2018CLFAC015_ODOUNGA
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des champs
Bernard Odounga
THÈSE
Présentée par
Bernard ODOUNGA
pour obtenir le grade de
DOCTEUR D’UNIVERSITÉ
SPÉCIALITÉ : GÉNIE CIVIL
Titre de la thèse :
Je souhaite tout d’abord exprimer ma profonde gratitude à mes directeurs de thèse, Ros-
tand Moutou Pitti, Evelyne Toussaint et Michel Grédiac pour leur encadrement de qualité
et pour avoir dirigé ce travail. Leurs précieux conseils, leur appui, leur disponibilité et aussi
leur patience m’ont été d’une grande utilité tout au long de ces trois années de thèse.
Je voudrai aussi remercier tous les membres du laboratoire, merci au personnel d’atelier
pour leur disponibilité, merci à tout le corps enseignant du département génie civil de poly-
technique. Je tiens aussi à dédier une mention spéciale à tous mes compagnons de laboratoire
pour ces trois années passé ensembles, en particulier Augustin, Edouard, Basile, Bilal, César,
5
6
Je souhaiterais exprimer ma gratitude à mes parents pour m’avoir inculqué les valeurs
qui sont les miennes, à ma fiancée Claudia pour sa patience et à mes frères et sœurs pour
leur soutien indéfectible.
Résumé
7
8
Mots clés : fissuration des bois tropicaux, méthode de la grille, éprouvettes CTS et
MMCG modifiées.
Abstract
The objective of the present work is to study experimentally and numerically the cracking
behavior of tropical woods from the Gabonese forest, namely : Milicia excelsa (iroko), Au-
coumea klaineana pierre (okume) and Pterocarpus soyauxii (padouk). This study focuses
on the crack growth process in crack opening mode and mixed mode of these three species
using Modified Tension Shear (CTS) and Mixed Mode Crack Growth (MMCG) specimens.
The specimens are mounted in an Arcan system and placed in an electromechanical testing
machine. The grid method is used to measure the displacement and strains fields near the tip
crack. These maps make it possible to obtain the opening and the length of the crack during
the tests. The curves force showing the face as a function of the crack opening are deduced
from the measurements. The experimental critical energy release rate G is evaluated by the
compliance method in imposed displacement. The results show an effect of the thickness on
cracking. These results also made it possible to demonstrate a proportionality of the density
with the parameters of rupture of these species. In mixed mode, after decoupling the modes
(separation of mode 1 and mode 2), the values of G are presented as a function of to the crack
length. For Okume, for example, it was observed that the ratios of the energy release rates
of the two modes are constant, which justifies the intrinsic character of the cracking parame-
ters were obtained. Comparisons made with results from the literature review on temperate
species of the same density showed similarities.
Keywords : cracking of tropical woods, grid method, CTS specimen and modified MMCG
specimen.
9
10
Table des matières
Remerciements 7
Résumé 9
Abstract 10
Introduction générale 22
11
12
Bibliographie 185
1.2 Orthotropie locale du bois : deux plans (RL et RT) de symétrie matériellle [2]. 37
1.4 Schéma des trois plans anatomiques d’observation de la structure ligneuse chez
les angiospermes et les gymnospermes (modifié de Grosser [3]). . . . . . . . . 41
15
16
2.10 Définition des axes (x,y) et des coordonnées (r,θ) au voisinage de l’extrémité
d’une fissure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.5 Éprouvettes typiques MMCG des trois essences : Okoumé, Iroko et Padouk. . 97
3.9 Exemple de grilles transférées sur les éprouvettes CTS et MMCG [11]. . . . . 103
3.15 Abscisse de la pointe de fissure obtenue pour trois valeurs de seuil différentes
de εyy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
3.17 Exemple de cartes de déplacement (a) et de cartes de déformation (b) pour les
essences d’okoumé (O) et de padouk (P) avec des éprouvettes CTS de deux
épaisseurs (12,5 et 20 mm). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
3.18 Exemple de cartes de déplacement (a) et de cartes de déformation (b) pour
les essences d’okoumé (O) et de padouk (P) avec des éprouvettes MMCG de
deux épaisseurs (15 et 20 mm). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
3.19 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure montrant la différence entre
le déplacement de traverse et le déplacement obtenu avec la grille. . . . . . . 113
3.20 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes CTS. 114
3.21 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG d’okoumé et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm). . . . . . . . . . . . 115
3.22 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG d’Iroko et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm). . . . . . . . . . . . . 116
3.23 Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG Padouk et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm). . . . . . . . . . . . . 116
3.24 Exemple de longueur de fissure en fonction de la force pour deux éprouvettes
CTS (épaisseur 20 mm). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
3.25 Exemple de courbe longueur de fissure en fonction de la force pour les trois
essences MMCG (épaisseur : 15 mm et 20 mm). . . . . . . . . . . . . . . . . 119
3.26 Taux de restitution d’énergie critique d’okoumé (O), de l’iroko (I) et du padouk
(P) (épaisseur 12,5 mm et 20 mm) pour les éprouvettes CTS. . . . . . . . . 120
3.27 Taux de restitution d’énergie critique Gc en fonction de la longueur de fissure
pour l’okoumé (O). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
3.28 Taux de restitution d’énergie critique Gc en fonction de la longueur de fissure
pour l’iroko (I). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
3.29 Taux de restitution d’énergie critique Gc en fonction de la longueur de fissure
pour le padouk (P). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
4.1 Blocs de bois dans lesquels ont été usinées les éprouvettes . . . . . . . . . . . 130
18
4.4 Exemples d’éprouvettes d’okoumé : face sans grille (a) et face avec grille (b) 133
4.6 Un exemple des cartes de déplacements et des déformations des trois essences
pour α = 150 : (a) b=15 mm et (b) b=20 mm. . . . . . . . . . . . . . . . . 136
4.8 Cartes de déplacements et de déformations pour α = 450 : (a) des trois essences
b=12,5 mm et (b) iroko et padouk b=20 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
4.9 Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour α = 150 et
b=15 mm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
4.10 Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour α = 150 et
b=20 mm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
4.13 Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour b = 12,5 mm
et α = 450 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
4.17 Valeurs moyennes minimales de Gic (avec barres d’erreurs) des trois essences :
part du mode I et du mode II pour les éprouvettes b=15 mm et α = 150 . . 144
4.20 Valeurs moyennes de Gic (avec écart type) des trois essences : part du mode 1
et du mode 2 (éprouvettes pour b= 20 mm et α = 150 . . . . . . . . . . . . 147
4.29 Valeurs moyennes GI − GII en fonction de l’angle de mixité des trois essences
(pour b= 20 mm) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
20
3.4 Valeurs spécifiques des éprouvettes de l’okoumé : Gic est la valeur initiale du
taux de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur de taux de restitution
d’énergie maximal à la rupture, Moy est la moyenne. . . . . . . . . . . . . . 122
3.5 Valeurs spécifiques des éprouvettes de l’iroko : Gic est la valeur initiale du
taux de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur de taux de restitution
d’énergie maximal à la rupture, Moy est la moyenne. . . . . . . . . . . . . . 123
3.6 Valeurs spécifiques des éprouvettes de padouk : Gic est la valeur initiale du
taux de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur du taux de restitution
d’énergie maximal à la rupture, Moy est la moyenne. . . . . . . . . . . . . . 124
21
22
3.7 Comparaison des valeurs moyennes de Gmc pour les éprouvettes MMCG testées
d’épaisseur 15 mm (1) et 20 mm (2) avec la littérature et SD est l’écart type. 125
Nomenclature
Γ1 et Γ2 contours surfaciques
→,→ vecteurs normaux respectifs aux contours Γ1 et Γ2
n 1 n 2
Préambule
27
28
Cette thèse tient son originalité du fait que la fissuration est étudiée pour la première sur
les essences tropicales qui ont la particularité d’avoir une croissance continue. Le but visé
est la connaissance des paramètres mécaniques d’essences méconnues à ce jour. L’étude des
propriétés de rupture des bois tropicaux est cruciale pour guider les ingénieurs locaux dans le
choix des matériaux de construction, mais aussi pour conforter les populations locales dans
leur choix de matériaux de construction autres que le béton et l’acier. Elle s’inscrit aussi
dans une vision globale qui est l’implantation au sein de l’Ecole Polytechnique de Masuku
d’un pôle de recherche scientifique et technologique sur le matériau bois tropical. Ces objectifs
coïncident parfaitement avec le projet actuel de développement des capacités institutionnelles
de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku en matière de recherche et de formation
des formateurs.
Contenu de la thèse
• le chapitre 4.
Pour les mêmes essences, la fissuration en mode mixte est étudiée pour trois angles
de mixité. En mode d’ouverture (chapitre 3), l’éprouvette est sollicitée en traction, la
fissure est censée se propager suivant la direction du fil du grain. Mais puisque nous
sommes en présence du bois, un matériau hétérogène, par conséquent il y a un risque
important de bifurcation de fissure lors de la propagation, donc de cisaillement. C’est
pour cette raison que les essais sont aussi effectués en mode de cisaillement, en mode
mixte. Il s’agit ici d’examiner la propagation de la fissuration, toujours avec cette même
technique de la grille, avec la seule éprouvette MMCG modifiée qui a la particularité
d’avoir une géométrie adaptée qui permet de contrôler la propagation de fissures dans
du bois.
• le chapitre 5.
Cette dernière partie permet de mener une étude numérique sur les éprouvettes CTS [6]
et MMCG modifiée [11]. Il s’agit ici de décrire les modèles proposés dans la bibliogra-
phie pour modéliser la propagation de fissures dans ce type de matériau et d’identifier
les paramètres pilotant ces modèles pour les essences testées. Les résultats obtenus
numériquement seront comparés aux résultats expérimentaux des chapitres 3 et 4.
Chapitre 1
1.1 Introduction
Dans ce chapitre, les propriétés mécaniques du bois sont rappelées du fait de son hé-
térogénéité et de son exposition à l’humidité. Il a été démontré que l’humidité du bois est
une caractéristique importante qui influe directement sur ses autres propriétés physiques et
sur ses propriétés mécaniques. Le comportement du matériau bois dépend fortement de la
teneur en humidité dans celui-ci, de la température ainsi que de l’histoire de sorption de
l’éprouvette ou de la structure considérée. La variation de l’humidité va donc entraîner, pour
le bois, les variations de dimensions, de forme, de volume, de densité et donc par conséquent
de résistance.
Les arbres, composantes dominantes de systèmes écologiques variés et complexes que sont les
forêts, constituent l’un des réservoirs vivants le plus important de monoxyde de carbone, ce
“gaz à effet de serre” qui contribue le plus au réchauffement de la terre et à l’évolution clima-
tique de la planète. Par le biais d’un processus chimique appelé photosynthèse, les arbres et
nombreuses autres plantes absorbent le gaz carbonique de l’air et le combine avec la lumière
du soleil pour obtenir l’énergie dont ils ont besoin pour vivre. Les arbres transforment le gaz
31
32
carbonique en élément solide, le stockent dans leurs troncs, branches et feuilles, et dégagent
de l’oxygène dans l’atmosphère. La capacité à absorber le gaz carbonique de l’atmosphère et
à produire de l’oxygène a donné aux forêts le nom de "poumons du monde.” Le gaz carbo-
nique est surtout émis par la combustion du pétrole, du charbon, du gaz naturel ou d’autres
combustibles “ fossiles ” à des fins industrielles, énergétiques et de transport. Comme maté-
riau, le bois est utilisé par les industries de première transformation qui le traite, le modifie
et lui confère de multiples formes. Il s’emploie soit directement comme matière première -
par exemple pour la fabrication d’éléments de menuiserie, de meubles, d’emballages - soit
pour la réalisation de matériaux dérivés tels que les panneaux de particules et contrepla-
qués. La grande variété des bois, de propriétés et d’aspects différents, permet de nombreuses
utilisations dans de multiples domaines de l’environnement humain. Notre étude est basée
sur des bois tropicaux, donc issus des arbres constitués principalement des feuillus (Angio-
spermes) qui présentent une structure des plus complexe que les Gymnospermes (résineux).
Par ailleurs, les feuillus peuvent être caractérisés par leur densités très variables. Parmi, les
essences feuillues que l’on trouve dans les régions tempérées et tropicales, nous trouvons un
nombre très important d’espèces qui peuvent être classées en cinq catégories :
– bois très légers et tendres (densité 0,4 à 0,45) comme le peuplier, le saule, le tilleul ;
– bois légers et tendres (densité 0,45 à 0,55) comme l’okoumé, l’aulne, le bouleau, tremble ;
– bois mi-lourds et mi-durs (densité 0,56 à 0,70) comme l’iroko, le châtaignier, le chêne
tendre, le pin ;
– bois lourds et durs (densité 0,70 à 0,85) comme le padouk, le movingui, le charme, le
chêne dur, l’érable, le frêne, le hêtre, le merisier, le noyer, l’orme, le platane, le poirier ;
– bois très lourds et très durs (densité 0,85 et plus) comme l’azobé, le buis, le chêne vert,
le cornouiller, le sorbier.
Dans ce chapitre il est question de définir le matériau bois, notamment avec ses aspects
physiques et ses propriétés mécaniques. Les aspects macroscopique et microscopique seront
rappelés. Il sera aussi question du choix opéré sur nos trois essences bois, à savoir l’okoumé,
l’iroko et le padouk. Les raisons et les motivations du choix des trois essences sont expliqués,
33
notamment sur leur utilisation dans l’industrie, la construction, leur présence dans les foyers
et leur importance dans le quotidien des populations.
1.2.1 Le bois
Issu des arbres, le bois est défini par la norme NF B 50-003 et d’après [16] comme un
"ensemble de tissus très résistants qui constituent le tronc, les branches et les racines des
plantes ligneuses, formés par des vaisseaux conduisant la sève brute, les fibres et le paren-
chyme (voir Figure 1.1). Issu du fonctionnement du cambium périphérique, le bois est situé
entre celui-ci et la moelle. Cette définition ne s’applique pas aux monocotylédones (bambous,
palmiers, rotins)". En effet, certaines plantes (palmiers, bambous. . . ) produisent des tissus
lignifiés mais non issus d’un cambium secondaire : il ne s’agit donc pas de bois.
Autrement dit, le bois est un ensemble de tissus composés des fibres ligneuses, trachéides, de
parenchymes et de vaisseaux. Dans les arbres, le bois assure trois principales fonctions : la
conduction de la sève brute de la racine vers les branches, le soutien mécanique de l’ensemble
de l’arbre contre son poids et les forces extérieures, et la réserve des substances nutritives
comme l’amidon (voir figure 1.1).
Il s’agit de l’un des matériaux les plus appréciés pour ses propriétés mécaniques, pour son
pouvoir calorifique et comme matière première pour de multiples branches industrielles. Il
a de nombreux usages dans le bâtiment et l’industrie (industries papetières, industries chi-
miques. . . ), et en tant que combustible.
Le bois est l’un des rares matériaux 100% naturel. Ses principaux composants chimiques
sont le carbone, l’oxygène et l’hydrogène. C’est également une matière organique princi-
palement constituée de cellulose et de lignine renfermant un faible pourcentage d’éléments
minéraux et une part d’humidité variable. Le bois est aussi écologique car son utilisation
permet de limiter les émissions de gaz à effet de serre et, de ce fait, il permet de lutter effi-
cacement contre le changement climatique.
34
Pendant sa croissance, le jeune arbre absorbe du carbone, avec lequel il fabrique les cellules
du bois et rejette de l’oxygène dans l’atmosphère. Le bois est donc un véritable "puits de
carbone". A la maturité de l’arbre, le processus absorption et rejet est ralentit, d’où la né-
cessité de replanter de jeunes arbres pour conserver cet équilibre. Enfin, le bois valorisé sous
forme de meubles, parquets ou bâtiments est un stock de carbone. A la différence d’autres
produits comme le ciment, le plastique ou l’acier, le bois est un matériau qui nécessite très
peu d’énergie pour sa mise en œuvre (production et fabrication). Le bois est également 100%
recyclable et biodégradable, et sa durée de vie est supérieure à celle des autres matériaux.
Le bois a été l’un des premiers matériaux utilisés par l’homme. Au fil des siècles et d’une mul-
titude d’expérimentations, les êtres humains du monde entier ont pu utiliser le bois dans dif-
férents domaines. Nous pouvons, dans le cas du continent Européen, citer quelques exemples :
construction des arcs en if, les tonneaux en chêne, les manches d’outil en frêne, les billots de
boucher en charme, les moyeux de roue en orme, les crosses de fusil en noyer, les sculptures
en tilleul, les dents d’engrenage en cormier, etc. En Afrique, les exemples d’utilisation de
ce matériau sont nombreux et le bois a toujours été présent dans l’existence des peuples de
ce continent. Les exemples de son utilisation sont nombreux dans les traversées d’obstacles
(ponts), la construction des bâtiments, les outils ménagers, la sculpture, etc.
Une des trois fonctions principales assurée par le bois de l’arbre est une fonction mécanique
des solides [1]. Elle est associée à une fonction de mécanique des fluides :
Le bois de l’arbre est moteur en mécanique des structures, il construit la structure et gère la
posture. Il n’est qu’acteur en mécanique des fluides, même si l’organisation géométrique du
réseau de capillaires connectés du xylème et du phloème et si les capacités de biosynthèse
des cellules à longue durée de vie du xylème et du phloème sont les clés de la réussite de la
circulation par « aspiration » (tension dans le fluide) de la sève brute ou de la circulation par
pression osmotique de la sève élaborée sur des dénivelés pouvant dépasser 100 m. Le couplage
mécanique « fluide/structure » joue quant à lui un rôle essentiel dans la résistance à l’embolie
dans un long circuit sous tension hydrostatique. Le bois participe aussi, bien entendu, à la
perception des signaux de l’environnement par l’ensemble de ses cellules vivantes.
Trois autres fonctions importantes doivent être soulignées :
A chaque instant, les différentes parties du bois de l’arbre sont créées ou modifiées pour
bien répondre aux différentes fonctions, compte tenu de l’histoire passée et de l’environne-
ment présent. Cette réponse est toujours « cadrée » par un pilotage de nature génétique qui
définit des signatures propres à l’espèce (variations interspécifiques) et à l’individu (variations
intra-spécifiques).
Le bois, a deux caractéristiques essentielles et primordiales qui sont l’anisotropie et l’hétéro-
généité. L’anisotropie du bois est une conséquence directe de son hétérogénéité.
De façon à faciliter les études sur les comportements physiques et mécaniques, on prend
comme référence trois types de section comme le montre la Figure 1.2 et définies de la
manière suivante :
caractéristiques. Les Rayons médullaires ce sont les lames parenchymateuses, dont les
plans passent par l’axe de la tige ou de la racine, séparant les faisceaux primaires (rayons
médullaires primaires) ou coupant le bois et le liber secondaires (rayons médullaires
secondaires) ;
– Section radiale (R), là aussi longitudinale, et dans le sens du fil du bois, mais parallèle
aux rayons. Cette section est visualisable sur les plateaux débités à proximité du cœur.
Figure 1.2 – Orthotropie locale du bois : deux plans (RL et RT) de symétrie matériellle [2].
Moelle
C’est la partie la plus centrale de l’arbre, appelée aussi cœur, elle correspond à ce qui reste
du xylème primaire. Importante dans les jeunes pousses, elle disparaît souvent avec l’âge pour
ne laisser qu’un canal de faible section. La moelle est un ensemble de tissus spongieux qui
évoluent en vieillissant.
Bois
– le duramen (ou bois parfait). Il forme la masse principale du tronc. Formé par les cernes
les plus anciens, il est composé de cellules mortes, lignifiées et imprégnées de tanin ou
de colorants selon les essences. Il se distingue en général de l’aubier par une couleur
plus foncée. Ses vaisseaux ne sont plus fonctionnels ;
– l’aubier. Il est constitué de couches concentriques de cellules non encore lignifiées for-
mant un bois encore "imparfait". Formé par les cernes les plus récents, il y circule les
matières nutritives. Les cernes se transforment en duramen après une période de 4 à
20 ans.
39
Écorce
C’est la partie externe, celle qui est directement visible et qui assure la protection de
l’arbre, de son environnement à son milieu biologique. La figure 1.3 montre l’emplacement
de l’écorce sur une coupe d’un arbre. Elle est composée de différentes parties :
Sur le plan microscopique, l’observation montre qu’il existe deux types de bois, composés
de différents types de tissus végétaux. Ces deux types sont décrits ci-dessous. Les Figures 1.4
et 1.5 présentent les constituants microscopiques de ces deux catégories de bois.
Les arbres sont classés en deux catégories : les résineux et les feuillus. La première est
composée des gymnospermes ("résineux"). Ces arbres présentent une organisation simple et
uniforme. Ils sont constitués de deux grands groupes de cellules : les trachéides et les cellules
parenchymes. L’observation de ces deux types de cellules fait apparaitre la configuration
suivante :
– des fibres trachéides, ayant à la fois les rôles de soutien et de conduction ;
– des rayons : fibres trachéides et parenchymes horizontaux ;
– des parenchymes verticaux qui assurent la répartition et l’emmagasinement des sub-
stances.
La seconde catégorie, regroupe les angiospermes ("feuillus"). Le bois des feuillus présente une
plus grande diversité que celle des résineux et possède un certain nombre de types de cellules
(vaisseaux, trachéides et cellules parenchymes). Les fonctions de soutien et de conduction
sont effectuées par des cellules différentes :
– fibres (librifomes et trachéides) : ce sont des faisceaux de cellules résistantes, disposées
dans le sens axial, ils assurent la rigidité et la résistance mécanique du bois. Il s’agit
d’un bio composite constitué de cellulose, d’hémicellulose et de lignine ;
– vaisseaux : formés d’éléments de vaisseaux, ce sont des cellules creuses qui servent à
conduire la sève brute depuis les racines jusqu’aux feuilles (voir Figures 1.3 et 1.4) ;
– parenchyme vertical : il est constitué de cellules parenchymateuses qui contribuent au
transport des nutriments. Ces parenchymes, associés aux vaisseaux, donnent des motifs
particuliers à chaque essence (particulièrement les essences tropicales) sur la coupe
transversale (perpendiculaire à l’axe du tronc) ;
41
Figure 1.4 – Schéma des trois plans anatomiques d’observation de la structure ligneuse chez
les angiospermes et les gymnospermes (modifié de Grosser [3]).
La disposition des tissus, la forme et la taille des cellules, est appelée plan ou rayon ligneux.
Celui-ci est caractéristique de chaque essence. Par exemple, il donne ce que l’on appelle «
la maillure », qui est l’aspect de la coupe radiale du bois (coupe longitudinale dans le sens
du rayon de l’arbre). Cette maillure est caractéristique chez le chêne, le hêtre, le platane, le
niangon et l’acajou. Les cellules et les fibres sont orientées dans le sens axial qui détermine
le « fil du bois ».
