé.
Cela signifie que la quantité d’énergie nécessaire pour induire l’initiation des fissures et la
propagation de celle-ci est plus élevée pour le padouk que pour l’okoumé. En ce qui concerne
les éprouvettes de 12, 5 mm d’épaisseur, ce résultat est cohérent avec la densité des essences
tropicales étudiées ici. Enfin, le taux maximal de restitution d’énergie critique Gmc est éga-
lement corrélé à l’ouverture des fissures obtenue juste avant la rupture des éprouvettes O20
121

et P 20. En effet, les valeurs obtenues sont égales à 4,3 mm et 12,4 mm, pour les éprouvettes
d’okoumé et de padouk, respectivement (Figure 3.24). Aucune propagation de fissure n’est
observée pour les éprouvettes I20 en iroko. Ce constat est justifié du fait que cette essence
est très fragile et la rupture dans la plupart des cas a eu lieu au niveau des congés et de trous
de sollicitations. Une seule valeur de Gc , à la rupture, a pu être obtenue dans ce cas.

Les résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG sont maintenant présentés pour les
trois essences bois et pour les deux épaisseurs. La Figure 3.27 montre G en fonction de la
longueur de fissure pour l’okoumé. Les valeurs minimales du taux de restitution d’énergie
(Gic ), i.e. valeurs obtenues en début de propagation de fissure, et les valeurs maximales du
taux de restitution d’énergie à la rupture (Gmc ), i.e. valeurs obtenues à la rupture, des diffé-
rentes éprouvettes sont calculées. Les résultats sont présentés dans le Tableau 3.4. La valeur
moyenne Gic pour les éprouvettes de 15 mm et 20 mm d’épaisseur est égale à 6,5 J/m2 et
46 J/m2 , respectivement. Cela souligne clairement l’influence de l’épaisseur sur cette valeur.
Les valeurs moyennes de Gmc induisant la rupture pour les éprouvettes d’épaisseurs b=15 mm
et 20 mm sont égales à 317 J/m2 et 248 J/m2 , respectivement. L’interprétation physique de
ces derniers résultats est difficile et très complexe en raison de la variabilité et de l’hétérogé-
néité des différentes éprouvettes, donc du matériau bois en général. Au contraire, les valeurs
Gic sont relativement proches les unes des autres. Par conséquent, l’influence de l’épaisseur
des éprouvettes sur cette quantité est clairement visible. Plus l’épaisseur est grande, plus la
valeur initiale est élevée pour G.

La même analyse pour les différents résultats des calculs de Gc est effectuée pour les
éprouvettes d’iroko et de padouk. Les Figures 3.28 et 3.29 présentent G en fonction de la
longueur de fissure pour ces essences de bois. Gic est donné dans les tableaux 3.5 et 3.6
pour l’iroko et le padouk, respectivement. En ce qui concerne l’iroko, les valeurs moyennes
de Gic pour les éprouvettes d’une épaisseur de 15 mm et 20 mm sont égales à 19 J/m2 et
37 J/m2 , respectivement. Cela montre l’influence de l’épaisseur. La même remarque que pour
l’okoumé peut être tirée concernant les fluctuations importantes de Gmc pour les éprouvettes
122

Figure 3.27 – Taux de restitution d’énergie critique Gc en fonction de la longueur de fissure


pour l’okoumé (O).

O1M15 O2M15 O1M20 O2M20 O3M20 Moy OM15 Moy OM20

Gic 9 4 55 47 36 6,5 46

Gmc 188 446 137 520 88 317 248

Table 3.4 – Valeurs spécifiques des éprouvettes de l’okoumé : Gic est la valeur initiale du
taux de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur de taux de restitution d’énergie
maximal à la rupture, Moy est la moyenne.

d’épaisseur 15 mm.

Enfin, les éprouvettes du padouk sont analysées en termes de valeur de Gc. Le Tableau 3.6,
les valeurs moyennes de Gic sont égales à 12 J/m2 et 35 J/m2 pour les éprouvettes d’épais-
seurs 15 mm et 20 mm, respectivement. La valeur initiale de G pour l’éprouvette P 2M 15
(1 J/m2 ) peut sembler anormale. C’est certainement une pré-entaille au cutter qui est à
123

Figure 3.28 – Taux de restitution d’énergie critique Gc en fonction de la longueur de fissure


pour l’iroko (I).

I1M15 I2M15 I3M15 I4M15 I1M20 Moy IM15

Gic 14 18 24 20 37 19

Gmc 188 446 137 520 88 323

Table 3.5 – Valeurs spécifiques des éprouvettes de l’iroko : Gic est la valeur initiale du taux
de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur de taux de restitution d’énergie maximal
à la rupture, Moy est la moyenne.

l’origine d’une propagation de fissure anticipée qui peut expliquer cela. Les fluctuations im-
portantes des valeurs maximales de Gc pour les éprouvettes d’okoumé peuvent s’expliquer
par un changement de direction du fil du grain. C’est une spécificité des essences tropicales.
Dans la littérature, ce changement est plus marqué et fréquent avec l’okoumé. La même re-
marque que pour okoumé peut être tirée concernant les fluctuations importantes de la valeur
124

maximale de Gc pour les éprouvettes d’épaisseur 15 mm et 20 mm.

Figure 3.29 – Taux de restitution d’énergie critique Gc en fonction de la longueur de fissure


pour le padouk (P).

P1M15 P2M15 P3M15 P1M20 P2M20 Moy PM15 Moy PM20

Gic 15 1 21 34 36 12.3 35

Gmc 271 415 80 514 109 255 312

Table 3.6 – Valeurs spécifiques des éprouvettes de padouk : Gic est la valeur initiale du taux
de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur du taux de restitution d’énergie maximal
à la rupture, Moy est la moyenne.
125

3.4.5 Discussion

Le tableau 3.7 compare les différentes valeurs obtenues dans cette étude avec les valeurs de
la bibliographie obtenues sur des espèces tempérées. Ces dernières sont nombreuses, surtout
en mode I.

Désignation Orientation Densité relative Gmc (J/m2 ) Ecart type (SD)

épicéa [99, 100] RL 0,40 - 0,50 159 - 345 60 / 186

pin [100] RL 0,40 - 0,50 346 ≈ 90

chêne [100] RL 0,70 - 0,80 234 ≈ 110

okoumé RL 0,39 - 0,50 248(2) / 317(1) 129 / 160

iroko RL 0,56 - 0,70 323(1) 200

padouk RL 0,70 - 0,88 255(1) / 312(2) 175 / 200

Table 3.7 – Comparaison des valeurs moyennes de Gmc pour les éprouvettes MMCG testées
d’épaisseur 15 mm (1) et 20 mm (2) avec la littérature et SD est l’écart type.

Afin de proposer une comparaison objective, la discussion est centrée sur les espèces
tempérées avec la même densité et une fissure initiale orientée dans la direction RL [101].
En effet, Voichita Bucur [99] a étudié l’épicéa et testé cette essence suivant la direction RL.
Reiter et al. [100], également cité par [99], ont quant à eux effectués les essais selon RL sur
les éprouvettes cubiques. Selon le principe du test de fente en coin (WS), ces tests ont été
effectués sur des éprouvettes de plusieurs espèces, dont l’épinette, le pin et le chêne. Les essais
ont été effectués dans les mêmes conditions (chambre climatisée à 200 C et 65% d’humidité
relative). L’énergie de rupture spécifique ou le taux de restitution d’énergie critique maximale
Gf (valeurs moyennes et écart-type de six mesures pour chaque bois résineux et feuillus) sont
pris en compte pour cette comparaison. Par conséquent, la moyenne de Gmc pour l’okoumé,
l’iroko et le padouk (donnée par les Tableaux 3.4, 3.5 et 3.6 respectivement) est indiquée
dans le Tableau 3.7 en gras et comparée à l’épicéa, au pin et au chêne respectivement. La
comparaison montre que de faibles écarts en pourcentage ont été obtenus entre les valeurs
126

moyennes d’okoumé obtenues avec les éprouvettes d’épaisseur b= 15 mm et 20 mm et celles


de l’épicéa. Pour les éprouvettes d’okoumé d’une épaisseur de 15 mm, une différence de 8%
avec les valeurs de l’épicéa est observée, tandis qu’on obtient une différence de 28% pour les
éprouvettes de 20 mm d’épaisseur. Une différence de 8% a été observée entre les éprouvettes
du padouk de 15 mm d’épaisseur et les valeurs du chêne, et cette différence est de 25% avec
les éprouvettes de 20 mm d’épaisseur. Nous avons à peu près les mêmes conclusions pour
l’espèce iroko.
Les comparaisons sur les écarts-types en termes de valeurs maximales de Gmc à la rupture ont
été faites. Les écarts sont de 53% et 13% entre l’okoumé et l’épicéa. Ces écarts-types donnent
une différence de 30% entre l’okoumé et le pin. Cette différence d’écart-types entre le padouk
et le chêne est de l’ordre de 37%. La dispersion des résultats constatée ici est attribuable au
matériau. Les tests de rupture réalisés avec les essences tempérées avec des anneaux annuels
spécifiques visibles montrent moins de disparité que pour les essences tropicales concernant
le cheminement des fissures. Pour ces essences tempérées, les fissures trouvent facilement
leur chemin de propagation entre le bois initial et le bois final. Cependant, pour les essences
tropicales, le cheminement des fissures est parfois aléatoire et moins facile à prévoir en raison
de la croissance continue du bois de l’arbre. Notons également que la dispersion des résultats
se justifie par la forte variabilité naturelle de ces espèces tropicales et de leur composition
constitutive anatomique.

3.5 Conclusion

Dans cette étude, des tests de fissuration ont été effectués sur trois espèces tropicales :
iroko (Milicia Excelsa), okoumé (Aucoumea klaineana Pierre) et padouk (Pterocarpus soyauxii).
Une grille a été transférée sur chaque éprouvette pour suivre l’avancée du front de fissure et
mesurer l’ouverture de celle-ci. Un nouveau système Arcan a été conçu pour tester à la fois
les éprouvettes bois CTS (Compact Tension Shear) et MMCG (Mixed Mode Crack Growth).
Les valeurs obtenues ont permis d’utiliser la méthode de la complaisance afin de calculer le
127

taux de restitution d’énergie critique de chaque éprouvette de bois pour différentes épaisseurs.
Pour les éprouvettes CTS et MMCG, il est clair que l’épaisseur et la densité ont une influence
sur la ténacité de l’espèce. En effet, il est montré que le taux de restitution d’énergie critique
augmente lorsque la densité augmente à la fois dans les processus de fissure stationnaire et de
croissance de fissure. Cependant, l’incrément de longueur de fissure n’a pas pu être mesuré
pour l’iroko en raison du comportement quasi-fragile de cette espèce par rapport à l’okoumé
et au padouk. La comparaison des moyennes de Gmc pour les trois espèces testées (okoumé,
iroko, padouk) est comparée à celles des espèces tempérées données par la littérature (épi-
céa, pin, chêne) avec la même densité et les mêmes conditions expérimentales, montrent que
les résultats obtenus sont similaires. Le chapitre 4 sera consacré à l’étude de paramètres de
fissuration en mode mixte, notamment pour les angles de degrés de mixité 150 , 300 et 450 .
128
Chapitre 4

Étude expérimentale en mode mixte

4.1 Introduction

Le présent chapitre a pour but de compléter les résultats du chapitre précédent en étudiant
la fissuration en mode mixte des trois essences tropicales déjà décrites au chapitre 1. Les essais
sont réalisés pour différentes valeurs de taux de mixité α = 150 , 300 et 450 . Au-delà de 450 ,
les essais effectués n’ont pas été concluants. Les éprouvettes ont cassé systématiquement au
niveau des congés de raccordement et des trous de sollicitation. On présente ici le dispositif
expérimental et les résultats. Des cartes de déplacements et de déformations typiques issues
de la grille, les courbes force en fonction de l’ouverture de fissure sont aussi présentées. Après
découplage des modes, les différents taux de restitution d’énergie sont calculés. La part du
mode 1 (GI ) et la part du mode 2 (GII ) sont données en fonction de la longueur de fissure.
Pour terminer ce chapitre, une partie discussion et analyse des résultats est présentée.