42
Le bois est un ensemble de cellules tubulaires de cellulose reliées entre elles par un pro-
duit chimique organique : la lignine. Ces cellules varient en taille et en forme, mais sont la
plupart du temps longues et minces. Elles suivent l’axe longitudinal principal du tronc ou des
branches de l’arbre. La structure de l’arbre est constituée de cellules (mortes ou vivantes) qui
assurent la circulation de la sève, le stockage de réserves nutritives et de défense contre les
agressions éventuelles. La composition chimique élémentaire du bois varie suivant les espèces.
D’une manière générale, le bois est constitué à 50% de carbone, 42% d’oxygène, 6% d’hy-
drogène, 1% d’azote et 1% de minéraux [17] (principalement Ca, K, Na, Mg, Fe, Mn). Nous
retiendrons comme principaux composants chimiques du bois : la cellulose, les hémicelluloses
et les lignines. Il existe d’autres composants appelés extractifs qui ne contribuent pas aux
propriétés mécaniques du bois, mais jouent plutôt le rôle de protection contre les attaques
des insectes et autres parasites. Le bois contient aussi une proportion variable d’humidité.
Sur la Figure 1.6 sont illustrés les principaux constituant chimiques d’une fibre de bois.
43
La cellulose
Les hémicelluloses
La proportion des hémicelluloses dans le bois est estimée entre 15% et 25%. Ce sont des
polymères amorphes et ramifiés constitués d’unités de différents résidus du sucre dont on
peut citer les xyloglucanes, les xylanes, les glucomannanes et mannanes. Les hémicelluloses
jouent un rôle de pontage entre les fibres de cellulose.
La lignine
Sa quantité dans le bois représente 20% à 30%. C’est la composante non hydrocarburée
du bois, elle est constituée de polymères, réticulés, amorphes, tridimensionnels et complexes.
Elle est dure et cassante. Elle constitue à la fois le squelette et la matrice du bois, et confère
à celui-ci sa résistance mécanique.
Cette composition chimique peut être représentée sous forme d’un diagramme présenté sur
la figure 1.7.
44
Dans cette partie sont présentées les propriétés physiques et mécaniques du bois. Le bois
est un matériau particulier dont ses propriétés varient en fonction de différents facteurs. Les
arbres étant des êtres naturels, vivants et très diversifiés, les propriétés du bois varient selon
le type d’essence, les conditions de croissance et le taux d’humidité. Les propriétés physiques
du bois sont les caractéristiques quantitatives du bois et son comportement à des influences
extérieures autres que des forces appliquées. Le bois est considéré comme étant un matériau
anisotrope, c’est-à-dire que ses propriétés varient selon les différentes directions. L’aptitude
que possède le bois à absorber l’humidité (hygroscopicité) est une caractéristique majeure qui
vise ce matériau. Lorsqu’il varie, le taux d’humidité provoque des changements dimensionnels
du matériau (retrait et gonflement). L’humidité est également responsable de la pourriture du
bois quand elle est en présence de certaines autres conditions environnantes. Les propriétés
mécaniques du bois caractérisent la rigidité et la résistance du bois face aux sollicitations
qui tendent à le déformer. Parmi les caractéristiques importantes il y a l’orthotropie et la
viscosité. Les caractéristiques mécaniques du bois dépendent directement de ses propriétés
45
physiques.
Ces propriétés sont décrites brièvement ci-dessous :
L’élasticité est la propriété qu’ont certains matériaux comme le bois de reprendre leur
forme ou leurs dimensions initiales lorsque la charge causant la déformation est enlevée. Ceci
a lieu lorsque que l’on est en dessous de la limite proportionnelle ou élastique. Au-delà, une
partie de la déformation reste permanente, après enlèvement de la charge. La limite pro-
portionnelle est un paramètre indispensable pour distinguer le comportement élastique du
comportement plastique. C’est la présence de la cellulose qui apporte au bois un compor-
tement élastique linéaire puisque les réseaux cristallins tendent à revenir à leurs positions
initiales suite à une sollicitation mécanique faible. La courbe contrainte–déformation permet
de définir le module d’élasticité E (ou module d’Young). Celui-ci n’est valable que jusqu’à la
limite proportionnelle. Pour le cas du bois, les déformations ne sont pas les mêmes dans les
différents « sens ». En effet, d’un bois vert à un bois sec (anhydre), le retrait longitudinal,
dans l’axe du tronc et des fibres, est très faible (< 1%) par rapport aux deux autres, le retrait
radial, perpendiculaire au tronc (≈ 5%), et surtout par rapport au retrait dans le sens de
l’écorce (tangentiel), qui est souvent de l’ordre de 10% [18]. Les gonflements du bois ont le
même ordre de grandeur, et même si ces différentes déformations varient selon les essences,
on le constate toujours dans des proportions semblables.
La viscosité, d’après [18], est la propriété, pour un corps, de se situer dans un état in-
termédiaire entre les deux états solide et liquide. Lorsqu’il s’agit d’un solide, cette notion
de viscosité signifie que celui-ci possède un aspect liquide dans son comportement. Inverse-
ment, on dit qu’un liquide est visqueux lorsqu’il se rapproche du comportement d’un solide.
De par sa composition chimique et la réponse de ses constituants suite à des sollicitations
mécaniques, le comportement du bois peut être assimilé à un comportement viscoélastique
linéaire. Les réseaux amorphes des hémicelluloses, lignines, changent de géométrie sous un
chargement mécanique, donnant ainsi au bois un comportement viscoélastique.
46
Anisotropie
L’observation au microscope d’un bois laisse apparaitre une série de tubes orientés dans
une même direction. La conséquence de cette disposition est la différence des propriétés
mécaniques et physiques suivant les directions préférentielles du bois (longitudinale L, radiale
R et tangentielle T) Put [19] (Figure 1.2). C’est ce que l’on appelle l’anisotropie du bois. Le
bois est anisotrope et peut être en première approximation assimilé à un composite constitué
de fibres de cellulose orientées dont le comportement mécanique est de type élastique. En
considérant un modèle de comportement unidimensionnel dans le sens des fibres, on peut
écrire :
σ = EL ∗ ε (1.1)
Avec la proportionnalité entre la contrainte σ et la déformation ε selon l’axe des fibres par
rapport au fil du bois, EL représente le « module d’élasticité longitudinal » qui doit en toute
rigueur être caractérisé pour chaque cas de charge en traction, compression, flexion etc. Ces
fibres sont elles-mêmes noyées dans une matrice de lignine, qui est un polymère complexe
constituée d’alcools phénoliques. Son comportement est de type viscoélastique linéaire de
Kelvin Voigt et s’écrit :
∂ε
σ(t) = E ∗ ε(t) + η (1.2)
∂t
Où : η est la viscosité et E module d’élasticité.
Orthotropie
Un matériau est orthotrope lorsqu’il existe, localement, deux plans de symétrie matérielle
orthogonaux. C’est approximativement le cas du bois, pour lequel le plan radial (RL) et
le plan transverse (RT) constituent des symétries matérielles locales. Ce qui implique un
troisième plan (LT) orthogonal aux deux premiers. Lorsqu’un matériau est orthotrope, son
élasticité se décrit simplement à condition de se placer dans le repère d’orthotropie, par
exemple (R, T, L), pour le bois.
47
L’humidité d’un matériau est le rapport de la masse d’eau qu’il contient à sa masse
anhydre (pourcentage minimal d’humidité). On peut mesurer le taux d’humidité d’une pièce
de bois massif de deux façons différentes : soit par pesée avec une méthode normalisée [20, 2]
dont on se sert notamment en laboratoire, ou dans l’industrie du séchage artificiel du bois,
soit à l’aide d’un humidimètre. Cette dernière méthode plus rapide mais moins précise. Les
deux procédures pour le calcul du taux d’humidité sont les suivantes :
– mesure par pesée : on détermine par pesée la diminution de masse d’un échantillon
ou d’un lot de bois (dans ce travail nous parlons d’éprouvette) entre état courant et
état sec : puis on calcule en pourcentage le rapport entre cette diminution de masse
constatée et la masse de l’éprouvette ou du lot d’éprouvettes anhydres (déshydratées).
Dans le cadre de ce travail, pour rendre les éprouvettes anhydres, on leur fait passer un
séjour prolongé d’environ une semaine dans une étuve ventilée spécifique. La pesée en
entrée et en sortie se fait alors avec une balance de précision d = 0, 01 (ou encore avec
une autre balance de précision d = 0, 0001) ;
– mesure électrique : c’est sur la même base de calcul que sont conçus les humidimètres.
Ces appareils étalonnés en pourcentage d’humidité du bois donnent la valeur de l’hu-
midité du bois instantanément. Il suffit de rentrer la densité de l’essence et de poser
l’appareil sur l’éprouvette bois, ensuite nous lisons directement la valeur du taux de
l’humidité.
Le taux d’humidité est quantifié par le rapport de la masse d’eau que contient un éprou-
vette de bois à sa masse anhydre. L’humidité HI de chaque éprouvette est alors exprimée en
pourcentage par la formule suivante :
MH − M0
HI(%) = ∗ 100 (1.3)
M0
La densité est le rapport de la masse volumique du bois à celle de l’eau. Le bois est un
matériau hygroscopique qui peut changer de poids et de volume en fonction des pertes et des
gains d’humidité. Il est donc important de préciser la teneur en humidité de l’échantillon au
49
Y = a ∗ Db (1.4)
où Y représente les propriétés élastiques, D est la densité du bois, a et b sont deux constantes
données dans les abaques pour chaque espèce de bois.
La densité est exprimée par la formule suivante :
La densité du bois varie largement d’une espèce à une autre et aussi à l’intérieur de la
même espèce. La densité est largement influencée par la structure du bois. Chez les conifères,
la densité augmente lorsque la proportion de bois final par rapport au bois initial augmente.
L’inverse est vrai lorsque la proportion de bois initial augmente. Donc, la densité augmente
lorsque la proportion de cellules étroites à paroi épaisses augmente (la quantité de plein sur
la quantité de vide augmente). Chez les feuillus, les fibres expliquent les différences de densité
entre les bois tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. La densité du bois dépend de
la proportion relative des fibres par rapport aux éléments cellulaires, notamment les éléments
de vaisseaux, ainsi que de l’épaisseur propre de la paroi des fibres. Une proportion de fibre
élevée va favoriser une densité élevée. De même, des fibres à lumens étroits et à parois épaisses
vont favoriser des bois denses. Par exemple chez le balsa, les vaisseaux sont larges et il y a
beaucoup de parenchyme (axial et radial). Les fibres sont donc en faible proportion et ont
en plus une paroi fine (1,5 µm, comparé à plus de 10 µm chez l’azobé), ce qui explique la
50
densité très faible de ce bois. A l’intérieur d’une même espèce, c’est-à-dire à qualité de fibres
relativement égale, le bois le plus dense sera celui qui contient proportionnellement le plus
de tissus fibreux.
D’après le Larousse [24], le retrait est défini comme étant le fait qu’un matériau subit
une diminution de volume sous un effet extérieur à la variation d’humidité. C’est le cas du
matériau bois qui présente une diminution de ses dimensions lorsque son taux d’humidité
décroît.
Le gonflement est en principe le phénomène inverse du retrait. Pour ce qui est du bois,
et plus particulièrement des tropicaux car soumis à de fortes pluviométries, le gonflement,
surtout en présence des températures élevées, d’humidité relative importante de l’air ou du
contact avec l’eau est la principale cause de leur altérabilité. Lorsque le bois absorbe de
l’eau, sa teneur en humidité augmente et le bois a tendance à augmenter de volume. Tout
comme le retrait, le gonflement est proportionnel au gain d’humidité jusqu’au PSF. En-
dessous du PSF, l’eau contenue dans les parois des cellules s’évapore et provoque un retrait
du bois proportionnellement à la perte d’humidité. Le bois rétrécit très faiblement dans le
sens longitudinal des fils (de l’ordre de 0,1 à 0,2%). C’est-à-dire que dans le sens longitudinal
(axial) de l’arbre le retrait est pratiquement négligeable. Dans le sens radial, il est beaucoup
plus important, atteignant jusqu’à 5 à 6% de la largeur des planches ou plateaux par exemples.
Le retrait tangentiel, c’est-à-dire celui qui se produit dans le sens des cernes de croissance,
est le plus important. Il peut atteindre trois fois la valeur du retrait radial.
Le plus souvent au lieu de parler de retrait, on préfère utiliser le terme de "mesure de la
rétractabilité". On peut distinguer la rétractabilité totale qui correspond à la variation de
volume depuis le point de saturation jusqu’à l’état anhydre. Nous pouvons établir le coefficient
de rétractabilité volumétrique c’est-à-dire la variation de volume établie en pourcentage du
volume initial, pour une variation de 1% du taux d’humidité. On peut aussi considérer un
coefficient de rétractabilité linéaire qui exprime en pourcentage de la dimension considérée le
51
retrait pour une variation de 1% du taux d’humidité. La formule donnant la valeur du retrait
est donnée par la relation :
CL ∗ d
r= (1.6)
100
avec :
C le coefficient de rétractabilité linéaire, L la dimension considérée c’est-à-dire la largeur du
plateau et d la différence de titre hygrométrique (différence du pourcentage de l’humidité).
La plupart des feuillus tropicaux font partis des essences à faibles retrait. La rétractabilité
conditionne la stabilité en ambiance extérieure d’une essence.
Il faut signaler que le coefficient de rétractabilité est souvent donné dans le sens radial et
tangentiel, il est spécifique à chaque essence. Par exemple, d’après [25], pour l’okoumé : dans
le sens radial il est de 0, 096 et dans le sens tangentiel il est de 0, 187.
Le bois est un matériau hygroscopique qui a la possibilité, soit d’absorber une partie de
l’humidité de l’air qui l’environne, soit de rejeter une partie de l’eau qu’il contient. Ce phé-
nomène de rejet ou d’absorption se manifeste jusqu’au moment où l’humidité du bois atteint
une valeur dite « humidité d’équilibre hygroscopique » qui est, elle-même, fonction de la tem-
pérature et de l’humidité de l’air ambiant. Toutes les variations de ces conditions climatiques
aboutissent à une modification de la valeur d’équilibre, et par la suite à une variation de l’hu-
midité du bois. Si l’état hygrométrique du milieu ambiant vient à être modifié, l’humidité du
bois se stabilise alors à une valeur donnée. Cette propriété montre, si besoin, que le bois est
un matériau « vivant » qui s’adapte aux conditions climatiques de son environnement. Ainsi
un échantillon de bois placé dans une ambiance où la température est de 300 C et l’humidité
relative de l’air est de 60%, se stabilise à une humidité de 11% environ. Selon les conditions
d’utilisation, l’humidité moyenne des bois, selon les normes d’utilisation en France, spécifiées
par les DTU 31-1 « Charpente et escaliers en bois » et DTU 31-2 « Construction de maisons
et bâtiments à ossature en bois » [12]. Pour la charpente, par exemple, ce taux ne doit pas
dépasser 22% en moyenne. Concernant la construction de maisons et bâtiments à ossature
bois, l’humidité à la mise en œuvre doit être inférieure à 18%. Les valeurs en pourcentage,
52
selon l’état du bois, du taux d’humidité sont données à titre indicatifs dans le tableau 1.1.
Table 1.1 – Les taux d’humidité à respecter dans la construction bois [12].
Les travaux ont déjà été menées sur les essences tropicales par plusieurs auteurs, notam-
ment [26, 27, 28, 29, 30, 31]. Ces études sur les bois tropicaux concernaient divers domaines
tels que la mesure des paramètres technologiques du bois d’œuvre ou d’autres caractéristiques
telles que les propriétés physiques des contreplaqués d’okoumé par exemple.
Les aspects tels que les propriétés des essences tropicales sont décrits dans plusieurs ouvrages.
Les travaux de Savard [32] ont été consacrés à la recherche du dosage de la lignine et des po-
53
D’autres études ont été menées durant la première partie des années 90 sur différentes
espèces tropicales dans le cadre de l’analyse architecturale. Cela a permis à un certain nombre
d’auteurs [39, 40, 41] de mettre en évidence l’existence d’un gradient d’intensité des traces
morphologiques du rythme de croissance des essences tropicales. C’est un gradient qui va de
la présence d’écailles, d’entrenœuds courts, de feuilles plus petites, jusqu’à l’absence totale de
marqueurs externes. Puisque la croissance de l’arbre est un phénomène très complexe, nous
nous limiterons juste à parler de l’étude de l’allongement des tiges (croissance primaire). En
effet, afin de pouvoir s’agrandir et maintenir sa forme, l’arbre a besoin de consolider ses axes.
C’est par la présence des saisons bien marquées dans les saisons tempérées que les arbres
poussent de manière rythmique ce qui induit des cernes dans le bois. Détienne [42] a pu
montrer que les structures rythmiques dans le bois des essences tropicales existent et sont
54
connues depuis longtemps grâce à Coster [43]. Elles sont mêmes fréquentes. C’est ainsi que
dans le bassin amazonien, Alvim [44], cité par Fahn [45], signale que 35% des espèces montrent
clairement des cernes et que 22% ont des cernes beaucoup plus difficiles à déterminer mais
sont quand même présents. Ce qui reste constitue tout de même un pourcentage énorme des
essences sans cernes visibles. Les cernes peuvent être bien visibles ou peu marqués, mais leur
périodicité n’est pas toujours facile à établir et à identifier. En plus, il y a des cas où il n’a pas
été possible de mettre en évidence l’existence de structures périodiques dans le bois comme
le précise Détienne [46], ce qui n’exclut pas, a priori, un quelconque rythme de production
cambiale.
Il est largement reconnu que les arbres dans les régions tropicales, contrairement aux
régions dites tempérées, poussent de manière continue tout au long de l’année du fait de
l’absence de saisons très marquées. Ce phénomène est amplifié, dans les régions tropicales
traversées par l’équateur, par la forte pluviométrie qui caractérise ces régions du globe. La
datation des structures végétales de façon générale, et plus particulièrement en zone équato-
riale, se heurte de ce fait à un problème majeur : celui de trouver des marqueurs temporels
univoques.
On présente dans les parties suivantes les essences qui ont été choisies pour cette étude.
Il s’agit de trois essences représentatives des nombreuses essences qui existent dans une forêt
équatoriale. Ce choix dépend aussi d’autres considérations telles que le coût du matériau, le
transport, le souci de canaliser le travail, etc. Le choix tient aussi compte des interdictions
d’exportations des grumes existantes, avec des restrictions qui se sont récemment accrues au
Gabon. Deux essences avec des caractéristiques très différentes et une essence intermédiaire
entre les deux en termes de densité ont été choisies pour ce travail. Le choix des essences
tient compte d’un certain nombre de critères :
– leur densité ;
– la dureté des espèces ;
– leur résistance à la compression et à la traction ;
– leur disponibilité dans la nature ;
55
Avant que d’évoquer les raisons du choix des essences, nous tenons à rappeler ci-dessous
les types de climats qui existent dans les zones tempérés et tropicales.
Il est très difficile d’étudier les essences tropicales sans dire un mot sur la particularité
des conditions climatiques de ces zones. En effet, les conditions climatiques sont sans aucun
doute l’une des raisons à l’origine de la différence qui existe entre ces essences issues de climat
tropical équatorial et des zones tempérées. La Figure 1.8 présente les cernes de croissance
annuels facilement identifiables chez les essences tempérées.
Les bois des climats tropicaux, comme leurs noms l’indiquent, poussent sous les tropiques
et sont donc assujettis à ce climat. C’est un climat qui se caractérise par deux saisons : la
saison sèche et la saison humide dont la durée et la période varient selon les régions du monde.
Il y fait une chaleur assez constante toute l’année et le taux d’humidité dû à la pluviosité
détermine donc les saisons précitées. La mousson peut être l’une des caractéristiques du
56
climat tropical. Il existe trois grands types de climat tropical, le climat tropical humide ou
sec, le climat tropical équatorial, le climat tropical désertique que nous détaillons ci-dessous :
• le climat tropical humide ou sec : il est caractérisé par des précipitations abondantes
sur plusieurs mois consécutifs. Durant cette saison des pluies, les différences de tempé-
ratures diurnes sont faibles. La saison plus sèche s’installe ensuite plus ou moins selon
les zones, et les températures se font aussi un peu plus froides. Les alizés influencent le
climat tropical humide. Une grande partie de l’Amérique du Sud et le cœur du conti-
nent africain subissent ce climat.
• le climat tropical équatorial : il est présent dans les régions situées de part et d’autre
de l’équateur. La pluviosité est très importante et il n’y a pas de saison sèche en tant
que telle. Les forêts absorbent et rejettent des quantités importantes d’humidité pro-
voquant ainsi des précipitations constantes. C’est le cas de pays ou de régions comme
l’Amazonie, la Colombie, le Brésil, le bassin du Congo, les Philippines, et quelques îles
des caraïbes.
• le climat tropical désertique : c’est le climat tropical désertique est le climat des zones
arides, qu’elles soient équatoriales ou aux latitudes plus élevées. Les précipitations sont
le plus souvent très faibles, voire nulles comme en Patagonie. Le sol ne peut absorber
les pluies torrentielles comme dans certaines régions du Sahara ou d’Australie. L’am-
plitude thermique est très importante. Les journées sont très chaudes et les nuits assez
froides du fait de l’absence de nuages.
Les bois (essences) qui font l’objet de notre étude ici viennent du Gabon (voir la situation
sur la carte de la Figure 1.9). Ils poussent dans la zone du climat tropical équatorial.
La répartition des saisons dans cette partie du monde pourra peut-être expliquer la com-
plexité de la croissance ou non de ces essences. En effet, la répartition annuelle des pluies est
l’élément caractéristique définissant les saisons dans la zone intertropicale.
C’est durant le mois de septembre que le flux de mousson pénètre au Gabon par le nord, où
les précipitations sont maximales en octobre (250 à plus de 600 mm). Cette même mousson
atteint le sud avec les précipitations observées avec moins d’intensité en novembre (200 à
57
400 mm). Cette séquence constitue ce que l’on appelle la grande saison des pluies. La petite
saison sèche intervient quant à elle entre janvier et février. C’est durant cette période qu’il
y a diminution des précipitations allant de 50 à 200 mm par mois du nord au sud. Vers fin
février à mai, la zone active du flux de mousson traverse le pays, renforcée très souvent par
la pénétration par l’est des masses d’air humides de l’océan indien. C’est ce que l’on désigne
par seconde saison de pluies, qui entraîne avec elle de précipitations qui avoisinent 200 mm
par mois sur toute l’étendue du territoire. Les précipitations (ou pluviométrie) moyennes
annuelles dans cette zone équatoriale sont très importantes, de l’ordre de 1 500 à 1 800 mm,
voir 2 000 mm d’après [47].