4.2 Matériaux et méthodes

Les essences utilisées dans le présent chapitre ainsi que les éprouvettes usinées ont déjà été
décrites aux chapitres 1 et 3. La Figure 4.1 présente les blocs de bois qui ont été acheminés
du Gabon et usinés en France. La caméra, le dispositif miniature en acier Arcan utilisé pour

129
130

charger les éprouvettes et la machine d’essai traction-compression (cf. Figure 4.2) ont déjà
été décrits dans le chapitre 3. Seules les éprouvettes MMCG sont testées dans ce chapitre.
La partie de l’éprouvette équipée de la grille était éclairée de façon à ce que la lumière soit
uniformément repartie. La caméra a été fixée sur un trépied afin de photographier des images
de grille stabilisées pendant les essais.

Figure 4.1 – Blocs de bois dans lesquels ont été usinées les éprouvettes

En mode mixte, cette caméra a la même inclinaison que celle de l’éprouvette, ceci confor-
mément à la Figure 4.2. Les valeurs de l’ouverture de fissure (mesurée avec les déplacements
des lèvres de la fissure) se trouvent donc directement projetées suivant les axes x et y. La
force est projetée quant à elle suivant les axes x et y, comme indiqué sur la Figure 4.3.
131

Figure 4.2 – Montage expérimental


.

Figure 4.3 – Projection de la force suivant les axes en mode mixte


.

4.2.1 Présentation et identification des éprouvettes

Le tableau 4.1 donne les notations et les noms des éprouvettes testées dans ce chapitre.
Ce tableau répertorie toutes les éprouvettes des trois essences utilisées pour les trois taux de
mixité α = 150 , 300 et 450 . Les éprouvettes d’iroko, de l’okoumé et du padouk sont respecti-
132

vement d’épaisseurs b = 12,5 mm, 15 mm et 20 mm. Comme dans le chapitre précédent, les
éprouvettes sont désignées par la première lettre majuscule du nom de l’essence, et le numéro
permet de différencier les éprouvettes d’une même essence. Les valeurs entre parenthèses
désignent les épaisseurs des éprouvettes.

Désignation iroko okoumé padouk

I1 (15) O1 (15) P1 (15)

Éprouvettes testées à 150 I2 (15) O2 (15) P2 (15)

I1 (20) O1 (20) P1 (20)

I2 (20) O1 (20) P2 (20)

O1 (15) / O1 (20)

Éprouvettes testées à 300 I1 (20) O2 (15) / O3 (15) P1 (15)

O4 (15) / O5 (15)

O6 (15) / O7 (15)

I1 (12,5) O1 (12,5) P1 (12,5)

Éprouvettes testées à 450 I2 (12,5) O2 (12,5) P2 (12,5)

I1 (20) P1 (20)

Avec : I = iroko ; O = okoumé ; P = padouk ;

1,2,3,..= Numéro de l’éprouvette testée ; 12,5, 15 et 20 = Épaisseurs des éprouvettes testées

Table 4.1 – Notations utilisées dans ce chapitre.

4.2.2 Images de quelques éprouvettes testées

Les éprouvettes sont usinées dans le plan RL, avec l’orientation de la fissure suivant L.
Le pourcentage (%) d’humidité relative interne des éprouvettes est de 7,9% pour l’iroko, elle
est de 9,1% pour l’okoumé et de 7,3% pour le padouk. La température de la salle d’essais est
de 220 C ± 10 C et l’humidité relative est de 60% ± 1%. Les Figures 4.4 et 4.5 présentent
quelques-unes des éprouvettes testées.
133

La Figure 4.4 (a) présente la face sans grille et la Figure 4.4 (b) présente la face avec grille
de quelques éprouvettes d’okoumé pour b = 15 mm et testées pour α = 300 . Les figures 4.5
(a) et 4.5 (b) présentent les éprouvettes d’iroko et de padouk testées respectivement pour
α= 450 (b = 12,5 mm) et α = 150 (b = 20 mm). Les rondelles et les plaques en métal sont

Figure 4.4 – Exemples d’éprouvettes d’okoumé : face sans grille (a) et face avec grille (b)
.
134

Figure 4.5 – Exemples d’éprouvettes d’iroko et du padouk : (a) épaisseur 12,5 mm à 450 et
(b) épaisseur 20 mm à 150
.

installées pour renforcer les congés de raccordements et les trous de sollicitations.

4.3 Résultats des essais en mode mixte

Dans cette partie sont présentés les résultats obtenus avec les trois essences. Le découplage
des modes a permis l’obtention de la part du mode 1 et du mode 2. La méthode de la com-
plaisance à déplacement imposé de l’équation 2.23 du chapitre 2 a été utilisée pour calculer
les différents taux de restitution d’énergie. Les cartes de déplacements et de déformations,
les courbes de force en fonction de l’ouverture de fissure, le taux de restitution d’énergie en
135

fonction de la longueur de fissure pour différents cas de figures sont présentés ci-dessous. Les
valeurs des rapports GI /GII et celles de la différence GI − GII sont également données. Le
calcul de la différence vise à montrer le comportement et l’évolution des deux modes par
rapport à la variation de α.

4.3.1 Cartes de déplacements et de déformations

Dans cette partie nous présentons quelques exemples des cartes de déplacements et de
déformations issues de la méthode de la grille. Ces cartes sont données en fonction des coor-
données suivant x (pixels) et y (pixels). Sur ces différentes cartes de déplacements et défor-
mations, nous pouvons clairement voir la progression de la fissure.
La Figure 4.6 (a) (éprouvettes b=15 mm) et la Figure 4.6 (b) (éprouvettes b=20 mm)
présentent des exemples de cartes de déplacements et de déformations des trois essences
obtenues pour α = 150 .
Sur la figure 4.6 (a), la propagation de fissure est clairement observable sur les deux types
de cartes. Le chemin de propagation de fissure, même s’il n’est pas parfaitement rectiligne,
ne semble pas non plus changer de direction. Les mêmes remarques peuvent être formulées
pour la figure 4.6 (b), à part l’éprouvette O2 où la fissure semble légèrement inclinée.
La Figure 4.7 présente les cartes obtenues pour α = 300 . Les éprouvettes de la figure 4.7 (a)
ont une fissure initiale égale à ai = 28 mm et celles des figures 4.7 (b) et 4.7 (c) une fissure
initiale ai = 24 mm.
Sur la Figure 4.7 (a) les fissures se sont propagées normalement car les éprouvettes étaient
pourvues de fissure initiale conséquente. Pour certaines éprouvettes il a été constaté un léger
changement d’orientation de la fissure, c’est le cas par exemple de O1 et O4 (cf. figure 4.7
(a)). Les éprouvettes de pakouk de la figure 4.7 (b) et d’iroko de la figure 4.7 (c) n’ont pas
propagé jusqu’à la rupture. Elles ont cassé au niveau des congés de raccordement juste en
début de la propagation de fissure.
La Figure 4.8 (a) présente les cartes de déplacements et déformations issues des trois
essences et la figure 4.8 (b) celles de l’iroko et du padouk, toutes obtenues pour α = 450 . Des
136

Figure 4.6 – Un exemple des cartes de déplacements et des déformations des trois essences
pour α = 150 : (a) b=15 mm et (b) b=20 mm.

résultats concluants ont été obtenus avec les éprouvettes d’épaisseurs 12,5 mm. Des plages
de propagation sont clairement observables (Figure 4.8 (a)).

Pour les éprouvettes avec b = 15 mm et 20 mm, la propagation a été partielle, juste avant
que n’intervienne une rupture au niveau des congés de raccordement, comme le montre la
Figure 4.8 (b).
137

Figure 4.7 – Un exemple typique de cartes de déplacements et de déformations pour α =


300 : (a) okoumé (b=15 mm), (b) okoumé et padouk (b=15 mm) et (c) iroko et okoumé
(b=20 mm), obtenues avec une longueur de fissure initiale différente
.
138

Figure 4.8 – Cartes de déplacements et de déformations pour α = 450 : (a) des trois essences
b=12,5 mm et (b) iroko et padouk b=20 mm
.

4.3.2 Courbes force - ouverture de fissure

La Figure 4.9 présente l’évolution de la force en fonction de l’ouverture de fissure pour


les trois essences pour b = 15 mm et α = 150 . Les ouvertures de fissure suivant l’axe x sont
négligeables devant celles suivant l’axe des y. Pour toutes les éprouvettes, les valeurs suivant
x sont inférieures à 0,1 mm et de l’ordre de 0,6 à 0,8 mm suivant l’axe des y. Suivant x, ces
valeurs sont justes légèrement supérieures aux valeurs obtenues avec un angle α = 00 (angle
pour lequel ces valeurs sont presque nulles, voir Figures 3.22 à 3.24).
La Figure 4.10 présente les courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour b = 20 mm
et α = 150 . Il est observé que les valeurs des forces à la rupture varient entre 700 N et 1400 N
139

Figure 4.9 – Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour α = 150 et
b=15 mm.

Figure 4.10 – Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour α = 150 et
b=20 mm
.
140

ce qui est logiquement supérieur au précédent cas où elles variaient entre 600 N à 900 N .
Cette augmentation des forces à la rupture se justifie par une épaisseur plus importante des
éprouvettes, donc une résistance à la fissuration plus grande. Sur la figure 4.11, sont présentées
les courbes de force en fonction de l’ouverture de fissure du padouk et de l’okoumé pour b =
15 mm, ainsi que de l’iroko et de l’okoumé pour b = 20 mm. Les petites valeurs constatées
d’iroko et de padouk s’expliquent par une rupture des éprouvettes au niveau des congés de
raccordement. La Figure 4.12 présente les courbes de force en fonction de l’ouverture de
fissure des éprouvettes de l’okoumé pour b = 15 mm et pour α = 300 . Comme nous pouvons
le constater, l’ouverture de fissure suivant x (Ux ) pour l’ensemble des éprouvettes testées est
inférieur à 0,1 mm. Pour l’ouverture de fissure suivant y (Uy ), les valeurs sont de l’ordre de
0,3 à 0,5 mm. L’observation de toutes ces courbes issues de la même essence montre une
certaine uniformité.

Figure 4.11 – Force en fonction de l’ouverture de fissure pour α =300 : okoumé et padouk
(b=15 mm) et iroko et okoumé (b=20 mm) obtenues pour différentes fissures initiales
.
141

Figure 4.12 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure de l’okoumé pour b = 15


mm et α = 300
.

La Figure 4.13 présente les courbes force en fonction de l’ouverture de fissure des éprou-
vettes b = 12,5 mm et α = 450 des trois essences. L’écart entre les ouvertures de fissure
suivant l’axe des x et celle des y s’est considérablement réduit. En effet, les valeurs sont tou-
jours inférieur à 0,1 mm suivant l’axe des x, mais en ce qui concerne l’axe des y elles varient
entre 0,05 à 0,25 mm excepté pour une courbe d’iroko pour qui cette valeur est de 0,55 mm.
Cela est peut être dû à la forte inclinaison de la fissure observée sur cette éprouvette. La
Figure 4.14 présente les courbes de la force en fonction de l’ouverture de fissure d’iroko et de
padouk pour b=12,5 mm et α=450 . Nous pouvons constater une certaine instabilité en début
d’ouverture de fissure due certainement à la mise en place de l’éprouvette avant stabilisation
du dispositif.
142

Figure 4.13 – Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour b = 12,5
mm et α = 450
.

Figure 4.14 – Force en fonction de l’ouverture de fissure pour l’iroko et le padouk pour b =
15 mm et pour α = 450
.
143

4.3.3 Taux de restitution d’énergie

Dans cette partie, sont calculées les différentes valeurs du taux de restitution d’énergie
des différentes éprouvettes pour les valeurs de α = 150 , 300 et 450 et pour b = 12,5 mm, 15
mm et 20 mm. Les valeurs moyennes minimales (Gic ) obtenues en début de fissuration et les
valeurs moyennes maximales (Gmc ) obtenues à la rupture sont calculées. Ces valeurs seront
désignées par Gic1 et Gmc1 pour la part du mode 1 et pour celle du mode 2 par Gic2 et Gmc2 .
L’équation 3.2 du chapitre 3 devient :

(F cx )2

 GI = 2b
× ( ∆C )
∆a d
(4.1)
(F cy )2
GII = × ( ∆C )


2b ∆a d

où GI et GII sont les taux de restitution d’énergie respectivement en mode 1 et 2.

• Les Figures 4.15 (part du mode 1) et 4.16 (part du mode 2) représentent les valeurs de
l’évolution du taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure.

Figure 4.15 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GI (b=15 mm et α = 150 )
.
144

Figure 4.16 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GII (b=15 mm et α = 150 )
.

Figure 4.17 – Valeurs moyennes minimales de Gic (avec barres d’erreurs) des trois essences :
part du mode I et du mode II pour les éprouvettes b=15 mm et α = 150
.

Parallèlement le tableau 4.2 présente les différentes valeurs moyennes minimales et maxi-
males du taux de restitution d’énergie obtenues pour les trois essences données dans les fi-
145

gures 4.15 et 4.16. Les valeurs des rapports Gic1 /Gic2 et Gmc1 /Gmc2 et les différences Gic1 −Gic2
et Gmc1 − Gmc2 sont aussi données.

Taux de restitution d’énergie (J/m2 ) iroko okoumé padouk

Gic1 2,76 2,06 5,49

Gic2 0,88 0,32 2,80

Gic1 − Gic2 1,88 1,74 2,69

Gic1 /Gic2 3,14 6,44 1,96

Gmc1 9,99 8,66 7,27

Gmc2 5,17 3,13 4,14

Gmc1 − Gmc2 4,82 5,53 3,13

Gmc1 /Gmc2 1,93 2,77 1,76

avec : Gic1 et Gic2 =Valeurs minimales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )

Gmc1 et Gmc2 =Valeurs maximales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )

Table 4.2 – Comparaison des valeurs moyennes des trois essences (b=15 mm et α = 150 ).

Ces résultats nous permettent de conclure que l’évolution de la fissure est progressive
pour l’iroko et le padouk. Pour l’okoumé nous observons une avancée de G significative entre
la première et la deuxième valeur critique. En effet, l’observation de l’évolution de G se
matérialise par un saut brusque. En reliant par exemple la première valeur et la deuxième
valeur de G, nous observons une droite presque verticale, comme indiqué sur les figures 4.15
et 4.16 pour les deux courbes de l’okoumé. Si les valeurs minimales donnent une idée du
comportement à la fissuration, les valeurs maximales ne donnent pas d’information concluante
sur la résistance à la fissuration de ce type d’essence. En effet, une fois que la fissure a
commencé à se propager, le chemin suivi devient aléatoire. Par contre, les valeurs minimales
montrent une certaine proportionnalité à la densité des essences. Le changement de direction
du fil de grain rend complexe la prévision de l’orientation de la fissure et conduit à un G
élevé.
146

La figure 4.17 présente quant à elle les valeurs moyennes minimales en début de fissura-
tion du taux de restitution d’énergie, avec barres d’erreurs pour les deux modes. Cette figure
montre pour ces éprouvettes d’épaisseur 15 mm une différence significative entre les trois
essences. Nous remarquons aussi une certaine proportionnalité des valeurs Gic1 et Gic2 par
rapport à la densité.

• Les Figures 4.18 (part du mode 1) et 4.19 (part du mode 2) présentent l’évolution du
taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure pour les trois essences, pour
les éprouvettes avec b = 20 mm et pour α = 150 .

Figure 4.18 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GI (pour b=20 mm et α = 150 )
.

La Figure 4.20 présente les valeurs moyennes minimales du taux de restitution d’énergie
des trois essences. Sur cette figure sont présentées les valeurs de Gic des deux modes. Comme
au cas précédent, les valeurs issues du mode 1 sont largement supérieures à celles du mode
2. Nous constatons aussi qu’après augmentation de l’épaisseur b des éprouvettes, les valeurs
obtenues avec le padouk et l’iroko sont très proches, et celles de l’okoumé sont très inférieures
147

Figure 4.19 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GII (pour b=20 mm et α = 150 )
.

Figure 4.20 – Valeurs moyennes de Gic (avec écart type) des trois essences : part du mode
1 et du mode 2 (éprouvettes pour b= 20 mm et α = 150
.
148

aux deux autres. Ceci revient à dire que l’augmentation de l’épaisseur a eu une incidence sur
l’iroko. En effet, les valeurs de Gic obtenues avec les éprouvettes qui sont passées de b=15
mm à b=20 mm de l’iroko ont été multipliées par deux et sont presque identiques à celles du
padouk. Ici nous observons aussi que les valeurs obtenues en mode 2 sont très proches pour
les trois essences.

Taux de restitution d’énergie (J/m2 ) iroko okoumé padouk

Gic1 5,24 2,58 5,25

Gic2 0,63 0,63 0,73

Gmc1 9,07 8,33 10,09

Gmc2 5,61 2,13 3,23

Gic1 − Gic2 4,62 1,96 4,52

Gic1 /Gic2 8,32 4,09 7,19

Gmc1 − Gmc2 3,46 6,20 6,86

Gmc1 /Gmc2 1,61 3,91 3,12

avec : Gic1 et Gic2 =Valeurs moyennes minimales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )

Gmc1 et Gmc2 =Valeurs moyennes maximales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )

Table 4.3 – Comparaison des valeurs moyennes des trois essences (pour b=20 mm et α =
150 ).

Le Tableau 4.3 synthétise les résultats des figures 4.18 et 4.19. Comme dans le précédent
cas, les valeurs moyennes minimales et maximales sont données.
• Les Figures 4.21 (parts des deux modes) et 4.22 (parts des deux modes) représentent
l’évolution du taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure pour les
éprouvettes, respectivement pour b = 15 mm (okoumé et padouk) et b = 20 mm (iroko et
okoumé), et pour α = 30 0 . Les valeurs obtenues avec le padouk et l’iroko sont, sur les deux
figures, très faibles par rapport à celles de l’okoumé. La raison est que pour ces deux essences,
les éprouvettes ont cassé au niveau des congés de sollicitations.
149

Figure 4.21 – Courbes taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure


d’okoumé et du padouk : part de GI et part de GII pour 15 mm
.

Figure 4.22 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure d’iroko et


d’okoumé : part de GI et part de GII pour 20 mm
.
150

Les Figures 4.23 (part du mode 1) et 4.24 (part du mode 2) présentent l’évolution du taux
de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure pour les différentes éprouvettes
d’okoumé pour b = 15 mm et α = 300 .

Figure 4.23 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure d’okoumé :


part de GI (pour b=15 mm et α=300 )
.

Ensuite sont calculées et représentées sur la Figure 4.25 les différentes valeurs obtenues
avec le rapport GI /GII .
Sur la Figure 4.25, le rapport (GI /GII ) est presque constant pour les différentes éprou-
vettes. Certaines études [102, 103] ont souvent montré le caractère complexe et instable en
début de propagation de la fissure. Cela peut expliquer l’instabilité de ce rapport en début de
propagation. En effet, au début de la propagation, la valeur critique de Gc n’est pas encore at-
teinte, d’où une légère augmentation et parfois une certaine instabilité justifiée par le rapport
GI /GII . Ce rapport se stabilise quand le seuil critique est atteint. La conséquence de ceci est
que le rapport GI /GII aura tendance à être grand en début de propagation de fissure. Dans
l’ensemble cependant, ce rapport, après une légère diminution, se stabilise et reste conforme
avec ce qui est communément observé [104, 105]. Ceci se justifie d’autant plus que le critère
151

Figure 4.24 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure de l’okoumé :


part de GII (pour b=15 mm et α=300 )
.

Figure 4.25 – Evolution du rapport de GI / GII en fonction de la longueur de fissure de


l’okoumé (pour b=15 mm et α = 300 )
.
152

Taux de restitution d’énergie (J/m2 ) Valeurs

Gic1 2,48

Gic2 0,83

Gic1 − Gic2 1,65

Gic1 /Gic2 2,99

Gmc1 18,25

Gmc2 2,85

Gmc1 − Gmc2 15,4

Gmc1 /Gmc2 6,40

avec : Gic1 et Gic2 : Valeurs moyennes minimales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )

Gmc1 et Gmc2 : Valeurs moyennes maximales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )

Table 4.4 – Comparaison des valeurs moyennes pour les sept éprouvettes de l’okoumé (pour
b=15 mm et α = 300 ).

énergétique linéaire a été satisfait. En effet, ce constat a été fait par Yoshihara [74] pour les
rapports de ténacités sur l’épinette (nom de l’épicéa au Canada). De plus, ce résultat semble
aussi être en accord avec les résultats de la méthode dite de la fissure équivalente utilisée par
Phan [104, 105]. L’autre raison justifiant cette instabilité est le fait que dans le cas du mode
mixte, dans la phase initiale de croissance des fissures, les dommages induits par le mode 1
sont dominants. Concernant les moyens de mesure, une conclusion est que la méthode de la
grille utilisée pour ce travail semble être bien adaptée à la caractérisation de la rupture du
bois dans le système de propagation des fissures suivant la configuration RL et sous charge-
ment en mode mixte. Les valeurs moyennes de diverses grandeurs sont récapitulées dans le
tableau 4.4.

• Pour l’angle α= 450 les éprouvettes b = 15 mm et b = 20 mm des trois essences testées


ont systématiquement cassé au niveau des congés de raccordement. Bien que la longueur
de fissure initiale ait été augmentée, aucun changement n’a été observé. Les seules éprou-
153

vettes qui ont été exploitées n’ont pas totalement propagé avant de rompre (cf. figure 4.28).
Cependant, la diminution de l’épaisseur b = 12,5 mm des éprouvettes a permis d’obtenir
une propagation satisfaisante de fissure jusqu’à la rupture. Dans cette partie, les Figures 4.26
(part du mode 1) et 4.27 (part du mode 2) présentent le taux de restitution d’énergie en fonc-
tion de la longueur de fissure pour b = 12,5 mm et pour les trois essences (voir tableau 4.5
pour les valeurs comparatives). De même, la figure 4.28 (part des deux modes) présente le
taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure pour b = 20 mm de l’iroko
et du padouk.