Le temps des deux saisons sèches est tellement négligeable qu’il ne permet pas au sol d’absor-
ber totalement les quantités d’eau tombées durant les saisons de pluies. Ce qui nous amène à
dire que les arbres ont, tout le long de l’année, l’eau nécessaire pour assurer en continu leur
croissance. C’est certainement l’explication la plus plausible pour expliquer cette différence
entre rythmes de croissance entre bois tropicaux et bois des zones plus tempérées, et donc
58
De son nom scientifique Aucoumea klaineana et de nom français okoumé, il fait partie
de la famille des Burseraceae. L’abondance de l’okoumé est décrite dans la littérature par
la très forte dominance de cette espèce : elle représente au moins 60% des effectifs et 80%
de la surface terrière des peuplements âgés de 20 à 60 ans. Déjà dès 5 − 10 ans, d’après le
Cirad et Fuhr [48], les peuplements jeunes montrent un différentiel de croissance par rapport
à l’ensemble des autres espèces en faveur de l’okoumé, tant en hauteur (accroissement > 1
m/an) qu’en diamètre (accroissement > 1,5 cm/an). La croissance en diamètre des okoumés
dominants est maximale entre 5 et 15 ans (> 1,5 cm/an) et reste soutenue au moins jusqu’à
60 ans (0,7 cm/an). Son diamètre est compris entre 60 à 200 cm, il fait plus de 50 m de
hauteur et l’épaisseur de son aubier est de 2 à 5 cm. D’une couleur de référence rouge clair, il
peut être aussi de couleur blanche rosâtre plus ou moins sombre voire brun rouge. La couleur
fonce avec l’âge. Le fil peut être légèrement ondulé. Son grain est fin. Sa densité est comprise
entre 0, 4 − 0, 5. L’okoumé est un arbre africain qui intègre à lui seul les 3 dimensions du
développement durable :
– économique : il est extrêmement apprécié pour ses propriétés dans l’ameublement et la
construction ;
– sociale : son écorce sert de décoction médicinale ;
– environnementale : sa sève sert de filtre naturel pour rendre potable l’eau de pluie et
des rivières, mais aussi pour fabriquer des torches indigènes.
Dans l’industrie, ce bois est particulièrement apprécié et utilisé en intérieur de contre-
plaqué, placage tranché, coffrage, face ou contre face de contreplaqué. Les noyaux sains sont
utilisés pour les intérieurs des panneaux lattés. L’okoumé est aussi employé pour la menui-
serie légère et la menuiserie intérieure de meubles courants ou éléments pour les moulures,
pour les tablettes de meubles, les lambris, l’emballage-caisserie. Il est aussi utilisé pour la fa-
59
brication des portes intérieures des habitations. La Figure 1.10 présente un okoumé abattu et
les placages déroulés d’okoumé. Les populations s’intéressent à l’okoumé aussi pour d’autres
raisons, à savoir :
– son abondance dans la nature fait qu’il est facile à obtenir ;
– son coût très bas et bon marché par rapport à d’autres essences ;
– ce bois se traite avec aisance en menuiserie ;
– sa flottabilité lui permet d’être largement employé dans la fabrication des pirogues.
Il a pour nom scientifique Milicia excelsa et pour nom français iroko, il est de la famille
des Moracee. Sa couleur de référence est brun jaune. Ce bois est aussi brun jaune orangé et
légèrement cireux au toucher. Jaune à l’état frais, il fonce rapidement à la lumière. Son aubier
est d’un blanc distinct, assez large (5 à 6 cm). C’est un bois qui possède plusieurs caracté-
ristiques. En effet, malgré une sensibilité marquée aux chocs, sa durabilité le rend adapté
aux usages du quotidien. Son fil est irrégulier et présente un léger contre-fil avec un grainage
grossier. Disons qu’il est d’un grain plus ou moins grossier, possède un fil assez enchevêtré et
parfois moiré ou rubané. C’est un bois mi-dur et mi-lourd (de densité comprise 0, 55 − 0, 75)
et d’une structure homogène avec des zones de croissance peu distinctes. Les vaisseaux sont
gros et visibles à l’œil nu. Ces vaisseaux sont rares, obstrués par des thylles (Vésicule qui, à
l’automne, obstrue le pétiole des feuilles des arbres et provoque leur mort). Le parenchyme
60
clair, visible à l’œil nu en coupe transversale, entoure les vaisseaux et comporte des cristaux
visibles au microscope. Ce bois possède des rayons étroits visibles à la loupe. Des rayons multi
séries forment une fine maillure en coupe radiale. Il est utilisé pour divers usages, notamment
parce qu’il présente une bonne résistance aux attaques des champignons, des lyctus et des
termites. C’est un bois très convoité, du négoce jusqu’à l’ameublement. C’est la raison pour
laquelle il fait partie des espèces menacées.
Il est très utile pour l’industrie, il est présent dans la menuiserie intérieure et extérieure, la
fabrication de parquets, éléments bordés (ensemble des planches constituant le revêtement
extérieur de la coque d’un navire) pour construction navale, l’ébénisterie (meubles courants
ou éléments), la tonnellerie-cuverie, les escaliers intérieurs, les faces ou contre faces et inté-
rieurs de contreplaqués, les ponts pour les parties non en contact avec le sol ou l’eau, les
lambris, les articles tournés, les charpentes légères, le lamellé-collé, les fond de véhicules ou
de conteneurs. La Figure 1.11 montre la photo d’un iroko sur pied, une photo présentant une
planche de cette essence et une bille d’iroko. Il est vendu dans le monde entier, en particulier
en Europe comme bois exotique. Il stocke le C02 sous forme de cristaux d’oxalate de calcium
et quand il se décompose les cristaux se dégradent en calcium. Il est d’un prix sur le marché
relativement moyen.
Le Pterocarpus soyauxii Taub (ou Pterocarpus osun) ou plus communément appelé padouk
d’Afrique est une espèce botanique provenant d’Afrique centrale et occidentale. Il est issu de
la famille des Fabaceae. Cet arbre ne se développe correctement que s’il est exposé au rayon
du soleil (héliophile). Solitaire, il croît principalement dans les forêts tropicales humides et ne
perd jamais l’ensemble de ses feuilles. Comme pour beaucoup de végétaux, le vent permet de
disperser ses semences ailées. La régénération se fait naturellement et relativement facilement.
La croissance optimale du Padouk a lieu dans des pays comme le Cameroun ou le Gabon.
Les arbres atteignent près de 50 mètres de hauteur avec un branchage regroupé à partir des
30 m en partant de la base du tronc. Il possède un aubier bien distinct et l’épaisseur de
celui-ci peut varier de 6 à 10 cm. Il est d’un grain grossier et son diamètre peut atteindre
60 à 100 cm. C’est un bois d’une densité mi-lourd et lourd (comprise entre 0, 70 − 0, 88).
Il est de couleur de référence rouge et peut devenir brun violacé ou noircir très vite à la
lumière. Le duramen du padouk d’Afrique est reconnu comme étant très durable (classe de
durabilité naturelle I). En revanche, l’aubier l’est moins (classe de durabilité naturelle V).
Le grain est moyen. Le bois présente parfois un contrefil. Mais il montre généralement une
structure assez uniforme. L’aubier est donc, par sa différence de couleur, bien distinct. Le fil
est droit et le contre-fil reste léger. C’est un bois qui peut présenter des roulures, du cœur
mou ou encore de cadranures (Fentes partant du centre du bois et rayonnant vers l’extérieur).
Il est important de procéder au séchage avec précaution pour éviter toute apparition des
fentes, toutefois il ne présente pas de risques majeurs de déformation. C’est un bois que
l’on appelle "bois dur" et ses principaux usages sont nombreux. C’est un bois qui est utilisé
pour les constructions hydrauliques lourdes, les parquets, les contreplaqués, en ébénisterie,
les traverses pour rails, les fonds de camions ou wagons, la charpente, la construction navale
(membrure), les menuiseries intérieures et extérieures, l’ameublement, les ponts, les escaliers
et la sculpture. Il est utilisé dans les menages comme manches de pioches, de râteaux et de
haches. Il est d’un prix relativement élevé. La Figure 1.12 présente deux photos, une d’un
padouk sur pied et l’autre du padouk abattu.
62
essences étudiées
Dans les tableaux 1.2 et 1.3 sont donnés quelques caractéristiques physiques et mécaniques
des trois essences étudiées [13].
Le tableau 1.2 donne les valeurs caractéristiques mécaniques et le tableau 1.3 indique les
valeurs ou la capacité des trois essences à résister aux champignons. Dans le premier tableau
à part les valeurs des différents retraits, toutes les autres valeurs sont proportionnelles à la
densité. Comme nous pouvons aussi le constater dans le second tableau, plus l’essence est
dense, meilleure est son aptitude à résister aux attaques des champignons et aux termites par
exemple. La stabilité est aussi liée à la densité des trois essences, plus c’est dense, meilleure
est sa stabilité dimensionnelle (elle est évaluée par le retrait ou le gonflement du bois en
fonction de l’humidité).
63
Densité 0,4 à 0,5 (Très léger) 0,6 à 0,7 (Léger et Mi-lourd) 0,8 (Mi-lourd et lourd)
Contrainte de rupture 30 à 40 50 à 60 60 à 70
Table 1.2 – Propriétés physiques et mécaniques, pour un taux d’humidité de 12% [13].
Résistance aux champignons Faiblement durable Durable / Très durable Très durable
1.6 Conclusion
2.1 Introduction
L’utilisation et l’emploi de plus en plus fréquent des métaux à haute résistance a nécessité
la mise au point d’un moyen de calcul pour prévenir les ruptures fragiles que pouvaient subir
ces métaux. Le seul critère de ténacité obtenu par essai de Charpy ne suffisait pas à caracté-
riser leur fragilité par une valeur intrinsèque au matériau. C’est ainsi, que la mécanique de
la rupture est née il y a environ une centaine d’années pour résoudre ce problème. Dès le
début, le développement de la mécanique supposait un milieu homogène, isotrope, élastique
linéaire. Le comportement à la rupture ainsi modélisé se trouvait très bien vérifié pour les
métaux à faible déformation plastique. L’extension de cette modélisation aux métaux duc-
tiles a nécessité divers développements basés sur des approches énergétiques. L’objectif de
la mécanique appliquée de la rupture est de caractériser le comportement à la fissuration
des structures à l’aide des paramètres quantifiables au sens de l’ingénieur, notamment la
contrainte, la taille de la fissure et la résistance à la fissuration du matériau. La mécanique
linéaire de la rupture, par exemple, est basée sur une procédure analytique qui relie le champ
de contraintes au voisinage de la fissure à la contrainte nominale appliquée au loin, à la taille
65
66
la rupture
Le chargement qui fait intervenir un champ de contrainte "lointain" comportant une seule
composante normale à la direction de la fissure, est appelé mode d’ouverture, ou mode 1. C’est
celui qui est physiquement le plus important, puisqu’une fissure en mode 1 se propage dans
67
son propre plan sans bifurcation par raison de symétrie, l’ouverture de la fissure conduisant
facilement à la rupture. Dans le cas du mode 2, le champ lointain de sollicitation extérieure
est un cisaillement perpendiculaire au front de fissure, et dans le cas du mode 3, le cisaille-
ment est parallèle au front de fissure, Figure 2.1. Pour réaliser les essais dans les différents
modes, des études ont été menées par le passé sur un certain nombre d’éprouvettes visant
différents objectifs. Dans la bibliographie [6, 53, 54, 55, 7, 56, 57], plusieurs de ces éprouvettes
sont utilisées pour étudier la fissuration dans les matériaux composites mais aussi dans les
matériaux orthotropes comme le bois. L’objectif était de connaître les paramètres permettant
d’utiliser les formules de la mécanique de la rupture (taux de restitution d’énergie critique et
intensité des contraintes). On rappelle ici quelques-unes de ces éprouvettes.
Éprouvette SENT
L’éprouvette Single Edge Notch Tensil (SENT), voir Figure 2.2, a été utilisée par un
certain nombre d’auteurs, notamment par Valentin [6]. Pour cette éprouvette, les valeurs de
progression de la fissure, très petites, montrent qu’il n’est pas facile de quantifier la rupture
car dans ce cas, la plage de propagation n’est pas observable. De plus, de par sa forme,
c’est une éprouvette avec une géométrie qui favorise une augmentation du facteur d’intensité
de contraintes pendant la propagation de fissure. Néanmoins Valentin, a observé quelques
millimètres de progression de fissure avec cette éprouvette.
68
Éprouvette CANTILEVER
Cette éprouvette est appelée éprouvette Cantilever à inertie variable (cf Figure 2.3).
Contrairement à l’éprouvette SENT, elle a la particularité de présenter une bonne plage
de propagation stable. Elle est adaptée aux essais de fissuration en mode mixte, comme cité
dans [4].
Éprouvette DCB
Cette éprouvette Double Cantilever Beam (DCB) a été mise au point par Chow [53] pour
la réalisation d’essais en mode d’ouverture des fissures (mode 1). Elle permet la détermination
69
L’éprouvette Double Cantilever Beam (DCB) permet de constater, dès le début de l’amor-
çage de la fissure, qu’il y a une instabilité de la fissure, qui conduit à une rupture instantanée.
Ce constat a lieu lors du pilotage des essais en force uniquement. C’est ce constat qui a amené
Dubois [54] à proposer une éprouvette DCB à inertie variable présentant une stabilité de fis-
sure. L’éprouvette était sollicitée au voisinage de l’effort critique, ce qui a permis de résoudre
le problème de l’amorçage de fissure. Mais d’après Valentin [62], cette éprouvette présente
tout de même un inconvénient, car sa géométrie n’est pas adaptée à l’étude du mode de
cisaillement. L’illustration de cette éprouvette est donnée par la Figure 2.5.
70
Éprouvette CTS
L’éprouvette Compact Tension Shear (CTS) a été conçue pour la première fois par Ri-
chard [55]. Elle est présentée sur la Figure 2.6. Ensuite Luo [63] l’a utilisée pour déterminer
l’évolution du front de fissure en mode mixte dans les polymères. Travaillant sur les maté-
riaux métalliques et ductiles, Zhang et al. [64] ont repris cette géométrie d’éprouvette pour
faire du mode mixte. Reprenant toujours la géométrie de cette éprouvette, Caumes [65] ainsi
que Valentin et al. [6] l’ont utilisée sur les matériaux à symétrie orthogonale comme le bois.
Ils ont effectué un certain nombre de travaux avec cette éprouvette, en réalisant notamment
les sollicitations en mode d’ouverture de fissure, en mode de cisaillement ou en mode mixte.
Cette éprouvette est fixée entre deux bras en acier munis de trous de sollicitation où s’ap-
pliquent des forces symétriques opposées P. La fissure est orientée dans le plan (R, L) et le
taux de mixité est engendré par l’angle β.
Éprouvette MMCG
En prenant en compte les configurations des géométries précédentes Moutou Pitti [7, 66]
a réalisé une éprouvette appelée Mixed Mode Crack Growth (MMCG) (Figure 2.7). Il a
modifié plus particulièrement l’éprouvette DCB initiale en ajoutant à cette dernière un talon
inférieur. La particularité de cette éprouvette est de garantir la stabilité de la fissure et de
reproduire l’ensemble des modes de sollicitations. Elle garantit une stabilité de la fissure
durant sa propagation. En effet, elle permet pour une plage de propagation donnée, en mode
1, en mode 2 et en mode mixte, une stabilité voir une diminution considérable du taux de
restitution d’énergie.
Éprouvette WS
L’éprouvette Wedge Splitting (WS) a été utilisée pour conduire des essais dans les maté-
riaux comme le béton par Tschegg [56]. Elle a été mise au point pour étudier les propriétés
de rupture pendant la propagation stable de la fissure. Par la suite, un certain nombre de
personnes l’ont utilisée et étendue au matériau bois, comme Stanzl-Tschegg [67]. La forme de
l’éprouvette WS peut être cubique ou cylindrique. Le système de montage est assez simple
et la conception facile à mettre en œuvre. Elle induit une parfaite symétrie en mode 1. Le
schéma de cette éprouvette est représenté sur la Figure 2.8.
72
Éprouvette WS modifiée
S’inspirant des configurations et des formes des éprouvettes SENT et de l’éprouvette WS,
Meite et al.[57] ont modifié la géométrie précédente dans sa partie située juste avant la fissure
initiale. Cette éprouvette a été conçue et utilisée pour réaliser les essais en mode d’ouverture
de fissure (mode 1) et en mode mixte.
D’autres éprouvettes existent dans la litérature telles que la Single Edge Notched Bending
(SENB) [68, 69], l’éprouvette à entaille centrale, l’éprouvette Double Edge Crack (DEC) [70].
L’objectif de cette partie est de rappeler quelques études issues de la bibliographie sur
certaines de ces éprouvettes sur les essences tempérées. En effet, si les aspects de la mécanique
de la rupture n’ont jamais été discutés pour les essences tropicales, ils l’ont déjà été sur les es-
sences tempérées. Les auteurs ont étudiés la fissuration en mode 1 (le plus étudié) et en mode
mixte, sur les essences tempérés en utilisant les éprouvettes énumérées plus haut dans cette
partie. Parmi eux, Valentin [71] a utilisé l’éprouvette Compact Tension Shear (CTS) conçue
par Richard (1983) pour les matériaux isotropes et a montré que cette éprouvette pouvait
s’étendre aux matériaux à symétrie orthogonale comme le bois. Il a pu numériquement et
73
expérimentalement réaliser les essais en mode 1 et mode mixte. De son côté Oliveira [72] a
numériquement réalisé sur du Pin maritime et avec des éprouvettes Double Cantilever Beam
(DCB), les éprouvettes Single Edge Notched Tensile (SENT) et les éprouvettes Wedge Splint-
ting (WS), des essais en configuration mode mixte dans le système de propagation des fissures
RL. Il a de ce fait utilisé un concept de fissure équivalente lié à la zone de fracturation et a
fourni des valeurs précises des taux de restitution d’énergie en mode 1 et 2. C’est une analyse
tridimensionnelle des éléments finis, incluant un modèle de dommages cohésifs. Cette façon
de faire ne nécessite pas de mesures de fissures pendant la propagation. Moutou et al. [73]
ont utilisé l’éprouvette MMCG qui est un compromis entre l’éprouvette Double Cantilever
Beam modifiée (DCB modifiée) et Compact Tension Shear (CTS) pour étudier les effets du
fluage sur la fissuration en mode mixte. Les auteurs ont testé différents paramètres géomé-
triques afin d’obtenir une forme finale optimisée en utilisant la méthode de l’intégrale M
implémenté dans un logiciel d’éléments finis. L’objectif visé était de rechercher la stabilité de
la propagation des fissures pour différents rapports de modes mixtes. Yoshihara [74], a quant
à lui effectué des essais en mode mixte sur des poutres en porte-à-faux et à flexion parallèle
sur des éprouvettes DCB en Epicéa. Le mode mixte sur le matériau bois a été aussi étudié
par [75, 76].
Pour ce travail, le choix est porté sur les éprouvettes CTS et MMCG pour les essais en
mode d’ouverture de fissure et MMCG uniquement pour les essais en mode mixte. En effet,
l’utilisation de l’éprouvette CTS permet d’obtenir une rupture instantanée de l’éprouvette.
L’éprouvettes CTS se caractérise généralement par une propagation immédiate de la fissure
après l’apparition, ce qui rend le phénomène instable. L’éprouvette MMCG permet d’observer
une propagation de fissure. L’avantage de l’éprouvette MMCG est également d’obtenir une
diminution du taux de restitution d’énergie lors de la croissance des fissures. Dans ce cas,
si le matériau est viscoélastique, on peut facilement séparer les effets dépendant du temps
et les paramètres de rupture afin de connaître l’impact réel du temps sur la fissuration du
74
matériau. Pour des raisons pratiques, les configurations de ces éprouvettes seront modifiées
et les détails seront donnés au chapitre 3.
Dans les prochains chapitres, les calculs des paramètres de rupture des essences présentées
au chapitre 1 seront menés. Pour ce faire, certaines formules et expressions utilisées sont
rappelées ici. On rappelle ici les modes de sollicitation et les zones observables lors d’une
fissuration (on détermine la distribution des champs de contrainte au voisinage du front de
la fissure pour des matériaux isotropes ainsi que pour des matériaux à symétrie orthotrope).
Deux approches différentes du problème de la propagation de fissure sont considérées :
– la zone 2 (zone singulière) : dans cette zone, les champs de déplacements, de déforma-
tions et de contraintes sont continus et possèdent une formulation indépendante de la
75
géométrie lointaine de la structure. On démontre que dans cette zone [77], les compo-
santes du champ de contraintes sont infinies au voisinage du front de fissure (r → 0).
Plus exactement, la singularité est en r−1/2 en milieu élastique linéaire. Le matériau
ayant une limite élastique, il existe un rayon (rp ) autour de la pointe de fissure déter-
minant la forme de la zone plastique. C’est en fonction de la taille de la zone plastique
que l’on dira que la rupture est fragile ou ductile ;
– la zone 3 : c’est une zone extérieure comprenant les champs lointains se raccordant
d’une part à la zone singulière, et d’autre part aux conditions aux limites en charges
et en déplacements. Dans cette zone, les champs de déplacements, de déformations et
contraintes varient peu, et peuvent être approchés par des polynômes communément
utilisés dans les différentes méthodes de résolution.
Les coordonnées (r, θ) sont repérées par rapport à l’extrémité de la fissure (Figure 2.10).
Les fonctions addimentionnelles fij et gij dépendent du mode de sollicitation. gij dépend
76
Figure 2.10 – Définition des axes (x,y) et des coordonnées (r,θ) au voisinage de l’extrémité
d’une fissure
.
!
KI θ θ 3θ
σ11 = √ × cos × 1 − sin × sin (2.3)
2πr 2 2 2
!
KI θ θ 3θ
σ22 = √ × cos × 1 + sin × sin (2.4)
2πr 2 2 2
77
KI θ θ 3θ
σ12 = √ × cos × sin × cos (2.5)
2πr 2 2 2
s " #
KI r θ 3θ
U1 = × × (2χ − 1) × sin − sin (2.6)
4µ 2µ 2 2
s " #
KI r θ 3θ
U2 = × × (2χ + 1) × sin − sin (2.7)
4µ 2µ 2 2
avec :
• KI : facteur d’intensité de contrainte en mode 1 ;
λ
•ν= 2(λ+µ)
: coefficient de Poisson ;
E
•µ= 2(1+ν)
: coefficient de cisaillement de Lame ;
µ(3λ+2µ)
•E= λ+µ
: module de Young ;
νE
•λ= (1−2ν)(1+ν)
: coefficient de Lame.
Le terme χ représente une constante définie, selon que le calcul est effectué en défor-
mations planes ou en contraintes planes, de la façon suivante :
• χ = 3 − 4ν pour les déformations planes ;
3−ν
•χ= 1−ν
pour les contraintes planes.