Figure 4.26 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GI (pour b=12,5 mm et α=450 )
.

Les résultats obtenus en mode 1 et en mode 2 montrent que les valeurs sont du même
ordre de grandeur. En effet, l’écart entre les deux modes est beaucoup plus élevé pour les
angles 150 et 300 que pour l’angle 450 . La différence entre les valeurs moyennes minimales
en mode 1 et mode 2 calculées et consignées dans les différents tableaux l’atteste aussi. Ce
résultat est logique puisque pour cet angle de 450 , la force projetée suivant les deux axes est
identique. En plus, la différence des valeurs des ouvertures de fissures suivant x et y se trouve
être minimale.
154

Figure 4.27 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GII (pour b=12,5 mm et α=450 )
.

Taux de restitution d’énergie (J/m2 ) iroko okoumé padouk

Gic1 6,98 2,19 8,63

Gic2 5,07 1,53 5,84

Gmc1 29,33 4,69 64,95

Gmc2 20,27 2,69 38,50

Gic1 − Gic2 1,92 0,67 2,78

Gic1 /Gic2 1,38 1,43 1,47

Gmc1 − Gmc2 9,06 2,00 26,45

Gmc1 /Gmc2 1,45 1,74 1,69

avec : Gic1 et Gic2 : Valeurs moyennes minimales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )

Gmc1 et Gmc2 : Valeurs moyennes maximales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )

Table 4.5 – Comparaison des valeurs moyennes des trois essences.


155

Figure 4.28 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure d’iroko et


de padouk : part de GI et part de GII (pour b=20 mm et α=450 )
.

4.4 Comparaisons et analyses

Le Tableau 4.6 présente les différentes valeurs (Gic ) et (Gmc ) obtenues pour les trois
essences. Les différences des valeurs minimales de la part du mode 1 et celles de la part du
mode 2 sont comparées.

La figure 4.29 présente la différence des valeurs moyennes des taux de restitution d’énergie
GI − GII en fonction des différents angles de mixité pour les éprouvettes b = 20 mm. Nous
pouvons voir clairement la diminution de cette différence entre la part du mode 1 et celle du
mode 2 avec l’augmentation de l’angle de mixité.

Après analyse des essais pour les différents taux de mixité, les résultats obtenus ont donné
les informations suivantes :
• pour tous les angles de mixité étudiés, la part du mode 1 est toujours supérieure à
celle du mode 2. Ces résultats sont identiques aux résultats d’essais effectués sur des
essences tempérées par [73, 106] ;
• les valeurs moyennes minimales (Gic ) augmentent avec l’épaisseur des éprouvettes
156

Désignation iroko okoumé padouk

Epaisseur 15 (150 ) Gic1 − Gic2 = 1, 88 Gic1 − Gic2 = 1, 73 Gic1 − Gic2 = 2, 69

Epaisseur 20 (150 ) Gic1 − Gic2 = 4, 62 Gic1 − Gic2 = 1, 96 Gic1 − Gic2 = 4, 52

Epaisseur 15 (300 ) Gic1 − Gic2 = 1, 11 Gic1 − Gic2 = 2, 42

Epaisseur 20 (300 ) Gic1 − Gic2 = 1.43 Gic1 − Gic2 = 0, 61

Epaisseur 15 (300 ) Gic1 − Gic2 = 1, 65 (1)

Epaisseur 15 (300 ) Gic1 /Gic2 = 2, 99

Epaisseur 15 (300 ) Gmc1 /Gmc2 = 6, 40

Epaisseur 12,5 (450 ) Gic1 − Gic2 = 1, 92 Gic1 − Gic2 = 0, 67 Gic1 − Gic2 = 2, 78

Epaisseur 20 (450 ) Gic1 − Gic2 = 1, 13 Gic1 − Gic2 = 1, 21

Table 4.6 – Comparaison des valeurs moyennes des trois essences.

Figure 4.29 – Valeurs moyennes GI − GII en fonction de l’angle de mixité des trois essences
(pour b= 20 mm)
.

quel que soit le taux de mixité ;


• les valeurs moyennes minimales du taux de restitution d’énergie issues du mode 1
(Gic1 ) diminuent avec l’augmentation du degré de l’angle de mixité, tandis que les va-
leurs minimales du taux de restitution d’énergie issues du mode 2 (Gic2 ) augmentent ;
157

• le rapport GI /GII en fonction de la longueur de fissure a une évolution constante


comme indiqué sur la Figure 4.25, ce qui est en accord avec [105]. Cela peut indiquer
que les valeurs caractérisant la fissuration obtenues sont des valeurs intrinsèques aux
essences étudiées ;
• La différence entre les valeurs minimales Gic1 − Gic2 diminue avec l’augmentation du
degré de l’angle de mixité (Figure 4.29) justifiant en même temps le découplage complet
des modes mixtes de rupture. Sur cette figure sont représentés les résultats des valeurs
de GI − GII obtenues pour les essais avec un angle de 150 , 300 et 450 . Nous observons
bien une évolution décroissante de cette différence. Ce constat peut s’expliquer par le
fait que lorsque nous nous rapprochons d’un angle de 450 , les valeurs des ouvertures
de fissures suivant x et y ont tendance à se rapprocher. En mode mixte, l’ouverture de
fissure n’est plus unidimensionnelle puisque l’éprouvette est sollicitée avec un angle qui
induit une cohabitation de deux modes, ce qui conduit à une projection suivant les deux
axes de l’ouverture de fissure. L’obtention des deux composantes U x et U y a abouti
au calcul de GI et GII . Autrement dit, cela permet le découplage des deux modes. La
différence entre les valeurs des deux modes est donc maximale lorsque l’angle de mixité
est de 150 . Elle va se réduire jusqu’à l’angle de 450 où elle est minimale. Entre 00 et
450 le mode 1 est supérieur au mode 2. C’est probablement après un angle de mixité
de 450 que le mode 2 est censé être supérieur au mode 1 ;
• Nous remarquons aussi une certaine proportionnalité des valeurs du taux de resti-
tution d’énergie avec celles des densités des trois essences en mode mixte. Il faut plus
d’énergie pour initier une fissure dans l’iroko que dans l’okoumé et davantage d’énergie
dans le padouk.

L’écart observé pour certaines valeurs de G peut être dû à la spécificité du matériau. En


effet, les bois tropicaux ont la particularité d’avoir au sein du matériau une déviation du fil
de grain. Certaines de ces essences, telle que l’okoumé, présentent un fil légèrement ondulé.
La conséquence dans ces cas de figures est d’avoir un Gc plus élevé à cet endroit précis.
C’est certainement ce qui est à l’origine des valeurs élevées de Gc des éprouvettes O1 , O4 et
158

O7 de l’okoumé (Figure 4.16). Sur la Figure 4.7 (a) montrant les cartes de déplacements et
de déformations de l’okoumé, nous pouvons observer que pour les éprouvettes O1 et O4 , les
fissures ont une légère inclinaison. Dans ces cas de figure, les valeurs du taux de restitution
sont plus grandes que pour une propagation de fissure rectiligne. Il est à noter que c’est
justement avec ces éprouvettes dont les fissures bifurquent que les valeurs de Gc sont plus
élevées que dans les autres cas. C’est ce qui explique certainement la dispersion des résultats. Il
est très difficile d’avoir toutes les éprouvettes avec un fil parfait suivant la direction souhaitée
pour ces essences tropicales à croissance continue.

4.5 Conclusion

Dans ce chapitre, les éprouvettes MMCG de dimensions réduites ont été utilisées pour
étudier la fissuration en mode mixte de l’iroko, de l’okoumé et du padouk. Une machine
d’essai électromécanique a été utilisée pour effectuer les essais de traction pour les angles de
mixité 150 , 300 et 450 . La méthode de la grille décrite au chapitre 2 et utilisée au précédent
chapitre a servi à mener les essais. Le découplage des modes a donné la part des modes 1
et 2. Les différents résultats des taux de restitution d’énergie calculés par la méthode de la
complaisance à déplacement imposé ont montré une prédominance du mode 1 sur le mode 2.
Des cartes typiques de déplacements et déformations et des résultats en termes de force en
fonction de l’ouverture de fissure et de taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur
de fissure ont été présentés. Les valeurs minimales du taux de restitution d’énergie Gic ont
été calculées et comparées pour les trois essences, et le rapport de GI /GII en fonction de la
longueur de fissure a été donné pour l’okoumé. Ce rapport montre une évolution constante,
ce qui laisse à penser que les valeurs obtenues caractérisant la fissuration sont des valeurs
intrinsèques aux matériaux étudiés. L’analyse des résultats montre aussi qu’il y a une certaine
influence de la densité sur la fissuration de ces essences. Le prochain chapitre lui, sera consacré
à l’étude numérique et à la comparaison des résultats numériques aux résultats expérimentaux
obtenus aux chapitres 3 et 4.
Chapitre 5

Étude numérique et comparaison avec


les résultats expérimentaux

5.1 Introduction

Le présent chapitre a pour objectif d’étudier numériquement la fissuration des trois es-
sences tropicales déjà vues dans les précédents chapitres. Pour ce faire, la méthode des élé-
ments finis est utilisée car c’est un outil numérique performant permettant de simuler la
propagation d’une fissure. Cette méthode de calcul numérique est une approche qui permet
de caractériser les états de contraintes et de déformations locales en pointe de fissure. Nous
rappellerons d’abord les formules de Guitard [107, 108] qui ont permis de calculer les dif-
férents paramètres mécaniques des trois essences. Les techniques numériques exposées dans
la littérature simulant la propagation d’une fissure seront aussi rappelées, autrement dit, les
aspects liés à la mécanique de la rupture. Les différents taux de restitution d’énergie critique
seront ensuite calculés numériquement en nous servant des données expérimentales (force,
longueur de fissure et l’épaisseur de l’éprouvette). Pour terminer les comparaisons seront
faites avec les résultats obtenus expérimentalement dans les chapitres 3 et 4.

159
160

5.2 Caractéristique des matériaux

Dans cette partie, les formules utilisées pour estimer les valeurs des caractéristiques mé-
caniques (modules d’élasticité, complaisances et coefficients de cisaillement) sont rappelées.
Des essais de caractérisation des trois essences de cette étude n’ayant pas été effectués, ce
sont les données issues de la littérature qui sont utilisées ici en suivant la méthode de Gui-
tard [107, 108]. Cette méthode calcule les modules d’élasticité (M E), les complaisances et les
modules de cisaillement dans le cas des résineux et des feuillus. Seules les formules donnant
les valeurs dans le cas des feuillus suivant les trois directions préférentielles du bois (L,R,T)
sont rappelées ici.
Le module d’élasticité est, dans un essai uni axial par exemple, le rapport de la contrainte
σi imposée à l’élongation i qui en résulte. On remarque que le module Ei est l’inverse de
la complaisance Cii (sans sommation sur i). Les valeurs (Vi ) que l’on obtient pour un feuillu
standard sont EL =1400 M P a, ER =1810 M P a et ET =1030 M P a [107, 108, 109]. Elles sont
obtenues pour une humidité du bois égale à HI=12%, une humidité relative de HR=65%, une
température de T =200 C et une densité de ρ0 =0,65 gr/cm3 . Pour des conditions différentes,
les corrections doivent être apportées sous la forme généralisée suivante :

ρ n
δij = Vi .( ) [1 − aij .(HI − 12)] [1 − bij .HI.(T − 20)] (5.1)
ρ0
où δij signifie les Ei , les Gij et les Qij des formules de 5.3 à 5.5. HI et T représentent
respectivement la valeur de l’humidité interne du bois et T la température autre que celle de
référence. L’exposant n est une corrélation puissance à partir des données mesurées. Dans le
cas des feuillus cet exposant est tiré de la relation :


y = axn = y0 ( ρρ0 )n






  n
y = y0 ρ0 ρ (5.2)






log(y) = log(y0 ) + n(log(ρ) − log(ρ0 ))

Cette correlation puissance est donc un point de la tangente dans un repère log(y) en fonction
de log(ρ) − log(ρ0 ).
161

Les valeurs des constantes aij et bij sont données dans le tableau 5.1 :

direction RT RT+L L
ij 11 22 12 66 44 55 13 23 33
a x 10−2 [107, 108] 3 3 3 2 2 2 12 12 1
b x 10−5 [109] 18 18 27 18 13 13 9 9 9

Table 5.1 – Valeurs de quelques constantes.

L’équation 5.2 donne les formules de calcul des différents modules d’élasticité longitudinal
(EL ), radial (ER ) et transversal (ET ) en fonction de l’humidité interne (HI), de la densité
relative (ρ) et la température (T ) de chaque essence étudiée.


EL = 14400 ∗ (ρ/0, 65)1,03 ∗ (1 − 0, 01 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00009 ∗ HI ∗ (T − 20))








 ER = 1810 ∗ (ρ/0, 65)1,30 ∗ (1 − 0, 03 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00018 ∗ HI ∗ (T − 20)) (5.3)




= 1030 ∗ (ρ/0, 65)1,74 ∗ (1 − 0, 03 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00018 ∗ HI ∗ (T − 20))

ET

D’après [107, 108, 109], les formules (voir équations 5.3) permettent de déterminer les
différents modules de rigidité de la manière suivante :


GT L = 971 ∗ (ρ/0, 65)1,26 ∗ (1 − 0, 02 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00013 ∗ HI ∗ (T − 20))







GRL = 1260 ∗ (ρ/0, 65)1,14 ∗ (1 − 0, 02 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00013 ∗ HI ∗ (T − 20)) (5.4)





= 366 ∗ (ρ/0, 65)1,74 ∗ (1 − 0, 027 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00018 ∗ HI ∗ (T − 20))

GRT

Les opposés des inverses des éléments non diagonales de la matrice de complaisance,
toujours d’après [107, 108], s’écrivent avec les expressions données par l’équation 5.4 :


QT L = 31200 ∗ (ρ/0, 65)1,09 ∗ (1 − 0, 012 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00009 ∗ HI ∗ (T − 20))








QRL = −37300 ∗ (ρ/0, 65)0,913 ∗ (1 − 0, 03 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00009 ∗ HI ∗ (T − 20)) (5.5)





= −2680 ∗ (ρ/0, 65)1,41 ∗ (1 − 0, 03 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00027 ∗ HI ∗ (T − 20))

QRT


162

Les calculs des différents coefficients de Poisson, toujours d’après [107, 108, 109], s’écrivent
de la manière suivante :
ER

νRT =−






 QRT


 ET
νT R =−



QRT





ER


=−

 νRL


QRL

. (5.6)
 EL
νLR = −






 QRL


 ET
νT L = −



QT L






 EL
 νLT = −



QT L
Le Tableau 5.2 récapitule toutes les valeurs des trois essences obtenues et utilisées dans
ce chapitre :

Désignation iroko okoumé padouk

densité relative ρ 0,64 0,44 0,79

humidité interne (%) 7,94 9,12 7,29

Température (0 C) 21 21 21

EL (MPa) 14737 9904 18421

ER (MPa) 1987 1182 2658

ET (MPa) 1123 567 1648

GT L (MPa) 1028 627 1357

GRL (MPa) 1337 853 1720

GRT (MPa) 395 200 578

νRT 0,677 0,706 0,661

νT R 0,383 0,338 0,410

νRL 0,048 0,042 0,052

νLR 0,357 0,349 0,362

νT L 0,035 0,027 0,040

νLT 0,458 0,470 0,452

Table 5.2 – Caractéristiques mécaniques et élastiques des essences.


163

5.3 Modélisation par éléments finis (EF)

5.3.1 Présentation de Cast3M

D’après [110], Cast3M est un logiciel de calcul par la méthode des éléments finis qui
traite de problèmes divers et variés dans les domaines de la mécanique des structures et des
fluides. Ce logiciel a été initialement développé au Département de Modélisation des Systèmes
et Structures (DM2S) de la Direction de l’Energie Nucléaire du Commissariat à l’Energie
Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) qui est un organisme public de recherche.
Le développement de Cast3M entre dans le cadre d’une activité de recherche dans le
domaine de la mécanique dont le but est de définir un instrument de haut niveau, pouvant
servir de support pour la conception, le dimensionnement et l’analyse de structures et de
composants. Dans cette optique, Cast3M intègre non seulement les processus de résolution
(solveur) mais également les fonctions de construction du modèle (pré-processeur) et d’ex-
ploitation des résultats (post-traitement). Cast3M est un logiciel « boîte à outils » qui permet
à l’utilisateur de développer des fonctions répondant à ses propres besoins. Cast3M est no-
tamment utilisé dans le secteur de l’énergie nucléaire, comme outil de simulation ou comme
plateforme de développement d’applications spécialisées. En particulier, Cast3M est utilisé
par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) dans le cadre des analyses
de sûreté des installations nucléaires françaises.

5.3.2 Géométrie et maillage

La résolution d’un problème mécanique par un logiciel d’éléments finis, passe d’abord
par la définition de la géométrie et la génération de son maillage. Les deux géométries de
la présente étude ont des épaisseurs faibles par rapport aux autres dimensions. C’est ce
constat qui nous permet de considérer et d’émettre les hypothèses que la résolution peut
être effectuée en contraintes planes. Nous allons donc nous placer dans la configuration des
pièces minces pour la modélisation (cas des membranes). Pour le maillage des éprouvettes,
notre choix est porté sur les éléments triangulaires à 3 nœuds. La pointe de fissure quant à
164

elle est définie par un maillage rayonnant crée en utilisant un opérateur de Cast3M @RAY O
afin de définir le domaine d’intégration (le champ θ voir 5.4.5). Nous devons davantage
raffiner le maillage en pointe de la fissure et cela passe par une discrétisation plus fine de la
zone concernée. L’objectif est de pouvoir étudier le comportement mécanique de cette zone
singulière. L’opérateur appelé DENS permet de varier la densité du maillage dans cette zone.
La Figure 5.1 présente les deux géométries d’éprouvettes MMCG (a) et CTS (b) avec le
maillage utilisé. La figure 5.2 (a) présente l’emplacement des angles du système Arcan avec
éprouvette MMCG. La figure 5.2 (b) présente le maillage d’une éprouvette MMCG et du
dispositif Arcan.

Figure 5.1 – Eprouvettes maillées : (a) MMCG et (b) CTS.

Figure 5.2 – Dispositif Arcan et éprouvette MMCG avec position des angles de chargement.
165

Conditions aux limites et maillage rayonnant

Nous sommes dans le cas des éléments triangulaires à 3 nœuds. De plus, les éléments étu-
diés ici sont des éprouvettes de faibles épaisseurs par rapport aux deux autres dimensions, ce
qui rend possible la modélisation en plan et comme hypothèse en contraintes planes. Concer-
nant les conditions aux limites la partie inférieure de l’éprouvette est bloquée, notamment
au niveau du point P 7 (voir figure 5.1 (a). De même, le déplacement longitudinal suivant
l’axe OX, ainsi que le déplacement en pointe de fissure sont bloqués. En terme d’effort on
considère que la partie inférieure de l’éprouvette est bloquée en pratique et en théorie on tire
par symétrie de part et d’autre.

5.4 Résolution du problème d’amorçage et de propa-

gation de fissure

5.4.1 Introduction

L’objectif ici est de généraliser, en statique, l’intégrale M qui a été développée par
Chen [111], au comportement viscoélastique orthotrope. Il sera ensuite proposé une modéli-
sation numérique de cette intégrale. Nous rappelons de ce fait les intégrales de contour, issues
du processus énergétique et des approches locales. Cela passe par l’introduction des méthodes
d’évaluation des champs mécaniques en pointe de fissure introduites par Irwin [112] pour les
matériaux isotropes et les formes singulières de Sih [113] pour les matériaux orthotropes. Le
découplage des modes de rupture et l’algorithme de résolution implanté aux éléments finis se-
ront exécutés par Cast3M. Pour différents angles de mixité, les valeurs du taux de restitution
d’énergie sont calculées en fonction de la longueur de fissure.

5.4.2 Méthodes énergétiques

Ces méthodes ont pour but d’évaluer les paramètres de rupture loin du défaut introduit
par la pointe de fissure où les champs mécaniques sont largement perturbés par une forte
166

singularité. Les différentes lois de conservation énergétiques ont déjà été développées par un
certain nombre d’auteurs, notamment [114, 115]. Les intégrales indépendantes quant à elles
ont été développées par [116, 117]. Nous rappelons ci-dessous quelques-unes de ces méthodes.

Integrale J

L’intégrale J a été définie par Rice [118]. Elle est utilisée en élasticité linéaire pour des
configurations planes (2D). L’objectif de cette intégrale est de calculer l’énergie susceptible
de créer de nouvelles surfaces de fissures en fond de fissures déjà existantes.

Z " #
∂ui
J= F .n1 − σij .nj . dΓ (5.7)
Γ ∂x1

où Γ représente un contour curviligne incluant la pointe de fissure. Il est orienté suivant la


normale →

n de composante nj , comme l’illustre parfaitement la Figure 5.3 (a).

Integrale Gθ

Pour les besoins d’implémentation dans un code de calcul, comme c’est le cas ici avec les
éléments finis sur Cast3M et de façon à assurer la continuité du domaine, il est préférable de
passer d’un contour curviligne à un contour surfacique. L’objectif est d’éviter les projections
de champ, sources d’erreurs numériques. De ce fait, Destunyder et al. [119, 120] ont ainsi défini
un champ θ. Ce champ est continu et dérivable à l’intérieur du domaine d’étude (θ1 = 1 à
l’intérieur du domaine et θ2 = 1 à l’extérieur de celui-ci). L’illustration est donnée sur la
Figure 5.3 (b). D’après [7], nous partons d’un champ θ qui doit respecter les propriétés
suivantes :

– le champ θ doit être dans le plan de la fissure ;


– le champ θ doit être normal au front de fissure ;
– le support du champ θ est limité au voisinage de la fissure ;
– le champ θ est continûment dérivable et constant dans la zone entourant la pointe de
fissure.
167

Nous aboutissons à une structure définie par deux contours Γ1 et Γ2 qui entourent la
pointe de fissure, divisant ainsi la pièce en trois parties comme illustré sur la Figure 5.3
(b) [121].
– dans Cint , le champ θ est constant de norme unitaire (1, 0) ;
– dans Cext , le champ θ est nul (0, 0) ;
– dans Ccour , le champ θ varie continûment de (1, 0) à (0, 0).
Ensuite, le taux de restitution d’énergie peut être exprimé par le calcul suivant :
Z
Gθ = [F .θk,k + σij .ui,k .θk ] dV k ∈ [1, 2] (5.8)
v

Les intégrales J et Gθ sont employées uniquement pour des modes d’ouverture de fissure
en cisaillement pur. Cette dernière observation est la conséquence du fait que ces deux inté-
grales permettent de déterminer un invariant aboutissant à l’état mécanique au voisinage de
la fissure. Elles effectuent un calcul énergétique global indépendant de la mixité des modes
de rupture.