– le mode 2 : appelé encore mode de cisaillement. Les déplacements aux lèvres de la fissure
sont parallèles à la direction de propagation. On parle de cisaillement perpendiculaire
au front de fissure. Pour ce mode de sollicitation les champs mécaniques dans la zone
singulière (approche 2D) sont exprimés, de la façon qui suit [52, 78] :
!
KII θ θ 3θ
σ11 =− √ × sin × 2 + cos × cos (2.8)
2πr 2 2 2
KII θ θ 3θ
σ22 = √ × sin × cos × cos (2.9)
2πr 2 2 2
78
!
KII θ θ 3θ
σ12 = √ × cos × 1 − sin × sin (2.10)
2 ∗ πr 2 2 2
Les champs de déplacement pour le mode 2 de sollicitation s’écrivent, comme exprimés
dans [52], de la manière suivante :
s " #
KII r θ 3θ
U1 = − × × (2χ + 3) × sin + sin (2.11)
4µ 2µ 2 2
s " #
KII r θ 3θ
U2 = × × (2χ + 3) × sin + sin (2.12)
4µ 2µ 2 2
avec : KII : facteur d’intensité de contrainte en mode 2.
– le mode 3 : celui que l’on désigne par mode hors-plan, pour lequel les déplacements aux
lèvres sont parallèles au front de fissure. Les contraintes données par [52], s’expriment
de la manière suivante :
KIII θ
σ13 = − √ × sin (2.13)
2πr 2
KIII θ
σ23 = √ × cos (2.14)
2πr 2
Le champ de déplacement pour le mode 3 de sollicitation s’écrit dans [52] de la manière
suivante :
s
2KIII r θ
U3 = − × × sin (2.15)
µ 2µ 2
avec : KIII : facteur d’intensité de contrainte en mode 3.
Critère de fissuration
Dans cette partie nous donnons et définissons les différents termes de la formule de la
complaisance à déplacement imposé. Cette formule qui sera utilisée dans les prochains cha-
pitres permet de calculer le taux de restitution d’énergie critique. L’énergie de Griffith notée
G (qu’on appelle le taux de restitution d’énergie) est définie par la variation d’énergie par
79
unité de surface fissurée, associée à la propagation d’une fissure dans un matériau linéaire
élastique. La propagation de fissure va se produire lorsque l’énergie de Griffith G atteindra
une valeur critique notée Gc. Cette valeur Gc est une mesure de la ténacité du matériau.
Dans cette partie nous rappelons les expressions donnant le taux de restitution d’énergie.
Considérons un matériau contenant une fissure de longueur a (Figure 2.11). Une extension
∆a de cette fissure va s’accompagner des variations d’énergies suivantes :
avec :
• ∆Wext la variation d’énergie appliquée (due aux forces extérieures) ;
• ∆Welast. la variation d’énergie élastique (emmagasinée) ;
• ∆U l’énergie dépensée lors de la propagation de la fissure sur la longueur ∆a.
Dans la théorie initiale de Griffith qui s’applique à une rupture fragile, l’énergie ∆U
correspond à l’énergie nécessaire pour créer de nouvelles surfaces dans le matériau (∆U =
∆Wsép avec ∆Wsép l’énergie de séparation des surfaces). L’énergie de Griffith G est rapportée
à l’unité de surface. Elle est définie à partir de ∆U par :
∆U ∂U
G = lim = (2.17)
∆A→0 ∆A ∂A
où ∆A = b∆a est la surface fissurée lors de la propagation de la fissure sur la longueur ∆a
dans une éprouvette d’épaisseur b. On considère généralement une épaisseur unité (b = 1).
L’énergie de Griffith G, rapportée à l’unité d’épaisseur est alors donnée par l’expression
suivante :
∆U ∂U
G = lim = (2.18)
∆a→0 ∆a ∂a
Si l’on note γs l’énergie spécifique de création de surface, on a :
∆U
G= = 2γs (2.19)
∆A
80
L’expression donnant l’énergie de Griffith (G) est donnée par unité de surface fissurée de la
manière suivante :
π(σR )2 a
G= (2.20)
E
La contrainte à la rupture σR est alors donnée d’après les relations (2.19) et (2.20) par :
s s
GE 2Eγs
σR = = (2.21)
πa πa
Si l’on pose : s
2
α=
π
on trouve une expression que l’on appelle contrainte de rupture par clivage notée :
s
Eγs
σR = α
a
.
La méthode qui sera utilisée pour trouver les paramètres de calculs nous donnera l’ouver-
ture et l’avancée de fissure. C’est pour cette raison que seule la propagation à déplacement
imposé sera utilisée lors des calculs dans les prochains chapitres. Nous n’aborderons donc pas
le cas de la propagation à force imposée.
Dans le cas d’une propagation de fissure à déplacement imposé d ; si ∆x = 0, la variation
d’énergie externe sera nulle ( ⇒ ∆Wext = 0), on en déduit alors l’énergie élastique Wélast =
1
2
Fx
soit en introduisant la complaisance (c’est à dire l’inverse de la rigidité) par la relation :
x
C=
F
x2
On en deduit Wélast = 12 CF 2 = 2C
2
∂Welast. ∂Welast. ∂C x ∂C
soit ∆Welast. = ∂a
∆a = ∂C ∂a
∆a = − 2C 2 ∂a
∆a
Ainsi, l’énergie élastique emmagasinée décroit.
Enfin, puisque
On en déduit :
!
x2 ∂C
∆U = ∆a
2C 2 ∂a
et comme !
∆U
G = lim
∆a→0 ∆a
il vient : ! !
x2 ∂C F2 ∂C
G= = (2.22)
2C 2 ∂a 2 ∂a d
Dans la relation de l’équation 2.22, à déplacement imposé, l’énergie de Griffith G est une
expression qui provient d’une diminution d’énergie élastique qui a servi à faire propager la
fissure, matérialisée par l’aire hachurée de la Figure 2.13 (a).
La relation de l’équation 2.22 est rapportée à l’unité d’épaisseur. Dans le cas où l’épaisseur
b n’est pas égale à l’unité, il convient de modifier cette relation comme suit :
82
!
(Fci )2 ∂C
GC = × (2.23)
2b ∂a d
où Fci (i = 1, 2, 3, ...) est la force dite critique qui indique une augmentation ∆a de la longueur
de la fissure a. De façon générale, la complaisance est définie par ∆C = Ui /Fci , où Ui est
l’ouverture de fissure induite par chaque force critique Fci . Dans l’équation 2.23, ∆C est
l’augmentation de la complaisance correspondant à l’augmentation observée de la longueur
de fissure d’une quantité ∆a. L’indice d signifie que le test est effectué avec un déplacement
imposé. C’est cette formule qui sera utilisée pour la suite dans les prochains chapitres.
Figure 2.13 – Variation de la force lors d’une propagation de fissure à force imposée ou à
déplacement imposé [9].
D’une manière concrète, la valeur de G définit un paramètre énergétique global qui rend
compte du changement d’énergie potentielle qui accompagne la propagation d’une fissure
83
Kic2
Gic =
E
– en déformations planes :
(1 − ν 2 )Kic2
Gic =
E
Dans les matériaux orthotropes comme le bois, on préfère G à K car lorsque G atteint une
valeur critique Gc, la rupture se produit. C’est ce critère qui a l’avantage de ne pas nécessiter
la connaissance de la répartition des contraintes en fond de fissure.
Nous avons vu les éprouvettes utilisées et rappelé la formule qui nous permet de quantifier
et d’étudier la fissuration des essences choisies au chapitre 1. En plus, parmi les paramètres
permettant d’appliquer cette formule, il y a l’ouverture et la longueur de fissure. Pour ce
faire, nous optons pour l’une des méthodes de mesure de champs, en l’occurrence celle de la
grille qui fait l’objet du paragraphe ci-dessous.
Pour étudier la fissuration des essences choisies dans tout ce manuscrit, nous avons besoin
de l’ouverture et de l’avancée de fissure. Parmi les méthodes de champs sans contact qui
existent, nous avons opté pour la méthode de la grille. Dans cette partie après avoir rappelé
les principales méthodes de champs qui existent, est rappelé le principe de cette méthode. Il
est aussi expliqué l’origine, disons la provenance éventuelle des erreurs de la méthode.
84
Les techniques de mesure de champs ont connu un essor formidable pendant ces deux
dernières décennies [79], ce qui est dû aux performances toujours croissantes des caméras et
des systèmes de traitement d’images associés, ceci à un coût désormais abordable. L’intérêt
principal de ces techniques est de pouvoir visualiser des champs entiers de déplacements et
de déformations, contrairement aux jauges de déformation électriques qui fournissent des
mesures ponctuelles. Ces mesures de champs entiers permettent ainsi de révéler les hétérogé-
néités qui apparaissent souvent lors de la déformation d’éprouvettes testées sous sollicitations
mécaniques.
Il existe plusieurs techniques de mesures de champs cinématiques sans contact. Les prin-
cipales sont rassemblées dans le Tableau 2.1.
Designation M esures
surfaciques - grille
- granularité laser
- grille
- interférométrie
déformations tridimensionnelles
Parmi toutes ces techniques, celles qui sont basées sur l’analyse d’images numériques
sont les plus faciles à mettre en œuvre. En effet, une caméra numérique, (ou un appareil
photographique numérique) relié à un ordinateur ainsi qu’un éclairage spécifique constituent
l’équipement de base pour réaliser des mesures. La méthode de corrélation d’images numé-
rique (CIN) est la technique la plus simple à mettre en œuvre et la plus utilisée en mécanique
expérimentale. Elle consiste à suivre un marquage aléatoire de la surface et à déduire des
images correspondantes des champs de déplacements, puis de déformations par lissage et diffé-
rentiation des déplacements. Après les articles fondateurs dédiés à cette technique [80, 81, 82],
de très nombreux articles ont suivi décrivant son utilisation dans divers contextes [83]. On
relève plus particulièrement :
Les mesures de champs, principalement la CIN, sont aussi utilisées dans l’enseignement des
sciences de l’ingénieur, par exemple pour :
Une technique voisine de la précédente (au sens où elle est basée sur un suivi d’images du
marquage des surfaces à analyser) est la méthode dite de la grille. Elle consiste à traiter des
images d’un motif périodique (appelé grille) déposé sur la surface à analyser. On considère
que le déplacement induit par la déformation de l’éprouvette entraîne une modulation de la
86
phase de ce signal périodique. Ceci explique que les méthodes d’analyse des images diffèrent
de celles utilisées en CIN puisqu’on emploie dans le cas présent des techniques basées sur
l’analyse de Fourier. On montre que le compromis entre le niveau de bruit dans les cartes
et finesse des détails dans ces cartes est globalement meilleur avec la méthode de la grille
qu’avec la CIN [85]. C’est principalement pour cette raison que la méthode de la grille a été
choisie comme outil de mesure de champs dans ce travail de thèse. En particulier, le calcul
des déplacements et des déformations en chaque pixel permet a priori une caractérisation
fine des fissures en termes d’ouverture et de position de l’extrémité de celle-ci [86], ce qui
est recherché ici. Un autre avantage réside dans le temps de traitement, qui est également
beaucoup plus court avec des images de grilles grâce à l’efficacité des algorithmes basés sur
la transformée de Fourier rapide. En pratique, la détermination du déplacement en quelques
centaines de milliers de points ne requiert que quelques secondes avec un ordinateur récent.
Cette caractéristique est intéressante dans la perspective du traitement de longues séquences
d’images acquises pendant des essais de fissuration. L’inconvénient de cette méthode, par
rapport à la CIN, est le fait qu’il soit plus délicat de marquer les surfaces, la phase de
dépôt de grilles étant notamment plus longue que celle qui consiste à déposer des marquages
aléatoires avec un spray de peinture par exemple. La méthode de la grille est décrite en détails
dans [15]. On en rappelle les principales caractéristiques dans les sections suivantes.
La première étape consiste à transférer une grille sur la surface à analyser. La procédure
utilisée ici, proposée initialement dans [87], est expliquée plus en détails au chapitre 3 de
ce manuscrit pour mieux intégrer les spécificités des éprouvettes utilisées. Les grilles ainsi
transférées suivent fidèlement les déplacements et les déformations de la surface à analyser. La
Figure 2.14 montre un détail d’une grille. Il s’agit de deux réseaux de traits perpendiculaires,
chacun ayant un pas de 0,2 mm. Ces réseaux peuvent être considérés comme des porteuses
spatiales dont la phase est modulée par la déformation de la surface sur laquelle ils sont
collés. Pour comprendre le traitement d’une image de grille, on peut considérer que l’intensité
87
A
s(x, y) = (2 + γ.f rng(2πf x + φx (x, y)) + γ.f rng(2πf y + φy (x, y)) (2.24)
2
où :
– A est l’intensité globale moyenne ;
– γ représente le contraste du signal modulé de valeur comprise entre 0 et 1 ;
– f rng est une fonction 2π-périodique qui décrit le profil du trait de grille, d’amplitude
1 et de valeur moyenne 0 ;
– f est la fréquence de la porteuse, définie comme l’inverse du pas p de la grille qui est
la distance inter-ligne ;
– φx (x, y) et φy (x, y) représentent les modulations des phases des porteuses suivant les
axes x et y, respectivement. Ces modulations sont provoquées par le déplacement des
points physiques à cause de la déformation. Dans les vraies grilles, ces modulations
sont également dues à des défauts de grilles. L’effet de ces défauts est en grande partie
éliminé lorsque l’on soustrait les cartes de phases courante et de référence [88, 15],
comme expliqué ci-dessous.
Les paramètres A et γ sont supposés être constants ici, mais en pratique ils peuvent légè-
rement varier dans les images réelles. Il convient également de mentionner que dans les vraies
88
grilles, l’intensité de l’éclairage le long des lignes sombres est presque constante. La pixelli-
sation entraîne cependant le fait que les points situés aux croisements entre les lignes soient
plus sombres que les points des lignes situées à l’écart de ceux-ci. Avec la formule 2.24, un
léger mouvement de la grille peut être interprété comme un changement des phases Φx et Φy .
On montre que les composantes planes du déplacement sont directement proportionnelles à
ces changements de phases [15]. Une étape importante de la méthode consiste donc à extraire
la phase des images courante et de référence de la grille. Diverses méthodes ont été propo-
sées dans la littérature. On utilise ici la plus simple et la plus efficace d’entre elles nommée
l’Analyse Localisée du Spectre (Localized Spectrum Analysis) dans [15]. Cette méthode est
notée ALS dans la suite du chapitre.
L’ALS consiste d’abord à calculer la transformée de Fourier fenêtrée des images de grilles
de référence et courante. Pour chacune de ces images notée s, cette transformée s’écrit :
Z +∞ Z +∞
scg (x, y, θ) = s(η, ξ)g(x − η, y − ξ)e−2iπf (ηcosθ+ξsinθ )dηdξ (2.25)
−∞ −∞
où g est une fenêtre centrée en chaque pixel de coordonnées x, y, là où scg (x, y, θ) est calculé.
En toute rigueur, la transformée de Fourier fenêtrée est définie comme une fonction de la
position (x, y) des points, mais aussi des fréquences selon x et y. On choisit cependant de ne
conserver ici que la fréquence nominale de la grille dans ce calcul, ce qui accélère considérable-
ment les calculs sans dégrader les performances métrologiques. Concernant la définition de g,
une gaussienne permet d’obtenir le meilleur compromis entre diverses contraintes pratiques,
comme démontré récemment dans [89]. La fonction définissant cette gaussienne est donnée
par l’équation suivante :
x2 + y 2
!
−
1 2`2
g(x, y) = e (2.26)
2π`2
où ` est l’écart-type de la gaussienne, que l’on peut considérer comme une longueur caracté-
ristique de la méthode.
89
Dans l’Equation 2.25, l’angle θ est égal à 0 ou π/2 selon que l’on analyse le réseau de traits
verticaux pour trouver la phase selon x, ou le réseau de traits horizontaux pour trouver la
phase selon y. On récupère donc au bilan en chaque pixel de coordonnées (x, y) deux nombres
complexes scg (x, y, 0) et scg (x, y, π/2). On admet généralement que les phases selon x et y sont
simplement égales aux arguments de ces deux nombres complexes, respectivement. Ces angles
sont déterminés modulo 2π, ce qui induit des sauts de phases au sein même des cartes de
phases dès que l’amplitude du déplacement dépasse une fois la valeur du pas de la grille. Une
étape dite de dépliement des phases est alors nécessaire pour qu’elles présentent une évolution
qui soit effectivement continue [15]. Le déplacement est finalement déduit des cartes de phases
avec l’équation suivante :
p cur
u(x) = − φ (x + u(x)) − φref (x) (2.27)
2π
On peut donner rapidement quelques informations sur les erreurs de mesure associées à
la méthode de la grille. Ces informations sont extraites de [15], où les performances métrolo-
giques de la méthode de la grille sont discutées en détails. Il convient ainsi de distinguer les
erreurs systématiques et les erreurs aléatoires.
Les sources d’erreurs systématiques sont multiples et certaines sont communes à la mé-
thode de la grille et à la CIN 2D. On peut citer par exemple l’effet du mouvement hors-plan
ou un mauvais parallélisme entre capteur de la caméra et plan observé sur l’éprouvette. L’er-
reur systématique due au traitement des images de grilles est discutée en détails dans [15].
On montre notamment que la distribution de déplacement réelle est "amortie", avec une perte
d’amplitude qui augmente à mesure que la fréquence de la distribution des déplacements aug-
mente. En première approximation, ce phénomène peut être modélisé par une convolution du
champ de déplacement réel par la fenêtre g utilisée dans la transformée de Fourier fenêtrée
définie par l’Equation 2.25, [90]. On a ainsi
où le symbole ? représente l’opérateur de convolution entre deux fonctions. ηui est quant à lui
un bruit spatialement corrélé discuté brièvement dans le paragraphe suivant. On trouve un
résultat analogue pour les composantes de déformation planes, comme démontré rigoureuse-
ment dans [90]. Ainsi, pour une carte de déformation comportant n’importe quelle signature
en termes de fréquence et considérant le spectre d’amplitude de sa transformée de Fourier,
cela signifie que l’amortissement est d’autant plus élevé que la fréquence activée dans le
spectre d’amplitude est élevée. Ce phénomène se manifeste par un flou dans les cartes de
déformation. En effet, l’influence des fréquences les plus hautes est presque annulée dans le
spectre d’amplitude. Ce spectre est donc affecté de façon hétérogène par ce phénomène, les
basses fréquences étant les moins touchées. Une conséquence est que l’erreur systématique
change à travers toute carte de déformation hétérogène. Cela signifie également que l’erreur
systématique dépend du signal lui-même. Il faut souligner que le même phénomène se produit
91
avec la CIN, mais le filtre correspondant à cette technique est le filtre de Savitzky-Golay [91].
De plus, d’autres sources d’erreurs systématiques telles que le biais d’interpolation se pro-
duisent avec la CIN et pas avec la méthode de grille. Discuter ces questions est toutefois hors
de la portée de la présente étude. Le lecteur est renvoyé à la Réf. [85] pour plus d’informations
sur l’erreur systématique.
L’erreur aléatoire dans les cartes de déplacement et de déformation est principalement due à
la propagation du bruit du capteur. Le bruit qui en résulte dans les cartes est spatialement
corrélé, ce qui explique que des tâches soient visibles dans les cartes de déformation. Le bruit
dans ces cartes n’est donc pas indépendant d’un pixel à l’autre. La matrice de covariance
de ce bruit spatialement corrélé a été entièrement caractérisée dans [90]. L’écart-type de ce
bruit, qui est la racine carrée des termes diagonaux de cette matrice de covariance, a été
étudié expérimentalement dans [92]. On y démontre que les formule prédictives théoriques
données dans [90] sont bien vérifiées expérimentalement. Dans [92], l’écart type mesuré pour
le bruit dans les cartes de déplacement (ux ou uy ) dû à la propagation du bruit du capteur
est inférieur à un micromètre. L’écart-type pour les composantes de déformation εxx et εyy
se situe généralement entre 3 et 4×10−4 , suivant les conditions d’éclairage. Cet écart-type est
√
2 fois plus petit que pour εxy . Il faut souligner que comme pour la CIN avec la taille du
subset, le niveau de bruit dans ces cartes diminue avec la méthode de la grille à mesure que
la taille de la fenêtre g utilisé dans l’Equation 2.25 augmente. Des formules analytiques mo-
délisant cette infuence sont disponibles dans [15, 92]. Les valeurs chiffrées données ici doivent
donc être considérées comme des ordres de grandeurs seulement, estimés pour une taille de
fenêtre couramment utilisée avec cette méthode mesure, à savoir lorsque l’écart-type ` de la
gaussienne définie par l’Equation 2.26 est égal à la valeur du pas p de la grille. Ces valeurs de
l’écart-type diminuent naturellement lorsque ` augmente, et cette évolution doit être prédite
de façon fiable par diverses formules établies dans [90, 92].
92
2.5 Conclusion
Le présent chapitre avait pour but de rappeler les origines de la mécanique de la rupture,
et les éprouvettes utilisées par le passé pour l’observation de la progression de fissure. Les
formules de base de la mécanique linéaire de la rupture, notamment celles donnant les facteurs
d’intensités de contraintes et le taux de restitution d’énergie ont été développées. Différentes
méthodes de mesures de champs ont été brièvement rappelées. Une de ces méthodes, celle
qui sera utilisée dans cette étude, la méthode de la grille, a été présentée. La procédure
d’obtention de déplacements et de déformations a été rappelée. La méthodologie du transfert
de la grille et les résultats de l’étude expérimentale en mode 1 seront présentés dans le chapitre
3.
Chapitre 3
3.1 Introduction
Nou avons vu au chapitre 2 que les études dédiées à la fissuration sur les essences tropicales
étaient quasiment inexistantes. Seules les études sur la fissuration des essences tempérées
existent. Elles ont été rappelées au chapitre 2. Dans le présent chapitre, les comportements
de rupture en mode d’ouverture de l’okoumé, de l’iroko et du padouk sont étudiés avec la
méthode de la grille. Les géométries d’éprouvettes CTS et MMCG modifiées sont considérées.
Les détails sur les matériaux et les méthodes utilisés sont donnés dans la partie suivante, qui
décrit le dispositif Arcan, les dispositifs expérimentaux, la méthode de grille et le protocole
expérimental appliqué. La façon dont l’emplacement de la pointe de fissure est déduit des
cartes de déplacement est décrite. Les résultats sont présentés et discutés dans la dernière
partie du chapitre. En particulier, des cartes typiques de déformations et de déplacements
sont représentées. De plus, des courbes typiques force-déplacement sont données. Enfin, on
compare les valeurs des taux de restitution d’énergie critiques obtenues avec la méthode de
la complaisance dans le déplacement imposé pour chaque espèce et on discute de l’influence
de l’épaisseur de l’éprouvette sur les résultats obtenus.
93
94
Cette partie a pour objectif de présenter les matériaux et méthodes utilisés pour la suite de
ce travail. Les trois essences avec lesquelles les éprouvettes bois sont usinées ont été présentées
au chapitre 1.
Les morceaux de tronc de toutes les essences testées ici ont été préalablement coupés
au Gabon et conservés sous atmosphère équatoriale pendant 1 mois (cf. Figure 3.1). Ils
ont ensuite été expédiés à Aubière, France. Ces pièces ont été conservées à température
ambiante en laboratoire, dans l’environnement qui sera décrit par la suite dans ce manuscrit.
Les éprouvettes ont donc été débitées dans les conditions environnementales du laboratoire.
Dans ce cas, aucun séchage des éprouvettes n’a été observé lors des essais. La teneur en
humidité interne de toutes les essences est donnée dans le Tableau 3.2 a été mesurée juste
avant l’essai.
Les éprouvettes utilisées dans cette partie sont des éprouvettes de forme CTS (Figures 3.2
95
et 3.3) et MMCG (Figures 3.4 et 3.5). Pour la conception de deux éprouvettes bois (CTS et
MMCG modifiée), nous nous sommes inspirés des configurations des éprouvettes issues de la
bibliographie vue au chapitre 2. Les modifications des dimensions opérées pour la conception
de ces deux éprouvettes CTS et MMCG modifiée permettent d’utiliser un même système
de sollicitation Arcan. Les éprouvettes bois ont été conçues avec les trois essences que sont
l’okoumé, l’iroko et le padouk. Les critères de choix ont été exposés au chapitre 1.
Les dimensions des éprouvettes CTS sont données dans la Figure 3.2. Deux valeurs d’épais-
seur ont été considérées, 12,5 mm et 20 mm, pour voir si ce paramètre influe sur les paramètres
de fissuration. Pour toutes les éprouvettes CTS, une entaille de longueur ai = 25 mm a été
usinée le long de la direction de la fibre (RL) avec une scie à ruban. L’entaille a ensuite été
étendue sur 3 mm environ avec une lame de cutter pour amorcer la fissure. La Figure 3.3
présente un exemple d’éprouvette de bois CTS pour les trois essences étudiées.
Les dimensions de l’éprouvette CTS sont : 105 mm de longueur et 105 mm de largeur.
La fissure initiale se trouve au milieu, de l’un des côtés. De façon à utiliser le même système
Arcan pour les deux éprouvettes (CTS et MMCG), les trous de fixation ont été choisis à
une distance de 85 cm dans le sens de la fissure initiale. Dans le sens perpendiculaire à cette
fissure initiale ces trous de fixation sont distants de 54,5 mm. Les trous de fixation ont un
diamètre de φ = 10 mm.
La première version de l’éprouvette MMCG a été mise au point par Moutou Pitti [66].
Par rapport à la version initiale de l’éprouvette MMCG, la taille des éprouvettes testées
ici est légèrement plus petite. La principale raison est que le même dispositif d’ancrage est
utilisé pour les éprouvettes CTS et MMCG, ce qui limite la taille des éprouvettes MMCG
(Figure 3.4). Deux épaisseurs ont été considérées dans ce chapitre b= 15 mm et 20 mm.
D’une inertie très variable, les caractéristiques de l’éprouvette MMCG sont présentées sur
96
les Figures 3.4 à 3.6 Le talon supérieur a une base de 70 mm et de largeur 20 mm. Il est
légèrement incliné vers la partie inférieure d’un angle de rayon égale 2,50 qui mène jusqu’au
congé de raccordement. Le talon inférieur a quant à lui une section de 70x20 mm2 . Cette
éprouvette a été munie d’une fissure initiale notée ai de longueur ai = 22 mm. La longueur de
fissure totale est égale à : a = ai + ∆a pour les spécimens MMCG quelle que soit l’épaisseur.
Les dimensions de cette éprouvette sont données à la figure 3.4.
L’avantage de l’éprouvette MMCG est que la fissure se propage de manière stable après
son apparition. Au contraire, les éprouvettes CTS sont généralement caractérisées par la pro-
pagation instantanée de la fissure après l’apparition de la fissure, ce qui rend le phénomène
instable. Une stabilité apparente de la fissure est cependant observée si l’épaisseur de l’éprou-
97
vette CTS devient significative. L’avantage de l’éprouvette MMCG est également d’obtenir
une diminution du taux de restitution d’énergie lors de la croissance des fissures. Dans ce cas,
si le matériau est viscoélastique, on peut facilement séparer les effets dépendant du temps
et les paramètres de fissuration afin de connaître l’impact réel du temps sur la rupture du
matériau.
Figure 3.5 – Éprouvettes typiques MMCG des trois essences : Okoumé, Iroko et Padouk.
Le tableau 3.1 indique les notations associées et le nom des éprouvettes testées dans ce
chapitre.
Plusieurs essais ont été effectués mais ils n’ont pas tous été exploitables. Six éprouvettes
CTS ont été testées. Pour les éprouvettes MMCG, nous ne rapportons ici que les essais pour
lesquels la propagation des fissures a pu être observée et quantifiée, ce qui explique que le
98
1,2,3,..= Numéro d’essai pour l’éprouvette MMCG ; M = MMCG ; 12,5, 15 et 20 = Épaisseurs des éprouvettes
La Figure 3.6 montre des exemples typiques d’éprouvettes testées. Des rondelles en alu-
minium ont été collées au niveau des trous de fixation pour renforcer ces zones, limitant ainsi
le risque de rupture précoce des éprouvettes dans la zone de connexion. La partie supérieure
des éprouvettes a été renforcée par de petites plaques en aluminium pour la même raison.
Un adhésif époxy a été utilisé pour coller les rondelles et les petites plaques. Afin de détermi-
ner les champs de déplacement et de déformation, une grille a été transférée à la surface de
chaque éprouvette. Selon l’espèce et l’éprouvette, l’orientation des fibres est très peu visible
à l’œil nu. On peut observer une certaine inclinaison par rapport à l’orientation théorique de
la fibre dont le fil devrait être droit quand tous les éléments sont parallèles et orientés suivant
l’axe de l’arbre.
99
Les principales propriétés mécaniques de ces trois essences sont rassemblées dans le Ta-
bleau 3.1. Ces valeurs sont extraites de la base des données du CIRAD [13] et sont obtenues
pour une teneur en humidité relative de HR = 12%.
L’humidité interne (HI) de chaque essence est obtenue en utilisant la formule suivante :
mS − m0
HI(%) = × 100% (3.1)
m0
1100 C pour déterminer la masse sèche. La température normalisée est de 1030 C [93], mais
une température entre 1000 C et 1300 C est souvent utilisée dans la pratique. La température
que nous avons utilisée ici se situe dans cette fourchette. Les éprouvettes sont restées dans
le four jusqu’à ce que la masse soit complètement stabilisée soit au bout de 4 jours. Les
éprouvettes ont été pesées, trois fois par jour pour vérifier si leur masse était bien stabilisée.
Les valeurs ont également été mesurées avec un humidimètre et les résultats obtenus avec ce
dispositif sont similaires à ceux obtenus avec l’équation 3.1.
Dans le tableau 3.1, on peut observer que l’humidité interne des éprouvettes diminue à
mesure que la densité augmente, ce qui semble logique.
Pour réaliser les essais, un système Arcan en acier a été conçu, les caractéristiques et la
géométrie sont présentées figures 3.7. Sa forme laisse entrevoir un vide au milieu de sorte que
la grille collée sur les éprouvettes soit visible et adaptée à tous les modes de sollicitations, y
compris le mode mixte avec ses différents angles de sollicitations voir Figure 3.7. Ce dispositif
a été conçu de façon à être utilisé pour réaliser les essais sur des éprouvettes CTS, en mode
101
Les figures 3.7 et 3.8 montrent le dispositif d’essai Arcan conçu et usiné spécifiquement
pour cette étude. Il est fait en acier à haute résistance à la traction (HLE), dont les principales
caractéristiques sont données dans [94]. Les trous de fixation pour les éprouvettes en bois ont
102
un diamètre φ = 4 mm, et les trous d’introduction du chargement (voir Figure 3.8) un dia-
mètre φ = 7 mm. Ces trous de fixation ont été percés afin de pouvoir charger l’éprouvette avec
différentes valeurs angulaires de l’angle α (avec α = 00 , 150 , 300 , 450 , 600 , 750 et 900 ) par
rapport à la direction verticale afin d’activer des modes de rupture. Pour plus d’informations
sur l’acier utilisé voir l’annexe B.
Le procédé de grille est utilisé ici pour mesurer le champ de déplacement dans le plan sur la
face avant de l’éprouvette afin de détecter et de suivre la longueur de fissure et son ouverture
pendant les essais. Cette technique consiste à traiter les images d’une grille transférée sur
l’éprouvette avant l’essai afin de déterminer les cartes de déplacement et de déformation [15].
Une grille bidirectionnelle ayant un pas de 0,2 mm est imprimée avec une imprimante haute
résolution (50 800 points par pouce) sur une mince feuille polymère. Cette feuille est ensuite
collée sur l’éprouvette à l’aide d’une fine couche adhésive blanche (référence : Epotecny E504).
Après polymérisation de la couche adhésive, la feuille polymère est décollée et seule l’encre
reste collée sur la couche adhésive blanche. L’épaisseur finale de cette couche est typiquement
égale à quelques dixièmes de mm. On peut donc raisonnablement supposer que la grille reflète
parfaitement la déformation de la surface de l’éprouvette sans influencer les composantes
réelles de déplacement et de déformation qui se produisent dans l’éprouvette lui-même. Des
détails complets sur la procédure de transfert de la grille sont donnés dans [87]. Les images
des grilles transférées sont ensuite prises avec une caméra pendant le test. La caméra PCO
2000 utilisée dans cette étude possède un capteur CCD 14 bits / 2048 × 2048 -pixel (CCD =
Charged Coupled Device). Il est équipé d’un objectif de 105 mm. Le grossissement (et donc la
distance d entre le plan focal de la caméra et les éprouvettes) a été ajusté de telle sorte que la
période de grille a été échantillonnée avec 5 pixels. Cela conduit à d = 67 cm. Avec ce réglage,
la fissure et une partie de l’éprouvette qui contient la fissure à l’étude, étaient dans tous les cas
dans le champ de vision de la caméra. La caméra a enregistré environ 1, 83 images / seconde
103
pendant les essais. On a vérifié qu’avec cette configuration et avec la vitesse de déplacement
prescrite égale à 0,033 mm/s, une moyenne de 8 images prises à la suite pourrait être traitée
sans induire un flou des images de grille. Cette procédure de moyenne peut être réalisée à
des fins de réduction du bruit, comme étudié dans [95]. Certains événements dynamiques
tels que la propagation soudaine des fissures apparaissent au cours des essais et la meilleure
résolution temporelle possible est nécessaire pour capturer de tels événements entre deux
images consécutives. Finalement toutes ces images de grille ont été traitées après l’essai en
utilisant un programme développé au laboratoire. Des détails complets sur cette technique de
traitement d’image de grille sont donnés dans [15], et des versions récentes des programmes
correspondants sont disponibles en ligne [96]. La figure 3.9 présente un exemple de la grille,
mais aussi deux éprouvettes CTS et MMCG sur lesquelles est transférée une grille.
Figure 3.9 – Exemple de grilles transférées sur les éprouvettes CTS et MMCG [11].
Il est nécessaire avant toute procédure de transfert d’avoir le matériel suivant : des ciseaux,
un rouleau de scotch, une tige en bois ou un coton tige, un pot pour mélanger et homogénéiser
les colles, la grille et les deux composants de colles : un composant A (résine de couleur
blanche), un composant B (durcisseur de couleur jaune), voir Figure 3.10.
104
Procédure de collage
Une fois les grilles découpées la phase de transfert peut commencer. Après avoir ôté
toute trace de poussière en surface de l’éprouvette, la grille est transférée sur l’éprouvette
en chassant l’air qui risque d’empêcher son bon transfert. Cette opération terminée, il est
procédé à la polymérisation de la colle dans une étuve chauffée à 380 C pendant 48 heures. A
la sortie de cette enceinte thermique, et de façon à permettre la séparation des deux parties de
la grille, les éprouvettes sont introduites dans une autre enceinte thermique à 800 C pendant
20 minutes, voir Figure 3.11. Ce n’est qu’après ces 20 minutes que nous pouvons enlever le
film transparent qui servait de support à l’encre de la grille.
Une machine de traction compression Zwick / Roel, de capacité 200 kN , représentée dans
la Figure 3.12 a été utilisée pour effectuer les tests. La caméra et le dispositif Arcan décrits
ci-dessus sont clairement visibles sur cette figure. La caméra a été fixée sur un trépied afin
de photographier des images de grille stabilisées pendant les essais. Le dispositif miniature
en acier Arcan utilisé pour charger les éprouvettes est également visible. Le mors mobile de
la machine d’essai, est contrôlé en déplacements imposés. Il est équipé d’un capteur de force.
L’information combinée avec le déplacement vertical Uy obtenu par la méthode de grille a
donné les courbes force-ouverture de la fissure pour chaque essai.
Dans cette étude, la valeur du taux de restitution d’énergie critique des trois espèces a été
calculée en utilisant la méthode de la complaisance. La formule donnant ce taux est donnée
par la relation :
!
(F ci )2 ∆C
GC = × (3.2)
2b ∆a d
Les différents termes de l’équation 3.2 ont déjà été définis au chapitre 2. Pour les éprouvettes
MMCG, la propagation de la fissure est progressive. Nous traitons les incréments ∆C et ∆a
106
entre deux configurations stables de la fissure. La figure 3.13 montre une courbe typique de
force en fonction de l’ouverture de fissure dans laquelle des chutes de force soudaines sont
clairement visibles. Les pics et baisses brusques de force ne sont cependant pas vraiment
observables en pratique à l’œil nu, ils sont détectés automatiquement par un programme
développé dans le laboratoire. La force critique est cette force qui apparait juste avant la
chute brutale de l’effort. L’augmentation de la longueur de fissure correspondante est déduite
des cartes de déplacement.
champ de déplacement
L’ouverture de fissure U que l’on retrouve dans l’équation 3.2 est déduite des cartes de
déplacement en utilisant la procédure suivante. Deux points A et B situés de part et d’autre
107
des lèvres de la fissure sont choisis (Figure 3.14). Ces points sont suffisamment éloignés de
la fissure elle-même pour être certain que la détermination du déplacement de ces points
ne soit pas altérée par la présence de la singularité dans le champ de déplacement due à la
fissure. Ces points doivent cependant être suffisamment proches de la fissure, de sorte que
la différence entre le déplacement vertical mesuré en ces points peut être considérée comme
correspondant à l’ouverture de fissure le long de la ligne verticale définie par ces points. En
pratique, une distance supérieure à la moitié de la largeur de la fenêtre de la transformée de
Fourier fenêtre utilisée dans l’équation 3.2 est suffisante. Cette fenêtre utilisée dans le logiciel
interne qui permet de déterminer les champs de déplacement et de déformation étant une
Gaussienne avec un écart type égal à 5 pixels, cela signifie que selon la règle dite des 3σ [97],
la valeur 5 × 3 = 15 Pixels est la distance minimale entre chaque point de la fissure qui doit
être utilisée. La fissure est située entre ces deux points, mais son emplacement peut fluctuer
d’une éprouvette à l’autre. Par conséquent, la distance entre A et B a été choisie égale à
90 pixels pour avoir une marge de sécurité suffisante. L’objectif de ce choix est de prévoir une
éventuelle bifurcation de fissure. Ensuite, l’ouverture de fissure est obtenue par la relation
|Uy (A) − Uy (B)|.
– une zone rectangulaire censée contenir la pointe de fissure est d’abord définie à la main ;
– le gradient du champ de déplacement le long de la direction verticale y, autrement dit
la valeur apparente pour εyy , est estimée par différenciation numérique du champ de
déplacement dans cette zone ;
– la valeur apparente pour εyy devrait tendre vers l’infini pour les points des cartes ap-
partenant à la fissure, mais la valeur apparente retournée par la différenciation d’image
de la carte de déplacement est finie, avec une valeur qui diminue à l’approche de la
pointe de fissure. Une valeur de seuil pour la valeur apparente de εyy est donc fixée et
les coordonnées de la pointe de fissure sont définies par les coordonnées du point situé
le plus près possible (la fissure se propage de gauche à droite) et pour laquelle cette
valeur de seuil est atteinte.
La valeur de seuil pour εyy a été choisie égale à 0, 10. Une valeur pour laquelle l’avancée
de fissure est presque identifiable sur toutes les images. Ce choix pourrait affecter le résultat,
aussi d’autres valeurs proches de 0, 10 ont également été testées pour voir si les coordonnées
de la pointe de fissure sont vraiment sensibles à ce paramètre. La figure 3.15 montre la
coordonnée de la pointe de fissure obtenue pour trois valeurs de ce seuil, soit 0, 08, 0, 10 et
0, 12. Une éprouvette de padouk (P 32M 20) est utilisée à cette fin.
109
Figure 3.15 – Abscisse de la pointe de fissure obtenue pour trois valeurs de seuil différentes
de εyy .
On peut conclure que le fait de changer cette valeur autour de 0, 10 n’influence pas les
résultats, ce qui signifie que ce choix pour le seuil peut être considéré comme fiable. La Fi-
gure 3.16 montre un nuage de points montrant l’emplacement de la pointe de fissure pour
un ensemble d’images prises lors d’un essai sur une éprouvette du padouk. Ces coordonnées
sont obtenues avec la méthode de détection décrite ci-dessus. Il est clair que sur cette figure,
la fissure se propage pas à pas, puisque certains «vides» sont visibles le long de la direction
x entre l’abscisse de deux emplacements consécutifs de la pointe de fissure, voir par exemple
entre x = 500 et x = 530 pixels. ∆a dans l’équation 3.2 est obtenue en soustrayant directe-
ment l’abscisse de deux points consécutifs en cas de chute de force, entrainant la propagation
de fissure, la variation de position selon la verticale étant négligeable.
110
Dans cette partie, nous présentons et analysons les cartes de déplacements et de déforma-
tions obtenues avec la méthode de la grille. Ensuite, la courbe force en fonction de l’ouverture
de fissure est présentée. Les évolutions des courbes de la longueur de fissure le long de l’axe
des x sont obtenues en fonction de la charge. Enfin, les taux de restitution d’énergie pour les
éprouvettes CTS et MMCG sont calculés et analysés pour les trois espèces de bois.
Un déplacement vertical typique (Uy ) et les cartes de déformations (εyy ) obtenus avec
la méthode de grille pour les éprouvettes CTS et MMCG sont reportés sur les Figures 3.17
et 3.18. Les cartes de déplacement sont utilisées pour déterminer l’ouverture des fissures
pendant le test et les cartes de déformations permettent de localiser au mieux la position de
la pointe de fissure. La méthodologie a été présentée dans la section précédente.
Pour les éprouvettes MMCG avec propagation de fissures, les cartes de déplacements et
de déformations sont présentées dans la figure 3.18. Ces cartes de déplacements et de défor-
mations montrent l’évolution de la fissure pour différents éprouvettes. Nous avons remarqué
au cours des essais que les fissures tendent à se propager selon l’orientation et l’inclinaison
des fibres. Dans la figure 3.18 (a) pour l’éprouvette P 1M 15, nous avons noté une petite in-
clinaison d’environ 5 degrés des fibres. Cela explique certainement l’orientation de la fissure
que nous voyons. Les éprouvettes ont été testées suivant le plan RL. Dans la pratique, le
111
Figure 3.17 – Exemple de cartes de déplacement (a) et de cartes de déformation (b) pour
les essences d’okoumé (O) et de padouk (P) avec des éprouvettes CTS de deux épaisseurs
(12,5 et 20 mm).
chemin de la fissure n’est pas rectiligne. Le chemin suivi par la fissure pour les systèmes RL
et TL reste cependant toujours parallèle au grain [98].
Les fissures sont clairement visibles sur les Figures 3.17 (a) et 3.18 (a) car elles corres-
pondent à des discontinuités dans les cartes de déplacement vertical. La valeur du déplace-
ment est négative car la mâchoire supérieure se déplace dans la direction opposée de l’axe
des y qui est descendant. Les valeurs des déformations présentées dans les Figures 3.17 (b)
et 3.18 (b) sont globalement nulles ou proches de zéro, sauf dans le voisinage de la fissure,
pour lesquelles des valeurs élevées en valeur absolue sont observées. Il faut rappeler dans
ce cas de fort gradient, que ces valeurs mesurées sont les valeurs réelles convoluées par la
fenêtre de la transformée de Fourier fenêtrée. Par conséquent ces valeurs représentent des
valeurs moyennées spacialement avec un poids qui est la fenêtre gaussienne. Les cartes ty-
piques montrées dans les Figures 3.17 (b) et 3.18 (b) permettent de mettre en évidence une
caractéristique intéressante : pour les éprouvettes CTS (O12, 5) et MMCG (O1M 15) par
112
exemple, la propagation des fissures est entraînée par la tension transversale à l’avant de la
pointe de fissure, où la concentration de déformation se produit. Ce résultat est également
visible pour les spécimens CTS P 12, 5 et P 20 sur les cartes de déformations correspondantes
montrant la pointe de fissure.
Figure 3.18 – Exemple de cartes de déplacement (a) et de cartes de déformation (b) pour
les essences d’okoumé (O) et de padouk (P) avec des éprouvettes MMCG de deux épaisseurs
(15 et 20 mm).
Les courbes globales d’ouverture de fissure sont présentées sur la Figure 3.20 pour les
éprouvettes CTS, et sur les Figures 3.21 à 3.23 pour les éprouvettes MMCG. L’ouverture
de fissure (déplacement des deux lèvres de la fissure) est directement obtenue à partir des
cartes de déplacement, suivant la méthodologie présentée dans la section 3.3. Le déplacement
des mâchoires mobiles n’est pas utilisé ici parce qu’il est plus élevé que celui obtenu avec la
machine en raison des jeux au niveau des mors. La Figure 3.19 montre la différence entre
113
Le Tableau 3.3 présente les forces de chargement au moment de la rupture ainsi que l’ou-
verture de fissure maximale correspondante pour ces deux épaisseurs et pour les trois espèces
de bois. L’influence de l’épaisseur sur la valeur de chargement à la rupture est clairement
visible. En effet, la valeur de chargement à la rupture est plus petite pour les éprouvettes
fines (b = 12, 5 mm) que pour les plus épaisses (b = 20 mm). L’ouverture maximale de
fissure dépend également de l’épaisseur de l’éprouvette, mais son influence est moins sensible
comparée à celle obtenue avec le chargement à la rupture. Pour les éprouvettes P 20 et O20,
l’ouverture des fissures évolue progressivement, et plusieurs forces critiques Fc sont directe-
ment obtenues à partir des courbes force - ouverture de la fissure. Ce constat traduit l’effet
de l’épaisseur sur le comportement à la fissuration de ces essences.