Figure 5.3 – Définition des paramètres autour de la pointe de fissure (a) et définition du
champ θ (b).

Integrales M et M θ

Pour permettre le découplage des modes de rupture (ou encore la séparation des modes
mixte de rupture), une intégrale indépendante du domaine considéré a été proposée par Chen
168

et Shield [111]. Cette intégrale de contour appelée M est donnée par l’expression suivante :

1 Z h (v) (u)
i
M= σij,1 .ui − σij .vi,1 nj dΓ (5.9)
2 Γ

(u) (v)
où σij et σij sont respectivement les expressions des champs de contraintes réelles et vir-
tuelles qui proviennent de la méthode de Chen. Avec le mode mixte, la méthode de découplage
des modes développée par Chen et Shield [111], basée sur la forme bilinéaire de l’énergie libre
s’exprime de la manière suivante :

1 1
F (u, ν) = .λ.δij .uk,k .vi,j + .µ.(ui,j + uj,i ).vi,j (5.10)
2 2

où λ et µ désignent les coéfficients de Lamé, et où ui et vi sont les champs de déplacements


réels et virtuels cinématiquement admissibles. Nous nous basons ici sur la loi de Hooke. Les
expressions donnant les contraintes et les formes bilinéaires des tenseurs de déformations
conduisent au produit tensoriel des formes réelles et virtuelles. Avec les lois de permutation
indicielles, cela conduit à l’expression du potentiel F . L’équation 5.9, peut être généralisée à
des symétries anisotropes avec bilinéarité. Cette bilinéarité peut être exprimée en termes de
tenseur de déformation et de contrainte sous la forme suivante :

1 1
F (u, v) = .σij (u) .εij (v) = .σij (v) .εij (u) (5.11)
2 2

Par analogie aux intégrales J et Gθ, en tenant compte de l’intégrale M définie sur un
contour curviligne, Moutou Pitti [122] a défini une intégrale M θ sur un contour surfacique
contenant la pointe de fissure. Cette integrale s’exprime pour des problèmes plans (2D) par
la relation 5.12 :
1 h (u) (v)
i
Mθ = σij .vi,k − σij,k .ui .θk,j dV (5.12)
2

En nous référant aux expressions des champs mécaniques développées au chapitre 2, dans
le cas des matériaux orthotropes comme le bois, les champs de déplacements virtuels v
sont donnés par les formes singulières de Sih [123], ceci pour chaque mode de rupture. Ces
169

expressions prennent les formes suivantes :



q
r
h
1
 √ √ i
= 2K1σ .




 v1 2.π
.<e s1 −s 2
. p2 .s1 . ρ2 − p1 .s2 . ρ1


√ √ i

 q h 
r 1

+2.K2σ . .<e s1 −s . p2 . ρ2 − p1 . ρ1


2.π

2
(5.13)
 q
r
h
1
 √ √ i
v2 = 2K1σ . .<e s1 −s . q2 .s1 . ρ2 − q1 .s2 . ρ1





 2.π 2

√ √ i

 q h 
r 1
+2.K2σ . q2 . ρ2 − q1 . ρ1



2.π
.<e s1 −s 2
.
avec :
ρj = cos(θ) + i.sj .sin(θ) avec j ∈ [1; 2] (5.14)

et
S22
pj = S11 .s2j + S12 et qj = + S12 (5.15)
sj
Les termes sj désignent les racines du polynôme caractéristique suivant :

S11 .s4β + (2.S12 + S33 ) .s2β + S22 = 0 (5.16)

Les expressions S11 , S12 , S22 et S33 sont les composantes du tenseur de rigidité pour une
symétrie orthotrope. Les champs de déplacements réels sont identiques aux champs virtuels.

5.4.3 Interprétation physique de l’intégrale M θ

Si nous considérons les champs de déplacements réels u et virtuels v cinématiquement


admissibles, d’après Dubois [124], l’interprétation suivante peut être considérée :

M (u, u) = J = G (5.17)

Le terme M θ est supposé être le potentiel d’énergie dissipé en pointe de fissure lors du
pas d’avancement de celle-ci. Nous servant du principe de superposition défini par Moutou
Pitti [122], l’intégrale M θ peut s’écrire sous la forme suivante :
u
KI .v KI u
KII .v KII
M θ(u, v) = C1 . + C2 . (5.18)
8 8
où C1 et C2 représentent, d’après Valentin [125], les complaisances reduites en mode 1 et en
mode 2. Du fait des symétries orthotropes, ces valeurs prennent les valeurs suivantes :
" # " #
i (q2 .s1 − q1 .s2 ) i (p2 − p1 )
C1 = 4.<e et C2 = 4.<e (5.19)
s1 − s2 s1 − s2
170

Un découplage parfait des modes peut être obtenu en effectuant deux calculs distincts de
l’intégrale M θ(u, v) pour obtenir les facteurs d’intensité de contraintes réels u KI et u KII . Les
valeurs des facteurs d’intensité de contraintes virtuelles v KI et v KII peuvent être choisies
judicieusement, ceci en fonction des contraintes réelles, d’après Moutou Pitti [122], de la
manière suivante :
u M (ν KI = 1, ν KII = 0) u M (ν KI = 0, ν KII = 1)
KI = 8. et KII = 8. (5.20)
C1 C2
L’objectif ici est de faire travailler les contraintes réelles dans une configuration virtuelle afin
de retrouver le mode voulu (mode 1 ou 2). Les figures 5.4 (a) et 5.4 (b) illustrent la visua-
lisation du maillage des champs de déplacement virtuels respectivement avec l’éprouvette
MMCG modifiée et CTS.

Figure 5.4 – Visualisation des déplacements virtuels : (a) avec une éprouvette MMCG et
(b) éprouvette CTS.

5.4.4 Algorithme de résolution

Cette partie présente l’algorithme numérique de résolution implémenté dans le code aux
éléments finis Cast3M. La procédure de résolution ici consiste en une séparation des modes
(encore appelée découplage des modes) de rupture. La figure 5.5 présente la procédure utilisée
pour calculer les champs de déplacements et les contraintes virtuelles, mais aussi le taux de
restitution d’énergie pour les deux modes comme expliqué dans [122].
171

Figure 5.5 – Algorithme de fissuration numérique.

Nous devons admettre, pour expliquer l’algorithme de résolution, que les champs méca-
niques sont connus à l’instant tn−1 , tout comme l’incrément de temps ∆tn . Les propriétés
mécaniques des matériaux ont été calculées par la méthode de Guitard [107, 108]. Cette mé-
thode a déjà été expliquée dans le paragraphe 5.1 de ce chapitre. Les différentes expressions
et la procédure de résolution de cet algorithme sont les suivantes :
• étape 1 : étape au cours de laquelle sont introduites les données d’entrée telles que
les constantes élastiques du matériau viscoélastique, la force appliquée, la longueur de
fissure et l’épaisseur de l’éprouvette ;
• étape 2 : les déplacements virtuels vi , voir expression 5.13, sont utilisés pour évaluer
les les champs de contraintes réelles et virtuelles u σi et v σi ainsi que les complaisances
Ci ;
• étape 3 : la procédure M θ est utilisée pour calculer les facteurs d’intensité de
u
contrainte Ki et v Ki et les taux de restitution d’énergie Gi ;
• étape 4 : le taux de restitution d’énergie final G est obtenu en additionnant les
différents taux de chaque mode Gi . Ce taux est calculé de la façon suivante :

G = GI + GII (5.21)
172

avec GI et GII respectivement part du mode 1 et 2.

5.4.5 Procédure d’obtention du champ θ

C’est une procédure qui a été développée par Suo [126] et reprise par Moutou Pitti [7]
pour résoudre le problème du champ θ intégré dans le modèle éléments finis. D’après [7, 127],
le champ θ est généré par une procédure dite CH − T HET A. Cette procédure du champ θ
a pour objectif de traiter des fissures rectilignes soumises soit à une translation, soit à une
rotation pour simuler la progression de la fissure. Cette propagation de fissure représente
les translations des nœuds du maillage parallèlement au plan de la fissure engendrant un
accroissement unitaire de l’aire de celle-ci. Si l’accroissement de l’aire n’est pas unitaire, la
procédure CH − T HET A effectue une normalisation du champ θ. Les opérateurs permettant
de construire le champ θ viennent de la boite à outils qui a été utilisée par Moutou Pitti et
validé par plusieurs publications [7, 128, 129, 130]. Il faut noter que la procédure CH −
T HET A construit en 2D un champ θ s’appuyant sur (n + 1) couches d’éléments autour de
la pointe de fissure. Les figures 5.6 (a) et 5.6 (a) représentent le maillage rayonnant (champ
θ) en pointe de fissure respectivement les éprouvettes MMCG et CTS.

Figure 5.6 – Illustration du champ θ en pointe de fissure : (a) éprouvette MMCG et (b)
éprouvette CTS.
173

5.4.6 Procédure M θ

Cette procédure permet le découplage des modes de rupture. Dans le présent travail
nous l’utilisons pour déterminer l’évolution du taux de restitution d’énergie GI en mode
d’ouverture (mode 1), mais aussi les taux GI et GII en mode mixte. De façon à obtenir la
procédure M θ, nous utilisons deux principaux opérateurs GRAD et IN T G. Ces opérateurs
ont des objectifs bien distincts :

– l’opérateur GRAD permet de calculer aux nœuds de chaque élément le gradient des
vecteurs déplacements, des champs de contraintes et du champ θ. Il permet d’obtenir
les valeurs des termes ui,j , vi,j et θk,j ;

– l’opérateur IN T G permet de calculer l’intégrale de volume d’une composante d’un


champ défini à chaque point d’intégration sur un domaine discrétisé prédéfini.

La procédure M θ est couplée avec une procédure de calcul des champs de déplacements et
de contraintes virtuelles au moyen de la procédure V IRT comme écrit dans [131].

5.5 Résultats numériques et analyse

5.5.1 Taux de restitution d’énergie

L’objectif de cette partie est de présenter et de comparer les résultats des différents taux
de restitution d’énergie expérimentaux et numériques en mode d’ouverture de fissure (α= 00 )
et en mode mixte pour les angles α = 150 , 300 , 450 . Le taux de restitution d’énergie en mode
1 sera noté GI . En mode 2, il sera désigné par GII . GI (exp.) et GI (num.) représentent les
valeurs obtenues en mode 1 expérimentalement et numériquement. Il en est de même pour
le mode 2 (GII (exp.) et GII (num.)). Les résultats de l’étude expérimentale ont été présentés
aux chapitres 3 et 4. Pour l’étude numérique, en plus des caractéristiques mécaniques des
matériaux calculés selon la méthode de Guitard, les forces et les longueurs de fissure obtenues
aux chapitres 3 et 4 seront utilisées.
174

Les figures 5.7 (mode 1) et 5.8 (mode 2) comparent les valeurs expérimentales et numé-
riques du taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois essences
pour b = 15 mm et α =150 . Nous remarquons que pour le mode 1, les valeurs obtenues numé-
riquement sont légèrement supérieures aux valeurs expérimentales. Par contre pour le mode
2, les valeurs obtenues expérimentalement sont supérieures à celles obtenues numériquement.
En observant l’allure des différentes courbes nous remarquons qu’elles sont plus rapprochées
proche de la rupture qu’en début de propagation de fissure, excepté dans le cas d’iroko en
mode 1.