Le tableau 3.3 montre les différentes les forces à la rupture et les ouvertures de fissures
correspondantes des éprouvettes CTS. Malgré la forte hétérogénéité des essences, les valeurs
de forces à la rupture ici sont proportionnelles à la densité ou encore à l’épaisseur. Nous
pouvons voir que les forces sont plus élevées pour les deux essences les plus denses. Pour le
114
Figure 3.20 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes CTS.
Table 3.3 – Valeur de la force à la rupture et ouverture de fissure correspondante pour les
éprouvettes CTS.
Les Figures 3.21 à 3.23 présentent les différentes courbes de force en fonction de l’ouverture
des trois essences respectivement pour l’okoumé, l’iroko et le padouk. Ici les valeurs maximales
115
des forces varient fortement d’une éprouvette à l’autre pour la même espèce et pour la même
épaisseur. Cependant, les charges à la rupture des éprouvettes d’épaisseur 20 mm semblent
plus élevées qu’avec les éprouvettes d’épaisseur 15 mm, à deux exceptions près.
Figure 3.21 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG d’okoumé et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm).
116
Figure 3.22 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG d’Iroko et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm).
Figure 3.23 – Courbes force en fonction de l’ouverture de fissure pour les éprouvettes de
MMCG Padouk et deux épaisseurs (15 mm et 20 mm).
117
Eprouvette CTS
Figure 3.24 – Exemple de longueur de fissure en fonction de la force pour deux éprouvettes
CTS (épaisseur 20 mm).
longueur de fissure augmente légèrement jusqu’à une valeur de charge de 1520 N et 1950 N
pour les éprouvettes d’okoumé et du padouk, respectivement. Ensuite, la longueur de fissure
augmente soudainement, ce qui entraîne la rupture de l’éprouvette. Aucune propagation de la
fissure n’est observée pour l’éprouvette CTS de 20 mm d’épaisseur concernant l’éprouvette
d’iroko. La fissure s’est développée hors de la grille, dans la zone de liaison et les trous à
travers lesquels la charge a été appliquée. Cela est certainement dû à la fragilité de cette
essence. L’annexe A1 montre les éprouvettes cassées au niveau de congés de raccordements.
Éprouvette MMCG
Figure 3.25 – Exemple de courbe longueur de fissure en fonction de la force pour les trois
essences MMCG (épaisseur : 15 mm et 20 mm).
Dans cette section, la valeur du taux de restitution d’énergie critique Gc obtenu à la fois
avec les éprouvettes CTS et MMCG est calculée et l’influence de l’épaisseur des éprouvettes
est mise en évidence.
Figure 3.26 – Taux de restitution d’énergie critique d’okoumé (O), de l’iroko (I) et du
padouk (P) (épaisseur 12,5 mm et 20 mm) pour les éprouvettes CTS.
et P 20. En effet, les valeurs obtenues sont égales à 4,3 mm et 12,4 mm, pour les éprouvettes
d’okoumé et de padouk, respectivement (Figure 3.24). Aucune propagation de fissure n’est
observée pour les éprouvettes I20 en iroko. Ce constat est justifié du fait que cette essence
est très fragile et la rupture dans la plupart des cas a eu lieu au niveau des congés et de trous
de sollicitations. Une seule valeur de Gc , à la rupture, a pu être obtenue dans ce cas.
Les résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG sont maintenant présentés pour les
trois essences bois et pour les deux épaisseurs. La Figure 3.27 montre G en fonction de la
longueur de fissure pour l’okoumé. Les valeurs minimales du taux de restitution d’énergie
(Gic ), i.e. valeurs obtenues en début de propagation de fissure, et les valeurs maximales du
taux de restitution d’énergie à la rupture (Gmc ), i.e. valeurs obtenues à la rupture, des diffé-
rentes éprouvettes sont calculées. Les résultats sont présentés dans le Tableau 3.4. La valeur
moyenne Gic pour les éprouvettes de 15 mm et 20 mm d’épaisseur est égale à 6,5 J/m2 et
46 J/m2 , respectivement. Cela souligne clairement l’influence de l’épaisseur sur cette valeur.
Les valeurs moyennes de Gmc induisant la rupture pour les éprouvettes d’épaisseurs b=15 mm
et 20 mm sont égales à 317 J/m2 et 248 J/m2 , respectivement. L’interprétation physique de
ces derniers résultats est difficile et très complexe en raison de la variabilité et de l’hétérogé-
néité des différentes éprouvettes, donc du matériau bois en général. Au contraire, les valeurs
Gic sont relativement proches les unes des autres. Par conséquent, l’influence de l’épaisseur
des éprouvettes sur cette quantité est clairement visible. Plus l’épaisseur est grande, plus la
valeur initiale est élevée pour G.
La même analyse pour les différents résultats des calculs de Gc est effectuée pour les
éprouvettes d’iroko et de padouk. Les Figures 3.28 et 3.29 présentent G en fonction de la
longueur de fissure pour ces essences de bois. Gic est donné dans les tableaux 3.5 et 3.6
pour l’iroko et le padouk, respectivement. En ce qui concerne l’iroko, les valeurs moyennes
de Gic pour les éprouvettes d’une épaisseur de 15 mm et 20 mm sont égales à 19 J/m2 et
37 J/m2 , respectivement. Cela montre l’influence de l’épaisseur. La même remarque que pour
l’okoumé peut être tirée concernant les fluctuations importantes de Gmc pour les éprouvettes
122
Gic 9 4 55 47 36 6,5 46
Table 3.4 – Valeurs spécifiques des éprouvettes de l’okoumé : Gic est la valeur initiale du
taux de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur de taux de restitution d’énergie
maximal à la rupture, Moy est la moyenne.
d’épaisseur 15 mm.
Enfin, les éprouvettes du padouk sont analysées en termes de valeur de Gc. Le Tableau 3.6,
les valeurs moyennes de Gic sont égales à 12 J/m2 et 35 J/m2 pour les éprouvettes d’épais-
seurs 15 mm et 20 mm, respectivement. La valeur initiale de G pour l’éprouvette P 2M 15
(1 J/m2 ) peut sembler anormale. C’est certainement une pré-entaille au cutter qui est à
123
Gic 14 18 24 20 37 19
Table 3.5 – Valeurs spécifiques des éprouvettes de l’iroko : Gic est la valeur initiale du taux
de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur de taux de restitution d’énergie maximal
à la rupture, Moy est la moyenne.
l’origine d’une propagation de fissure anticipée qui peut expliquer cela. Les fluctuations im-
portantes des valeurs maximales de Gc pour les éprouvettes d’okoumé peuvent s’expliquer
par un changement de direction du fil du grain. C’est une spécificité des essences tropicales.
Dans la littérature, ce changement est plus marqué et fréquent avec l’okoumé. La même re-
marque que pour okoumé peut être tirée concernant les fluctuations importantes de la valeur
124
Gic 15 1 21 34 36 12.3 35
Table 3.6 – Valeurs spécifiques des éprouvettes de padouk : Gic est la valeur initiale du taux
de restitution d’énergie critique ; Gmc est la valeur du taux de restitution d’énergie maximal
à la rupture, Moy est la moyenne.
125
3.4.5 Discussion
Le tableau 3.7 compare les différentes valeurs obtenues dans cette étude avec les valeurs de
la bibliographie obtenues sur des espèces tempérées. Ces dernières sont nombreuses, surtout
en mode I.
Table 3.7 – Comparaison des valeurs moyennes de Gmc pour les éprouvettes MMCG testées
d’épaisseur 15 mm (1) et 20 mm (2) avec la littérature et SD est l’écart type.
Afin de proposer une comparaison objective, la discussion est centrée sur les espèces
tempérées avec la même densité et une fissure initiale orientée dans la direction RL [101].
En effet, Voichita Bucur [99] a étudié l’épicéa et testé cette essence suivant la direction RL.
Reiter et al. [100], également cité par [99], ont quant à eux effectués les essais selon RL sur
les éprouvettes cubiques. Selon le principe du test de fente en coin (WS), ces tests ont été
effectués sur des éprouvettes de plusieurs espèces, dont l’épinette, le pin et le chêne. Les essais
ont été effectués dans les mêmes conditions (chambre climatisée à 200 C et 65% d’humidité
relative). L’énergie de rupture spécifique ou le taux de restitution d’énergie critique maximale
Gf (valeurs moyennes et écart-type de six mesures pour chaque bois résineux et feuillus) sont
pris en compte pour cette comparaison. Par conséquent, la moyenne de Gmc pour l’okoumé,
l’iroko et le padouk (donnée par les Tableaux 3.4, 3.5 et 3.6 respectivement) est indiquée
dans le Tableau 3.7 en gras et comparée à l’épicéa, au pin et au chêne respectivement. La
comparaison montre que de faibles écarts en pourcentage ont été obtenus entre les valeurs
126
3.5 Conclusion
Dans cette étude, des tests de fissuration ont été effectués sur trois espèces tropicales :
iroko (Milicia Excelsa), okoumé (Aucoumea klaineana Pierre) et padouk (Pterocarpus soyauxii).
Une grille a été transférée sur chaque éprouvette pour suivre l’avancée du front de fissure et
mesurer l’ouverture de celle-ci. Un nouveau système Arcan a été conçu pour tester à la fois
les éprouvettes bois CTS (Compact Tension Shear) et MMCG (Mixed Mode Crack Growth).
Les valeurs obtenues ont permis d’utiliser la méthode de la complaisance afin de calculer le
127
taux de restitution d’énergie critique de chaque éprouvette de bois pour différentes épaisseurs.
Pour les éprouvettes CTS et MMCG, il est clair que l’épaisseur et la densité ont une influence
sur la ténacité de l’espèce. En effet, il est montré que le taux de restitution d’énergie critique
augmente lorsque la densité augmente à la fois dans les processus de fissure stationnaire et de
croissance de fissure. Cependant, l’incrément de longueur de fissure n’a pas pu être mesuré
pour l’iroko en raison du comportement quasi-fragile de cette espèce par rapport à l’okoumé
et au padouk. La comparaison des moyennes de Gmc pour les trois espèces testées (okoumé,
iroko, padouk) est comparée à celles des espèces tempérées données par la littérature (épi-
céa, pin, chêne) avec la même densité et les mêmes conditions expérimentales, montrent que
les résultats obtenus sont similaires. Le chapitre 4 sera consacré à l’étude de paramètres de
fissuration en mode mixte, notamment pour les angles de degrés de mixité 150 , 300 et 450 .
128
Chapitre 4
4.1 Introduction
Le présent chapitre a pour but de compléter les résultats du chapitre précédent en étudiant
la fissuration en mode mixte des trois essences tropicales déjà décrites au chapitre 1. Les essais
sont réalisés pour différentes valeurs de taux de mixité α = 150 , 300 et 450 . Au-delà de 450 ,
les essais effectués n’ont pas été concluants. Les éprouvettes ont cassé systématiquement au
niveau des congés de raccordement et des trous de sollicitation. On présente ici le dispositif
expérimental et les résultats. Des cartes de déplacements et de déformations typiques issues
de la grille, les courbes force en fonction de l’ouverture de fissure sont aussi présentées. Après
découplage des modes, les différents taux de restitution d’énergie sont calculés. La part du
mode 1 (GI ) et la part du mode 2 (GII ) sont données en fonction de la longueur de fissure.
Pour terminer ce chapitre, une partie discussion et analyse des résultats est présentée.
Les essences utilisées dans le présent chapitre ainsi que les éprouvettes usinées ont déjà été
décrites aux chapitres 1 et 3. La Figure 4.1 présente les blocs de bois qui ont été acheminés
du Gabon et usinés en France. La caméra, le dispositif miniature en acier Arcan utilisé pour
129
130
charger les éprouvettes et la machine d’essai traction-compression (cf. Figure 4.2) ont déjà
été décrits dans le chapitre 3. Seules les éprouvettes MMCG sont testées dans ce chapitre.
La partie de l’éprouvette équipée de la grille était éclairée de façon à ce que la lumière soit
uniformément repartie. La caméra a été fixée sur un trépied afin de photographier des images
de grille stabilisées pendant les essais.
Figure 4.1 – Blocs de bois dans lesquels ont été usinées les éprouvettes
En mode mixte, cette caméra a la même inclinaison que celle de l’éprouvette, ceci confor-
mément à la Figure 4.2. Les valeurs de l’ouverture de fissure (mesurée avec les déplacements
des lèvres de la fissure) se trouvent donc directement projetées suivant les axes x et y. La
force est projetée quant à elle suivant les axes x et y, comme indiqué sur la Figure 4.3.
131
Le tableau 4.1 donne les notations et les noms des éprouvettes testées dans ce chapitre.
Ce tableau répertorie toutes les éprouvettes des trois essences utilisées pour les trois taux de
mixité α = 150 , 300 et 450 . Les éprouvettes d’iroko, de l’okoumé et du padouk sont respecti-
132
vement d’épaisseurs b = 12,5 mm, 15 mm et 20 mm. Comme dans le chapitre précédent, les
éprouvettes sont désignées par la première lettre majuscule du nom de l’essence, et le numéro
permet de différencier les éprouvettes d’une même essence. Les valeurs entre parenthèses
désignent les épaisseurs des éprouvettes.
O1 (15) / O1 (20)
O4 (15) / O5 (15)
O6 (15) / O7 (15)
I1 (20) P1 (20)
Les éprouvettes sont usinées dans le plan RL, avec l’orientation de la fissure suivant L.
Le pourcentage (%) d’humidité relative interne des éprouvettes est de 7,9% pour l’iroko, elle
est de 9,1% pour l’okoumé et de 7,3% pour le padouk. La température de la salle d’essais est
de 220 C ± 10 C et l’humidité relative est de 60% ± 1%. Les Figures 4.4 et 4.5 présentent
quelques-unes des éprouvettes testées.
133
La Figure 4.4 (a) présente la face sans grille et la Figure 4.4 (b) présente la face avec grille
de quelques éprouvettes d’okoumé pour b = 15 mm et testées pour α = 300 . Les figures 4.5
(a) et 4.5 (b) présentent les éprouvettes d’iroko et de padouk testées respectivement pour
α= 450 (b = 12,5 mm) et α = 150 (b = 20 mm). Les rondelles et les plaques en métal sont
Figure 4.4 – Exemples d’éprouvettes d’okoumé : face sans grille (a) et face avec grille (b)
.
134
Figure 4.5 – Exemples d’éprouvettes d’iroko et du padouk : (a) épaisseur 12,5 mm à 450 et
(b) épaisseur 20 mm à 150
.
Dans cette partie sont présentés les résultats obtenus avec les trois essences. Le découplage
des modes a permis l’obtention de la part du mode 1 et du mode 2. La méthode de la com-
plaisance à déplacement imposé de l’équation 2.23 du chapitre 2 a été utilisée pour calculer
les différents taux de restitution d’énergie. Les cartes de déplacements et de déformations,
les courbes de force en fonction de l’ouverture de fissure, le taux de restitution d’énergie en
135
fonction de la longueur de fissure pour différents cas de figures sont présentés ci-dessous. Les
valeurs des rapports GI /GII et celles de la différence GI − GII sont également données. Le
calcul de la différence vise à montrer le comportement et l’évolution des deux modes par
rapport à la variation de α.
Dans cette partie nous présentons quelques exemples des cartes de déplacements et de
déformations issues de la méthode de la grille. Ces cartes sont données en fonction des coor-
données suivant x (pixels) et y (pixels). Sur ces différentes cartes de déplacements et défor-
mations, nous pouvons clairement voir la progression de la fissure.
La Figure 4.6 (a) (éprouvettes b=15 mm) et la Figure 4.6 (b) (éprouvettes b=20 mm)
présentent des exemples de cartes de déplacements et de déformations des trois essences
obtenues pour α = 150 .
Sur la figure 4.6 (a), la propagation de fissure est clairement observable sur les deux types
de cartes. Le chemin de propagation de fissure, même s’il n’est pas parfaitement rectiligne,
ne semble pas non plus changer de direction. Les mêmes remarques peuvent être formulées
pour la figure 4.6 (b), à part l’éprouvette O2 où la fissure semble légèrement inclinée.
La Figure 4.7 présente les cartes obtenues pour α = 300 . Les éprouvettes de la figure 4.7 (a)
ont une fissure initiale égale à ai = 28 mm et celles des figures 4.7 (b) et 4.7 (c) une fissure
initiale ai = 24 mm.
Sur la Figure 4.7 (a) les fissures se sont propagées normalement car les éprouvettes étaient
pourvues de fissure initiale conséquente. Pour certaines éprouvettes il a été constaté un léger
changement d’orientation de la fissure, c’est le cas par exemple de O1 et O4 (cf. figure 4.7
(a)). Les éprouvettes de pakouk de la figure 4.7 (b) et d’iroko de la figure 4.7 (c) n’ont pas
propagé jusqu’à la rupture. Elles ont cassé au niveau des congés de raccordement juste en
début de la propagation de fissure.
La Figure 4.8 (a) présente les cartes de déplacements et déformations issues des trois
essences et la figure 4.8 (b) celles de l’iroko et du padouk, toutes obtenues pour α = 450 . Des
136
Figure 4.6 – Un exemple des cartes de déplacements et des déformations des trois essences
pour α = 150 : (a) b=15 mm et (b) b=20 mm.
résultats concluants ont été obtenus avec les éprouvettes d’épaisseurs 12,5 mm. Des plages
de propagation sont clairement observables (Figure 4.8 (a)).
Pour les éprouvettes avec b = 15 mm et 20 mm, la propagation a été partielle, juste avant
que n’intervienne une rupture au niveau des congés de raccordement, comme le montre la
Figure 4.8 (b).
137
Figure 4.8 – Cartes de déplacements et de déformations pour α = 450 : (a) des trois essences
b=12,5 mm et (b) iroko et padouk b=20 mm
.
Figure 4.9 – Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour α = 150 et
b=15 mm.
Figure 4.10 – Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour α = 150 et
b=20 mm
.
140
ce qui est logiquement supérieur au précédent cas où elles variaient entre 600 N à 900 N .
Cette augmentation des forces à la rupture se justifie par une épaisseur plus importante des
éprouvettes, donc une résistance à la fissuration plus grande. Sur la figure 4.11, sont présentées
les courbes de force en fonction de l’ouverture de fissure du padouk et de l’okoumé pour b =
15 mm, ainsi que de l’iroko et de l’okoumé pour b = 20 mm. Les petites valeurs constatées
d’iroko et de padouk s’expliquent par une rupture des éprouvettes au niveau des congés de
raccordement. La Figure 4.12 présente les courbes de force en fonction de l’ouverture de
fissure des éprouvettes de l’okoumé pour b = 15 mm et pour α = 300 . Comme nous pouvons
le constater, l’ouverture de fissure suivant x (Ux ) pour l’ensemble des éprouvettes testées est
inférieur à 0,1 mm. Pour l’ouverture de fissure suivant y (Uy ), les valeurs sont de l’ordre de
0,3 à 0,5 mm. L’observation de toutes ces courbes issues de la même essence montre une
certaine uniformité.
Figure 4.11 – Force en fonction de l’ouverture de fissure pour α =300 : okoumé et padouk
(b=15 mm) et iroko et okoumé (b=20 mm) obtenues pour différentes fissures initiales
.
141
La Figure 4.13 présente les courbes force en fonction de l’ouverture de fissure des éprou-
vettes b = 12,5 mm et α = 450 des trois essences. L’écart entre les ouvertures de fissure
suivant l’axe des x et celle des y s’est considérablement réduit. En effet, les valeurs sont tou-
jours inférieur à 0,1 mm suivant l’axe des x, mais en ce qui concerne l’axe des y elles varient
entre 0,05 à 0,25 mm excepté pour une courbe d’iroko pour qui cette valeur est de 0,55 mm.
Cela est peut être dû à la forte inclinaison de la fissure observée sur cette éprouvette. La
Figure 4.14 présente les courbes de la force en fonction de l’ouverture de fissure d’iroko et de
padouk pour b=12,5 mm et α=450 . Nous pouvons constater une certaine instabilité en début
d’ouverture de fissure due certainement à la mise en place de l’éprouvette avant stabilisation
du dispositif.
142
Figure 4.13 – Force en fonction de l’ouverture de fissure des trois essences pour b = 12,5
mm et α = 450
.
Figure 4.14 – Force en fonction de l’ouverture de fissure pour l’iroko et le padouk pour b =
15 mm et pour α = 450
.
143
Dans cette partie, sont calculées les différentes valeurs du taux de restitution d’énergie
des différentes éprouvettes pour les valeurs de α = 150 , 300 et 450 et pour b = 12,5 mm, 15
mm et 20 mm. Les valeurs moyennes minimales (Gic ) obtenues en début de fissuration et les
valeurs moyennes maximales (Gmc ) obtenues à la rupture sont calculées. Ces valeurs seront
désignées par Gic1 et Gmc1 pour la part du mode 1 et pour celle du mode 2 par Gic2 et Gmc2 .
L’équation 3.2 du chapitre 3 devient :
(F cx )2
GI = 2b
× ( ∆C )
∆a d
(4.1)
(F cy )2
GII = × ( ∆C )
2b ∆a d
• Les Figures 4.15 (part du mode 1) et 4.16 (part du mode 2) représentent les valeurs de
l’évolution du taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure.
Figure 4.15 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GI (b=15 mm et α = 150 )
.
144
Figure 4.16 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GII (b=15 mm et α = 150 )
.
Figure 4.17 – Valeurs moyennes minimales de Gic (avec barres d’erreurs) des trois essences :
part du mode I et du mode II pour les éprouvettes b=15 mm et α = 150
.
Parallèlement le tableau 4.2 présente les différentes valeurs moyennes minimales et maxi-
males du taux de restitution d’énergie obtenues pour les trois essences données dans les fi-
145
gures 4.15 et 4.16. Les valeurs des rapports Gic1 /Gic2 et Gmc1 /Gmc2 et les différences Gic1 −Gic2
et Gmc1 − Gmc2 sont aussi données.
avec : Gic1 et Gic2 =Valeurs minimales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )
Table 4.2 – Comparaison des valeurs moyennes des trois essences (b=15 mm et α = 150 ).