Figure 5.7 – Comparaison des courbes expérimentales numériques des trois essences (mode
1 pour b=15 mm et α =150 .

La figure 5.9 représente les courbes de l’évolution du rapport GI /GII en fonction de la


longueur de la fissure d’okoumé. Ces différentes valeurs sont obtenues expérimentalement et
numériquement pour les éprouvettes b = 15 mm et pour α =300 . Nous remarquons que ce
rapport obtenu avec les valeurs expérimentales évolue d’une manière constante, tandis que
pour le calcul numérique il évolue d’une manière décroissante en début de propagation avant
de devenir constant vers la rupture (voir figure 5.9. Nous constatons aussi que les valeurs de
175

Figure 5.8 – Comparaison des courbes expérimentales numériques des trois essences (mode
2 pour b=15 mm et α =150 .

Figure 5.9 – Courbes de l’évolution du rapport GI /GII : valeurs expérimentales et numé-


riques des deux modes pour b=15 mm et α =300 . Avec Oi nom et numéro de l’éprouvette
(O=okoumé, i=3, 6 et 7 numéros des éprouvettes testées).
176

ce rapport obtenues numériquement sont toutes supérieures à celles obtenues expérimentale-


ment.

Les résultats obtenus (voir figures 5.7, 5.7 et tableaux 5, 6, 7 et 8 de l’annexe C) montrent
globalement que la différence entre les valeurs expérimentale et numérique n’est pas très
grande (un écart d’environ 10%). Cependant nous constatons que les valeurs numériques
sont légèrement supérieures aux valeurs expérimentales, ceci pour le mode 1. Nous voyons
par contre que cette tendance s’inverse lorsqu’il s’agit du mode 2, pour lequel les valeurs
expérimentales deviennent légèrement supérieures à celles obtenues numériquement. La ten-
dance des valeurs de l’évolution du taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur
de fissure est la même et sont d’un même ordre de grandeur. Les valeurs issues de la part
du mode 2 sont largement inférieures à celle de la part du mode 1. Nous constatons que les
valeurs expérimentales et numériques sont plus proches en mode 1 qu’en mode 2. Cependant,
nous trouvons que les valeurs des résultats obtenues numériquement sont en accord avec celles
obtenues expérimentalement. La petite différence que l’on peut observer entre les résultats
expérimentaux et numériques peut provenir de :
• la non prise en compte de l’orientation des cernes lors de la propagation de fissure
pour les calculs numériques ;
• la considération des calculs numériques dans le plan alors qu’en réalité il aurait fallu
faire un calcul tridimensionnel ;
• la non-prise en compte des effets d’orthotropie ;
• l’approximation des caractéristiques mécaniques utilisées pour les différents calculs
numériques qui ont été obtenues par une méthode de calcul et non par des essais sur
les matériaux effectivement testés.

Les résultats supplémentaires sont dans les différents tableaux à l’annexe C. Le tableau 5
présente les valeurs obtenues avec les éprouvettes CTS pour b = 20 mm d’okoumé et de
padouk. Les résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG sont présentés dans les tableaux
6, 7 et 8 respectivement pour les essences d’iroko, d’okoumé et du padouk.
177

5.5.2 Réduction de l’éprouvette MMCG

La figure 5.10 (a) présente l’éprouvette MMCG d’origine et la figure 5.10 (b) l’éprouvette
MMCG modifiée. Les raisons de la modification de l’éprouvette ont déjà été données aux
chapitres antérieurs. Pendant les essais, la pointe de la fissure lors de sa propagation est
soumise à une traction et loin de cette fissure l’éprouvette est soumise à la compression.
Nous nous rendons compte qu’en réduisant de moitié les dimensions de cette éprouvette,
nous avons aussi réduit la plage de propagation de la fissure. Sur les figures 5.7 et 5.8 la
plage de propagation de fissure est d’environ 20 mm, tandis qu’avec l’éprouvette d’origine
cette plage de propagation pouvait aller à plus de 30 mm [7]. La diminution de la plage de
propagation fait en sorte que nous restons toujours dans la partie évolutive (croissance) du
taux de restitution d’énergie avec la petite éprouvette modifiée. Ce qui revient à dire que
nous n’atteignons jamais la zone de stabilité observée avec la grande éprouvette. C’est ce qui
justifie dans tout le manuscrit les valeurs toujours croissantes de G.

Figure 5.10 – Eprouvette MMCG : (a) éprouvette bois MMCG et (b) éprouvette bois
MMCG modifiée.

5.5.3 Plage de propagation des éprouvettes CTS et MMCG

L’objectif ici est de montrer que la plage de propagation de fissure observée sur l’éprou-
vette CTS reste inférieure à celle obtenue avec l’éprouvette MMCG. Dans cette partie, les
178

éprouvettes munies au préalable d’une fissure initiale de 28 mm pour les CTS et de 22 mm


pour les MMCG sont comparées. Les résultats présentent les valeurs des différents taux de
restitution d’énergie critique en fonction de la longueur de fissure obtenus expérimentalement
et numériquement. Les valeurs donnant les plages de propagation des éprouvettes montrent
que les MMCG propagent plus que les éprouvettes CTS. En effet, les résultats obtenus avec
des éprouvettes pour b = 20 mm ont été présentés au chapitre 3 et ont montré que les plages
de propagation des éprouvettes MMCG pouvaient aller à plus de 20 mm. La figure 5.11
montre un exemple qui présente une éprouvette CTS et une éprouvette MMCG, illustrant
parfaitement ce constat. Nous voyons que pour l’éprouvette CTS la plage de propagation
est d’environ 3 mm tandis que pour l’éprouvette MMCG cette plage est d’environ 8 mm.
Ceci montre bien que l’éprouvette MMCG a été conçue pour obtenir une bonne plage de
propagation, mais aussi une stabilité de la fissure.

Figure 5.11 – Plage de propagation en mode d’ouverture (α=00 ) des éprouvettes MMCG
et CTS pour les éprouvettes de b=20 mm.
179

5.6 Conclusion

L’objectif de ce chapitre était de calculer numériquement les paramètres de rupture et de


comparer les résultats ainsi obtenus avec les résultats expérimentaux obtenus dans les cha-
pitres précédents. Pour ce faire, un algorithme de résolution numérique sous Cast3M pour
prédire l’évolution de la fissure et permettre de calculer numériquement l’évolution du taux
de restitution d’énergie des trois essences d’iroko, d’okoumé et du padouk a été utilisé. Les
paramètres mécaniques des trois essences ont été calculés par les différentes formules de Gui-
tard rappelées aux préalables. Pour permettre la comparaison entre les résultats numériques
et expérimentaux, la force et la longueur de fissure obtenues dans la partie expérimentale aux
chapitres 3 et 4 sont utilisées dans ce chapitre. Les différents taux de restitution d’énergie ont
été calculés et les résultats ont été donnés en fonction de la longueur de fissure. Ces résul-
tats numériques obtenus, consignés dans les différents tableaux, sont similaires aux valeurs
expérimentales.
180
Conclusions générales et perspectives

Conclusion

Ce travail avait pour objectif d’étudier les paramètres de rupture de trois essences tro-
picales issues de la forêt gabonaise à savoir Milicia excelsa (iroko), l’ Aucoumea klaineana
Pierre (okoumé) et le Pterocarpus soyauxii (padouk). Les éprouvettes bois solidaires du sys-
tème Arcan en acier spécialement conçu pour cette étude ont été montées sur une machine
d’essai traction-compression.
Les principaux constituants du matériau bois sur les plans microscopique et macroscopique
ont d’abord été rappelés, et les formules de la mécanique de la rupture linéaire énoncées. Une
revue bibliographique sur les éprouvettes utilisées en mécanique sur les essences tempérées
a permis de rappeler un certain nombre d’entre elles. La méthode de la grille a été utilisée
pour suivre l’avancée et l’ouverture de la fissure. Une description succincte du principe de la
méthode de la grille a été donnée et l’origine des erreurs éventuelles a été estimée.
Les études ont ensuite été menées en mode d’ouverture (mode 1) sur les éprouvettes CTS et
MMCG modifiées pour plusieurs épaisseurs. La méthode de la grille a été utilisée dans toute
l’étude. Les cartes typiques de déplacements et de déformations ont été traitées avec cette
méthode. La méthode de la complaisance a été utilisée afin de calculer le taux de restitution
d’énergie critique de chaque éprouvette. Les résultats obtenus ont montré que le taux de res-
titution d’énergie critique augmente lorsque la densité augmente à la fois dans les processus
de fissure stationnaire et de croissance de fissure. Ces résultats ont aussi permis de montrer
que l’épaisseur de l’éprouvette a une influence sur la fissuration. Il ressort aussi que les ré-
sultats obtenus sont proportionnels à la densité de ces essences. Les valeurs moyennes de Gic

181
182

et Gmc pour les trois espèces testées (okoumé, iroko, padouk) ont été comparées à celles des
essences tempérées données par la littérature (épicéa, pin, chêne) avec la même densité et les
mêmes conditions expérimentales. La comparaison a montré que les résultats obtenus sont
similaires.
Des études ont ensuite été menées en mode mixte pour les angles de mixité α=150 , 300 et 450 ,
toujours avec les mêmes essences et pour différentes épaisseurs. La même méthodologie qu’en
mode d’ouverture a été adoptée. Après découplage des modes (séparation des modes 1 et 2),
le calcul des différents taux de restitution d’énergie calculés a montré une prédominance du
mode 1 sur le mode 2. Les conclusions obtenues ont confirmé les tendances observées en mode
d’ouverture. Les valeurs minimales du taux de restitution d’énergie Gic ont été calculées et
comparées pour les trois essences, et le rapport de GI /GII en fonction de la longueur de
fissure a été donné pour l’okoumé. Ce rapport montre une évolution constante, ce qui laisse
à penser que les valeurs caractérisant la fissuration obtenue sont des valeurs intrinsèques aux
matériaux étudiés.
Enfin une partie a été dédiée à des études numériques conduites avec le logiciel d’éléments
finis Cast3M. La méthode énergétique introduite par l’intégrale Mθ qui permet de découpler
les modes de rupture a été utilisée, un champ θ entraînant un domaine surfacique en pointe
de fissure a été utilisé. Etant donné que le calcul a été effectué en contraintes planes, l’im-
pact de l’épaisseur n’a donc pu être vérifié dans le cas du calcul numérique. Globalement les
résultats numériques ont montré une similitude avec les résultats expérimentaux, confortant
par la même occasion que la méthode de la grille était fiable pour ce genres d’études.

Perspectives

En perspective, plusieurs pistes sont à envisager, notamment effectuer les essais avec
l’éprouvette MMCG d’origine, cela permettra de voir si nous obtenons une zone de stabilité
avec ces essences tropicales. Il serait aussi intéressant de conduire des essais avec les éprou-
vettes CTS pour différentes épaisseurs comprises entre 12.5 et 20 mm. L’objectif serait alors
d’identifier l’épaisseur à partir de laquelle le début de propagation appréciable est observable,
183

autrement dit voir à partir de quelle épaisseur on passe d’une éprouvette avec rupture ins-
tantanée à une éprouvette avec propagation de fissure.
Ensuite d’autres études pourraient être menées sur une éprouvette MMCG usinée suivant les
autres directions préférentielles du bois (LT et LR). En même temps il faudrait étendre la
présente étude à d’autres essences tropicales en se référant notamment à la base de données
du CIRAD.
Il serait aussi très intéressant de conduire les essais en humidité variable, dans une chambre
climatique, de sorte que nous puissions voir l’effet de la température, mais aussi de d’humi-
dité sur les caractéristiques des essences tropicales. L’objectif visé serait de nous mettre dans
les mêmes conditions de température et d’humidité que celles du Gabon, où la température
varie entre 200 et 340 C et où l’humidité qui règne est de plus de 80%.
Les essais de fluage sur les éprouvettes pré-fissurés en environnement variable pourraient aussi
être réalisés afin de prendre en compte le comportement en service de ces essences tropicales,
notamment dans leur environnement immédiat.
Lors de chargements complexes la fissure peut subir une bifurcation. Une analyse de ce pro-
cessus pourrait aussi être conduite afin d’analyser et de prendre en compte cette propagation
aléatoire.
Enfin, une étude numérique en 3D peut être conduite afin d’évaluer numériquement l’impact
de l’épaisseur sur les processus de fissuration observé dans le cas expérimental. La thèse
menée en parallèle sur la fissuration en 3D par [132] peut servir de support.
184
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Annexe A. Difficultés rencontrées

• Annexe A1
Les figures 12 (a) et 12 (b) présentent respectivement une vue de l’éprouvette MMCG en
3D et des éprouvettes MMCG avec fissures au niveau de congés de raccordement. En effet,
parmi les difficultés rencontrées celui de la fragilité des éprouvettes au niveau des congés de
raccordement est justement celui qui a posé plus de problèmes. C’est d’ailleurs pour cette
raison que plusieurs essais n’ont pas été exploités, il a fallu jouer avec l’épaisseur, la fissure
initiale et renforcer ces zones pour résoudre le problème de fragilité de ces éprouvettes MMCG
réduites.

Figure 12 – Problèmes de cassures rencontrés au niveau des congés de raccordement

199
200

• Annexe A2
Les figures 13 (a) et 13 (b) présentent deux exemples de cartes après passage de quelques
éprouvettes au scanner (CT-scan) respectivement pour les bois tempérés et les bois tropicaux.
Nous pouvons distinguer clairement les cernes bien visibles dans le cas des éprouvettes issues
de bois tempérées (douglas et sapin blanc), ce qui n’est pas le cas pour les bois tropicaux
(iroko, okoumé et padouk).

Figure 13 – Observation des cernes : (a) essences tempérées et (b) essences tropicales
Annexe B. Caractéristiques de l’acier
du système Arcan

Propriétés de l’acier utilisé

Nous donnons ici quelques caractéristiques sur l’acier utilisé pour réaliser le système Ar-
can. Cette gamme d’aciers est conforme à la norme EN 10149.2 :1995. Ce type d’acier est
appelé acier à haute limite d’élasticité (HLE). Les aciers à haute limite d’élasticité se ca-
ractérisent par une faible teneur en carbone et en éléments d’alliage, ce qui leur confère
d’excellentes propriétés fonctionnelles telles que l’aptitude au formage à froid, profilage, sou-
dage ou au revêtement. Leur durcissement obtenu par précipitation et affinement de la taille
des grains permet d’atteindre de hauts niveaux de résistances mécaniques.

Avantages des aciers HLE

Ils combinent soudabilité améliorée due au très faible niveau de carbone et bonne for-
mabilité. Leurs caractéristiques mécaniques facilitent le formage sur presses et sur lignes
automatisées. Ils se caractérisent de plus par une bonne tenue à la fatigue et à la résistance
au choc. Grâce à leur limite élastique élevée (Re), ils sont particulièrement adaptés lors-
qu’une réduction de poids est recherchée, c’est pourquoi ces aciers s’utilisent fréquemment
en remplacement des aciers de construction. Les aciers HLE sont particulièrement destinés
aux pièces de structure telles que les tubes soudés, les profilés, les pièces pliées ou embouties
légèrement.

201
202

Les aciers HLE sont mis en œuvre dans les secteurs tels que :
– l’automobile : renforts et supports emboutis, profilés ou sous forme de tubes soudés ;
– les sièges : tubes, glissières, éléments de mécanisme ou d’articulations ;
– les véhicules industriels, tracteurs, remorques et bennes pour les applications relatives
aux châssis (tenue à la fatigue) ;
– le levage et la manutention (grues, hayons élévateurs, monte-charges, plateformes,
rayonnages de stockage, ascenseurs) ;
– le secteur agricole pour les châssis et éléments de protection ;
– les arceaux de sécurités, le bâtiment, les conteneurs, les mâts d’éclairage urbains, les
toupies à béton.
Les tableaux 3 et 4 présentent les caractéristiques chimiques et mécaniques de l’acier
utilisé :

C Si Mn P S Nb V 1 Ti 1 Al total

≤ 0, 12 ≤ 0, 50 ≤ 1, 70 ≤ 0, 025 ≤ 0, 015 ≤ 0, 09 ≤ 0, 20 ≤ 0, 15 ≥ 0, 015

Table 3 – Composition chimique (%).

R (1) (MPa) ReH (1) (MPa) A (1)(%) Pliage à 180 0 avec un

Φ mini de mandrin (2)

550 - 700 ≥ 500 14 1 x e(3)

Table 4 – Caractéristiques mécaniques à température ambiante au moment de la livraison.

Avec :
(1) valeurs d’essais de traction (selon EN 10002-1) s’appliquent aux éprouvettes longitudi-
nales.
(2) valeurs d’essai de pliage s’appliquent aux éprouvettes transversales.
(3) e : épaisseur de la tôle.
Annexe C. Résultats du chapitre 5

Le Tableau 5 représente les valeurs du taux de restitution d’énergie obtenues expérimen-


talement et numériquement en mode 1 sur des éprouvettes pour b=20 mm et pour différents
incréments de a. Les tableaux 6, 5 et 5 représentent les valeurs du taux de restitution d’énergie
obtenues expérimentalement et numériquement en mode mixte (taux de mixité α=150 , 300
et 450 sur des éprouvettes pour b=12,5, 15 et 20 mm respectivement pour l’iroko, l’okoumé
et le padouk.

Désignation a GI (exp.) GI (num.)


(mm) (J/m2 ) (J/m2 )
29,56 02,81 01,23
29,96 28,84 30,93
Epaisseur 20,0 mm (00 ) 30,00 33,95 46,99
(okoumé) 30,04 46,71 55,40
30,08 54,75 73,22
32,00 98,78 126,68
32,28 115,45 133,73
36,72 281,77 276,82
38,40 305,37 313,33
Epaisseur 20,0 mm (00 ) 39,64 313,6 336,00
(padouk) 39,94 330,25 342,12
40,40 336,38 345,97

Table 5 – Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes CTS d’okoumé et
de padouk : valeurs expérimentales et numériques pour b = 20 mm et α = 00 .

203
204

Désignation a GI (exp.) GI (num.) GII (exp.) GII (num.)


(mm) (J/m2 ) (J/m2 ) (J/m2 ) (J/m2 )
27,40 182,83 198,95 - -
29,44 195,40 215,27 - -
Epaisseur 15,0 mm (00 ) 32,00 246,59 259,68 - -
32,92 255,95 269,00 - -
33,76 264,85 271,41 - -
26,52 02,38 04,85 0,69 0,03
31,80 02,79 09,15 2,08 0,09
33,52 02,97 09,56 2,10 0,11
Epaisseur 15,0 mm (150 ) 34,00 03,21 09,61 2,27 0,12
35,80 05,34 09,65 2,50 0,13
35,96 05,38 09,80 2,54 0,13
41,64 07,72 10,11 2,92 0,14
43,64 09,02 10,25 3,90 0,14
35,76 12,00 16,93 5,29 3,51
38,12 19,15 24,14 8,95 4,76
39,94 27,42 26,01 10,78 4,96
Epaisseur 12,50 mm (450 ) 41,84 29,51 28,32 12,05 5,79
48,28 36,95 38,61 18,94 7,27
51,92 39,11 44,90 21,84 7,63
53,48 39,93 48,01 22,25 7,65
54,08 40,74 49,94 23,03 7,91

Table 6 – Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG d’iroko :
valeurs expérimentales et numériques obtenues en mode 1 et mode 2.
205

Désignation a GI (exp.) GI (num.) GII (exp.) GII (num.)


(mm) (J/m2 ) (J/m2 ) (J/m2 ) (J/m2 )
24,72 23,62 54,24 - -
24,92 25,97 83,56 - -
26,52 45,69 115,23 - -
Epaisseur 15,0 mm (00 ) 27,32 52,67 119,64 - -
30,04 83,88 158,78 - -
32,12 103,56 167,06 - -
34,92 147,57 192,70 - -
35,92 161,07 192,91 - -
39,84 188,49 193,27 - -
32,40 2,59 6,87 1,26 0,07
33,60 2,86 7,36 1,44 0,08
35,16 3,28 7,40 1,65 0,08
35,84 3,60 7,70 1,79 0,09
36,12 3,84 7,95 1,91 0,09
Epaisseur 15,0 mm (150 ) 36,72 4,27 8,06 2,06 0,10
37,12 4,32 8,62 2,15 0,11
39,12 4,69 8,91 2,31 0,11
39,60 4,82 8,97 2,41 0,11
39,92 4,92 9,27 2,49 0,12
41,70 5,18 9,68 2,64 0,13
42,00 5,30 9,85 2,72 0,14
32,44 4,19 11,19 0,70 0,52
35,24 8,17 13,28 1,14 0,71
36,96 9,88 13,43 1,40 0,78
Epaisseur 15,0 mm (300 ) 37,16 10,33 13,61 1,48 0,82
37,96 12,24 13,73 1,64 0,84
39,96 12,89 13,80 1,83 0,88
40,16 13,02 14,09 1,88 0,89
42,68 16,01 16,39 2,30 1,00
29,12 1,56 17,20 1,25 2,3
29,48 14,97 35,91 5,38 4,41
32,92 48,29 61,31 10,79 10,19
Epaisseur 12,50 mm (450 ) 33,16 50,35 62,83 10,97 10,29
34,84 53,06 64,67 12,75 10,51
35,08 55,72 64,68 21,21 10,76
37,00 57,17 66,21 24,69 12,41

Table 7 – Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG d’okoumé :
valeurs expérimentales et numériques obtenues en mode 1 et mode 2.
206

Désignation a GI (exp.) GI (num.) GII (exp.) GII (num.)


(mm) (J/m2 ) (J/m2 ) (J/m2 ) (J/m2 )
24,84 14,56 127,17 - -
Epaisseur 15,0 mm (00 ) 25,00 103,12 193,31 - -
29,16 200,84 213,76 - -
30,00 271,23 285,83 - -
37,96 08,66 09,37 04,15 0,12
40,12 08,87 10,44 05,78 0,13
Epaisseur 15,0 mm (150 ) 41,92 09,16 10,60 05,90 0,15
42,20 09,38 10,90 05,91 0,16
43,52 09,71 11,13 05,93 0,17
45,04 09,80 11,26 05,94 2,10
31,92 08,23 23,89 05,71 03,61
Epaisseur 12,5 mm (450 ) 34,76 20,05 47,66 19,05 08,25
40,04 40,04 59,94 35,76 11,48
40,16 40,08 61,30 36,19 12,44

Table 8 – Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG de padouk :
valeurs expérimentales et numériques obtenues en mode 1 et mode 2.

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