Ces résultats nous permettent de conclure que l’évolution de la fissure est progressive
pour l’iroko et le padouk. Pour l’okoumé nous observons une avancée de G significative entre
la première et la deuxième valeur critique. En effet, l’observation de l’évolution de G se
matérialise par un saut brusque. En reliant par exemple la première valeur et la deuxième
valeur de G, nous observons une droite presque verticale, comme indiqué sur les figures 4.15
et 4.16 pour les deux courbes de l’okoumé. Si les valeurs minimales donnent une idée du
comportement à la fissuration, les valeurs maximales ne donnent pas d’information concluante
sur la résistance à la fissuration de ce type d’essence. En effet, une fois que la fissure a
commencé à se propager, le chemin suivi devient aléatoire. Par contre, les valeurs minimales
montrent une certaine proportionnalité à la densité des essences. Le changement de direction
du fil de grain rend complexe la prévision de l’orientation de la fissure et conduit à un G
élevé.
146
La figure 4.17 présente quant à elle les valeurs moyennes minimales en début de fissura-
tion du taux de restitution d’énergie, avec barres d’erreurs pour les deux modes. Cette figure
montre pour ces éprouvettes d’épaisseur 15 mm une différence significative entre les trois
essences. Nous remarquons aussi une certaine proportionnalité des valeurs Gic1 et Gic2 par
rapport à la densité.
• Les Figures 4.18 (part du mode 1) et 4.19 (part du mode 2) présentent l’évolution du
taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure pour les trois essences, pour
les éprouvettes avec b = 20 mm et pour α = 150 .
Figure 4.18 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GI (pour b=20 mm et α = 150 )
.
La Figure 4.20 présente les valeurs moyennes minimales du taux de restitution d’énergie
des trois essences. Sur cette figure sont présentées les valeurs de Gic des deux modes. Comme
au cas précédent, les valeurs issues du mode 1 sont largement supérieures à celles du mode
2. Nous constatons aussi qu’après augmentation de l’épaisseur b des éprouvettes, les valeurs
obtenues avec le padouk et l’iroko sont très proches, et celles de l’okoumé sont très inférieures
147
Figure 4.19 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GII (pour b=20 mm et α = 150 )
.
Figure 4.20 – Valeurs moyennes de Gic (avec écart type) des trois essences : part du mode
1 et du mode 2 (éprouvettes pour b= 20 mm et α = 150
.
148
aux deux autres. Ceci revient à dire que l’augmentation de l’épaisseur a eu une incidence sur
l’iroko. En effet, les valeurs de Gic obtenues avec les éprouvettes qui sont passées de b=15
mm à b=20 mm de l’iroko ont été multipliées par deux et sont presque identiques à celles du
padouk. Ici nous observons aussi que les valeurs obtenues en mode 2 sont très proches pour
les trois essences.
avec : Gic1 et Gic2 =Valeurs moyennes minimales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )
Gmc1 et Gmc2 =Valeurs moyennes maximales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )
Table 4.3 – Comparaison des valeurs moyennes des trois essences (pour b=20 mm et α =
150 ).
Le Tableau 4.3 synthétise les résultats des figures 4.18 et 4.19. Comme dans le précédent
cas, les valeurs moyennes minimales et maximales sont données.
• Les Figures 4.21 (parts des deux modes) et 4.22 (parts des deux modes) représentent
l’évolution du taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure pour les
éprouvettes, respectivement pour b = 15 mm (okoumé et padouk) et b = 20 mm (iroko et
okoumé), et pour α = 30 0 . Les valeurs obtenues avec le padouk et l’iroko sont, sur les deux
figures, très faibles par rapport à celles de l’okoumé. La raison est que pour ces deux essences,
les éprouvettes ont cassé au niveau des congés de sollicitations.
149
Les Figures 4.23 (part du mode 1) et 4.24 (part du mode 2) présentent l’évolution du taux
de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure pour les différentes éprouvettes
d’okoumé pour b = 15 mm et α = 300 .
Ensuite sont calculées et représentées sur la Figure 4.25 les différentes valeurs obtenues
avec le rapport GI /GII .
Sur la Figure 4.25, le rapport (GI /GII ) est presque constant pour les différentes éprou-
vettes. Certaines études [102, 103] ont souvent montré le caractère complexe et instable en
début de propagation de la fissure. Cela peut expliquer l’instabilité de ce rapport en début de
propagation. En effet, au début de la propagation, la valeur critique de Gc n’est pas encore at-
teinte, d’où une légère augmentation et parfois une certaine instabilité justifiée par le rapport
GI /GII . Ce rapport se stabilise quand le seuil critique est atteint. La conséquence de ceci est
que le rapport GI /GII aura tendance à être grand en début de propagation de fissure. Dans
l’ensemble cependant, ce rapport, après une légère diminution, se stabilise et reste conforme
avec ce qui est communément observé [104, 105]. Ceci se justifie d’autant plus que le critère
151
Gic1 2,48
Gic2 0,83
Gmc1 18,25
Gmc2 2,85
avec : Gic1 et Gic2 : Valeurs moyennes minimales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )
Gmc1 et Gmc2 : Valeurs moyennes maximales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )
Table 4.4 – Comparaison des valeurs moyennes pour les sept éprouvettes de l’okoumé (pour
b=15 mm et α = 300 ).
énergétique linéaire a été satisfait. En effet, ce constat a été fait par Yoshihara [74] pour les
rapports de ténacités sur l’épinette (nom de l’épicéa au Canada). De plus, ce résultat semble
aussi être en accord avec les résultats de la méthode dite de la fissure équivalente utilisée par
Phan [104, 105]. L’autre raison justifiant cette instabilité est le fait que dans le cas du mode
mixte, dans la phase initiale de croissance des fissures, les dommages induits par le mode 1
sont dominants. Concernant les moyens de mesure, une conclusion est que la méthode de la
grille utilisée pour ce travail semble être bien adaptée à la caractérisation de la rupture du
bois dans le système de propagation des fissures suivant la configuration RL et sous charge-
ment en mode mixte. Les valeurs moyennes de diverses grandeurs sont récapitulées dans le
tableau 4.4.
vettes qui ont été exploitées n’ont pas totalement propagé avant de rompre (cf. figure 4.28).
Cependant, la diminution de l’épaisseur b = 12,5 mm des éprouvettes a permis d’obtenir
une propagation satisfaisante de fissure jusqu’à la rupture. Dans cette partie, les Figures 4.26
(part du mode 1) et 4.27 (part du mode 2) présentent le taux de restitution d’énergie en fonc-
tion de la longueur de fissure pour b = 12,5 mm et pour les trois essences (voir tableau 4.5
pour les valeurs comparatives). De même, la figure 4.28 (part des deux modes) présente le
taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure pour b = 20 mm de l’iroko
et du padouk.
Figure 4.26 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GI (pour b=12,5 mm et α=450 )
.
Les résultats obtenus en mode 1 et en mode 2 montrent que les valeurs sont du même
ordre de grandeur. En effet, l’écart entre les deux modes est beaucoup plus élevé pour les
angles 150 et 300 que pour l’angle 450 . La différence entre les valeurs moyennes minimales
en mode 1 et mode 2 calculées et consignées dans les différents tableaux l’atteste aussi. Ce
résultat est logique puisque pour cet angle de 450 , la force projetée suivant les deux axes est
identique. En plus, la différence des valeurs des ouvertures de fissures suivant x et y se trouve
être minimale.
154
Figure 4.27 – Taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois
essences : part de GII (pour b=12,5 mm et α=450 )
.
avec : Gic1 et Gic2 : Valeurs moyennes minimales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )
Gmc1 et Gmc2 : Valeurs moyennes maximales du taux de restitution d’énergie (part de GI et de GII )
Le Tableau 4.6 présente les différentes valeurs (Gic ) et (Gmc ) obtenues pour les trois
essences. Les différences des valeurs minimales de la part du mode 1 et celles de la part du
mode 2 sont comparées.
La figure 4.29 présente la différence des valeurs moyennes des taux de restitution d’énergie
GI − GII en fonction des différents angles de mixité pour les éprouvettes b = 20 mm. Nous
pouvons voir clairement la diminution de cette différence entre la part du mode 1 et celle du
mode 2 avec l’augmentation de l’angle de mixité.
Après analyse des essais pour les différents taux de mixité, les résultats obtenus ont donné
les informations suivantes :
• pour tous les angles de mixité étudiés, la part du mode 1 est toujours supérieure à
celle du mode 2. Ces résultats sont identiques aux résultats d’essais effectués sur des
essences tempérées par [73, 106] ;
• les valeurs moyennes minimales (Gic ) augmentent avec l’épaisseur des éprouvettes
156
Figure 4.29 – Valeurs moyennes GI − GII en fonction de l’angle de mixité des trois essences
(pour b= 20 mm)
.
O7 de l’okoumé (Figure 4.16). Sur la Figure 4.7 (a) montrant les cartes de déplacements et
de déformations de l’okoumé, nous pouvons observer que pour les éprouvettes O1 et O4 , les
fissures ont une légère inclinaison. Dans ces cas de figure, les valeurs du taux de restitution
sont plus grandes que pour une propagation de fissure rectiligne. Il est à noter que c’est
justement avec ces éprouvettes dont les fissures bifurquent que les valeurs de Gc sont plus
élevées que dans les autres cas. C’est ce qui explique certainement la dispersion des résultats. Il
est très difficile d’avoir toutes les éprouvettes avec un fil parfait suivant la direction souhaitée
pour ces essences tropicales à croissance continue.
4.5 Conclusion
Dans ce chapitre, les éprouvettes MMCG de dimensions réduites ont été utilisées pour
étudier la fissuration en mode mixte de l’iroko, de l’okoumé et du padouk. Une machine
d’essai électromécanique a été utilisée pour effectuer les essais de traction pour les angles de
mixité 150 , 300 et 450 . La méthode de la grille décrite au chapitre 2 et utilisée au précédent
chapitre a servi à mener les essais. Le découplage des modes a donné la part des modes 1
et 2. Les différents résultats des taux de restitution d’énergie calculés par la méthode de la
complaisance à déplacement imposé ont montré une prédominance du mode 1 sur le mode 2.
Des cartes typiques de déplacements et déformations et des résultats en termes de force en
fonction de l’ouverture de fissure et de taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur
de fissure ont été présentés. Les valeurs minimales du taux de restitution d’énergie Gic ont
été calculées et comparées pour les trois essences, et le rapport de GI /GII en fonction de la
longueur de fissure a été donné pour l’okoumé. Ce rapport montre une évolution constante,
ce qui laisse à penser que les valeurs obtenues caractérisant la fissuration sont des valeurs
intrinsèques aux matériaux étudiés. L’analyse des résultats montre aussi qu’il y a une certaine
influence de la densité sur la fissuration de ces essences. Le prochain chapitre lui, sera consacré
à l’étude numérique et à la comparaison des résultats numériques aux résultats expérimentaux
obtenus aux chapitres 3 et 4.
Chapitre 5
5.1 Introduction
Le présent chapitre a pour objectif d’étudier numériquement la fissuration des trois es-
sences tropicales déjà vues dans les précédents chapitres. Pour ce faire, la méthode des élé-
ments finis est utilisée car c’est un outil numérique performant permettant de simuler la
propagation d’une fissure. Cette méthode de calcul numérique est une approche qui permet
de caractériser les états de contraintes et de déformations locales en pointe de fissure. Nous
rappellerons d’abord les formules de Guitard [107, 108] qui ont permis de calculer les dif-
férents paramètres mécaniques des trois essences. Les techniques numériques exposées dans
la littérature simulant la propagation d’une fissure seront aussi rappelées, autrement dit, les
aspects liés à la mécanique de la rupture. Les différents taux de restitution d’énergie critique
seront ensuite calculés numériquement en nous servant des données expérimentales (force,
longueur de fissure et l’épaisseur de l’éprouvette). Pour terminer les comparaisons seront
faites avec les résultats obtenus expérimentalement dans les chapitres 3 et 4.
159
160
Dans cette partie, les formules utilisées pour estimer les valeurs des caractéristiques mé-
caniques (modules d’élasticité, complaisances et coefficients de cisaillement) sont rappelées.
Des essais de caractérisation des trois essences de cette étude n’ayant pas été effectués, ce
sont les données issues de la littérature qui sont utilisées ici en suivant la méthode de Gui-
tard [107, 108]. Cette méthode calcule les modules d’élasticité (M E), les complaisances et les
modules de cisaillement dans le cas des résineux et des feuillus. Seules les formules donnant
les valeurs dans le cas des feuillus suivant les trois directions préférentielles du bois (L,R,T)
sont rappelées ici.
Le module d’élasticité est, dans un essai uni axial par exemple, le rapport de la contrainte
σi imposée à l’élongation i qui en résulte. On remarque que le module Ei est l’inverse de
la complaisance Cii (sans sommation sur i). Les valeurs (Vi ) que l’on obtient pour un feuillu
standard sont EL =1400 M P a, ER =1810 M P a et ET =1030 M P a [107, 108, 109]. Elles sont
obtenues pour une humidité du bois égale à HI=12%, une humidité relative de HR=65%, une
température de T =200 C et une densité de ρ0 =0,65 gr/cm3 . Pour des conditions différentes,
les corrections doivent être apportées sous la forme généralisée suivante :
ρ n
δij = Vi .( ) [1 − aij .(HI − 12)] [1 − bij .HI.(T − 20)] (5.1)
ρ0
où δij signifie les Ei , les Gij et les Qij des formules de 5.3 à 5.5. HI et T représentent
respectivement la valeur de l’humidité interne du bois et T la température autre que celle de
référence. L’exposant n est une corrélation puissance à partir des données mesurées. Dans le
cas des feuillus cet exposant est tiré de la relation :
y = axn = y0 ( ρρ0 )n
n
y = y0 ρ0 ρ (5.2)
log(y) = log(y0 ) + n(log(ρ) − log(ρ0 ))
Cette correlation puissance est donc un point de la tangente dans un repère log(y) en fonction
de log(ρ) − log(ρ0 ).
161
Les valeurs des constantes aij et bij sont données dans le tableau 5.1 :
direction RT RT+L L
ij 11 22 12 66 44 55 13 23 33
a x 10−2 [107, 108] 3 3 3 2 2 2 12 12 1
b x 10−5 [109] 18 18 27 18 13 13 9 9 9
L’équation 5.2 donne les formules de calcul des différents modules d’élasticité longitudinal
(EL ), radial (ER ) et transversal (ET ) en fonction de l’humidité interne (HI), de la densité
relative (ρ) et la température (T ) de chaque essence étudiée.
EL = 14400 ∗ (ρ/0, 65)1,03 ∗ (1 − 0, 01 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00009 ∗ HI ∗ (T − 20))
ER = 1810 ∗ (ρ/0, 65)1,30 ∗ (1 − 0, 03 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00018 ∗ HI ∗ (T − 20)) (5.3)
= 1030 ∗ (ρ/0, 65)1,74 ∗ (1 − 0, 03 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00018 ∗ HI ∗ (T − 20))
ET
D’après [107, 108, 109], les formules (voir équations 5.3) permettent de déterminer les
différents modules de rigidité de la manière suivante :
GT L = 971 ∗ (ρ/0, 65)1,26 ∗ (1 − 0, 02 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00013 ∗ HI ∗ (T − 20))
GRL = 1260 ∗ (ρ/0, 65)1,14 ∗ (1 − 0, 02 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00013 ∗ HI ∗ (T − 20)) (5.4)
= 366 ∗ (ρ/0, 65)1,74 ∗ (1 − 0, 027 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00018 ∗ HI ∗ (T − 20))
GRT
Les opposés des inverses des éléments non diagonales de la matrice de complaisance,
toujours d’après [107, 108], s’écrivent avec les expressions données par l’équation 5.4 :
QT L = 31200 ∗ (ρ/0, 65)1,09 ∗ (1 − 0, 012 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00009 ∗ HI ∗ (T − 20))
QRL = −37300 ∗ (ρ/0, 65)0,913 ∗ (1 − 0, 03 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00009 ∗ HI ∗ (T − 20)) (5.5)
= −2680 ∗ (ρ/0, 65)1,41 ∗ (1 − 0, 03 ∗ (HI − 12)) ∗ (1 − 0, 00027 ∗ HI ∗ (T − 20))
QRT
162
Les calculs des différents coefficients de Poisson, toujours d’après [107, 108, 109], s’écrivent
de la manière suivante :
ER
νRT =−
QRT
ET
νT R =−
QRT
ER
=−
νRL
QRL
. (5.6)
EL
νLR = −
QRL
ET
νT L = −
QT L
EL
νLT = −
QT L
Le Tableau 5.2 récapitule toutes les valeurs des trois essences obtenues et utilisées dans
ce chapitre :
Température (0 C) 21 21 21
D’après [110], Cast3M est un logiciel de calcul par la méthode des éléments finis qui
traite de problèmes divers et variés dans les domaines de la mécanique des structures et des
fluides. Ce logiciel a été initialement développé au Département de Modélisation des Systèmes
et Structures (DM2S) de la Direction de l’Energie Nucléaire du Commissariat à l’Energie
Atomique et aux Energies Alternatives (CEA) qui est un organisme public de recherche.
Le développement de Cast3M entre dans le cadre d’une activité de recherche dans le
domaine de la mécanique dont le but est de définir un instrument de haut niveau, pouvant
servir de support pour la conception, le dimensionnement et l’analyse de structures et de
composants. Dans cette optique, Cast3M intègre non seulement les processus de résolution
(solveur) mais également les fonctions de construction du modèle (pré-processeur) et d’ex-
ploitation des résultats (post-traitement). Cast3M est un logiciel « boîte à outils » qui permet
à l’utilisateur de développer des fonctions répondant à ses propres besoins. Cast3M est no-
tamment utilisé dans le secteur de l’énergie nucléaire, comme outil de simulation ou comme
plateforme de développement d’applications spécialisées. En particulier, Cast3M est utilisé
par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) dans le cadre des analyses
de sûreté des installations nucléaires françaises.
La résolution d’un problème mécanique par un logiciel d’éléments finis, passe d’abord
par la définition de la géométrie et la génération de son maillage. Les deux géométries de
la présente étude ont des épaisseurs faibles par rapport aux autres dimensions. C’est ce
constat qui nous permet de considérer et d’émettre les hypothèses que la résolution peut
être effectuée en contraintes planes. Nous allons donc nous placer dans la configuration des
pièces minces pour la modélisation (cas des membranes). Pour le maillage des éprouvettes,
notre choix est porté sur les éléments triangulaires à 3 nœuds. La pointe de fissure quant à
164
elle est définie par un maillage rayonnant crée en utilisant un opérateur de Cast3M @RAY O
afin de définir le domaine d’intégration (le champ θ voir 5.4.5). Nous devons davantage
raffiner le maillage en pointe de la fissure et cela passe par une discrétisation plus fine de la
zone concernée. L’objectif est de pouvoir étudier le comportement mécanique de cette zone
singulière. L’opérateur appelé DENS permet de varier la densité du maillage dans cette zone.
La Figure 5.1 présente les deux géométries d’éprouvettes MMCG (a) et CTS (b) avec le
maillage utilisé. La figure 5.2 (a) présente l’emplacement des angles du système Arcan avec
éprouvette MMCG. La figure 5.2 (b) présente le maillage d’une éprouvette MMCG et du
dispositif Arcan.
Figure 5.2 – Dispositif Arcan et éprouvette MMCG avec position des angles de chargement.
165
Nous sommes dans le cas des éléments triangulaires à 3 nœuds. De plus, les éléments étu-
diés ici sont des éprouvettes de faibles épaisseurs par rapport aux deux autres dimensions, ce
qui rend possible la modélisation en plan et comme hypothèse en contraintes planes. Concer-
nant les conditions aux limites la partie inférieure de l’éprouvette est bloquée, notamment
au niveau du point P 7 (voir figure 5.1 (a). De même, le déplacement longitudinal suivant
l’axe OX, ainsi que le déplacement en pointe de fissure sont bloqués. En terme d’effort on
considère que la partie inférieure de l’éprouvette est bloquée en pratique et en théorie on tire
par symétrie de part et d’autre.
gation de fissure
5.4.1 Introduction
L’objectif ici est de généraliser, en statique, l’intégrale M qui a été développée par
Chen [111], au comportement viscoélastique orthotrope. Il sera ensuite proposé une modéli-
sation numérique de cette intégrale. Nous rappelons de ce fait les intégrales de contour, issues
du processus énergétique et des approches locales. Cela passe par l’introduction des méthodes
d’évaluation des champs mécaniques en pointe de fissure introduites par Irwin [112] pour les
matériaux isotropes et les formes singulières de Sih [113] pour les matériaux orthotropes. Le
découplage des modes de rupture et l’algorithme de résolution implanté aux éléments finis se-
ront exécutés par Cast3M. Pour différents angles de mixité, les valeurs du taux de restitution
d’énergie sont calculées en fonction de la longueur de fissure.
Ces méthodes ont pour but d’évaluer les paramètres de rupture loin du défaut introduit
par la pointe de fissure où les champs mécaniques sont largement perturbés par une forte
166
singularité. Les différentes lois de conservation énergétiques ont déjà été développées par un
certain nombre d’auteurs, notamment [114, 115]. Les intégrales indépendantes quant à elles
ont été développées par [116, 117]. Nous rappelons ci-dessous quelques-unes de ces méthodes.
Integrale J
L’intégrale J a été définie par Rice [118]. Elle est utilisée en élasticité linéaire pour des
configurations planes (2D). L’objectif de cette intégrale est de calculer l’énergie susceptible
de créer de nouvelles surfaces de fissures en fond de fissures déjà existantes.
Z " #
∂ui
J= F .n1 − σij .nj . dΓ (5.7)
Γ ∂x1
Integrale Gθ
Pour les besoins d’implémentation dans un code de calcul, comme c’est le cas ici avec les
éléments finis sur Cast3M et de façon à assurer la continuité du domaine, il est préférable de
passer d’un contour curviligne à un contour surfacique. L’objectif est d’éviter les projections
de champ, sources d’erreurs numériques. De ce fait, Destunyder et al. [119, 120] ont ainsi défini
un champ θ. Ce champ est continu et dérivable à l’intérieur du domaine d’étude (θ1 = 1 à
l’intérieur du domaine et θ2 = 1 à l’extérieur de celui-ci). L’illustration est donnée sur la
Figure 5.3 (b). D’après [7], nous partons d’un champ θ qui doit respecter les propriétés
suivantes :
Nous aboutissons à une structure définie par deux contours Γ1 et Γ2 qui entourent la
pointe de fissure, divisant ainsi la pièce en trois parties comme illustré sur la Figure 5.3
(b) [121].
– dans Cint , le champ θ est constant de norme unitaire (1, 0) ;
– dans Cext , le champ θ est nul (0, 0) ;
– dans Ccour , le champ θ varie continûment de (1, 0) à (0, 0).
Ensuite, le taux de restitution d’énergie peut être exprimé par le calcul suivant :
Z
Gθ = [F .θk,k + σij .ui,k .θk ] dV k ∈ [1, 2] (5.8)
v
Les intégrales J et Gθ sont employées uniquement pour des modes d’ouverture de fissure
en cisaillement pur. Cette dernière observation est la conséquence du fait que ces deux inté-
grales permettent de déterminer un invariant aboutissant à l’état mécanique au voisinage de
la fissure. Elles effectuent un calcul énergétique global indépendant de la mixité des modes
de rupture.
Figure 5.3 – Définition des paramètres autour de la pointe de fissure (a) et définition du
champ θ (b).
Integrales M et M θ
Pour permettre le découplage des modes de rupture (ou encore la séparation des modes
mixte de rupture), une intégrale indépendante du domaine considéré a été proposée par Chen
168
et Shield [111]. Cette intégrale de contour appelée M est donnée par l’expression suivante :
1 Z h (v) (u)
i
M= σij,1 .ui − σij .vi,1 nj dΓ (5.9)
2 Γ
(u) (v)
où σij et σij sont respectivement les expressions des champs de contraintes réelles et vir-
tuelles qui proviennent de la méthode de Chen. Avec le mode mixte, la méthode de découplage
des modes développée par Chen et Shield [111], basée sur la forme bilinéaire de l’énergie libre
s’exprime de la manière suivante :
1 1
F (u, ν) = .λ.δij .uk,k .vi,j + .µ.(ui,j + uj,i ).vi,j (5.10)
2 2
1 1
F (u, v) = .σij (u) .εij (v) = .σij (v) .εij (u) (5.11)
2 2
Par analogie aux intégrales J et Gθ, en tenant compte de l’intégrale M définie sur un
contour curviligne, Moutou Pitti [122] a défini une intégrale M θ sur un contour surfacique
contenant la pointe de fissure. Cette integrale s’exprime pour des problèmes plans (2D) par
la relation 5.12 :
1 h (u) (v)
i
Mθ = σij .vi,k − σij,k .ui .θk,j dV (5.12)
2
En nous référant aux expressions des champs mécaniques développées au chapitre 2, dans
le cas des matériaux orthotropes comme le bois, les champs de déplacements virtuels v
sont donnés par les formes singulières de Sih [123], ceci pour chaque mode de rupture. Ces
169
et
S22
pj = S11 .s2j + S12 et qj = + S12 (5.15)
sj
Les termes sj désignent les racines du polynôme caractéristique suivant :
Les expressions S11 , S12 , S22 et S33 sont les composantes du tenseur de rigidité pour une
symétrie orthotrope. Les champs de déplacements réels sont identiques aux champs virtuels.
M (u, u) = J = G (5.17)
Le terme M θ est supposé être le potentiel d’énergie dissipé en pointe de fissure lors du
pas d’avancement de celle-ci. Nous servant du principe de superposition défini par Moutou
Pitti [122], l’intégrale M θ peut s’écrire sous la forme suivante :
u
KI .v KI u
KII .v KII
M θ(u, v) = C1 . + C2 . (5.18)
8 8
où C1 et C2 représentent, d’après Valentin [125], les complaisances reduites en mode 1 et en
mode 2. Du fait des symétries orthotropes, ces valeurs prennent les valeurs suivantes :
" # " #
i (q2 .s1 − q1 .s2 ) i (p2 − p1 )
C1 = 4.<e et C2 = 4.<e (5.19)
s1 − s2 s1 − s2
170
Un découplage parfait des modes peut être obtenu en effectuant deux calculs distincts de
l’intégrale M θ(u, v) pour obtenir les facteurs d’intensité de contraintes réels u KI et u KII . Les
valeurs des facteurs d’intensité de contraintes virtuelles v KI et v KII peuvent être choisies
judicieusement, ceci en fonction des contraintes réelles, d’après Moutou Pitti [122], de la
manière suivante :
u M (ν KI = 1, ν KII = 0) u M (ν KI = 0, ν KII = 1)
KI = 8. et KII = 8. (5.20)
C1 C2
L’objectif ici est de faire travailler les contraintes réelles dans une configuration virtuelle afin
de retrouver le mode voulu (mode 1 ou 2). Les figures 5.4 (a) et 5.4 (b) illustrent la visua-
lisation du maillage des champs de déplacement virtuels respectivement avec l’éprouvette
MMCG modifiée et CTS.
Figure 5.4 – Visualisation des déplacements virtuels : (a) avec une éprouvette MMCG et
(b) éprouvette CTS.
Cette partie présente l’algorithme numérique de résolution implémenté dans le code aux
éléments finis Cast3M. La procédure de résolution ici consiste en une séparation des modes
(encore appelée découplage des modes) de rupture. La figure 5.5 présente la procédure utilisée
pour calculer les champs de déplacements et les contraintes virtuelles, mais aussi le taux de
restitution d’énergie pour les deux modes comme expliqué dans [122].
171
Nous devons admettre, pour expliquer l’algorithme de résolution, que les champs méca-
niques sont connus à l’instant tn−1 , tout comme l’incrément de temps ∆tn . Les propriétés
mécaniques des matériaux ont été calculées par la méthode de Guitard [107, 108]. Cette mé-
thode a déjà été expliquée dans le paragraphe 5.1 de ce chapitre. Les différentes expressions
et la procédure de résolution de cet algorithme sont les suivantes :
• étape 1 : étape au cours de laquelle sont introduites les données d’entrée telles que
les constantes élastiques du matériau viscoélastique, la force appliquée, la longueur de
fissure et l’épaisseur de l’éprouvette ;
• étape 2 : les déplacements virtuels vi , voir expression 5.13, sont utilisés pour évaluer
les les champs de contraintes réelles et virtuelles u σi et v σi ainsi que les complaisances
Ci ;
• étape 3 : la procédure M θ est utilisée pour calculer les facteurs d’intensité de
u
contrainte Ki et v Ki et les taux de restitution d’énergie Gi ;
• étape 4 : le taux de restitution d’énergie final G est obtenu en additionnant les
différents taux de chaque mode Gi . Ce taux est calculé de la façon suivante :
G = GI + GII (5.21)
172
C’est une procédure qui a été développée par Suo [126] et reprise par Moutou Pitti [7]
pour résoudre le problème du champ θ intégré dans le modèle éléments finis. D’après [7, 127],
le champ θ est généré par une procédure dite CH − T HET A. Cette procédure du champ θ
a pour objectif de traiter des fissures rectilignes soumises soit à une translation, soit à une
rotation pour simuler la progression de la fissure. Cette propagation de fissure représente
les translations des nœuds du maillage parallèlement au plan de la fissure engendrant un
accroissement unitaire de l’aire de celle-ci. Si l’accroissement de l’aire n’est pas unitaire, la
procédure CH − T HET A effectue une normalisation du champ θ. Les opérateurs permettant
de construire le champ θ viennent de la boite à outils qui a été utilisée par Moutou Pitti et
validé par plusieurs publications [7, 128, 129, 130]. Il faut noter que la procédure CH −
T HET A construit en 2D un champ θ s’appuyant sur (n + 1) couches d’éléments autour de
la pointe de fissure. Les figures 5.6 (a) et 5.6 (a) représentent le maillage rayonnant (champ
θ) en pointe de fissure respectivement les éprouvettes MMCG et CTS.
Figure 5.6 – Illustration du champ θ en pointe de fissure : (a) éprouvette MMCG et (b)
éprouvette CTS.
173
5.4.6 Procédure M θ
Cette procédure permet le découplage des modes de rupture. Dans le présent travail
nous l’utilisons pour déterminer l’évolution du taux de restitution d’énergie GI en mode
d’ouverture (mode 1), mais aussi les taux GI et GII en mode mixte. De façon à obtenir la
procédure M θ, nous utilisons deux principaux opérateurs GRAD et IN T G. Ces opérateurs
ont des objectifs bien distincts :
– l’opérateur GRAD permet de calculer aux nœuds de chaque élément le gradient des
vecteurs déplacements, des champs de contraintes et du champ θ. Il permet d’obtenir
les valeurs des termes ui,j , vi,j et θk,j ;
La procédure M θ est couplée avec une procédure de calcul des champs de déplacements et
de contraintes virtuelles au moyen de la procédure V IRT comme écrit dans [131].
L’objectif de cette partie est de présenter et de comparer les résultats des différents taux
de restitution d’énergie expérimentaux et numériques en mode d’ouverture de fissure (α= 00 )
et en mode mixte pour les angles α = 150 , 300 , 450 . Le taux de restitution d’énergie en mode
1 sera noté GI . En mode 2, il sera désigné par GII . GI (exp.) et GI (num.) représentent les
valeurs obtenues en mode 1 expérimentalement et numériquement. Il en est de même pour
le mode 2 (GII (exp.) et GII (num.)). Les résultats de l’étude expérimentale ont été présentés
aux chapitres 3 et 4. Pour l’étude numérique, en plus des caractéristiques mécaniques des
matériaux calculés selon la méthode de Guitard, les forces et les longueurs de fissure obtenues
aux chapitres 3 et 4 seront utilisées.
174
Les figures 5.7 (mode 1) et 5.8 (mode 2) comparent les valeurs expérimentales et numé-
riques du taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur de fissure des trois essences
pour b = 15 mm et α =150 . Nous remarquons que pour le mode 1, les valeurs obtenues numé-
riquement sont légèrement supérieures aux valeurs expérimentales. Par contre pour le mode
2, les valeurs obtenues expérimentalement sont supérieures à celles obtenues numériquement.
En observant l’allure des différentes courbes nous remarquons qu’elles sont plus rapprochées
proche de la rupture qu’en début de propagation de fissure, excepté dans le cas d’iroko en
mode 1.
Figure 5.7 – Comparaison des courbes expérimentales numériques des trois essences (mode
1 pour b=15 mm et α =150 .
Figure 5.8 – Comparaison des courbes expérimentales numériques des trois essences (mode
2 pour b=15 mm et α =150 .
Les résultats obtenus (voir figures 5.7, 5.7 et tableaux 5, 6, 7 et 8 de l’annexe C) montrent
globalement que la différence entre les valeurs expérimentale et numérique n’est pas très
grande (un écart d’environ 10%). Cependant nous constatons que les valeurs numériques
sont légèrement supérieures aux valeurs expérimentales, ceci pour le mode 1. Nous voyons
par contre que cette tendance s’inverse lorsqu’il s’agit du mode 2, pour lequel les valeurs
expérimentales deviennent légèrement supérieures à celles obtenues numériquement. La ten-
dance des valeurs de l’évolution du taux de restitution d’énergie en fonction de la longueur
de fissure est la même et sont d’un même ordre de grandeur. Les valeurs issues de la part
du mode 2 sont largement inférieures à celle de la part du mode 1. Nous constatons que les
valeurs expérimentales et numériques sont plus proches en mode 1 qu’en mode 2. Cependant,
nous trouvons que les valeurs des résultats obtenues numériquement sont en accord avec celles
obtenues expérimentalement. La petite différence que l’on peut observer entre les résultats
expérimentaux et numériques peut provenir de :
• la non prise en compte de l’orientation des cernes lors de la propagation de fissure
pour les calculs numériques ;
• la considération des calculs numériques dans le plan alors qu’en réalité il aurait fallu
faire un calcul tridimensionnel ;
• la non-prise en compte des effets d’orthotropie ;
• l’approximation des caractéristiques mécaniques utilisées pour les différents calculs
numériques qui ont été obtenues par une méthode de calcul et non par des essais sur
les matériaux effectivement testés.
Les résultats supplémentaires sont dans les différents tableaux à l’annexe C. Le tableau 5
présente les valeurs obtenues avec les éprouvettes CTS pour b = 20 mm d’okoumé et de
padouk. Les résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG sont présentés dans les tableaux
6, 7 et 8 respectivement pour les essences d’iroko, d’okoumé et du padouk.
177
La figure 5.10 (a) présente l’éprouvette MMCG d’origine et la figure 5.10 (b) l’éprouvette
MMCG modifiée. Les raisons de la modification de l’éprouvette ont déjà été données aux
chapitres antérieurs. Pendant les essais, la pointe de la fissure lors de sa propagation est
soumise à une traction et loin de cette fissure l’éprouvette est soumise à la compression.
Nous nous rendons compte qu’en réduisant de moitié les dimensions de cette éprouvette,
nous avons aussi réduit la plage de propagation de la fissure. Sur les figures 5.7 et 5.8 la
plage de propagation de fissure est d’environ 20 mm, tandis qu’avec l’éprouvette d’origine
cette plage de propagation pouvait aller à plus de 30 mm [7]. La diminution de la plage de
propagation fait en sorte que nous restons toujours dans la partie évolutive (croissance) du
taux de restitution d’énergie avec la petite éprouvette modifiée. Ce qui revient à dire que
nous n’atteignons jamais la zone de stabilité observée avec la grande éprouvette. C’est ce qui
justifie dans tout le manuscrit les valeurs toujours croissantes de G.
Figure 5.10 – Eprouvette MMCG : (a) éprouvette bois MMCG et (b) éprouvette bois
MMCG modifiée.
L’objectif ici est de montrer que la plage de propagation de fissure observée sur l’éprou-
vette CTS reste inférieure à celle obtenue avec l’éprouvette MMCG. Dans cette partie, les
178
Figure 5.11 – Plage de propagation en mode d’ouverture (α=00 ) des éprouvettes MMCG
et CTS pour les éprouvettes de b=20 mm.
179
5.6 Conclusion
Conclusion
Ce travail avait pour objectif d’étudier les paramètres de rupture de trois essences tro-
picales issues de la forêt gabonaise à savoir Milicia excelsa (iroko), l’ Aucoumea klaineana
Pierre (okoumé) et le Pterocarpus soyauxii (padouk). Les éprouvettes bois solidaires du sys-
tème Arcan en acier spécialement conçu pour cette étude ont été montées sur une machine
d’essai traction-compression.
Les principaux constituants du matériau bois sur les plans microscopique et macroscopique
ont d’abord été rappelés, et les formules de la mécanique de la rupture linéaire énoncées. Une
revue bibliographique sur les éprouvettes utilisées en mécanique sur les essences tempérées
a permis de rappeler un certain nombre d’entre elles. La méthode de la grille a été utilisée
pour suivre l’avancée et l’ouverture de la fissure. Une description succincte du principe de la
méthode de la grille a été donnée et l’origine des erreurs éventuelles a été estimée.
Les études ont ensuite été menées en mode d’ouverture (mode 1) sur les éprouvettes CTS et
MMCG modifiées pour plusieurs épaisseurs. La méthode de la grille a été utilisée dans toute
l’étude. Les cartes typiques de déplacements et de déformations ont été traitées avec cette
méthode. La méthode de la complaisance a été utilisée afin de calculer le taux de restitution
d’énergie critique de chaque éprouvette. Les résultats obtenus ont montré que le taux de res-
titution d’énergie critique augmente lorsque la densité augmente à la fois dans les processus
de fissure stationnaire et de croissance de fissure. Ces résultats ont aussi permis de montrer
que l’épaisseur de l’éprouvette a une influence sur la fissuration. Il ressort aussi que les ré-
sultats obtenus sont proportionnels à la densité de ces essences. Les valeurs moyennes de Gic
181
182
et Gmc pour les trois espèces testées (okoumé, iroko, padouk) ont été comparées à celles des
essences tempérées données par la littérature (épicéa, pin, chêne) avec la même densité et les
mêmes conditions expérimentales. La comparaison a montré que les résultats obtenus sont
similaires.
Des études ont ensuite été menées en mode mixte pour les angles de mixité α=150 , 300 et 450 ,
toujours avec les mêmes essences et pour différentes épaisseurs. La même méthodologie qu’en
mode d’ouverture a été adoptée. Après découplage des modes (séparation des modes 1 et 2),
le calcul des différents taux de restitution d’énergie calculés a montré une prédominance du
mode 1 sur le mode 2. Les conclusions obtenues ont confirmé les tendances observées en mode
d’ouverture. Les valeurs minimales du taux de restitution d’énergie Gic ont été calculées et
comparées pour les trois essences, et le rapport de GI /GII en fonction de la longueur de
fissure a été donné pour l’okoumé. Ce rapport montre une évolution constante, ce qui laisse
à penser que les valeurs caractérisant la fissuration obtenue sont des valeurs intrinsèques aux
matériaux étudiés.
Enfin une partie a été dédiée à des études numériques conduites avec le logiciel d’éléments
finis Cast3M. La méthode énergétique introduite par l’intégrale Mθ qui permet de découpler
les modes de rupture a été utilisée, un champ θ entraînant un domaine surfacique en pointe
de fissure a été utilisé. Etant donné que le calcul a été effectué en contraintes planes, l’im-
pact de l’épaisseur n’a donc pu être vérifié dans le cas du calcul numérique. Globalement les
résultats numériques ont montré une similitude avec les résultats expérimentaux, confortant
par la même occasion que la méthode de la grille était fiable pour ce genres d’études.
Perspectives
En perspective, plusieurs pistes sont à envisager, notamment effectuer les essais avec
l’éprouvette MMCG d’origine, cela permettra de voir si nous obtenons une zone de stabilité
avec ces essences tropicales. Il serait aussi intéressant de conduire des essais avec les éprou-
vettes CTS pour différentes épaisseurs comprises entre 12.5 et 20 mm. L’objectif serait alors
d’identifier l’épaisseur à partir de laquelle le début de propagation appréciable est observable,
183
autrement dit voir à partir de quelle épaisseur on passe d’une éprouvette avec rupture ins-
tantanée à une éprouvette avec propagation de fissure.
Ensuite d’autres études pourraient être menées sur une éprouvette MMCG usinée suivant les
autres directions préférentielles du bois (LT et LR). En même temps il faudrait étendre la
présente étude à d’autres essences tropicales en se référant notamment à la base de données
du CIRAD.
Il serait aussi très intéressant de conduire les essais en humidité variable, dans une chambre
climatique, de sorte que nous puissions voir l’effet de la température, mais aussi de d’humi-
dité sur les caractéristiques des essences tropicales. L’objectif visé serait de nous mettre dans
les mêmes conditions de température et d’humidité que celles du Gabon, où la température
varie entre 200 et 340 C et où l’humidité qui règne est de plus de 80%.
Les essais de fluage sur les éprouvettes pré-fissurés en environnement variable pourraient aussi
être réalisés afin de prendre en compte le comportement en service de ces essences tropicales,
notamment dans leur environnement immédiat.
Lors de chargements complexes la fissure peut subir une bifurcation. Une analyse de ce pro-
cessus pourrait aussi être conduite afin d’analyser et de prendre en compte cette propagation
aléatoire.
Enfin, une étude numérique en 3D peut être conduite afin d’évaluer numériquement l’impact
de l’épaisseur sur les processus de fissuration observé dans le cas expérimental. La thèse
menée en parallèle sur la fissuration en 3D par [132] peut servir de support.
184
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Annexe A. Difficultés rencontrées
• Annexe A1
Les figures 12 (a) et 12 (b) présentent respectivement une vue de l’éprouvette MMCG en
3D et des éprouvettes MMCG avec fissures au niveau de congés de raccordement. En effet,
parmi les difficultés rencontrées celui de la fragilité des éprouvettes au niveau des congés de
raccordement est justement celui qui a posé plus de problèmes. C’est d’ailleurs pour cette
raison que plusieurs essais n’ont pas été exploités, il a fallu jouer avec l’épaisseur, la fissure
initiale et renforcer ces zones pour résoudre le problème de fragilité de ces éprouvettes MMCG
réduites.
199
200
• Annexe A2
Les figures 13 (a) et 13 (b) présentent deux exemples de cartes après passage de quelques
éprouvettes au scanner (CT-scan) respectivement pour les bois tempérés et les bois tropicaux.
Nous pouvons distinguer clairement les cernes bien visibles dans le cas des éprouvettes issues
de bois tempérées (douglas et sapin blanc), ce qui n’est pas le cas pour les bois tropicaux
(iroko, okoumé et padouk).
Figure 13 – Observation des cernes : (a) essences tempérées et (b) essences tropicales
Annexe B. Caractéristiques de l’acier
du système Arcan
Nous donnons ici quelques caractéristiques sur l’acier utilisé pour réaliser le système Ar-
can. Cette gamme d’aciers est conforme à la norme EN 10149.2 :1995. Ce type d’acier est
appelé acier à haute limite d’élasticité (HLE). Les aciers à haute limite d’élasticité se ca-
ractérisent par une faible teneur en carbone et en éléments d’alliage, ce qui leur confère
d’excellentes propriétés fonctionnelles telles que l’aptitude au formage à froid, profilage, sou-
dage ou au revêtement. Leur durcissement obtenu par précipitation et affinement de la taille
des grains permet d’atteindre de hauts niveaux de résistances mécaniques.
Ils combinent soudabilité améliorée due au très faible niveau de carbone et bonne for-
mabilité. Leurs caractéristiques mécaniques facilitent le formage sur presses et sur lignes
automatisées. Ils se caractérisent de plus par une bonne tenue à la fatigue et à la résistance
au choc. Grâce à leur limite élastique élevée (Re), ils sont particulièrement adaptés lors-
qu’une réduction de poids est recherchée, c’est pourquoi ces aciers s’utilisent fréquemment
en remplacement des aciers de construction. Les aciers HLE sont particulièrement destinés
aux pièces de structure telles que les tubes soudés, les profilés, les pièces pliées ou embouties
légèrement.
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Les aciers HLE sont mis en œuvre dans les secteurs tels que :
– l’automobile : renforts et supports emboutis, profilés ou sous forme de tubes soudés ;
– les sièges : tubes, glissières, éléments de mécanisme ou d’articulations ;
– les véhicules industriels, tracteurs, remorques et bennes pour les applications relatives
aux châssis (tenue à la fatigue) ;
– le levage et la manutention (grues, hayons élévateurs, monte-charges, plateformes,
rayonnages de stockage, ascenseurs) ;
– le secteur agricole pour les châssis et éléments de protection ;
– les arceaux de sécurités, le bâtiment, les conteneurs, les mâts d’éclairage urbains, les
toupies à béton.
Les tableaux 3 et 4 présentent les caractéristiques chimiques et mécaniques de l’acier
utilisé :
C Si Mn P S Nb V 1 Ti 1 Al total
Avec :
(1) valeurs d’essais de traction (selon EN 10002-1) s’appliquent aux éprouvettes longitudi-
nales.
(2) valeurs d’essai de pliage s’appliquent aux éprouvettes transversales.
(3) e : épaisseur de la tôle.
Annexe C. Résultats du chapitre 5
Table 5 – Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes CTS d’okoumé et
de padouk : valeurs expérimentales et numériques pour b = 20 mm et α = 00 .
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Table 6 – Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG d’iroko :
valeurs expérimentales et numériques obtenues en mode 1 et mode 2.
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Table 7 – Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG d’okoumé :
valeurs expérimentales et numériques obtenues en mode 1 et mode 2.
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Table 8 – Tableau comparatif des résultats obtenus avec les éprouvettes MMCG de padouk :
valeurs expérimentales et numériques obtenues en mode 1 et mode 2.